Abri du Marin - Œuvre du Marin Breton

Almanach 1907 : P. 3
AVERTISSEMENT
Marins, chers amis !
C’est pour nous une grande joie que de pouvoir cette année encore, une neuvième
fois, vous offrir les renseignements professionnels et les conseils pratiques que vous
recherchez avec un empressement si éclairé, et auxquels vous faites toujours un si
cordial accueil !
Nous voudrions bien imprimer un plus grand nombre d’Almanachs, puisqu’il
vous en manque tous les ans ! Mais, vous le savez, nous sommes arrêtés par la perte
très lourde que nous impose la vente à prix réduit de cet ouvrage.
Les marins, et toutes les personnes qui ont pris la peine de collaborer à ce petit
manuel, soit par des compositions poétiques ou humoristiques, soit par des dessins, des études, des démarches, des renseignements, des avis, des critiques ou des
souscriptions, voudront bien trouver ici nos meilleurs remerciements. La certitude
des nombreux services que rend ce petit livre a des milliers de marins est pour eux
la meilleure des récompenses. Oserons-nous insister encore sur notre désir de voir
l’Almanach recevoir plus nombreuses les chansons et les pages de croquis amusants
1
? Ceux qui nous en ont envoyé trouveront, page 96, nos vifs remerciements et nos
appréciations.
Nous croyons devoir appeler l’attention de nos lecteurs sur la plupart des chapitres, particulièrement instructifs, que contient l’Almanach 1907.
Un dernier mot : vous ne nous garderez pas trop rancune ; chers jeunes gens, si l’
«Oracle» est absent de l’Almanach « 1907 » ? Nous avons dû accorder tant et tant de
place aux questions de premier ordre et aux règlements nouveaux qu’il n’en est pas
resté pour votre « Oracle »...
1
Avant le mois de juin, n’est-ce pas, chers amis
Almanach 1907 : P. 4
Les Abris=du=Marin
Améliorations. - L’Œuvre des « Abris » a le plaisir d’annoncer aux marins-pêcheurs
de la côte qu’elle a pu, en 1906, agrandir et perfectionner les principaux Abris. Des
travaux très importants ont été exécutés.
A l’île de Sein, le généreux bienfaiteur de cette île, M.Henri Gallice, vient d’édifier des constructions importantes : plus de 46 mètres de bâtiments confortables
comprenant deux salles de réunion, jeux de boules et gymnase abrités, ainsi que
deux citernes contenant 250 barriques, tout cela mis à la disposition de l’Œuvredes-Abris pour les marins-pêcheurs, si nombreux qui fréquentent le port de Sein.
L’ancien Abri sera affecté exclusivement aux lecteurs et aux gens d’étude : le calme
et le silence leur permettront de lire et d’écrire avec plus de profit. - A Audierne, une
citerne depuis longtemps réclamée, a été créée ; le préau couvert a été converti en
salle close abritée des vents froids, et on a fait un annexe au poste de couchage qui
peut recevoir maintenant plus de 80 dormeurs. - Au Guilvinec, le préau couvert a été
fermé : il servira d’annexe à la grande salle beaucoup trop petite ; au-dessus, un poste
de couchage a été installé ; la salle de lecture est agrandie ; un nouveau préau couvert,
pour les jeux, a été édifié ; de hauts murs ferment la cour, et, l’abritant mieux de tous
les vents, la rendent tout à fait hospitalière. - A Concarneau, le préau a été fermé ;
un poste de couchage a été organisé au-dessus. -Enfin, à Palais, un poste de couchage
pour 25 hommes a été élevé dans une partie du préau, dont l’autre portion a été
close entièrement.
Vous apprécierez tout cela à sa valeur dès cet hiver, chers amis... Vous y verrez de
nouvelles preuves de notre sollicitude, et vous comprendrez tout le bien véritable que
l’on peut faire lorsqu’on se tient complètement en dehors de la politique.
LES ABRIS EN 1905
Fréquentation en 1905. - Le nombre minimum des visites de marins dans les huit
Abris se répartit comme suit en 1905
Abris-du-Marin de :
Salles de lecture
Fréquentation totale
1le de Sein
6489
42468
Guilvinec
4795
35678
Passage lanriec
17172
62595
Concarneau
15102
100402
Audierne
13447
58273
Palais
5450
21728
Camaret
10060
26057
7802
Sainte-Marine
Total pour les huit Abris
en 1905
72515
355003
De 1905 à 1906 les Abris ont reçu plus d’un million de visites de pêcheurs !
De 1905 à 1906 les Abris
ont reçu plus d’un million de
visites de pêcheurs !
Salles de lecture. - Pour apprécier les bienfaits intellectuels, il suffit de songer aux
chiffres de fréquentation des salles de lecture : 72.515 ! Nous attestons qu’ils sont
relevés d’une façon, sinon parfaitement exacte (ce qui est impossible), du moins très
consciencieuse. Rappelons que l’on a cherché à réunir dans les bibliothèques tous
les ouvrages techniques les plus susceptibles d’instruire le jeune marin, et que les
romans y sont rares. Signalons, en passant, la consommation croissante du papier à
lettres. L’Œuvre a pu encore donner aux Abris 200 panneaux instructifs vulgarisant
des notions pratiques d’hygiène et de navigation élémentaire. A propos d’instruction, rappelons qu’à Concarneau l’Abri ferme ses portes tous les soirs à 4 h ½ l’hiver, permettant ainsi aux jeunes gens qui en auraient le désir, de suivre les cours de
l’Ecole de Navigation de ce port ; même remarque pour l’Abri du Passage qui ferme
également le soir depuis 2 ans ; relevons enfin qu’au Guilvinec, l’Œuvre des Abris
a fourni durant deux hivers, à une personne dévouée et compétente, les moyens
matériels de faire des cours quotidiens de navigation élémentaire qui ont servi à une
dizaine de jeunes pêcheurs.
L’Eucalyptus en 1905. - Grâce à des générosités, les pêcheurs ont pu boire en
1905, dans les Abris, 80,228 tasses, chaudes et sucrées, de la précieuse « boisson ».
Et des milliers de petits paquets de feuilles ont pu être distribués aux familles et aux
équipages qui en sollicitaient. Ce dernier résultat est particulièrement important :
l’Œuvre a déjà réussi, on le voit, à faire connaître et adopter cet usage salutaire à bord
d’un certain nombre de bateaux ; en mer, le marin fatigué, enfroiduré, enrhumé,
malade, comprendra et appréciera de plus en plus la supériorité de cette infusion
chaude et sucrée sur l’alcool destructeur qui ne procure qu’illusions et dépression.
L’Œuvre des Abris a distribué plus de 1,000 kilos de feuilles d’eucalyptus en 1906.
Nous avons été heureux de voir, d’autre part, les Œuvres de Mer céder à nos instances, il y a trois ans, et, depuis cette époque, répandre parmi les morutiers l’usage
de l’eucalyptus : grâce à ses distributions, les pêcheurs de Terre-Neuve et d’Islande
connaissent et apprécient de plus en plus la précieuse boisson.
Plus de 612 pansements effectués en 1905.
Thérapeutique. - Les pêcheurs sont sujets à de fréquentes misères que l’extrême
pauvreté les oblige à supporter stoïquement ; leur durée, quelquefois très prolongée,
aggrave douloureusement l’exercice sous les intempéries d’un métier déjà si dur par
lui-même pendant l’hiver. Or, grâce à l’intelligent et dévoué concours des gardiens,
le service des pansements augmente tous les jours : plus de 612 pansements ont pu
être effectués en 1905, plaies, panaris, crevasses ulcérées, clous de mer, doigts écrasés,
conjonctivites, douleurs de dents... Et l’huile de foie de morue distribuée au petit
verre. A l’expression chaleureuse des remerciements adressés aux gardiens, on peut
mesurer la valeur des services rendus ainsi tous les jours, sans bruit, sans réclame,
sans congrès, par l’Œuvre des Abris qui voit avec un réel bonheur s’accroître de ce
côté ses charges pécuniaires...
Services divers en 1905. - Il est à peine utile de rappeler les autres services matériels que les Abris continuent à rendre. Les postes de couchage, si précieux pour
soustraire les équipages épuisés et trempés qui arrivent à une nouvelle nuit de misère
dans leurs bateaux, ont couché 432 hommes en 1905. En prix de Concours, ont été
donnés : 1° Une trentaine de petits réchauds de bord dans le but de faire connaître
combien facile est la fabrication en mer de breuvages bien chauds, les seuls réconfortants ; 2° Une cinquantaine de flotteurs de sauvetage, afin de déterminer un
courant d’initiatives semblables. En fait, un certain nombre d’équipages déjà s’en
sont fabriqué. Une réforme, capitale au point de vue de la lutte contre les maladies
microbiennes est en heureuse voie. La mise en service des centaines de crachoirs, et
la multiplication de plateaux de jeu où est imprimée très motivée et très claire une
interdiction de cracher à terre, ont déjà commencé à modifier, du moins dans les
Abris, chez un bon nombre de pécheurs, cette funeste habitude.
LES ABRIS EN 1906
Nous ne pouvons donner ici les résultats complets de l’année 1906 puisque cet
ouvrage a été fait à mi-année et terminé en septembre 1906. 1l y a cependant des résultats et des tendances à faire ressortir : ainsi le service des pansements a beaucoup
augmenté, et dépassera certainement de plus du double le chiffre de 1905. Les postes
de couchage sont de plus en plus fréquentés.
La vogue de l’eucalyptus s’est développée au point de faire prévoir que les 5 tonnes
de feuilles reçues fin 1906 vont être insuffisantes. Des concours de chant, de petits
modèles et de nageurs ont eu lieu dans plusieurs Abris, dans un ordre et une correction irréprochables comme d’habitude...
Les Abris sont l’objet d’attaques malveillantes.
Attaques. - Les marins n’ont pas oublié la calomnie méchante qu’un certain
groupe a essayé, au début de l’hiver 1906, de lancer contre les Abris-du-Marin...
Nous n’allons pas revenir sur cet incident qui n’a aucun intérêt, mais nous tenons à
saisir cette occasion pour offrir nos très cordiaux remerciements à tous les marins qui
par milliers à ce moment ont spontanément exprimé l’affectueuse reconnaissance
qu’ils éprouvaient, ainsi qu’aux quatorze cents et quelques pêcheurs qui se sont fait
un devoir de consigner par écrit ce qu’ils pensaient du fonctionnement des Abris.
C’est à bon droit, certes, que l’Œuvre des Abris et tous les marins éclairés se sont
indignés de pareilles attaques, puisque précisément au point de vue des jeux d’argent, la fréquentation des Abris exerce une action salutaire bien positive. Les jeunes
marins, en effet, adorent les cartes, et nombreux sont ceux qui toujours y joueront,
quoi qu’on fasse ; par suite, il est de toute évidence que ceux qui y jouent dans les
Abris, où le jeu d’argent est sévèrement réprimé et où des distractions intelligentes
les sollicitent, ont beaucoup plus de chances d’échapper à la tentation et de garder
leur argent que cachés derrière quelque rocher où ils ne seraient que trop libres, ou
bien qu’au débit où l’entraînement serait inévitable.
D’ailleurs, les enquêtes qu’on a multipliées à ce sujet ne peuvent laisser aucun
doute sur la fausseté absolue de l’accusation portée contre le fonctionnement exemplaire des « Abris-du-Marin ».
APPEL A TOUS LES AMIS DU MARIN BRETON
Le Conseil d’Administration de « l’Œuvre des Abris-du-Marin » est convaincu
que toutes les personnes qui auront examiné et contrôlé avec précision les résultats
obtenus par ces travaux et ces fondations, en seront vivement frappées et s’empresseront d’apporter un généreux concours à ces institutions, soit pécuniairement pour
l’entretien des Abris créés et pour la fondation de nouveaux établissements, soit par
des envois de jeux, de journaux illustrés, de gravures d’athlétisme et de natation,
d’ouvrages professionnels et de livres de voyages, d’instruments de navigation (sextants, baromètres, longues-vues, etc.) L’Œuvre des Abris reçoit également avec reconnaissance des tableaux pour décorer les salles, des cylindres enregistrés pour les phonographes des «Abris», des instruments de musique, des outils, des vues amusantes
ou instructives pour projections..., etc.; des prix pour les Concours entre marins ;
des colis postaux de feuilles et de graines ainsi que du sucre, pour les distributions
d’eucalyptus, des produits pharmaceutiques, des articles de pansement, des boites de
lait conservé... voire même des moteurs à pétrole !
Prière d’adresser :
1° Les adhésions et le montant des cotisations au trésorier de l’œuvre :
M. Le DR CHAUVEL, rue Laennec ; à Quimper (Finistère) ;
2° La correspondance, ainsi que les dons en nature et les colis au président de
l’Œuvre : M. J. DE THEZAC, à Bénodet. - Nota : La gare à portée est celle de Quimper (Finistère).