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Septembre 2016 # 06 Le point sur … LE TAUX DE CHANGE 1. Qu’est-ce que le taux de change ? 2. Qui décide du taux ? Dans l’économie actuelle, mondialisée, les agents économiques s’échangent des biens et services, malgré le fait qu’ils disposent de monnaies différentes. Les pays hors de la zone euro ont ainsi représenté 54,1 % des exportations françaises et 52,5 % des importations en 20151. En outre, certaines marchandises sont libellées dans une monnaie spécifique. Le baril de pétrole s’échange ainsi exclusivement en dollars. Dès lors, pour permettre les échanges, les agents recourent au taux de change. Il s’agit d’exprimer le prix d’une devise (ou monnaie) par rapport à une devise étrangère. L’échange a alors lieu sur le marché des changes. Dans certains pays, le taux de change est fixe. Il est alors déterminé, soit par une devise de référence (dollar US ou euro généralement), soit par un ensemble de devises. Les fluctuations sont décidées par les banques centrales des pays. Celles-ci peuvent alors dévaluer la monnaie (elle perd de la valeur par rapport aux devises étrangères) soit la réévaluer (elle gagne de la valeur). Le régime de change est cependant sous la menace de la spéculation. - 10 % La perte de valeur de la livre La plupart des pays, dont ceux utilisant l’euro, ont opté pour un taux de change flexible. Le rôle de la Banque centrale est alors moins décisif, puisqu’elle n’est plus la seule à influer sur le taux de change. Celui-ci évolue librement, en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes. Cet équilibre entre l’offre et la demande dépend en partie de la balance des transactions courantes. Aussi, le taux de change est-il variable sterling, suite au referendum dans le temps. Entre différentes dates, la au Royaume-Uni en juin. valeur d’un euro en devises étrangères peut fortement évoluer (voir figure 1). Les fluctuations de plus de 5 % sur un mois ne sont pas rares. Après la décision par referendum Toujours dans le cas d’un taux de change flexible, si la du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne, la livre balance d’un pays est déficitaire, l’offre de monnaie de ce sterling a ainsi chuté de 10 % en l’espace d’une séance. pays excèdera la demande. En effet, les agents économiL’incertitude liée aux fluctuations du taux de change est ques devront fournir davantage de devises, pour payer les par conséquent source d’inquiétudes pour les dirigeants importations, qu’ils n’en recevront, suite aux exportad’entreprises. tions. En raison d’un excès d’offre, la valeur de la monnaie aura alors tendance à diminuer. Aussi, tant que l’équilibre entre offre et demande ne sera pas rétabli, soit tant que Fig. 1 : Valeur d’un euro en devises étrangères le pays n’aura pas équilibré sa balance des paiements, la (moyenne mensuelle)2 devise sera-t-elle considérée comme surévaluée. Août 2008 : 3. La devise européenne est-elle surévaluée ou sous-évaluée ? 163,6 ¥ 1,50 $ 0,79 £ 1,12 $ 0,86 £ Août 2016 : 113,5 ¥ 1 Données Douanes. Direction des Affaires Economiques [email protected] - 01 47 62 73 30 Les pays de la zone euro, pris dans leur globalité, affichent un solde des transactions courantes excédentaire de 330 milliards d’euros en 2015, soit 3,2 % du PIB de la zone. A l’inverse, d’autres pays, tels que le Royaume-Uni et les Etats-Unis, enregistrent des déficits conséquents. Pour le pays outre-Manche, le solde est déficitaire de 96 milliards de livres, soit 5,2 % de son PIB. Quant au second pays, les 2 Données Banque de France. 1 échanges extérieurs accusent une perte de 473 milliards de dollars en 2015 (2,6 % du PIB)3. Dès lors, au regard des performances économiques des principales économies, la monnaie européenne est sousévaluée. Pour garantir une stabilité financière au niveau mondial, l’euro devrait par conséquent s’apprécier face à la devise américaine. De ce fait, la quantité de dollars pour un euro s’accroîtrait. Cependant, au sein de la zone euro, tous les pays ne sont pas à la même enseigne. Avec un déficit de 4,4 milliards d’euros en 2015 (0,2 % du PIB), la France n’affiche pas la même performance que son voisin outre-Rhin. Le solde des transactions courantes de l’Allemagne est en effet excédentaire de 258 milliards d’euros, équivalant à 8,5 % de son PIB. De plus, notre pays n’a pas affiché d’exercice excédentaire depuis 2006. Dès lors, pour convenir aux spécificités économiques des différents pays, la devise européenne est jugée trop forte pour la France mais trop faible pour l’Allemagne. 4. Est-il préférable d’avoir une monnaie forte ou faible pour les entreprises ? La valeur de la monnaie, qu’elle soit jugée forte ou faible, comporte des avantages et inconvénients pour les entreprises. Une monnaie faible favorise les exportations car les entreprises ont une meilleure compétitivité - prix. Elles peuvent alors exporter plus facilement leurs produits. De même, elles peuvent gagner des parts sur le marché national, en concurrençant les produits importés devenus moins compétitifs. Parallèlement, le secteur du tourisme est avantagé car les prix deviennent plus attractifs pour les touristes étrangers, par rapport aux autres pays. En revanche, une monnaie faible a pour effet d’accroître la valeur des importations. Le coût des marchandises qui ne sont pas produites localement augmente. C’est le cas, pour la France, des produits énergétiques ainsi que ceux de faible valeur ajoutée (textiles, jouets, etc.). tion ces dernières décennies, le pays pourrait ne pas offrir d’alternatives aux importations de marchandises, dont les prix auront alors mécaniquement progressé. Les avantages apportés par une monnaie forte ou faible ne se limitent pas seulement aux échanges commerciaux. Dans le cas d’une monnaie forte, les entreprises détiennent un pouvoir d’achat accru en devises étrangères. Dès lors, il est plus facile, pour elles, de créer ou d’acquérir une filiale dans un pays où la monnaie est faible. A l’inverse, les entreprises dont la devise nationale est sous-évaluée peuvent devenir des proies car leur valeur aura reculé. 5. Quelles sont les solutions pour effacer les déséquilibres intra zone euro ? Afin de parvenir à une situation plus homogène au sein de la zone euro, l’Allemagne se doit de réduire ses excédents. A l’inverse, la France doit baisser son déficit commercial. La modération salariale opérée en Allemagne au début des années 2000 a laissé place à de fortes augmentations salariales depuis 20124 et à l’instauration d’un salaire minimum en 2015. Avec la hausse du pouvoir d’achat des ménages, la croissance du pays reposera davantage sur la consommation intérieure, ce qui favoriserait intrinsèquement une augmentation des importations. La demande intérieure apporterait ainsi 2,2 points de croissance au PIB en 2016, tandis que le commerce extérieur contribuerait négativement de 0,5 point5. Pour la France, les difficultés du pays à résorber son déficit commercial résultent d’un coût du travail élevé et d’un positionnement des produits trop centré sur le moyen de gamme. En diminuant le poids des charges et en jouant la carte de l’innovation, les entreprises seraient plus armées pour exporter davantage. Plus compétitives, les entreprises seraient également moins dépendantes du taux de change. DEFINITIONS - Agent économique : Personne physique ou morale prenant des décisions d’ordre économique (entreprises, administrations publiques, ménages). Recourir à une dévaluation de sa devise afin d’accroître la compétitivité de ses entreprises et diminuer ses déficits extérieurs n’est, de ce fait, pas chose évidente pour un pays. - Balance des transactions courantes : Elle regroupe les échanges de marchandises, les échanges de services, les flux de revenus (salaires, dividendes, etc.) et les transferts courants (dons, aides, etc.) entre un pays et le reste du monde. Spécialisées essentiellement dans les services financiers, soit des produits à haute valeur ajoutée, les exportations du Royaume-Uni sont peu sensibles à une baisse des prix. Par conséquent, le volume des ventes ne devrait augmenter que légèrement à la suite d’une dévalorisation de la livre sterling. En revanche, du fait de sa désindustrialisa3 4 Données FMI. Données Coe-Rexecode. 2 - Compétitivité - prix : Capacité d’une entreprise, ou d’un pays, à gagner des parts de marché, en raison d’un niveau de prix plus faible que les concurrents. 5 Données INSEE. Direction des Affaires Économiques [email protected] - 01 47 62 73 30