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CONGRES DE
DOMAINES SKIABLES DE FRANCE
DISCOURS DE CLÔTURE
Je suis heureux de conclure ce Congrès qui constitue chaque année un grand
moment de la profession toute entière.
Je me félicite toujours qu’il se déroule dans un esprit de convivialité et
d’amitié.
Et j’avoue que j’éprouve toujours une certaine tristesse quand la fin approche.
En tous cas, je crois pouvoir dire que ce Congrès de Biarritz aura été une
grande réussite que l’on doit à Laurent Reynaud et à son équipe. Et, comme
les mots vont me manquer pour les remercier, je vous demande tout
simplement de les applaudir.
Merci à Monsieur le Maire de Biarritz et à ses collaborateurs qui ont compris
l’importance de cet événement et qui ont tout mis en œuvre pour en faciliter
la tenue.
Merci à vous nos invités : élus, autorités de l’Etat, collègues des pays
étrangers…
A vous chers partenaires : EDF, ADEIS-IPSEC-, au groupe Banque Populaire
des Alpes - Caisse d’Epargne Rhône-Alpes.
Au cours de ces journées j’ai beaucoup écouté et figurez-vous beaucoup appris
aussi.
Mais ce qui m’a frappé c’est votre pugnacité.
Probablement est-ce là notre principale qualité.
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C’est en tout cas celle qui nous a animés dans la gestion du dossier du
calendrier scolaire.
Je veux ici saluer la décision qu’a prise le Gouvernement. Cette décision qui
est bonne pour l’emploi et pour notre économie a été arrachée grâce à de
nombreux soutiens : de parlementaires, d’élus de l’ANEM, de l’ANMSM, du
SNMSF, de France Montagnes, d’Atout France et du MEDEF.
Je veux les remercier au nom de vous tous.
Je retiens de ce dossier cette idée que l’on peut faire entendre notre voix à la
condition de le vouloir, comme le disait le philosophe Alain « assez fortement
et assez obstinément ».
Oui, notre obstination a fini par payer.
Je voudrais toutefois exprimer le regret que notre dépense d’énergie sur le
calendrier scolaire ait éclipsé l’importance des mercredis à la neige qui était
l’un des moyens dont nous disposions pour renouveler notre clientèle.
Il est peu de dire, en effet, que les nouveaux rythmes scolaires nous posent
un problème et j’ajoute qu’aucune solution vraiment satisfaisante n’a encore
été trouvée.
L’autre sujet d’actualité pendant ces derniers mois aura été la réforme
territoriale qui a figuré parmi nos préoccupations.
Je crois pouvoir dire que nous avons été témoins d’une lutte de pouvoir entre
les différents échelons de notre République : les Régions et les Départements,
les Intercommunalités et les Communes.
Ce qui a conduit à la réforme que l’on connaît aujourd’hui, qui a certes abouti,
mais au prix d’une grande complexité.
J’en veux pour preuve les dispositions contenues dans la loi d’Août 2015,
relatives aux Offices de Tourisme.
Certains se sont illusionnés en pensant que tous les Offices de Tourisme
devaient être rattachés aux intercommunalités. Au moment où nous avons
tant à faire pour la communication et l’économie de nos stations, cette idée
est délirante, mauvaise pour notre compétitivité. Parce que la compétitivité ne
se joue pas entre les intercommunalités, mais entre des destinations, entre
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des marques. C’est comme ça. Et l’on ne peut rien contre cette réalité du
marché.
Aussi, en lien étroit avec l’ANEM et l’ANMSM, dès le mois d’août, nous avons
défendu une disposition de la loi qui permettrait à nos stations de ski qui le
souhaitent de conserver la maîtrise de leur office de tourisme.
Merci aux parlementaires, Hervé GAYMARD, Laurent WAUQUIEZ, Martial
SADDIER, Charles-Anges GINESY, qui sont en première ligne, à nos côtés,
dans ce dossier, et à Monsieur le Premier Ministre aussi pour l’esprit
d’ouverture dont il m’a fait part en marge de la Commission Permanente du
Conseil National de la Montagne.
Nous comptons à présent sur Monsieur VALLINI, Secrétaire d’Etat à la réforme
territoriale, pour obtenir les assouplissements nécessaires.
A présent, je voudrais saluer Mesdames et Messieurs les Maires de nos
stations de ski qui sont confrontés aujourd’hui à une situation inédite, difficile,
inquiétante, notamment en matière budgétaire.
L’application par notre Gouvernement du Fond National de Péréquation est
pour nos stations de ski une véritable erreur stratégique parce que, tout
simplement, il ne tient pas compte de leurs charges fixes et parce que
l’investissement sur les domaines skiables exploités par ces communes feront
malheureusement les frais de ce dispositif.
Quoi
qu’il
en
soit,
il
faut
bien
admettre
que
des
mesures
doivent
incontestablement être prises pour une réduction de nos dépenses publiques
qui est, comme l’a récemment dit Pierre GATTAZ, la mère des réformes. Celle
qui permettra une amélioration durable de la compétitivité de nos entreprises
dont le niveau de charge est un des plus élevé en Europe.
Notre
efficacité
dépendra
aussi
de
notre
capacité
à
simplifier
notre
environnement réglementaire, législatif et normatif.
A cet égard, je me suis d’abord félicité de la volonté simplificatrice qu’a affiché
en 2014 l’Etat et de l’initiative qu’il a prise en créant le Conseil de
Simplification.
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C’est dans ce cadre que nous avons suggéré un allègement des procédures
d’étude d’impact et d’enquête publique, en particulier pour les projets de
remplacement d’infrastructures existantes.
Nous avons également proposé que les SEM puissent être dispensées de mise
en concurrence dans le cadre des DSP.
Il semblerait qu’elles puissent enfin obtenir satisfaction dans le cadre de la
transposition de la Directive concession.
Il semblerait également que nous puissions bénéficier d’une plus grande
souplesse pour modifier nos contrats.
En revanche, j’ai un regret : celui de n’avoir pas encore pu, et su peut-être,
saisir l’opportunité qu’offre la loi Macron de réponse garantie qui nous
permettrait d’obtenir de la part de l’Etat pour nos projets d’aménagement un
interlocuteur, un engagement de l’Administration sur les procédures à suivre
et les délais d’instruction.
Au-delà des avancées dont je viens de parler, je trouve qu’il y a
malheureusement une distorsion entre la volonté simplificatrice des pouvoirs
publics et la réalité notamment en matière sociale avec ce flux de nouvelles
règles comme celles des complémentaires « santé », de la pénibilité et de la
réforme de la formation professionnelle.
Ce que je veux ici, c’est dénoncer la vision mécanique que les pouvoirs publics
ont, et que nous-mêmes parfois avons de nos entreprises qui doivent assimiler
et mettre en œuvre ces nouvelles règles.
Toutefois, pour ce qui est des normes, je ne conteste pas qu’elles peuvent être
un moyen de nous protéger, nos collaborateurs, nos clients et nos entreprises.
C’est d’ailleurs bien dans cette optique que nous avons décidé d’élaborer une
norme pour l’aménagement des espaces freestyle, et que nous envisageons de
revoir la norme sur les risques d’avalanche.
Je voudrais aussi, vous livrer mon sentiment sur les normes européennes
relatives aux installations à câble et mon point de vue de président de la
Fédération Européenne des Domaines Skiables.
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Je suis pour ma part persuadé de leur utilité et convaincu que nous devons
nous investir dans les différents groupes de travail du TC 242 désormais
présidé par François GRUFFAZ.
Un dernier mot enfin à propos du règlement européen qui va bientôt se
substituer à la directive 2000/9 sur le transport par câble et qui a failli
consacrer le principe de précaution.
Je me dois de vous dire que nous nous sommes fermement opposés à ce que
ce principe puisse être visé dans ce nouveau règlement. D’autant qu’il n’était
ni défini, ni précisé, ni encadré.
Le principe de précaution est mauvais parce qu’il conduit à exagérer les
risques, à penser que l’on puisse les éliminer.
Mais surtout parce qu’il tend à nous placer dans une situation permanente de
danger. C’est un principe de peur et de paralysie.
Un principe dangereux qui conduit à croire que l’on peut prévenir tous les
aléas et à penser que tout étant écrit dans la règlementation, il suffit de
prescrire et que dès lors les accidents seront évités. Ce qui n’est vrai qu’en
théorie, sur le papier, parce que, on le sait, une grande majorité des accidents
est causée par des erreurs de comportement.
Et je regrette que certains services de l’Etat ne tiennent pas compte de cette
réalité de terrain.
Comme le BEAT-Terre dont les recommandations n’ont de cesse d’ouvrir de
nouveaux chantiers.
Il y a par exemple celui du plan de gestion de la sécurité dont on a beaucoup
parlé au sein de notre Comité Directeur qui, loin s’en faut, n’évitera pas les
accidents, et qui nous laissera un goût amer.
Vous voyez bien qu’entre le chantier de la simplification voulu en 2014 par le
Président de la République et la réalité, un fossé s’est malheureusement
creusé. Et ce fossé, vous le voyez bien, se creuse de plus en plus.
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Je voudrais pour terminer évoquer deux sujets :
- celui du financement du mouvement sportif,
- et celui du changement climatique.
Sur la question du financement du mouvement sportif j’en appelle ici à votre
esprit de solidarité dans l’intérêt même de notre profession et conformément à
ses valeurs.
Je me félicite que nous ayons mis en place un système à la fois souple et
dynamique qui réponde à l’ensemble des enjeux.
Quant au changement climatique dont on parle beaucoup – et dont on a raison
de parler – c’est un sujet essentiel !
Et c’est de notre responsabilité de nous en emparer pour éviter toutes sortes
de fausses idées dont se nourrissent certains et en particulier ceux pour
lesquels, depuis des décennies, notre économie est mature. Or, c’est
exactement le contraire qui se produit. En effet, notre secteur se porte plutôt
bien malgré ces changements climatiques. Et cela tient au fait que nous avons
su les anticiper, nous adapter. Pourquoi ? Parce que les montagnards - qui
sentent plus qu’ils ne disent – ont un instinct plus fort que tout et une volonté
d’adaptation que je veux ici saluer.
Bravo et merci à toutes et à tous.
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