Zibeline n° 57 en PDF

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Zibeline n° 57 en PDF
un gratuit qui se lit
N°57
- du 14/11/12 au 12/12/12
TV shows
Politique culturelle
Entretien avec Jean-Claude Gaudin
Villa Méditerranée
6, 7
8, 9
Événements
Les Rencontres d’Averroès
Fête du livre du Var, Images de Ville
ABD, Instants Vidéo
10, 11
12
13
Critiques
Théâtre
Arts de la rue
Jeune public
Danse
Concerts
Spectacles musicaux
Musiques actuelles
14 à 17
18
19
20, 21
22, 23
24, 26
27 à 29
Au programme
Théâtre
Danse
Cirque
Jeune public
Musique
30 à 37
38, 39
40, 41
42 à 45
46 à 51
Cinéma
52 à 57
Arts visuels
58 à 63
Rencontres
64, 65
Livres
Littérature
Les Écritures croisées, centre Égyptien
L’Attrape-Mots
Conférences
66 à 71
72
73
74, 75
Sciences
76
Horizon
78
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième mercredi du mois
Edité à 30 000 exemplaires
imprimés sur papier recyclé
Edité par Zibeline SARL
76 avenue de la Panouse | n°11
13009 Marseille
Dépôt légal : janvier 2008
Directrice de publication
Rédactrice en chef
Agnès Freschel
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06 09 08 30 34
Imprimé par Rotimpress
17181 Aiguaviva (Esp.)
photo couverture
Dionysos
La Fiesta
Agnès Mellon
095 095 61 70
photographeagnesmellon.blogspot.com
Yes we can, disait-il il y a quatre ans. Michele I love you,
déclare-t-il aujourd’hui en guise de cri de victoire… Pourquoi ramener son rêve à ce déballage incongru, pourquoi
raboter l’espoir quand le temps des Républicains va-t-enguerre semble enfin aboli ? Obama reste, mais la société
médiatique a donné à son utopie le goût écœurant des
sitcoms.
Pourtant certains rêvent encore, assez fous parfois pour traquer les photons, ces particules infiniment fragiles que le
moindre regard annihile. Mais voilà qu’au 20h on demande
à Serge Haroche, qui côtoie l’origine inconcevable de la matière : est-ce qu’on pourra faire des ordinateurs plus rapides ?
Sans doute dit notre Prix Nobel agacé, certainement, et la
lucarne se referme sur sa chimère dévoyée.
Son rêve français ? Le discours de campagne de notre Président avait aussi des élans lyriques empruntés à Martin Luther
King. Juste pour la télé ? Aujourd’hui il défend la stabilité
monétaire et la compétitivité. Et loin de nos écrans il sanctuarise le budget de la Défense, dépensant des milliards
pour renouveler notre armement nucléaire, mais abandonnant les grands chantiers culturels, et laissant les
crédits-recherche dans les escarcelles des industriels. La
dissuasion nucléaire fait-elle partie du rêve français ? Plus
que la recherche fondamentale, la photographie, l’art pariétal, les particules élémentaires, la musique ?
Dans tous les TV shows politiques on nous fait ingurgiter du
renoncement. Au nom du réalisme, de la gestion de crise,
de cette dette qu’il nous faut éponger, on nous répète que
la 5e puissance économique mondiale ne peut que ponctionner ses vieux, fermer ses usines, réduire le budget de la
culture et augmenter la TVA. Et que les photons primordiaux
servent à fabriquer des ordis pour aller vite. Mais vers
quelles désillusions ?
AGNÈS FRESCHEL
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Montixi
06
POLITIQUE CULTURELLE
MARSEILLE PROVENCE 2013
Fier de sa ville, et
Zibeline : Comment cette idée de faire concourir
Marseille au titre de Capitale Européenne de la
Culture vous est-elle venue?
Jean-Claude Gaudin : C’est tout un dessein fédérateur. J’étais convaincu qu’il fallait mettre toutes les
énergies d’un vaste territoire, qui s’étend d’Arles à
Marseille en passant par Aix-en-Provence, en commun. Cette grande aventure, nous permettait de
montrer Marseille sous un nouveau jour, celui de la
culture. L’image de la cité phocéenne se cantonnait
surtout au sport et en particulier au football. Cette
opportunité nous a donné l’occasion de changer
cette vision. Et c’est autour d’un projet culturel
innovant, sur le thème de l’Europe vers la Méditerranée, indissociables dans l’histoire de notre
ville, que nous avons remporté ce concours. Ainsi
par la culture, nous pouvons rapprocher les hommes
d’une rive à l’autre de la Méditerranée, mais aussi
d’une rue à l’autre des villes de ce territoire.
Pourquoi proposer de travailler à l’échelle de Marseille Provence, qui n’est pas politiquement, un
territoire unifié ? Vouliez-vous anticiper le développement d’une grande agglomération ?
Parce que l’idée était nouvelle et que cela pouvait
être une façon originale de remporter la compétition ! Ainsi, on a pu laisser nos différences politiques
de côté pour instaurer un nouveau dialogue interculturel avec un objectif commun. Je pense que
c’est ce qui a fait la différence avec les autres candidatures. Maintenant, y voir une façon d’anticiper
le développement d’une grande agglomération,
pourquoi pas… Mais c’est à l’État de mettre en
œuvre cette nouvelle dynamique et de permettre
le rapprochement des différentes intercommunalités. Il est sûr que la création d’une Métropole
permettrait une meilleure gestion du territoire
marseillais, notamment pour une amélioration de la
répartition des ressources financières.
Pourquoi, après l’échec de la candidature à l’America’s Cup, avoir choisi d’investir dans un événement
culturel plutôt que sportif par exemple ? Est-ce que
selon vous cela amène un développement différent
en termes d’image, au niveau du tourisme, et pour
les habitants du territoire ?
Même si nous n’avons pas été choisis pour l’America’s Cup, nous ne pouvons par parler d’échec.
Durant toute la candidature les médias du monde
entier pointaient leurs projecteurs sur notre ville et
cela nous a permis d’être reconnus parmi les grandes villes sportives capables d’organiser de grands
événements internationaux. Nous avons su transformer l’essai, si je puis dire, en accueillant la
Coupe du Monde de Rugby en 2007. D’autres grands
rendez-vous sportifs sont encore à venir dans notre
cité autour du football avec l’Euro 2016… Donc
une chose est certaine, Marseille sait organiser de
grands rendez-vous à l’échelle internationale, nous
l’avons vu avec le Forum Mondial de l’Eau. Des évé-
Que pense
monsieur
le Maire
de sa Capitale
Européenne ?
À la veille
de l’ouverture,
nous avons voulu
recueillir son point
de vue sur cette
Capitale Culturelle,
qu’il a désirée
nements comme l’Année Capitale Européenne de la
Culture attirent le Monde dans notre ville. Nous
avons tous les atouts en main pour développer
l’attractivité touristique de Marseille. Nous devons
nous appuyer sur une offre culturelle existante
(Festivals, l’Opéra de Marseille, les Arts de la rue, le
Ballet National de Marseille…) et mettre en valeur
le patrimoine historique de la plus ancienne ville de
France. L’activité touristique doit s’affirmer comme
un pilier de l’économie marseillaise. C’est pourquoi
nous avons beaucoup investi dans l’accueil de congrès et de salons, et nous poursuivons l’objectif
d’être la tête de ligne des croisières en Méditerranée. Grâce à ce secteur en plein essor nous créons
des milliers d’emplois, à tous les niveaux de qualification. Pour continuer à lutter contre le chômage
et améliorer la qualité de vie des Marseillais, nous
devons poursuivre. Mais le tourisme ne peut se
développer sans la culture.
Mais depuis que MP2013 a été retenue comme Capitale Européenne de la Culture, on a le sentiment
que vous êtes plus en retrait que lors de la phase
de candidature. Quelles en sont les raisons ?
Je suis avec autant d’attention la préparation que
je l’ai fait pour la candidature. Simplement, j’ai tout
de suite voulu créer une association qui s’occupe de
la programmation. Lorsque j’ai choisi Bernard Latarjet pour piloter et créer le projet, il était clair dans
mon esprit qu’il ne fallait pas me mêler du projet
culturel qui devait être indépendant. D’ailleurs, au
Conseil d’Administration de l’Association Marseille
Provence 2013, comme chaque ville partenaire, la
métropole marseillaise n’a qu’une seule voix, portée
par la députée européenne Dominique Vlasto. Mais
si l’association a conçu et doit mettre en œuvre le
programme artistique, il appartient en revanche à
la Ville de Marseille de réaliser les équipements
publics qui accueilleront les manifestations culturelles, et de mettre en œuvre le développement
urbain pour recevoir tous les visiteurs attendus en
2013.
Les difficultés politiques -retrait de Toulon et son
agglomération, menaces de retrait de Mme Joissains- sont plutôt venues des municipalités UMP
que des municipalités ou collectivités PS ou PC.
Comment l’expliquez-vous ?
Ce n’est pas une question politique mais un problème de travail en commun. Nous avons souhaité
que de nombreuses villes soient associées à ce
grand défi. Si certaines ne l’ont pas voulu, le choix
leur appartient. Je pense néanmoins que nous
devons aujourd’hui raisonner à l’échelle métropolitaine. Vous connaissez les difficultés du dossier !
Cependant, nous travaillons très bien avec Aix-enProvence pour l’organisation de l’exposition phare
de l’année 2013 Le Grand Atelier du Midi qui aura
lieu conjointement au Musée Granet et au Musée
des Beaux-Arts de Longchamp. Un partenariat que
nous avons initié dès cet automne avec l’exposition
consacrée au photographe Bernard Plossu qui est
également dans nos deux villes. C’est une première
étape.
Pouvez-vous dire ce qui, dans la programmation
concoctée par Marseille-Provence 2013, vous
réjouit particulièrement, et ce dont vous regrettez l’absence ?
La programmation préparée par l’association Marseille Provence 2013 est à la hauteur du défi qui
nous a été lancé. J’ai immédiatement souhaité que
cette association puisse travailler en toute indépendance, pour façonner le contenu culturel de
2013, car ce travail constitue leur cœur de métier
et n’est pas celui des politiques. Je suis particulièrement satisfait du programme prévu pour le
week-end d’ouverture, les 12 et 13 janvier prochains. Marseille vibrera de festivités, animations
et spectacles lumineux qui illumineront la ville. Par
ailleurs, une Grande Clameur s’élèvera, constituée
des cornes de brume des navires, des sirènes de la
ville, des cloches des églises et des cris du public.
Nul ne pourra ignorer que Marseille entre dans une
année exceptionnelle !
La Ville a investi dans de nombreux équipements
culturels pour que Marseille soit capable d’accueillir
l’Année Capitale. Pourriez-vous préciser la somme
de ces investissements par la Ville ? Et à quelle
hauteur l’État, les collectivités territoriales, ainsi que
les fonds privés ont abondé ces investissements ?
POLITIQUE CULTURELLE 07
au-delà…
660 millions d’euros ont été investis
dont 40% financés par la Municipalité. D’innombrables chantiers sont
déjà sortis de terre, pour renforcer
l’offre culturelle et doter Marseille
d’équipements dignes d’une grande
métropole: le Mémorial de la Marseillaise consacré à l’Hymne National ;
le Château de la Buzine de Marcel
Pagnol, restauré en Maison des Cinématographies de la Méditerranée ; le
Silo d’Arenc, transformé en salle de
spectacles avec vue sur mer ; la Cité
des Arts de la Rue pour encourager les
arts urbains ; le cinéma l’Alhambra,
salle d’art et d’essai mythique tout
juste rénové ; la Friche de la Belle de
Mai, vaste lieu de création ; Le Moulin, scène de musiques actuelles.
Nous avons lancé un vaste chantier
destiné à rénover les musées marseillais pour accueillir des expositions et
des collections prestigieuses. Le
Palais Longchamp et ses jardins seront
restaurés, pour que le Musée des
Beaux-Arts abrite notamment l’exposition phare 2013, Le Grand Atelier du
Midi. Le château Borély sera rénové
pour héberger le Musée des arts
décoratifs et de la mode. Quant au
Musée d’histoire, il sera agrandi et
restructuré pour offrir aux visiteurs un
espace ouvert sur le port antique et
une collection unique au monde.
Tous proposent une offre artistique et
patrimoniale de premier plan. Tous
deviennent des lieux à vocation multiple, où le visiteur peut à la fois se
promener dans un cadre agréable et
profiter d’équipements culturels exceptionnels.
Parmi tous ces nouveaux bâtiments,
ou rénovations de bâtiments, desquels êtes-vous le plus fier ?
Le Pavillon M sera la figure de proue
des moyens mis en œuvre par la Ville
de Marseille. Cette structure éphémère, qui s’installera sur 3000 m2
place Villeneuve Bargemon, sera l’interface entre la programmation 2013
et le grand public, un lieu d’information multi-guichets qui fournira tous
les renseignements pratiques de l’année 2013. Il donnera l’image d’un
territoire porteur des valeurs d’ouverture et de partage qui ont permis
d’obtenir le label de Capitale Européenne de la culture. Dès le week-end
d’ouverture il sera la vitrine d’une
ville dédiée à la valorisation de ses
innombrables atouts. Il va mettre la
cité phocéenne sous les feux de la
France et en Europe. Il exposera une
collection unique au monde des
vestiges et témoignages des 2600 ans
l’exemple du Silo, «Olympia sur Mer»
qui remplit son rôle et propose une
programmation de premier plan au
public, saluée par la critique. De nombreux producteurs nous sollicitent
pour l’intégrer dans les tournées de
leurs artistes.
Vous avez dès toujours insisté sur
l’importance d’un développement culturel qui se pérennise après 2013.
Pour financer les programmations de
ces nouveaux bâtiments, avez-vous
prévu une augmentation globale du
budget de fonctionnement de la
culture en 2014 ? Si non, comment
envisagez-vous le financement de
leur programmation ?
2013 n’est pas une finalité en soi.
C’est pour nous l’affirmation d’une
nouvelle dynamique que nous voulons faire reconnaître. C’est une
chance pour notre économie, pour le
développement touristique et pour
l’attractivité de Marseille. Il est évident que nous n’avons pas créé des
équipements culturels pour les laisser
mourir. Après l’Année Capitale, notre
ville continuera à accueillir de grandes expositions internationales, de
grands concerts, des festivals de
qualité. Le budget de la culture tiendra compte de ces changements, de
ces nouveaux lieux et de ces équipements. En 1995, la Municipalité
consacrait 70 millions d’€ de son
budget à la Culture. En 2013, ce sont
160 millions d’€ qui y sont dédiés.
Nous sommes conscients qu’être
Capitale Européenne de la Culture est
une merveilleuse chance pour
Marseille !
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
Jean-Claude Gaudin, Sénateur-Maire UMP de Marseille © Agnès Mellon
rampe européenne, tout en guidant
les visiteurs dans leurs premiers pas à
Marseille.
Je suis très fier également du Mémorial de La Marseillaise, qui est
novateur dans la présentation historique de la Révolution Française. Et
j’ai une affection particulière pour le
Musée d’Histoire de Marseille, entièrement rénové et qui sera étendu sur
plus de 6500 m2 en faisant l’un des
plus grands Musées d’Histoire en
d’existence de la cité phocéenne.
Nous avons investi 30 millions d’euros
dans cet équipement qui devrait ouvrir ses portes au public en septembre
2013.
Tous les équipements remplissent-ils
leurs objectifs ? Ceux qui sont gérés
par des délégations de service public,
comme le Silo ou le Mémorial de la
Marseillaise, vous donnent-ils satisfaction ?
Pour ce qui est des DSP, je prendrais
08 POLITIQUE CULTURELLE VILLA MÉDITERRANÉE
La Villa Méditerranée
Le chantier du CeReM © Alexandra Matuscak
En ces temps de grands chantiers culturels arrêtés partout
en France par le nouveau Ministère de la Culture, de
restriction sur tous les budgets de fonctionnement et de
peur panique devant les investissements jugés onéreux
des collectivités, la naissance de la Villa Méditerranée fait
jaser les poujadistes, mais pas seulement : chantier pharaonique, doublant le MuCEM, né d’un caprice régalien de
Michel Vauzelle, au contenu culturel vague sinon vide… les
reproches sont légion, y compris parmi ceux qui défendent
habituellement la pertinence économique et humaine des
investissements culturels. Zibeline a voulu rencontrer François De Boisgelin, le Directeur de ce CeReM devenu Villa,
pour comprendre ce qu’est réellement ce signal lancé audessus des flots.
Zibeline : De quand date ce projet, et quel est son sens ?
François De Boisgelin : Du premier mandat de Michel
Vauzelle. Une des constantes de la politique régionale depuis Gaston Defferre est la coopération décentralisée. Il y
a des choses que les États, pris dans les viscosités diplomatiques, ne peuvent pas, alors qu’entre régions on peut
poser des relations, imaginer des réseaux cadres entre universitaires, entreprises, organisations sociales… Michel
Vauzelle a un hyper-tropisme méditerranéen, et rien ne fonctionne mieux, dans cet espace où les États se sont souvent
affrontés et s’affrontent encore, que la coopération latérale qui ne passe pas par les ministères.
C’est donc un projet avant tout politique ?
Culturel et politique, on peut le penser comme un tout. Il
s’agit effectivement d’un bâtiment signal, d’un lieu de
rendez-vous destiné à la rencontre d’experts, et à la circulation du citoyen dans cet espace. Pas d’un musée.
Oui, il s’agit de vous différencier du MuCEM, dont la gestation a été longue mais qui se tient finalement aujourd’hui
à vos côtés, avec des missions qui peuvent sembler similaires…
Et qui sont en fait parfaitement complémentaires. Un musée
d’État comme celui-là a un corpus professionnel particulier, des collections à gérer. Les conservateurs du MuCEM
conçoivent leur mission de façon originale, mais même
ainsi nos buts diffèrent, clairement. Nous voulons permettre au public, en particulier aux jeunes adultes, aux lycéens,
aux néo-arrivants, de trouver ici une image de l’espace dans
lequel ils vivent, et où ils pourront exprimer leur vision
d’avenir. Et nous voulons aussi convaincre tous ceux qui
disent que la Méditerranée n’existe pas, ou ne les intéresse
pas.
En clair l’électorat FN ?
Oui, d’ailleurs les Conseillers régionaux FN n’ont pas voté
contre. Pas pour non plus, mais bon… Il sera question
d’éco-diversité, de sujets économiques, peut-être pouvons
nous rassembler autrement autour de ces questions. Et
pour ce qui est du MuCEM, nous avons déjà prévu des
tarifs couplés, des horaires et jours d’ouverture complémentaires, le congrès national de l’INRAP qu’ils accueillent
passera aussi par chez nous… Il n’y a pas de rivalité ! Il
est même question d’une co-programmation en 2015.
Et d’ici là, concrètement, que va-t-il se passer dans ces murs ?
L’inauguration aura lieu le 15 mars 2013, l’ouverture au
grand public le 6 avril. À partir de ce moment il y aura deux
moments forts annuels, une grande réunion Agir en méditerranée, et de vrais débats, des Controverses, sur la
prospective Unesco 2031. Ces débats seront ouverts au
public, dans la salle de 400 places.
Cette salle est-elle une salle de spectacle ?
Oui, de concert et de spectacle. Elle
fait 15m d’ouverture sur 10m de profondeur et 8m50 de hauteur, le
plateau est techniquement équipé, il
y a une régie, des cabines de traduction, la possibilité d’enregistrer, monter
et mixer… il y aura une véritable
programmation artistique dans cette
salle en dehors des débats et congrès.
Elle est d’ores et déjà prévue par
Jean-Luc Bonhême, qui bientôt en
dévoilera le détail.
Il y aura surtout des expositions ?
Oui, des parcours permanents dans
l’agora et la coursive, des parcours
saisonniers dans le porte-à-faux. Tous
sont conçus par des «narrateurs»,
c’est-à-dire des artistes à qui on a
confié la mission d’enquêter, de recevoir la parole des citoyens et des
scientifiques, mais qui exposent tout
cela en tant que cinéastes, plasticiens, musiciens, créateurs… Il y aura
beaucoup de films et peu d’objets,
mais des œuvres contemporaines. Nous
n’avons pas de mission de conservation.
Les thèmes de ces expositions serontils en rapport avec les événements ?
Pour les expositions temporaires dans
les 1000m2 du porte-à faux, oui. Ainsi
Régis Sauder, le cinéaste qui a réalisé Nous Princesse de Clèves, sera notre
premier narrateur, dans cette exposition consacrée à 2031 en Méditerranée,
nos futurs… Il a travaillé avec d’autres
artistes, Michel Kelemenis, Benoît
Bonnemaison, mais surtout avec des
lycéens de Saint-Exupéry, des musiciens de Tunis, le Lycée français d’Izmir,
pour recueillir les appréhensions et
leurs rêves d’avenir. La première exposition met en scène leurs réponses,
et au bout de la visite chacun sera
convié à s’exprimer, pour que le parcours demeure vivant, en évolution…
Cette exposition sera en entrée libre ?
Non, tout l’espace, en dehors des expositions temporaires et spectacles
dans la salle, sera gratuit, mais là il y
aura un droit d’entrée, avec de nombreuses exonérations pour les jeunes,
les chômeurs… Michel Vauzelle voulait que tout soit gratuit ! Mais
l’essentiel le reste.
C’est-à-dire ?
L’entrée dans le bâtiment, les projections et débats, les parcours dans
l’agora et la coursive.
va naître
2031 en Méditerranée, nos futurs ! Dessin atelier corse © Benoît Bonnemaison-Fitte
Qui auront pour thème…
Le premier parcours permanent, mais qui évoluera au cours du temps dans
sa forme, sera consacré aux Mobilités, à ce voyage qui caractérise les Méditerranéens, qui veulent découvrir le monde, et échanger des marchandises.
Le second, sur la grande coursive qui donne sur le Port, sera consacré aux
différents Temps méditerranéens : le temps géologique, le temps des empires,
des Antiques à l’Ottoman… Puis en septembre l’espace temporaire fermera
pour deux mois, afin d’installer la nouvelle exposition Sous la mer, un monde,
confiée au cinéaste Alain Bergala. La saison 2014 portera sur la Méditerranée des Médias, puis sur Construire la paix...
Avez-vous prévu des narratrices de cet espace méditerranéen qui a du mal
avec l’égalité des sexes ?
Il y en aura !
L’accent mis sur la Méditerranée, en construisant un territoire, dessine aussi
des limites. Y aura-t-il une place dans votre Villa pour les autres immigrations présentes à Marseille, des Comoriens aux Africains de l’Ouest dont
personne ne parle ?
C’est un problème dont nous avons conscience. Dans nos débats, nous voulons que la présence de l’Afrique en Méditerranée soit évoquée. Il faut
travailler sur les géographies mentales autant que réelles…
PROPOS RECUEILLIS PAR AGNÈS FRESCHEL ET GAËLLE CLOAREC
Questions
de coûts
Coût de la construction : 58 millions d’€ HT, soit 70 M TTC
Coût de fonctionnement annuel : 6 M d’€
Coût d’investissement de la première année : 1,8 M d’€
La Villa Méditerranée est financée entièrement par la Région Paca.
Pour comparaison, le budget que la Région Paca consacre à la Culture chaque
année, hors investissements exceptionnels, est d’environ 54 millions d’euros.
Il est en baisse depuis 3 ans, et reste aux alentours de 3% de son budget
global, en baisse également. Ce qui situe Paca dans une zone médiane
supérieure, entre l’Île de France qui consacre 0,6% de son budget à la Culture
(l’État investissant massivement dans cette région…) et la Région Nord Pas
de Calais qui atteint régulièrement les 5% depuis que Lille a été Capitale
culturelle.
10
ÉVÉNEMENTS
LES RENCONTRES D’AVERROÈS
Les Rencontres d’Averroès veulent pousser un cri d’alarme démocratique.
Assaillies par les discours racistes, les fous de dieu, une Europe économique qui
fait fi des désirs des peuples, la circulation incontrôlée des informations,
une surveillance sécuritaire qui rend publiques nos données intimes…
Nos cités, nos démocraties sont-elles en danger ?
Encore faudrait-il que nos régimes soient vraiment des démocraties… A.F.
Eh bien non elle ne vient pas des Grecs ! Provocation pour inciter le lecteur à suivre l’article ? Oui un
peu… Mais pas uniquement.
La démocratie grecque n’est pas le sol fondateur
des démocraties actuelles ; à part le mot, et encore.
Pouvoir du peuple ? Dans la démocratie grecque les
femmes et les esclaves sont exclus ; la cité vit en
autarcie ; les citoyens ne travaillent pas ; les charges de responsabilité sont tirées au sort. Du fait de
cette autarcie l’information des citoyens ne pose
pas de problème : tout le monde est au courant des
affaires de la cité. Tout oppose donc ce système et
le nôtre, où chacun est citoyen, mais où les arcanes
des décisions sont cachés.
Nos démocraties actuelles ne surgiront que par le
lent détour de l’histoire, et plus particulièrement
de l’histoire des idées. Résumons donc à la hache :
Après un millénaire de pouvoir de quasi monarchie
en Europe et surtout en France, un tremblement de
terre politique se produit au 16e siècle avec les
philosophes du contrat social comme Grotius et
Puffendorf : la politique ne sera plus perçue comme
naturelle, c’est-à-dire du fait de dieu (la monarchie
était de droit divin). Ainsi on supposera qu’il y a eu
un contrat fictif entre les hommes pour entériner le
pouvoir royal. Ces thèses ne visent pas encore à
dégommer le roi, mais elles l’ébranlent : son pouvoir ne vient pas de dieu mais des hommes qu’il
gouverne. On devine la suite !
À partir de ce sous-sol intellectuel les démocraties
deviennent envisageables, et Rousseau pourra penser. Quoique : Jean-Jacques reconnaitra certes sa
dette à Puffendorf mais aussi à Hobbes. Ce dernier
posa clairement les bases du contrat social : et Rousseau ne cessa de penser à partir de ces bases. Contre
elles.
Pour Hobbes, dans le Léviathan, l’état de nature est
un état de guerre de tous contre tous. Pour le fuir
les hommes acceptent un contrat social où ils remettent toute leur liberté à un chef en échange de
la sécurité (on remarquera ici les prémices de nos
sociétés sécuritaires). La formule du contrat est
celle-ci : j’autorise cet homme à me gouverner si toi
aussi tu l’autorises. Ce qui est la définition parfaite
de l’autorité.
Rousseau sera admiratif, mais ce citoyen de Genève
ne peut accepter cet abandon de liberté qui rend impossible la démocratie. Il est évident que sans loi
et sans pouvoir ce serait la pagaille, la violence.
Évident ? Pour Rousseau la violence n’est pas naturelle. Mais comment pourra-t-il affirmer, après Hobbes,
que l’homme est bon par nature ?
Dans le Discours sur l’origine et les fondements de
l’inégalité parmi les hommes, Rousseau établit que
la violence n’est pas fondatrice et cause chez l’homme,
mais qu’elle est effet de la propriété. Naturellement, c’est-à-dire en se dégageant de tout artifice
social, dans un état de nature supposé, lorsqu’un
Qu’est-ce que
la démocratie ?
homme a besoin d’une pomme il la prend sur le pommier, il n’est pas naturel de dire ce pommier est à
moi ; la propriété n’est pas une donnée première,
naturelle, et donc la violence consistant à voler
l’autre non plus.
Par ailleurs, l’homme ayant tout ce qu’il veut dans
ce supposé paradis terrestre, il n’a aucune raison
de s’associer à l’autre. Et ainsi il est libre et heureux. Pourquoi alors vivre en société ? Hobbes avait
répondu à la question en posant la violence dans
l’état de nature. Rousseau complique le problème,
car pour lui l’homme étant libre et heureux à l’état
de nature, il n’en est sorti que parce que l’état social
peut accroitre ses potentialités : parce que l’union
fait la force et que les possibilités de bonheur y sont
plus grandes. Et dans un état social seule la démocratie pourra répondre à ces exigences de liberté
(pour la sécurité c’est un pouvoir quasi totalitaire
qui y répond le mieux).
Depuis Rousseau ? La démocratie n’est aujourd’hui
pensable que si l’on considère que l’homme est ce
que son environnement extérieur, les idéologies,
l’histoire font de lui. Si l’homme a besoin de croire
il lui faut des théocraties ; besoin de faire de
l’argent, nos ploutocraties actuelles ; besoin de
sécurité, nos états sécuritaires ; mais s’il veut la
liberté, la santé et l’éducation, il lui faut la
démocratie.
Mais la voulons-nous vraiment ? Aujourd’hui, il n’y
a aucun système démocratique dans le monde, seulement des régimes qui en ont adopté la forme et
agissent en fait à reproduire des systèmes élitaires.
Quel peuple pourrait penser qu’il s’est choisi librement un chef parmi les siens, et que ce chef agit
pour le bien commun ? Nous vivons au mieux dans
des démocraties formelles, qui tiennent parce
qu’elles cachent au citoyen la réalité de ce qu’elles
sont : si le peuple savait, disait Rosa Luxembourg,
le système capitaliste ne tiendrait pas 24h ! Nos
démocraties sont les garantes de ce système.
RÉGIS VLACHOS
L’état
de nature
On ne peut comprendre la légitimité du pouvoir que par rapport au concept
d’état de nature développé par Hobbes et Rousseau : celui-ci est une
hypothèse, une fiction, celle de la condition des hommes avant l’apparition du
pouvoir ; en effet si l’on veut comprendre la nécessité de l’état social, il faut
se demander ce que les hommes ont voulu fuir en créant des sociétés et du
pouvoir. L’état de nature n’est donc pas un état antérieur, mais un point de
référence fictif, sans socialité. Et aussi pour Rousseau sans propriété :
«Il est impossible d’imaginer pourquoi, dans cet état primitif, un homme aurait
besoin d’un autre homme (…) mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du
secours d’un autre, dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des
provisions pour deux l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint
nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut
arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et
la misère germer et croître avec les moissons.
Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : ‛Ceci est à moi′ et trouva
des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile.
Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point
épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé,
eût crié à ses semblables : ‛Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si
vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne !’»
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
ÉVÉNEMENTS 11
Morceaux choisis Sous le signe
ture des colonels en Grèce. Si le réalisateur, Timon
Koulmasis, dont la mère a dû s’exiler, ne parvient
pas toujours à articuler histoire personnelle et Histoire, le film, Parole et Résistances, formellement
peu abouti, a le mérite de nous faire découvrir le
rôle qu’a joué dans la chute de la dictature une
émission en langue grecque, diffusée chaque soir
depuis la station allemande Deutsche Welle. Les
témoignages des intellectuels qui ont participé à
cette résistance se succèdent, ne cachant pas leurs
divergences sur la stratégie politique : mais tous
reconnaissent l’importance du logos, parole et
pensée, dans la cité et en démocratie. Un bon
prologue à la thématique des Rencontres.
Pour Mémoire[s]
jusqu’au 8 décembre
Espace Pouillon, Fac Saint Charles, Marseille
04 96 11 04 61
www.rencontresaverroes.net
© Lazhar Mansouri
© Lazhar Mansouri
GAËLLE CLOAREC ET ANNIE GAVA
Les Rencontres d’Averroès prennent forme artistique en prélude aux tables rondes. Jusqu’au 8 décembre,
on pourra savourer Pour Mémoire[s], exposition de
photographies issues de deux fonds datant des
années 60-70, prises en studio à Marseille et dans
un village des Aurès. L’Espace Pouillon qui les
accueille -à l’entrée de la faculté Saint-Charles et à
proximité immédiate de la gare- est l’endroit idéal
pour découvrir de belles choses entre deux correspondances. On n’est pas étonné de voir le public
s’attarder longuement devant ces portraits émouvants
et souvent drôles, presque à la façon du photographe malien Adama Kouyaté. S’y rencontrent la fiction
mise en scène à grand renfort d’accessoires, fleurs
artificielles et costumes apprêtés, et le réel d’une population qui malgré ses chaussures flétries (éternel
détail négligé des déguisements) profite de l’espace
du studio pour s’inventer une vie maximisée.
Cinéma
Macha Makéïeff, heureuse de faire place au «gai
savoir», a accueilli la soirée d’ouverture des Écrans
d’Averroès qui s’est déroulée à la Criée le 24 octobre. Une séance consacrée au documentaire, en
partenariat avec le CMCA (Centre Méditerranéen de
Communication Audiovisuelle) et l’INA. Au programme, deux court-métrages inspirés du Je me
souviens... de Georges Perec, et un moyen-métrage
de Benoît Felici, prix de la 1ère œuvre lors du PriMed
2011. Unfinished Italy est un film étonnant, traitant
avec humour et nostalgie des «ruines nées ruines»
(les équipements fantômes laissés inachevés par
des pouvoirs publics corrompus un peu partout en
Italie), tout en laissant affleurer la personnalité
aboulique et attachante de son jeune réalisateur.
Le long métrage de la soirée nous a emmenés loin
dans le temps, entre 67 et 74, l’époque de la dicta-
Concert
de clôture
Pour clôturer les Rencontres d’Averroès, une soirée d’exception à partir
de 20h30 organisée par Espaceculture_Marseille autour de jeunes
voix féminines de l’autre rive de la
Méditerranée : Emel Mathlouthi, un
«électro-choc à la voix de jasmin», et
Djazia Satour en solo pour chanter
en arabe et en anglais des mélodies
aux accents blues et nu-soul.
le 24 nov
Espace Julien, Marseille
04 96 11 04 61
www.rencontresaverroes.net
Démocratie :
la parole est au public
C’est autour des Tables Rondes que les Rencontres
d’Averroès sont nées. De ces débats de haut vol qui
selon les années ont viré à la conférence croisée,
ou à la belle controverse. Et qui ont pour singularité la pertinence des questions et remarques d’un
public toujours plus nombreux, toujours plus
critique… Point d’ancrage de toute la manifestation, elles auront lieu les 23 et 24 novembre à
l’auditorium du Parc Chanot. Le vendredi de 15 à
17h, la première s’interrogera sur le sujet délicat
de : Entre dictature et démocratie, fin de l’histoire ou
d’une histoire ? La seconde, le samedi de 10 à 12h :
Entre renaissance citoyenne et transparence politique, révolution numérique ou contrôle des libertés ?
La troisième, le samedi de 15 à 17h : Entre tyrannie
des marchés et défiance des élections, la démocratie
peut-elle se réinventer ? Y participeront des spécialistes et des personnalités engagées : Fabienne
Brugère, Milad Doueihi, Fabrice Epelboin, Costa
Gavras, Ahmet Insel, Panagiotis Grigoriou, Ziad Majed,
Pilar Martinez-Vasseur, Andrea Mubi Brighenti,
Angelo d’Orsi, Raimundo Viejo Vinas et Amira
Yahyaoui. Ces tables rondes seront diffusées sur le
site rencontresaverroes.net ainsi que sur le nouveau
franceculture.fr et à l’antenne en décembre 2012.
Les rencontres reviendront du 14 au 17 novembre
2013 pour fêter leurs 20 ans autour des grands
penseurs de la Méditerranée du 21e siècle, durant
l’année capitale.
M.C.
Emel Mathlouthi
© Azza Bzji
& Gaith Arfaoui
12
ÉVÉNEMENTS
FÊTE DU LIVRE DU VAR | IMAGE DE VILLE
Promenades en Méditerranée
Malek Chebel © X.D-R
C’est chose acquise : la Fête du livre de Toulon et les
Rencontres artistiques du Var, rebaptisées Rencontres méditerranéennes, ne font qu’une. De quoi
répondre au souhait du Président du Conseil général
qui voulait «une manifestation populaire à la portée
de tous» : autrefois réservées aux professionnels, les
rencontres sont désormais accessibles aux 50 000
visiteurs de la Fête du livre qui naviguent entre la
place d’Armes et les lieux culturels partenaires.
Le Théâtre Liberté ouvre les festivités avec l’Orchestre
National de Barbès qui fête son 15e anniversaire,
Gnawa Diffusion refait surface à l’Oméga Live après
5 ans d’absence (le groupe s’est reconstitué suite au
Printemps Arabe). À la Maison de la Photographie,
l’exposition du Lauréat Photoespaña 2012, Yaakov
Israel, préfigure une collaboration entre l’Hôtel des
arts et le salon de Madrid en 2013. Le Musée de la
Marine embarque dans son sillage la voix et la guitare d’Angélique Ionatos tandis que l’Hôtel des
Arts et le Musée d’Art transforment leurs cimaises
en salles de concert pour accueillir le dernier projet
de Titi Robin Les Rives, le duo Isabelle Courroy et
Shadi Fathi, les mélodies aériennes du Trio Paolo
Fresu-Richard Galliano-Jan Lundgren… Dans la
salle du Muséum, les danseurs du Ballet National
de Marseille présentent leurs propres créations
dans le cadre d’une «carte blanche» imaginée par
Frédéric Flamand.
Une programmation artistique, donc, mais aussi des
débats avec le magazine La Scène, qui convie 250
professionnels du spectacle pour des journées…
aux intervenants presqu’exclusivement masculins.
Pour envisager le mode de fonctionnement de ce
milieu si inégalitaire, ce n’est pas forcément la
meilleure voie…
Ces Rencontres s’immiscent dans une Fête du livre
aux deux visages. Le premier, miroir de la Méditerranée, offre une tribune de premier plan aux auteurs
et aux éditeurs réunis pour des dédicaces, des
conférences, des rencontres et des lectures : de
Marek Halter à Hoda Barakath, de Gilbert Sinoué
à Clara Sanchez. Ce sera l’occasion de découvrir le
lauréat du Prix des lecteurs du Var présidé par
Malek Chebel (Sayed Kashua pour La deuxième
personne, voir p. 71), de s’étourdir de la richesse
des langues et des imaginaires, et également de
s’interroger sur la géopolitique et la démocratie
aujourd’hui : conférence de Richard Jacquemond sur
«Le printemps des écrivains arabes», table ronde
animée par Ahmed Youssef sur «Le nouveau pouvoir islamique dans le sud de la Méditerranée»…
Le second, propice aux files d’attente devant les
stands, reflète l’actualité littéraire automnale avec
son flot de noms prestigieux, et de personnalités du
petit écran.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Fête du livre
du 16 au 18 nov
Rencontres méditerranéennes
du 9 nov au 1er déc
Toulon
www.fetedulivreduvar.fr
Rêve(s) de ville
Image de ville a dix ans. Son bilan, quantitatif et
qualitatif, impressionne. Près de 700 films projetés.
Quelque 300 invités dont deux Pritzker d’architecture (Jean Nouvel, Christian de Portzamparc),
des réalisateurs internationaux (Amos Gitaï, Jia
Zhang-ke) et des documentaristes comme Richard
Copans auteur avec Stan Neumann des 52 films
de la collection Architecture présentée dans son
intégralité au Château La Coste. Croiser les approches d’architectes qui imaginent, conceptualisent,
modifient nos villes et celles de cinéastes d’hier et
d’aujourd’hui qui les explorent, les réinventent, les
déconstruisent, a généré, au fil des éditions, de
passionnantes interrogations. Souligner que bâtisseurs et artistes partagent des «territoires communs»
comme les frères Barani, Marc et Christian réunis
cette année pour une table ronde, reste un credo du
festival aixois. Poursuivant le travail mené avec Le
Merlan sur le corps urbain en 2012 (Zib’53), cette
édition intitulée La ville, ma muse, s’est particulièrement intéressée à l’appropriation sensible du
territoire par les artistes et les citadins, docs et
fictions mêlés. Car la ville est une infatigable Shéhérazade, contée et conteuse. On a ainsi retrouvé,
à côté du Détroit post-apocalyptique de Florent
Tillon, dévasté par chute d’un empire industriel,
réinvesti par la nature et l’énergie créatrice de ceux
qui restent, la Roma sublime et grotesque de Fellini, collage de souvenirs et de fantasmes nourriciers.
On a découvert les «villes invisibles» de la banlieue
parisienne, entre chantiers et autoroutes, espace
replié, des rues Lénine aux bars Oasis, comme un
origami fascinant que Marie Boots et Till Roes-
Détroit, ville sauvage de Florent Tillon
Metropolis de Fritz Lang
kens dans leur video Archipel déplient par un
«chant des pistes» inspiré des pratiques aborigènes. Ou encore l’espace secret, intime, révélé par
le travail de Sabine Massenet dans Image trouvée.
Sur le principe de la bouteille à la mer, avec la
complicité des bibliothécaires de Seine St Denis, la
vidéaste a inséré dans les livres prêtés, un message
énigmatique et son adresse mel. Elle filme ceux qui,
ayant risqué la rencontre, racontent leur expérience
de lecteurs. Immeubles, parcs, forêts glissent sur
un fond noir, des plans de vieux films s’invitent dans
le paysage du 93, devenu somptueux.
Parmi les temps forts de la programmation, d’abord
la projection d’Inland (Zib 24) et de Rome, plutôt
que vous de Tariq Teguia en présence du réalisateur
qualifié de «géographe», «topographe» voire «sismographe» par une critique unanimement éblouie
par son art conceptuel et sensoriel matérialisant
l’exil intérieur de la jeunesse algérienne. Ensuite,
Les deux émissions de la RAI, raretés offertes par
Eugenio Renzi : un facétieux Fellini présentant le
quartier mussolinien de l’EUR comme son préféré
dans Rome et un Pasolini douloureusement lucide
analysant à partir des formes urbaines d’Orte et de
Sabaudia, l’acculturation de masse orchestrée par la
démocratie. Dernière apparition du réalisateur dont
la mort semble s’annoncer à la dernière image: une
maigre silhouette qui s’éloigne sur un terrain vague.
Enfin le ciné-concert donné en soirée d’ouverture
par l’Orchestre de Chambre d’Hôte, septet dirigé
par Jean-Paul Raffit, Haendel, Villas-Lobos,
Fauré, Bach sollicités pour accompagner,
commenter les 2h25 de l’archétypal Metropolis de
Fritz Lang, en version intégrale restaurée. Pure
merveille formelle qui, à sa manière noire et
hallucinée, pose la question de la place de l’homme
dans la modernité, entre rêves et cauchemars.
ÉLISE PADOVANI
Image de Ville s’est déroulé du 9 au 11 octobre à Aix
ABD | INSTANTS VIDÉO
Zooms sur l’Égypte
contemporaine
Littérature, cinéma documentaire, photographie, musique ; une belle diversité
de Regards sur l’Égypte vient de nous
être offerte par la Bibliothèque départementale des BdR. Une manifestation
très réussie, menée au sein de plus de
trente bibliothèques, en partenariat
avec les Rencontres d’Averroès et le
FID. Regards croisés d’artistes contemporains, qui témoignent de la vitalité
de ce grand pays, mais aussi de ses difficultés, censure, corruption, misère…,
que la révolution de janvier 2011 n’a
pas résolues à ce jour. Regards sur une
société en mutation, où les jeunes
peinent à trouver leur place et lorgnent
vers un Occident qu’ils imaginent tellement plus confortable et surtout
plus libre.
Trois écrivains se sont fait l’écho des
© Denis Dailleux
tensions de la société égyptienne à
la veille de la révolution, et aujourd’hui.
Si Nabil Naoum donne la parole à
Toutankhamon, reine d’Égypte, c’est
pour mieux aborder, par le biais d’une
drôle de relecture de l’histoire ancienne, les problématiques actuelles
de son pays ; ainsi lorsqu’il fait dire à
sa reine : «Mon malheur est causé par
les hommes de guerre et de religion.»
À quoi Khaled el Khamissi ajoute une
troisième plaie de l’Égypte actuelle,
le pouvoir de l’argent. L’auteur de Taxi
vit aujourd’hui en France et rappelle
qu’entre 2006 et 2010, pas moins de
6 millions d’Égyptiens ont, comme
lui, quitté le pays. Son 2e roman L’arche de Noé, qui vient de paraître en
français, décrit avec un humour désespéré cette sensation d’étouffement
et d’impasse de la jeunesse dans les
années 2000 (voir p. 67). Quant à
Ahmad Alaidy, le plus jeune des 3
invités, son écriture très novatrice a
fait de Dans la peau de Abbas el-Abd,
paru en 2003, un véritable manifeste
de la jeunesse cairote révoltée.
Bref, pas facile, la vie en Égypte. Alors,
autant en sourire. Les lectures ont
illustré avec beaucoup d’à propos le
fatalisme souriant des habitants du
Caire. En particulier les extraits de
Taxi lus avec vivacité et intelligence
par 2 jeunes comédiens talentueux,
Louiza Bentoumi et Yacine Aït Benhassi, qui ont immergé avec bonheur
le public dans l’ambiance de la capitale égyptienne, fond sonore et musical
en prime.
Le volet marseillais de la manifestation s’est clos par le superbe et très
ÉVÉNEMENTS 13
émouvant duo de l’Égyptien Hazem
Shaheen au oud et de la flûtiste
franco-syrienne Naïssam Jalal ; le
lendemain, la projection de deux
documentaires a également rempli
l’auditorium : Ces filles-là de Tahani
Rached (2006), une plongée saisissante dans l’univers d’adolescentes de
la rue, suivi de Interdit, réalisé en
2011 par Amal Ramsis. La réalisatrice, qui était présente, a débattu
avec le public nombreux des notions
d’interdiction, d’obéissance, de transgression et de censure que son film
met en lumière, au fil des témoignages qu’elle a recueillis juste avant la
révolution.
FRED ROBERT
Les projections de documentaires
se poursuivent jusque fin novembre
dans certaines bibliothèques
du département.
www.biblio13.fr
Quant à la magnifique exposition
photo de Denis Dailleux,
Égypte claire et obscure,
on peut la visiter jusqu’au 22 déc
Visites commentées gratuites
au 04 13 31 83 72.
www.culture-13.fr
Pour une approche de la littérature
égyptienne contemporaine
et une bibliographie, lire,
dans la brochure éditée par la BDP,
le panorama que propose
Richard Jacquemond,
professeur de langue et littérature
arabes modernes à l’université
d’Aix-Marseille.
Dionysos vs Ploutos
L’art vidéo/numérique peut se permettre le grand
écart entre les multiples démarches et formes d’expression qui l’animent, plus ou moins marchandes
voire mercantiles, ou expérimentales, voire dionysiaques. La programmation de ces 25e Instants Vidéo
en est encore la preuve. Le cœur et l’esprit s’y tournent vers les pays en (très) grande difficulté, mais
cette édition ne sert pas pour autant de manifeste
révolutionnaire. L’hommage rendu à la Grèce donnait avec justesse la primauté à l’imagination en
devenir via les créations récentes d’étudiants en
arts visuels de l’université de Corfou, surprenantes,
diverses, toujours singulières, au pouvoir fortement
évocateur. En dépit des risques de décrochages
inhérents à ce genre de propositions, elles offraient
la preuve que d’autres visions sont possibles. Comme
les quinze courts métrages regroupés sous le titre
amusé Plus belle la vidéo (qui auraient pu bénéficier
d’un meilleur aménagement d’écoute), l’installation
théâtralisée et réjouissante Des Corps de ville de
Nomade Village ou le très poétique et céleste L’Éclat
de Samuel Bester et Sophie-Charlotte Gautier.
Plus troublants à divers égards : Le Défilé, nuisettes
voletantes suspendues virtuellement par Samar
Elbarawy qui signe aussi avec Gaetan Trovato Les
poupées qui se révoltent, accompagnés de voix de
femmes sur leurs conditions et conceptions de la
vie dans les sociétés arabes. Leur répondait Departure, d’Aleh Jamali et Monica De Joanni, arachnéen
en diable lorsque le corps se débat dans l’enfermement suggestif d’un voile noir.
Ceux et celles qui n’auront pas la chance de regar-
der l’Algérie selon Ahmed Zir (adepte du super 8)
se réconforteront avec le DVD édité par Circuit
Court. Ou pourront réviser leurs certitudes : le cinéma est préhistorique, comme l’affirme La préhistoire
du cinéma selon Marc Azéma. Le visiteur curieux
retrouvera ces ouvrages et bien d’autres auprès de
Transit Librairie, libraire sans échoppe fixe posé à la
Cartonnerie durant toute la durée des rencontres. Et
n’oublions pas tous les autres.
Cette année les Instants Vidéo avaient élu Dionysos
au lieu de Ploutos. Fi des richesses, et ce fut un
bien fait. CLAUDE LORIN
Les Rencontres internationales des 25e Instants
Vidéo ont débuté le 6 nov, le 7 à La Friche.
Les installations restent visibles jusqu’au 17 nov,
et plus tard encore selon d’autres lieux à Marseille,
Martigues, Vitrolles et sous des horizons plus
lointains
www.instantsvideo.com
Des Corps de ville,
installation du collectif Nomade Village,
Instants Video 2012, vue partielle © C. Lorin/Zibeline
14
THÉÂTRE
MARSEILLE | AIX | AUBAGNE
Homo œconomicus
vs homo sapiens
Objectif :
reproduction !
meeting. Plus que rencontre, connection. Plus qu’appréciation, évaluation. Efficacité garantie pour trouver
job ou partenaires. Le dispositif a minima décline la
partition à merveille. Les cinq non-comédiens comme attachés en galériens deviennent témoins
lumineux de potentiomètres qui modulent un seul cri,
ou tableau excel à graphique variable. Franck qui s’apparente étymologiquement à «affranchi» comme il(s) se
plai(sen)t à le répéter n’est plus esclave. Il n’est pas
libre pour autant : il peut voter sans être élu, jouer le
jeu sans pouvoir en changer les règles. Son seul luxe :
la prise de conscience.
Le directeur du théâtre de Lenche, Maurice Vinçon,
revient à la mise en scène. Il a choisi la pièce d’un
auteur vénézuélien, peu connu en France, Gustavo
Ott, qui aborde sous un mode léger des thèmes de
société actuels. Dans Tendresse Molotov c’est la peur
de l’autre, du Musulman, qui est développée. Un
couple quarantenaire aisé veut se donner toutes ses
chances d’avoir un garçon, première marque de
conformisme, et se livre à des prises de température
et des calculs. Ils sont interrompus dans leurs ébats
par la livraison d’un carton envoyé par le FBI. Celui-ci
contient le sac perdu 20 ans auparavant par Victoria
à New York. Elle y retrouve photos, peluche et des
souvenirs plus ou moins précis ressurgissent. Elle
avoue à Daniel un mariage avec un Arabe. Colère du
mari floué, peur croissante d’être retrouvés par un
terroriste du Hamas, leur angoisse tourne à l’hystérie.
Ils sont peu à peu atteints d’une logorrhée libératrice,
moment fort de ce spectacle : les deux comédiens,
Maryse Aubert et Roland Peyron se livrant à un
véritable match à coups de formules choc ! Tous les
poncifs réactionnaires de la peur de l’arabe, du terrorisme, de la hiérarchie des religions y sont, sans
oublier la vanité des relations mondaines et des
images véhiculées par la télé. La crainte du changement les réconciliera, unis dans leurs certitudes.
On s’amuse devant tant d’imbécilité et de médiocrité
et on n’hésite pas comme du temps de Molière à
reconnaître son voisin ! Le spectacle reste un peu
long cependant et gagnerait à être resserré, il n’en
serait que plus percutant.
ÉLISE PADOVANI
CHRIS BOURGUE
© Sigrun Sauerzapfe
Le(s) visage(s) de Franck c’est d’abord une commande de la Cité-maison de théâtre à Charles-Eric
Petit (Cie de l’Individu) : il s’agissait d’«écrire autour
de la crise».
C’est ensuite un travail d’écriture, d’échanges avec cinq
non-professionnels, à partir de leurs expériences de
travail, de chômage.
C’est au final 45 minutes d’intelligence, de drôlerie
noire, de lucidité sur l’homme social contemporain.
Cinq bonhommes lambda en costume de ville se
tiennent alignés sur le devant de la scène, le visage
éclairé, au-dessus d’un pupitre sur lequel sont posés
les feuillets de leur texte. Cinq voix pour un seul personnage qui se débat dans un réel virtualisé dont le
sens s’échappe en discours formatés interférant, se
télescopant, se superposant.
Pas de temps à perdre pour le tri : speed dating, speed
Le(s) visage(s) de Franck a été joué
au Théâtre de la Cité le 19 octobre
© Agnès Mellon
Jeu de Paume
Le désœuvrement serait-il père de toutes les malices? Prétexte fragile à multiplication de textes forts :
les bras ballants, acteurs en costumes bricolés (3) et
metteurs en scène dynamiques (2) privés par l’auteur
(o) du droit à jouer on ne sait trop quoi se renvoient
la balle -geste fondateur, dans son essence même,
du dialogue théâtral autant que de l’échange footballistique !
Erratique et filandreuse, divagante et joyeuse, cette
«proposition de théâtre» pleine de courants d’air et
de rebondissements (!) irrite et réjouit tout à la fois :
Noël Casale et Xavier Marchand succombent à la
tentation de partager leur plaisir à dire, à faire et à
faire faire (leurs brillants complices Odile Darbeley,
Stéphanie Félix et Jérôme Rigaut excellent à passer du noble au trivial) avec un public latéral aux
regards traversants et au cou mobile qui brouille cour
et jardin ; l’hypothèse du terrain de jeu est assez
solide et le dispositif léger, genre Atelier Dullin/ Copeau, sert heureusement l’enfilade de saynètes
pourtant irrégulières, inégales et mal jointoyées : au
Tendresse Molotov a été créé du 23 octobre
au 10 novembre au Théâtre de Lenche
bonheur d’entendre les morts anciens et modernes
du dialogue de Fontenelle débattre de la spiritualité
de l’amour ou de la disparité des fortunes succède
l’ennui de les entendre trop longtemps ; la charmante
surprise de l’article so fashion signé Miss Satin
(Stéphane Mallarmé), la hauteur de vue sur stades
du philosophe du ballon rond Pep Guardiola ou le
formidable échange d’enterrements de Giorgio
Manganelli conduisent assez vite à une forme de
saturation/frustration légère difficile à cerner...
Ce serait alors comme une pièce composée
d’entractes ? qui ferait attendre patiemment (car le
charme opère indéniablement) l’acte absent de toute
scène ? Enfin, dirait Mallarmé !
MARIE-JO DHO
L’Hypothèse Fontenelle/Guardiola, conception
et mise en scène de Xavier Marchand
et Noël Casale a été proposée
aux Bernardines du 23 au 30 octobre
Problème de définition
Qu’est-ce qu’un homme ? Son caractère, sa situation sociale, son métier,
son nom ? La pièce de Brecht, Un homme est un homme, interroge ce qui
constitue l’individu à travers la dépersonnalisation de son personnage
principal, Galy Gay, porteur au port, dont l’esprit a la lourdeur d’un éléphant
dit sa femme, curieux mélange de perspicacité et de crédulité. Quatre
soldats anglais (ils vont toujours par quatre), le pillage d’une pagode qui
tourne mal, la nécessité de trouver un quatrième homme… Par son alliance
du cocasse et du tragique le dramaturge démonte les mécanismes du
théâtre et du social, et dénonce l’utilisation de la peur comme moyen de
persuasion des pouvoirs.
La jeune troupe d’étudiants qui reprend le travail de l’année précédente,
déjà présenté au cours du Festival 3 jours et plus, s’en donne à cœur joie,
mettant son dynamisme au service du texte. Un jeu toujours juste, jusque
dans ses outrances. Le propos n’est jamais perdu de vue. La mise en scène
de Mathilde Soulheban sait être efficace avec une grande économie de
moyens (la table de la cantine de la veuve Begbick, (femme, femme,
femme !) devient palanquin, cachette, lit…). Le quatuor des soldats avec
d’inénarrables mimiques est tordant, sans compter le sergent Fairchild,
doublement caricatural, dans ses élans d’autorité bornée ou ses pulsions
amoureuses débridées. Galy Gay, anti-héros absolu dépossédé de tout
jusqu’à son nom, reste profondément humain. La pièce est menée de bout
en bout avec beaucoup d’enthousiasme, et le public nombreux, comprenant quelque 100 lycéens, s’est vraiment laissé captiver. La saison au
thème si ouvert, Parler de soi, certes… mais de qui, débute avec pertinence…
MARYVONNE COLOMBANI
Un homme est un homme s’est joué le 18 octobre au théâtre Vitez, Aix
Croisade
œcuménique
M.C.
Le Cœur du sage a été joué
à Trets le 19 octobre
et au Comœdia d’Aubagne
le 10 novembre
© X-D.R
Parler aujourd’hui des croisades, de la troisième en l’occurrence, peut
paraître provocateur dans le contexte religieux brouillé que nous
connaissons. Il s’agit en fait d’un appel à la paix, à l’entente. Renouant avec
la tradition de Nathan le Sage de Lessing, la troupe Les Oiseaux met en
scène avec Le cœur du sage des représentants des trois religions monothéistes, chrétienne, juive, musulmane, qui montrent par leur exemple, leur
humanité, l’inanité des guerres et conflits entre les représentants des trois
religions. Car c’est la communauté de leurs principes, fondés sur le respect,
la tolérance, l’amour du prochain, l’entraide, qui sont mis en avant, et non
le fâcheux penchant des croyants au prosélytisme souvent meurtrier…
Dirigés par Hamid-Reza Djavdan, costumés avec humour par Christian
Burle, dans la lumière et les ingénieux décors d’Éric Proust, deux
comédiens, Patrick Alaya et Lionel Briand, se démultiplient à l’envi pour
interpréter 20 personnages…
prélats, pape, Richard Cœur de
Lion, troubadour, chambellan, seigneurs, eunuque, princesse,
Saladin, Philippe Auguste, roi de
France, soldats croisés ou sarrasins, prêtre, médecin, soufi,
Hashishiyins… jusqu’aux chevaux
qui piaffent ou s’échappent. Jeux
d’ombres et de lumières, scènes
cocasses, humour, distanciation… la légèreté de la forme
n’ampute pas l’ambition œcuménique du propos, mais la rend
accessible à tous.
16
THÉÂTRE
CAVAILLON | AVIGNON | ISTRES | TOULON
L’art (froid) de la séduction
© D.M
Un deux un deux, intéressante dans sa formulation
-un dialogue fragmenté autour de la rhétorique
amoureuse- mais longue pour les oreilles visiblement
plus désireuses d’entendre susurrer des mots
d’amour qu’une réflexion sur le «méta-amour» et sa
dégringolade inévitable. S’ensuivit un docu-fiction,
tourné dans une boite parisienne avec les
protagonistes trentenaires de la soirée, mettant en
pratique leurs techniques de drague. Conversations
de comptoir, baisés volés ou appuyés, debrief post
nuit blanche… rien que de très banal, mais censé
développer l’imaginaire des spectateurs. Après
quelques mets (aphrodisiaques ?) permettant au
public plutôt décontenancé de se déplacer (et
partiellement de se réchauffer, le mistral s’étant invité
inopinément et brutalement à la fête) et de découvrir
l’exposition Les objets de la drague de Maddie K,
puis une lecture, peu émoustillante voire soporifique,
de France 80 de et par Gaëlle Bantegnie, un second
volet tourné avec des sexagénaires de la ville au
dancing le Bataclan fermé depuis, aura été dévoilé.
Aura-t-il enflammé les esprits, juste avant le dance
floor final ?
Organiser une soirée sur le thème de la drague, un
concept affriolant pour lequel la Scène nationale de
Cavaillon a choisi de se transformer en «terrain
d’exploration des techniques de séduction»… oubliant
au passage de convoquer deux ingrédients
indispensables : l’interactivité et la chaleur ! 200
personnes, pour la plupart peu familières du théâtre,
étaient rassemblées autour de tables et lumières
tamisées, où trônaient préservatifs et bonbons
mentholés, pour cette nuit prometteuse, dont les clés
étaient confiées à Mélanie Mary et François
Bégaudeau. Pour éveiller des velléités, la
comédienne et l’auteur récompensé ont lu leur pièce
DELPHINE MICHELANGELI
La Nuit de la drague a eu lieu
le 27 octobre à la Scène nationale de Cavaillon
Kassandra Fukushima a été joué les 26 et 27 octobre
au Théâtre du Balcon, Avignon
© Jean-Julien Kraemer
DE.M.
© Clement Chebli
La scène est là, comme un espace de
liberté où se libèrent et s’expriment
des corps et des langages, ceux de 10
jeunes acteurs, chanteurs et danseurs
amateurs... Les Fauves de Michel
Schweizer sont des ados débridés, ils
ont des choses à dire, déclarer, déclamer, démontrer, chanter et danser ; sur
leur vie, les cadres normatifs qui les
entourent et les enferment et dont ils
se libèrent en inventant un monde où
ils peuvent parler de leurs peurs, leurs
désirs, leurs sentiments, leurs attentes.
La forme du spectacle, éclatée, non
conventionnelle, qui prend l’allure d’une
fausse comédie musicale, sert la parole et l’expérience artistique de ces
jeunes ; sur scène ils sont entourés de
Michel Schweizer, qui «tente d’occuper
la fonction de médiateur», et de
Gianfranco Poddighe qui lui «tente
d’assumer la fonction de DJ». Et ça
marche, c’est bouillonnant de vie et
fragile à la fois, bouleversant quand un
solo de danse remplit le silence des
corps immobiles qui l’entourent, drôle
quand chacun clame ses 10
commandements («Je ne prendrai pas
mes reculs pour des capitulations«, «Ma
gueule ne sera jamais mon dernier
argument«), tonitruant quand ils
exposent leurs cas de conscience
sans attendre de réponse.
Joue
la comme
Cassandre
Du mythe de Cassandre à la réalité du nucléaire, via
la catastrophe de Fukushima, il n’y a qu’un pas pour
l’auteur et metteur en scène Jacques Kraemer.
Dans Kassandra Fukushima, l’intense et précise
Sophie Neveu entremêle au théâtre d’Eschyle et aux
visions de la prophétesse grecque la hantise du
terrorisme mondial articulé aux contaminations
nucléaires. Drapée de blanc, l’œil rougi et la voix
articulée, l’oiseau de mauvais augure qui sait
devancer les désastres nous dessine, horrifiée et loin
d’être apaisée, l’apocalypse future. Nous conjure à
l’écouter. Tout comme elle avait vu les bains de sang
entre Grecs et Troyens, hantée toujours par les voix
-fort bien travaillées, doublées avec celle de
Christiane Cohendy- Kassandra Fukushima, «la folle
et la suppliciée», compte à rebours le pire à venir et
chante son angoisse : «Moi qui vois l’avenir, du passé
je n’ai pas su faire table rase». De la danse macabre
de Zeus aux kamikazes qui font exploser les bombes
sur les centrales radioactives, nous voilà prisonniers
nous aussi de cet avenir qui risque d’exploser en plein
vol. Aura-t-on la lucidité de l’écouter ?
La question a clairement été débattue au théâtre du
Balcon, à l’issue de la seconde représentation : «le
nucléaire, une énergie d’avenir ou pas ?».
Rideau sur
les Fauves
DOMINIQUE MARÇON
Fauves a été joué pour la 54e
et dernière fois le 19 octobre
au théâtre de L’Olivier, à Istres
Sous le soleil
d’Arcady
«Tu m’as menti maman… Tu ne m’avais pas dit cette honte de
l’exil». L’auteur, metteur en scène et acteur Jacques
Hadjaje l’avoue franco de port : «avec Dis-leur que la vérité
est belle, je ne prétends aucunement à une vérité
historique». Son texte-spectacle s’égrène de fait comme un
long souvenir truffé de moments joyeux et d’autres
douloureux, de dialogues piquants, de sentiments
exacerbés. C’est toute l’histoire de la fière tribu des
Chouraki d’Alger à jamais disparue, dispersée. Rideau ! Une
«famille juive pied-noire ordinaire» balayée par les
soubresauts de l’Histoire à laquelle la Cie des
Camerluches redonne vie dans un décor évoquant un
campement dans les sables algériens. Dès les premières
minutes et jusqu’au dernier instant l’ambiance est survoltée,
dynamitée par des personnages caricaturaux : l’infortunée
Olga et son mariage de raison, qui rêve d’aventures et
d’amour avec un grand A, Georges le cousin comptable qui
s’évade avec les super héros de BD, Aimée la mère au
ventre alourdi par le miel, le Père qui n’a d’yeux que pour
Charlie Parker, Leïla, la jeune voisine et tentatrice d’Albert le
narrateur. Albert que l’on accompagne depuis sa
circoncision jusqu’à sa maturité, père meurtri d’une fille à
l’accent américain, incrédule et désorientée quand il tombe
le masque sur tant de souvenirs enfouis… Légèreté du jeu,
humour un peu facile, ambiance «camerluche» : on s’attend
à tout moment à entendre Marthe Villalonga ou Roger
Hanin !
Après Mouloud Feraoun (Zib’56) et Jacques Hadjaje, le
spécial Théma du Théâtre Liberté se poursuit avec de
nouvelles propositions comme autant de points de vue, très
divers, sur «La guerre d’Algérie, 50 ans après».
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Dis-leur que la vérité est belle a été donné
les 18 et 19 octobre au Théâtre Liberté, Toulon
© Pierre Dolzan
18
ARTS DE LA RUE
LIEUX PUBLICS | LA CANEBIÈRE
L’analyse pour tous
Jeu de piste sur
la Canebière
© Vincent Lucas
Cent fois sur le divan remettez votre ouvrage... en
l’occurrence, plutôt sur le transat, mais le principe
est le même. Allongez-vous confortablement, laissez
votre esprit se détendre, et en avant les associations
libres ! Les praticiens de l’ANPU1 sont là pour permettre à l’inconscient collectif urbain d’émerger, et
c’est en répondant à un charmant questionnaire («Si
votre ville était une personne, qui seraient son père et
sa mère ? Quel serait son âge ? Et si c’était une chanson, laquelle ?») que l’on apporte son grain de folie à
l’ambitieux projet. L’objectif avoué de Laurent Petit
étant de psychanalyser le monde entier, son plan
quinquennal devrait aboutir le 24 décembre 2013 à
23h précises, devant le siège de l’ONU à New York.
Par le biais de conférences d’initiation aux fondamentaux de sa discipline, et à travers une exposition
ludique et enthousiaste, il a déjà conquis Marseille, et
le Grand (pas) Marseille (à savoir toutes les communes qui ne veulent pas y être associées) également.
Alors docteur, de quelles névroses souffrent nos cités ?
Avant tout, d’un gros symptôme pollué : la voiture. Aïe, ça
a l’air grave. Et peut-on espérer une rémission ? Soulagement : l’urbanisme utopique a des solutions pour
sortir du tout-automobile, à prendre au premier ou
second degré, selon l’appartenance politique du patient.
On retiendra au choix l’Autoroute Astucieusement
Aménagée en Habitation dessinée par l’architecte
Marc Altorffer, la Zone d’Occupation Bucolique, les
Transports Hors du Commun, voire si nécessaire à
plus grande échelle le Traitement Radical Urbain.
Étant donné que la psychanalyse a pour moteur le
désir, on peut constater que cette approche par
l’humour a des effets salutaires : un citoyen hilare est
un citoyen optimiste. Et au citoyen plein d’espoir, rien
d’impossible !
GAËLLE CLOAREC
1
Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine
L’exposition Youpi Yeah ! a eu lieu
du 12 au 27 octobre à Lieux Publics,
Cité des Arts de la rue
Au-delà des confidences...
© Vincent Lucas
Une fois n’est pas coutume : le spectacle commence
en musique avant le retentissement de la première
sirène. Valse N°2 de Chostakovitch. Des couples vêtus
de blanc évoluent, lentement, les yeux dans les yeux,
entre les rectangles réguliers de gazon. Instants de
plaisir suspendus. Soudain retentit la sirène, les corps
se séparent brutalement dans un dernier cri, et vont
s’allonger chacun sur un rectangle engazonné et
fleuri. L’image est forte. Le public circule entre les tombes, plus près des confidences. Car ça parle. Ça
raconte les derniers instants de vie, les dernières
frustrations, les derniers espoirs. Seuls les yeux sont
vivants et regardent ceux qui écoutent. Les textes ont
été adaptés de Douleur exquise où Sophie Calle
raconte la douleur de la perte ; on songe à sa très
belle exposition Rachel, Monique autour de la mort
de sa mère (voir Zib 54). On voudrait tous les écouter,
mais on n’a le temps de saisir que trois ou quatre de
ces petits récits qui évoquent suicides, tromperies ou
accidents... Car la deuxième sirène sonne comme
une résurrection : tous se lèvent en bloc, spectres
tristes. Alexandra Tobelaim signe là une création
intense qu’on souhaiterait plus longue. La scénographie d’Olivier Thomas est superbe dans sa
sobriété. Les élèves comédiens de l’ERAC ont, entre
autres, participé à cette miniature qui souligne une
fois de plus le talent d’Alexandra Tobelaim.
CHRIS BOURGUE
Le mois du chrysanthème s’est donné le 7 novembre,
Parvis de l’Opéra, dans le cadre de Sirène et midi net
de Lieux Publics
La Canebière est-elle bien connue des Marseillais
eux-mêmes ? Si l’on en croit Bénédicte Sire, pourtant pas une native, la célèbre avenue recèle des lieux
secrets… qu’elle s’est attachée à découvrir, avec
l’aide des habitants qui lui ont ouvert leur porte et
souvent leur cœur. Réalisatrice, comédienne et aventurière curieuse, elle a arpenté les trottoirs, sollicité
les confidences, mais aussi parcouru goulument les
textes d’auteurs qui sont passés par Marseille :
Stendhal, Cendrars, Colette, Cohen ou qui y vivent
encore comme Sarah Vidal. À leur suite elle nous
entraîne dans des lieux improbables et insoupçonnés.
Règle du jeu : rendez-vous donné au dernier moment,
chaussures de marche, tenue décontractée, appareil
photo. Consignes : rester groupés, transformer nos
yeux en caméra. Dans chaque lieu visité Bénédicte
endosse la personnalité d’un personnage de l’Histoire :
«Je suis Flora Tristan, morte ici à l’Hôtel Duc au 19 cours
Belsunce», ou de son hôte : «Je suis Serge, abandonné par mes parents...». Nous nous retrouvons
dans le salon de coiffure en étage créé par le père
de Maké Attoyan qui a coiffé Jacqueline Maillan et
Françoise Fabian, puis au sommet du Building, immeuble construit par Pouillon, Egger et Sourdeau sur
l’emplacement des Nouvelles Galeries détruites par
l’incendie de 1938. Superbe vue sur les toits de
Marseille, les Réformés et le clocher des Accoules
depuis le 10e étage accompagnée de la lecture d’un
passage de Transit d’Anna Seghers. Puis ce sera
l’éblouissement de la salle de bal avec dorures et
miroirs de l’Hôtel du Louvre et de la Paix, inaccessible
au public, tout simplement au fond du C&A avec les
mots de Cendrars qui évoque une rencontre amoureuse à Marseille ! D’autres secrets vous seront livrés
qui témoignent avec émotion ou amusement des
visages et des origines multiples des Marseillais, et
une surprise gourmande vous attend dans un havre
de paix...
CHRIS BOURGUE
Trajectoires/Dans le ventre de la Canebière
imaginé et interprété par Bénédicte Sire
Prochains parcours : 13 nov à 13h30, 24 nov à 14h
8 et 15 déc à 14h (durée 2h30)
Réservation Espace Culture 04 96 11 04 61
www.espaceculture.net
Prix de lancement : 9,50 euros
Dans le salon de Maké Attoyan © Chris Bourgue
MASSALIA | MÔMAIX
JEUNE PUBLIC
19
La vérité des héros
scandée par les rames devenues lances qui frappent
le sol. Tout s’achève ? Non, il y a les questions des
enfants, les réponses claires des acteurs, et le goûter
final !
MARYVONNE COLOMBANI
Le périple d’Ulysse commence a été joué
le 30 octobre au Théâtre des Ateliers, Aix
dans le cadre de Mômaix
Une famille
parfaite
© X-D.R
Cette année, Lecture Plus nous offre l’Odyssée en
trois épisodes, Le périple d’Ulysse commence
(octobre/novembre), Voyage en mer et aux enfers
(janvier/février), Le retour à Ithaque (mars/avril).
Comme de coutume, une autre compagnie se charge
de la quatrième lecture : la Compagnie d’entraînement jouera Le dernier combat d’Ulysse (avril). Le
principe de Lecture Plus reste inchangé : rapidité
dans le montage du spectacle, simplicité des matériaux -«les enfants, vous pouvez faire la même chose» !utilisation juste des accessoires essentiels pour
identifier les personnages, mettre en place les situations. La mise en scène d’Alain Simon, sobre,
efficace, donne corps à l’ensemble. Après avoir défini
avec les enfants (salle comble, pensez à réserver bien
à l’avance !) le sens du difficile mot «mythologie», puis
présenté quelques dieux de l’antiquité grecque, les
premiers vers de l’Odyssée sont psalmodiés en
chœur. Irruption des Kykones, des Lotophages, du
terrible cyclope, Polyphème… Les fleurs de lotus
deviennent des bouquets de menthe que les enfants
devenus Lotophages offrent aux compagnons
d’Ulysse ; on tremble avec les jeux de théâtre
d’ombre dans la caverne du cyclope… Toujours des
clins d’œil malicieux rappellent que l’on est au
théâtre, dans le faire semblant : on apprend la
différence entre jeu et réalité. Belle école du
spectateur ! Tout s’achève par une chanson grecque
Inspiré du kamishibai, théâtre japonais ambulant, le
spectacle de la Compagnie Jardins insolites fait
pousser des soupirs de bonheur aux enfants parfois
tout petits qui viennent le voir. C’est dans la poche est
court, délicat, basé sur un décor très simple et ingénieux. Quelques notes de violon (celui de Marion
David, qui manipule également les accessoires), les
nuages de coton sur lesquels on souffle et que l’on
peut -ô miracle !- attraper, et le très joli costume à
boutons et grandes poches de Thérèse Angebault
suffisent à créer une atmosphère pleine de poésie. En
deux temps trois mouvements, les dessins d’animaux
prennent vie, le lapin blanc se laisse apprivoiser, et
l’oiseau s’envole dans un grand ciel bleu. De l’herbe,
des poules, un chat qui croque une souris... les petits
citadins ont encore des rêves de nature, on le sent à
leurs réactions émerveillées !
GAËLLE CLOAREC
C’est dans la poche a été joué
du 27 octobre au 3 novembre au Massalia
© Gaëlle Cloarec
In ze pocket
La Compagnie Rodisio de Parme, tracer l’Histoire
d’une famille, s’empare du quotidien, des images
stéréotypées de la famille idéale, s’appuyant sur un
travail mené avec des enfants. Le résultat est époustouflant de justesse, d’humour, d’ironie, de profonde
légèreté. Une fête théâtrale pour les trois acteurs,
Beatrice Baruffini, Consuelo Ghiretti, Davide
Doro à qui l’on doit le texte et la mise en scène avec
Manuela Capece. On part du cliché immobile de la
famille, le papa, la maman, la petite fille, puis les personnages en sortent et jouent leur vie. Accélérations
fulgurantes, épuisantes, le modèle prend des allures
grotesques, les sages principes et les intentions
louables sont tirés jusqu’au bout de leur sens, jouent
avec l’absurde. L’ensemble, démonstration brillante
du jeu théâtral, offre un moment jubilatoire et intelligent accessible aux enfants comme aux grandes
personnes. Du grand art !
M.C.
Histoire d’une famille a été joué le 30 octobre
au Théâtre Vitez, Aix, dans le cadre de Mômaix
20
DANSE
BNM | BALLET D’EUROPE | BALLET PRELJOCAJ
De l’organique au désincarné
La Criée a donné l’occasion de voir
deux chorégraphies d’Angelin Preljocaj. Helikopter, créé en 2001, est une
courte pièce de 35 mn, sur la musique
étonnante et tonitruante de Stockhausen interprétée par le quatuor
Arditi dans quatre hélicoptères en vol.
Le son monte dans la salle qui entre
dans l’obscurité. Des effets de lumière
(Holger Förterer, pour une scénographie virtuose) tracent au sol l’illusion
de pales d’hélico tournant à toute vitesse, puis dessineront au cours de la
pièce des figures rectilignes, carrées,
circulaires. Six corps, trois femmes et
trois hommes vont occuper l’espace
du plateau, affirmant leur droit à la vie
malgré le fracas des moteurs et les
stridences des cordes, impactant les
signes sur le sol, tournant au gré des
pales, leur résistant. Avec une douce
détermination. Et quand le silence revient enfin après l’épreuve, une femme
danse encore, persistant jusqu’à l’effacement.
Puis c’est Eldorado (2007). La scénographie et les costumes transparents
ornés de broderies fleuries (Nicole
Tran Ba Vang) sont d’un ocre pâle, uni,
marbré comme des temples antiques.
Sur douze stèles les douze danseurs,
debout, reposent. Deux femmes se
détachent dans le silence, dansant très
lentement, déroulant le geste jusqu’au
Gil, le style
Eldorado © Jean-Claude Carbonne
bout des doigts, dans des équilibres
évolutifs époustouflants de stabilité.
Puis la musique, toujours Stockhausen,
débute : Sonntags-Abschied est une
partition pour cinq chœurs transposée
pour électronique. Totalement désincarnée, mais gardant en elle la trace
d’une humanité comme vaincue, désagrégée. Les danseurs, souvent en
couples, mettent l’accent sur une sorte
de gémellité, parfois mixte, toujours
tiède. Ils esquissent les déhanchements
de l’accouplement avec une application sans plaisir. Ils évoluent en couples,
en lignes, en groupe, dans une
partition fuguée extrêmement virtuose,
fascinante d’abstraction. Cet Eldorado
désincarné, sans sensation ni émotion,
est un étrange paradis aseptisé, décérébré même, où les corps parfaits
évoluent en valse lente dans un
mouvement perpétuel, mais sans vie.
CHRIS BOURGUE
Ces spectacles ont été dansés
les 8, 9 et 10 novembre
De retour des Enfers
pratiques pour un ballet et, même si on retrouvait dans certains moments plus intimes ce qui fait le style athlétique et
sauvage de leur danse, le propos n’était pas évident...
Au menu également Orphée, un petit bijou de musicalité, de
décalage, de fluidité simple. Frédéric Flamand y fait preuve
d’un talent rare de metteur en scène. La création à Saint
Etienne (voir Zib’ 53) puis à Versailles fut un vrai triomphe.
À l’Opéra de Marseille, avant l’Année Capitale et dans une
version partielle, avec musique enregistrée, en l’absence des
corps des solistes, Orphée… tient le choc ! et dispense une
vraie magie sereine. Mais on attend impatiemment novembre 2013 pour voir enfin à Marseille cette pièce non tronquée !
A.F.
© Agnès Mellon
Le programme donné par le Ballet National de Marseille à
l’Opéra de Marseille augure bien de l’Année Capitale !
D’autant que d’ici là on pourra revoir le BNM en ses murs, à
Toulon et à Velaux (voir p. 38), le tout dans des programmes
différents, puis dans une recréation de Titanic à la Criée,
entre une tournée en Belgique et une autre en Espagne.
À l’opéra, la création d’Emio Greco et Pieter Scholten,
Extremalism, manquait de cohésion le soir de la première. En
voulant rendre hommage à Marseille ils ont collecté des
clichés kitsch (Mireille Mathieu chantant la Marseillaise), de
très belles photos reportage du BNM dans la ville (Agnès
Mellon), y ont superposé des extraits retravaillés de leurs
pièces anciennes. Mais les unissons manquaient vraiment
de netteté dans les grands ensembles aux repères peu
À venir
Le Ballet d’Europe existe depuis presque 10 ans et Jean-Charles Gil persiste
à y affirmer un style à contre-courant,
qui cherche dans la technique classique, ses étirements, ses placements
stricts et ses positions ouvertes, à
trouver un relâché, une sensualité, voire
un naturel très paradoxal. Certains de
ses danseurs, qui le suivent depuis 10
ans, parviennent aujourd’hui, visiblement, à rendre la fougue, l’émotivité et
la joie qu’il portait avec lui lorsqu’il était
étoile. Aussi, quand il reprend en un
long et ambitieux programme (plus de
2h de danse !) deux de ses pièces les
plus intimes et musicales, qu’il y ajoute
en prélude un pas de deux de Lazzini,
et en conclusion sa dernière création,
c’est pratiquement à une profession de
foi chorégraphique qu’il nous convie.
Folavi (Vivaldi) et Schubert in love témoignent de la même volonté de suivre
et servir les élans de la musique, baroque pour l’un, plutôt légers et sautés,
romantiques pour l’autre, le corps pesant dans la terre et les membres lourds.
La musique de chambre de Schubert,
interprétée avec la même fougue et
retenue que la danse par l’ensemble
marseillais Nemesis (très beau violon !),
ajoute à la performance le bonheur si
rare du direct.
Quant à la création de Complicités, elle
s’inscrit dans la continuité d’une recherche véritablement chorégraphique,
qui invente des mouvements nouveaux
chaloupés, persiste à écrire des duos
et des portés, à travailler les lignes, et
y ajoute des regards, des moments
ludiques très humains.
AGNÈS FRESCHEL
Cantadagio, Folavi, Schubert in love
et Complicités ont été dansés
le 9 novembre à l’Opéra de
Marseille
Cartes blanches aux danseurs
le 18 nov
Musée d’Art de Toulon
Le sixième pas/Mayday Mayday
du 28 nov au 1er déc
Ballet de Marseille
Métamorphoses/Mayday Mayday
le 8 déc
Espace Nova, Velaux
www.ballet-de-marseille.com
© Agnès Mellon
KLAP | LE MERLAN
DANSE
21
Trois petits tours...
et puis s’en vont !
Marseille a sa Maison pour la danse et la cie Kelemenis en est l’âme et la cheville ouvrière... KLAP
KLAP KLAP, on y applaudit -c’est fait pour ça- mais
surtout on y travaille ! C’est naturellement entre ses
murs que Question de danse, manifestation imaginée
et menée par Michel Kelemenis, prend enfin place
cette année pour sa 7e édition. Principe simple :
chaque soir deux compagnies présentent travail en
cours ou extraits plus achevés et répondent à
quelques questions bien ciblées du maître des lieux,
avant que la parole ne soit donnée à la salle ; et ça
marche !
Ouverture généreuse avec une avant-première de la
compagnie Travelling & co conduite par Hervé
Robbe ; deux femmes, trois hommes sur scène et
des passants dans la rue en perspective qui file sur
l’écran côté cour ; comme dans les chorégraphies
des années 70 ( le titre Slogans et les mots projetés
invitent à cette lecture un peu rétro) on arpente le
plateau, on lance les jambes à l’unisson et les duos
sont francs comme les syllabes qui claquent; les
corps campés sur de hauts talons, sanglés dans des
costumes de ville se cassent à angle droit, disent le
grouillement urbain et bientôt la fatigue ; une injonction «Joie» et un concerto pour piano de Beethoven,
le vent qui souffle dans les rideaux de fond de scène
créent un décalage, une friction... Hervé Robbe dit
vouloir dégager, ériger une forme de simplicité à partir
du foisonnement de la vraie vie : presque parfait et
pas encore fini ! Formidable !
Plus modestes et fort intéressantes dans leur tentative
de frayer d’autres pistes, les formes brèves propo-
Trois souffles © Agnès Mellon
sées par le Sens Fiction d’Alexandre de la Caffinière et de ses collaborateurs numériques Yann
Bertrand et Damien Serban ou les Trois Souffles
de Laurence Pagès et Christina Towle : le premier
tout en délicatesse fait travailler l’épiderme au même
titre que le muscle ; les deux corps dansant tantôt au
sol et tatoués de pixels, tantôt debout se cherchant
une forme et un équilibre semblent accompagner le
premier matin du monde, genèse kinésique et surtout
poétique qui distille une bonne dose d’enchantement… La seconde proposition surprend par sa
radicalité et l’éclaircissement d’après prestation n’est
pas de trop : c’est à une réécriture pneumatique
d’œuvres des années 80 (ici Mammame de Gallotta),
recréation par le souffle du danseur et donc porteuse
du rythme propre et du son de chaque corps, que
nous convient les deux chorégraphes. Dérangeant et
stimulant tout à la fois !
MARIE-JO DHO
Question de danse s’est tenu
du 24 octobre au 10 novembre
Être là
Drôle de couple que Nadine Fuchs et Marco Delgado ! Leur performance
évolue entre défilé de mode pornoïsé (mais soft), diagonales classiques de cours
de danse avancé, intermèdes brefs de danse de salon, du rock au paso, complicité
soudaine puis décalage ironique, un peu de disco avec du moins son inénarrable
bascule du bassin, des «choré» vaines comme à la nouvelle star (drôle !)… et puis
entre tout cela pas mal de rien, qui passe bien parce que ça ne dure pas
longtemps, et que ces deux là ont ce qu’on appelle de la présence. Et qu’on
pourrait sans doute ici appeler du culot, voire de la morgue, du type regardezmoi, je n’ai pas grand-chose à dire, mais je suis beau, je le sais, et je bouge bien.
Assez vite arrive la deuxième partie qui confirme en la décalant la portée du
propos. Des corps en combinaison moulante neutre, affublés des masques des
visages plus ou moins grimaçants de nos deux compères, arrivent sur scène et
déclenchent d’irrépressibles rires tant leur manière de se camper face au public,
poing sur la hanche, est incongrue. Cela dure un moment, en crescendo, la scène
étant envahie de dizaines d’amateurs avatars de Fuchs ou Delgado. Puis ils
sortent, sans confrontation avec les vrais (dommage !), et suit une vidéo qui invite
les spectateurs à descendre sur scène et à prendre part à un duo étreinte qui
fleure bon la salle de stretching et la séance d’abdos-fessiers. Ça finit en eau de
boudin, mais ça a bousculé quelque chose.
AGNÈS FRESCHEL
Let’s get physical a été joué au Merlan du 18 au 20 octobre
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un gratuit qui se lit... aussi en ligne !
22 MUSIQUE AIX | AVIGNON | MUSICATREIZE
Conversations croisées
Aria
escamota !
Forme dialogale par excellence, le concerto, d’abord grosso puis de soliste, émergea dans la
dernière partie du baroque tardif. Rien d’étonnant donc, à retrouver en tête d’affiche dans cette
première «Nuit des concertos», deux figures majeures de cette période, Haendel puis Telemann,
auxquelles on peut rajouter Cimarosa, tant son œuvre porte la nostalgie de cette époque !
Chacune de ces pièces, fut l’occasion pour le public venu en nombre à la cathédrale d’Aix-enProvence, de goûter au talent de Mireille Lombard au hautbois, de Chantal de Zeeuw à l’orgue,
et enfin au jeu souple et dense de l’altiste Mahyar Mivetchian. Les Archets du Roy René, menés
d’une main ferme et assurée par Jean-François Sénart, purent se mettre en valeur dans la Suite
en Sol majeur de Respighi où l’orgue et l’ensemble à cordes conversent à pied d’égalité dans
une musique lyrique, colorée, fortement expressive. Longue vie à cet ensemble régional, que l’on
espère retrouver dans une deuxième «Nuit» toujours aussi… étoilée.
CHRISTOPHE FLOQUET
Concert donné à la cathédrale d’Aix-en-Provence le 19 octobre
Nuit des concertos © Gerard Lehmans
Prélude au récital
Première part oblige pour soir protocolaire,
Pour leur aide publique,
Représentants choisis
De la Ville à l’État et du 13 à PACA,
Font leur numéro !
On sourit, se réjouit…
Giocoso !
D’être ici !
Solos bien policés de ténors politiques
Connaissant la chanson…
Et l’esquive !
Car l’aria finie et la tâche accomplie,
Dolcissimo presto,
La plupart se dérobe avant le premier do :
Porte ouverte au mépris du travail accompli ?
On en taira les noms !
Car on imagine que de belles raisons
Ont poussé gens de cour à quitter l’auditoire.
Élus d’un peuple à qui l’on montre exemple…
Et esprit d’ouverture !
Ils auraient pu ouïr quelque pochade à voix,
Syllabes choisies tirées de Rabelais,
Raillant le Saint-Père et ses «couilles à papa»,
Que Guy Reibel créait
Sans risquer la fatwa !
Ou bien les mille langues
Mêlées et chuchotées,
Polyphonies bruitées
Signées François Rossé…
Romantissime !
Adam Laloum © Jean-Baptiste Millot
Trois belles œuvres du XIXe siècle ont fait le
succès de la rentrée musicale avignonnaise
pour le concert d’ouverture de la saison 20122013. C’est avec l’Ouverture d’Oberon de Weber,
dirigée avec brio par le chef invité Yeruham
Scharovsky (bien connu et reconnu en Avignon !), que la soirée a débuté. Dans la foulée,
Adam Laloum, jeune concertiste lauréat de la
Fondation de France et du Premier Prix Clara
Haskil en 2009, s’est joué des difficultés propres au 1er Concerto pour piano que Brahms
composa dans sa jeunesse. Il interpréta cette
œuvre, fusionnant le clavier au sein
de l’orchestre, avec fougue et passion. Le public, d’abord médusé,
recueilli, puis conquis au final,
n’hésita pas à applaudir et bisser
chaudement l’artiste… qui revint
pour jouer, judicieusement, trois
courtes pièces du même Brahms.
La fougue de la première partie
n’enleva rien à la seconde ! C’est
que l’extraordinaire Symphonie du
Nouveau Monde de Dvorak, créée
au Carnegie Hall en 1893, nous
transmet aujourd’hui encore la
fascination qui a atteint le compositeur devant ce monde naissant,
ces couleurs et sonorités nouvelles… L’Orchestre Lyrique de Région Avignon Provence
et son chef ont réellement triomphé, communicant leur enthousiasme au public qui les
rappela encore... Du coup, on apprécia, en bis,
une Danse slave du Tchèque.
Un premier concert brillant et fougueux qui
promet une saison riche en émotions !
CHRISTINE REY
Le concert symphonique a été joué le 19 octobre
à l’Opéra théâtre, Avignon
Des madrigaux enfin :
Quand le Hongrois Eötvös
Gesualdo pastiche.
On y joue drôlement
De l’arrêt sur image,
Des clichés d’un mariage
Aux accords haletants,
D’un moustique coquin,
Glissando à l’appui,
Qui finit son bzz bzz
Peut-être en bas des reins ?
JACQUES FRESCHEL
Le 8 novembre au 53 rue Grignan,
on inaugurait la salle que Musicatreize
voue aux concerts
© X-D.R
MARSEILLE | AIX
MUSIQUE
23
Pépites d’Orchestre
Pas d’instruments à boyaux, ni d’archets spécifiques
pour jouer Bach le 26 octobre à l’église Saint-Michel, lieu du premier concert du 8e Festival automnal
de Musiques «Baroques» (on y a judicieusement
accolé «Classiques» ces dernières années à Marseille) ! Le tempo de l’Allegro du Concerto en mi majeur
est altier et son diapason référencé à 440. On se
retrouve un peu plongé, avec l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra et la direction bonhomme de
Fabrizio Maria Carminati, à l’époque des enregistrements pour la Guilde Internationale du Disque
qui firent les beaux jours du microsillon… Mais
qu’importe, au fond, les modes, si le cœur y est, si
le son s’y trouve, plein, dans sa justesse, malgré des
phrasés un peu droits ! Dans cet exercice, Kristi
Gjezi (1er Violon Super Soliste de l’Orchestre depuis
janvier 2012) excelle par la science de ses respirations,
un jeu fin, très soigné, alors les cordes l’enveloppent de textures suaves.
Le premier mérite du concert réside dans la mise en
valeur de vrais talents, jeunes musiciens recrutés à
homme sourit… il aurait dû avant !
Mozart enfin et un chef-d’œuvre de la maturité (pour
peu que le compositeur y soit parvenu…) : «Prague» et son ré mineur qui vire au majeur lorsque
Mozart oscille de Don Giovanni aux Noces, opéras
gémellaires créés dans la capitale tchèque ! Des
pupitres on s’écoute… pour un bel ensemble !
JACQUES FRESCHEL
À venir
Kristi Gjezi © X-D.R
Marseille, rayonnants du haut de leur vingtaine.
Anthony Abel (Trompette solo de l’Orchestre) succède à son homologue dans le Concerto en mi bémol
d’Haydn. Alors que l’harmonie dilue ses vents dans
le chœur de l’église, le cuivre retentit : au devant
s’élève un chant simple, enrobé d’une belle sonorité… quand le morceau de bravoure final ne laisse
filer aucune appoggiature ! Au salut, ouf, le jeune
Tourments post romantiques
Daniel Raiskin, à la baguette, dirige le Philarmonique de Marseille. Après le beau succès de Carmen,
nous voilà plongés dans la musique post romantique avec le 3e concerto de Rachmaninov que le
compositeur créa à New York en 1909 et la première
symphonie de Mahler, élaborée à 25 ans ! Le chef
russe impose sa musicalité, sa fougue qu’il transmet
au jeune pianiste ukrainien Igor Tchetuev, remarquable, toucher d’une grande poésie et technique
sûre pour se défaire des difficultés du concerto, jeu
détaillé, très expressif. Une belle connivence dans
les trois mouvements : lento plaintif de l’Intermezzo, cavalcade du dernier mouvement aux terrifiantes
octaves et arpèges survoltés. Mahler, c’est le mélange du populaire et du raffinement écrit. Sa 1ère
symphonie dite «Titan», que l’orchestre a déjà jouée
plusieurs fois, est un résumé des tourments, des
joies du compositeur, nostalgie de fête paysanne,
danse villageoise du Danube (2e mouvement puissant, agité) où chaque pupitre donne une parfaite
couleur, 3e mouvement qui reprend, en mineur, la
mélodie de Frère Jacques, solo de contrebasse ponctué par les timbales, puis canon majestueux à tout
l’orchestre d’une profonde mélancolie. Et ce Final
gigantesque, entre chaos et libération : terre et esprit.
Tous les antagonismes de Mahler sont là : puissance
et magie des sons, subtilité burlesque, questionnement philosophiques permanents, nature rassurante
et violente: titanesque ! Le chef et l’orchestre, très inspirés, se déchaînent, les cuivres au sommet : le public
est debout une fois encore, l’œuvre est faite pour ça !
YVES BERGÉ
Ce concert a eu lieu le 20 octobre
à l’Opéra de Marseille
Prophète
en son pays
Il aura fallu du temps pour qu’Aix-en-Provence, ville
d’adoption du grand compositeur français lui rende
hommage ! Durant un mois, impulsé par l’association Les amis de Darius Milhaud, l’Office du
tourisme, à l’occasion du 120e anniversaire de sa
naissance à Marseille, a accueilli une belle exposition. Dans un petit coin aménagé pour l’occasion,
se mêlent des archives d’époque, des photos, un
petit film, son piano… autant d’éléments qui rendent hommage à la grande carrière, essentiellement
parisienne, du compositeur. Une caricature du Bœuf
sur le toit de Raoul Dufy croise un tableau du décor
de scène de La création du monde de Fernand
Léger, des photos de Milhaud avec Britten, Dave
Brubeck, Gérard Philippe ornent une belle vitrine.
Et les visiteurs, curieux ou mélomanes, découvrent
avec émotion ce petit panthéon du pape de la
polytonalité.
Instructif, même si l’on note l’absence d’allusion au
départ du compositeur juif pendant la guerre, et
que l’on s’interroge sur l’opportunité d’exposer en
ce lieu, hall du tourisme qui dispense de l’information hôtelière mais rechigne pour l’heure à
relayer l’information culturelle.
CHRISTOPHE FLOQUET
une étonnante maturité pianistique, que ce soit
dans l’interprétation de l’étude de Rachmaninov,
Tableau en do mineur op 39 n°1 ou la fulgurante
Rapsodie n°10 de Liszt. Vladimir Zolotsev choisit
des œuvres moins brillantes, mais sait rendre avec
une sensible délicatesse l’univers du Prélude et
fugue, variante en si mineur de César Franck. Roman
Basiuh offre une belle version de la redoutable
partition de la Sonate n°3 de Prokofiev, avec la
précision enflammée de ses élans, ses contrastes,
ses montées en puissance, tandis que Vladimir
Matusevitch interprète avec brio la subtile Suite
1992 de Hindemith. Enfin, superbe dans l’expression de l’âme romantique, Dimitri Karpov nous
emporte dans la magie beethovénienne de la Ronde
en sol majeur ou la Sonate op 110. Des noms que
l’on retrouvera sans aucun doute.
MARYVONNE COLOMBANI
Ce concert s’est joué le 24 octobre au Toursky
Darius Milhaud et Jean Cocteau/Jazz Band Billy Arnold © X-D.R
L’école russe
Qui se souvient de Véra Lautard Chevtchenko ? Sa
tombe, à Akademgorodok, porte cette épitaphe :
«Bénie est la vie de celui qui a rencontré Bach». La
grande pianiste suivit en 1938 en Russie soviétique
son mari. Ce dernier fut arrêté et fusillé lors des
purges staliniennes. Elle-même fut emprisonnée au
goulag. Sur son châlit, elle tailla un clavier de piano
pour ne pas oublier Bach… libérée en 1965, elle
enseignera son art et donnera des concerts jusqu’à
sa mort en 1981.
La Fondation Boris Eltsine a créé, en 2005, le concours
international de piano Vera Lautard-Chevtchenko
-avec la Région, l’Opéra, la Philharmonie et le
Conservatoire Glinka de Novossibirsk- afin de
distinguer les jeunes pianistes de l’Oural. Le Théâtre Toursky accueillait les lauréats de cette année
pour un concert exceptionnel. La qualité technique
des jeunes pianistes, mais surtout leurs interprétations à la fois fines et affirmées, laissent présager
que nous écoutons des grands virtuoses de demain.
La jeunesse de Timopheï Kazantsev contraste avec
Le 8e Festival de Musiques Baroques
et Classiques de Marseille se poursuit
jusqu’au 25 novembre
24
MUSIQUE
SPECTACLES
Carmen polyglotte ?
Tribune royale
Dans la nef rénovée de la basilique, le son de l’orgue déboule
des tuyaux, nous prend la nuque, à revers, au rythme d’un
Mozart jazzy qui s’encanaille ou
d’une canonnière romantique
qui pétarade ses plein-jeux !
Olivier Vernet est aux claviers,
le 25 octobre à Saint-Victor. Il
a franchi les kilomètres qui séparent les grandes orgues de la
prestigieuse cathédrale de Monaco de la console élevée dans
l’antique abbaye phocéenne,
pour enrober de son feutre le
cuivre brillant d’une trompette
royale. Romain Leleu «Révélation soliste instrumental aux
victoires de la Musique 2009»
(trois ans avant son cadet
Carmen © Frederic Stephan
Calin Bratescu, malgré une voix très
intéressante souffrait d’une diction
très couverte qui ne rendait pas grâce
au français même pour jouer Don
José. Le constat était malheureusement
identique pour Micaëla interprétée
par la moldave Tatiana Lisnic. Mais
la palme dans ce domaine revient au
russe Alexander Vinogradov au magnifique timbre de basse mais à la
prononciation qui rendait presque
bouffon son personnage d’Escamillo.
En définitive, malgré une lecture de
l’ouvrage très inspirée musicalement
avec des chœurs impeccables et un
orchestre ad hoc sous la direction de
Giuliano Carella, cette production
n’a pas été à la hauteur de ses
promesses.
ÉMILIEN MOREAU
Carmen a été joué à l’Opéra de
Toulon du 12 au 18 octobre
JACQUES FRESCHEL
À venir
Le 46e Festival de SaintVictor se poursuit
jusqu’au 9 décembre
Prochain concert le 15
novembre à 20h
L’ensemble Café
Zimmermann joue Vivaldi :
extraits de L’Estro Armonico
Olivier Vernet © X-D.R
L’œuvre de Georges Bizet même si
elle reste un tube incontournable du
répertoire lyrique n’en demeure pas
moins un ouvrage difficile et exigeant
qui nécessite une distribution de
haut vol mais pas seulement. Pour
cette représentation de rentrée à
l’Opéra de Toulon les amateurs ont
pu se réjouir d’un quatuor principal
de haute volée sur le plan des qualités vocales. Malheureusement, on ne
peut en dire autant en ce qui concerne l’intelligibilité du texte. En effet
il était parfois impossible d’y entendre la langue de Mérimée. Les
sous-titres étaient donc souvent
indispensables. C’est finalement la
contralto arménienne Varduhi Abrahamyan très convaincante qui a le
mieux tiré son épingle du jeu jouant
une Carmen volage à souhait sachant
user et abuser de ses charmes malgré
quelques voyelles parfois assombries
par son timbre. Le ténor roumain
Thomas, tubiste solo à l’Opéra
de Marseille) livre un son rondelet, exempt de dureté, dans
les notes en arabesques d’un
Caccini vocal ou celles, en
«Prières», d’un Damase tendrement dessiné. Seul, il expose les
pentatoniques virtuoses d’un
folklore réinventé par Philippe
Hersant, joue des sourdines au
pavillon comme d’une guitare
croassant ses «wah-wah»…
Enfin, en duo, de la tribune,
c’est le baroque de Haendel qui
triomphe dans sa Gigue ou sa
Marche finale… avant un
fameux Choral, afin qu’en bis, la
«Joie demeure» dans l’assistance et que chacun se rassure
en devisant : «Tiens, ça… je
connais !».
Artisanat d’art,
sans artifices
© X-D.R
On fêtera le centenaire des Marionnettes de
Salzbourg en février. Depuis le jeune Anton qui, en
1913, fit découvrir Bastien et Bastienne par les
marionnettes qu’il fabriquait lui-même, jusqu’à sa
petite fille Greti, manipulatrice virtuose, l’univers
féérique de la famille Aicher tourne dans le monde
entier. La Flûte Enchantée de Mozart, est la version
de 1952 créée à New York, sur un enregistrement de
Ferenc Fricsay, avec une distribution de rêve : Rita
Streich, Fischer Diskau, Ernst Haefliger, Joseph
Greindl… Caler les gestes sur le chant, les respirations, les émotions est un art si subtil. Mais durant
l’air de Tamino on reste suspendu par l’élégance des
mouvements si maitrisés, et les terribles vocalises
de la Reine de la nuit die Hölle Rache, semblent
chantées en direct ! On regrettera seulement les
voix françaises parlées des récitatifs qui n’ont pas
été modifiés et ont quant à elles notablement
vieilli.
Pour La Mélodie du bonheur d’après le film de
Robert Wise de 1965 (The Sound of Music), les
marionnettistes ont fait appel au maître de Brodway, Richard Hamburger, pour une mise en scène
originale et plus percutante. La scène culte où
Maria, la gouvernante, apprend à chanter aux
enfants Trapp est exceptionnelle ! Quel enseignant
d’anglais n’a pas fait chanter Do (doe) a deer, a
female deer, Ré (ray) a drop of golden sun… Qui ne
s’est délecté de l’apprentissage de la gamme a
grâce à ce cadeau musical ? Tous les enfants bondissant de joie avec Maria, quel réalisme ! On
revoyait Julie Andrews. Costumes chatoyants,
décors coulissant par petites vagues, lumières,
mise en scène intenses. De 4 à 90 ans, un public
émerveillé retombait dans le charme d’un spectacle
artisanal et magique : un bol d’air étonnant dans
notre univers impitoyable du «tout numérique».
YVES BERGÉ
La Flûte Enchantée et La Mélodie du bonheur ont été
joués à la Criée du 24 au 27 octobre
26 MUSIQUE SPECTACLES
Pour le feu ? La musique !
Après quelques semaines de travaux le Centre Dramatique
National a rouvert ses portes et son hall tout neuf,
pour une mise à feu essentiellement musicale
Danse avec Preljocaj (voir p. 20), conférences et
projections multiples avec les rencontres d’Averroès
(voir p. 11), le MuCEM et la pop philosophie (voir
p. 74), opéra et comédie musicale avec les marionnettes de Salzbourg (voir p. 24)… Macha Makeieff
semble pour l’heure miser sur la communication
verbale, et la communion musicale.
Burger Underground
Lys du tigre
Le lendemain c’est le trio, mythique, des Tiger Lillies
qui embrasait la salle d’un autre souffre. Macabre,
franchement cru, il fut question de mort, de plaisir,
Le Velvet de Rodolphe Burger © Julien Mignot
The Tiger Lillies © Andew Attkinson
Pour souffler sur les braises rock’n roll de sa Mise à
feu, la Criée a convié à point nommé le guitariste
Rodolphe Burger et sa bande pour une résurrection du légendaire Velvet Underground. Bondée
de disciples à la fois nostalgiques de la bande de
Lou Reed et amateurs du sens musical de l’ancien
leader de Kat Onoma, la grande salle du théâtre enjamba avec éclat les barrières qui séparent rock et
théâtre en termes de salle. Sweet Jane et surtout un
inoxydable Waiting for the man ont redressé un auditoire d’abord sagement assis, mais qui ne demandait
que la surchauffe. Perché sur son siège de bar, Burger sait toujours placer son timbre guttural entre
deux improvisations à la guitare, parfois fidèles aux
membres de la Factory et parfois expérimentales,
provoquant par moments des mouvements à la limite de l’hystérie collective ! Heureusement pour
les sièges et pour la bonne tenue des lieux, la belle
et vaporeuse Sarah Yu a su, dans le rôle de l’icône
Nico, laisser planer les refrains litaniques et éthérés
de l’égérie Warholienne (Femme fatale). Profondément marqué par cette musique qu’il nomme
«l’art contemporain par excellence», Rodolphe Burger
a rendu un hommage sensible et loin d’être funeste :
complètement vibrant.
de violence, de bas-fond, de bite et de foutre. Clairement nommés, mais dans un anglais à l’accent
populaire qui empêcha sans doute la plupart des
auditeurs de comprendre le sens de ce qu’ils applaudissaient ! Il faut dire que si le trio enchaîne des titres
un peu monotones, la performance vocale de
Martyn Jaques est sidérante. Avec son timbre de
véritable contreténor lyrique, capable de chanter
comme une soprano mais aussi de s’enfouir dans des
graves aussi profonds que ceux de Tom Waits, il
joue sans cesse sur ses brisures, son souffle, son
grain. Il fait ainsi défiler une série de personnages
vocaux sous son maquillage à la Tim Burton, et son
univers à la Orange mécanique, évoquant sans y
toucher le rock et le cabaret, mais aussi la chanson
populaire italienne, toutes les musiques de scène,
le music hall voire l’opérette. Quant à ses deux
acolytes ils assurent, surtout Adrian Stout lorsqu’il
orne l’espace sonore des mélodies inattendues de
sa scie musicale, ou de ses ondes Martenot…
Le public, composé de fans mais aussi de curieux,
se clairsema un peu à l’entracte, pour revenir plus
enthousiaste que jamais. Le pari de croiser spectateurs de théâtre et des musiques actuelles fut donc
largement gagné pendant ces deux soirées… même
si on peut se demander si, en ces périodes de disette théâtrale et pendant l’ouverture de la Fiesta,
cette mise à feu non théâtrale correspond bien à
l’équilibre artistique qu’un Centre Dramatique
National devrait apporter au territoire.
FRED ISOLETTA ET AGNÈS FRESCHEL
Rodolphe Burger et Tiger Lillies
ont joué les 20 et 21 octobre à la Criée
Les rêves d’humanité de Léda Atomica
de la tradition chrétienne et des Gens
de la caverne de l’Islam.
Arts traditionnels d’Indonésie et com-
positions contemporaines dialoguent
tandis que défilent des projections
rappelant le passé colonialiste. «La
© X-D.R.
Un hall d’aéroport, devant le tableau
d’affichage des départs. Sept passagers s’impatientent mais aucun des
voyages n’aura la destination prévue.
Tous leurs vols annulés, ils plongent
dans un sommeil profond et nous
ouvrent les portes de leurs imaginaires. Danse, musique, chant, vidéos,
masques et marionnettes, Ne pas
réveiller avant la fin du rêve est le fruit
d’une collaboration franco-indonésienne de plus de dix ans entre deux
collectifs de musiciens, Léda Atomica
Musique (Marseille) et Gayam 16
(Yogjakarta), rejoints par Sam Harkand
et compagnie du Théâtre MarieJeanne, à Marseille. Soutenu par le
consulat d’Indonésie à Marseille et
commande d’État, le spectacle repose
sur les légendes des Sept Dormants
peur de l’étranger, c’est la peur de
l’autre. J’ai peur de vous parce que je
ne vous connais pas, je ne vous comprends pas», résume le couple
d’acteurs. Dans un coin de la scène,
Phil Spectrum, aux claviers et
machi-nes, envoie la bande son.
Lyrique, onirique, mythologique, Ne
pas réveil-ler avant la fin du rêve sert
un discours humaniste sincère mais
vague et intemporel, basé simplement
sur la notion d’échanges interculturels. De quoi laisser songeur.
THOMAS DALICANTE
Ne pas réveiller avant la fin
du rêve s’est joué
le 23 octobre au Théâtre Toursky,
à Marseille
MUSIQUES DU MONDE
MUSIQUE
27
Les poèmes maudits
de Forabandit
L’enfant terrible de l’Occitanie a encore frappé.
Avec Forabandit, trio né en 2009 à Marseille avec
Ulas Ozdemir et Bijan Chemirani, Sam Karpienia
rend hommage aux poètes proscrits, aux hérétiques
de tous poils. Qu’ils soient troubadours cathares ou
asiks, leurs homologues d’Anatolie, communards
marseillais ou protestataires turcs. Subversive, la
musique de ces trois «bandits» l’est à plus d’un
titre. D’abord parce qu’elle se joue des frontières et
des siècles et qu’elle montre une harmonie évidente
entre les percussions persanes du zarb et les cordes
cousines du balama anatolien et du mandoloncelle,
de la famille des mandolines. Ensuite, à travers le
souhait de remettre au goût du jour la poésie libertaire
de deux rives de la Méditerranée. Dans l’intimité
vibrer. Langues et époques, dans un incessant dialogue, s’enchevêtrent pour créer une musicalité
définitivement contemporaine, où le lyrisme de la
poésie courtoise flirte avec les envolées frondeuses
du rock, loin de l’ambiance a capella des mélopées
judéo-andalouses interprétées par la cristalline
Françoise Atlan, en première partie.
THOMAS DALICANTE
Françoise Atlan et Forabandit ont joué
le 17 octobre à l’Espace Julien, Marseille,
dans le cadre de Chants sacrés en Méditerranée
Forabandit © Augustin le Gall
d’un Café Julien bondé, la puissance du chant rugueux et exalté de Karpienia, celui, plus rond, de
Ozdemir et le jeu suave et subtil de Chemirani font
Douce mélancolie
Fink © Will Cooper-Mitchell
Quand Fink prend sa guitare et attaque if only, seul
sur la scène de l’Espace Julien, c’est un ras de marée
émotionnel qui submerge le public. De son timbre
de voix grave et sensuel, il plonge les spectateurs
dans son univers poétique.
Après un passage très remarqué en 2010 au Poste
à Galène, le trio blues-folk de Brighton était de retour à Marseille, pour son nouvel album live Wheels
Turn Beneath My Feet. Toujours accompagné de ses
deux compères Guy Whittaker (basse) et Tim Thornton (batterie), Fin Greenall (guitare et chant)
présente un nouveau projet pour cette tournée.
Deux musiciennes ont rejoint le groupe : Erica
Nockalls au violon et Rae Morris, pianiste et
chanteuse que l’on découvre seule en première
partie. Sur scène, on sent que la musique de Fink a
évolué, qu’elle est moins épurée, mais toujours
intimiste. Le côté brut s’est estompé, les arrangements sont plus sophistiqués, plus riches, avec de
longues montées langoureuses au violon, appuyées
par le jeu subtil et progressif du batteur. Les morceaux sont orientés folk, on sent parfois même une
KEVIN DERVEAUX
Fink s’est produit le 8 novembre
à l’Espace Julien, Marseille
Très grand
par le nom
d’énergie au service d’une tradition vivante et revivifiée.
Virage à 180° avec le phénomène D’Aqui Dub. Formé
il y a une quinzaine d’années, le groupe marseillais
créé une alchimie sombre et planante entre musiques méditerranéennes et ambiance électronique à
la fois dub et noise. Quand il ne joue pas de la clarinette, Arnaud Fromont chante un faux désespoir
d’une voix envoutante et grave, sublimée par la
basse de Manuel Castel, les machines de Sylvain
Buhler et surtout le bouzouki d’Asmir «Chaspa» Sabic.
Un week-end clôt par la poésie provençale de
Renat Sette avec un récital tout en sensibilité
intitulé Un homme a traversé le monde.
Il se nomme le TGGG (cela ne s’invente pas !),
autrement dit, le Très Grand Groupe de Gospel. Avec
une dénomination aussi grandiloquente, difficile de
combler les attentes suscitées… Cyrille Martial,
remarquable arrangeur, compositeur et chef de
chœur essaie de donner une qualité à l’ensemble
dont il rêve. Enthousiasme certain auquel le public
est sensible, retrouvant les airs qu’il apprécie. Les
musiciens professionnels (bassiste, pianiste et batteur) épaulent avec talent le chœur amateur. Les
solistes, appartenant au groupe depuis la première
heure (1996) ont de jolies voix, une bonne présence…
ce qui ne peut faire oublier les notes approximatives, les faux départs, les dérapages et décalages,
les aigus difficiles. Le passage hasardeux au classique (qui aurait demandé un placement lyrique)
constituait pourtant dans sa conception un rapprochement intéressant. Une belle variété des morceaux,
une gaité communicative justifient finalement le
succès d’un programme bien pensé.
THOMAS DALICANTE
MARYVONNE COLOMBANI
L’Occitanie dans tous ses états
En trois soirées, Festa occitana aura montré l’étendue de la création occitaniste actuelle. Axée sur
trois groupes qui n’ont en commun que la langue,
la programmation concoctée par La Mesón révèle
une Occitanie de la pluralité musicale autant que
géographique.
Dans la famille polyphonique, le quintette Du Bartàs,
venu de l’Aude, fustige la globalisation, la grande
distribution ou la guerre auxquelles ils préfèrent la
diversité, les circuits courts et le balèti. Jeux vocaux, rythmes festifs, Du Bartàs, à la manière des
Marseillais du Cor de la Plana dont l’influence est
certaine, s’abandonne parfois à la transe, ouvrant
en grand son art de vivre languedocien à la culture
maghrébo-orientale. Cordes légères, percussions
dynamiques, les cinq garçons de Du Bartas -autour
de Laurent Cavalié qui écrit et compose la plupart
des morceaux originaux -débordent de fraîcheur et
petite touche celtique ou des accents plus rock,
lorsque Tim Thornton passe à la guitare.
Après quelques morceaux en quintet, Fink retrouve
sa forme originelle : le trio. We’re gonna back to the
Old school ! le public n’attendait que ça. S’en suit une
série de morceaux très blues, avec notamment une
sublime version de Pretty little thing qui arrache
une larme à plus d’un spectateur. Standing ovation,
le public en redemande : un magnifique Sort Of
Revolution en rappel clôture ce concert sincère.
Festa occitana a eu lieu du 9 au 11 novembre
à La Mesón, Marseille
Le TGGG s’est produit à Trets
le 27 octobre
28 MUSIQUE JAZZ | ACTUELLE
Invisible Light J Crimi © Dan Warzy
Un DJ set
initiatique
Magistral DJ Shadow ! L’invité
de marque de la clôture du festival
Tighten up ! a frappé fort,
le 29 octobre dernier,
au Cabaret Aléatoire
Le concert
des pro(fs)
Assa, Christian Bon à la guitare et Edouard Thommeret au saxophone. Tous ont un parcours ancré
dans le jazz et certains, animateurs des ateliers de
pratique musicale collective, musiciens-enseignants,
se devaient de montrer l’exemple. De belles compositions personnelles ont été jouées, mais aussi des
reprises transfigurées de standards du jazz. Un bon
moment passé avec ces musiciens passionnés.
Les musiciens du Invisible Light sont en train de
dîner dans un petit restau du quartier pendant que
les murs du hall de la Cité de la Musique accueillent
une partie de l’expo photo de McYavell et Pirlouiiiit.
Quelques agapes sont réservées aux curieux, à
l’occasion du vernissage différé de l’expo «Objectifs
Jazz». Puis, c’est le concert, donné par les enseignants de la classe jazz, qui a lieu régulièrement à
l’Auditorium. Joseph Crimi à la guitare basse et la
contrebasse, Gilles Alamel à la batterie, se sont
également relayés au piano Yves Laplane et José
DAN WARZY
www.citemusique-marseille.com
Gymnopédies
au Rouge
Sudameris © Dan Warzy
Nouvel événement chez Corine Barbereau à la Belle
de Mai pour une soirée «Henri voit Rouge» avec le
trio Sudameris. On connait Robert Rossignol comme
facteur de piano mais aussi comme un pianiste
débordant d’humour et d’invention. Il crée en 1990,
un collectif musical à géométrie variable : Sudameris.
C’est accompagné du contrebassiste Jean Christophe Gautier et de Farid Boukhalfa aux percussions,
qu’il nous fait découvrir un programme musical surprenant qui convoque notre mémoire profonde. De
longues phrases du répertoire de musique dite classique sont très habilement conjuguées à des séquences
d’improvisations, on bascule ensuite dans un thème
issu des standards du jazz, nouvelle séquence
d’impro, puis c’est alors Chopin, Satie ou Beethoven
qui émergent. Le premier set se termine par une
réinterprétation très réussie de Ces petits riens de
Gainsbourg par la jeune et charmante chanteuse
Emmanuelle Rizzuto.
Le second set voit le trio s’augmenter du souffleur
Lamine Diagne aux saxophones et doudouk arménien. Une couleur plus modale s’affirme : My favourite
things de Coltrane passe par là. Une suite symphonique, un concerto ou une élégie, le jazz est
omniprésent, même si dans une basse continue
nous fait penser Boléro, une mélodie à Wagner. Un
concert en forme de mises en bouche apéritives,
que l’on déguste en reconnaissant des milliers de
saveurs.
D. W.
www.jazzaurouge.musikmars.com
www.sudameris-jazz.com
www.piano-rossignol.com
Bien que nous soyons lundi soir, les spectateurs
sont au rendez-vous. La salle est pleine pour
accueillir un DJ et producteur, pionnier de l’abstract
hip-hop. «Ce soir je vais vous jouer un nouveau set.
Ceux qui me connaissent savent que je n’aime pas
passer des hits. Vous allez entendre des morceaux
inédits, j’espère que ça vous plaira.». Shadow pose
le micro, puis rompt le silence. Il enveloppe alors
toute la salle d’une basse ronde et puissante.
Pendant 90 minutes, l’alchimiste californien alterne
entre dubstep bien lourd et drumn’bass, en passant
par des break hip-hop Old school ou des ambiances
psychédéliques dignes des 70’s. Sur les morceaux,
Shadow scratche à la perfection et joue du sampler.
À coups de baguette sur les pads de sa machine, il
crée en live des rythmes ou des mélodies. Le public
est conquis, embarqué dans ce véritable voyage
sonore.
La prestation de Josh «Shadow» Davis prouve que
le DJ n’est pas qu’un «passe-disque». Ce soir, tout
le public du cabaret a constaté en live le talent d’un
musicien qui utilise des sons de multiples origines
pour composer son propre univers. Un son et une
couleur particulière, inimitables.
KEVIN DERVEAUX
DJ Shadow jouait le 29 octobre au Cabaret Aléatoire,
La Friche, Marseille
© Ashley Strong
MUSIQUE
29
Fiesta, entre attendus
et bonnes surprises
un concert humble et riche en émotion : des textes poétiques et engagés
sur des rythmes entraînants et des
mélodies créoles. Deux duos français
font aussi danser le public. Les Raggasonic balancent leur flow chaloupé
sous le chapiteau pendant que les
Sporto Kantes enflamment le public
à l’intérieur.
Nevchehirlian © Agnès Mellon
Goran Bregovic © Agnès Mellon
Bien qu’il ait manqué la petite étincelle, le collectif afrobeat de Brooklyn
Antibalas n’a pas failli à sa réputation un peu plus tôt dans la soirée. La
concentration était nécessaire pour
s’imprégner et jouir de ce mélange
entre transe tribale et chaleur soulfunk. Qu’importe, le niveau et la qualité
des musiciens méritaient largement
l’attention, notamment le jeune batteur, véritable locomotive !
La dernière soirée voit les concerts
extérieurs de Wax Tailor et Shaka
Ponk annulés à cause du vent. Une
déception vite atténuée par l’aura du
maître de l’ethiojazz Mulatu Astatké
(vibraphone et congas). Le compositeur
éthiopien et ses acolytes envoûtent
doucement le public. Il suffit de se
retourner pour contempler les sourires et l’expression sereine sur tous les
visages. Les rythmes sont plutôt lents,
entre 90 et 110 bpm. Les musiciens
offrent tour à tour des chorus mémorables (violoncelle, contrebasse, trompette,
saxophone, congas, piano) et emmènent les spectateurs dans une contrée
mystique aux paysages sonores enivrants, d’une beauté bouleversante.
Deux heures durant lesquelles la notion de création spontanée prend toute
sa dimension. La meilleure prestation
du week-end, si ce n’est de la Fiesta.
Avec toujours aussi peu de femmes
sur scène…
THOMAS DALICANTE, KEVIN DERVEAUX,
FRED ISOLETTA
La Fiesta des Suds s’est déroulée
les 19, 20, 26 et 27 octobre
au Dock des Suds,
à Marseille
Elle dynamite le Moulin
C’est sûr, Izia n’a rien inventé. Mais son rock pur jus, à l’ancienne, avec des riffs de guitare et une batterie survoltés,
justifient sa réputation.
Deux ans après son passage à l’Espace Julien, elle retrouvait son public au Moulin. Au second morceau, la partie
Izia © Paul Schmidt
Place aux cuivres pour le lever de
rideau de la Fiesta des Suds 2012
avec deux têtes d’affiche aux propositions légèrement surannées. Au
rayon afro-cubain, le trompettiste Ernesto Tito Puentes qui, bien qu’entouré
d’un big band efficace, a bien du mal
à renouveler le genre.
Côté Balkans, on cherche encore la
véritable nouveauté dans la dernière
création de Goran Bregovic. Un hommage aux musiques gitanes dont il
s’inspire depuis près d’un quart de
siècle. Une musique «pour boire et
danser», comme y incite Bregovic luimême. Consigne suivie au pied de la
lettre par les 12 000 personnes présentes ce soir-là. Le souffle est ailleurs,
dans la Salle des sucres, avec le hiphop percutant et poétique de Shurik’N.
La frénésie scénique carnavalesque
nommée Bird’n’ roll, du nom du nouvel
opus de Dyonisos, semblait faire trembler la tour de Zaha Hadid, mitoyenne
du grand chapiteau dont l’immense
tente avait bien du mal à contenir
une foule dense et exaltée ! Théâtral,
à l’image de leurs masques animaliers
chromatiques, la scène est pour Dyonisos un terrain favorable à l’emphase
un brin sophistiquée mais toujours…
rock’n’roll. Un son incisif et mesuré
qui insuffle une dynamique continue,
sans que le curseur métronomique ne
baisse d’un cran, malgré une panne
générale d’une vingtaine de minutes.
Une telle détonation plaçant la température du public dans les hautes
sphères pouvait laisser sans crainte
la place aux toulousains de Zebda,
tout heureux de trouver une salle
chauffée à blanc. Habitués des lieux
et entonnant un Y a pas d’arrangement tonique et bondissant, l’exposé
du Second Tour aura bouclé une soirée
vivante à l’image de Prévert via Nevchehirlian et sa guitare, fort en bouche
et ne touchant jamais le sol, Gari
Greu porteur de l’hymne officiel 2013
(pour cinq doses d’eau) et Dj Bobzilla alias le pape en personne, venu
en tenue borgiesque bénir et mixer
des mélanges bien peu catholiques
devant des fidèles médusés.
Malgré les intempéries, la deuxième
semaine est tout aussi dense. Certes,
Roberto Fonseca est beau et le public le lui fait remarquer. Mais il est
bien plus qu’un pianiste surdoué de
jazz afro-cubain. Il apporte un regard
et une sonorité vivifiante, empruntant
autant aux musiques traditionnelles
qu’aux musiques noires du XXe siècle.
Les Réunionnais de Ziskakan offrent
était gagnée, la moitié de la salle avait les mains en l’air
et chantait Lola.
Sur la scène, rien de révolutionnaire. Les morceaux s’enchaînent entre rock 70’s, blues et punk, mais l’interprétation
fait toute la différence. La jeune artiste, parfois comparée
à Janis Joplin, incarne cette musique avec une telle énergie qu’elle impose le respect. Elle saute de la guitare au
piano tout en jouant de sa voix rauque et puissante, braise
incandescente montée sur des escarpins à ressort, avec
une présence qui vous réchauffe l’âme et vous colle un grand
sourire pendant deux heures. Elle et ses quatre acolytes,
extrêmement généreux avec leur public, prennent vraiment
plaisir à éclater les frontières entre artistes et spectateurs.
Entre les chansons, Izia manie l‘humour, ne fait qu’une bouchée des quelques problèmes techniques rencontrés au
cours de la prestation. Sur scène elle est chez elle…
KEVIN DERVEAUX
Izia jouait le 9 novembre au Moulin, Marseille
Elle sera le 16 nov à La Paloma, Nîmes
THÉÂTRE
Mauvais
genre
Les jeunes
France Culture s’installe à La Criée pour un week-
La Vie est un rêve
Fable théâtrale, concert de rock, conte fantastique…
David Lescot aborde le monde de l’adolescence
comme un passage, une «initiation sauvage, sans
règle ni méthode» au travers de l’histoire de deux
groupes de rock, Les Schwartz, composé de 3
garçons, et Les Pinkettes, qui compte 3 filles.
Frankenstein
Fabrice Melquiot adapte librement le roman de
Marie Shelley, avec marionnettes et chansons. La
créature devient Beurk, un enfant livré à lui-même,
incarné par une marionnette de 2,10 mètres. La
musique originale est composée par Simon
Aeschimann.
Cette pièce mythique du théâtre baroque espagnol
de Pedro Calderon de la Barca est mise en scène
par Jacques Vincey, qui en révèle toute la fable
humaniste sur la difficulté et l’art d’être homme.
du 6 au 9 déc
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
du 27 au 30 nov
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
les 20, 21 et 22 nov
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Miss Knife
Collaboration
© Alain Fonteray
De beaux
lendemains
Emmanuel Meirieu adapte et met en scène le
superbe roman de Russel Banks, qui relate l’accident
de car dont sont victimes des enfants dans un Est
américain glacé et enneigé. 14 d’entre eux trouvent
la mort, laissant un village entier meurtri pour
l’éternité. E. Meirieu reprend les 4 témoignages, 4
monologues bouleversants.
© Cosimi Mirco Magliocca
les 16, 17 et 18 nov
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
© Jacques Vincey
end de radio-théâtre. François Angelier, inventeur
et réalisateur de l’émission depuis 1997, propose
lectures inquiétantes, projections de films, et
enregistrement en direct des émissions Fiction,
Mauvais Genres et Des Papous dans la Tête sur le
thème de «l’animal-tueur». Un nouveau prix littéraire
sera aussi créé pour l’occasion, roman et essai, en
association avec La Criée, France Culture et Le
Nouvel Observateur.
© Eric Didym
AU PROGRAMME
30
les 29 et 30 nov
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
© X-D.R.
L’ex-directeur de l’Odéon et futur du Festival
d’Avignon, Olivier Py, reprend son rôle
irrévérencieux de chanteuse de cabaret
transformiste, créé en 1996 au Festival. Avec Miss
Knife chante Olivier Py, il dresse une revue-hall
culotée, colorée et pourtant douloureuse, sublimant
ses tourments les plus intimes en un music-hall
insoumis et flamboyant.
le 27 nov
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
le 21 déc
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Salzbourg, 1934, dans la villa de Stefen Zweig ; il
s’apprête à recevoir Richard Strauss, qu’il a
convaincu d’écrire le livret de La femme silencieuse.
Mais le nazisme s’étend, et Zweig est juif… Georges
Werler met en scène la pièce de Ronald Harwood,
avec Michel Aumont et Didier Sandre, qui
questionne les rapports troubles entre art et
politique.
les 16 et 17 nov
Le Toursky
0 820 300 033
www.toursky.org
Les
conjoints
Jean-Luc Moreau met en scène et joue la pièce de
son complice Eric Assous dans une comédie
sentimentale qui met face à leurs contradictions
deux couples naviguant entre raison et mensonges.
le 27 nov
Le Toursky
0 820 300 033
www.toursky.org
41
31
Grands Parents 1914
Le
journal d’un fou Les larmes rentrées Les 3 exils
Andonis Vouyoucas reprend sa création, qui avait
eu lieu en nov 2011, autour du récit de Gogol très
naturellement théâtralisé. Toujours avec Hervé
Lavigne dans le rôle du fonctionnaire Poprichtchine
qui, peu à l’aise avec le réel d’une société étriquée,
glisse vers la folie et finit par se prendre pour le roi
d’Espagne.
du 20 au 24 nov
Le Gyptis
04 91 11 41 50
www.theatregyptis.com
© Soleil Vert
Adapté de Mars de Fritz Zorn, le projet de Laurent
de Richemond, dont le titre fait référence à la
définition que donne Fritz Zorn de son cancer, «pose
une parole lucide sur la bourgeoisie et sur une relation
«malade» à la vie.» où il est question «de la tentative
d’une compréhension et d’une explication de soimême.» Programmation Minoterie-Les Bernardines
hors les murs.
La seconde
surprise
de l’amour
Dans une scénographie ingénieuse, et
contemporaine, de boites empilées, espaces clos et
vitrés ouverts aux regards, les deux cœurs brisés -la
Marquise en deuil et le Chevalier plaqué- vont pouvoir
se retrouver… La mise en scène brillante
d’Alexandra Tobelaim donne un souffle nouveau à
Marivaux.
du 20 au 24 nov
à Klap
04 96 11 11 20
www.minoterie.org
du 4 au 8 déc
Le Gyptis
04 91 11 41 50
www.theatregyptis.com
Qu’avez-vous vu ?
© Manuel Buttner
le 17 jan
Aggloscènes, Saint-Raphaël
04 98 11 89 00
www.aggloscènes.com
© Gabrielle Voinot
Partant de la phrase de Duras «tu n’as rien vu à
Hiroshima», la Cie Écrire un mouvement de Pau et
le Collectif K.O.COM de Marseille unissent leurs
talents pour créer un univers où les corps de la danse
permettraient de dessiner questions et réponses
dans un «espace rêvé et à rêver». Discours muet où
les gestes veulent exprimer l’intériorité, dans une
chorégraphie de Thierry Escarmant et de Manon
Avram dans le cadre de Dansem (voir p. 38). La
Minoterie, privée de ses anciens murs et en attente
des nouveaux, ouvre ses portes à la Friche, salle
Seita.
les 21 et 22 nov
La Friche, Marseille
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
Deux photos de la même famille, l’une prise en 1914,
l’autre en 1938, constituent l’ancrage de la pièce
mise en scène par Jérémy Beschon. Travail entre
la saga familiale et la grande histoire, de l’Algérie
colonisée à la guerre d’Indépendance, exploration du
statut des musulmans et des juifs, de la richesse de
leurs relations, à travers les mots portés par la
talentueuse Virginie Aimone qui fait revivre les
différents personnages. Belle interrogation sur les
identités collectives et particulières, les
transformations que l’arbitraire des nations leur
impose. Un travail qui en démontant les mécanismes
rend aux gens la capacité de se redéfinir
humainement. Entrée libre.
Les 3 exils d’Algérie, une histoire judéo-berbère
le 26 nov à 20h30
Le Lenche, Marseille
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
AU PROGRAMME
THÉÂTRE
THÉÂTRE
Camus/l’Odyssée
Le chagrin des ogres La fausse suivante
Henri Moati rapproche sur scène le personnage
légendaire d’Ulysse, navigateur infatigable, arpenteur
des eaux, en quête de son Ithaque et Camus,
amoureux de la Méditerranée, décrivant Tipasa dans
Noces, «habitée par les Dieux» qui «parlent dans le
soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée
d’argent…». L’homme révolté, le mythe de Sisyphe,
croisent le périple du choyé d’Athéna, l’homme aux
mille ruses… Comment naissent les dieux et le
héros ? Dans cette conjonction magique d’épopée
et de philosophie, nouvelle poétique… pour un Camus
qui affirmait «le monde est beau, et hors de lui, point
de salut.»
© Cici Olsson
L’homosexuel
Christophe Chave avec la Compagnie des Gens
© Didier Grappe
le 30 nov
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
d’en face met en scène l’œuvre de Copi,
L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer, dernière
pièce du triptyque dont les premières pièces sont Les
quatre jumelles et La femme assise. Un théâtre traite
du monde dans ses dimensions sociales et politiques,
avec tapage, loufoquerie et un sens tout argentin de
la démesure dérisoire. Corps meurtris, vérités
contestables, codes détournés… les personnages
étranges nous amènent à nous interroger sur ce qui
fonde notre identité, sexuelle ou non.
Programmée par les ATP d’Aix, la pièce de Fabrice
Murgia tisse un conte onirique à partir de deux
destins d’exception (Bastian Bosse qui a préféré
mourir après avoir tiré dans son lycée et Natahsha
Kampusch kidnappée pendant 10 ans). Lorsque la
fiction dépasse le faits-divers pour restituer les
attentes, la vitalité et le désarroi des bouleversements
adolescents.
les 10 et 11 déc
Théâtre Vitez, Aix-en-Provence
04 42 59 94 37
http://theatre-vitez.com
L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer
le 7 déc
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
La pitié dangereuse
Dis-moi…
fils
Claire Massabo interroge le regard des fils sur leur
les 20 et 21 nov
Théâtre Vitez, Aix-en-Provence
04 42 59 94 37
http://theatre-vitez.com
Théâtre des Ateliers après Odyssée 2013, le
chantier de création autour du texte de Christian
Carrignon se met en route. Le public pourra assister
à une lecture de l’intégralité de Presque tout l’univers,
avant la création finale prévue en novembre 2013.
le 30 nov
Théâtre des Ateliers, Aix
04 42 38 10 45
www.theatre-des-ateliers-aix.com
La fausse suivante ou le fourbe puni
les 27 et 28 nov
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
du
Puppentheater de Halle, avec leur esthétique
réaliste, leur manipulation à vue (qui accorde une
profondeur supplémentaire aux personnages),
démultiplient le jeu des illusions. Le roman naturaliste
de Thomas Mann, Buddenbrooks, raconte les
problèmes d’argent et de succession de trois enfants
d’une grande famille bourgeoise allemande. Moritz
Sostmann use de la surprenante vérité de ses
«acteurs» pour une mise en scène qui conjugue
humour et profondeur.
mère. Une mère qui veut entendre nommer ce lien
qu’elle rêve indestructible, et ses fils (joués par trois
comédiens) qui l’écoutent, l’ignorent et jouent à en
perdre haleine. Un spectacle entre l’intime et
l’universel, drôle, léger et tendre, qui raconte à
chacun une part de son histoire.
Presque tout
l’univers
Deuxième action majeure de la saison artistique du
Déguisée en chevalier puis en soubrette, la
«demoiselle de Paris» entre dans différents
stratagèmes qui mettent en lumière les tromperies
de Lélio à qui elle est promise. Duperie et frivolité sont
également condamnées et punies dans cette pièce
où le jeu des apparences, le mensonge, permettent
finalement l’éclosion de la vérité. Nadia
Vonderheyden met en scène la pièce de Marivaux
dans une atmosphère de carnaval vénitien pour en
souligner la force subversive.
Buddenbrooks
Les marionnettes de la compagnie
© X-D.R.
AU PROGRAMME
32
le 4 déc
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
La compagnie Carinae nous entraine dans une petite
ville de garnison autrichienne en 1913 pour une
histoire qui met en lumière nos ambiguïtés et nos
ridicules, adaptée de Stefan Zweig par Élodie
Menant. Les sous-entendus et les réparties
cinglantes laissent apparaître les tréfonds de l’âme
humaine.
le 20 nov
Salle Émilien Ventre, Rousset
04 42 29 82 53
www.rousset-fr.com
© Gert Kiermeyer
scène Martine Schmurpf et son clone pour une
conférence délirante et loufoque ayant comme
propos la relation de l’homme avec le monde par le
prisme de la nourriture. Étayé de témoignages réels
de professionnels et de monsieur et madame
toutlemonde, le discours porte un regard original et
amusé sur le monde. Une satire habilement
construite dans laquelle les grands mots d’héritage
et de transmission donnent lieu à de succulentes
réflexions.
Les
trois Richard
«Mon royaume pour un cheval !» tout le monde peut
Charlotte Adrien © Olivier Allard
Cooking with
Sermon joyeux
Martine
Schmurpfs
Clara Picard avec la Compagnie à table met en
33
citer Richard III de Shakespeare, même en se
demandant quel est le numéro du Richard… Dan
Jemmett met en scène un trio d’humoristes des
années 50, Les trois Richard, pour passer
Shakespeare au filtre du burlesque le plus déjanté
dans l’esprit des Monty Python. Une soirée de rire
libérateur !
le 23 nov
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
le 11 déc
Odéon, Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
les 11 et 12 janv
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Le songe
d’une nuit d’été
© Bernard Richebe
Jean-Pierre Siméon s’inspire de l’esprit des
sermons joyeux du Moyen Âge qui parodiaient les
sermons de la messe, empruntant leur forme, citant
des passages de la Bible, mais détournant le propos,
de façon grivoise. Pour ces sermons contemporains,
Selim Alik met en scène comme prédicateur
Charlotte Adrien. La diatribe s’attache aux «revenus
de tout» dans Au vrai chic parisien, fait L’éloge de
l’inconnu ou L’éloge du risque, en un appel aux bons
vivants. La Compagnie Cithéa est en résidence au
Théâtre Sémaphore toute la saison.
le 16 nov
Le Sémaphore, Port de Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
© Adeline Ferrante
L’ouest
solitaire
L’univers sombre du dramaturge irlandais Martin Mc
Donagh est mis en scène par Ladislas Chollat. Deux
frères, (Bruno Solo et Dominique Pinon) se
retrouvent seuls dans leur maison miteuse après la
mort du père, tué d’un accidentel coup de fusil. Une
haine implacable les lie, que l’écriture de Mc Donagh
sait rendre, resserrée, rythmée, incisive. Huis clos
sauvage dans lequel parfois se glissent le prêtre,
incapable de leur faire entendre raison et une jeune
lycéenne aux attitudes provocantes. Atmosphère
oppressante, humour noir… une pièce décapante.
Le Misanthrope
© Louise Bruyere
Théâtre dans le théâtre, mise en abîme, chassécroisé, saveur des mots, entrelacs des intrigues,
amours, désirs, magie, fantaisie poétique, grotesque,
drame… tout se retrouve dans cette pièce de
Shakespeare, construite sur des analogies disparates.
Nicolas Briançon s’en empare avec bonheur,
soulignant avec la magie du texte ses côtés rebelles,
dans un rythme soutenu pour une comédie loufoque
légère et subtile, actuelle assurément !
le 11 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
le 5 déc
Théâtre Le Forum, Fréjus
04 94 17 73 70
www.aggloscenes.com
le 20 nov
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 50 05 26
www.scenesetcines.fr
© Fabienne Rappeneau
Alceste fait profession de haïr la société des hommes,
dont les paroles mentent, dont les propos ne sont
que comédie, superficialité, hypocrisie… et pourtant
il aime, et c’est la plus coquette, la plus
délicieusement médisante, la charmante Célimène.
Les Cartoun Sardines se glissent avec bonheur
dans les alexandrins de Molière, dans la saveur des
mots, de cette comédie de la parole où la
conversation est spectacle où les traits d’esprit valent
les grandes actions. Avec 3 acteurs pour incarner les
9 personnages !
le 30 nov
Le Sémaphore, Port de Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Ali au pays
des
merveilles
Le pays des merveilles, c’est le quartier du Panier à
Marseille. Ali Bougheraba y a grandi et à l’inverse de
l’Alice de Lewis Carroll, ne fuit pas la réalité, mais la
décrit, lieu de merveilles concrètes, avec ses
personnages atypiques. Une remontée en enfance
délicieusement truculente et tendre. Pour celui qui
avait comme rêve de «s’envoler vers le ciel et voir son
quartier d’en haut», les mots permettent cette belle
ascension en compagnie du comédien et coauteur
Didier Landucci.
le 30 nov
Forum de Berre
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
AU PROGRAMME
THÉÂTRE
Campagnes
Le Vicaire
d’écriture
Après une saison de résidence d’écriture l’an passé,
La Conférence
des
oiseaux
Trois comédiens (Aïni Iften, Elsa Stirnemann,
© Lot
l’auteure Catherine Zambon a été accueillie dans
trois familles sur le territoire Nomade(s) de Cavaillon,
première lecture publique du texte abouti.
Serge Barbuscia), Roland Conil au piano et
Farshad Soltani aux instruments traditionnels
persans réunis dans un quintette hybride autour du
conte de Farid Al Din Attar.
le 29 nov
Scène nationale, Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
les 24 et 25 nov
Théâtre du Balcon, Avignon
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
Dom Juan
© Laurence Fragnol
Jean-Paul Tribout s’empare de la première pièce de
Rolf Hochhuth sur l’ambiguïté des rapports du pape
Pie XII avec le IIIe Reich. Une adaptation qui implique
le spectateur dans ce débat sur la responsabilité
morale individuelle face aux crimes perpétrés «au
nom de…».
La grande figure du libertinage du XVIIe propulsée en
pleine période seventies par la compagnie La Naïve.
Quand le plus extravagant des personnages de
Molière devient Jim Morrison (Charles-Eric Petit),
une autre figure emblématique du rock décadent !
Une belle version, par des gens d’ici…
© X-D.R
Rhinocéros
Alain Timar transpose avec brio la pièce de Ionesco
les 13 et 14 déc
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
04 90 82 40 57
www.chenenoir.fr
le 17 nov
Espace NoVa, Velaux
04 42 87 75 00
www.espacenova-velaux.com
dans le monde de l’entreprise avec des interprètes
coréens. Une lente descente en abîme, aux confins
de l’humanité, qui nous renvoie, par un habile jeu de
miroirs, à nos propres images. Extrêmement réussi !
Bonheur titre
provisoire
les 13 et 14 nov
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
© Manuel Pascual
du 22 au 25 nov
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
04 90 82 40 57
www.chenenoir.fr
Les
Djinns…
Sortie de résidence de création pour l’équipe du
Ruy Blas
Christian Schiaretti et la troupe du TNP s’emparent
vaillamment du drame romantique -et politique- qui
se joue dans cette œuvre du répertoire. Ils incarnent
avec intelligence et sensibilité la poésie hugolienne,
entre grandiloquence, rire et grotesque.
Darouri Express avec cette représentation autour
des Djinns, ces créatures surnaturelles issues de
croyances de tradition sémitique. Un hommage à
ceux qui jouissent de la diversité des langues, des
cultures et des corps.
le 16 nov
Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
le 27 nov
Les Djinns cachées au fond des caves
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99
www.lesdoms.be
© Darouri Express
Créée en plusieurs étapes l’an passé, cette pièce sur
le large thème du bonheur, dessinée à partir de la
pensée du philosophe Robert Misrahi, avec Alain
Timar, Pauline Méreuze et Paul Camus, est
devenue incontournable lors du dernier festival Off.
Une peinture de l’âme singulière et infinie.
du 13 au 15 déc
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
© Christian Ganet
AU PROGRAMME
34 THÉÂTRE
AU PROGRAMME
36
THÉÂTRE
L’avare
Biyouna !
La compagnie Vol Plané revient à Gap avec une
J’aurais voulu
être égyptien
Jean-Louis Martinelli adapte pour la scène le
adaptation décoiffante et ludique de la pièce de
Molière. Quatre comédiens talentueux (pour 15
personnages), mis en scène par Alexis Moati et
Pierre Laneyrie, conduisent le spectacle tambour
battant et montrent au jour cet Harpagon tyrannique.
roman polyphonique Chicago d’Alaa El Aswany, une
fresque sociale humaniste plongée dans une
Amérique post 11 septembre traumatisée, qui trouve
des résonances avec l’avènement des printemps
arabes.
les 19 et 20 nov
Théâtre la Passerelle, Gap
04 92 52 52 33
www.theatre-la-passerelle.eu
du 29 nov au 1er déc
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
© SvendAndersen
le 27 nov
Théâtre en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
C’est Ramzy qui met en scène la comédienne,
humoriste, chanteuse Biyouna pour son premier
one-woman-show. Une femme libre et un monstre
sacré, considérée comme la Bette Midler algérienne,
qui évoque pour la première fois les brûlures et les
bonheurs de sa vie.
© Matthieu Wassik
le 20 nov
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Les
bonnes
La compagnie L’Egrégore reprend le huis clos de
Jean Genet et renforce l’inquiétante étrangeté du
texte en incarnant le rôle de Madame par un homme.
Quant aux mystérieuses meurtrières sœurs Papin,
elles conservent une opacité mâtinée d’hystérie.
© Pascal Victor
Le temps
La promesse
nous
manquera
Une pièce écrite par Stéphane Gasc, portée par un
de
l’aube
Bruno Abraham-Kremer adapte et joue l’autobio- collectif d’acteurs issus de l’ERAC, conçue comme
le 30 nov
Théâtre de Briançon
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
© Joelle Brover
graphie romancée de Romain Gary, un auteur à
l’humour aussi tendre que désespéré. Un récit hors
du commun autour d’une promesse scellée à l’aube
de son existence, sous le signe d’une relation mèrefils déterminante.
les 23 et 24 nov
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
le portrait d’une absence. Une succession de
tableaux trouble et captivante sur les flux et reflux de
la vie.
du 13 au 15 déc
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Le
Gorille
Brontis Jodorowsky livre une véritable performance
en incarnant, dans un seul-en-scène époustouflant, le
texte de Kafka autour de la difficulté de s’adapter à
une société absurde. Drôle et caustique.
le 21 nov
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34
www.ville-lagarde.fr
© Pepe H
© Pascal Gely
Mardi
liberté
La nouvelle pause-déjeuner artistique du Théâtre
Liberté inaugurée avec Un jour si blanc, par le pianiste
compositeur varois François Couturier et des
poèmes de Rimbaud, Tarkosky et Baudelaire lus par
Philippe Berling.
le 27 nov
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
84 Charing Cross Road
© BM Palazon
L’histoire vraie, émouvante et drôle d’une correspondance de plus de
20 ans entre une écrivaine sans le sou et un libraire, sur fond
d’Amérique et d’Europe d’après guerre.
le 11 déc
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34
www.ville-lagarde.fr
…histoire du commerce
© Elizabeth Carecchio
Joël Pommerat livre en deux huis clos d’ombres et de murmures une
comédie vertigineuse autour de l’essor du commerce américain, et de
ses voyageurs désorientés, aliénés autant qu’aliénants. De 1968 aux
années 2000, cinq représentants de commerce victimes de leurs
propres pratiques, dans un monde de faux-semblants et de valeurs
détournées.
La grande et fabuleuse histoire du commerce
le 17 nov
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Gentleman
show
Christophe Guybet questionne, décortique, réinvente et joue avec
les interrogations de l’homo sapiens civilisé. En gentleman virtuose, il
incarne une galerie de personnages aux prises avec la réalité.
le 1er déc
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Christophe Guybet © Svend Andersen
DANSE
Dansem
Le Festival de danse en Méditerranée
continue pour sa 15e édition à jouer le
coucou dans les lieux accueillants qui
coréalisent ses propositions, avec des
participations financières de hauteurs
diverses, et plus ou moins de complicité dans les choix artistiques. Le théâtre
de Lenche accueille deux spectacles
d’artistes libanais, en partenariat avec
les Rencontres d’Averroès. Entre
temps 2 de Khouloud Yassine (14 et
15 nov), un trio composé d’une danseuse et deux musiciens qui entraine
le public à former un quatuor ; et
Mahalli de Danya Hammoud qui travaille sur le déplacement du réel et
danse entre peur et possible, pouvoir
et colère (17 et 18 nov).
À la Friche, Dansem revient avec joie
collaborer avec Marseille Objectif Danse, et/ou la Minoterie «hors les murs».
Avec l’Arcade aussi, qui soutient les
productions régionales, le consulat
Israélien… Manon Avram et Thierry
Escarmant présentent Qu’avez-vous
vu ?, un interrogatoire sur l’intime mêlant matières sonores, mouvements et
mots pour un retour au corps et une
possible consolation au chaos (21 et
22 nov). Dans Sad Sam / Almost 6,
sixième opus du croate Matija Ferlin,
la danse s’allie à la poésie pour faire
vibrer fantômes et anges (22 et 23
Iris Erez © Itay Marom
une performance musicale découvrant
quelques parcelles de son jardin secret
(le 1er déc). Il sera entouré de chorégraphes invités, Geneviève Sorin, Carol
Vanni, Montaine Chevalier… Cette
dernière présentera la première de sa
pièce D’assise, questionnant l’étrange
et étonnante problématique de l’assise, du public comme celle de
l’interprète (7 et 8 déc). Le 7, Geneviève Sorin partagera la soirée avec
Hep !... Garçon !, une performance
pour un couple de danseurs.
DE.M.
nov). Avec Torgnoles, Georges Appaix
déroule son alphabet chorégraphique
avec Jean-Paul Bourel (27 et 28 nov),
pour un tandem drôle et oulipien créé
lors de dansem 2011, et pas repris depuis.
Enfin dans Homesick, l’Israélienne Iris
Erez conjugue le trio pour définir les
sphères intimes et publiques (le 29 nov).
Aux Bernardines, Thierry Giannarelli
propose un QCM amoureux, dont le
questionnaire est la bande son et la
danse le jeu de l’intime vérité (27 et 28
nov). Raymond Boni et Véronique
Delarché poursuivent leur collaboration dans Paysages humains, à partir du
Théâtre de Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Théâtre des Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatrebernardines.org
Matija Ferlin © Nada Zgank
poème de l’écrivain turc Nâzim Hikmet
(le 30 nov). Avant d’entrer en création
en février 2013, Thierry Baë propose
Friche Belle de mai
Réservations à l’Officina
04 91 55 68 06
www.officina.fr
Résonance
Bagouet Wonderful World
Programme mixte
Michel Kelemenis en hommage à Dominique Ba- Solitude à cinq pour une chorégraphie qui cherche à
gouet dont il fut le danseur, consacre une semaine
à une Résonance Bagouet à laquelle les Bernardines s’associent. Deux pièces pour cette soirée, Le
Malaise de Louise (extrait de Meublé sommairement
de Bagouet) à partir d’un chapitre du roman Aftalion
d’Alexandre Emmanuel Bove, sur la musique de
Raymond Boni, puis Ribatz Ribatz ou le grain du
temps, un film de Marie-Hélène Rebois qui s’interroge : «gardons-nous la mémoire de nos gestes» ?
le 11déc
Les Bernardines, Marseille
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
Allo Mr Baril, avec Genevieve Sorin et Dominique Bagouet © Vincent Pereira
plonger dans la «forêt obscure» que Dante trouve au
«milieu du chemin de notre vie». Ces hommes s’échappent d’une catastrophe, d’eux-mêmes… une écriture
où les corps dessinent une histoire poétique, chorégraphiée et mise en scène par Nathalie Béasse.
les 11 et 12 déc
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Sur les traces
de nos pas
La Compagnie Mémoires Vives unit son talent à
un groupe de jeunes artistes marseillais (Cie Tckek’Art)
pour un spectacle qui traite de l’histoire des vagues
migratoires à Marseille. Sons, images, mots, gestes
sont convoqués pour cette évocation, ce cheminement qui constitue l’identité singulière de la ville sous
la direction artistique et la mise en scène de Yan
Gilg.
le 7 déc
Espace Busserine, Marseille
04 91 58 09 27
www.mairie-marseille1314.com
May Day, May Day, May Day © Agnès Mellon
AU PROGRAMME
38
Le BNM se déplace à Velaux pour présenter deux
chorégraphies fortes. L’une de Frédéric Flamand,
composée autour des Métamorphoses d’Ovide, accordant aux mythes antiques des échos contemporains,
à l’heure où le virtuel réactualise la notion d’avatar, et
de transformation ; l’autre de Yasuyuki Endo, danseur
assistant de Flamand, s’attache à la représentation
du cataclysme -le danseur se trouvait au Japon lors
du tsunami de 2011. Les corps des danseurs transcrivent dans Mayday, Mayday, Mayday, This is… la puissance
des émotions, la violence de ce qui nous dépasse,
dans une pièce pleine d’allant et de vie paradoxale.
En prolongement, le 9 déc un atelier chorégraphique
est ouvert à tous sur réservation.
le 8 déc
Espace Nova, Velaux
04 42 87 75 00
www.espacenova.com
femmes en Afrique puissent exercer le métier de
danseuse sans se retrouver en butte aux préjugés et
au dénigrement. La jeune chorégraphe camerounaise, fondatrice de la Compagnie Djam Ntoma,
composée de danseurs et de percussionnistes a déjà
remporté des prix pour deux de ses créations. En
résidence pour deux mois au Pavillon Noir, elle y
présentera le fruit de son travail.
© Francois Stemmer
Tragédie
La
fille SOS
Michèle Nkomp Ndjongui se bat pour que les
41
39
Brilliant
Corners
Il y a le superbe album Brilliant Corners de Thelonious
Monk. Emanuel Gat s’en inspire et accorde le titre
à une œuvre chorégraphique d’une infinie richesse :
multiplicité des moments éphémères, règles qui se
confrontent aux exceptions… fragilité de l’instant au
cœur duquel le geste crée un univers complet… la
pièce pour dix danseurs est un véritable bijou
d’orfèvre. Parce que c’est dans les recoins que
brillent de petits trésors méconnus.
le 27 nov
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
le 21 nov
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Grand hôtel
Chorégraphie d’Olivier Dubois pour 9 hommes et 9
femmes, Tragédie s’interroge sur ce qui fait l’humanité, être homme ne suffit pas. Là réside la tragédie
de l’existence. Seuls les engagements conscients et
volontaires permettent le surgissement de l’humanité. Corps surexposés dans leur nudité, variation
anatomique, pour une pièce qui se veut manifeste.
© X-D.R.
En
Plata
Antonio Pérez et David Sánchez s’emparent du
les 13, 14, 15 déc
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Shabbath
La Compagnie Interface offre un spectacle qui met
Bouba Landrille
Tchouda
du 28 nov au 1er déc
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
répertoire espagnol classique avec les différents
styles les plus représentatifs et renouvellent le genre
en l’intégrant à un langage plus contemporain. Un
spectacle où les treize danseurs de la Compagnie
Enclave nous entraînent dans un monde vif et brillant.
Pour les afficionados, un stage de danse espagnole
sous la direction d’Antonio Pérez sera donné le 16
décembre.
© Emanuel Gat
Casse-Noisette © Fabrice Hernandez
Non, il ne s’agit pas de la reprise des Marx Brothers,
mais de la suite de Gare Centrale explique Josette
Baïz. Les dix danseurs de la précédente chorégraphie se retrouvent dans un hôtel. Surprise, les
chambres sont doubles, d’un côté comme suspendues dans un rêve, de l’autre, terre à terre. Le jeu des
oppositions, riche de pistes et de nouvelles explorations permet à la chorégraphe ainsi qu’au scénographe
Dominique Drillot de déployer une palette entre
concret et abstraction.
le 20 nov
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Reprenez l’histoire de Casse-Noisette, redonnez-lui
un autre élan avec une version hip-hop et vous aurez
une petite idée du travail de la chorégraphe Bouba
Landrille Tchouda avec la Compagnie Malka.
Établir des liens entre les œuvres du répertoire et les
musiques actuelles, telle est son ambition, et elle y
réussit pleinement avec la verve et la générosité de
sa danse.
le 31 nov
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 50 05 26
www.scenesetcines.fr
en scène un regard critique de notre génération sur
les générations passées, nous confronte à la peur de
la liberté, la violence les totalitarismes, la dictature.
Fondé sur les relations entre la pénombre et la
lumière, Shabbath est un cycle qui évoque les
intolérances. Un spectacle de danse très engagé sur
une musique d’André Pignat.
les 16 et 17 nov
Théâtre du Balcon, Avignon
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
© X-D.R
AU PROGRAMME
DANSE
CIRQUE
Ten
chi
Solonely
Pina Bausch et ses danseurs avaient composé cette
3
Solis
Précurseurs du mouvement hip hop, ils se succèdent
chorégraphie à partir d’un voyage au Japon. Terre et
Ciel, flocons de neige et pluie de fleurs de cerisiers.
Avec grâce et ironie les danseurs racontent par
petites saynètes leurs impressions, un Japon rêvé de
kimonos, geishas et samouraïs. Rire et mélancolie se
mêlent dans une reprise bouleversante, superbe
hommage à la grande chorégraphe que fut Pina
Bausch.
sur le plateau pour trois Solis, trois autoportraits
dansés qui évoquent leurs rêves, leurs aspirations.
Mon appartement en dit long de Bintou Dembélé
puise dans la culture africaine et le vécu de la
danseuse pour explorer l’histoire d’un corps à
différents moments d’une vie. Iffra Dia propose des
tranches de vie dans Hors jeux, avec CH2 (Culture
Hip hop) pour se reconstruire. Hakim Maïché
cherche à témoigner de ses strates d’expérience par
le biais de la danse dans Habité. Une invitation au
rêve et à la quête de soi.
du 6 au 9 déc
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
© J-C Bruet
AU PROGRAMME
40
Mais pas si seuls que cela. D’abord, ils sont deux, un
danseur, Thomas Guerry et un percussionniste,
Camille Rocailleux, tout deux aussi acrobates à leur
manière, évoluant sur un instrument géant qui occupe l’espace scénique ! Les deux personnages sont
enfermés, englués dans leur solitude, mais ils se
révèlent complémentaires. Une nouvelle création de
la Compagnie Arcosm.
le 16 nov
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
© Ulli Weiss
Bi-portrait
Bi-portrait ou Duo chorégraphique élargi de Mickaël
Phelippeau suit une démarche pour le moins
originale, reprenant la danse folklorique bretonne
jusque dans l’art du sabot. Avec le danseur Yves
Calvez, une lutte permet d’explorer, de mesurer
l’autre. La mêlée devient construction où danses
folklorique et contemporaine s’unissent. Le duo
s’élargit avec l’arrivée de sept danseurs et danseuses
en costumes : la danse ne cesse de s’inventer.
le 8 déc
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 55
www.theatre-arles.com
© Remy Vannier
Peau
d’âne
Danse, certes, mais aussi vidéo, lumière, un zeste de
cirque, pour une adaptation chorégraphique contemporaine du conte des frères Grimm, Peau d’âne.
Ancien danseur du ballet d’Angelin Preljocaj, Emilio
Calcagno confronte le conte du XVIIe à la réalité de
notre société actuelle. Un récit initiatique pour la
première fois dansé par 12 danseurs et 5 figurants. Mais
attention, le conte est déconseillé au moins de 10 ans !
le 4 déc
(CNCDC Châteauvallon)
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90
www.var.fr
Léviathan
Avec sa Compagnie humaine, Eric Oberdorff
porte sur scène une fable allégorique dans une
installation de couvertures de survies et de pain de
glace dont la fonte accompagne le temps de la pièce.
S’inspirant du roman de Melville, Moby Dick, la pièce
Léviathan toute de tensions chorégraphiques nous
montre des personnages d’une société imaginaire
vouée à la disparition. Sentiment d’urgence, dernier
regard sur le monde… une belle dimension
humaniste.
le 24 nov
Théâtre de la Licorne, Cannes
04 97 06 44 90
www.madeincannes.com
Le 11 déc
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
le 14 déc
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Thierry Malandain Il vient avec son ballet et trois pièces de choix :
Boléro, qui revisite le thème célébrissime de Ravel
avec 12 danseurs prisonniers du rythme, et d’une
immense cage de tulle ; L’amour sorcier où amour et
supers-tition se mêlent de manière envoûtante, dans
l’esprit de Manuel de Falla ; Une dernière chanson,
pour oublier un instant les difficultés de l’existence,
hymne à la joie de vivre… Le Ballet Biarritz reste
unique en son genre et exceptionnel tout court.
Une dernière chanson / l’amour sorcier / boléro
le 8 déc
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Une derniere chanson © Olivier Houeix
© Nathalie Sternalski
L’angle
mort/Echoes
Le Collectif PARC présente deux approches de son
travail chorégraphique : un solo, Angle mort, dans
lequel Camille Ollagnier imagine pour le danseur
Nans Martin une occupation pleine de l’espace
invisible qu’est l’angle mort, avec un même
mouvement en perpétuelle mutation ; un quatuor
Echoes, où se superposent quatre solos sur la
musique produite par un vieux phonographe aux
disques poussiéreux… échos des instants passés,
que la danse anime encore de son énergie.
le 22 nov
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
La
roue tourne
Ieto
Le rendez-vous Sirènes et midi net du mois de
© Milan Szypura
décembre se passera en compagnie de Rara
Woulib, un collectif de musiciens, comédiens,
plasticiens et artificiers qui intervient dans l’espace
public, accompagné par Lieux Publics pour la
préparation de leur prochain spectacle Deblozay.
Rendez-vous à midi (net) sur le parvis de l’Opéra pour
découvrir leur univers.
Psy
le 5 déc
Parvis de l’Opéra
04 91 03 81 28
www.lieuxpublics.com
Alice au Pays
des Merveilles
les 22 et 23 nov
Théâtre la Passerelle, Gap
04 92 52 52 33
www.theatre-la-passerelle.eu
Pss
Pss
Un duo de clowns contemporains qui parcourt le
© X-D.R.
monde depuis 2010 avec cette histoire universelle :
la danse du désir et de l’être à deux. Un bijou de
tendresse et de poésie.
le 4 déc
Théâtre la Colonne, Miramas
04 90 50 05 26
www.scenesetcines.fr
et
les 12 et 13 janv
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
Traversées
Une expérience humaine, sensible et intime à suivre
en déambulant dans l’univers labyrinthique et
lumineux d’Élise Vigneron, à la croisée des arts
plastiques, du théâtre, du mouvement et du son. Un
théâtre sans paroles qui projette le spectateur dans
un «no man’s land de l’entre-deux». En tournée
Nomade(s).
du 6 au 11 déc
Scène nationale, Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
le 16 nov
Théâtre de Briançon
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
© D. Guyomar
Fabrice Melquiot adapte le conte initiatique de
Lewis Carroll pour le Nouveau Cirque National de
Chine, ses acrobates étincelants et les sonorités
précieuses de son orchestre. Une Alice
contemporaine revisitée en 16 tableaux sous les
néons d’une Chine d’aujourd’hui. Féérique et
poétique.
© David Poulain
Deux circassiens rivalisent d’acrobaties et de
mouvements dansés et se prennent au jeu incessant
de leurs ressemblances et différences. Entre
échafaudage enjoué et dégringolade maîtrisée, un
duo de cirque à voir en famille (dès 8 ans).
Le mariage acrobatique du corps et de l’esprit avec
la compagnie Les 7 doigts de la main qui défie la
gravité de nos troubles émotionnels. Un spectacle
qui juxtapose les facettes les plus sombres de la
psyché humaine au langage exaltant des arts du
cirque. Stimulant.
les 17 et 18 nov
Théâtre le Forum, Fréjus
04 94 95 55 55
www.aggloscenes.com
Cirque
Eloize
Le frère cadet du Cirque du Soleil présente un
nouveau spectacle multimédia inspiré de la bande
dessinée, mêlant les disciplines circassiennes à la
danse, au théâtre, au chant et à la danse. Une
richesse pluridisciplinaire et une énergie contagieuse.
les 24 et 25 nov
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
AU PROGRAMME
CIRQUE 41
JEUNE PUBLIC
La femme
aux allumettes
Minots,
Marmaille & cie…
Mon
Pinocchio
Les aventures initiatiques de l’enfant-pantin qui prend
le risque de partir à la découverte du monde. Un
théâtre d’ombres et de papier, dès 6 ans, par la
compagnie Les Phosphènes de Jean-Pierre
Lescot.
du 12 au 14 déc
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90
www.st-maximin.fr
© Paolo Cafiero
Le conte d’Andersen est repris par le Théâtre de
Cuisine : un délice de jeu de piste pour trouver du
sens à une histoire triste et lumineuse, à travers la
manipulation, les objets, les décalages poétiques.
du 4 au 8 déc
Théâtre Massalia
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
Uccellini © Cie Skappa
le 17 nov
Vélo Théâtre, Apt
04 90 04 85 25
www.velotheatre.com
Pétreau. Un chat qui raconte ses mésaventures et la
difficulté d’être confronté à la totale incompréhension
de ses maîtres. À partir de 7 ans.
le 28 nov
Salle Émilien Ventre, Rousset
04 42 29 82 53
www.rousset-fr.com
le 24 nov
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
ans) une version épurée, décalée et poétique du
passage à l’âge adulte du jeune Hamlet : un véritable
tremplin vers Shakespeare. Pouvoir, trahison, folie,
mort… des thèmes revisités avec humour et
ingéniosité.
le 23 nov
Scène nationale, Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
les 22 et 23 nov
Salle des fêtes, Venelles
04 42 54 93 10
www.venelles.fr/culture
© Jean-Louis Alessandra
(Super)
Hamlet
La Cordonnerie livre au jeune public (à partir de 8
À corps perdu
du 4 au 8 déc
Théâtre de Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Le journal
d’un
chat assassin
Tuffy est le héros de cette histoire contée par Agnès
spécialisée dans la diffusion des contes les plus
variés, s’associe à La Criée pour quatre contes et une
nuit du conte. Première escale avec Laurent
Daycard et Les trois cheveux d’or du diable, conte du
répertoire traditionnel européen rendu populaire par
les frères Grimm.
du 5 déc au 19 janv
Théâtre de Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
La Minoterie hors les murs programme un spectacle
de danse et marionnettes de la Cie Lalage (à partir
de 8 ans), premier volet d’une création sur la relation
de l’enfant à l’espace urbain. Le corps des acteurs et
des marionnettes réinventent l’espace mobile d’une
ville et de ses habitants.
© Michel Aumercier
Théâtre
de contes
La Baleine qui dit «Vagues», scène marseillaise
En partenariat avec plusieurs structures du quartier
du Panier, le théâtre de Lenche organise la 4e
édition du temps fort dédié au jeune public. Musique,
danse, théâtre, conte, cinéma, objets… les
propositions artistiques s’adressent à tous les âges et
aux multiples plaisirs du spectacle vivant. Après le
Bistrot des minots avec ateliers-boum-goûter pour
inaugurer l’évènement au WAAW du cours Julien (28
nov), la Friche du Panier accueillera Le K, un
spectacle issu du célèbre récit de Dino Buzzati (5 au
8 déc) et le Lenche Mais, je suis !, une adaptation
chorégraphique du conte Mais je suis un ours de
Tashlin par Valérie Costa (13 au 15 déc). Suivront la
compagnie Clandestine avec Quoi, c’est quoi ? (20
au 22 déc), un concert de Miss Paillette dès 3 mois
(9 au 12 janv) et Uccellini de Skappa & associés (17
au 19 janv).
© Laurent Combe et Sebastien Dumas
AU PROGRAMME
42
Mômaix
Grand Hotel © X-D.R
Débuté depuis le 5 oct, le festival pour enfants poursuit sa
programmation dans les théâtres d’Aix-en-Provence. La
Mareschale, Petit théâtre de Poche, accueille Et voilà, un duo
de clowns qui tente de résoudre ces problèmes par l’absurde
(le 24 nov). Au Bois de l’Aune, Sabine Tamisier et la
Senna’ga compagnie présentent Vache sans herbe, l’histoire
de Juliette «qui se fait des nœuds à force de ruminer» mise en
scène par Agnès Régolo (le 27 nov). Éclat de rire assuré
avec Les Histoires fabuleuses de maître Fu Yang Hao, produites
par l’Art de vivre au théâtre Vitez (le 27 nov), et plaisir de la
pesanteur avec Grand Hôtel et dix danseurs de la compagnie
Grenade de Josette Baïz au Pavillon Noir (du 28 nov au 1
déc). Le quatuor talentueux de la cie Vol Plané dépoussière
l’Avare de Molière dans une version inventive (le 4 déc au
Vitez). Douze danseurs issus de la compagnie Eco s’emparent
du conte de Perrault et des Frères Grimm, Peau d’Âne, pour
une version chorégraphique glaciale et glamour (les 5, 7 et 8
déc au Pavillon Noir). Dès 3 ans, les enfants pourront
apprécier le spectacle musical Milo, Jojo & Domino à Théâtre
et Chansons (le 9 déc).
jusqu’au 23 déc
Bureau Information Culture, Aix-en-Provence
04 42 91 99 19
www.aixenprovence.fr
La Mareschale
04 42 59 79 71
Bois de l’Aune
04 42 93 85 40
Théâtre Antoine Vitez
04 42 59 94 37
www.theatre-vitez.com
Pavillon Noir
0811 020 111
www.preljocaj.org
Théâtre et Chansons
04 42 27 37 39
www.theatre-et-chansons.com
Peau d'Ane © Emilio Calcagno
JEUNE PUBLIC
Antigone
© Philippe Jolet
AU PROGRAMME
44
La démarche de Patrick Huysman qui adapte pour la
Cie Sac à Dos l’histoire d’Antigone à partir de Sophocle,
Hölderlin, Brecht, Cocteau, Anouilh, Bauchau est remarquable. Il mêle les grands textes pour en composer une
nouvelle mouture et choisit des comédiens originaux, de
terre glaise, qui, modelée à l’envi, devient personnages,
palais, paysages… Une mise en scène de Didier de Neck
pour cette adaptation du mythe accessible dès 9 ans.
les 3 et 4 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
les 6 et 7 déc
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
les 9 et 10 déc
Maison pour Tous Monclar, Avignon
04 90 85 59 55
www.festivaltheatrenfants.com
le 12 fév
Centre Culturel René Char, Digne
04 92 30 87 10
www.sortiradigne.fr
le 29 janv
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34
www.ville-lagarde.fr
Le monde
Diplodocus
Des dinosaures en 3 D sur scène, chanson, vidéo… la
technique (un logiciel a été créé spécialement pour
ce spectacle) au service de la magie pour un spectacle
où guitare (Nicolas Berton, Olivier Touati), accordéon,
clavier (Fannytastic), contrebasse et ukulélé (Morvan
Prat) s’en donnent à cœur joie pour accompagner Elodie Retière dans la mise en scène de Frédéric Pichon,
avec la création vidéo de Laurent La Torpille et le
graphisme de Meriadeg. Tout public à partir de 3 ans.
le 8 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
L’homme qui rêvait
d’être une girafe
Rêve étrange certes, né de l’illustration d’un homme
perplexe qui contemple le vide du haut d’une faille rocheuse, coup de cœur pour les plasticiens italiens
ALE+ALE. Cela donne un conte philosophique où se
mêlent trouvailles visuelles et projections poétiques.
Le livre disque est prévu fin 2012 avec les textes et la
musique de Tom Poisson. Tout public à partir de 6 ans.
le 11 déc
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 50 05 26
www.scenesetcines.fr
le 5 déc
Théâtre Marélios, La Valette du Var
04 94 23 62 06
www.lavalette83.fr
le 14 nov
Théâtre Le Forum Saint-Raphaël
04 98 12 43 92
www.aggloscenes.com
le 17 nov
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
le 21 nov
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
le 6 déc
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
© Agnese Scotti
Le subtil et délicieux Teatro delle Briciole s’inspire
librement du conte de Perrault, le Petit Poucet, dans
une mise en scène de Letizia Quintavalla, avec un
seul comédien (Teodoro Bonci Del Bene) sur scène
pour tous les personnages… se retrouveront aussi sur
scène trois enfants du public pour l’accompagner
dans cette entreprise. Une belle expérience à partir
de 4 ans.
le 24 nov
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Totem
annulé
Suite à l’annulation de la tournée du spectacle «1, 2,
3…Totem !» par la compagnie, les représentations
initialement prévues à l’Espace Gérard Philipe Port
Saint-Louis le 23 novembre et au Théâtre de l’Olivier
de Miramas le 27 mars sont annulées.
www.scenesetcines.fr
Les Fourberies
de Scapin
La Compagnie Néo Vent reprend la pièce de Molière dans une mise en scène de Marie-Martine et
Pascal Montel. On retrouvera les amours contrariées des jeunes gens par les volontés obtuses de
pères qui reviennent de voyage trop tôt… et le personnage de Scapin. Bastonnades, quiproquos,
imbroglio… dans la grande tradition de la commedia
dell’arte. Du bonheur à partager en famille à partir de
12 ans.
Kindur
Si l’on se met à l’Islandais, on peut apprendre que Kindur
signifie mouton. Ceux-ci, contrairement à ceux de Panurge sont aventureux et curieux des beautés de la
nature. Dans une atmosphère féérique,glaciers, geysers,
cascades, lumières… la Cie TPOoffre un spectacle entre
danse, théâtre et parcours interactifoù les spectateurs ont
leur rôle. Dès de 5 ans, réservation indispensable.
L’ogre déchu
© ALE+ALE
le 7 déc
Espace Gérard Philipe, Port Saint-Louis
04 42 48 52 31
www.scenesetcines.fr
Gazouillis
petit oiseau
Les animations de Ladislas Staréwitch, génial précurseur du tout début du XXe, constituent toujours une
source d’admiration et d’inspiration. Abel, auteurcompositeur, batteur chanteur, s’attache à trois courts
métrages dans une création de ciné-concert : Nez au
vent, Carroussel boréal et Gazouillis petit oiseau.
Hymnes à la nature d’une délicieuse fraîcheur, à partir
de 3 ans.
le 23 nov
Espace Robert Hossein, Grans
04 90 55 71 53
www.scenesetcines.fr
© X-D.R.
Jiang Hong et de la voix de Suliane Brahim pour
une expérience narrative autour de deux récits
initiatiques. Le plateau devient un grand livre animé
où la poésie des dessins et des silences renvoie à
l’intimité des lectures faites aux enfants, le soir, au
coucher.
© Ronan Thenadey
Contes
chinois
La Barbe Bleue
François Orsoni s’entoure des illustrations de Chen
© Theatre Neneka
© Franck Gervais
Animale
© Claude Journu
Le petit chaperon
en
sweat rouge
Une fable construite comme un jeu vidéo, revisitée
par D’ de Kabal avec des artistes phare de la scène
musicale, aux rythmes du rap et du human beat box.
Un petit chaperon rouge qui sort du bois pour
découvrir le monde urbain. À partir de 8 ans.
le 28 nov
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Un curieux petit ballet de la chorégraphe Nathalie
Pernette, à voir en famille dès 3 ans. La chorégraphe
partage la scène avec des souris. Des petites bêtes
qui se font danseuses pour l’occasion accompagnant
un personnage tout de noir vêtu dans son repaire.
Pour ceux qui aiment jouer à avoir peur, une pièce
fascinante, insolite et troublante à la fois.
© Christophe Raynaud de Lage
le 7 déc
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
le 16 nov
Théâtre de la Licorne, Cannes
04 97 06 44 90
www.madeincannes.com
entre l’homme et l’animalité et s’intéresse pour sa
dernière création au loup, objet de mythes et de
fantasmes. La chorégraphe associe sa danse aux arts
numériques et interroge le spectateur sur sa propre
sauvagerie. À partir de 12 ans.
Jean-Michel Rabeux adapte le conte de Charles
Perrault pour une version cabaret espiègle et
parodique, où la Barbe Bleue devient un seigneur
«bling-bling» qui tombe amoureux d’une jeune
épousée plus aimante que farouche. À voir en famille,
l’humour de Rabeux convenant à tous !
le 5 déc
Théâtre la Passerelle, Gap
04 92 52 52 33
www.theatre-la-passerelle.eu
adapte la tragicomédie de William Shakespeare pour
10 marionnettes, 6 acteurs, 1 narrateur et un chœur.
Autour de Léonte et Polixène, l’animé et l’inanimé, le
réel et l’illusion fusionnent.
La
peur du loup
Nathalie Pernette continue d’explorer les rapports
le 14 déc
Théâtre la Passerelle, Gap
04 92 52 52 33
www.theatre-la-passerelle.eu
le 21 nov
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Le
conte d’hiver
Nouvelle création de la compagnie Arketal qui
45
les 11 et 12 déc
Théâtre la Passerelle, Gap
04 92 52 52 33
www.theatre-la-passerelle.eu
Owa, quand le ciel
s’ouvre…
Artefact nous entraine dans un voyage en terres
africaines avec un conte initiatique mêlant jeu, danse,
chants et percussions. Des interprètes virtuoses
explorent des territoires ancestraux où magie et
cosmogonie participent à nourrir une autre lecture
du monde.
du 28 au 30 nov
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
AU PROGRAMME
JEUNE PUBLIC
Contralto vs contre-ténor Madama Butterfly
Léda Atomica Musique présente Les Voix citoyennes,
pièce musicale chantée et racontée par Marie Démon
et Alain Aubin : «de leur enfance prolétaire à leur vie
d’artistes impliqués» (mise en jeu Ziza Pillot).
MARSEILLE. Les 16 et 17 nov à 20h30.
61-63 rue St-Pierre
04 96 12 09 80
Nuits pianistiques
Michel Bourdoncle © X-D.R.
Un rendez-vous traditionnel, donné aux amateurs de
claviers par Michel Bourdoncle et l’équipe du festival
automnal. Cette saison, la série de concerts s’appuie
sur le Concerto n°12 de Mozart, avec Alexandre Lory
et l’Orchestre de Chambre de Chisinau
TRETS. Le 16 nov à 20h30. Salle du Casino
SAINT-CANNAT. Le18 nov à 17h30.
Salle Yves Montand
Mais aussi, au fil des récitals, des pièces avec flûte
(Marie Laforge) du même Mozart, l’orgue
de Chantal de Zeeuw
AIX. Le 17 nov à 19h. Cathédrale St-Sauveur
Haydn et son Concerto en ré majeur, Bach (BWV
1056), Chopin pour les deux siens, Mendelssohn…
PUYLOUBIER. Le 21 nov à 20h30. Salle des fêtes.
Entrée libre
Une manifestation qui s’achève en apothéose
dans un programme où l’on découvre les Bourdoncle
(père & fils), augmenté des Concertos pour deux
claviers BWV 1060 & 1062 du Kantor.
MARSEILLE. Le 23 nov à 21h. Théâtre Toursky
Du 16 au 23 nov
06 16 77 60 89
Programme complet sur www.lesnuitspianistiques.com
Festival suite & fin
Le Festival barocco-classique, initié par Jeanine Imbert (Conseillère Municipale Déléguée à l’Opéra, au
Festival de Musique Sacrée et au Conservatoire National à Rayonnement Régional de Marseille), se poursuit
en mettant à contribution les forces vives de la vie
musicale locale. On entend des associations étonnantes, trio de chambre, Chorale Maîtrisienne & Orchestre
de Plectres du CNRR (16 nov), les Organistes & l’Ensemble d’Accordéons du CNRR autour de Bach &
Piazzolla (18 nov), les Tambourinaires (André Gabriel)
& l’Orchestre Symphonique II du CNRR (23 nov). Le
concert de clôture affiche une Symphonie rare de
Kozeluch pour Piano (Nathalie Lanoé), Trompette
(Thierry Amiot), Contrebasse/Violoncelle (Manfred
Stilz), Mandoline (Vincent Beer-Demander) et l’Orchestre de Chambre du CNRR dirigés par Philip Bride
(25 nov).
8e Festival de Musiques Baroques
et Classiques de Marseille jusqu’au 25 nov
MARSEILLE. Concerts à 20h30
sauf dimanches à 16h en entrée libre
Église St-Michel
04 91 14 66 76
© C. Dresse - Opera de Marseille
Un opéra mélo à l’exotisme japonisant signé Puccini ! La
jeune geisha Cio-Cio-San (Adina Nitescu) est abandonnée par Pinkerton (Arnold Rutkowski) son lieutenant
américain de mari, qui ignore l’existence d’un enfant né
de ces amours passagères… Attente stérile, accents
lyriques poignants, et suicide rituel au programme du
chef-d’œuvre (dir. Giuliano Carella).
TOULON. Les 16, 20 et 22 nov à 20h
et le 18 nov à 14h30. Opéra
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Voix d’enfants
Une livre de musique, causerie musicale, animée par
Lionel Pons, accompagnée de lectures de romans :
«une rencontre autour de la voix d’enfant dans toute sa
palette expressive», prélude au concert des Petits
Chanteurs de la Major (voir 8 déc).
MARSEILLE. Le 17 nov à 16h. Alcazar Salle de conférence
04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Quatuor Debussy
© Bernard Benant
Les quatre cordes jouent Bach, Piazzolla, Thierry Pecou,
Beethoven et Mozart.
ISTRES. Le 17 nov à 20h30. Théâtre de l’Olivier
04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr
Le Barbier de Séville
L’Opéra de Rossini, d’après Beaumarchais, dans sa version en français. Mise en scène de Jean-Jacques
Chazalet et direction musicale Bruno Membrey.
MARSEILLE. Les 17 et 18 nov à 14h30.
Théâtre de l’Odéon
04 96 12 52 70 www.marseille.fr
C.N.I.P.A.L
Récitals lyriques des jeunes chanteurs du Centre National d’Artistes Lyriques, prestigieuse école phocéenne.
AVIGNON. Apér’Opéra le 17 nov à 17h
et le 15 déc à 11h. Foyer Opéra
04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
TOULON. L’heure exquise le 21 nov à 19h. Foyer Opéra
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
MARSEILLE. L’heure du thé du 12 au 14 déc à 17h15.
Foyer Opéra. Entrée libre réservation
CNIPAL 04 91 18 43 18
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AU PROGRAMME
46 MUSIQUE
Marie-Josèphe Jude
La pianiste joue (et enregistre en public pour le label
Lyrinx) l’intégrale des Nocturnes de Chopin.
MARSEILLE. Le 19 nov à 20h. La Criée
04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Electroacoustique
La Cité de la Musique ne pouvait fêter ses vingt ans
sans un clin d’œil à l’électroacoustique, esthétique sonore qui enrichit régulièrement sa programmation
(MIM ou Acousmonautes). Un film documentaire sur
la compositrice Eliane Radigue est suivi d’une
diffusion d’œuvres du genre.
MARSEILLE. Le 20 nov à partir de 18h15.
Cité de la Musique Auditorium
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Clavecin
Jean-Paul Serra joue des musiques de Scarlatti,
Muffat et Balbastre.
AIX. Le 22 nov à 12h30 et 18h30.
Musée des Tapisseries
Fnac 08 25 02 00 20
09 51 16 69 59 www.baroquesgraffiti.com
Wu-Wei Vivaldi
Les Quatre Saisons revisitées par les musiciens du Balkan Baroque Band (dir. Jean-Christophe Frisch), des
acrobates chinois effectuant leurs arabesques sur un
argument de Yoann Bourgeois (mise en scène) et Marie
Fonte.
MARSEILLE. Les 22, 23, 24 nov à 20h. La Criée
04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Anniversaire
La Cité de la Musique fête ses 20 ans en compagnie
des groupes Mezdj (Musiques et chants du pourtour
méditerranéen) et Shelta (Musique irlandaise). Un
anniversaire qui se poursuit «around midnight» par
un «melting pop d’artistes qui s’invitent sur la scène et
dans le hall…» ! Et des musiques «à danser pour le bal» !
MARSEILLE. Le 23 nov à partir de 18h.
Cité de la Musique
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Laure Favre Kahn
La pianiste joue le Concerto en fa de Gershwin en compagnie de l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de
Toulon (dir. Ariane Matiakh) qui interprète également la Suite symphonique Billy the Kid de Copland,
dans le cadre d’Orchestres en fête.
HYÈRES. Le 24 nov à 20h.
Auditorium du Casino des Palmiers
Concerts des Orchestres d’Harmonie (17h)
et Symphonique (18h30) du Conservatoire de Toulon.
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Café Zimmermann
L’ensemble baroque joue Bach.
AUBAGNE. Le 24 nov à 21h. Théâtre Comoedia
04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Poliuto
Un opéra de Donizetti, écrit à partir du Polyeucte de Corneille, plus très souvent joué, mais où les voix triomphent !
Poliuto (1848) est donné en version concertante avec
une formidable soprano, reine du belcanto : Daniella
Dessi. Alain Guingal dirige une belle distri-bution,
l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra.
MARSEILLE. Les 24, 27, 29 nov
et le 2 déc à 14h30. Opéra
04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Journée Quatuors
À l’issue du Festival de Quatuors en Pays de Fayence et
d’une grande intégrale Beethoven, ils viennent d’annoncer leur retraite, pour 2014, à l’occasion du 30e
anniversaire de leur formation : le Quatuor Ysaÿe ! On
les retrouve l’après midi (à 15h) dans Haydn, Franck
et… Beethoven ! Auparavant (à 11h) c’est le jeune Quatuor Varèse qu’on aura entendu dans de grands
classiques de Haydn (toujours), Janacek et Debussy.
ARLES. Le 25 nov. Méjan
04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Vents et Marine
La Musique des Équipages de la Flotte pour un rendez-vous traditionnel du port varois !
TOULON. Le 25 nov à 14h30. Opéra
Entrée libre sans réservation.
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
La Traviata
Une belle Dame aux camélias, émouvante et sensible,
forte et désespérée, mourante et éternelle, que cette
Violetta «dévoyée» jouée par la Ciofi ! L’amoureux
Alfredo est chanté par Ismaël Jordi quand le père
censeur s’incarne dans le baryton de Marc Barrard. La
mise en scène est signée par Nadine Duffaut et les
musiciens sont dirigés par Luciano Acocella.
AVIGNON. Le 25 nov à 14h30, les 28 nov
et 1er déc à 20h30. Opéra-Théâtre
04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
À la rencontre de l’opéra, projection commentée en
partenariat avec la vidéothèque d’Art lyrique de la Cité
du Livre-Bibliothèque Méjanes : des scènes nocturnes
tirées de Norma, Turandot, Aïda…
MARSEILLE. Le 27 nov à 17h. Alcazar Salle de conférence
04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Violon & piano
Yossif Yvanov, formidable virtuose, adepte du Stradivarius, joue en compagnie de Javier Perianes (piano)
des Sonates de Mozart, Beethoven et Ravel…
MARSEILLE. Le 27 nov à 20h. Auditorium de la Faculté
de Médecine www.musiquedechambremarseille.org ou
Espace Culture 04 96 11 04 60
Yossif Ivanov © Eric Larrayadieu-Naive
Christelle Abinasr
La pianiste joue Debussy (Images, L’Isle joyeuse),
Ravel (Gaspard de la nuit) et Les Caractères, création
de Florent Gauthier.
MARSEILLE. Le 29 nov à 19h30.
Le Med’s, 12 rue St-Jacques
09 81 61 19 08 www.lemeds.com
Trio de chambre
Après Café Zimmermann dans L’Estro Armonico de
Vivaldi (enregistrement sur le plateau du GTP du 10 au
14 nov et concert à l’abbaye le 15 nov dans la foulée),
on entend un programme de musique de chambre joué
en trio par Philip Bride (violon), Daniel Catalanotti
(cor) et Bruno Rigutto (piano).
MARSEILLE. Le 29 nov à 20h. St-Victor
46ème Festival de Saint-Victor
04 91 05 84 48 www.chez.com/saintvictor
Musiques en Cité(s) 1
Les Sonates pour piano (Bruno Robillard) et violon
(Agnès Pyka) de Debussy et Franck et la 3e Sonate de
Grieg.
MARSEILLE. Le 30 nov à 20h. Bastide de la Magalone
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Ensemble Des Équilibres 06 11 16 87 21
Quatuor Prazak
Les fameuses cordes tchèques jouent Haydn, Borodine
et Beethoven.
AVIGNON. Le 30 nov à 20h30. Opéra Théâtre
04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
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FRÉJUS. Le 24 nov à 20h et le 25 nov à 15h.
Théâtre Le Forum
04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com
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©X-D.R.
L’opéra de Bizet mis en scène par Roberta Mattelli,
dirigé par Martin Mázik avec les Solistes et Chœurs de
la Compagnie Lyrique OPÉRA 2001.
Ode à la lune
47
La Folle Criée
Trio Wanderer © Marco Borggreve
Une journée de concerts, en partenariat avec le
Festival de La Roque d’Anthéron ! Depuis 1995 et la
création de la Folle Journée à Nantes par René Martin,
la manifestation se décline partout dans le monde…
et à Marseille (enfin). Onze concerts de 45 minutes,
en rafales, à priser en famille du Grand au Petit Théâtre ! Dans un programme classique centré sur Mozart
et Haydn, on entend, en alternance, le Quatuor Modigliani, le Trio Wanderer, les pianistes Iddo Bar-Shaï
et Abdel Rahman El Bacha, la clarinettiste Sabine
Meyer et la violoniste Ye-Eun Choi.
MARSEILLE. Le 1er déc de 13h30 à 22h30. La Criée
04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Invite à la Valse
L’opérette retrouve l’Alcazar, une mise en bouche avant
Valses de Vienne de Strauss (père & fils) donnée au
théâtre municipal de l’Odéon. «Rencontre en musique
avec les chanteurs, les gens de scène» et des viennoiseries musicales familières !
MARSEILLE. Le 1er déc à 17h.
Alcazar - Salle de conférence
04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Mariella Devia
La soprano interprète le grand répertoire italien de
Bellini, Donizetti et Verdi, avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir. Alain Guingal).
MARSEILLE. Le 1er déc à 20h. Opéra
04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Week-end Chaplin
Dans le cadre du 150e anniversaire de l’Opéra de Toulon et la 8e édition de Festival International des
Musiques d’Écran, la toile descend des cintres sur la
scène lyrique. On projette des muets : La Ruée vers l’or
(1925) et Le Cirque (1928). L’Orchestre, dans la fosse,
dirigé par Timothy Brock, joue les musiques originales composées par Chaplin lui-même. En première
partie, deux courts métrages sont illustrés par des
musiques créées et dirigées par un jeune Toulonnais :
Hugo Gonzales-Pioli.
TOULON. Le 1er déc à 20h & le 2 déc. à 14h30. Opéra
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
AU PROGRAMME
Carmen
MUSIQUE
Les pianistes de l’école aubagnaise autour de Bernard
d’Ascoli.
AUBAGNE. Le 2 déc à 17h. Théâtre Comoedia
04 42 18 19 88 www.aubagne.fr
Trio Mescolanza
Des musiques anciennes, instrumentales et vocales,
de Dufay à Monteverdi…
AURIOL. Le 2 déc à 17h30. Église
06 09 24 16 52
Istambul
Jordi Savall et Hespèrion XXI dans des musiques traditionnelles sépharades et arméniennes.
MARSEILLE. Le 4 déc à 20h. La Criée
04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
En partenariat avec Marseille Concerts
www.marseilleconcerts.com
M.I.M.
Le Laboratoire Musique Informatique de Marseille
présente des opus de Nicolas Bauffe, Claude Moreau,
Philippe Festou et Jean-Pierre Moreau. Avec Guillaume Lavergne (claviers & percussions) et Laurent
Augier (basse & percussions).
MARSEILLE. Le 6 déc à 20h30.
Cité de la Musique Auditorium
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Nicholas Angelich
Le pianiste joue le Concerto n°17 de Mozart quand
l’Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence
(dir. Samuel Jean) interprète la 3e Symphonie Ecossaise de Mendelssohn.
AVIGNON. Le 7 déc à 20h30. Opéra Théâtre
04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
© Stephane de Bourgies
David Kadouch
Le jeune pianiste joue le Concerto en sol de Ravel avec
l’Orchestre Philharmonique de Marseille qui interprète aussi Mendelssohn : Songe d’une nuit d’été,
Symphonie n°5, Réformation.
MARSEILLE. Le 7 déc à 20h. Auditorium du Pharo
04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Cédric Tiberghien
Le pianiste français joue le Concerto n°21 de Mozart,
quand l’Orchestre Symphonique de l’Opéra (dir.
Jurjen Hempel) joue la 4e symphonie de Beethoven
et un opus d’Eric Tanguy : Incanto (2001).
TOULON. Le 7 déc à 20h30. Opéra
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Chœur & Ballet
Voix chorales et Pas de deux par les artistes de l’Opéra
Théâtre d’Avignon.
VEDÈNE. Le 7 déc à 20h30. Salle Bardi. Entrée libre
04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
Cuivres et piano
Dans le cadre de la saison de musique de chambre de
l’Opéra de Marseille, Julien Desplanque (cor), Anthony Abel (trompette), Julien Lucchi (trombone)
et Vladik Polionov (piano) jouent des arrangements
de Chostakovitch (Jazz Suite n°1) ou Offenbach, une
Sonate de Poulenc un Andante de Richard Strauss…
MARSEILLE. Le 8 déc à 17h. Foyer Opéra
04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Concert de Noël
Les petits chanteurs de la Major dans Bach, Bizet,
Rutter et des chants traditionnels.
MARSEILLE. Le 8 déc à 18h.
Alcazar - Salle de conférence
04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Florilège Bach
Les Musiciens du Louvre Grenoble (dir. Thibault
Noally) et l’alto solo Delphine Galou interprètent des
Concertos et Cantates du Kantor de Leipzig.
MARTIGUES. Le 8 déc à 20h. Théâtre des Salins
04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Centenaire
L’Harmonie Municipale d’Aix-en-Provence (dir. Alain
Genre-Jazelet) fête ses 100 ans en 2012 ! Elle invite
pour l’occasion les anciens musiciens (devenus pros)
pour une création de Julien Joubert sur un livret de
Véronique Leray.
AIX. Le 8 déc à 20h30. GTP
08 2013 2013 http://centenaire.hmap.fr
Valses de Vienne
Un montage créé en 1933 à partir des airs les plus célèbres des Strauss père & fils : du Beau Danube bleu à
la Marche de Radetzsky (mise en scène de Jack Gervais et direction musicale Bruno Conti).
MARSEILLE. Les 8 et 9 déc à 14h30. Théâtre de l’Odéon
04 96 12 52 70 www.marseille.fr
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Piano Cantabile
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AU PROGRAMME
48 MUSIQUE
Dessay chante Legrand
La soprano Natalie Dessay interprète les grands classiques de Michel Legrand (l’octogénaire himself au
piano !) : Les Demoiselles de Rochefort, Les Parapluies
de Cherbourg, Peau d’âne… Un récital exceptionnel,
augmenté d’un trio harpe, basse, batterie.
AVIGNON. Le 8 déc à 20h30. Opéra Théâtre
04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
MARSEILLE. Le 10 déc à 20h. Opéra
04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
Matin sonnant
Fruit de la collaboration de l’Opéra de Marseille et du
GMEM, les Matins Sonnants proposent un Concert
pour voix seule (la soprano Raphaële Kenedy) et électronique (Charles Bascou) : des opus modernes de
Kaija Saariaho, Philippe Leroux, Pierre-Adrien Charpy
et Robert Pascal.
MARSEILLE. Le 9 déc à 11h.
Foyer Opéra
04 91 55 11 10
http://opera.marseille.fr
Le Roi du Bois
Un opéra parlé (texte de Pierre Michon et musique
Michèle Reverdy), mis en scène par Sandrine Anglade, avec Jacques Bonnafé (récitant) et le Quatuor
Varèse.
ARLES. Le 9 déc à 11h. Méjan
04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Le Messie
Dans le cadre des Nuits de l’Avent, l’oratorio de
Haendel est dirigé par Jean-Christophe Gauthier.
AVIGNON. Le 9 déc à 17h. Opéra Théâtre. Entrée libre
04 90 82 42 42
www.opera-avignon.fr
Voix de Phocée
Le Chœur dirigé par Jean-Emmanuel Jacquet chante
une Messe de Minuit de Charpentier et le Gloria de
Vivaldi.
PELISSANE. Le 9 déc à 17h. Église
www.vdphocee.free.fr
Clôture
Le 46e Festival de Saint-Victor s’achève par un
concert offert par les artistes : le Chœur Aurélia,
dirigé par Isabelle Andréa, accompagné à l’orgue par
Jean-Pierre Lecaudey, chante de la musique sacrée
de Vivaldi (Credo, Gloria, Magnificat…).
MARSEILLE. Le 9 déc à 18h.
St-Victor. Libre participation
04 91 05 84 48
www.chez.com/saintvictor
C Barré
Le G.M.E.M. invite l’ensemble dirigé par Sébastien Boin
dans la nouvelles salle de concerts de la rue Grignan.
Au programme, trois créations signées Miguel Gálvez
Taroncher, Saed Haddad et Félix Ibarrondo.
MARSEILLE. Le 11 déc à 20h. Salle Musicatreize
04 91 00 91 31 www.musicatreize.org
© Julia Wesely
La jeune pianiste joue Liszt (Sonate en si), Chopin
(Scherzi) et Stravinsky (Petrouchka).
AVIGNON. Le 11 déc à 20h30.
Opéra Théâtre
04 90 82 42 42
www.opera-avignon.fr
Noëls provençaux
C’est autour de deux œuvres : Nativité de JésusChrist, Noël de Campra (recréé par les Festes
d’Orphée l’an dernier) et un Magnificat des Noëls
de Mr de Dupertuys que l’ensemble de Guy Laurent
invite aux réjouis-sances musicales issues de
Provence.
AIX. Le 12 déc à 20h30. T
emple, rue de la Masse
04 42 99 37 11 www.orphee.org
Noël & création
L’Orchestre Philharmonique de Marseille donne
son traditionnel Concert de Noël : on entend des
Ouvertures célèbres d’opéras de Rossini, mais aussi
une création d’un compositeur marseillais Florent
Gautier : Songe de Neptune. Avec Alain Geng
(clarinette), Jean-Louis Beaumadier (flûte) dirigés
par Fabrizio Maria Carminati.
MARSEILLE. Le 13 déc à 20h30.
Église St-Michel. Entrée libre
04 91 55 11 10
http://opera.marseille.fr
Noël de l’Oural
Le Chœur de chambre de l’Oural interprète, pour
le temps de Noël, les Vêpres de Rachmaninov.
TOULON. Le 13 déc à 20h30.
Église St-Jean Bosco
04 94 18 53 07
www.festivalmusiquetoulon.com
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Kathia Buniatishvili
Surprise de l’Avent
Poésie, musique, textes et mystère pour ce concert
«surprise» des Bijoux Indiscrets (dir. Claire Bodin)
avec Véronique Dimicoli (récitante).
TOULON. Le 14 déc à 19h.
Foyer Opéra
04 94 92 70 78
www.operadetoulon.fr
Musiques en Cité(s) 2
La Sonate pour piano (Bruno Robillard) et violon
(Agnès Pyka) de Poulenc, une de Mozart (KV 373)
et la 1ère Sonate de Schumann.
MARSEILLE. Le 14 déc à 20h.
Bastide de la Magalone
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com/
Ensemble Des Équilibres
06 11 16 87 21
Folle Nuit
René Martin déroule son concept «fou» à Nîmes
avec Anne Queffelec, les sœurs Bizjak (piano), le
Quatuor Modigliani.
NÎMES. Le 15 déc à partir de 15h.
Théâtre
04 66 36 65 00
www.theatredenimes.com
Duo Bizjak © Carole Bellaiche
Rencontre Rossini
La bibliothèque municipale propose une rencontre
avec les artistes de l’Italienne à Alger, opéra de
Rossini représenté à l’Opéra autour du Nouvel-an.
MARSEILLE. Le 15 déc à 17h. Alcazar. Entrée libre
04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr
Jeux d’enfants
Piano à quatre mains : Marie-Josèphe Jude &
Michel Beroff dans la Petite suite de Debussy, Jeux
d’enfants de Bizet, Dolly de Fauré et Ma Mère l’Oye
de Ravel. For childrens !
MARSEILLE. Le 15 déc à 20h. La Criée
04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Concert enregistré en direct par le label Lyrinx
04 42 59 69 00
www.casinoaix.com
Théâtre et Chansons : Et toi, tu marcheras dans le
soleil… (16 et 18/11), Cecilem… le cinéma ! (1 et 2/12),
Juste des chansons d’Etienne Luneau (8/12), Milo Jojo
et Domino (9/12)
04 42 27 37 39
www.theatre-et-chansons.com
ARLES
Cargo de nuit : The Bewitched Hands (15/11),
Zoufris Maracas (17/11), Naive New Beaters (23/11),
Balthazar + Miss Parker (24/11), Paul Personne
(30/11), Everan Tusk + Waterllillies (7/12)
04 90 49 55 99
www.cargodenuit.com
AUBAGNE
Escale : Cyril Achard + Laure Donnat + Lilian Bencini
(15/11), Tremplin BuzzBooster (23/11), Maniacx +
Lenox + M6K (24/11), The Magnets (29/11)
04 42 18 17 18
www.mjcaubagne.fr
AVIGNON
AJMI : Guillaume Seguron trio (16/11), Sarah Murcia
(23/11), Jazz Story #2 «Les Chanteurs de Jazz»
(29/11), Kevin Norwood 4tet & Collapse (30/11), «Jazz
en Scènes» Laurent Mignard Pocket 4tet & Verona
(7/12), Jam Session #3 (13/12)
04 90 860 861
www.jazzalajmi.com
Chien qui Fume : Manu & Co quintet aux «Amoureux
de la Scène» (30/11)
04 90 85 25 87
www.chienquifume.com
Opéra théâtre : Concert gratuit du DJ Etienne de
Crécy au Forum d’Avignon (16/11)
04 90 82 42 42
www.forum-avignon.org
Passagers du Zinc : Izia + Phyltre (17/11), Les Ogres
de Barback + Didier Super (24/11), Disiz + Nemir (30/11),
Pauline Croze + Fleur (1/12), Buridane + Théodore
Paul & Gabriel (7/12), Revolver + Redeye (8/12)
04 90 89 45 49
www.passagersduzinc.com
Cours de l’UDAF : Soirée «Action jeunes» avec
Manouchka (27/11)
04 90 85 14 60 www.udaf84.org
BERRE L’ETANG
Forum de Berre : Antonio Zambujo (22/11)
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
BRIANÇON
Théâtre du Briançonnais : Pss Pss (16/11), Les
Joyeux urbains (7/12)
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
CARPENTRAS
Espace Auzon : Luis de la Carasca So ando Flamenco
(17/11)
04 90 86 60 57
www.alhambra-asso.com
CAVAILLON
Scène Nationale : Kery James (12/12)
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
CHÂTEAU-ARNOUX
Théâtre Durance : Térez Montcalm (1/12)
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE
Akwaba : Bumcello + Armelle Ita (14/11), Ottilie B
(22/11), Tremplin régional Trempolino (24/11),
Dizzylez + L’Orchestre des Pas Musiciens (29/11),
Mardi Gras BB (17/11), Manimal + The Arrs + Kombur
+ Dead Side (1/12), Sebastian Sturm + Joe Pilgrim +
Adama Cissoko et les Blakoros + Korodjo (8/12)
04 90 22 55 54
www.akwaba.coop
CORRENS
Le Chantier : Rocio Marquez à Camps-la-Source (17/11)
04 94 59 56 49
www.le-chantier.com
DRAGUIGNAN
Théâtres en Dracénie : Imany (7/12)
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
ISTRES
L’Usine : Bumcello (15/11), Coverslave Tribute to Iron
Maiden (17/11), Rachida Brakni + Daniel Darc (23/11),
Nadau (24/11), John Mayall (6/12), Arthur H (7/12)
04 42 56 02 21
www.scenesetcines.fr
LA GARDE
Théâtre du Rocher : World Kora Trio (27/11), Le Golden Gate Quartet (12 et 13/12)
04 94 08 99 34
www.ville-lagarde.fr
LA VALETTE-DU-VAR
Marélios : La Face Cachée des Sous-Bois (30/11)
04 94 23 62 06
www.lavalette83.fr
LE PRADET
Espace des Arts : Festival de Zik Jeune public avec
The Wackids (28/11), Une histoire du rock (30/11),
Concert debout (1/12), Berlin-Paris-New York (4/12)
04 94 01 77 34
www.le-pradet.fr
LE THOR
Sonograf’ : Deitra Farr (21/11), Nico Wayne Toussaint
(29/11)
04 90 02 13 30
www.lesonograf.fr
MARSEILLE
Cabaret Aléatoire : The Rasmus (19/11), Hugh Coltman
(22/11), Big Sean (23/11), Watcha Clan + Dj Click +
MPS Pilot Dj set (24/11), The Beatnuts (28/11), Sallie
Ford (5/12), Concrete Knives + Rewitched Hands
(7/12), Concert pour enfants et ados avec Scratch
Bandits Crew (12 et 13/12), Da Cruz & Hugo Mendès
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AIX
Pasino : Julien Clerc (23/11), Trabucco (26/11)
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AU PROGRAMME
50 MUSIQUE
& RKK(14/12), Los Negros Soundsystem & DJ Terror
(15/12)
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
Caravelle : Duo Compaoré Hosdikian (16/11)
0491 90 36 64
www.lacaravelle-marseille.com
Cité de la Musique : Joyfarha, chants croisés
(16/11), Tambor y canto : Quinteto Sedano (17/11),
Paris Odessa (29/11), Les Artisans du monde (30/11),
Argh-o-Mim (6/12), Foliphonies avec Christian Eloy
(10/12) Aline de Lima & Duo Luzi-Nascimento (13/12)
04 91 39 28 60
www.citemusique-marseille.com
Cri du Port : Pierre de Bethmann 4tet (15/11), Manuel
Rocheman & Olivier Ker Ourio (22/11), «Jazz en Scènes»
EYM trio & Opus Neo 1 (6/12)
04 91 505 141
www.criduport.fr
Dan Racing : Jetlag (16/11), Shake it up (17/11), The
Dirty Salopards (23/11), Pistol Packin Mama (24/11),
Bangus (30/11), Gone with the wild (1/12), Le pape
and the cardinals + Rotorhead (7/12)
06 09 17 04 07
http://guitarjacky.free.fr
Dock des Suds : Midnight in Marseille avec Kavinsky,
Fukk off, Traxx dillaz, Distropunx dj set (10/11)
04 91 99 00 00
www.dock-des-suds.org
Espace Julien : Tremplin Emergenza (15 et 23/11),
An Café (17/11), GiedRé (21/11), Les Rencontres
d’Averroès avec Emel Mathlouthi et Djazia Satour
(24/11), Revolver (28/11), Eiffel + Phoebe Killdeer
(30/11), Disiz (1/12), Rim’k (7/12), Arno (11/12)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
Latté : Duo Compaoré-Hosdikian (14/12)
09 82 33 19 20
www.lattemarseille.com
Le Perroquet Bleu : Apér’ok DJ MDI (22/11), Full Prints
Jazz (23/11)
www.le-perroquet-bleu.com
Nomad Café : Ceux qui marchent debout (16/11),
Big Buddah + Bibi Tanga and the Selenites (23/11)
04 91 62 49 77
www.lenomad.com
La Meson : Tram des Balkans (16/11), Tablao Flamenco la Fabia & Joel Miranda (17/11), Catherine
Vincent (30/11), Philippe Forcioli (1/12), Jacques Mandréa «Les gens de Ghioggia» (2/12), Bacanada (7/12),
Tablao Flamenco la Torito (8/12), Cotton Candies (21/12)
04 91 50 11 61
www.lameson.com
Le Dôme : Sexion d’Assaut (16/11), Scorpions (22 au
30/11), M. Pokora (7/12)
04 91 12 21 21
Le Moulin : School is cool (14/11), Mina Tindle (16/11),
Oxmo Puccino (24/11), Superbus (7/12), Imany (8/12)
04 91 06 33 94
www.lemoulin.org
Le Paradox : Gainsbourg confidentiel (14/11), Fest
Bresil 2012 (15/11), Drunk Souls (17/11), Ahmad Compaoré & Friends (1/12)
04 91 63 14 65
www.leparadox.fr
Le Poste à Galène : Electro Deluxe (16/11), Daguerre
(17/11), Kas Product (23/11), Charlotte Marin (24/11),
Zoufris Maracas (20/11), Monsieur Nov (1/12), The
Jim Jones Revue (4/12), Pyjama party (5/12), Buzz
Booster + Nemir (6/12), Inga Liljestrom (7/12), David
04 91 07 00 87
www.jazzaurouge.musikmars.com
Roll’ Studio : Trio Alain Fougeret (17/11), Trio Sylvain
Azard (24/11), Leotrio (8/12), Thierry Maucci duo
(15/12), Swinging Papy’s (22/12)
04 91 644 315 ou 06 86 728 396
www.rollstudio.fr
Le Silo : Melody Gardot (15/11), Mika (18/11), Hugues
Aufray (22/11), Harlem Swing (28/11), Do you speak
djembé (29/11), Brit Floyd (4/12), Christophe Willem
(5/12), Laurent Voulzy (12/12)
04 91 90 00 00
www.silo-marseille.fr
L’Embobineuse : Ulan Bator + Saturn Dogs (16/11),
Windmill Moth glue + The Lock + Roro (17/11), Numbers Not Names + Sole (22/11), Rudolf Eb.Er + Bryan
Lewis Saunders + Joachim Montessuis (23/11), Mombu
+ A band of Buriers (5/12), Tout de suite + Gendarmery + Dj Zorro du cul (7/12)
04 91 50 66 09
www.lembobineuse.biz
L’éolienne : Patricia Gaillard et Maria Simoglou (16/11), Esprit de Cordoue avec Françoise Atlan & Fouad Didi (15/12)
04 91 37 86 89
www.myspace.com/leolienne
Salle des Lices : «Les bas d’en haut» par le groupe vocal
Antequiem dirigé par Philippe Franceschi (18/11)
06 84 24 94 81
Station Alexandre : Descartes en Slam (23/11)
04 91 00 90 04
www.station-alexandre.org
MAUBEC
La Gare : Crane Angels + Nunna daul isunyi (16/11),
Spain (28/11), Mazalda (7/12)
04 90 76 84 38
www.aveclagare.org
NIMES
Paloma : Electric Electric (14/11), Izia (16/11), Ez3kiel
Extended (17/11), Rodrigo y Gabriela (19/11), Ty
Segall (21/11), Youssoupha + Oxmo Puccino + Sola +
Criolo + Nemir + Crew Peligrosos (23/11), José Mercé
(24/11), 43e Chicago Blues Festival (27/11), Local
Heroes #3 (30/11), Revolver + Sallie Ford & The
Sound outside (6/12), Stephan Eicher (6/12), Dub to
Drum #3 (7/12), Fills Monkey (12/12)
04 11 94 00 10
www.paloma-nimes.fr
Théâtre de Nimes : Amore de Stephanie Marc (15 et
16/11)
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
OLLIOULES
Châteauvallon : Kery James (24/11), Jamaican
legends 2012 (30/11)
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
PERTUIS
Théâtre : Tsigane Tango (9/11)
04 90 79 73 53
SAINT-MAXIMIN
Croisée des Arts : Steve Waring (16/11), Ibrahim
Maalouf (23/11), Martine Ferreira hommage à Edith
Piaf (25/11), Buika (27/11), The Dodoz (1/12), le
Grand orchestre de Tango (8/12)
04 94 86 18 90
www.st-maximin.fr
SALON-DE-PROVENCE
Portail Coucou : M.A.G. + Scotch + Maleko & Striker
+ CSL + Muzzik + Propagande music + Cazaoui + Cri-mino
+ NRC + l2Lies (17/11), Alain Ortega (23/11), Président
Kingkong + The Elderberries (24/11), Scarecrow
(1/12), Jack Bon (8/12), Wishbone Ash (11/12)
04 90 56 27 99
www.portail-coucou.com
SETE
Scène Nationale : Claire Diterzi (29 et 30/11)
04 67 74 66 97
www.theatredesete.com
La SEYNE sur MER
Fort Napoléon - ArtBop : Hommage à Bill Evans Trio
PKP (16/11)
04 94 09 47 18
www.ot-la-seyne-sur-mer.fr
SIX-FOURS
Espace Malraux : Julien Doré (17/11), Brad Mehldau
trio (27/11), Revolver + Schiralli (29/11), Luz Casal (6/12),
le Soldat Rose (7/12)
04 94 74 77 79
www.espace-malraux.fr
TOULON
Midi Festival : MXDX avec Karakoé noise d’Arnaud
Maguet & Hifiklub au Musée d’Art de Toulon (7 et
8/11), Midi DJ’s + Glass Animals + Chris Cohen + Mac
Demarco au Crep des Lices (7/11), Midi DJ’s + Halls
Les Inovendables
La 6e édition du festival des musiques expérimentales
et innovantes, composé par Léda Atomica, continue
sa programmation particulièrement attachée aux voix
et accueille le 23 nov la comédienne chanteuse
Danielle Stefan dans Brèves et autres partitions
autour des conversations ordinaires de Jacques
Rebotier. Les 5 artistes-chanteurs de Radio Babel
Marseille prendront le relais pour chanter et raconter
a capella Marseille. Le 24 nov, le collectif des P’tits
sous l’eau rendra un hommage à Boby Lapointe et le
25, le jeune public pourra découvrir L’histoire de Petit
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Rouge : Ephémère Quintet (16/11), Nafas (22/11)
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04 91 47 57 99
www.leposteagalene.com
51
+ Glass Animals + Kindness à l’Opéra de Toulon (8/12),
Eye Scream au Barathym (7/12), L’Amateur + Laura +
Anticlimax au Barathym (8/12)
09 53 01 55 04
www.midi-festival.com
Oméga Live : Gnawa Diffusion (16/11), Bombino
(17/11), Festival de Zik jeune public (24/11 au 8/12)
avec Scratch Bandits Crew (7/12)
04 98 070 070
www.tandem83.com
Théâtre Liberté : Orchestre national de Barbès (15/11),
Charles Berling (6/12)
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
VELAUX
Espace NoVa : Corneille (23/11)
04 42 87 75 00
www.espacenova-velaux.com
VENELLES
Salle des Fêtes : Araïk Bartikian et l’Institut français
des instruments à vent (18/11), Versus (1/12)
04 42 54 93 10
www.venelles.fr/culture
VITROLLES
Moulin à Jazz : Denis Colin & La société des Arpenteurs (24/11), «Jazz en Scènes» De Los Ojos & Thisisa
Trio (8/12)
04 42 796 360
www.charliefree.com
Rural détour
Éviter le classicisme ronronnant ou encore la modernité élitiste de certaines formes de jazz, l’association
Luberon Jazz, par le biais de manifestations festives,
veut tisser du lien entre les générations. Avec une
série de 8 concerts itinérants, des ateliers musicaux
ainsi que des rencontres pédagogiques qui précèdent
les concerts, elle organise la 11e édition du Festival
Rural Détour. Une carte blanche est donnée au
saxophoniste François Corneloup, que l’on aura
l’occasion d’entendre en duo avec tantôt Franck
Tortiller, le talentueux vibraphoniste et ancien
directeur de l’Orchestre National de Jazz (ONJ) et le
contrebassiste Bernard Santacruz.
Cereste le 23/11 à 19h ; Lacoste le 24/11 à 20h30
Gargas le 25/11 à 15h; Bonnieux le 27/11 à 19h
Cavaillon le 28/11 à 17h30; St Pantaléon le 29/11
à 19h; St Saturnin-les-Apt le 1/12 à 19h; Lioux le
2/12 à 17h30
04 90 74 55 98
www.luberonjazz.net
Kerakoum
K, un conte musical raconté en human beat-box.
Changement de registre pour le dernier week-end avec
l’épopée tragique d’anarchistes illégalistes dans El
Kabaret suivie par la cornemuse experte de JeanClaude Gagnieux (le 30 nov). L’installation de Phil
Spectrum et le duo féminin rock guinguette techno
Bella Donna 9ch clôtureront la manifestation (le 1er
déc).
jusqu’au 1 déc
04 96 12 09 80
http://ledatomica.mus.free.fr
La compagnie Mémoires Vives présentera au théâtre
Armand un voyage poétique et musical entre
«Strasbourg-Marseille-Alger». Un voyage dans l’âme et
les mémoires, les rêves et les déchirures de la Kabylie,
de l’Algérie, de la France… de l’Algérance, sur les
textes de Salah Oudahar, Mohamed Benhamadouche,
Yacine Katem, Jean Amrouche, Jean Senac…
le 16 nov
Théâtre Armand, Salon-de-Provence
04 90 56 00 82
AU PROGRAMME
Lunch présente Chrysta Bell (8/12)
MUSIQUE
52 CINÉMA GARDANNE | LA NUIT DU COURT
Une fenêtre
ouverte sur
le monde
Il y a toujours quelque chose de militant dans l’art,
la volonté de montrer, de comprendre, de rendre
tangible aussi l’impalpable matière de la pensée.
Le cinéma, à la fois art et industrie culturelle,
endosse d’autant mieux ce caractère militant lorsqu’il se refuse aux compromissions du marketing
et de la fausse culture de masse. Le cinéma de
Gardanne en est un bel exemple, soutenu de manière indéfectible par la mairie, qui propose depuis
23 ans un Festival d’automne d’une remarquable
tenue, tant par la qualité des œuvres et leur éclectisme, que par leur présentation. Cette année
encore pour la 24e édition, 61 films, 21 en avantpremière, quatre invités présents, plus de 8 000
spectateurs, un succès qui ne se dément pas.
Clara Bouffartigue avec Tempête sous un crâne,
un long métrage documentaire sur l’enseignement
dans une classe de collège, offre une approche
sensible, pudique et juste du travail des équipes
éducatives et des enfants, avec une réflexion sur
l’acte d’enseigner, la construction de la relation
prof/élève, la transmission. Autre superbe film
documentaire (quasi ex aequo avec le premier
prix), Les invisibles de Sébastien Lifshitz (voir p.
56) marque d’une pierre blanche l’histoire du cinéma, puisque pour la première fois des hommes
et des femmes âgés se racontent, évoquent leur
vie homosexuelle avec une justesse du ton essentielle dans les débats qui se focalisent sur des
préjugés d’un autre temps, et des représentations
homosexuelles qui semblent s’arrêter au moins
de 35 ans… La condition de la femme est également évoquée dans une série de portraits, le superbe
film égyptien Les femmes du bus 678 de Moha-
Foxfire, confessions d’un gang de filles de Laurent Cantet
med Diab (voir Zib’46), le touchant et complexe
Une seconde femme de Umut Dag (Autriche),
enfin le sublime Syngue Sabour, Pierre de Patience de Atiq Rahimi, d’après le roman de Golshifteh
Faharani, qui interprète aussi le personnage
principal : cadrage de peintre, âme mise à nu, revendication d’exister en tant que personne pour
une jeune femme qui fut mariée au poignard de
son époux parti à la guerre… «Les hommes qui ne
savent pas faire l’amour font la guerre» dit-elle…
Quoi d’autre ? Des visions de l’enfance et de l’adolescence, avec le film d’animation d’une poésie à
la Prévert Jean de la Lune de Stephan Schech, tiré
de la BD d’Ungerrer ; Les enfants loups, Ame et
Yuki de Mamoru Hosoda, un conte réaliste qui
présente l’individu face à des choix de vie, ou le remarquable Couleur de peau : miel de Jung et
Laurent Boileau qui présente le problème de
l’adoption à partir de l’autobiographie de Jung, démarche originale avec des supports filmiques
différents, une quête de soi intelligente et sensible ;
11 Fleurs de Wang Xiaoshuai qui évoque par le
regard d’un petit garçon espiègle la révolution
culturelle chinoise.
Adolescence encore, mais atroce avec Despues
de Lucia de Michel Franco, ou le magnifique Foxfire, confessions d’un gang de filles de Laurent
Cantet, qui reçoit le prix du public, même si l’analyse politique manque de profondeur. Comédies
françaises aussi d’une belle tenue, comme Pauline détective ou Populaire ou l’inquiétant Dans la
maison. Trois films italiens, César doit mourir,
Mon père va me tuer de Daniele Cipri, une comédie grinçante, magnifiquement jouée, et le
merveilleux Piazza Fontana de Marco Tullio Giordana, sur le début des années de plomb en Italie,
qui rappelle un cinéma politique à la Costa Gavras.
MARYVONNE COLOMBANI
Le Festival d’automne s’est déroulé du 26 octobre
au 6 novembre au cinéma Trois Casinos
de Gardanne
La fête du court métrage
Initié par le CNC et l’Agence du court
métrage l’an dernier, Le jour le plus
Court a réuni plus de deux millions
de spectateurs dans 350 villes de
France et dans plus de 15 pays à
l’étranger ! Il est donc reconduit cette
année. Le 21 décembre, jour du
solstice d’hiver, le plus court de
l’année, et donc nuit la plus longue,
on pourra tous fêter le court métrage, soit le film de 1 à 59 minutes.
Quel court métrage ? De tout genre :
fiction, documentaire, animation,
expérimental, muet… dans une salle
de cinéma ou ailleurs, puisque professionnels du cinéma et cinéphiles
sont invités à organiser des projections, aidés par l’Agence du Court
Métrage qui met à disposition gratuitement un catalogue de 250 films,
dont les droits ont été acquis par le
CNC… Ainsi chacun peut inventer sa
nuit en utilisant un programme
préconstruit, ou concocter sa programmation propre, avec ou sans
emprunt au catalogue. L’an dernier
des projections ont ainsi eu lieu dans
des théâtres, des maisons de retraite et de quartier, des universités, un
centre commercial… Le but ? Faire
revivre le court métrage hors des
circuits et festivals spécialisés qui le
défendent âprement, mais sont fréquentés par des publics particuliers.
Car le court métrage, depuis Chaplin jusqu’aux cartoons, peut être
populaire, et il manque dans nos
salles aux premières parties transformées en tunnels de pub… Or le
court métrage, c’est aussi la voie
la plus naturelle pour apprendre le
métier, et devenir un grand. Et
comme la plupart des grands
cinéastes et acteurs ont débuté en
réalisant ou en jouant dans des
films courts, ils sont nombreux
à soutenir la manifestation en la
parrainant. C’est le cas de
Xavier Beauvois, Jamel Debbouze, Valérie Donzelli, Jean
Dujardin, Julie Gayet, Kyan
Khojandi, Aïssa Maïga, Firmine
Richard, Émilie Simon et
d’autres encore.
Dans le prochain Zibeline, vous
trouverez la programmation détaillée en région. Mais d’ici là,
programmateurs éventuels, d’un
soir ou de toujours, songez à vous
inscrire !
ANNIE GAVA
Le Jour le plus court
01 44 84 38 11
www.lejourlepluscourt.com
FIME | CINÉALMA
CINÉMA
53
Monstres and Cie
Ces œuvres sont accompagnées en direct par des
ensembles musicaux aussi variés qu’originaux
qui vont du piano, au jazz, à l’électro-pop, ou aux
Docteur Jekyll et Mr Hyde de John S. Robertson
Le Festival International des Musiques d’Écran
(FIME) offre depuis huit ans une série de cinéconcerts dans l’agglomération toulonnaise autour
d’une thématique précise. L’édition 2012 est
consacrée aux «monstres».
L’objectif principal de ce festival est de projeter
des films muets, et de susciter des créations musicales, souvent en décalage de ton, d’époque,
d’esthétique avec ces films dont un siècle les
séparent.
La plupart des spectateurs connaissent les titres
de ces films et plus vaguement les noms ou les
physionomies des acteurs principaux comme la
première version de l’adaptation de la célèbre
nouvelle de Stevenson Docteur Jekyll et Mr Hyde
par John S. Robertson qui permet d’admirer John
Barrymore, superbe acteur au regard ténébreux
dont la transformation en «monstre» est une
véritable performance technique pour l’époque.
Ces films témoignent également de l’importance
du thème du monstre dans le cinéma expressionniste allemand, caractéristique dans les décors
géométriques du Golem de Wegemer, dans l’opposition ombre/lumières du Nosferatu de Murnau
ou dans la théâtralisation des attitudes du Docteur Caligari de Wiene.
musiques électroniques. Certes, ces choix peuvent paraître très surprenants : un trio de jazz
pour suivre les aventures de Jekyll ? mais la communion entre l’image et le son est parfois réussie,
et toujours questionnante.
L’originalité s’inscrit également dans le choix des
salles de projection, qui peuvent être aussi bien
de petites salles municipales comme à Ollioules
ou Saint Mandrier n’accueillant qu’une centaine
de spectateurs dans une atmosphère plus
intimiste que l’Opéra de Toulon à la capacité de
1200 places dont l’orchestre permet de mesurer
l’épaisseur sentimentale de la partition composée
par Charlie Chaplin pour Le Cirque. Car le FIME
rappelle aussi qu’il n’y a pas si longtemps, le
cinéma aimait encore la musique symphonique,
et n’hésitait pas à commander des musiques
originales pour orchestre !
MIREILLE VERCELLINO
Le FIME s’est déroulé du 2 au 10 novembre
dans l’agglomération toulonnaise
Filmharmonia
06 52 738 734
www.filmharmonia.fr
Fragiles liens familiaux
Djeca, enfants de Sarajevo d’Aida Begic
Pour la 7e année, la ville de Carros et l’association
Cinéactions ont organisé Cinéalma : l’âme de la
Méditerranée. Ces rencontres proposent une
trentaine de films dont le point commun est
l’ancrage au bassin méditerranéen, films témoins
de l’énergie, de la vitalité et de la variété des
productions cinématographiques de ces pays qui
traversent des bouleversements politiques et
sociétaux. Chaque année un pays est à l’honneur,
et cette 7e édition rendait hommage à la Tunisie.
Si de nombreux thèmes étaient abordés, un
accent plus particulier était mis sur la famille.
Description sans concession des difficultés quotidiennes de deux orphelins dans Djeca, enfants
de Sarajevo d’Aida Begic, recherche entre Serbie
et Roumanie de leurs enfants respectifs par deux
pères déchirés dans Si la graine ne meurt pas de
Sinisa Dragin, souvenir d’un père dans le Palerme des années 70 dans E stato il mio figlio de
Daniele Cipri, rapports ambigus entre un patriarche et ses descendants dans Derrière la colline
d’Emin Alper…
À l’issue de la plupart des projections des rencontres ou des tables rondes avec les réalisateurs,
les acteurs, les scénaristes… apportent par certains éclairages une meilleure lisibilité des œuvres
proposées. Ainsi Fabio Cavalli, le metteur en
scène du Jules César de Shakespeare joué par
des détenus dans la prison de Rebbia à Rome et
filmé par les frères Taviani dans leur dernier long
métrage Cesare deve morire, Ours d’or au festival
de Berlin 2012, a expliqué son étonnement face à
la différence des conditions de détention en
France et en Italie où elles sont moins difficiles et
plus permissives.
L’espace culturel qui accueille cette manifestation
est situé dans un quartier très populaire ; le tarif
modéré des séances et la convivialité des buffets
permettent au plus grand nombre d’y accourir.
Ouverture culturelle qui renforce le lien social, et
prouve que la mixité sincère et chaleureuse est
possible !
M.V.
Cinéalma s’est déroulé
du 12 au 21 octobre à Carros
www.cinealma.fr
54
CINÉMA
CINÉMED
Tours,
détours
et retours
en Méditerranée
La Parade de Srdjan Dragojevic
Une 34e édition
Autre adaptation, celle du roman de Silvia Avalparticulièrement riche !
lone, qui raconte un moment de l’Italie, dans la
Une rétrospective Rossellini, ville sidérurgique de Piombino, en face de l’île
d’Elbe. Dans Acciaio, Stefano Mordini, à travers
la journée scénario avec
les yeux d’une adolescente, met en scène avec
finesse
la difficulté de vivre de la classe ouvrière,
Bruno Podalydès,
les aspirations de la nouvelle génération à autre
les hommages à Costachose que l’usine, le besoin d’amour, les interrogations de la société par rapport à la sexualité…
Gavras et Jalil Lespert,
Un film très réussi sur les relations humaines,
sociales, économiques.
la série de fictions et de
documentaires sur d’Algérie Retours sur le passé
Ancré également dans la fin d’une ère industrielle
et, bien sûr, les 43 films
et glorieuse, le premier long métrage de Brahim
en compétition et 40 films Fritah, Chroniques d’une cour de récré, inspiré de
ses souvenirs d’enfance, nous entraîne à Pierreen panorama.
fitte-sur-Seine, dans les années 80. Brahim a
alors 10 ans, va à l’école, partage ses jeux avec
217 films en 9 jours !
Que voir ? Optons pour la compétition de longs métrages avec quelques escapades dans les courts.
Des films choisis pour le regard singulier de leurs
auteurs, des films souvent ancrés dans le réel,
des films miroirs d’un monde qui ne va pas bien.
Adaptations
Le Capital, dernier opus d’un cinéaste qui «ne fait
pas de films alimentaires» mais «a envie de raconter
des histoires et s’engage avec ses convictions» en
aura eu la preuve. Costa Gavras a adapté le roman éponyme de Stéphane Osmont et démonte,
minutieusement, au scalpel, les rouages du
système financier en suivant l’ascension de Marc
Tourneuil, un jeune polytechnicien, magistralement interprété par Gad Elmaleh, -«rôle qui va
peut-être me rendre impopulaire !»- prêt à tout
sacrifier pour l’argent, qui rend, selon lui, l’individu respectable. Un film implacable, dont la
mise en scène rigoureuse et efficace renforce le
propos.
son ami Salvador. Son père est gardien de l’usine,
qui va fermer… Cette chronique familiale, tournée
avec une majorité d’acteurs non professionnels,
fait la part belle à la photographie : logique ! Brahim Fritah vient des arts déco.
Retour en arrière également pour Nabil Ayouch,
à Sidi Moumen, où il avait tourné en 2000 Ali Zaoua,
prince de la rue et où il était revenu au lendemain
des attentats de Casablanca du 16 mai 2003, pour
essayer de comprendre. Il lit en 2010 le roman de
Mahi Binebine, Les Étoiles de Sidi Moumen, et
décide de l’adapter. Les Chevaux de Dieu raconte
l’histoire de «gamins comme les autres, confrontés à des situations difficiles et souvent violentes»
qui vont être endoctrinés par un imam intégriste,
et basculer dans la folie du terrorisme. Interprété
essentiellement par des acteurs amateurs, tourné dans les bidonvilles de Sidi Moumen, le film de
Nabil Ayouch qui déborde d’énergie est une version
marocaine de La Désintégration (voir Zib’46).
Rencontres improbables
Rien ne prédestinait Lemon, homophobe, parrain
des gangsters de Belgrade, à rencontrer Mirko et
Radmilo, un couple d’homosexuels qui se démènent pour organiser une Gay Pride et qui vont lui
demander sa protection. Inspiré de faits réels tragiques, l’agression violente de militants homosexuels
par des néonazis en 2001 à Belgrade, La Parade
de Srdjan Dragojevic, est rempli de gags, de clins
d’œil au cinéma, d’émotion. Il fait traverser à deux
de ses personnages toute l’ex-Yougoslavie, à bord
d’une petite voiture rose, les confrontant à des
situations cocasses ou tragiques, changeant peu
à peu le regard du spectateur. Un film très réussi,
où on rit beaucoup et que son réalisateur a voulu
«citoyen, une psychothérapie abrégée pour les
homophobes».
On rit moins, malgré le titre, au film de Rusudan
Chkonia, Keep smiling ! Inspirée par une histoire
que lui a racontée une mère de 7 enfants lors du
tournage d’un documentaire, la cinéaste campe
10 Géorgiennes sélectionnées pour participer à
un concours de la «meilleure mère», doté d’un prix
alléchant, 25 000 dollars et un appartement. La
plupart ont de graves problèmes d’argent, la
concurrence est féroce et les humiliations grandissantes. Alternant les répétitions sur scène sur
l’air de Baby keep smiling/You know the sun is
shining et la vie quotidienne, difficile, de ces femmes, ce film est une satire féroce de la société du
spectacle et de l’exploitation de la misère en Géorgie.
Et encore…
Dans toute cette sélection particulièrement réussie cette année, on pourrait encore citer l’âpre
premier long métrage d’Emin Alper, Derrière la
colline, qui met en scène, en Anatolie, des personnages confrontés à une menace qui reste
invisible: un film qui interroge notre rapport à
l’autre et aux préjugés, sans donner vraiment de
réponse. Ou le premier film, autoproduit, de Rachid
Djaïdani, Rengaine, qui raconte l’histoire d’amour
contrariée, à Paris, entre une jeune Maghrébine
et un Black qui voudrait devenir acteur.
APT | PREMIÈRE FOIS
Sans oublier les courts
Parmi les 22 courts métrages en
compétition, on en retiendra 5 particulièrement réussis que les jurys
ont fort justement primés : Silencieux de la Turque Rezan Yesilbas,
La Dernière caravane du Français
Foued Mansour, Danseurs de l’Espagnole Liz Lobato, Bardo de la
Macédonienne Marija Apcevska et
La Vache finlandaise du Roumain
Gheorghe Preda.
ANNIE GAVA
CINEMED s’est déroulé
du 26 octobre au 3 novembre
à Montpellier
www.cinemed.tm.fr
Palmarès
Longs métrages
Antigone d’or : Keep Smiling
de Rusudan Chkonia
Prix de la critique :
Winter of Discontent
d’Ibrahim El Batout (Égypte)
Prix du public : La Parade
de Srdjan Dragojevic
Prix de la meilleure musique :
Chroniques d’une cour de récré
de Brahim Fritah
Prix de Soutien à l’export :
Love in the Medina d’Abdelhai
Laraki (Maroc/Italie)
Prix jeune public : Les Chevaux
de Dieu de Nabil Ayouch
Courts métrages
Grand prix : Silencieux
de Rezan Yesilbas
Mention spéciale : Danseurs
de Liz Lobato
Prix du public :
Babylone Fast Food
d’Alessandro Valori (Italie)
Prix jeune public :
Quand ils dorment
de Maryam Touzani (Maroc)
Prix Association Beaumarchais :
La Dernière caravane
de Foued Mansour
Prix Cinecourts CINÉ+ :
Bardo de Marija Apcevska
Prix Canal+ : La Vache finlandaise
de Gheorghe Preda
Documentaires
Prix Ulysse : Soldier/Citizen
de Silvina Landsmann (Israël)
Mention spéciale : Albums de
famille de Maïs Darwazeh,
Nassim Amaouche, Erige Sehiri,
Sameh Zoabi
(Palestine/France/Émirats Arabes
Unis)
CINÉMA
55
L’Algérie à Apt
En avant festival, du 19
au 21 octobre, a été
proposé à Apt un weekend end de cinéma
algérien. Quatre films,
présentés par Boudjemaa Kareche, directeur
de la Cinémathèque
d’Alger de 1978 à 2004.
Le vent des Aurès de
Mohamed Lakhdar Hamina, «premier film de
l’Algérie indépendante»,
nous fait vivre la recherche éperdue d’une
mère (formidable Kel- Le vent des Aures de Mohamed Lakhdar Hamina
toum), qui brave les soldats français jusqu’à la fants poursuivis par un policier vraiment pas
mort. Tentant de retrouver son fils, raflé dans un méchant. On pense bien sûr à Chaplin ! Ou ce
petit village des Aurès, elle va de caserne en camp, touriste suisse joué par Georges Arnaud, devenu
une poule à la main, dérisoire monnaie d’échange l’ami d’un Algérien qui lui fait découvrir sa ville.
pour qui lui donnera une lueur d’espoir. La scène Ou le poète Momo, qui récite ses poèmes à la
où elle le retrouve est inoubliable ; la caméra capitale et au spectateur… Regard pluriel sur Alger
glisse le long des barbelés, scrutant chaque visa- avec ce couple de touristes français : le mari, qui
ge, marqué par la souffrance et la captivité et le a fait la guerre et méprise les Algériens, reconnaît
en un homme aveugle l’un de ceux qu’il a tortuspectateur est littéralement happé.
Très différent, le film commandé en 1969 par le rés… Point d’orgue de ce week-end, la rencontre
maire d’Alger à Mohamed Zinet, Tahia ya Didou animée par Dominique Wallon, dimanche matin,
(Salut mon pote !) dont la projection à Apt (à partir avec «Boudj», qui ne veut plus parler de cinéma
d’une copie de travail) est exceptionnelle : pas de mais le fait si bien !
négatif et plus de copies du film ! Unique film ANNIE GAVA
réalisé par cet ancien officier de l’Armée de LibéFestival des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt
ration Nationale, puis créateur du Théâtre National
06 14 75 45 59
Algérien et comédien, ce documentaire met en
www.africapt-festival.fr
scène une savoureuse galerie de personnages
dont certains, récurrents, comme la bande d’en-
20 ans après
Belle rencontre avec la Marraine du festival La
Première fois, Festival du premier film documentaire, Dominique Cabrera ! C’est à l’École d’Art
d’Aix que les Films du Gabian ont présenté leur
3e édition et en ouverture, le 16 octobre, ont
proposé deux films de celle qui se sent 20 ans
après Chronique d’une banlieue ordinaire, une
«vieille dame». «Je me souviens du jour où j’ai eu
comme une vision, lors d’une représentation d’une
pièce de théâtre devant la tour d’une cité, murée,
dans le quartier du Val Fourré à Mantes-la-Jolie.
C’est devenu un film quand j’ai décidé de retrouver
Chronique d’une banlieue ordinaire de Dominique Cabrera
ceux qui y avaient vécu…» Réalisé en 1992, ce film,
très attachant, qui donne la parole à des gens qui
ne l’ont guère, se regarde comme un album de
souvenirs, que l’on feuillette au fil du temps. Et
Dominique Cabrera parle de son dispositif, de ses
choix, des plans séquences, de tous ces moments
où elle a capté un présent. «Les films ressemblent à ce qu’on est quand on les fait. Là, j’entends
la jeunesse enfuie…»
Son dernier film, en avant première mondiale, Ça
ne peut pas continuer comme ça, est une commande de France 2 et La Comédie Française, avec
les Comédiens Français et sur le bâtiment, fermé
pour travaux. La cinéaste décide de créer une
fable qui sonne juste, mêlant éléments du réel et
fiction. Le scénario est simple : le Président de la
République est malade, il faut le remplacer au
pied levé... mais par qui ? Le résultat : une comédie politique sur le théâtre du pouvoir et le pouvoir
du théâtre.
ANNIE GAVA
Les Films du Gabian
06 19 07 63 55
https://sites.google.com/site/festivalpremierefois/
56
CINÉMA
LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Les documentaires
de Werner Herzog
Alassane Diago
À 19h le 22 nov au Polygone Etoilé, l’Alliance
franco russe en partenariat avec Peuple et Culture Marseille propose Mirage d’un village russe
de Luc Thauvin, le voyage initiatique d’un jeune
cinéaste français à la recherche d’une «Russie
éternelle». Le 23, Earth de Viktor Asliuk et Sotchi
255 de Jean-Claude Taki, en présence de JeanClaude Taki et de Dimitri Bortnikov. Entrée libre.
Les larmes de l'emigration d'Alassane Diago
Du 14 au 27 nov, à l’occasion de la sortie de Into
the Abyss, l’Institut de l’image à Aix propose de
découvrir l’œuvre documentaire de Werner Herzog
qui a alterné tout au long de sa carrière fictions
et documentaires. Le Pays du silence et de l’obscurité ; Échos d’un sombre empire ; Les Cloches
des profondeurs ; La Grotte des rêves perdus ;
Grizzly Man… «Dans mon œuvre, la frontière entre
les deux n’est pas évidente. Mes documentaires
sont délibérément stylisés et inventifs, car je hais
le cinéma-vérité, tous ces films qui prétendent
enregistrer la réalité avec des manières de comptable. La vérité que je recherche au cinéma est
d’ordre poétique, extatique.»
La Russie au
Polygone Etoilé
04 91 91 58 23
www.polygone-etoile.com
Le 16 nov à 19h, au Polygone Etoilé, en partenariat avec Africapt, Peuple et Culture Marseille
invite Alassane Diago qui présentera La vie n’est
pas immobile et Les larmes de l’émigration.
Institut de l’Image
04 42 26 81 82
www.institut-image.org
04 91 91 58 23
http://www.polygone-etoile.com
La Russie à Vitrolles
Le 17 nov à partir de 19h au cinéma Les Lumières
à Vitrolles, dans le cadre du zoom sur la Russie et
de la résidence de Dimitri Bortnikov au sein de
Peuple et Culture Marseille, projection de Tsar de
Pavel Lounguine après un échange avec l’écrivain.
04 42 77 90 77
www.peuple-culture-marseille.org
Into the abyss de Werner Herzog
Enfance à la Buzine
Le 14 nov à 16h au Château de la Buzine, séance
spéciale Albert Lamorisse : projection de Le ballon rouge et de Crin Blanc. Le 18 nov à 14h, séance
«Souvenirs d’enfance» : La Gloire de mon Père et
Le Château de ma Mère d’Yves Robert, dans les
lieux mêmes de Pagnol… Le 21 à partir de 14h30,
séance «Huckleberry Finn» : lecture de Les Aventures d’Huckleberry Finn par la Compagnie Peanuts
suivie du film de Stephen Sommers. Le 25 nov à
14h, Jeux interdits de René Clément et le 28 à 16h,
La Princesse et la grenouille de Ron Clements et
John Musker.
Sotchi 255 de Jean-Claude Taki
Semaine du Nouveau
Cinéma Italien
L’Institut Culturel italien présente en collaboration avec le Château de la Buzine une sélection
de films dédiés à l’enfance et à l’adolescence. Le
20 nov à 18h une conférence de Jean Gili suivie
de la projection de L’Italie, tu l’aimes ou tu la quittes
de Luca Ragazzi et Gustav Hofer en leur présence. Le 21 nov à 16h30, Le Avventure di Pinnochio
de Luigi Comencini et à 19h30, L’Estate di mio
fratello de Pietro Reggiani. Le 23 à 15h, La kriptonite nella borsa d’Ivan Cotroneo et à 18h, Scalla
de Francesco Bruni.
Institut Culturel Italien de Marseille
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
Tsar de Pavel Lounguine
Art et essai à La Ciotat
La Buzine
04 91 45 27 60
www.chateaudelabuzine.com
Les Invisibles
Le 15 nov à 20h, en avant-première, au cinéma
Les Variétés, Les Invisibles de Sébastien Lifshitz
en présence du réalisateur et de témoins du film :
Des hommes et des femmes, nés dans l’entredeux-guerres ; ils n’ont aucun point commun
sinon d’être homosexuels et d’avoir choisi de le
vivre au grand jour, à une époque où la société les
rejetait. La projection sera suivie d’un débat animé
par Michèle Philibert de MPPM.
L’Estate di mio fratello de Pietro Reggiani
Bamako
De memoires d'ouvriers de Gilles Perret
09 75 83 53 19
www.cinemetroart.com
Les Invisibles de Sebastien Lifshitz
Le 18 nov à 18h30, Art et essai Lumière propose
au cinéma Lumière à la Ciotat Los Herederos
d’Eugenio Polgovsky, l’histoire d’une pauvreté
dont on hérite, de génération en génération ;
débat animé par Amnesty International. Le 25, en
partenariat avec ATTAC-La Ciotat, projection de
De mémoires d’ouvriers en présence du
réalisateur, Gilles Perret.
04 42 83 20 57
www.artetessailumiere.fr
Le septième long métrage d’Abderrahmane Sissako offre un bouleversant témoignage à propos
de la situation de l’Afrique, n’hésitant pas à mettre
en cause la Banque Mondiale et le FMI, dans un
long procès intenté par des représentants de la
société civile africaine, qui se tient dans la cour de
la maison que les personnages du film, Mélé et
Chaka, partagent avec d’autres familles à Hamdalaye, quartier populaire de la capitale du Mali.
Un beau film qui sait poser les mots sur ce que
l’on nous cache. Le 23 nov à 19h30.
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20
www.merlan.org
CINÉMA
TOUS COURTS a 30 berges !
Petit cinéma
Histoire d'ours de Marina Karpova
Le 5 déc à 10h au cinéma Les Variétés, Fotokino
propose La Ballade de Babouchka, un programme de quatre courts métrages : Histoires d’ours
et La Maison des briquettes de Marina Karpova,
Zhiharka d’Oleg Uzhinov, et Le Rossignol d’Irina
Kodjukova. Pour commencer Laterna magica.
Fotokino
09 81 65 26 44
www.fotokino.org
Cinéma
et Sciences
Du 30 nov au 8 déc dans différents lieux de
Marseille, Polly Maggoo propose les Rencontres
Internationales Sciences et Cinémas (RISC). La 6e
édition, centrée sur la thématique du temps, permet de créer un dialogue entre le cinéma et
l’univers des sciences à travers documentaires,
fictions, animations, art vidéo. Se succéderont
projections, rencontres avec des cinéastes, des
scientifiques et le public, jeunes et adultes, conférences dont une sur l’histoire des mathématiques,
Du rien à l’infini : l’aventure méconnue des nombres par Ahmed Djebbar, mathématicien. Et des
séances spéciales dont une Carte Blanche aux
Rencontres Films Femmes Méditerranée avec
No Gravity de Silvia Casalino.
En ouverture, à la Maison de la Région, le 30 nov
à 20h, Le Monde en un jardin de Frédérique Pressmann, un documentaire consacré au Parc de
Belleville à Paris.
Pour les plus jeunes, des courts métrages le 2 déc
à 14h dont While Darwin sleeps de Paul Bush où
plus de trois mille insectes apparaissent en une
seule séquence. Si vous ne l’avez jamais vu, ne ratez
ni Arbres de Sophie Bruneau et Marc-Antoine
Roudil le 5 déc à 14h30, ni Le cours des choses de
Peter Fischli et David Weiss.
En clôture le 8 déc à 20h, en partenariat avec le
cipM, Roman Opalka de Christophe Loizillon et
The Observers de Jacqueline Goss.
A.G.
Polly Maggoo
04 91 91 45 49
www.pollymaggoo.org
Arbres de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil
57
Du 3 au 8 déc, le court métrage sera à l’honneur.
Outre la Compétition Internationale, 60 films répartis en 12 programmes, on pourra voir, comme
chaque année, des Carnets de voyages et Courts
en Liberté en présence des cinéastes, Sylvain
George, Pip Chodorov et Ahmed Zir ; Michel Amarger et Frédérique Devaux évoqueront Stephen
Dowskin, disparu en juin 2012.
Films en Région nous fera découvrir en avant-première Braquages une collection de courts métrages
réalisés par Thierry Aguila, Lisa Diaz, Stéfan Le
Lay, Gaël Naizet et Paule Sardou.
Du court au long sera consacré à Héléna Klotz
avec son court Le léopard ne se déplace jamais
sans ses taches et son long métrage, Grand Prix
du jury au festival Premiers plans d’Angers, L’Âge
Atomique, premier volet d’une trilogie sur la
jeunesse.
Proposée par l’Institut de l’Image, une soirée Longmétrage du Patrimoine : Regarde, elle a les yeux
grand ouverts (1980), un documentaire de Yann Le
Masson, relatant l’expérience vécue par des femmes du MLAC d’Aix en Provence.
Enfin la Nuit du Court sera celle des Combats : 23
films le 7 déc de 23h jusqu’à l’aube.
Avant l’ouverture au Centre de Congrès le 3 déc à
19h30, en présence des membres du jury, Cinéma
Par Ailleurs, aura fait étape, du 26 au 30 nov, à Lambesc, Trets, Fuveau et La Roque avec Court Par
Excellence, des films qui reflètent la diversité de la
jeune création internationale. Avec près de 200
courts métrages venus des 4 coins du monde, cette
édition anniversaire sera le reflet des trente années de recherches et de découvertes de l’équipe des
Rencontres Cinématographiques d’Aix-en-Provence.
ANNIE GAVA
Festival Tous Courts, Aix et Pays d’Aix
04 42 27 08 64
www.festivaltouscourts.com
L’Age Atomique de Helena Klotz
Cinéma sans pareil
Charges Communes de Charlotte Gregoire
Du 26 nov au 2 déc, au Polygone Etoilé, se tiendra
la nouvelle Semaine Asymétrique : Va chercher le
bonheur et ne reviens pas les mains vides !
Une semaine de projections, de rencontres, de
partages d’expériences entre cinéastes et public.
Parmi la quarantaine de films proposée, le 26 nov
à 14h : Si par une nuit d’hiver un voyageur de
Caroline Beuret et Lo Thivolle ; à 21h30, Charges
Communes de Charlotte Grégoire sur Bucarest,
un immeuble et ses habitants. Le 27 de 10h à 13h,
lecture de scénarii ; à 15h45, Epopées à la Joliette
d’Aurélia Barbet et à 21h 30, Square Metropole
d’Estelle Fredet. Le 28 à 22h, Autrement, la
Molussie, de Nicolas Rey. Le 30 à 14h, Kaspar film
de Florence Pezon et à 18h, I’ll Be Your Mirror de
Sara Millot.
Et bien sûr aussi des discussions sur des travaux
en cours, des films en chantier, des apéros et des
repas sur place à partager.
A.G.
Semaine Asymétrique, Marseille
04 91 91 58 23
www.polygone.etoile.com
La fin d’un monde ?
Du 26 au 29 nov, à Digne, se tiendra une nouvelle
édition d’Histoire(s) du cinéma, une programmation autour de la notion de mutations, de passage
d’un monde à un autre. L’occasion de revoir Fahreinheit 451 de Truffaut, Soleil vert de Richard
Fleischer, Fellini Roma de Fellini, Cosmopolis de
Cronenberg, Mortal storm de Frank Borzage…
Des cinéastes invités donneront leur avis sur les
films d’hier et présenteront leurs films d’aujourd’hui : Michale Boganim, La Terre outragée ;
Valéria Sarmiento, Les lignes de Wellington, réalisé à partir du dernier scénario que devait tourner
son compagnon, Raoul Ruiz, avec John Malkovitch, Melvil Poupaud et Mathieu Amalric. Sans
oublier le critique Bamchade Pourvali qui parlera
du Testament du Docteur Mabuse de Fritz Lang.
Quatre jours pour se plonger dans le passé et le
présent du cinéma !
A.G.
Histoire(s) du cinéma, Digne
04 92 32 29 33
www.unautrecinema.com
Les lignes de Wellington de Valeria Sarmiento
58 ARTS VISUELS AU PROGRAMME
Julie Perin
La galerie Paradis butine à La Ruche en compagnie de Julie Perin qui, à travers papier,
claque, bocaux, fil, encre, matières végétales ou organiques, a choisi de trouer, de recouvrir,
d’ensacher, d’estomper, de biffer des corps rhizomes et des paysages abstraits…
Le travail est délicat et brutal à la fois, ultra féminin, faussement ingénu, même quand elle se
caricature elle-même : qui est miroir de qui ? M.G.-G.
Memory
jusqu’au 24 nov
La Ruche, Marseille 3e
www.paradis-galerie.com
© Julie Perin
Nouveaux regards
Après Julie Balsaux, Maxime Parodi, Benoit Espinola, place à Florent
Lefébvre (jusqu’au 22 nov), Guillermo Moncayo Barbarosa (du 26 nov au 6
déc) et Hong Seong Hye (du 10 au 20 déc). Tous sont diplômés de l’École
supérieure d’Art d’Aix-en-Provence. L’Atelier Cézanne accompagne leurs
premiers pas d’artistes en exposant leurs travaux durant trois mois tandis
que l’Office du tourisme édite un catalogue collectif. M.G.-G.
Nouveaux Regards
Atelier Cézanne, Aix-en-Provence
04 42 21 06 53
www.atelier-cezanne.com
© Seong - Nouveaux Regards, Happy Birthday
David Thelim
Ses dessins au stylo bille avaient fait l’objet d’un catalogue chez
Sebastograph. De retour à la galerie J.F. Meyer, David Thelim prolongeant
ses recherches sur la question de l’émergence de la signification propose
cette fois-ci une série récente d’huiles sur toile. Quel donné à voir dans
l’espace et la profondeur de l’œuvre sans passer par les lois usuelles de
l’illusion perspective ? Vernissage le 20 nov à 19h. C.L.
du 20 nov au 12 déc
Galerie Jean-François Meyer, Marseille
04 91 33 95 01
www.marseilleexpos.fr
Sans titre © David Thelim
Véronique Rizzo
Dans la continuité des battle à la GAD et sur une proposition curatoriale
d’Arnaud Deschin, Véronique Rizzo transfèrera ses œuvres d’atelier pour
un accrochage aux cimaises de la fondation Vasarely. En parallèle est
organisé un colloque international questionnant la Vertu des contraires
par le Laboratoire d’Études en Sciences de l’Art (LESA) de l’Université
d’Aix-Marseille. C.L.
Véronique Rizzo fait son musée
du 23 nov au 16 déc
Fondation Vasarely, Aix
04 42 20 01 09
www.fondationvasarely.org
Vertu des contraires : art, artiste, société
22, 23, 24 nov
Site Schuman, Aix
04 13 55 31 00
http://ufr-lacs.univ-provence.fr/lesa
Detail, Gusto the end of the war, Veronique Rizzo, 2012, courtesy La GAD © Matthieu Jorrot
ARTS VISUELS
59
Mirages d’Orient
Avant l’exposition d’été Les Papesses d’Avignon (L. Bourgeois, C. Claudel,
K. Smith, J. Sterbak, B. de Bruyckere) la Collection Lambert propose un
chassé-croisé en Méditerranée avec une déambulation dans les
problématiques esthétiques d’un territoire multiple. Invitation au voyage
entre les carnets de dessin de Pascal Coste, les peintures d’Auguste
Chabaud, la confrontation d’œuvres d’Henri Matisse, Nan Goldin, Pierre
et Gilles ou encore Alexandre Cabanel et la vision des révoltes arabes
avec Mona Hatoum, Shirin Neshat, Claire Fontaine, Yan Pei Ming... Adel
Abdessemed et Douglas Gordon en l’église des Célestins. DE.M.
Mirages d’Orient, grenades et figues de Barbarie
du 8 déc au 28 avril
Collection Lambert, Avignon
04 90 16 56 20
www.collectionlambert.fr
Shirin Neshat. ‘Untitled’, 1996, photographie, Collection Institut d'art contemporain, Rhone-Alpes © Shirin Neshat
Entrer dans l’intime
Poursuivant le projet de biennale de dessin initié avec Traits…confidentiels puis …très particuliers,
cette troisième édition se veut entrer plus encore dans l’intériorité des œuvres dessinées ou gravées.
Onze artistes de Fred Deux à Xavier Spatafora, Delphine Poitevin
ou le quatre mains de Sophie de Garam et Christine Bonduelle.
L’exposition se prolonge sur images en tête le blog de Florence Laude. C.L.
Traits…intimes
du 21 nov au 22 déc
Arteum, Château-Neuf-le-Rouge
04 42 58 61 53
www.mac-arteum.net
http://imagesentete.blogspot.com
Xavier Spatafora, Fragment cartographie 1,
13x15 encre de chine sur dos de mur affiche © X-D.R
David Bertizzolo
Avec Orbis Terrarum, le peintre et photographe «géoplasticien» David Bertizzolo
met l’œuvre en confrontation : dans le théâtre de la Passerelle avec une exposition
monographique et l’installation d’un monolithe de terre noire ; dans l’espace urbain
avec des compositions éphémères fabriquées in situ à partir de feuilles d’arbres
aux couleurs de l’automne et collées sur le mur. Tableau végétal à la manière
des mosaïques, où la nature devient l’objet même
de la création. M.G.-G.
Oeuvre de
David Bertizzolo
creee in situ
sur les murs
du centre ville
de Gap
© D. Bertizzolo
Orbis Terrarum
du 13 nov au 5 janv
Galerie du théâtre La Passerelle, Gap
04 92 52 50 20
www.theatre-la-passerelle.eu
© Mario Macilau
Retour de Bamako
Après avoir été accueillis en résidence aux Rencontres d’Arles 2012, Kiripi
Katembo (RD Congo), Nyaba Léon Ouedrago (Burkina Faso), Mario
Macilau (Mozambique), Arturo Bibang (Guinée) et Fatoumata Diabaté
(Mali), lauréats de la Fondation Blachère aux 9e Rencontres de Bamako, et
Khaled Hafez (Égypte), prix de la vidéo, se retrouvent à Apt le temps d’un
accrochage collectif. Leurs regards pèsent lourd à l’heure de la scission du
Mali en deux parties… M.G.-G.
Pour un moment durable
Prix de la Fondation Blachère à la Biennale de Bamako 2011
jusqu’au 3 fév
Fondation Blachère, Apt
04 35 52 06 15
www.fondationblachere.org
60 ARTS VISUELS MARTIGUES | AIX | DE VISU
La Victoire enchantée
Signe d'horizon, photographie © Brigitte Palaggi, 2012
Depuis six ans Autres et Pareil a initié un projet
pluridisciplinaire sur le motif emblématique de la
montagne Sainte-Victoire. Expositions et rencontres poétiques en font aujourd’hui la restitution.
La Sainte-Victoire existe-t-elle ?
Partant du constat qu’il semble impossible d’appréhender la MSV (J.M. Gleize) autrement qu’à
travers son aura mythique, poètes, écrivains,
artistes et photographes réunis ont entrepris de
commettre une désacralisation joyeuse et active.
Le numéro double de La Revue édité à l’occasion
par la maison d’édition éponyme en restitue les
différents enjeux et approches avec une très belle
iconographie des trois artistes exposés.
Brigitte Palaggi propose un regard distancié et
banalisé. Vue de Martigues et alentours la montagne devient un élément second minuscule relégué
au lointain du cliché. Premiers plans affirmés,
dissolution atmosphérique et couleurs comme
exagérées, étendue de la mer de Berre en obstacle aquatique, elle est ramenée à un simple signe
d’horizon qui donne le titre à cette série. Photographe et grand marcheur Éric Bourret s’accroche
au contraire au plus près de la roche pour occuper
tout le champ de l’image. Le motif du sommet
triangulaire et son contexte géographique, les
repères du haut et du bas, tout indice d’identification sont évacués comme pour mieux entrer en
contact avec le tellurique, la matérialité, la rugosité minérale. Mais cette traduction en noirs et
blancs profonds est-ce bien de notre SainteVictoire ? La picturalité et le motif sont de retour
avec les travaux de Patrick Sainton. À contempler
ses grands formats on ne sait vraiment si cela été
réalisé sur le motif ou réinventé en atelier. Sur le
support cartonné et bricolé des signes évoquent
pourtant la Sainte, preuve s’il le fallait de la prégnance du mythe.
On poursuivra cette mise en examen avec les
créations poétiques en écoute de Jean-Marie
Gleize, Véronique Vassiliou, Olivier Domerg et
lors des lectures/rencontres/conférences des 23,
24 nov et 7 déc.
CLAUDE LORIN
La Sainte-Victoire de loin en proche
jusqu’au 8 déc
Salle de l’Aigalier et Médiathèque Louis Aragon,
Martigues
04 42 42 09 55
http://autresetpareils.free.fr
D’Est en Ouest,
visions nocturnes
Comme un coup de poing au creux
de l’estomac il y a Mostar et Sarajevo, ruines au noir aussi noires que
les années de plomb. Villes abandonnées et fantomatiques saisies à
la gorge par l’objectif d’Alain Ceccaroli, «poète de l’ombre» pour le
critique Jean Arrouye qui accompagne son exposition au Pavillon de
Vendôme. Là où Les formes de l’ordinaire atteignent l’extra-ordinaire :
ce que révèlent ses exceptionnels
tirages argentiques.
En Bosnie, les murs ont des oreilles
et les façades écorchées parlent,
comme les impacts de tirs de mortier, le bitume défoncé, les escaliers
qui ne mènent nulle part, les bâtiments rongés par la guerre. Une
beauté monumentale, et tragique. À
Rochefort, objet d’innombrables promenades entre 1987 et 2005, la nuit
photographique enveloppe les entrepôts désertés, les grilles de parkings
souterrains, les abords indistincts.
Autant de tableaux énigmatiques
d’une ville assoupie offerts
au regard scrutateur, car il
faut ciller des yeux pour se
faufiler dans ces visions
nocturnes, loin des clichés
de cartes postales. L’ordinaire urbain, encore, à
Thessalonique et Athènes
où les néons matraquent
de leur lumière agressive © Alain Ceccaroli
les panneaux publicitaires
et les enseignes de boites
monde. Aussi vaste que celui qu’Alain
de nuit. Changement de décors, à Ceccaroli arpente depuis des décenAlep et Damas, espaces chargés nies, se lançant en photographie en
d’histoire que l’observation intense autodidacte en 1981, soutenu par
du photographe parvient à rendre Claudine et Jean-Pierre Sudre. Fin
mystérieux : chaque ruelle, chaque observateur de l’évolution des payédifice est transpercé par une sages, il s’est même épris des arbres
lumière «rédemptrice», une ou- et sa série Le dit de la nuit est une
verture sur l’ailleurs, la perspective magistrale leçon : 8 minutes de
d’un lendemain. Tout semble figé -par temps de pose et les arbres devienl’immensité plombée de la nuit- nent sculptures, reflets métalliques
mais tout est possible. Étrange pa- mouvants d’une nature magnifiée.
radoxe que ces photographies qui MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
semblent détachées du monde et
qui ne parlent, justement, que du
© Alain Ceccarol
L’exposition proposée
par l’association
La Photographie
à Aix-en-Provence
(Pierre-Jean Amar) s’accompagne
d’un catalogue aux éditions
Le Bec en l’air, Marseille, 28 euros
Les formes de l’ordinaire
Alain Ceccaroli
jusqu’au 31 déc
Pavillon de Vendôme, Aix
04 42 91 88 75
i
Photos du Château
Sans titre 63, tirage contrecolle sur aluminium, 80 x 60 cm, 2001 © Carla Van de Puttelaar
Une fois n’est pas coutume l’Atelier De Visu accueille une sélection de huit
photographes provenant d’une collection hors les murs : de réputation internationale, le Château d’Eau est installé à Toulouse depuis les années soixante-dix.
Regardant l’histoire de l’art sur plus d’un siècle, la reconnaissance de la photographie ne s’est établie que récemment. En région, le musée Réattu fut un
des premiers à constituer une collection à part entière ; à Toulouse Jean
Dieuzaide créait en 1974 la première institution publique entièrement dédiée
à la photographie. Aujourd’hui, le Château d’Eau compte plus de 4 000 œuvres
d’artistes désormais notoires et continue à s’enrichir auprès des générations
suivantes. Sans tenter de représenter la diversité de la collection, la sélection
proposée par son actuel directeur Jean-Marc Lacabe témoigne de l’exigence
et de l’ouverture à divers langages photographiques. Ce sont dix-huit artistes
(parité hommes/femmes), une image par créateur, des tirages argentiques
et numériques, le subtil procédé Fresson, plusieurs grands formats couleur.
Sans les citer tous, auprès des plus anciens, Kertész (la célèbre danseuse
burlesque de 1926), Alvarez-Bravo, Ralph Gibson, John et Claude Batho,
Arnaud Claass, la génération suivante (née dans les années soixante-dix et
ici à majorité féminine) se distingue par la couleur et la taille plus imposante
des formats, d’autres formes de regards. Avec Mohamed Bourouissa, Janne
Lethinen, Trent Parke, Elina Brotherus, Carla Van de Puttelaar, Caroline
Chevalier, Aglaé Bory ou Dorothée Smith (la seule avoir été exposée ici) le
portrait, la figure féminine notamment, dominent : un choix artistique et
conscient de la part du commissaire ?
Par ailleurs, lors de la Librairie passagère (du 6 au 22 déc) Brigitte Bauer signera son livre Aller aux jardins le 15 déc à 16h. Et on attend confirmation d’une
rencontre autour du livre Ice d’Antoine d’Agata (voir Zib’54) avec Hervé
Castanet en janvier.
CLAUDE LORIN
L’aventure des formes
La collection du Château d’Eau
jusqu’au 30 nov
Atelier de Visu, Marseille
04 91 47 60 07
www.atelierdevisu.fr
62 ARTS VISUELS ALCAZAR | MILLAGOU | RIBOUD
Good Vibrations !
Smiled, galerie des musees, Toulon - Olivier Millagou - Beatriz Monteavaro - Simon Bernheim © Ville de Toulon
Sur l’affiche, la pochette du disque des Beach
Boys, Smile, a le sourire figé : finies les couleurs
criardes de l’illustrateur Franck J. Holmes !
Olivier Millagou en a gardé l’esprit originel mais
a fermé boutique : l’open de bienvenue laisse
place à un définitif closed. À croire que les années
60 californiennes où les Beach Boys étaient les
apôtres de la Surf Music n’ont plus d’adeptes.
Sauf peut-être Olivier Millagou qui a convié à la
fête onze comparses pour une partie de Good
Vibrations, histoire de déterrer en images et en
musique le rêve du «Fun, Fun, Fun» ! Son goût du
détournement a fait le reste, transformant en
bunker la Galerie des Musées et piégeant ses
congénères pour une ultime session : consentants,
ils s’en sont donné à cœur joie pour retrouver un
peu de cette liberté délirante qui sévissait sur les
hauteurs d’Hollywood. Sans LSD, et avec une
énergie folle, ils ont croisé leurs armes, mêlés
leurs pinceaux, chantés à tue-tête (enfin on
l’imagine) le hit de Brian, Carl, Denis, Al et Mike.
Ils ont pris leurs aises dans ce long couloir tronqué, «bien loin de l’idée solaire et de l’esthétique
Surf Music»… Solange Triger a délaissé ses volutes colorées pour réaliser deux dessins muraux
black and white, façon paréo hawaïen, sur lesquels Simon Bernheim n’a pas hésité à graffer
des slogans récupérés dans la rue et restitués
dans leur typographie originelle. Du gothique à la
Ben attitude. Déposée comme par inadvertance
au sol par Bayrol Jimenez, La Nueva Bibla Latinoamerica réserve quelques surprises : le chapitre
de l’apocalipsis n’a stoppé ni son ardeur ni ses
dessins exécutés à la manière des enluminures
médiévales. Visions hallucinatoires et blasphé-
matoires «mêlant religion, mort, violence». Pour
Valentin Carron, la mythique Square Guitare de
Bo Diddley joue la muette, prisonnière de sa robe
blanche aux formes cubistes (clin d’œil à Braque ?).
procurer des émotions visuelles plus que divertissantes. Philippe UG, dont l’univers est beaucoup
plus underground, s’inscrit dans un domaine plus
proche de l’art contemporain. Son thème de
prédilection, Les Robots, à dominante sérigraphique est guidé par sa passion pour la géométrie,
la coupe droite et par sa vision colorée du futur.
Le public est séduit par l’humour, la vivacité et la
beauté éclatante qui se dégagent de ses Pop-up,
comme Les nageurs ou encore les Drôles
d’Oiseaux.
Au terme de cette déambulation, il est bien difficile
de résister à son envie de créer soi-même un
Pop-up. Là encore tout a été prévu puisque un
espace est dédié à cet effet, histoire de ne pas
repartir les mains vides !
© Clarisse Guichard
CLARISSE GUICHARD
Oh Pop-Up Hourra !
jusqu’au 22 déc
L’Alcazar, Marseille
04 91 55 90 00
www.bmvr.marseille.fr
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Smiled !
jusqu’au 29 déc
Galerie des musées (remparts),
Toulon
04 94 91 45 60
www.toulon.com
Looked ! Listened ! Vibrated ! Smiled !,
premier catalogue édité par la Galerie
des Musées (remparts) de Toulon, 5
euros
À venir
à l’espace d’art Le Moulin,
La Valette
Paradise Sounds
du 27 nov au 20 janv
04 94 2362 06
www.lavalette83.fr
Et soudain
un énorme tigre surgit !
Dans son espace dédié aux expositions, le seul qui
reste ouvert durant les travaux, la BMVR l’Alcazar
invite à s’aventurer dans le monde des surprises,
des images qui surgissent, du livre animé, celui
du Pop-up. À ne pas confondre avec les fenêtres
publicitaires surgissantes et indésirables qui nous
envahissent sur internet ! Depuis le premier «livre
à système» apparu au Moyen Âge et ceux des
«Harquelinades» créés à Londres au XVIIIe siècle,
le livre animé a largement évolué et s’est complexifié pour le plus grand bonheur des enfants
mais aussi des adultes. Eh oui ! Il n’est pas rare de
surprendre certains, au détour de cette exposition
Oh Pop-up Hourra !, en plein émerveillement se
rappelant des instants magiques de leur enfance.
Sont exposés ici les œuvres de deux artistes qui
excellent dans la matière : David A. Carter, dont le
travail axé sur la conception de livres très graphiques, épurés est largement inspirés de l’œuvre
d’Alexandre Calder et de Jean Tinguely. Ses Popup, comme 600 pastilles ou encore Blanc sont
magnifiques et très poétiques. Et bien que techniquement très compliqués. Ils sont capables de
Parmi les autres «détenus», Bruno
Rousseau et sa collection de
rétroviseurs inspirés et réfléchissants ; le dessinateur de BD
Pierre La Police dont le paysage
lunaire est une invitation à se faire
la malle ; Aïcha Hamu, métamorphosée en Griffon, gardienne des
secrets de la geôle, et ses griffures
saupoudrées d’or. Hificlub chante
Good Vibrations en mode aléatoire
mais la bande a pris la tangente
depuis belle lurette. La fête est finie
et renaîtra bientôt au Moulin.
L’Orient d’hier
et d’aujourd’hui
Pus de 50 ans séparent l’Orient de Marc Riboud
de celui de Liu Xiao Yu1. De 1955 à 1958, Marc
Riboud voyage seul depuis Istanbul jusqu’à
Calcutta où il s’installe un an, avant de repartir.
Chine, Japon, Arabie Saoudite, Afghanistan… En
homme libre et à son rythme. Par la route,
toujours, car il aime prendre son temps. Fasciné par la beauté plastique de l’Orient, il retient
des paysages qu’il traverse et des hommes qu’il
rencontre une grâce intrinsèque, miraculeuse.
Dans une intemporalité qui lui est propre : ses
clichés n’ont pas pris une ride et sa vision
semble éternelle, pourtant Marc Riboud aime
retourner sur les lieux de ses pérégrinations
confie Catherine Riboud, son épouse : «Il aime
ces pays et cela le passionne de les voir se transformer.» Comment, alors, expliquer ce temps
suspendu ? Serait-ce dans la manière de s’attacher au sujet sans fioritures, sans anecdotes,
de saisir la lumière dans ses infinies nuances,
de ne retenir que la grâce des corps, des
gestes... À moins que «son art de la forme et de
l’économie de la forme et son goût de la composition» expliquent la force de ses photos. Une
façon «d’épurer la réalité et le désordre» qui
caractérise également son travail de photoreporter quand, dépêché en Algérie2 entre 1960
et 1962, il tient à distance les événements pour
s’attacher à rendre compte du «quotidien d‘un
moment historique». Des photos qui arrachent
de l’anonymat ces visages tendus, exaltés, angoissés, ces foules en danger ou en liesse.
Retour dans l’Orient actuel, en Corée et au
Tibet. C’est là que Liu Xiao Yu traque les traces
du socialisme dont elle capte les reliefs, les
accidents, les symboles, les architectures, les traditions. En une vision panoramique inhabituelle
et saisissante : «J’aime le format panoramique
car je peux jouer avec l’espace. J’ai l’habitude
de regarder comme ça, je trouve l’image plus
équilibrée et plus calme. C’est mon point de
vue, mon langage, commente la jeune artiste
chinoise dans un français remarquable pratiqué
à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Et puis on peut imaginer l’ailleurs...»
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Chine 1957 © Marc Riboud
Coree du nord 2000 © Xiao Yu Liu
Asies
Marc Riboud et Liu Xiao Yu
jusqu’au 4 janvier
Galerie Hélène Detaille, Marseille 8e
04 91 53 43 46
www.galeriedetaille.com
1
Algérie
jusqu’au 1er décembre
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
ww.theatre-liberte.fr
2
À lire
Algérie, Indépendance
Préface Jean Daniel
Textes Seloua Luste Boulbina et Malek Alloula
Le Bec en l’air, 34,50 euros
Vers l’Orient, 1955-58
Coffret de 5 livres
Xavier Barral, 55 euros
la porte (Métailié) le 30 nov à 19h à la librairie
Mémoire du monde (Avignon)
avec Pierre Yves Dufeu pour son livre L’Afrique
indéfinie (Academia-Bruylant) le 30 nov à 18h à la
librairie de l’Arbre (Marseille)
Itinérances littéraires : rencontre-débat avec Mathias Enard pour son livre Rue des voleurs (Actes
Sud) le 14 nov à 18h30 à la librairie du Lézard
amoureux (Cavaillon), le 15 nov à 19h à la librairie
Forum Harmonia Mundi (Aix) et le 16 nov à 19h à
la librairie Histoire de l’œil (Marseille).
rencontre-débat avec Claro pour son livre Tous les
diamants du ciel (Actes Sud) le 15 nov à 18h30 à
la librairie Actes Sud (Arles) et le 16 nov à 19h à
la librairie Histoire de l’œil (Marseille).
avec Ramona Badescu pour la lecture d’un roman
inédit de la série Dans la forêt (Albin Michel, à
paraître) le 17 nov à 11h sous le chapiteau de la
fête du livre du Var (Toulon)
Escales en librairie : rencontre avec Jean-Charles
Trebbi, atelier pour adultes les 14 et 15 nov de 16h
à 18h et rencontre - présentation de l’œuvre de l’artiste à 18h30 à la librairie Imbernon (Marseille).
AIX
Centre aixois des Archives départementales
– 04 13 31 57 00
Eau et paysages en Provence, quelle durabilité ? :
conférence par Alain Sandoz, professeur à l’université d’Aix-Marseille, chercheur au Centre de
recherche pour la conservation des zones humides
méditerranéennes, le 14 nov à 18h30.
Les moulins à eaux en Provence : conférence par Henri
Amouric, directeur du LA3M (laboratoire d’archéologie médiévale et moderne en Méditerranée) le 22
nov à 18h30.
La difficile gestion des eaux en Camargue : conférence par Marie Granier et Alain Dervieux, parc
naturel de Camargue, le 5 déc à 18h30.
Ecritures Croisées – 04 42 26 16 85
Fêter la poésie : rencontre avec André Velter présentée par Serge Bourjea, suivie d’un récital poèmes
et chansons André Velter, Olivier Deck, le 24 nov
à la Cité du Livre.
Centre franco-allemand de Provence
– 04 42 21 29 12
2e édition de Lettres d’Europe et d’ailleurs : rencontres littéraires internationales, en présence d’écrivains
de langues allemande, française, italienne et polonaise, avec débats et lectures. Du 30 nov au 2 déc.
La Non-Maison – 06 29 46 33 98
Rencontre entre Bernard Plossu et Renaud Ego :
photographier avec ses pieds, le 15 nov à 18h à
l’auditorium du Musée Granet.
L’Ecole du regard, point de vue [2], par Michel Guérin, le 17 nov à 18h30.
L’Ecole du regard, point de vue [3], par Karim Rafi,
le 1er déc à 18h30.
Fondation Vasarely – 04 42 20 01 09
Colloque international : Vertu des contraires : art,
artiste, société, organisé par le laboratoire d’études
en sciences des Arts. Les 22, 23 et 24 nov dans la
salle des professeurs de l’Université Aix-Marseille.
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Libraires du sud /Libraires à Marseille
- 04 96 12 43 42
Rencontres : avec Jacqueline Assaël, Professeure
à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, à l’occasion
de la parution du numéro 28 de la revue Nunc sur
l’œuvre de Erri De Luca, La poésie des 10 commandements selon Erri De Luca : Parole d’évangile ? ;
conférence à 18h30 à la librairie Saint Paul (Marseille)
avec Pierre Lieutaghi pour la sortie de son livre
Simples mercis (Thierry Magnier) le 15 nov à 18h30
à la librairie La Carline (Forcalquier)
avec Dane Mc Donell autour de son album L’art du
paysage (éditions Gilletta) le 17 nov à 16h à la
librairie Masséna (Nice)
avec Sylvain Pattieu pour son livre Des impatientes
(Rouergue - La Brune) le 17 nov à 18h à la librairie
de l’arbre (Marseille)
avec Régis Lefort, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille, en hommage à l’écrivain Henry
Bauchau le 17 nov à 16h30 à la librairie Maupetit
(Marseille)
avec Alain Surget le 17 nov à 15h à la librairie Au
coin des mots passants (Gap)
avec Hervé Castanet, Gaby Charoux et Jean-Luc
Metge autour du livre Souffrances au travail, mise
au travail de la souffrance, les réponses des psychanalystes (éditions Lussaud) le 19 nov à 19h à la
librairie L’Alinéa (Martigues)
avec Cécile Desprairies pour son ouvrage L’héritage de Vichy (Armand Colin) le 21 nov à 19h à la
librairie La Mémoire du monde (Avignon)
avec Jean-Philippe Arrou-Vignod et Christophe
Mauri dans le cadre des 40 ans de Gallimard Jeunesse le 21 nov dès 16h à la librairie Charlemagne
(Toulon)
avec Yves Lacoste autour de La géographie, ça sert,
d’abord, à faire la guerre (La Découverte) le 22 nov
à 18h30 à la librairie L’Alinéa (Martigues)
avec Alexandre Jardin autour de son dernier roman Joyeux Noël ! (Grasset) le 22 nov à 19h à la
librairie Charlemagne (Toulon)
avec le peintre aquarelliste Tiennick Kérével le 23
nov à 17h à la librairie Charlemagne (Toulon)
avec Benjamin Lacombe à l’occasion de la sortie de
son nouvel album Swinging Christmas, (Albin Michel)
le 24 nov à 15h à la librairie Maupetit (Marseille)
table ronde Comment et pourquoi je suis devenu(e)
écrivain(e) avec Vincent Desombre, Mathilde Giordano, Marie Neuser et Lucien Vassal le 24 nov à
16h30 à la librairie Maupetit (Marseille)
avec Anne Robillard autour du tome 12 des Chevaliers d’Emeraude : Irianeth (Michel Lafon) le 26 nov
à la librairie Jean Jaurès (Nice) et le 27 nov à 16h
à la librairie Charlemagne (La Seyne-sur-Mer)
avec Pierre Jourde pour son dernier roman Le maréchal absolu (Gallimard, 2012), animée par Bernard
Fauconnier le 29 nov à 18h à la librairie L’Alinéa
(Martigues)
avec Françoise Donadieu autour du livre Zavatar le
Hasard et autres Avatars (Gros Textes) le 24 nov à
18h30 à la librairie Apostille (Marseille)
avec Michel-Marie Zanotti-Sorkine à l’occasion
de la sortie de son livre Au diable la tiédeur (Robert
Laffont, 2012) le 26 nov à 17h à la librairie Goulard
(Aix)
avec Franck Tilliez pour la sortie de son dernier
roman Atom[Ka] (Fleuve Noir) le 29 nov à 18h à la
librairie Goulard (Aix) et le 30 nov à 19h à la
librairie Charlemagne (Toulon)
avec Pascal Dibie pour son ouvrage Ethnologie de
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AU PROGRAMME
64 RENCONTRES
3bisf – 04 42 16 17 75
Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehauté, tous les jeudis de 13h30 à 16h30.
Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une
ville imaginaire où se croiseront tous les fantasmes
de chacun) animé par Benjamin Marianne, tous
les mardis de 14h à 16h30. SP
ARLES
Collège des traducteurs – 04 90 52 05 50
Une voix à traduire #11 : Sylvain Prudhomme pour
son roman Là, avait dit Bahi (Gallimard), le 16 nov
à 18h30 à l’Espace Van Gogh.
Une voix à traduire #12 : Emmanuelle Pireyre pour son
roman Féérie générale (L’Olivier), le 6 déc à 18h30.
Atelier Archipel – 06 21 29 11 92
Exposition–vente de petites œuvres de 21 artistes
du 2 au 16 déc. Vernissage le 2 déc à 11h30.
BRIGNOLES
Exposition Recycle ? Art ! : présentation d’artistes et
d’artisans travaillant les matières et matériaux oubliés pour leur donner une seconde vie. Vernissage
le 7 déc à partir de 18h30. Du 1er déc au 2 fév.
CHATEAUNEUF-DE-GADAGNE
Médiathèque Raoul Milhaud – 04 90 22 42 50
Exposition La littérature entre en jeu : le jeu de société comme toile de fond de bon nombre de romans,
du 14 au 28 nov.
FAYENCE
Mairie – 06 07 42 73 18
17e édition du Salon 1001 livres en présence d’auteurs,
éditeurs, conteurs, calligraphes… Du 23 au 25 nov.
FORCALQUIER
Association Forcalquier des livres
– 04 92 75 09 59
12e édition de la Fête du livre de Forcalquier sur le
thème La Lettre et autres caractères : conférences,
expositions, performances, ateliers… avec la collaboration de la librairie La Carline. Jusqu’au 28 oct.
ISTRES
Cinéma Le Coluche – 04 42 34 20 66
Conférence organisée par l’ADAPP Ouest Provence :
dans le cadre du cycle L’art en mouvement, véritables regards croisés sur l’art contemporain, un
éclairage sur Dali et son œuvre. Le 4 déc à 18h30.
MANOSQUE
Centre Jean Giono - 04 92 70 54 54
Exposition littéraire et artistique Centre Jean Giono,
20 ans de création : rétrospective qui rend hommage aux artistes contemporains qui ont su faire
approcher les territoires intérieurs de l’écrivain aux
visiteurs. Jusqu’au 31 mars.
MARSEILLE
ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00
Exposition Les Architectures de l’eau à Marseille
du XVIIIe siècle à nos jours : documents d’archives,
peintures, gravures, plans… Jusqu’au 8 déc.
Rencontre entre Jacques Bonnaffé (texte) et
Louis Sclavis (saxophone) autour de Haute voix, le
23 nov à 18h30.
Conférence de Nathalie Heinich, sociologue au
CNRS, et Roberta Shapiro, sociologue au ministère
Comité du vieux-Marseille – 04 91 62 11 15
21e Carré des écrivains ayant écrit sur Marseille, le
17 nov de 14h à 19h dans les espaces du Centre
Bourse.
Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94
Journée internationale pour l’élimination de
la violence à l’égard des femmes en présence des
parlementaires européens et d’Elena Doni, coauteur
du livre Amorosi assassini. Storie di violenza sulle
donne. Le 26 nov à 18h.
Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59
Cabinet d’auteurs, échange autour des livres que
vous aimez avec l’association Peuple et Culture, le
15 nov à 19h.
Cercle de Conversation, petit déj au petit matin :
Un monde durable ! animé par Jean-Claude Agnel,
conseiller en énergies renouvelables, avec des
responsables de l’AMAP… Le 18 nov de 10h à 13h.
Librairie Apostille – [email protected]
Club de lecture italien organisé par L’arca delle
lingue sur le livre d’Amara Lakhous Scontro di civilita per un ascensore a Piazza Vittorio E/O 2006, le
16 nov de 18h à 19h30.
Atelier d’écriture avec les Ateliers d’Aline, le 17 nov
de 10h à 12h.
Vernissage de l’exposition de gravure de Gabi Wagner
er lecture de Sylvie Durbec, le 6 déc à 18h30.
Mairie des 9e et 10e – 04 91 14 63 56
Festival de photographie contemporaine La photographie Maison Blanche #2 : série inédite de Samuel
Gratacap, jusqu’au 3 déc à l’espaculture ; prix de la
photographie Maison blanche à la galerie MAD du
10 janv au 2 fév.
Cinéma L’Alhambra – 04 91 46 02 83
Projection de Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia
de Peckinpah, suivi d’un débat animé par le philosophe Marc Rosmini autour d’un verre, le 16 nov
à 19h.
MARTIGUES
Médiathèque Louis Aragon – 04 42 80 27 97
Conférence de Michel Collot autour de son livre La
pensée-paysage ; philosophie, arts, littérature (Actes
Sud) le 24 nov à 17h.
À la rencontre d’Aragon : Aragon romancier, conférence par Daniel Bougnoux, professeur à l’université
Stendhal de Grenoble, accompagné d’une lecture
autour des personnages féminins dans les romans
d’Aragon, le 10 nov à 15h.
PORT-DE-BOUC
Médiathèque Boris Vian - 04 42 06 65 54
Rencontre-débat entre Jacqueline Garin, qui présentera son dernier recueil de poésie Au fil des
mots, et André Barbieri qui a inventé le concept
de musipoèmes, le 17 nov à 15h.
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La Friche – 04 95 04 96 23
La Marelle Villa des auteurs organise une rencontre
entre Anne Savelli (en résidence à La Marelle en
mai) et Pierre Ménard (18h chrono de la Friche) :
lecture à 2 voix et projection sur Laisse Venir, le
21 nov à 19h.
Les écrits du numérique, création écriture, édition
et diffusion numériques à vocation littéraire : rencontres, ressources, expériences, ateliers, le 23 nov
dès 10h.
CIPM – 04 91 91 26 45
Exposition Le Cours du Danube / Gigantexte n°12
par la poète Michèle Métail. Jusqu’au 24 nov.
Exposition photographique et littéraire Serge Assier
/ Fernando Arrabal, du 28 nov au 12 janv. ; vernissage en présence de Fernando Arrabal et son épouse
Luce, ainsi que de Michel Butor, le 30 nov dès 18h.
TOULON
Théâtre Liberté – 04 98 00 56 76
Thema#6, Lectures Algérie : lectures de textes
littéraires, français et algériens : Pierre, sang, papier
ou Cendre de Maïssa Bey (Éd. de L’Aube) lu par
Biyouna, et Noces suivi de l’Été d’Albert Camus
(Gallimard) lu par Michel Boujenah, le 16 nov à
20h30 ; Lettres à Zohra D. de Danielle MichelChich (Flammarion) lu par Emmanuelle Béart et
L’Opium et le bâton de Mouloud Mammeri (Points)
lu par Lyes Salem, le 17 nov à 20h30 ; Des hommes
de Laurent Mauvignier (Minuit) lu par Charles
Berling, le 18 nov à 16h.
CONCOURS
La Marelle, Alphabetville et Le Bec en l’air lancent
un appel à projets pour la mise en place d’une
résidence d’écriture numérique : concevoir une
œuvre littéraire d’un format numérique sur toute
forme ou support technologique, que les candidats
devront élaborer durant une résidence de création
d’une durée d’un mois. Les projets seront validés
par un jury composé d’écrivains et de membres des
structures organisatrices et des institutions
partenaires. Il est recommandé aux candidats de
proposer un projet qui dépasse le simple rapport
homothétique à la forme livre, pour imaginer une
relation à la lecture et/ou à l’écriture innovant, en
rapport avec la spécificité du support. Tous les
genres sont autorisés (narration, poésie, théâtre,
ouvrages pour la jeunesse…). La date limite de
réception des dossiers est fixée au 31 décembre ;
ils doivent être envoyés par mail à
[email protected].
04 91 05 84 72
www.villa-lamarelle.fr
SAINT-VINCENT-SUR-JABRON
Association Terres d’encre – 04 92 62 08 07
Happening poétique en compagnie du poète Jacques
Demarcq qui lira Les Zozios (éd. Nous) et d’autres
textes, le 1er déc à 18h à la Cabine du Passavour à Curel.
SISTERON
Médiathèque André Roman – 04 92 61 46 69
99e soupe aux livres des éditions Parole : lectures,
contes, chansons et partage de soupe, le 16 nov.
Retour de Biennale
Un an après la Biennale Thessalonique-Rome des
Jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée,
Espaceculture_Marseille présente à la Galerie du
Château de Servières les œuvres des artistes de la
sélection française L’Espace Julien recevra le
groupe Hyphen Hyphen (14 déc) ; la Cité Maison
de Théâtre un chantier théâtral de Leila Anis (11
déc). Des projections vidéos d’artistes issus des
sélections espagnole et libanaise seront également
présentées.
BJCEM
du 16 nov au 22 déc
04 96 11 04 61
www.bjcem.net
Laterna
magica
Avant de fêter son 10 anniversaire à l’occasion de
e
Marseille Provence 2013, le rendez-vous d’hiver
pluridisciplinaire des arts de l’image concocté par
Fotokino s’installe durant près de 20 jours à Marseille. Une édition qui donne un avant-goût des
festivités 2013 avec des expositions, projections,
rencontres et ateliers permettant de découvrir le
travail de fabricants d’images émergents ou majeurs. L’illustratrice Frédérique Bertrand sera l’invitée d’honneur et présentera une exposition
inédite au Studio Fotokino (vernissage le 5 déc à
17h), les artistes invités en 2013 (Atak, Jocken
Gerner, Yto Barrada, Paul Cox…) y présenteront
leurs travaux les 8 et 9 déc et donneront des ateliers (ainsi que Benoît Bonnemaison-Fitte, Patrick
Lindsay, Gusto…), La Criée se transformera en
Grand Bazar le temps d’un week-end (15 et 16 déc),
l’Alhambra accueillera la Fabuleuse fabrique du cinéma (9 déc), Nicolas Crème inaugurera l’atelier
de sérigraphie la Crêmerie (14 déc).
du 5 au 23 déc
09 81 65 26 44
www.fotokino.org
AU PROGRAMME
de la Culture et à l’EHESS sur Qu’est-ce qu’un objet
artistique ?, le 28 nov à 18h30 à la librairie Prado
Paradis.
Usages de l’eau dans le territoire marseillais : conférence-lecture avec Georges Aillaud, biologiste et
historien, et Sabine Tamisier, comédienne et
auteure, le 19 nov à 18h30.
L’industrie marseillaise et l’eau au XIXe siècle : enjeux et usages : conférence de Xavier Daumalin,
professeur d’histoire contemporaine à l’université
Aix-Marseille, le 3 déc à 18h30.
1962. Des trajectoires singulières dans une histoire
des rapatriements : rencontres avec J.-J. Jordi, historien, Ljuba Scuderi, anthropologue, Natacha
Cyrulnik, artiste, Claudia Coppola, ethnologue, le
17 nov de 14h30 à 18h.
Des artistes au camp des Milles : conférence par
Alain Paire, critique d’art et galeriste, le 27 nov à
18h30.
Dans le cadre du parcours de l’architecture au XXe
siècle dans les Bouches-du-Rhône, journée d’études
sur Paul Quintrand, architecte, avec Eleonor Marantz, historienne de l’architecture, Jean-Lucien
Bonillo, architecte, historien, Christian Morandi,
architecte, historien, Christel Frapier, historienne
de l’architecture, Gérard Monnier, historien de
l’architecture, Jacques Zoller, informaticien, Paul
Quintrand, architecte. Le 30 nov de 16h à 21h.
RENCONTRES 65
66
LIVRES
LITTÉRATURE
La madone du barrio
Miquel Dewever-Plana connaît bien l’Amérique
latine, où il a vécu entre 1995 et 2000. Après avoir traité
du génocide perpétré par l’armée guatémaltèque à
l’encontre des communautés mayas dans les années
1980, il mène aujourd’hui un travail photographique
sur la violence au Guatemala. Isabelle Fougère suit
quant à elle depuis vingt ans le quotidien de femmes
et d’hommes confrontés à la guerre, aux inégalités, à
l’exil. La rencontre de ces deux personnalités engagées
a donné naissance à Alma, dernier-né de la collection
Collatéral aux éditions Le Bec en l’air. En écho aux
images du photographe, la journaliste compose une
sorte de fiction documentaire autour de la figure
d’Alma, une marera, une adolescente appartenant à
un gang des rues, «la seule fille de la clique, la plus dure»,
un «fruit gâté du barrio», comme il en sévit des milliers
dans les grandes cités du Guatemala. Une beauté farouche, une dureté qui ne l’est pas moins. Le récit
polyphonique, brutal et poétique, présente une suc-
cession de brefs chapitres comme autant d’éclats de
voix : celles du père, de la clandestine, de la sœur,
d’autres encore, et puis celle d’Alma bien sûr, et même
celle de l’étranger (le photographe ?) ; enfin, celle de la
mort, qui clôt ce livre tendu entre violence et espoir,
crime et rédemption. Ce que cette fiction évoque au
fil des voix, c’est l’itinéraire terrible vécu par Alma, de
son intronisation ultraviolente dans le clan à sa
tentative désespérée d’en sortir. Le drame brodé par
I. Fougère repose sur celui, bien réel, de la jeune femme dont M. Dewever-Plana a su capter l’intimité et les
rêves détruits. Un bel ouvrage, émouvant, révoltant.
FRED ROBERT
Alma
Isabelle Fougère (textes)
Miquel Dewever-Plana (photos)
Le Bec en l’air, collection Collatéral, 14,90 €
À lire sur
le même sujet :
L’Autre Guerre,
un livre photo
de M. DeweverPlana, tout juste
édité au Bec en
l’air également
À voir, des mêmes auteurs : le webdocumentaire
Alma, une enfant de la violence. http://alma.arte.tv
Faire-part
La librairie La réserve à bulles et l’association Massilia BD sont heureuses d’annoncer la naissance de leur
maison d’édition Cheap Sheep Ship, dédiée au roman
graphique en noir et blanc. Premier titre de cette nouvelle venue au monde de la BD : Louise et les loups (à
paraître le 15 novembre prochain). Ou les aventures
de Louise Brooks, qui n’est pas précisément une agnelle,
au pays des grands méchants loups, de New York à
Hollywood. Une occasion pour Marion Mousse (auteur masculin de BD, en dépit de son prénom d’artiste)
de réaliser un projet qui lui tenait à cœur : retracer
quelques années de la vie de son idole, du moment où
elle débarque à New York à 15 ans jusqu’au jour de
1938 où elle abandonne le cinéma. «Pourquoi Louise
Brooks fascine-t-elle toujours ?» s’interroge Boris Henry
dans la préface du roman graphique à la superbe couverture très Art Nouveau, en accord avec les années 20
et le style garçonne de la star. Pas sûr que Marion
Mousse réponde précisément à la question. Il livre
néanmoins quelques pistes dans ce biopic dessiné original, qu’il traite à la façon d’un reportage, faisant
intervenir au fil des pages tous ceux qui ont côtoyé
Louise dans ces années-là. Ex maris, amis, femmes de
ménage, régisseurs, gérants d’hôtels, critiques, acteurs
et metteurs en scène se relaient ainsi à la barre des
témoins, vieillis, ordinaires, souvent mesquins, chacun
apportant sa version, son anecdote. Jusqu’à l’auteur
qui se met en scène, dans une malicieuse mise en abyme. Autant d’histoires, autant de facettes d’une icône
qui garde son mystère. Voilà sans doute pourquoi elle
reste fascinante !
F.R.
Louise et les loups
Marion Mousse
Cheap Sheep Ship, 19 €
Rééducation sentimentale
D’abord, il y a le titre, L’Amour sans le faire. Un joli
titre tentateur, qui intrigue avec sa majuscule au nom.
Ensuite, il y a la rencontre, à Manosque. Avec un auteur singulier, à la présence discrète malgré sa stature
d’ancien sportif. Avec un timide qui adore rencontrer
ses lecteurs et les faire rire (ce qu’il réussit fort bien).
Enfin, il y a le roman, le septième depuis 1998, qui
touche juste, avec une histoire simple. Une histoire de
retour à la vie, à l’amour, à la terre. Une sorte de Regain
d’aujourd’hui, à l’heure des TGV, des autoroutes et
des supermarchés, de la délocalisation des entreprises
et de l’abandon des cultures à l’ancienne. Après 10 ans
de silence, Franck décide de retourner voir ses parents
dans la ferme familiale. Au même moment, Louise
prend la même direction pour quelques jours de
vacances au vert. Deux êtres un peu perdus, à demi
broyés par la vie, dont le romancier suit les préparatifs
de départ et le voyage dans toute la première moitié du
livre. De courts chapitres alternés -au passé pour
Franck, au présent pour Louise-, qui cernent par
petites touches sensibles les deux protagonistes et leurs
hésitations. Ni pour l’un, ni pour l’autre, ce retour
n’est facile. La deuxième partie, à la ferme, montrera
pourtant que tous deux ont bien fait de revenir.
Malgré le fantôme du frère mort, malgré la culpabilité
et les non-dits. Car, grâce à eux et à un enfant malicieux, «la cour retrouvait tous ses bruits, ce n’était plus la
même cour, c’était une cour en vie». Dans la chaleur
d’un été torride, les sensations reviennent, le corps
retrouve sa place et tous les vieux comptes peuvent
enfin être soldés. C’est beau et évident comme une
pluie d’étoiles filantes dans un ciel d’août.
F.R.
L’amour sans le faire
Serge Joncour
Flammarion, 19 €
Serge Joncour était invité aux Correspondances
de Manosque en septembre dernier
LIVRES
67
Oratorio vivace
Un premier roman comme une pierre précieuse taillée
dans les décombres du grand séisme qui a ravagé Portau-Prince en 2010 : voilà ce qu’offre généreusement et
sans prétention aucune Makenzy Orcel. De toutes les
voix qui montent des Immortelles et finissent parfois
par se confondre de manière troublante, il n’en est pas
une qui ne souffle vigoureusement la liberté et le désir
de vivre, à commencer par celle de la narratrice anonyme captée et retranscrite par l’écrivain «à compte de
sexe». Ériger alors que tout est à terre, honorer la lie de
la société (prostituées de la Grand Rue comme allégories du double écrasement) et dégager patiemment la
beauté qui ne meurt jamais : programme d’urgence
de toute vraie littérature qu’honore à sa manière le tout
jeune auteur haïtien. Raconter la petite, vie et mort
d’une pute, figure gracieusement mythologique du
bordel (arrive à l’âge de 12 ans, fréquente 12 ans le professeur de littérature et les romans de Jacques Stephen
Alexis, met 12 jours à mourir sous le béton...) c’est faire
flotter le poème au-dessus de la prose «Moi, je veux
Ex/stime de soi
Lorsqu’une professeure de littérature comparée à
l’université de Caen, essayiste et romancière constate
en rentrant dans sa «maison des champs» -expression
un peu niaise qui manifeste une telle volonté de se
démarquer que l’entrée dans le livre est un peu gâchéequ’elle a été visitée et qu’ont disparu les malles contenant lettres, photos et carnets intimes (sa «chair du
temps»), cela s’appelle «désastre» ou «tsunami personnel» et l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie est
évoqué sans recul semble-t-il. Le ton est donné et
surtout l’élan : l’histoire littéraire n’est pas avare en
péripéties déclenchées par le manuscrit volé ou retrouvé et l’on soupçonnerait presque Belinda Cannone
d’avoir rêvé (de) l’événement qu’elle date du vendredi
11 mars 2011. Comme fouettée par le rapt -et notre
auteure n’évite malheureusement pas la référence au
«viol»- l’écriture tente de réparer en creusant (style
impeccable, langue tenue, sinon académique) artistiquement la blessure ; jour après jour, la narratrice qui
qu’on commence par la poésie. Elle aimait la poésie». Les
mots se serrent au cœur de la page et laissent parler le
blanc, invitation peut-être lancée au lecteur à «écouter
au-delà du silence des autres et à voir au-delà de leur regard». L’écriture est simple et pleine ; le lyrisme bien
digéré ; pas question de faire couleur locale sinon à
travers la force singulière d’expressions imagées qui
disent tout un monde : caca-sans-savon pour l’enfant sans
père ou Géralda-grand-devant pour l’accueillante putetrottoir... Hommage paradoxal à la mère que l’on fuit
mais qui vous trouve en se faisant fille (12 passes par
jour) et à l’éternel fils de pute, gage que l’histoire n’est
pas finie... «Souhaite-moi bonne chance» dit le dernier
feuillet. «Tiens bon» répondent les autres en chœur.
MARIE-JO DHO
Les Immortelles
Makenzy Orcel
Zulma, 16,50 €
dit je et s’appelle Belinda mais désapprouve cette
exhibition de l’intime qu’est le journal (on se perd un
peu dans les paradoxes mais la psychanalyse au garde
à vous veille en sentinelle) invente une forme de commentaire permanent extérieur qui donne à l’idée fixe
ses lettres de noblesse ; Harpagon et sa cassette tombent
du côté de la mort ; Belinda et sa «mémoire» envolée
caracolent sur les ailes du désir de vivre, non sans frôler
la caricature parfois : mêlant expérience personnelle et
théorie de la littérature parfaitement maîtrisée la narratrice livre ses réflexions sur l’éros du hip-hop, la
sensualité du tango ou l’ensauvagement de son jardin
et ne manque pas de les légitimer par la référence aux
écrivains du flux de conscience ou le recours à une
fiction finale dont l’artifice crève les yeux. Alors, en
effet, pourquoi ne pas écrire, puisque «ce qui compte,
c’est la présence d’un point de vue et la qualité littéraire
peut-être». Peut-être ? Pas sûr.
Makenzy Orcel, qui était présent
aux Correspondances de Manosque,
y est aussi écrivain en résidence
jusqu’en décembre
La chair du temps
Belinda Cannone
Stock, 19 €
Belinda Cannone
était invitée aux
Littorales (Entre
fiction et réalité) du
10 au 14 octobre
MARIE-JO DHO
Sauve qui peut l’Égypte
Il y a ceux qui en rêvent ; il y a ceux qui l’ont déjà fait ;
il y a ceux qui n’y sont pas encore parvenus mais qui
gardent l’espoir. En Égypte, dans les années 2000, tout
le monde ou presque essaie de quitter le pays. ÉtatsUnis, Europe, pays du Golfe, voie autorisée (le mariage
par exemple) ou clandestine (les passeurs), tout est bon
pour les nombreux candidats à l’émigration. Dans son
premier roman Taxi, Khaled Al Khassimi donnait la
parole à des chauffeurs de taxis cairotes et l’on sentait
déjà le pays au bord de la crise de nerfs. Publié en 2009,
soit deux ans avant la révolution, tout récemment
traduit de l’arabe et édité en France, L’Arche de Noé se
fait l’écho de ceux qui se sentent «perdus au milieu du
chaos, du désordre et de la corruption», «bloqués derrière
un mur de béton armé de l’époque pharaonique d’où on
observe les gens qui vivent de l’autre côté.» Le pays est au
bord du gouffre ; une seule échappatoire, l’arche salvatrice de l’exil, dans laquelle il s’agit de réussir à
embarquer. Écrit avec la verve des contes arabes, ce roman
choral restitue le flux de parcours souvent chaotiques,
un peu à la manière de La ronde de Schnitzler. Chaque
chapitre porte le nom d’une des 12 voix (celle d’un
jeune diplômé sans travail, d’un professeur d’université, d’une doctoresse, d’un passeur…) et relate son
histoire. 12 «contes d’exode», que la narratrice qui
apparaît en fin de roman a décidé d’écrire afin que le
monde connaisse la réalité égyptienne. Afin aussi
qu’on comprenne que ce n’est pas de gaîté de cœur
qu’on fuit son pays natal.
FRED ROBERT
L’arche de Noé
Khaled Al Khamissi
traduit de l’arabe (Égypte) par Soheir Fahmi en
collaboration avec Sarah Siligaris
Actes Sud, 22,80 €
L’auteur
était invité
à Marseille en
octobre dans
le cadre de la
manifestation
Regards sur
l’Égypte,
organisée par
la BDP
(voir p. 13)
68
LIVRES
LITTÉRATURE
De Norma Jeane à Marilyn
Entre Flaubert, Duras, Vian et Camus, Marylin
Monroe dont Hitchcock disait «qu’elle avait le sexe
affiché sur la figure», semble incongrue dans cette collection «à 20 ans» des éditions Au Diable Vauvert, qui
propose des biographies limitées à la jeunesse des
grands écrivains. Cinquantenaire de la mort de la star
oblige, Jannick Alimi, s’appuyant en partie sur les
Confessions inachevées de Marilyn publiées en 2011
s’attache à livrer «les secrets de ses débuts», secrets tout
relatifs tant on les a divulgués sur tous les toits. Alimi
suit le parcours de Norma Jeane, une gosse de père
inconnu abandonnée par sa mère, agressée par sa
grand-mère aussi folle que sa fille, ballottée de familles
d’accueil en institut, violée, mariée à 16 ans pour échapper à l’orphelinat, ouvrière dans une usine d’armement
pendant la guerre.
Un 94-56-89 repéré sous sa salopette par le photographe David Conover va en faire un modèle. Le temps
des vaches maigres pour cette jeune femme divorcée.
Figurante à la Fox, pin-up de calendrier, allant de
coach en coach, de Pygmalion en Pygmalion pour se
fabriquer laborieusement une identité dans un Hollywood où les filles s’agenouillent beaucoup pour trouver
un rôle tandis que le code Hays prône la moralité au
cinéma ! Dans un style «magazine» qui ne craint pas
les clichés, Alimi raconte au présent le passage, en
1946, de la brune Norma Jeane Baker à la blonde
Marilyn Monroe «encore chrysalide». Changement de
nom et décoloration : deuxième naissance à 20 ans
suivie dès 1950 des premiers succès avec Huston et
Mankiewiecz. La biographe s’arrête en 1951, date de
la rencontre Monroe/Miller. En 140 pages elle construit le portrait d’une actrice attachante, opiniâtre,
travailleuse, consciencieuse, très tôt dépendante des
médicaments qui la tueront, pas idiote (mais qui le
prétendrait encore ?). Un petit livre dont la lecture
n’est pas désagréable mais pas indispensable non plus.
ÉLISE PADOVANI
Marilyn Monroe, les secrets de ses débuts
Jannick Alimi
Au Diable Vauvert, 12,50 €
Lire et vivre
Les lectures et les visites d’auteurs reprennent dans les lycées et les CFA
pour le Prix littéraire des lycéens et apprentis de PACA
Comme chaque année la sélection est exigeante et ne
sacrifie pas aux sirènes de la mode. Les lycéens vont
avoir de quoi réfléchir et partager, et les Forums à venir
ne manqueront pas d’être passionnants.
Le titre du livre de Juan Pablo Villalobos semble
emmener dans un univers à la Lewis Carroll. Mais il
en est très loin. Imaginez un enfant coupé du monde
et de sa réalité, vivant dans un univers extrêment
protégé avec précepteur et serviteur, flanqué d’un
démiurge de père narcotrafiquant qui fait ses quatre
volontés. Sauf que le jeune Tochtli n’a aucune liberté
et ne fréquente aucun enfant. C’est lui qui fait le récit
de sa vie, de son point de vue déformé d’enfant gâté.
D’origine mexicaine l’auteur s’inspire de la violence
du monde du banditisme et signe la fable inquiétante
d’une société décomposée.
Avec le court roman de l’irlandaise Claire Keegan,
nous pénétrons dans un univers radicalement différent : le
milieu austère de l’Irlande rurale. Il s’agit du récit d’une
fillette, confiée à des parents de sa mère pendant que
celle-ci attend la naissance de son cinquième enfant.
Manifestement la famille d’accueil est plus aisée que la
sienne, l’entente du couple plus solide. Peu à peu la
fillette se détend, découvre une façon de vivre plus
sereine et plus confortable. Surtout elle ressent
confusément sans le formuler une attention tendre,
une affection naissante. C’est par bribes que peu à peu
un drame ancien ressurgit, que des liens forts et
pudiques se nouent, jusqu’à l’élan final. Claire Keegan
réussit une peinture discrète et émouvante par touches
pudiques, et montre la prise de conscience de la jeune
narratrice qui découvre une autre façon d’être au
monde et aux autres.
Le court récit de Laurent Mauvignier occupe 55
pages, commence et finit par un tiret. Aucun point. Se
lit d’un trait, presque sans respirer, le souffle court.
Quelqu’un parle, s’adresse au frère d’une victime,
expliquant les raisons d’une mort tout aussi absurde
que révoltante. C’est un fait divers qui a inspiré
l’auteur : un homme jeune est vraiment mort sous les
coups du service d’ordre pour avoir volé et bu une
canette de bière dans un supermarché. L’acharnement
des vigiles, leur violence, le sentiment de leur droit
sont répugnants. Se sentiront-ils coupables, enfin,
auront-ils la honte de leur geste ? Et le frère, les parents
qui ne le voyaient plus, auront-ils le remord de leur
abandon ? Laurent Mauvignier ne résoud rien, il
expose la situation dans sa vérité crue, avec quelques
retours sur ce que furent la vie et l’errance de ce jeune
homme en rupture. Angelin Preljocaj a fait de ce
récit, entièrement dit sur scène, la trame de sa dernière
création éponyme. Elle sera bientôt au Pavillon Noir
(voir Zib’56). L’occasion pour les lycéens lecteurs d’y
croiser la danse ?
CHRIS BOURGUE
Dans le terrier du lapin blanc
Juan Pablo Villalobos
Actes Sud, 12,80 €
Les trois lumières
Claire Keegan
Sabine Wespieser, 14 €
Ce que j’appelle oubli
Laurent Mauvignier
Éditions de Minuit, 7 €
70
LIVRES
LITTÉRATURE
Il faut imaginer Sisyphe heureux…
Il y a comme le ton d’une épopée, ou plutôt du mythe
qui s’écrit, se découvre en se déroulant dans Les quatre
livres, le dernier roman de Yan Lianke, publié à Hong
Kong en 2010, car interdit en Chine où réside l’auteur. Étrangeté du personnage de l’Enfant, qui arrive
dans ce camp de novéducation destiné aux intellectuels,
et reste auprès d’eux, dans leurs travaux. Cet enfant
venu du ciel qui est une sorte de petit Hitler au début
de l’ouvrage prend des allures christiques à la fin. À
l’instar des bons points et images avec son système de
récompenses composées de fleurs de papier, il offre un
chemin de rédemption qui mène à la liberté. La violence décrite est d’autant plus forte qu’elle prend les
visages de la douceur : l’inquisiteur se désole des tortures qu’il inflige pour le bien… allures christiques du
bourreau, autoflagellation des victimes… dans un jeu
subtil de dépersonnalisation. Quatre voix, quatre écritures construisent ce roman, présentées comme des
Passionaria
Avec son titre digne d’un roman de gare ou de série
rose, La Capitana n’est pas un livre vers lequel on
aurait envie de se pencher. Et pourtant, trompeuses
apparences, cette biographie étoffée d’Elsa Osorio,
traduite de l’espagnol d’Argentine, cache en fait un
roman complexe où les voix narratives se mêlent, celle
de l’auteur, à la première personne, qui évoque certaines étapes de sa quête de documents, de sources,
ainsi que ses rencontres ; celle de Mika, à la première
personne lorsque le récit à la troisième s’emballe et que
le discours indirect libre ne suffit plus ; les différents
personnages sont ainsi menés, entre narration des faits
et approche subjective des évènements. Par la grâce de
cette écriture, les êtres prennent chair, authenticité.
Micaela Feldman de Etchebéhère, née en Argentine,
en Patagonie pour être plus exact, est un personnage
extraits d’ouvrages, L’Enfant du ciel, aux allures bibliques, Le Vieux lit, autobiographie de l’Écrivain, Des
criminels, le récit de délation qu’il doit écrire aux
autorités, et Les Manuscrits, essai inachevé de l’Érudit,
dans lesquels Le Mythe de Sisyphe de Camus est réinterprété. Par le double jeu de la parabole et du réalisme,
Yan Lianke évoque les sombres années de la Révolution culturelle en Chine, les aberrations des enjeux
imposés aux paysans, jusqu’à celui de faire produire
de l’acier par toutes les familles, la déforestation liée à
cette activité, la famine (plus de 36 millions de morts).
Un roman superbe nourri d’histoire et d’une réflexion
forte sur le monde et la folie des hommes.
MARYVONNE COLOMBANI
Yan Lianke était accueilli cette année
à la fête du livre d’Aix, voir p. 72
historique. Sa vie mouvementée, toujours à la pointe
des mouvements progressistes de son temps, ses engagements (superbes pages sur la guerre d’Espagne), son
militantisme, ses luttes, son extraordinaire capacité pour
s’intéresser à tout, sa culture, son amour de la liberté,
sa droiture, en font un personnage de roman, sans
oublier l’amour pour Hippolito, «Hippo», compagnon de toute sa vie, même si la maladie le lui arrache
trop tôt. Un livre qui se dévore, une belle manière de
replonger dans l’histoire du XXe siècle, qui fut aussi
faite par des femmes… Vivifiant !
M.C.
La Capitana
Elsa Osorio
Métaillé, 20 €
L’humanité dans un souffle
Le monde animal est un mystère, le monde des humains aussi à en croire le deuxième roman du
dramaturge Wajdi Mouawad qui sonde les tréfonds
de l’âme et les abîmes de la conscience avec un sens
aigu de la parole. Celle de l’animal dans un rôle de
narrateur-voyeur-témoin tout à fait singulier ; celle de
l’homme aux langages multiples. Ici l’animal regarde
l’homme, cet autre singulier, lui qui observe, mange,
pleure, chie, gémit, rit, parle de sexe et de mort. Autant de mots que les hommes prononcent. Anima est
tout entier construit sur ce déplacement du point de
vue -déstabilisant et tellement riche- et, par ricochet,
sur l’écriture scandée, fouillée, chirurgicale, tendue.
Construit à la manière d’un thriller plus noir que noir,
Anima dépasse le genre pour embrasser la quête initiatique, le roman d’aventures, l’odyssée en suivant pas à
pas les périples de Wahhch à travers les grands espaces
de l’Amérique et du Canada, de Montréal aux réserves
indiennes. Le point de départ est un crime ignoble,
mais le monde animal n’en a cure car il connaît les
affres de l’amour et du désamour, le combat et la haine :
dans les effroyables nuits de l’homme, sa douleur est
un abysse formidable pour lui. Il s’en repaît, se lèche
les babines, se frotte le ventre et montre les dents, plus
rarement s’apitoie et console. De courts chapitres en
phrases sibyllines ponctués de titres latins, un croassement, un jappement, un envol au lever du jour, le cuir
d’une laisse sont autant d’indices pour comprendre la
nature du narrateur. Celui qui vient hanter l’esprit des
vivants et des morts… Roman sur les fêlures et les
âmes qui saignent, Anima raconte «une histoire entre
des créatures terrestres» indéfectiblement liées par une
évidence douloureuse : «Nous sommes tous des
meurtriers, mais certains choisissent de l’être.»
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Anima
Wajdi Mouawad
Leméac/Actes Sud, 23 €
Les quatre livres
Yan Lianke
Philippe Picquier, 20,80 €
LIVRES
71
La Sonate à Kreutzer
Arabe israélien, Sayed Kashua appartient à cette minorité déchirée par sa double origine, «écartelée entre sa
loyauté à l’État d’Israël et sa fidélité au peuple palestinien».
Son livre La deuxième personne n’échappe pas à cette
question identitaire qui habite à des degrés divers les
deux personnages phare. L’un, nommé «l’avocat», victime d’une jalousie dévastatrice, remonte le cours du
temps à la recherche d’un supposé amant de sa femme ;
il est Arabe, parle l’hébreu couramment et vit dans le
quartier juif de Jérusalem. L’autre, jeune travailleur
social dont on connaîtra le nom tardivement, est Arabe lui aussi ; loin de son village natal, il va prendre
progressivement l’identité d’un jeune tétraplégique Juif
ashkénaze dont il s’occupe, Yonat-han Forschmidt. À
la manière d’un géomètre décrivant la topographie
inextricable de Jérusalem, l’auteur raconte ce dédale
de destins croisés : le ton est sec, le style méticuleux, les
détails abondants. Quitte à piéger le lecteur dans un
lacis d’informations qui brouille l’écheveau narratif…
Sayed Kashua tend le miroir à cette ville complexe,
Jérusalem, découpée entre parties orientale et occidentale, Arabes et Israéliens, où même les diplômes, les
transports, les cartes d’identité et les relations sont un
casse-tête permanent. Jusque dans sa forme, La deuxième personne est double, construit autour de deux
vies parallèles, dans une ville aux deux visages. L’intrigue, finalement, a peu d’importance. Ce sont les
questionnements sur l’appartenance sociale, l’honneur,
la patrie, les traditions, les filiations, la famille, l’émancipation qui font le ciment du récit. Et la littérature,
omniprésente chez les protagonistes que la lecture de
La Sonate à Kreutzer conduira un jour à se rencontrer.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
La deuxième personne
Sayed Kashua
L’Olivier, 23 €
Au pays du cèdre
Roman tumultueux, Le royaume de cette terre est plein
de bruit, de fureur et de foi. L’action se déroule au
Liban, dans «le plus beau pays du monde» (c’est un
Français qui le dit, juste avant de se faire éclater la
cervelle avec une bouteille d’arak, le tord-boyau local).
Le traducteur d’Hoda Barakat, Antoine Jockey, a dû
s’en donner à cœur joie pour restituer la langue
savoureuse des protagonistes, tous plus prolixes les uns
que les autres, notamment lorsqu’il s’agit d’insulter
son prochain, l’étranger, le riverain, celui du village d’à
côté, la cousine ou le frère. Le curé, aussi, voire le saint
ou le patriarche, car en matière de religion les chrétiens
maronites ne semblent pas bégueules. Ils ont le cœur
chaud, simplement, et pleurent autant d’émotion à
l’écoute d’une ode à l’amour que d’un chant sacré.
Cette atmosphère chaleureuse est si puissamment
présente entre ses pages que l’on hésite à nuancer le
jugement porté sur le livre. Cependant, c’est cette
fougue même qui perd un peu le lecteur en chemin,
entre la millième histoire dans l’histoire (dont celle de
Khalil Gibran, le «Prophète» et néanmoins voisin), les
détails traditionnels pourtant exotiques en diable, et les
personnages hauts en couleur que l’on suit sur près de
soixante-dix ans. Un imbroglio narratif qui demande
une grande attention, quand on aimerait se laisser
glisser dans le récit.
GAËLLE CLOAREC
Le royaume de cette terre
Hoda Barakat
Actes Sud, 22,50 €
Du rouge au noir
Le Duce irrigue toute l’histoire, la «grande» et la «petite»,
et le livre aussi. Dans un torrent impétueux, Antonio
Pennacchi jette à la face du lecteur de Canal Mussolini
509 pages de souvenirs, d’anecdotes, de faits historiques, de combats syndicaux et politiques, de guerres
en Europe et en Afrique. Et de sentiments jamais tièdes
car ce sont ceux de la tribu Peruzzi : dix-sept frères et
sœurs aux destins inextricablement mêlés à la figure
italienne, rouge un temps, funestement noire très
vite… De l’extrême gauche à l’extrême droite, l’auteur
remonte le temps dans des va-et-vient déstructurés,
brosse le portrait réaliste de ses oncles et tantes jusque
dans leurs déterminations et leurs errements, leurs
espoirs et leurs renoncements. Plus largement, il peint
l’histoire de la paysannerie italienne contrainte à
l’exode dans l’Agro pontin, cette «terre promise, loin de
la plaine du Pô, d’où on nous avait chassés en nous volant
tout, nos bêtes et les réserves que nous avions constituées au
fil d’années de labeur». L’épopée littéraire est étourdis-
sante car l’écriture est sinueuse, les dialogues répétitifs,
le ton familier, voire racoleur quand, pour redonner
vie à ses aïeux, Antonio Pennacchi s’invente un interlocuteur auquel il assène de multiples «pardon, que
dites-vous ?» et «ne m’interrompez pas !». La verve truculente nous emporte dans un tourbillon dont on
aimerait, parfois, qu’il perde un peu de sa force. Mais
la vie des Peruzzi, collée aux semelles du Duce, méritait bien cette fresque car le livre, écrit l’auteur, est «la
raison pour laquelle je suis venu au monde».
M.G-G.
Canal Mussolini
Antonio Pennacchi
Liana Levi, 23 €
L’ouvrage était sélectionné pour le Prix des lecteurs du
Var à la Fête du livre de Toulon
L’ouvrage recevra le Prix des lecteurs du Var à la Fête
du livre de Toulon le 16 novembre à 15h en présence
de l’auteur et du Président du jury, Malek Chebel.
Une discussion avec Sayed Kashua, suivie
d’une lecture par Clémentine Célarié,
est organisée le 17 novembre à 17h.
72 LIVRES ÉCRITURES CROISÉES | CENTRE ÉGYPTIEN
La tâche de la littérature,
c’est le droit des nuances
Par le titre de la Fête du Livre de cette année, Bruits du
monde, Annie Terrier conviait les écrivains invités à
partager une réflexion sur leur place dans le monde
aujourd’hui. Après avoir rappelé que «la littérature anime la conscience de l’humanité», elle citait Salman Rushdie
qui lors d’une précédente édition affirmait : «la vérité
est extrême, il faut toujours prendre parti», d’où l’urgence de faire entendre les voix de personnes qui «ont
toutes su choisir leur camp sans que leurs œuvres résonnent
comme des pamphlets péremptoires». Dédiée à Carlos
Fuentes dont la présence nous avait comblés l’an dernier,
cette édition réunissait une palette d’une exceptionnelle qualité. Au cours des tables rondes, comme des
entretiens plus personnels, chaque auteur s’est livré.
L’écriture, un moyen de comprendre le monde, un
moyen de résister à toutes les dictatures ? «Je ne connais
aucune langue étrangère, sourit Yan Lianke. En raison
de cette incapacité, je ne peux entendre les bruits du monde,
seulement ceux de mon cœur, mais quand j’entends les
bruits de mon village, j’entends les bruits du monde entier.
Quand j’ai parlé de mon village, j’ai parlé du monde.»
(voir chronique p. 70)
David Grossman réplique que les problèmes autour
du langage, de la relation avec le pouvoir sont les mêmes
partout : «Le monde essaie de manipuler, forger, dévoyer
le langage de celui qui décrit les évènements… Une grande part des bruits du monde est créée par les médias de
masse qui nous lavent le cerveau en permanence : le média
de masse fait que les hommes deviennent des masses, par
sa vulgarité, sa sentimentalité malsaine, ses clichés. La
tâche de la littérature c’est le droit des nuances, contre ces
médias. Nous essayons d’écrire de l’intérieur des autres.
Écrivain, je veux décoder les autres, les comprendre, être
envahi par eux. L’une de mes tâches est de trouver le mot
juste. Je tente de rester naïf dans un monde cynique.
Naïveté marquée par des écorchures. Si je laisse la situation autour de moi me vider de cette naïveté, j’aurai perdu
la guerre.»
FDL 2012, David Grossman, Juan Goytisolo,
Antoine Volodine, Peter Esterhazy © Patrick Bédrines
justement elle qui empêche les gens de savoir lire ?
Péter Esterházy avec humour raconte : «J’ai vécu 40
ans dans une dictature totalitaire, je n’ai pas eu l’expérience du bruit mais du silence. Je n’ai pas eu la chance
de l’exil.» Selon Antoine Volodine, «un écrivain doit,
pour écrire, s’abstraire des bruits du monde, s’enfermer
dans une cellule pour échapper à l’entourage, souvent
tragique, de notre planète. Alors, ce monde présent, souffrant, au seuil de cette catastrophe de l’humanité qui va
toujours vers le pire, se retrouve dans l’écriture, transformée par la brume onirique de la création, le post
exotisme.»
FDL 2012 © Patrick Bedrines
Pour Juan Goytisolo, l’expérience d’une dictature
vous fait vivre toutes les dictatures. L’exil politique permet au moins de regarder son pays à la lumière d’autres
pays, sa langue, à la lumière d’autres langues. La dictature du marché est plus pernicieuse. N’est-ce pas
Depuis son installation en France il y a
une dizaine d’années, Tamer Shabana
a une idée en tête. «Quand je suis arrivé
ici, je me suis trouvé face à certaines difficultés. J’avais besoin de conseils, de guides.
Le projet est né comme ça.» Une révolution plus tard, le Centre culturel égyptien
a ouvert ses portes, au centre de Marseille. Baptisée Nour d’Égypte, l’association
se veut un lieu d’échanges et de rencontres plutôt qu’un repaire pour ressortissants
égyptiens ! «Le principe est de faire découvrir notre culture et de s’ouvrir à celles
des autres», précise le président du centre. Une aventure qui n’aurait pas eu la
même saveur sans le Printemps arabe.
«Avant, nous aurions automatiquement
demandé l’accord du consulat d’Égypte,
ce qui nous mettait d’office sous son influence. Aujourd’hui, nous sommes totalement
indépendants», se réjouit Tamer Shabana. Cours d’arabe, de français langue
étrangère, de cuisine traditionnelle, expositions, projections, débats, concerts…
Et bientôt, des séjours chez l’habitant.
Les propositions du centre sont nombreuses et toujours dans l’esprit d’une
mise en partage des cultures et des
modes de vie.
THOMAS DALICANTE
Nour d’Égypte, Centre culturel égyptien
10 rue Bernex, Marseille 1e
09 80 63 06 56
www.nourdegypte.com
Centre culturel Nour d'Egypte © Salome Von Ow
Le Nil à deux pas
Capter les bruits actuels, une responsabilité de l’écrivain ?
Lianke : Mon but ultime est de faire connaître au lecteur étranger la Chine la plus véritable. C’est sans
doute pour cela que mes romans ne sont pas très
appréciés dans mon pays.
Grossman : Les échos de l’histoire dictent notre futur.
Écrire en hébreu, belle endormie de plus de 4 000 ans,
c’est s’inscrire dans une chaîne, redonner vie à des
mythes, mais aussi s’en libérer, créer de nouvelles histoires, de nouveaux mythes.
L’ATTRAPE MOT
Esterházy : En période de dictature,
manquer de sérieux est une attitude
constructive. J’ai donc essayé de
devenir un Don Quichotte contre
les moulins à vent du sérieux. La
dictature est un monde bipolaire. Le
problème stylistique est de trouver sa
place dans ce nouvel ordre du
sérieux et de la pitrerie.
La disparition de la dictature a-t-elle
modifié les conditions de lecture, et
l’écriture aussi ?
Esterházy : Quand la dictature disparaît, ceux qui cherchaient la liberté
dans les écrits la retrouvent dans la
presse. 89 a été un grand changement. Tous les livres qui avaient été
écrits uniquement en opposition à la
dictature sont morts. Mais mon opposition politique était une critique
d’ordre linguistique ; je n’avais pas à
la modifier après 89. Mon travail se
fonde principalement sur la langue.
Je vous parle de la littérature comme
un maçon, je sais comment placer
les briques, quel mortier utiliser.
Grossman : L’écriture utilitaire ne
m’intéresse pas. Mais le style, la surabondance d’adjectifs, la dimension
sensuelle et concrète du langage.
Volodine : Je tente de créer des espaces de fiction qui ne peuvent être
reconnus comme appartenant à telle
ou telle nation. Je soigne autant que
possible ma langue comme une
langue de traduction. Je n’appartiens
à aucun pays, mais à la gent humaine qui ne se cache pas derrière ces
chiffons colorés que l’on appelle
drapeaux. C’est grâce à la littérature
que je peux faire de la terre chinoise
ma terre. Ma littérature se réclame
du cosmopolitisme, de l’internationalisme. Dans mes livres, pas de
référent à quelque culture déterminée
que ce soit, ma position idéologique
cherche à rompre avec l’affirmation
identitaire guerrière, contre le capitalisme, pour établir une société
égalitaire, intelligente et fraternelle.
Décidément, les écritures se croisent
et dessinent le monde, pour des
journées de rencontres inestimables !
MARYVONNE COLOMBANI
Rencontres animées par
Pierre Meudal, Pierre Haski,
Philippe Delaroche du 18 au 21
octobre à la Cité du Livre, Aix
L’art du renouveau
Écritures croisées © Patrick Bedrines
Les Écritures croisées, dans la foulée
des Bruits du monde, invitaient quatre
jeunes auteurs coréens qui renouvellent
une certaine vision de la littérature coréenne. Après un siècle douloureux
d’histoire où les écrivains s’y sentaient
dépossédés, orphelins de leur histoire,
la «nouvelle vague» est influencée par les
thématiques modernes et mondiales:
dans ces romans il est question d’urbanisation, de violence, des relations de
couple, avec les enfants, avec les autres,
difficultés matérielles, du chômage…
Les auteurs présents se plient à tour de
rôle au questionnement de Jean-Claude
de Crescenzo, maître de conférence à
l’Université d’Aix-Marseille, responsable des écritures coréennes et chercheur
à l’Institut de Recherche sur l’Asie (Irasia).
Kim Aeran conjugue situations tragiques et humour débridé. Elle s’intéresse
dans ses œuvres au délitement de la
famille (une institution en Corée, qui
s’effrite depuis une trentaine d’années).
Selon elle, «l’humour met à distance la
souffrance», tandis que Pyun Hye-young
affectionne une écriture sombre et glauque inspirée par la pandémie du SRAS
LIVRES
73
ou le tremblement de terre au Japon.
Kim Jung Hyuk s’attache à la remise
en cause de toutes les normes imposées
aux individus dans un monde corseté,
de plus en plus utilitariste. Han Yu-joo,
invitée par l’université d’Aix-Marseille,
en résidence de septembre à décembre
dans le cadre du LIT Korea1, explore
les limites du langage, construisant une
réflexion sur l’écriture à l’intérieur de
l’histoire.
Les traductions d’un trait rythment les
interventions et les lectures qui permettent au public composé d’un grand
nombre d’étudiants en Coréen, de s’imprégner de la musicalité de la langue.
Du coréen au français et réciproquement… l’entreprise est ardue, il n’y a
que trois temps en coréen, il faut repenser sa propre langue et son appréhension
temporelle du monde pour comprendre cette littérature, qui ouvre un
champ tout à fait passionnant.
MARYVONNE COLOMBANI
1
LIT Korea : Literature Translation
Institute of Korea
Cette rencontre a eu lieu
le 25 octobre à Aix,
Cité du livre, dans le cadre
des Écritures croisées
Au plaisir des mots
Les 10 ans d’une librairie, ça se fête. Surtout quand ces 10
années ont tissé des liens solides entre une libraire et ses
clients-lecteurs, devenus au fil des ans de véritables amis. À
L’Attrape-mots, on vient certes pour acheter des livres ; on
vient aussi pour discuter, chercher un avis, donner le sien. Les
membres du comité de lecture y sont assidus. Agnès Gateff
a voulu célébrer tout cela. Tout ce qui fait que son lieu n’est
pas seulement, loin s’en faut, une boutique ; et que son métier
reste une passion, la passion de transmettre, de partager. Bien
avant la date anniversaire, la libraire avait demandé à ses
lecteurs de choisir les 10 romans qui les avaient marqués
durant la décennie écoulée. Dans la sélection, Murakami et
son Kafka sur le rivage, Boyden et son Chemin des âmes,
Claudie Gallay, Carole Martinez et Carlos Ruiz Zafon… Les
deux soirées de fête se sont donc écoulées au rythme des
lectures d’extraits des 10 livres plébiscités. Des lectures courtes,
par la pétillante Corinne Esparron, comme autant de clins
d’œil à des plaisirs de lecture, et d’invitations à y revenir. Dans
une ambiance gourmande de mots comme de mets.
FRED ROBERT
Les 10 ans de L’Attrape-Mots ont été fêtés
les 19 et 20 octobre à la librairie
Corinne Esparon lectrice de l'Association Tac au Tac en pleine lecture de L'ombre
du vent de Carlos Luis Zafon © Manon Pineau
74 CONFÉRENCES MUCEM | NUMÉRIQUE
Nos trinités
Une conférence pour présenter le MuCEM
Après les mardis du MuCEM qui pendant
deux ans ont abordé les problématiques
diverses qui traverseront les expositions
temporaires et la programmation artistique, Zeev Gourarier, Conservateur
général du patrimoine, Directeur scientifique et culturel, venait enfin présenter
au public le cœur du projet. Car parcourir la galerie permanente du MuCEM
ne reviendra pas à voir défiler des objets,
si précieux, rares et beaux soient-ils, mais
à entrer dans une véritable vision du
monde. Méditerranéen, et au-delà.
Quelles sont les spécificités du monde
méditerranéen, de ce bassin de civilisation ? Il a «inventé» les dieux, comme
les asiatiques et les amérindiens, en même
temps que l’agriculture : domestiquer
la nature semble par analogie donner
l’idée à l’homme que quelqu’un le domine. Mais les méditerranéens ont aussi,
contrairement aux autres bassins de
civilisation, «inventé» les monothéismes.
Zeev Gourarier l’affirme très simplement,
mine de rien, en décrivant les cheminements qu’il a conçus. Le premier parcours
de la galerie permanente intitulé Naissance des dieux et invention de
l’agriculture affirme sous son titre
nietzschéen que l’idée de Dieu a un
commencement, et que donc un jour,
avant le néolithique où l’homme apprit
à élever et cultiver, Dieu n’existait pas.
Le second parcours, Jérusalem, une
ville, trois révélations, s’attache aux
trois monothéismes, pour afficher la
similitude de leurs rites, de leurs objets,
des lieux sacrés, non dans une démarche œcuménique, mais pour démontrer
leur filiation, qui les définit comme
forcément humaines.
Le MuCEM, seul musée d’État en
«province», a donc bien un dessein unique, très ambitieux intellectuellement,
doucement instillé. Sans doute trop
modestement encore : pour sa première
conférence Zeev Gourarier était accompagné par Adeline Rispal, architecte et
scénographe, qui expliquait la muséo-
Maquette du Saint-Sepulcre de Jerusalem,Israel-Palestine XVIIe siecle, Galerie de la Mediterranee Des Dieux, des Hommes et des Voyages © MuCEM, Chistophe Fouin
graphie des parcours, ses fenêtres vidéos
ouvertes sur le monde… Interventions
un peu décalées, pour qui percevait
l’enjeu réel, intellectuel, du musée.
Reste à espérer que celui-ci sera lisible
pour le visiteur !
AGNÈS FRESCHEL
Le MuCEM est à l’Alhambra pour :
Cette Rencontre de l’Autre Rive a eu
lieu le 25 octobre à la Criée
un ciné-concert, Les Aventures du prince Ahmed de Lotte Reiniger, musique de
Khoury Project, le 30 nov à 18h et 20h30,
un studio photo mobile, avec Paul Ladouce qui fait votre portrait avec un objet
que vous choisissez le 1er déc de 14h à 17h,
la présentation publique du MuCEM par Bruno Suzzarelli et Thierry Fabre le 1er
déc à 16h,
l’avant-première du documentaire Dans un jardin je suis entré, d’Avi Mograbi,
suivie d’un débat avec le réalisateur le 1er déc à 20h.
À venir
Le 20 déc à 18h30, à la Criée, Zeev
Gourarier présentera les deux autres
parcours de la galerie permanente,
qui signent également des spécificités
du monde méditerranéen :
L’invention du citoyen
et le développement de la
démocratie, et Les découvertes.
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Musée dans la Cité
04 91 46 02 83
L’Alhambra, Marseille 16e
www.alhambracine.com
www.mucem.org
Tolstoy’s netbook
© Gaelle Cloarec
Dominique Lacroix, analyste des réseaux
et blogueuse, a clos le cycle 2012 de
l’ADBSPACA1 à l’Alcazar, dont le thème
était le suivant : L’Internet change-t-il
l’organisation du monde ? Sa conférence
portait sur la guerre et la paix à l’ère numérique ; une lutte pour le pouvoir sous
une forme feutrée, mais qui pour être
peu télégénique n’en est pas moins brutale et décisive. Celle des conflits «qui
ne se déclarent pas», où «celui qui prend
l’initiative a l’avantage, même s’il est beaucoup plus petit que son adversaire». Où
les géants privés du web négocient directement avec les États, orientent les
protocoles informatiques à leur avantage, plient les sciences cognitives au
neuromarketing, percent les trous noirs
de la finance. Une bataille des langues
aussi, et de l’écriture : le code est loi (il
crée des obligations, des normes...),
mais pourquoi serait-il anglophone ?
Sous-jacente, la question cruciale de l’inflation monstrueuse des données, avec
ses corollaires : qui a accès à quoi, qui
contrôle le nuage2 ? Pour Dominique
lobbys qui prétendent régir le monde.
GAËLLE CLOAREC
1
Association des Professionnels de
l’Information et de la Documentation
2
Cloud computing : accès via le réseau
à des ressources informatiques virtualisées
et mutualisées
Une bibliographie est mise
à la disposition de ceux qui
voudraient approfondir le sujet
sur le site de la BMVR
(Département Références).
À venir : le prochain cycle de
conférences de l’ADBS s’intitulera
(pour 2013) L’information :
une nouvelle culture ?
Lacroix, «on parle beaucoup de surveillance sécuritaire, moins de la
sous-veillance, celle qu’exercent les citoyens
qui se regroupent pour mettre leurs données
en ligne et dénoncer les dérives des autorités.» Elle y voit l’apparition d’une
société civile à l’échelle mondiale, ren-
due possible par le réseau, stimulée par
la curiosité des hackers. D’une «démocratie liquide» (horizontale, directe)
peut-être pas encore prête à se doter de
dispositifs de régulation, mais en tous
cas consciente de l’interdépendance des
hommes, et absolument réfractaire aux
Sur un thème approchant,
la 2ème Table Ronde des Rencontres
d’Averroès : Entre renaissance citoyenne
et transparence politique. Révolution
numérique ou contrôle des libertés ?
Le 24 novembre au Parc Chanot.
POP PHILOSOPHIE | GYPTIS
CONFÉRENCES
75
Que
philosopher,
c’est apprendre
à mourir
1
La culture populaire contemporaine
allait-elle être un bain de jouvence pour
la vénérable philosophie ? On s’est rendu aux conférences de la Semaine de la
Pop philosophie avec une certaine curiosité, en accordant le bénéfice de l’originalité
aux intervenants : cela pouvait s’avérer
intéressant de parler football à Marseille
un peu différemment, en prenant les mots
«faute», «action» et «but» par l’autre bout
de la lorgnette. Ou d’analyser le système
politique en vigueur chez les Schtroumpfs,
menacés par un sorcier au nez crochu,
et son chat Azraël. Une conférence qui
travaillait sur un ton amusé la notion
«d’archétype d’utopie totalitaire» dans
ce pseudo monde avec une seule femme (bécasse), un homo (coquet) et un
vieux chef qui ressemble à Marx.
Mais, au-delà de ces analyses plus langagières que philosophiques, on demeure
sceptique.
Qu’allait-elle donc faire dans cette
galère, la philosophie ? S’encanailler avec
les pauvres ? Même pas. Il suffisait d’être
présent le 23 octobre dans l’amphi
Jourdan de la faculté d’économie, sur
la Canebière, pour constater que le
thème de l’entreprise ne serait pas le
plus subversif. Le projet Socrate auquel
appartiennent les deux orateurs «propose
au monde du travail les ressources de la
philosophie pour améliorer ses capacités
prospectives, relationnelles et productives».
Manifestement, son objectif est plus mercantile que destiné à faire avancer la
science. Ça commence mal, mais ils préviennent l’auditoire : «On va parfois vous
perdre, ne vous inquiétez pas, on va vous
rattraper.» Sauf qu’on se retrouve une
heure plus tard, déconfit et noyé sous
les phrases absconses ; quel dommage,
dans une ville qui bénéficie d’un public
exceptionnel pour les conférences !
Heureusement, il y a Harry Potter. À
l’Alcazar le lendemain, la salle est comble, et la jeune femme au micro s’exprime
clairement, ponctuant son propos
d’extraits de films à la grande satisfaction des jeunes, venus pour certains
en chapeaux pointus. Des stoïciens à
Descartes, elle illustre les points étonnamment nombreux sur lesquels on
peut trouver une résonance philoso-
© Gaelle Cloarec
phique dans les pages du livre de JK
Rowling. Le sage se concentre sur ce qui
dépend de lui, la vie de l’homme vertueux est-elle préférable à celle de
l’homme injuste ? Des deux personnages principaux de la saga, Voldemor et
Harry, l’un accepte la finitude, l’autre
non, et il est prêt à toutes les compromissions pour y échapper... or «il y a
dans le monde des vivants des choses bien
pires que la mort». On rejoint Hölderlin :
qui ne veut pas souffrir se condamne à
ne pas vivre.
C’est aussi le point soulevé par le
sociologue Patrick Pharo lors de son
intervention consacrée à la drogue, le
26 octobre à la Maison de la Région :
la recherche de plaisir éternel des consommateurs, dans laquelle on peut voir le
reflet de nos régressions infantiles,
n’aboutit qu’à la non-vie du toxicomane. Or, notre société marchande
favorise les addictions de masse : tabac,
alcool, sexe, nourriture, médicaments...
tout s’achète et tout se vend dans une
tentation perpétuelle, jusqu’à la nausée.
Certes. Mais alors, au fond, ne serait-il
pas plaisant de vivre dans un monde
où quels que soient ses objets la
philosophie continue à créer des
concepts, et qu’on ne l’ingurgite pas
comme on consomme un bol de popcorn ?
GAËLLE CLOAREC
La Semaine de la Pop philosophie
a eu lieu du 22 au 27 octobre
à Marseille
1
Montaigne, Les Essais, chapitre XIX
Psychanalyse et journal d’un fou
Roland Gori © Isabelle Levy-Lehmann
Le théâtre Gyptis accueille l’adaptation par Andonis
Vouyoucas du Journal d’un fou, de Gogol, du 20 au
24 nov (voir p. 30). La dernière représentation sera
aussi l’occasion d’une rencontre avec Roland Gori,
professeur émérite de psychopathologie clinique à
l’Université d’Aix-Marseille, et auteur du fameux De
quoi la psychanalyse est-elle le nom ? publié chez Denoël
en 2010.
Deux ans auparavant, c’est avec un autre psychanalyste, Stefan Chedri, qu’il lance l’Appel des Appels.
En plein mandat Sarkozy (période bling-bling et
réformes pied au plancher) «professionnels du soin, du
travail social, de l’éducation, de la justice, de l’informaion et de la culture» clament qu’«à l’Université, à l’École,
dans les services de soins et de travail social, dans les
milieux de la justice, de l’information et de la culture, la
souffrance sociale ne cesse de s’accroître», et qu’ils ne
laisseront pas les choses évoluer vers le pire sans se
battre.
Aujourd’hui, sous un nouveau gouvernement qui
peine à freiner les dérives initiées par son prédécesseur,
le collectif (avec plus de 86 000 signatures enregistrées)
poursuit sa dénonciation : l’hôpital-entreprise, l’université-entreprise sont toujours soumis à un impératif
de rentabilité destructeur du lien social.
En tant que psychanalyste, Roland Gori soutient que
la culture est ce qui donne au sujet la capacité de se
construire, et non ce qui lui permet de s’adapter à un
pouvoir normatif. À l’approche de 2013, il sera intéressant de le questionner plus avant sur ces
thématiques.
Le 24 nov, des extraits de ses œuvres seront lus (notamment certains passages de La Dignité de penser,
parue aux éditions Les Liens qui Libèrent), ainsi que
des textes de Nietzsche, René Char et Pasolini. Un
débat s’ensuivra.
GAËLLE CLOAREC
Roland Gori au théâtre Gyptis le 24 novembre
à 17h, avant la représentation du Journal d’un fou
qui débutera à 20h30
76
SCIENCES
FÊTE DE LA SCIENCE | AGENDA
Village Marseille, Immersion dans une realite virtuelle sur le stand de l'Institut des Sciences du Mouvement
© Les Petits Debrouillards PACA
Village Marseille, Extraction d'ADN sur le stand de l'nserm © Les Petits Debrouillards PACA
Faites des sciences !
(mais vivez d’autre chose)
21 ans que ça dure, et l’engouement est toujours au
rendez-vous de ces manifestations ouvertes à tous,
au cours desquelles des scientifiques se plient à
l’exercice difficile d’expliquer en toute simplicité leurs
découvertes récentes et leurs passionnants objets
d’étude.
Les nombreux curieux n’ont pas regretté le déplacement au village des sciences de Marseille : du boson
de Higgs à l’extraction d’ADN de banane, en passant
par les phénomènes hors équilibres, la cristallisation
d’une enzyme ou les dernières découvertes archéologiques, tous les thèmes trouvaient un interlocuteur !
Le beau temps était au rendez-vous pour la traditionnelle «enquête» confiée à des Sherlock en herbe,
sur les traces d’un criminel dans le parc du palais
Longchamp. Serge Haroche, récent prix Nobel de
physique et fervent défenseur de la recherche fondamentale, «basée sur la curiosité pure», trouverait
certainement des motifs de satisfaction à observer
ce foisonnement de questions, cette soif de comprendre chez les jeunes et les moins jeunes.
Pourtant, la désaffection pour les études scientifiques à l’Université est un fait avéré, particulièrement
en physique-chimie, suscitant des débats récurrents
sur la crise des sciences.
Au dire de beaucoup d’experts mandatés par les politiques, «la désaffection des élèves et des étudiants
vis-à-vis des filières scientifiques est préoccupante
pour nos entreprises et notre compétitivité au plan
international.» Si désaffection pour la science il y
a, elle ne touche jusqu’à présent pas l’enseignement
secondaire. Pourtant, si les bacheliers scientifiques
sont aussi nombreux qu’autrefois, ils confirment de
moins en moins leur choix pour les sciences quand
ils entrent dans l’enseignement supérieur.
Pour comprendre cet apparent paradoxe, peut-être
ne faut-il plus considérer la question sous l’angle
unique du désamour présumé, de la «crise de foi»,
comme l’encourage la rhétorique de la «désaffection», mais plutôt prendre en considération celui
des débouchés. Là, les choses sont sans équivoque :
la désaffection tient plus de la pénurie de postes
qu’à celle de candidats, y compris pour le renouvellement des enseignants de sciences. Les recrutements
de l’Éducation Nationale dans le supérieur concernaient en 2005 moins de 10% des candidats docteurs
«qualifiés». Même constat pour les établissements
publics à caractère scientifique et technologique
(EPST). Dès lors, comment mobiliser l’énergie des
étudiants si cet effort n’est pas récompensé par une
insertion professionnelle en adéquation avec leur
formation universitaire ?
La pénurie de scientifiques se profile (et c’est un
vrai sujet d’inquiétude), mais elle n’est pas due à une
crise des vocations. La production actuelle de futurs chercheurs et enseignants en France est en
complet décalage avec les objectifs fixés par l’UE à
Lisbonne en 2000, qui préconisait d’augmenter les
GAP
Le 7 déc à 18h, conférence Cas d’eau : Vers des guerres d’eau ? avec un intervenant surprise. Et le 16 nov
à 18 h, conférence de Michel Drain, géographe :
Les usages de l’eau : pénurie, gaspillage ? Le Royal
(rue Pasteur).
Gap Sciences Animation
04 92 53 92 70
MARSEILLE
Journée portes ouvertes «Sciences et création
d’entreprises» le 29 nov à partir de 11h.
Incubateur Impulse,
Technopole de Château-Gombert
04 91 10 01 45
Les Jeudis du CNRS : André Cartapanis, du Groupe
de recherche en droit, économie et gestion : La crise
de la zone euro : conséquence d’un défaut de conception ou sanction d’une série d’erreurs de politique
économique ? Le 6 déc à 18h, salle de conférence
Pierre Desnuelle, CNRS, 31 chemin Joseph Aiguier,
13009.
www.provence-corse.cnrs.fr
dépenses de R&D jusqu’à 3% du PIB à l’horizon
2010, ce qui impliquait d’accroître fortement le
recrutement public et privé ; or ces dépenses représentaient à peine 2,2% du PIB en France en 2011…
Pour reprendre les propos de Serge Haroche, «la
recherche est une marque de culture et de civilisation aussi noble que l’art.» Nos décideurs devraient
méditer ces propos, que les milliers de participants
à la Fête de la Science avaient visiblement bien
intégrés !
CHRISTINE MONTIXI
La 21e édition de la Fête de la Science
s’est déroulée du 10 au 14 octobre
Conférence Galaxies et pépinières d’étoiles à travers
l’Univers, par Médéric Boquien, chercheur au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille. Le 7 déc à
20h30. Ancien Observatoire de Marseille (Boulevard Cassini, entrée place Rafer, 13004).
Association Andromède
04 13 55 21 55
Le 8 déc à 16h, BMVR Alcazar : conférence Mexico
ou la course folle à l’habitat social, par Catherine Paquette, urbaniste. Dans le cadre du cycle Villes du Sud.
www.bmvr.marseille.fr
SERIGNAN-DU-COMTAT
Les Léonides ou la nuit des étoiles filantes et des constellations du ciel d’automne par l’association Pesco
Luno : le 17 nov à 20h.
Le Naturoptère Chemin du Grès
04 90 30 33 20
TOULON
Les Jeudis du Centre Archéologique du Var : conférence de Jean-Marie Gassend, directeur de l’IRAA :
«Pythéas et ses trois découvertes fondamentales».
Le 15 nov à 17h30.
http://centrearcheologiqueduvar.over-blog.com/
78 HORIZON LIMOGES
À l’ouest, du nouveau
Une troisième
édition consacre
l’intérêt de la
manifestation qui
unit cinq régions
sous l’égide
de la culture,
les Rencontres 100%
à l’Ouest
L’aventure débute en 2010 avec les
régions Bretagne, Limousin, Pays
de la Loire et Poitou-Charentes, la
région Centre rejoignant l’opération
l’an dernier. Le principe est simple et
efficace : après sélection sur dossier
par des comités techniques indépendants, trois équipes artistiques par
région sont retenues sur des critères
communs aux cinq régions. Les projets
ne sont pas des formes achevées, et
leur création aura lieu au plus tôt en février
2013. Les univers de chaque compagnie, les formats proposés varient, de
même que les esthétiques, les genres,
les formes. Les quinze spectacles sont
présentés lors des Rencontres 100%
à l’Ouest, en expliquant la démarche
et donnant des extraits, durant une
vingtaine de minutes suivies d’un court
échange avec la salle.
Le but ? Permettre aux troupes de solliciter des aides, sous forme de résidences,
d’appel à artistes pour compléter une
production, de pré-achats voire de coproduction des diffuseurs, de lieux de
stockage pour les décors, d’aide technique… L’enjeu est de taille : le public de
ces rencontres est composé de programmateurs (115 cette année), de
représentants d’institutions et de
compagnies (102), la majorité provenant des 5 régions, mais d’autres venus
d’Auvergne, de Basse-Normandie, de
Seine-et-Marne, de la Marne, des Charentes-Maritimes, de la Dordogne et
Périgord (en forte délégation, proximité
géographique oblige), et même de la
Réunion ! Une véritable mine de contacts
pour les artistes…
Entre les compagnies, les échanges
sont fructueux, on confronte les pratiques, les expériences, et naissent des
envies de créations nouvelles. Un esprit
avignonnais plane, les programmateurs
font leurs courses, même si les spectacles ne sont pas aboutis. Et la
mutualisation des ressources et des
territoires ouvre un champ plus vaste
aux troupes régionales.
Jean-Paul Denanot, le Président de la
Région Limousin qui accueille cette année la manifestation, se félicite de «cet
esprit coopératif au sens large, interrégional» et rappelle que «plus que la loi,
ce sont les hommes qui font la coopération». Véronique Chauvois, directrice
du service culture de la Région Limousin insiste : «Les équipes artistiques
doivent être vues et vendre, même avec
un ancrage régional, surtout lorsque la
région est petite. Il faut que les conditions de production soient les meilleures
régions cherchent par des manifestations communes à valoriser et irriguer
leurs territoires, aidées par plusieurs
structures : l’Agence Régionale du
Spectacle Vivant en Poitou-Charentes qui est à l’initiative des Rencontres
à L’Ouest, l’Agence du Spectacle
Vivant en Bretagne, le Forum des
arts vivants en Pays de Loire,
l’Agence de Valorisation Culturelle
et Économique du Limousin
(l’AVEC). Cette dernière, cheville ouvrière de la fête apporte son dynamisme
éclairé.
Et quelle fête ! Située dans un lieu hau-
© MC
possibles si l’on veut que la création
existe.»
De nombreux dispositifs coopératifs
existent dans ces régions : la Dynamique des arts vivants en Massif
Central, rencontres professionnelles
entre Auvergne, Limousin et Languedoc Roussillon, ou Stationnement(s)
autorisé(s), soutenu par les Régions
Centre, Pays de la Loire et PoitouCharentes. Ou encore Premières
lignes, piloté par la scène conventionnée de l’agglomération de Dreux. Les
tement symbolique, le Théâtre de
l’Union : construit entre 1910 et 1911,
à l’origine salle de réunion syndicale de
la coopérative ouvrière des porcelainiers,
il accueillait aussi des représentations
cinématographiques et des spectacles…
6 000 places debout ! Aujourd’hui, 360
places assises pour le Centre dramatique national, labellisé en 2002
Patrimoine du XXe. Pierre Pradinas,
son actuel directeur se réjouit de la
dynamique insufflée par les Rencontres, rappelle que le Théâtre de l’Union
fut le deuxième cinéma après le Rex à
Paris, comprenait une bibliothèque et
faisait du music-hall et des meetings
politiques ! Limoges était alors nommée la Rome du Socialisme…
Les spectacles
Les 15 compagnies présentaient sur
deux jours leurs projets, et le spectacle
du coup de cœur de l’an dernier, Un
ennemi du peuple d’Ibsen par la compagnie Fidèle Idée. On reste étonné
par la force des travaux présentés,
toujours motivés par un propos et
clairs sur leurs enjeux esthétiques.
Originalité de La place du chien par la
compagnie Lumière d’Août (sitcom
canin et postcolonial) ; allégorie de la
danse hip hop avec Drafters-Les courants d’air ; approche subtile de
Roberto Zucco de Koltès par la compagnie L’abadis ; une réflexion sur les
archétypes et l’apport dramaturgique
du jeu des marionnettes avec 2h14 par
le Bruit du Frigo ; une étonnante vielle
à roue électroacoustique de Gilles
Chabenat avec le Maxiphone Collectif, pour un jazz ingénieux qui cultive
l’improvisation ; un travail intéressant
de paléographie musicale avec l’Ensemble Beatus ; un détournement
poétique des objets du quotidien dans
un spectacle cocasse et déjanté par
L’insolite Cie (Degrés) ; la poésie de
J’ai tant aimé ce monde de Ramuz en
une forme croisée, théâtre, musique,
vidéo, par le Théâtre Bleu et Marmouzic…
Le catalogue est beau, plein de promesses. Les retombées en termes de
contrats signés ? «Il est difficile après
seulement deux éditions d’avoir du
recul sur la circulation territoriale des
compagnies. Néanmoins, à court terme,
elles élargissent leurs réseaux de diffusion et de partenaires par le contact
direct avec les professionnels. Pour ces
derniers, les RAO sont également un
lieu de discussions sur les projets
artistiques des différentes compagnies»,
explique Camille d’Angelo, chargée
de mission Théâtre/Danse pour la
région Centre.
Forte de ces principes, cette région,
dont 4,5% du budget est consacré à la
culture (3% en Paca), prend le relais
l’an prochain. Un rendez-vous à ne pas
manquer !
MARYVONNE COLOMBANI
Les Rencontres 100% à L’Ouest ont
eu lieu les 22 et 23 octobre au Théâtre
de l’Union, Limoges