Bulletin du 16 mai 2013

Transcription

Bulletin du 16 mai 2013
Elle n’est pas connue
comme les poétesses
pestiférées du régime
soviétique, Marina
Tsvetaieva ou Anna
Akhmatova, ou comme les
journalistes courageuses
des années Poutine telle
que Anna Politkovskaïa.
Elle s’appelle Olga. Vit
à Vologda. Parce qu’on
avait obligé l’un de ses
fils à aller faire la guerre
en Tchétchénie alors qu’il
avait eu un traumatisme
crânien, parce qu’elle ne
recevait plus depuis de
longs mois les allocations
familiales auxquelles elle
avait droit pour ses cinq
enfants, Olga a décidé
de divorcer. Non de son
mari (déjà fait) mais de
l’état russe. Elle a porté
plainte contre ce dernier
et demandé à sortir de
la nationalité russe. La
police, le FSB (services
secrets) sont venus
l’interroger, elle a reçu
des menaces mais elle a
résisté. Et dans ce pays
où l’absurde de Gogol
est toujours d’actualité,
Olga a fini par avoir gain
de cause ! Sans le sou,
harcelée, mais libre.
‘‘
L’étranger du jour
‘‘
Olga, femme
russe libre
Il n’y a point d’endroit sur la terre où
l’observateur ne trouve des extravagances,
s’il est étranger
Casanova
LE BULLETIN n°13
DU FESTIVAL PASSAGES
Les coulisses de Passages
Patrick Hirsch, entrepreneur du capital bonheur
Il met de l’entreprise dans le théâtre et du théâtre
dans l’entreprise. Patrick, Chargé du mécénat et des
relations avec les entreprises, multiplie les rencontres
pour accroître le budget du festival : « Mon travail se
fait par capillarité, en amont. Il fait la liaison entre le
monde de la culture et celui de l’entreprise. Il y a une
multitude de donateurs. Le groupe Colas nous prête
des chariots, des barrières. Auto-Bailly nous prête des
véhicules pour transporter les artistes ou le matériel.
D’autres mécènes nous offrent de l’argent brut
que nous convertissons en billets pour des groupes
scolaires ou des familles aux revenus modestes. Cette
année, on a une vingtaine de partenaires, à peu près,
comme en 2011. Il y a un sentiment de fidélité avec
Passages, 80 % sont revenus pour l’édition 2013. Les
partenariats se sont renforcés, ils sont plus denses.
On en espère 30 ou 40 pour l’édition 2015 ». Patrick
insiste sur le fait que sa fonction est avant tout axée
sur le théâtre et le partage. « Le groupe Batigère
a offert 45 laines polaires aux Indiens, il y a une
dimension humaine et humaniste. Le festival organise
des soirées spéciales pour ces entreprises qui font du
mécénat. Ça nous permet de faire venir un public plus
large. C’est de la bonne relation publique. On a aussi
fait un workshop, un atelier théâtre. Un metteur en
scène développe sous forme théâtrale un thème avec
des personnels d’entreprise. L’enjeu est d’obtenir des
capitaux privés de qualité et d’amener au Festival une
clientèle qu’il n’aurait pas pu toucher. Il faut dépasser
la simple vision de l’argent et partager le théâtre et
la culture ».
Bulletin conçu et réalisé par Cyndie Fornaciari, Jordan Muller, Jean-Pierre Thibaudat et avec la collaboration
de Radio Passages (Francis Kochert, Valérie Bazin et Thierry Georges pour l’entretien).
Même Krishna a commencé petit !
Le journal du Festival Passages
du 4 au 18 mai 2013
Tous les jours sur www.festival-passages.fr,
retrouvez :
- Les bulletins du jour
- Le magazine vidéo
Tous les jours sur http://passages.theatre-video.net
retrouvez Radio Passages en direct live vidéo de 17h à
19h et en archives dès le lendemain
Et bien plus encore sur : blog.festival-passages.fr
et facebook.com/festivalpassages
Bulletin n°13 - jeudi 16 mai 2013 -
Entretien avec Diego de Brea,
plus bavard que son spectacle
Quand on passait près du chapiteau AgiT, pendant la représentation de « Quand
j’étais mort » par la troupe slovène du Théâtre National le Ljubljana, il se passait
un phénomène étrange : on entendait bien et continuellement le son d’un piano,
on entendait encore mieux les salves de rires des spectateurs, mais on n’entendait
pas les voix des acteurs. Le programme de Passages annonçait pourtant bien une
pièce de théâtre et non un spectacle de mime. Le metteur en scène slovène Diego
de Brea nous explique comment est né un tel théâtre sans paroles, inspiré d’un film
muet d’Ernst Lubitsch, un cinéaste dont l’œuvre le fascine depuis longtemps.
« Je voulais mettre sur scène une pièce issue d’un film muet et de la sorte essayer
de faire du théâtre d’une manière nouvelle. Les acteurs ont été très frustrés de
travailler sans les mots qui, dans les œuvres dramatiques peuvent être essentiels.
Au début, le travail des acteurs se calquait largement sur les méthodes du mime, ce
qui était très mauvais. En fait, il fallait qu’on s’échappe totalement du format texte
pour trouver de nouvelles sources. Pour un acteur habitué aux textes, se lancer
sur un plateau sans mots, c’est d’une difficulté épouvantable. Il fallait également
composer la pièce avec la musique. Au commencement, la musique s’est inspirée
du jeu des acteurs. Par la suite, elle a pris ses distances, de sorte qu’aujourd’hui
la musique et les gestes contrastent par moments et se rapprochent à d’autres.
Quand la situation était tragique, les notes devaient être très légères et ainsi de
suite. La troupe a mis un certain temps à adopter ce mécanisme. Maintenant, toutes
nos performances sont comme des improvisations. C’est devenu naturel, comme
un processus organique, un mouvement sans cesse en création. C’est un nouveau
média. Le théâtre a cette possibilité de développer une situation en l’exagérant ».
De plus, pour enfoncer le clou du théâtre et nourrir l’hilarité du public, Diego de
Brea a confié les rôles de femmes à des acteurs masculins et non des moindres.
« C’était la première et la seule décision. Non pas par orgueil masculin. L’imitation
de la femme par un homme rend la chose plus intéressante. Dans le film de Lubitsch,
les femmes sont volontairement très masculines. Nos acteurs travestis en femmes
sont des caricatures des rôles féminins, pour notre théâtre sans paroles, c’était
l’unique possibilité ».
Diego de Brea aime les acteurs du Théâtre National Slovène avec lesquels il a déjà
travaillé sur une adaptation du roman de Dostoïevski « Crime et Châtiment ».
Son spectacle leur doit beaucoup et on n’est pas près d’oublier la performance de
l’acteur qui jouait le rôle de la belle-mère. « Comme on a joué cette pièce 160 fois,
les acteurs sont vraiment devenus les rois de cette forme de théâtre. Je suis très
heureux des représentations données à Passages. J’avais rencontré mon producteur
à Sarajevo avant de venir ici, on avait beaucoup parlé de ces représentations en
France. On était déjà très enthousiastes à l’idée de venir ici. Mais l’accueil et la
chaleur du public à Passages ont dépassé tout ce que nous avions imaginé ».
Troisième
épisode du
feuilleton
Surabhi
C’est hier la première
représentation du
troisième et dernier
spectacle présenté par
la troupe du Théâtre
Surabhi : « Sri Krishna
Leelalu ». Après Passages,
la troupe gagnera Paris
pour mettre le feu,
dans tous les sens du
terme, à la scène du
Centquatre. Ce spectacle
raconte un épisode de
« Mahabharata » la
grande légende indienne.
Sur scène, bébés et
enfants tiennent les
rôles principaux pour
raconter la naissance et
l’enfance du dieu Krishna.
Comme dans les autres
spectacles, on croise des
figures malfaisantes, tel
l’odieux roi Kamsa et ses
rires démoniaques. On
retrouve, non sans joie,
les fausses perspectives
des toiles peintes, les
maquillages affirmés, les
costumes colorés. Une
fois encore, on voyage,
transporté par la magie
du théâtre Surabhi. Le
spectacle regorge de
surprises. D’autant que les
artistes du Surabhi aiment
l’improvisation. Et tant pis
si les surtitres peinent à
suivre.
Rencontre indo-française au
collège de l’Arsenal
Hier matin, les élèves du collège de l’Arsenal de Metz
ont invité les enfants-acteurs du théâtre Surabhi dans
leur établissement. La classe de 6ème 3, accompagnée
de deux professeurs et du principal Lucien Pietron, a
posé des questions - en anglais - aux jeunes indiens
encadrés par le père de la troupe, Babji. Du télougou
au français en passant par l’anglais, les indiens ont
raconté leur mode de vie, leur pays. « Que faitesvous le dimanche ? « On joue » a répondu une petite
indienne. Les élèves de 6ème avaient chanté « La
Faute à Voltaire » pour accueillir les jeunes Indiens,
ces derniers ont chanté à leur tour avant de retourner
répéter. Ibrahim, 12 ans, raconte. « C’est magique de
les rencontrer enfin. On travaille sur les spectacles de
la troupe Surabhi et sur cette rencontre depuis deux
mois. On a fait des affiches sur leur théâtre et sur
tous leurs dieux. Ils en ont plein. On a un peu peur de
Babji, sur la photo il faisait plus jeune. Mais de les voir
ici dans notre école et de parler un peu avec eux, ça
donne trop envie de visiter l’Inde. De voir leurs écoles,
leurs maisons. Et surtout de les voir sur scène ! ». Ils
les ont vus hier et à la fin sont montés sur scène pour
regarder de près costumes et maquillages et parler
encore.
« Le théâtre indien, ça balance ! »
Elle se trémousse sur son siège pendant deux heures.
Anne-Sophie, festivalière de 26 ans, a assisté aux trois
spectacles du théâtre Surabhi. À chaque fois, elle
tapait du pied et dodelinait de la tête avec un grand
sourire. « Je n’ai pas tout compris à la pièce mais
j’ai adoré la musique. Même si tu ne suis pas toute
l’histoire, avec ces personnages et ces dieux aux noms
imprononçables, les chants et la musique t’emportent.
Le théâtre indien, ça balance ! C’est impossible de
s’endormir. En plus, il faisait un peu froid dans le
chapiteau alors danser un peu ça réchauffe ».
Bulletin n°13 - jeudi 16 mai 2013 -

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