Notes sur les inégalités

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Notes sur les inégalités
QU’EST-CE QUE L’EQUITE ?
On utilise souvent ce concept à la place de celui d’égalité. Pourtant ce n’est pas exactement la même chose.
Mais qu’est-ce que c’est que l’équité au juste ? On utilise souvent ce concept (ou celui d’égalité des chances, ce qui revient à peu
près au même) à la place de celui d’égalité. Pourtant ce n’est pas exactement la même chose.
L’équité, c’est l’idée de l’égalité "juste" (voir notre article "existe-t-il des inégalités justes ?"). L’égalité tout court pose en effet un
problème dans une société qui n’est pas une société d’abondance. L’idée que le mérite individuel, l’effort ou le travail doivent être
récompensés est largement acceptée. Personne ne revendique les mêmes salaires pour tous.
Bref : ce qui est juste, c’est que tout le monde ait les mêmes "chances" dans la vie, pas que tout le monde arrive au même résultat.
Comme monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir, nous acceptons l’idée d’équité sans trop nous poser de questions.
Pourtant, en pratique, cette équité n’est vraiment pas facile à atteindre :
Il faut que chacun soit placé sur la même ligne de départ. Si certains partent avec de l’avance, le jeu n’est pas équitable.
Pendant "l’effort", il faut aussi que chacun dispose des mêmes atouts. La compétition ne doit pas être biaisée.
On peut accepter le principe de l’équité, mais alors nous ne sommes pas avancés pour ce qui est de l’ampleur des inégalités
"justes". Combien d’années de Smic un PDG peut-il gagner avant que cela devienne "injuste", dix ans, un siècle, un millénaire ?
Est-il "équitable" qu’une personne qui aide des personnes âgées toute la journée touche dix fois moins qu’un cadre d’entreprise ?
L’effort individuel est rarement mesurable : la plupart des rétributions récompensent des efforts réalisés par une communauté
(une équipe de travail, un groupe, etc.).
L’équité, comme le dit le sociologue François Dubet est une « fiction nécessaire ». Expliquons-nous : on en a besoin certes, car
l’effort, le mérite, le travail, sont de meilleurs critères que le milieu de naissance ou la caste.
Mais il s’agit bien d’une fiction : en pratique, les inégalités résultent d’un compromis, d’une lutte de pouvoir entre les membres
d’une même société. La mise en avant à outrance de la notion d’« équité » sert parfois à masquer une plus grande tolérance aux
inégalités tout court...
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QU’EST-CE QU’UNE INEGALITE ?
Toutes les pratiques ne peuvent s’interpréter comme des inégalités. Mais cet argument sert souvent à justifier des
situations de domination.
Définir les inégalités n’est pas simple : il n’existe pas de définition officielle, ou qui fasse consensus. On peut parler
d’inégalités, quand un individu ou un groupe d’individus détient des ressources (éducation, revenus, capital social, etc.) qui
le positionne sur une échelle reconnue par la société. On peut aussi parler d’inégalités quand un individu ou un groupe
dispose d’un accès différencié à certains biens ou services (santé, loisirs, logement, etc.). Mais toutes les pratiques sociales ne
peuvent être hiérarchisées. Comment mesurer la différence de plaisir que procure une partie de pétanque et une leçon
d’équitation ? Pour quelle raison devrait-on préférer une suite de Bach à une chanson de Jonnhy Hallyday ?
La vie idéale n’est pas nécessairement celle du plus diplômé ou du mieux rémunéré. Si c’était le cas, nous assisterions à un
envahissement des pays riches par les habitants des pays pauvres, tant les inégalités sont considérables entre eux.
L’histoire de nos sociétés ne se résume ni à une tension inégalitaire ni à la domination des uns sur les autres. La qualité du lien
social notamment est un élément central de la qualité de vie.
Il faut cependant rester attentif. Car relativiser est aussi une façon qu’ont les catégories favorisées d’entretenir une position de
force, sur le mode "vous ne vivez pas si mal au fond". La valorisation de la "différence" peut aussi servir - dans certains cas- à
maintenir des minorités ethniques dans des statuts inférieurs.
D’ailleurs, de nombreuses pratiques peuvent malgré tout se classer sans trop de difficulté sur une échelle de valeurs : vivre dans
une HLM bruyante est moins confortable que dans une maison individuelle et rares sont ceux qui préfèrent rester chez eux tout
l’été plutôt que de se reposer dans leur résidence secondaire.
Bref, l’argent et la culture ne font pas le bonheur, mais y contribuent grandement. Rien de tel que d’être bien rémunéré
pour vivre convenablement et le niveau culturel est un élément central dans la maîtrise de son destin personnel.
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EXISTE-T-IL DES INEGALITES "JUSTES" ?
Nos sociétés ne recherchent pas l’égalité tout court, mais bien l’égalité « juste ». Pas facile à définir...
En pratique, personne ne revendique l’égalité pure et simple. Personne n’ose réclamer l’égalité de niveaux de vie,
d’éducation, de loisirs, etc. « L’égalitarisme », montré du doigt par certains, est destiné à servir d’épouvantail : en agitant
la crainte du « nivellement » ne justifie-t-on pas encore plus les inégalités ? Nos sociétés ne recherchent pas l’égalité
tout court, mais bien une égalité « juste » ou égalité « des chances », et ne combattent pas l’inégalité, mais
l’inégalité « injuste ».
Pourquoi ? Parce qu’il faut bien répartir la richesse. Pour cela, il faut trouver des critères. En attendant d’atteindre
l’abondance (ou un autre principe d’organisation de la société), nos sociétés admettent les inégalités et qu’il est « juste »
de partager la richesse en fonction des « efforts », du « travail » ou du « mérite » (compétences, responsabilités, etc.). Si le
travail ou l’effort n’était pas le critère de répartition, personne ne voudrait travailler. Dès lors, il n’y aurait plus de
production de richesses... et plus rien à partager.
Mais des notions qui paraissent aller de soi comme l’effort personnel ou le mérite sont bien plus complexes qu’il n’y
paraît, tant il est difficile de mesurer la part de l’individu et celle de la société dans les actions de chacun. (voir "Qu’est-ce
que l’équité ?").
En pratique, les sommes mirobolantes touchées par quelques PDG, stars du sport ou de la chanson n’ont pas grand-chose
à voir avec leur "effort" ou leur "mérite". Au passage, la question de "qui" décide de ce qui constitue le mérite (dans
l’entreprise par exemple) et de la façon dont on partage, est centrale pour comprendre le fonctionnement de notre société.
A partir de là, le débat sur l’égalité est infini : celui qui estime que les inégalités ne mesurent que des efforts personnels et
que le partage est fait de façon équitable n’est pas choqué des écarts qui existent. Au fond, le jugement porté sur le niveau
des inégalités ne peut être établi qu’à partir de principes, de valeurs subjectives, qui font, par exemple, qu’il paraît
« injuste » à tous (ou presque) qu’un grand patron touche en un an ce qu’un smicard reçoit en plusieurs siècles.
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FAUT-IL DES DISCRIMINATIONS POSITIVES ?
Quand le mérite sanctionne des privilèges plus que l’effort personnel, l’idée de discrimination positive est
renforcée.
Comment donner plus à ceux qui ont moins ? Faut-il pour cela mettre en œuvre des « discriminations positives » ? Par ce
terme on entend la mise en place de mesures dérogatoires (par exemple des quotas de recrutement) pour aider
certaines populations.
Dans de nombreuses situations, l’égalité juridique est insuffisante pour conduire à une égalité réelle, tant les handicaps de
certaines populations sont importants. Ce constat a été fait notamment à partir des années 60 aux Etats-Unis à propos de la
communauté noire. D’où l’idée d’un « coup de pouce » supplémentaire, de discriminations « positives », qui
contrebalanceraient les discriminations négatives particulières dont sont victimes ces populations. Puisque que certains
partent avec un handicap, on considère qu’il n’est pas juste que les règles de la course soient exactement les mêmes que
pour les autres. Il est vrai qu’aux inégalités liées à l’origine sociale, viennent s’ajouter celles qui découlent de la couleur
de peau, la nationalité ou du simple patronyme. Il suffit d’observer le marché du travail ou le secteur du logement pour
constater combien les jeunes, en particulier, semblent « triés » en fonction de leurs origines. Par exemple, le taux de
chômage des jeunes d’origine algérienne de 30 à 35 ans atteignait 40 % en 1999, contre une moyenne nationale de
11,8 %.
Avec la loi sur la parité en politique ou les zones d’éducation prioritaire, la France a déjà expérimenté des mesures
proches de ce type. Mais il serait plus urgent de supprimer les discriminations négatives, comme l’interdiction de millions
d’emplois aux étrangers, notamment dans la fonction publique.
Faut-il aller encore plus loin ? Dans les entreprises ou les administrations, une volonté plus forte d’intégrer ceux qui sont
les plus désavantagés ne serait pas de trop. Mais il ne faudrait pas que la « discrimination positive » serve d’alibi à
l’abandon de politiques plus larges de lutte contre les inégalités sociales et la précarité. Ces dernières demeurent le
moyen le plus efficace de favoriser l’intégration et la cohésion sociale.
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LE RESPECT DE L’EGALITE S’OPPOSE-T-IL A LA
LIBERTE DES INDIVIDUS ?
Distinguer l’égalité de l’identité permet de comprendre, souligne Lucile Mons, qu’une véritable réalisation de
l’égalité sociale n’est pas un danger pour la liberté individuelle.
Dans la devise de la République, égalité et liberté marchent de pair. En pratique, la chose n’est pas si simple.
Lorsqu’un projet politique tend vers plus d’égalité, on lui reproche parfois de vouloir limiter la liberté des individus. Par
exemple, redistribuer par l’impôt, contribue à priver certaines catégories d’une partie de leurs revenus, donc de leur liberté
de dépenser.
On entend parfois dire que si nous devenions tous vraiment égaux, affirme-t-on, nous serions tous "identiques". Nous
n’aurions pas la liberté de nous distinguer, d’être autonomes dans l’affirmation de notre individualité. Certains régimes
politiques ont effectivement tendu à limiter les libertés individuelles, au nom de l’égalité des personnes.
Mais on confond souvent égalité et identité. L’égalité des membres de la société ne consiste pas en ce qu’ils aient les
mêmes goûts, les mêmes caractéristiques, ni en la similarité de leurs actions et en la possession des mêmes biens. Leur
égalité consiste en ce qu’ils aient les mêmes chances de parvenir à une fin qu’ils définissent librement. A la base, c’est
surtout avoir la même liberté de choix.
Les défenseurs de l’égalité soulignent d’ailleurs que la liberté n’a pas de sens si les individus ne disposent pas des
moyens réels de l’exercer. Si on ne mange pas à sa faim, si on ne dispose pas de logement, est-on réellement libre ? La
liberté peut aussi servir à justifier le refus de participer à la solidarité collective.
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PEUT-ON RENDRE LA SOCIETE PLUS JUSTE ?
Sans attendre un changement radical du fonctionnement de la société, on peut agir pour l’égalité des chances, mais
aussi promouvoir la coopération plus que la compétition.
Rendre la société plus juste, qui n’en rêverait pas ? En pratique, les choses ne sont pas si simples.
Partant du principe que le chômage fragilise les moins qualifiés et rouvre les inégalités, on peut affirmer qu’il faut réduire
le chômage pour régler le problème. Pour cela, toutes les méthodes sont possibles. On peut aussi accuser l’organisation
elle-même du système économique et social (le capitalisme) et prôner un changement radical.
Et en attendant ? Pour ceux qui veulent agir sans attendre le plein-emploi ou le "grand soir", une société plus juste passe
par l’accès de chacun à tous les possibles, par l’abolition de tous les privilèges, de l’argent ou de l’école. C’est
"l’égalité des chances". Concrètement, cela passe notamment par l’accès de tous à l’école, aux soins, au logement, etc.
Les services publics jouent un rôle majeur en la matière.
Mais cette égalité est insuffisante. Il ne suffit pas de donner à chaque individu les mêmes atouts pour faire une bonne
société : l’égalité des chances peut aussi déboucher sur la loi de la jungle. La véritable égalité passe aussi par un
fonctionnement d’ensemble lui-même moins inégalitaire, où les hiérarchies sont moins pesantes et où la collaboration
prend le pas sur la compétition. Pour cela, il n’est pas forcément nécessaire d’attendre la fin du capitalisme... En revanche,
il faut réfléchir à la façon de mieux faire fonctionner l’école (par exemple repenser l’évaluation des élèves) ou l’entreprise
(notamment la place des salariés).
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QUELLE EST LA DIFFERENCE ENTRE INEGALITES
SOCIALES ET DISCRIMINATION ?
Une inégalité sociale correspond à une différence de situation des individus en raison des ressources qu’ils détiennent
(éducation, revenus, capital social, etc.) ou de pratiques (santé, logement, situation d’emploi, etc.) qui peuvent être classées
hiérarchiquement.
Une discrimination est une différence de traitement fondée sur un critère illégitime et donc prohibé (âge, sexe, handicap,
etc.). Les discriminations produisent des inégalités, mais les inégalités ne sont pas uniquement la conséquence de discriminations.
En pratique, il est souvent difficile de démêler ce qui relève de la discrimination entre des individus du fait de certaines de leurs
caractéristiques et ce qui relève des inégalités entre leurs milieux sociaux d’origine. Ainsi par exemple, si les étrangers sont plus
souvent au chômage que les Français, cela tient d’une part à une discrimination à l’embauche mais aussi à une inégalité de niveau
de qualification ; le taux de chômage est plus élevé pour les peu diplômés. Les deux effets sont cumulatifs. De même, les femmes
sont en moyenne moins payées que les hommes car elles subissent des discriminations, mais aussi parce qu’elles s’orientent vers
des filières moins rémunératrices, qu’elles exercent plus souvent en temps partiel, et que le poids des tâches domestiques et
familiales freine leur carrière.
On a longtemps mis en avant les inégalités sociales et sous-estimé les discriminations. Aujourd’hui, c’est l’inverse : la lutte contre
les discriminations a volé la vedette à la lutte contre les inégalités, souvent au nom de la "diversité". L’accent mis sur les
discriminations a tendance à masquer les mécanismes sociaux qui produisent les inégalités.
L’identification de quelques responsables de discriminations ne doit pas cacher le problème plus général des inégalités sociales,
dont la responsabilité incombe à l’ensemble de la société. Au nom de la "flexibilité", la "diversité" s’accommode par exemple très
bien de la précarité dans les entreprises qui pénalise les femmes et les personnes d’origine étrangère, premières victimes des
discriminations. Le discours public officiel en matière de lutte contre les discriminations n’empêche pas d’interdire des millions
d’emplois aux étrangers qui ne viennent pas de l’Union européenne.
Au fond, le défi de nos sociétés est de lutter à la fois contre les discriminations et les inégalités sociales, avec les outils du
droit contre les discriminations, et des politiques économiques et sociales contre les inégalités.
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"LA CRISE ECOLOGIQUE EST L’EXPRESSION D’UN SYSTEME ECONOMIQUE QUI PROMEUT LE GASPILLAGE ET VISE A MAINTENIR
LES PRIVILEGES" ENTRETIEN AVEC HERVE KEMPF, AUTEUR DE "COMMENT LES RICHES DETRUISENT LA PLANETE", ED SEUIL
2007
La crise écologique est le résultat d’un système économique qui favorise les intérêts des plus aisés, la surconsommation et le gaspillage.
En quoi la montée des inégalités a-t-elle des conséquences sur l’environnement ?
La crise écologique est l’expression d’un système économique qui promeut le gaspillage et vise à maintenir les privilèges et les intérêts de l’oligarchie aujourd’hui
dominante. Celle-ci est à la fois plus riche que jamais dans l’histoire récente, et irresponsable : elle surconsomme et ne se préoccupe pas vraiment de la situation,
dont elle minore la gravité. Je m’appuie pour étayer cette analyse sur le travail de l’économiste Thorstein Veblen, de la fin du XIXe siècle. Veblen expliquait que
la consommation, une fois les besoins réels satisfaits, vise surtout à marquer le prestige, à manifester un statut supérieur par rapport à ses congénères, à se
distinguer. Ce qui est vrai entre individus l’est aussi entre classes, et tout groupe social tend à imiter les mœurs du groupe situé au-dessus de lui dans l’échelle
sociale. La classe la plus riche fixe ainsi les normes du « savoir-vivre ». Quand celle-ci définit la dilapidation comme la norme, elle présente un modèle culturel
destructeur que toute la société cherche à imiter. Plus d’inégalités signifie ainsi une classe d’hyper-riches qui instaure un modèle d’hyper-gaspillage. Nous sommes
dans cette situation.
En quoi l’évolution de notre environnement a-t-elle un impact en termes d’inégalités ?
Symétriquement, la dégradation de la biosphère générée par ce modèle se traduit par des conséquences qui pèsent d’abord sur les plus pauvres : ce sont les paysans
du Sahel ou du Bangladesh qui subissent prioritairement l’effet du réchauffement climatique, ce sont les populations dépendant le plus des écosystèmes qui
éprouvent d’abord la perte de la biodiversité, ce sont les classes les plus pauvres, dans toutes les sociétés, qui se nourrissent des aliments les plus industriels donc
les plus néfastes, et qui subissent prioritairement les pollutions urbaines. Inversement, les riches peuvent se protéger des dégâts infligés à l’environnement, en se
retranchant de la société dans des quartiers ou des résidences protégées et climatisées, en s’alimentant de produits de qualité, en s’assurant une eau pure. La qualité
environnementale du milieu de vie est de plus en plus un marqueur de l’inégalité, qui ne se mesure pas seulement par des données sur le revenu et sur le
patrimoine, mais peut aussi s’observer concrètement dans les modes de vie.
Comment peut-on rester « optimiste » ? Quels contre-pouvoirs existent ou peuvent se former ?
Bien sûr, on peut rester optimiste. D’abord, parce que nous commençons à avoir un diagnostic clair de la situation, par l’articulation nette de la question sociale et
de la question écologique. Leur dissociation handicapait le mouvement social en le divisant. Il va maintenant pouvoir s’unir dans une compréhension commune des
deux aspects de la crise globale de notre époque. Ensuite parce que cette analyse dessine une politique. La crise écologique découle d’une pression trop forte sur la
biosphère, d’un excès de consommation des ressources. Il faut réduire cette consommation matérielle, et le faire dans la justice à l’égard des plus pauvres :
consommer moins pour répartir mieux. Les classes moyennes ne l’accepteront que si le modèle présenté par l’oligarchie est dissous, et si l’oligarchie voit décroitre
bien davantage sa propre consommation. Cela permettra aussi un transfert de ressources vers des usages sociaux et écologiques, et une baisse réelle des inégalités.
Mais bien sûr, tout ceci ne peut se faire que si la gauche se reforme, en s’appuyant sur les mouvements écologiques et altermondialisation qui ont permis
d’élaborer cette nouvelle critique, mais aussi en renouant avec les classes populaires. Cela suppose une « modernisation » - non pas d’adaptation au modèle néolibéral, mais au contraire en replaçant la question sociale au cœur des préoccupations, et de façon indissociable de la crise écologique. Si nous parvenons pas à
cette renaissance de la gauche, si ses appareils institutionnels se laissent engluer dans l’acceptation des cadres posés par le capitalisme, alors nous pourrons être
pessimistes.
Hervé Kempf, journaliste au Monde, auteur de « Comment les riches détruisent la planète », ed Seuil 2007.
1 – Le grand retour des inégalités
- quelques exemples et chiffres
- tableau présentant les différents grands domaines d’inégalités sociales et
écologiques en France, en Europe et dans le Monde.
2 – Les inégalités ne sont pas une fatalité
- Dans l’histoire contemporaine, il y a eu des périodes où les inégalités ont
diminué(1910-1940-1960-1970.
- Il y a des pays où les inégalités sociales sont nettement plus faibles qu’en France
(Suède, Norvège, Finlande)
- Expérience au Vénézuéla avec Hugo Chavez
3 – Les fausses bonnes idées pour réduire les inégalités
Les remèdes avancés pour réduire les inégalités ne manquent pas. Certains sont
inefficaces, d’autres au contraire voient le mal empirer lorsqu’on les applique.
- la croissance
- équité libérale et mesures ciblées pour les pauvres
- le mérite, la concurrence entre les individus
- moins d’état pour plus d’égalité
- 100 % d’état
- n’importe quel emploi, sinon rien
4 – Quelques pistes pour en finir avec les inégalités
- quelle (in)égalité accepter ?
- égalité d’accès aux ressources de base ou à des biens premiers
- égalité pondérée par la prise en compte des caractéristiques et handicaps des
personnes et familles
- notions d’égalité des chances - d’équité – de discriminations
- réduire les écarts de revenus
-se donner les moyens financiers de lutter contre les inégalités (impôts, annulation
des cadeaux fiscaux, taxation des transactions financières…
- partage des richesses
- questions qui dérangent à poser aux élus et candidats (Pour réduire les inégalités,
faut-il augmenter les recettes publiques annuelles ? Faut-il augmenter le SMIC ?
Faut-il supprimer le nombre d’allègements de cotisations sociales des entreprises ?
Faut-il investir beaucoup plus en faveur des ZUS ?
- lutter contre l’inégalité du pouvoir politique et de sa répartition (les élites évoluent
dans une sphère dont les préoccupations ne sont pas celles des couches populaires
et moyennes – c’est sur le terrain et au plus près des gens que se trouvent les
bonnes idées). Le combat contre les inégalités est l’affaire de tous !
- En quoi la montée des inégalités a-t-elle des conséquences sur
l’environnement ? : Et si la dégradation de l’environnement était intimement liée à
la crise sociale dans le monde ? En effet, ceux qui détiennent les leviers politiques
et financiers sont aussi les promoteurs d’un modèle de consommation à outrance,
dévastateur pour la planète... mais imité par les couches moyennes. Que ceux du
haut de l’échelle misent sur la décroissance, et l’effet d’entraînement est assuré... La
préservation de la terre passe par plus d’égalité. Par Hervé Kempf