Maloufde Annaba Hamdi Benani

Transcription

Maloufde Annaba Hamdi Benani
Anthologie de musique citadine algérienne / Anthology of the Algerian urban music
Malouf de Annaba
avec
Hamdi Benani
dans la Nouba Çika
--
Anthologie de musique citadine Algérienne
Malouf de Annaba
avec Hamdi Benani dans la Nouba Çika
La cité d’Annaba ne manque pas de brillants interprètes du Malouf et il est difficile
de dire celui qui incarne le mieux cette musique classique de l’extrême-Est Algérien. Si le
choix s’est porté sur l’artiste Hamdi Benani, c’est qu’il est l’un des rares musiciens-chanteurs
à reconnaître le Malouf d’Annaba comme une entité distincte du Malouf de Constantine et à
en manifester clairement la spécificité dans son interprétation.
D’ordre historique et sociologique, ses arguments sont des plus légitimes et
pertinents puisque le Malouf d’Annaba semble se situer au carrefour des traditions
musicales tunisienne et constantinoise. Ce disque contribuera notamment à soumettre cette
argumentation à un jugement plus large.
Aux sources du malouf bônois
Cette tradition musicale raffinée puise sa spécificité dans l’histoire ancienne de la
ville et dans l’harmonie de son environnement géographique.
Depuis les Carthaginois, toutes les civilisations ont marqué de leur sceau cette ville
d’Annaba - Bône pour les nostalgiques de la colonisation - que les orientalistes du XIXème
siècle aimaient qualifier de “coquette”. Avec les parfums du quartier “Beau Séjour”, ses
superbes plages, son cours Bertagna et ses rues pittoresques, Annaba est restée une ville
paisible où l’on vient flâner sur la croisette, où l’on sait goûter la saveur du temps qui passe
et dont tous les visiteurs s’accordent à reconnaître le charme et l’harmonie.
--
Annaba est avant tout un vieux bastion du christianisme africain, et nombreux sont
les monuments et vestiges de la ville et de ses environs qui rappellent aujourd’hui cet héritage.
Saint-Augustin (354-430), dont l’oeuvre “La Cité de Dieu” est devenue l’un des sommets de la
littérature liturgique chrétienne, fut longtemps l’évêque d’Hippone, Annaba la Numide. Il est
difficile aujourd’hui d’admettre que la simple référence à une religion et une culture autre que
celle de l’Islam puisse exposer à un réel danger en Algérie. L’art du Malouf est heureusement
là pour rappeler les vérités historiques et ceux qui font l’effort de déceler ses lointaines racines
savent que les dogmes chrétiens n’ont eu nul besoin de discours pour s’affirmer sur cette terre
africaine où les moines chrétiens surent imposer le latin.
Après cette période chrétienne, l’Islam a donné les formes et les structures de
la pensée et de la philosophie des arts maures. La présence dans la ville de la basilique
Saint-Augustin et de la mosquée Sidi Boumerouane témoigne du syncrétisme islamo-chrétien
de cette cité et d’une communion culturelle occultée après l’indépendance algérienne.
De même que les Berbères et les Romains ne s’entendaient pas sur l’élaboration des
lois, la conduite du culte et les prélèvements d’impôts, les musiciens bônois ne sont toujours
pas d’accord sur la façon d’interpréter les noubat... Le christianisme africain s’est déchiré en
schismes antagoniques ; le donatisme, comme le Malouf, a divisé les africains.
En choisissant de chanter le Hawzi “Fadh El Wahch’Aliya” dans le style de Cheikh
Raymond, Hamdi Benani redonne au Malouf cette autre dimension “sépharabe”, et le prélude
de cette pièce ne laisse aucun doute sur son inspiration talmûdique.
Un musicien juif bônois - Benkimoune - nous a laissé un merveilleux disque dans
lequel il chante la légende de la Ghriba (mystère). Celle-ci raconte que lorsque les juifs de
Bône bâtirent la synagogue de la Ghriba, on vit flotter pendant longtemps sur la mer le livre
de la loi. Souvent, il s’approchait du rivage, mais chaque fois qu’un musulman voulait s’en
emparer, ce livre était aussitôt repris par une vague et emporté par la mer. Ce phénomène
dura plusieurs jours sans que personne ne pût en donner l’explication ; des juifs, témoins de
la scène, recouvrirent le livre de la loi, s’en emparèrent sans difficulté et le déposèrent dans
la synagogue. L’histoire montre combien les peuples s’attachent à leur valeurs et combien
--
les miracles eux-mêmes sont incapables de les en détourner. Elle rappelle combien les juifs
et les musulmans sont, du point de vue du culte et de la culture, proches et lointains en même
temps.
La musique et la religion résistent l’une et l’autre à cette inaltérabilité des lois et
des valeurs, et Hamdi Benani, malgré les interdits qui pèsent sur lui, a mis toute son émotion
dans l’application des règles qu’exige l’interprétation du Hawzi. Celui-ci s’est également
enrichi du parler bônois, les accents italiens, maltais et les intonations de la “langua franca”
méditerranéenne, viennent çà et là scander la mélodie de cette poésie chantée. Edmond Brua,
nourri de la musicalité de ces poèmes, a su élever les fables bônoises au rang de littérature
savante.
Vie et coutumes des musiciens bônois
Bien des mélomanes et musiciens constantinois ou bônois rattachent le Malouf
Annabi au Malouf de Constantine, mais tous ne sont pas d’accord sur la question et les querelles entre musiciens sont parfois très virulentes. Si l’on fouille de près l’histoire de la région,
on ne peut manquer de constater que les musiciens bônois sont, de longue date, préoccupés
par des questions identitaires et un effort de distinction.
Les frères Hassan et Mustapha Benkhamar étaient connus pour leur indépendance
et bénéficiaient d’une grande estime auprès des puristes constantinois. El Ferjioui et Essamï
- un précurseur de l’utilisation du piano dans le Malouf - sont aujourd’hui évoqués avec
respect. Quant à M’Hamed El Kourd et “Petit Mohamed” - son flûtiste, oncle de Hamdi
Benani - leur légende et leurs disques les ont immortalisés. C’est d’ailleurs grâce à El Kourd
que Paris connut le Malouf dans les années quarante. Préférant le piano au luth et ayant
enrichi son expérience dans les cabarets orientaux du quartier latin, il égayait les longues
nuits des travailleurs immigrés de la régie Renault. Après de brefs séjours en Turquie, en
Allemagne et en Tunisie, il revint finalement dans sa ville natale. A l’écouter sur de vieux
disques éraillés, on ne peut manquer d’être nostalgique d’une époque où les chanteurs, certes
--
misérables - car la colonisation continuait son œuvre, n’en étaient pas moins dévoués à la
musique et débordants d’activité.
Dans un autre contexte, H. Derdour et H. Chaouche - musiciens militants et
promoteurs du Malouf, ont marqué l’histoire locale par leur création du Mazhar El Boumi.
Cette société musicale, comme bon nombre d’institutions artistiques des années trente,
revendiquait tant le nationalisme que le Malouf. La “fine fleur” de l’intelligentsia bônoise
s’était alors ralliée aux idées Messalistes et révolutionnaires.
Les lieux traditionnels d’apprentissage de la musique à Annaba ne sont pas différents
de ceux du reste de l’Algérie. Ce sont essentiellement les fêtes et les soirées organisées par
des particuliers (nzahat’). Les musiciens et mélomanes se rassemblaient également au lieu
saint du vénéré marabout Sidi Benmansour, et organisaient chaque année une zerda (sacrifice
en l’honneur du saint). Pendant sept jours, des confréries s’adonnaient à des danses mystiques
et une compétition musicale profane achevait le rituel. C’est dans cette institution que Hamdi
Benani s’initia au Malouf.
Hamdi Benani : de Sidi Mansour à Samarkand
De ses jeunes années et de ses premières rencontres avec la musique, Hamdi Benani
a gardé en mémoire les radios-crochets, les chansons d’Eddie Constantine, les fugues qu’il
faisait à Ras El Hamra pour y écouter les maîtres Fergani et Hassen El Annabi, l’initiation
progressive à la pratique du violon et du Malouf...
Il se souvient des disques d’El Kourd, des concerts de Mohamed Tahar Fergani et
Hassan, de son premier orchestre, des enregistrements de disques, de sa participation aux festivals nationaux de musique andalouse et de l’époque où, après les nécessaires tâtonnements
des débuts, il obtint la reconnaissance attendue. En 1963, il donna ainsi quelques concerts
de Malouf dont certains restent encore présents dans la mémoire des Annabi. En 1967, il fit
sa première apparition à la télévision algérienne dans l’émission “Constantine sur scène” qui
faisait rêver tous les musiciens avides de promotion.
--
Puis vinrent les années soixante-dix et quatre-vingt, celles de la maturité, durant
lesquelles il fit plusieurs tournées en Allemagne, au Sénégal, en URSS et ailleurs. Il se
souvient avec émotion de cette année 1984 qui le consacra “musicien de l’année”, où il
remporta le prix d’excellence au Festival de Samarkand et fut nommé “l’Ange blanc” par le
Président de Corée du Nord Kim’il Sung après sa prestation devant le public coréen.
Hamdi Benani continue de chanter et d’interpréter le Malouf et assure aujourd’hui
également, et ce depuis quinze ans, la fonction de Secrétaire National de l’Union des Artistes
Algériens.
Son style musical s’est nourri d’influences diverses parmi lesquelles on relève
surtout celle de Sylvain Ghrenassia, du Constantinois Fergani et des interprètes du Malouf
tunisien. Le répertoire poétique local des qacidat de Sidi Brahem, Qadi Leslem et Rass El
Hamra a également influencé la technique et le style de Hamdi Benani dans son répertoire
populaire.
A propos de la nouba bônoise
On ne peut nier les influences du Malouf tunisien sur le Malouf Annabi lorsque l’on
écoute la Nouba Çika. Plusieurs variantes de cette nouba s’écartent cependant quelque peu de
l’orthodoxie du Malouf constantinois et semblent trouver leurs sources dans le sud tunisien et
le souf algérien. Il est difficile, pour une finalité d’études et de compréhension, de décrypter
ce système modal et rythmique pour en repérer l’apport originel fondamental.
Par exemple, le Bacheraf Çika est loin de la matrice constantinoise. La
répétition des motifs n’est pas soumise aux mêmes lois et les amorces de changements de
mouvement sont tout à fait particuliers. Le Mçaddar est également interprété selon une forme
méconnue à Constantine. La partie instrumentale (réponse au bayt’), qui doit habituellement être
rigoureusement identique au vers chanté, est ici altérée. Le même cas de figure se pose ensuite
dans l’Insraf dont certaines ritournelles instrumentales sont écourtées.
--
La plupart des interprètes n’ont que peu d’arguments à ce sujet et s’en tiennent à
rappeler le respect de la tradition et la fidélité à des maîtres mythiques, ramenant la question
à une affaire de pouvoir régional et de marquage identitaire. Toutefois, les interprétations
de Hamdi Benani et d’El Kourd de pièces semblables de la nouba çika, montre une même
particularité de la rythmique et de l’agencement des mouvements. Chez El Kourd, les
percussions s’effacent pendant le chant et, comme chez les musiciens de jazz, les rythmes
sont assurés par les accords des basses du piano ; le chant semble ainsi flotter et la mélodie
évoluer dans un mouvement semi-libre. Cette technique, qui transforme complètement
l’organisation orchestrale - puisque le percussionniste se soumet totalement à la cadence du
chanteur - se retrouve chez deux musiciens bônois : Hassen El Annabi et Hamdi Benani.
L’autre spécificité de cette nouba Çika tient au nombre de pièces présentes par mouvement - plus d’une - et soulève parfois de vives polémiques. Il est vrai que les musiciens
enrichissent la nouba par une telle démarche, mais cette pratique peut être contestée sur le fait
qu’elle risque de désorganiser le crescendo. La pratique de mouvements qui s’entrecoupent
- c’est le cas ici entre le Btayhi et les Insrafat - apporte le même effet d’arythmie.
Les Hawzi
Le premier Hawzi de cet enregistrement est précédé d’un Istikhbar sous forme de
Mawwal. Très influencé par la musique du Moyen-Orient, Hamdi Benani a préféré au mode
Hsin le mode Ushaq (mode de la Wasta orientale). L’interprétation qu’il fait du Hawzi “Fadh
El Wahch Aliya”, chef d’œuvre de la musique populaire citadine exécuté ici avec les deux
modes Hsin et Mouwal, est d’une grande sensibilité. Le deuxième Hawzi, lui, est utilisé
comme final.
Même s’il s’agit de poèsie populaire algérienne, ces deux œuvres sont d’inspiration
classique andalouse. L’amour courtois et son corollaire, la douleur de la séparation, restent
les thématiques dominantes.
Ibn Msaieb, auteur du premier Hawsi exprime la douleur née de la trop longue
--
attente de sa bien-aimée. Amoureux à en perdre la raison, il compare ses larmes à des
pluies torrentielles. Le souvenir des doux moments passés avec elle le hante, et ses pleurs et
lamentations ne peuvent apaiser sa souffrance qui n’attend comme remède que le retour de la
bien-aimée. Mais seuls les miracles ou la volonté divine pourraient réaliser cette union. Pour
lui, la femme désirée est une créature parfaite, sa joue pourpre est un feu qui le consume, ses
sourcils parfaitement arqués sont des sabres qui l’écorchent... Seule l’ivresse que procure le
vin peut apaiser ses douleurs.
L’auteur du deuxième Hawzi compare sa bien aimée à «une tourterelle aux ailes
bleues». Le choix de cette image a une double signification : la tourterelle possède d’abord
la même démarche que l’être aimé ; elle est aussi la messagère des billets doux du poète aux
filles de Tlemçen. Pour préserver son secret, il recommande à la tourterelle d’être vigilente
et de ne faire confiance à personne. Enfin, les yeux de son amante, noirs comme ceux de la
tourterelle, sont éblouissants. De toutes les femmes, elle triomphe par la beauté de sa parure
aux cinq couleurs.
Dans l’attente et l’espoir du retour de la bien-aimée, les deux poètes cherchent semblablement autour d’eux des indices de son approche. Eloignés de celles qu’ils aiment, ils
en viennent à prendre en jalousie tout ce qui la touche et l’approche. Mais l’imagination, qui
crée des univers poétiques irréels, est un baume apaisant pour l’amant. L’aveugle de Tudèle
a fort bien exprimé ces deux sentiments contraires d’amour et de haine qu’éprouve le poète
amoureux : «Je me vois prisonnier de la douleur comme de la joie de l’amour».
Taoufik Bestandji
--
--
Anthology of Algerian Urban Music
Malouf of Annaba
with Hamdi Benani in the Nouba Cika
Annaba is a city which abounds with brilliant Malouf musicians and it is hard to say
who best represents this classical music of the eastern part of Algeria. The choice of Hamdi
Benani as the best representative came because he is one of the rare musicians-singers who
recognises the Malouf of Annaba as distinct from the Malouf of Constantine and who gives a
clear demonstration of this difference in his interpretation.
He defends the Malouf of Annaba as a distinct form on historical and
sociological grounds as this music is situated at a cross road of musical traditions of Tunisia
and Constantine. This CD submits this argumentation to a larger audience.
The source of the Malouf of Annaba (Bône)
This refined musical tradition finds its specificity in the ancient history of the city
and in the harmony of its geographic environment.
The city of Annaba, or Bône for the colonisers, has been marked by all
civilisations, starting with Cartage. In the nineteenth century, the city was described
as “quaint” by Orient buffs. Annaba remains a peaceful village where people enjoy
strolling along the waterfront and taking their time to enjoy the perfumes of the Beau Séjour
neighbourhood, the beautiful beaches, the Bertagna plaza and picturesque streets. Visitors
all agree that the city is charming.
Annaba is above all an old bastion of Christianity in Africa and there are numerous
monuments and relics in the city and surrounding area reminding of this heritage. Saint
Augustin (354-430), whose “The City of God” which became one of the high points in
- 10 -
Christian liturgical literature, was for a long time bishop of Hippone, Annaba the Numidian.
It is difficult today to admit that the mere reference to a religion and culture other than Islam
could put Algeria in any danger. Fortunately, the Malouf is here as testimony and those who
make an effort to find its ancient roots know that the Christian dogma was well implanted in
this African country where Christian monks managed to impose Latin.
Following the Christian period, Islam dictated the form and structures of
philosophical thought in mauresque arts. The presence of the Saint Augustin basilica
alongside the Sidi Boumerouane mosque are an example of the Islam-Christian syncretism of
this city and of a cultural exchange that was hidden after Algeria gained independence.
In the same way that the Berbers and Romans did not agree upon the elaboration of
laws, cult practices and tax levies, the musicians of the city are not always in agreement as
to how the noubat should be interpreted... The Christians of Africa broke into antagonistic
branches; donatism and the Malouf divided the Africans.
By choosing to sing the Hawzi titled “Fadh El Wahch’Aliya” in Cheikh Raymond’s
style, Hamdi Benani gives the Malouf a new dimension. The prelude to this piece is clearly
inspired from the Talmud.
A Jewish musician from Bône - Benkimoune- left us a wonderful recording in which
he sings the legend of Ghriba (mystery). The legend says that when the Jews of Bône built
the Ghriba synagogue, the book of laws was seen floating on the sea for many days. It would
come closer to the shore but each time that a Muslim would try to take it, the book would
be carried away by a wave and taken back out to sea. This phenomena lasted several days
without any explanation. Some Jews who had seen the book easily caught it and brought it to
the synagogue. This story shows how people are attached to their values and how miracles
are unable to deter them. It shows how the Jews and Muslims are at the same time close and
distant where religion and culture are concerned.
Music and religion resist this inalterability of laws and values and Hamdi Benani
has put great efforts in applying the rules for interpreting the Hawzi, in spite of the pressure
- 11 -
of interdictions. He enriches the language of Bône with Italian and Maltese accents and intonations of the “langua franca” of the Mediterranean which come to enhance the melody of
this poetry. Edmond Brua raised the fables of Bône to the rank of fine literature after being
nourished by the musicality of these poems.
The life and customs of the musicians of Bône
Although many music lovers and musicians of Constantine and Bône connect the
Malouf of Annaba to the Malouf of Constantine, there are those who do not agree and there
are often heated discussions on the subject between musicians. If we look at the history of
this region it becomes clear that the musicians of this area have for a long time claimed their
own identity and made efforts to distinguish themselves.
Hassan and Mustapha Benkhamar were two brothers known for their independence
and were held in esteem by the purists of Constantine. El Ferjioui and Essamï - a precursor
in the use of the piano in the Malouf - are widely respected today. As for M’Hamed El Kourd
and “Little Mohamed” - his flutist, Uncle of Hamdi Benani - they have been immortalised by
their legend and their records. It is thanks to El Kourd that the Malouf was heard in Paris
in the 1940’s. He preferred the piano to the lute and enhanced his experience in the Oriental
cabarets of the Latin Quarter and brightened up the long nights of the Algerian immigrant
workers in Paris. After a few short stays in Turkey, Germany and Tunisia, he finally returned
to his native city. When listening to the old scratchy records one becomes nostalgic of a time
when singers, although miserable under the impact of colonisation, were entirely devoted to
their music and extremely active.
In another context, H. Derdour and H. Chaouche - active in promoting the Malouf,
marked local history by creating Mazhar El Boumi. This musical corporation, like a number
of artistic institutions of the 1930’s, claimed itself nationalistic and defendor the Malouf. The
intelligentsia of Bône then sided with the Messalists and the revolutionaries.
The traditional places for learning music in Annaba are the same as in the rest of
Algeria, that is private parties called nzahat’. Musicians and music lovers would also gather
- 12 -
at the sacred place of the venerated marabout Sidi Benmansour and each year would organise a sacrifice in honor of the saint (zerda). During seven days, the brotherhoods would do
mystical dances and the ritual would end with a competition in profane music. This is where
Hamdi Benani was initiated into the Malouf.
Hamdi Benani: from Sidi Mansour to Samarkand
Hamdi Benani’s memories of his first encounters with music are the radio, Eddie
Constantine songs and his escapades to Ras El Hamra to listen to the masters Fergani and
Hassen El Annabi, his gradual initiation to the violin and the Malouf...
He remembers El Kourd records, concerts by Mohamed Tahar Fergani and Hassan,
his first orchestra, recordings, participating in national Andalusian music festivals and the
time when he received recognition after the necessary trials of the beginning. In 1963 he
gave a few Malouf concerts, a few of which remain in the memory of the people of Annaba.
In 1967, he made his first appearance on Algerian television on “Constantine on stage”, a
show that all musicians with any ambition dreamed of.
Then came the 1970’s and 1980’s, the years of maturity, during which he did several
road shows in Germany, Senegal, the USSR and other places. He remembers 1984, when he
was consecrated “musician of the year” and won the price of excellence at the Samarkand
Festival and was called the “White Angel” by the North Korean president Kim’il Sung after
his public concert in Korea.
Hamdi Benani continues to sing and play Malouf. He has also been the National
Secretary of the Union of Algerian Artists for the past fifteen years. His musical style is
enriched by various influences, above all Sylvain Ghrenassia, Fergani of Constantine and the
Tunisian Malouf players. Hamdi Benani’s technique and style are also influenced by the local
poetic repertory of qacidat of Sidi Brahem, Qadi Leslem and Rass El Hamra.
The nouba of Bône
The Tunisian malouf has an undeniable influence on the malouf of Annaba which
- 13 -
is heard in Nouba Cika. However, there are variations on this nouba that take liberties with
the orthodox Malouf of Constantine and seem to find their origins in southern Tunisia and
the Souf region of Algeria. It is difficult to decrypt this modal and rhythmic system and find
a fundamental origin.
For example, the Bacheraf Cika is far from the Constantine matrice. The
repetition of motifs does not follow the same rules and the bridges between movements are very
different. The interpretation of Mçadder is not in the Constantine style either. The
instrumental part (response to the bayt’), which is usually rigorously identical to the singing,
is changed here. The same thing happens with the Insraf with certain instrumental ritornellos
being shortened.
Most musicians have little to say on the subject and only talk of respecting the
tradition and being faithful to the legendary masters. This brings us to an affair of
regional power and identification. However, the interpretations by Hamdi Benani and by El
Kourd of similar pieces of nouba çika show a same rhythmic approach and organisation of
movements. With El Kourd, the percussions fade out during the singing, like some jazz
musicians, leaving the rhythm to be led by the bass piano chords; the voice then seems to
float and the melody proceeds on a semi-free line. This technique completely transforms the
orchestral organisation as the percussions follow the singer’s pace. Two musicians from
Bône follow this practice: Hassen El Annabi and Hamdi Benani.
The other specificity of this nouba çika is that there is more than one piece in
each movement, a practice which often raises strong polemics. It is true that the musicians
enhance their nouba with this approach, but this can be contested as there is the risk that the
crescendo be disorganised. The technique of cutting movements, as in the Btayi and the
Insrafat here, gives an arrhythmic effect.
- 14 -
The Hawzi
The first hawzi of this recording is preceded by an Istikhbar in the form of a Mawwal.
Hamdi Benani is strongly influenced by the Middle East and here he prefers the Ushaq mode
to the Hsin mode. His sensitive interpretation of the Hawzi called “Fadh El Wahch Aliya”, a
chef d’oeuvre of popular urban music, is executed in both the Hsin and Mawwal modes. The
second Hawzi acts as a finale.
While these two pieces are from popular Algerian poetry, they are inspired by
classical Andalusian poetry; The courtly love and its corollary, the pain of separation,
remain the dominant themes.
Ibn Msaieb, author of the first Hawsi expresses his pain cause by his long wait
for his loved one. He is hopelessly in love and compares his tears to torrential rains. The
memory of the sweet moments spent with her haunt him and his cries and lamentations can
not appease his sorrow which can only be relieved by the return of his loved one. Only a
miracle or divine grace could bring them together. For him, the woman he loves is a perfect
creature, her red cheeks are the fire that is burning him, her perfectly shaped eyebrows are
the sword that cuts him... He drowns his sorrows in wine.
The author of the second Hawzi compares his loved one to a “blue-winged dove”.
This image has a double meaning: the dove walks like the loved one; the dove carries love
notes to the girls of Tlemçen. To keep his secret, he tells the dove to be careful and to trust
no one. His loved one’s eyes are black like the dove’s and are dazzling. The beauty of her
five-colored cloak sets her above all other women.
Both poets look for indications of the return of their loved one. As they are far from
the one they love, they become jealous of all that come near her. However, imagination,
creating unreal poetic worlds, comes to soothe the lover. The blind one of Tudele clearly
explained the contrary emotions of love and hate felt by the poet in love: “I see myself as
prisoner of both the pain and the joy of love”.
Taoufik Bestandji
- 15 -
Les Musiciens :
Hamdi Benani
Ali Benani
Kamel Benani
Taoufik Bestandji
Ali Chaalane
Mourad Djabourabi
Abdelhamid Khammar
Farid Mokhtari
Fayçal Moumen
Abdelghani Takouka
Chant, Alto
Luth (Oud)
Guitare
Cithare (Qanoun)
Alto
Flûte (Djouak)
Luth (Oud)
Bouzouki
Tar
Derbouka
Arrangements :
Hamdi Benani
- 16 -
Programme Musical :
I. La Nouba Çika
1) Bacheraf 2) Istikhbar 3) Mçaddar (Akhbirouni) 4) Kûrsi et Insraf (Ya Saat) 5) 1er Insraf (Hillal el Bane) 6) 2ème Insraf (Dak Echarab) 7) 3ème Insraf (Dir Ya Nadim) 8) Kûrsi 9) 4ème Insraf (Ya Chabih) 10) Khlaç (Lakaytouha) Prélude instrumental
Improvisations vocales et instrumentales
1er mouvement vocal et instrumental
Prélude et 2ème mouvement vocal et instrumental
2ème pièce vocale et instrumentale du 2ème mouvement
3ème pièce vocale et instrumentale du 2ème mouvement
4ème pièce vocale et instrumentale du 2ème mouvement
Prélude de mouvement
5ème pièce vocale et instrumentale du 2ème mouvement
Final
II. Les Hawzi
11) Istikhbar Ushaq
Improvisation vocale et instrumentale
12) 1er Hawzi (Fadh El Wahche)Poème populaire citadin.
13) 2ème Hawzi (Ya Daw-ayani) Poème populaire citadin.
- 17 -
- 18 -