Apprendre en fabriquant des robots

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Apprendre en fabriquant des robots
21
Colmar
M ARD I 6 O C TO B RE 201 5
L ' AL S A CE
INNOVATION PÉDAGOGIQUE
Apprendre en fabriquant des robots
Le collège Pfeffel de Colmar innove cette année avec le lancement d’un projet pédagogique interdisciplinaire autour de la robotique, avec le soutien de l’association Robotique-Junior-€ntrepreneur. Supports ludiques et attractifs, les robots génèrent une motivation remarquable chez les jeunes, qui apprennent tout en s’amusant.
Véronique Berkani
Anticipant la réforme du collège
qui doit voir la mise en place du
« Plan pour le numérique à l’école » et des « Enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI)
en septembre 2016, la classe
scientifique de 5e du collège
Pfeffel à Colmar s’est lancée
dans un projet autour de la
robotique, en collaboration avec
l’association colmarienne Robotique-Junior-€ntrepreneur (lire
encadré ci-dessous). Claude Lamoureux, son président, ingénieur et manager d’entreprise à
la retraite, ancien maître de
conférences à HEC, est persuadé
de l’intérêt pédagogique des robots pour attirer les jeunes vers
les matières technologiques :
« La robotique est une arme de
séduction massive. » « Si les jeunes ne viennent pas à la technologie, ils iront à Pôle emploi. » Le
propos est abrupt mais se veut
réaliste. « Dans tous les métiers
d’avenir, il faudra savoir programmer. » En effet, selon l’Oxford Martin School, 47 % des
métiers seraient robotisés d’ici
20 ans.
« L’intérêt des jeunes
pour la robotique est spontané »
« Les robots sont un excellent
support pour apprendre », confirme Guillaume Kaufmann, professeur de sciences physiques.
« L’intérêt des élèves pour la
robotique est spontané. Proche
de l’univers des jeux de construction et d’assemblage, elle permet à l’élève de chercher,
d’expérimenter, de tâtonner. À
travers elle, on peut aborder une
multitude de matières, dans une
démarche interdisciplinaire. »
Faire des erreurs : la meilleure façon d’apprendre
En mathématiques, avec le logiciel Scratch, langage de programmation qui facilite la
création d’histoires interactives,
de dessins animés, de jeux, etc.,
les élèves vont s’initier à l’algorithmique, résonner à l’aide de
concepts et de processus mathématiques et découvrir le langage
informatique. En sciences physiques, ils vont se familiariser avec
la carte Arduino, véritable miniordinateur qui traite les données
provenant de composants et de
capteurs (de température, de luminosité, etc.), permettant d’interagir avec le milieu extérieur.
En français, les élèves aborderont une œuvre relative aux robots et entameront une réflexion
sur leur place dans notre société
actuelle, et surtout sur la place
qu’ils pourraient occuper dans le
futur. Les professeurs d’histoire,
d’arts plastiques, de musique et
de sciences et vie de la Terre
seront également mis à contribution.
Il n’y a pas d’âge pour se former à la robotique : au premier plan, de g. à d.,
Beebot, un robot « doudou » d’apprentissage, à partir de 4 ans ; Thymio, robot
éducatif, à partir de 7 ans.
Claude Lamoureux, président de l’association Robotique-Junior-€ntrepreneur, en compagnie de Guillaume Kauffmann, professeur de sciences physiques, et les
élèves de la classe scientifique de 5e du collège Pfeffel. Cette année, ils vont aborder les maths, les sciences physiques, l’histoire, le français, la musique ou les arts
plastiques par le prisme des robots. Ou comment apprendre en s’amusant.
Photos L’Alsace/Hervé Kielwasser
Tout au long de l’année, par
groupes de deux, les jeunes créeront un petit robot roulant à
moindre coût, détecteur d’obstacles. « Chaque élève pourra le
personnaliser en le programmant pour qu’il évite les obstacles, mesure la température,
parle, etc. », indique Guillaume
Kaufmann. « Les enfants ont des
idées qu’on n’imagine même
pas… », ajoute Claude Lamoureux. « Cette pédagogie de projet, avec une démarche de
recherche active, facilite l’expression des élèves pour lesquels
le cadre scolaire traditionnel est
mal adapté », précise le professeur de sciences physiques. De
plus, le robot offre l’intérêt de
permettre à l’élève de s’évaluer
immédiatement, sans passer
obligatoirement par l’enseignant : mal construit, mal programmé, le robot ne fonctionne
tout simplement pas… « Faire
des erreurs et chercher des solutions fait partie du processus
d’apprentissage », souligne
Claude Lamoureux, qui se souvient parfaitement dans quelles
circonstances il a pris la décision
de devenir ingénieur : « Un jour,
lorsque j’étais enfant, j’ai cassé
un réveil. J’ai voulu savoir comment le réparer. » « En comprenant le fonctionnement des
objets technologiques qui nous
entourent, les enfants entrent
dans la réalité des choses, dans
« le vrai ». » Afin que les savoirs
abstraits prennent tout leur
sens, et surtout des formes.
L’administration du collège Pfeffel a dégagé une heure par
semaine dans l’emploi du temps
des élèves de 5e scientifique, soit
72 heures dans l’année, afin
qu’elle mène son projet à terme.
L’association Robotique-Junior-€ntrepreneur
L’association Robotique-Junior-€ntrepreneur a été créée en janvier 2015 dans le but de « former des roboticiens et des entrepreneurs ». Dans une démarche intergénérationnelle, elle a formé des « Escouades robotiques » composées d’étudiants d’école d’ingénieurs – notamment l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Sud Alsace – ou d’IUT qui utilisent les robots Lego et se déplacent dans les centres socioculturels, les Fêtes de la science, etc. Ces étudiants sont coachés par des professeurs ou des ingénieurs bénévoles, souvent à la retraite, pour en faire de futurs entrepreneurs. Les objectifs de l’association sont de favoriser l’apprentissage de l’innovation et de l’entreprenariat à travers la robotique ; d’agir le plus tôt possible au cours de la scolarité ; de lutter contre les inégalités de proximité, en priorisant les REP (Réseaux d’éducation prioritaire) ; de lutter contre les inégalités de genre en amenant plus de jeunes filles vers les sciences ; d’aider les handicapés avec des outils adaptés ; de valoriser l’esprit d’entreprise, source de création de valeur. « Nous sommes un catalyseur », précise Claude Lamoureux, son président. Pour l’instant, l’association compte une douzaine de membres, dont quatre très actifs. « Il nous en faudrait 200. » La structure est également à la recherche de matériel et de soutiens financiers.
CONTACTER Robotique-Junior-€ntrepreneur Claude Lamoureux, 1 rue du Riesling à Colmar. [email protected]
SPECTACLE
Le succès pour « l’aidant dans tous ses états »
Interprété par quatre comédiens et un pianiste de la Revue Scoute, le spectacle « L’aidant… dans tous ses états » joué en amont de la Journée nationale des aidants qui a lieu
ce mardi, a séduit plus de 300 spectateurs samedi en soirée dans la salle Europe à Colmar.
Organisée par la plateforme d’aide
aux aidants « Rivage » et l’association Humanis en collaboration
avec plusieurs partenaires du territoire, cette comédie théâtrale et
musicale haute en couleur sur le
thème de l’aide aux aidants aura
permis de rire franchement de situations peu évidentes ! Créé par
Acte 5, ce spectacle à l’ambiance
cabaret présente une série de saynètes inspirées de la vie quotidienne des aidants : une famille qui se
déchire pour savoir qui va se sacrifier, une mamie insupportable
avec ses enfants, un pépé qui préférerait s’éclater en maison de retraite, la fille aidante qui hurle son
malheur à son psy…
De l’humour
pour relativiser
« L’humour est un excellent moyen
pour relativiser et faire face à des
situations difficiles » explique Anne André, chargée de développement prévention pour le groupe
Humanis. « Les auteurs ont eu l’occasion de rencontrer de nombreuses personnes assurant ce rôle au
quotidien. » complète-t-elle. En
s’appuyant sur ces rencontres, les
comédiens ont construit ce spectacle humoristique qui a ravi l’assemblée. « C’était criant de vérité »
explique une spectatrice… « Formi-dable, ça m’a fait du bien… ! »,
« On réalise qu’il y a des aides auxquelles on n’aurait pas pensé… »,
« A renouveler ! ». À destination
des personnes qui aident une personne dépendante ou pour les curieux, tous sont repartis mieux
informés sur l’aide aux aidants. Le
spectacle aura en effet permis de
susciter le débat et de donner de la
visibilité aux différents organismes
de prise en charge de la maladie
d’Alzheimer et troubles apparentés
tels que Humanis, Rivage mais aussi, la MAIA, les Hôpitaux civils de
Colmar ou encore France Alzheimer. De nombreuses personnes
ont ainsi pris la parole pour témoigner de leurs difficultés et poser
des questions aux différents partenaires : Comment diagnostiquer la
maladie d’Alzheimer ? Que faire si
ma mémoire m’inquiète ? Le déni
est-il fréquent ? Comment lui faire
accepter sa maladie ? « Rien que le
écoute, un soutien, de trouver
avec eux des clés, des outils pour
que l’accompagnement de la personne aidée se fasse dans les
meilleures conditions. Rivage :
03.88.82.09.64 [email protected]
À propos d’Humanis
Acteur de référence dans le monde
de la protection sociale Humanis,
occupe aujourd’hui une place prépondérante sur les métiers de la
retraite complémentaire, de la prévoyance, de la santé et de l’épargne. Le groupe Humanis concrétise
son engagement auprès des popuSalle comble pour le spectacle «L’aidant dans tous ses états» par la Revue Scoute
DR
lations en difficulté au travers
fait de se rendre compte que l’on cadre de cette journée qu’Huma- compagnent, au quotidien un d’une politique d’Action sociale dyn’est pas seul à vivre ce quotidien nis et Rivage ont souhaité sensibili- proche malade ou handicapé ».
namique axée sur des enjeux de
difficile est déjà une grande avan- ser le grand public au vécu et à
société (handicap, perte d’autonomie, rupture sociale, aide aux cée » explique Anne Wertenberg, l’apport de ces nombreux aidants
À propos de Rivage
coordinatrice de la plateforme de familiaux. « S’occuper à domicile
aidants). L’Action sociale d’Humarépit Rivage.
d’un proche atteint par la maladie Créée fin 2012 avec le soutien de nis témoigne de l’engagement du
d’Alzheimer ou de troubles appa- l’Agence Régionale de Santé, Riva- Groupe à soutenir et accompagner
rentés nécessite beaucoup d’éner- ge est une plateforme d’accompa- ses entreprises adhérentes, leurs
Ce mardi, la Journée
gie » explique Anne Wertenberg gnement et de répit dédiée aux salariés et les retraités au travers
nationale des aidants
« Ce spectacle aura été l’occasion aidants d’un proche atteint de d’aides, de soutien et de services
Ce mardi 6 octobre est la Journée de valoriser également ces 8,3 mil- troubles de la mémoire. Sa mission innovants. Humanis : 03 88 13.67
nationale des aidants, c’est dans le lions d’anonymes en France qui ac- est d’apporter aux aidants une 95. Anne. [email protected]
COL02

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