Elle se met à l`heure du tactile

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Elle se met à l`heure du tactile
VENDREDI 3 MAI 2013 LE JOURNAL DU JURA
BASELWORLD 2013 3
RADO La marque high-tech du Swatch Group continue son œuvre de pionnier
Elle se met à l’heure du tactile
petit «bip» indique que le réglage peut démarrer. On règle
les heures sur le côté gauche en
glissant le doigt en haut pour
avancer, en bas pour reculer.
Même démarche pour les minutes, mais à droite. Finalement,
une nouvelle pression à 8 h désactive le mode réglage.
Pour cette première, souligne
le CEO, «nous avons veillé à ce
que l’utilisation soit à la fois simple, intuitive et spontanée. Quand
on introduit une nouvelle technologie, la simplicité détermine largement le succès.» A en croire les
premiers échos récoltés au Salon, Matthias Breschan assure
que cette pièce est promise à un
bel avenir, d’autant qu’elle permet de toucher un nouveau public, plus jeune.
PHILIPPE OUDOT
Aux commandes de Rado depuis début 2011, Matthias Breschan a de quoi être satisfait.
D’abord, parce qu’à l’instar des
autres marques du Swatch
Group, Rado a affiché des résultats réjouissants un peu partout
dans le monde l’an dernier. En
particulier en Asie, au MoyenOrient, en Russie ou encore aux
Etats-Unis. Même en Chine, où
beaucoup d’horlogers ont vu
leurs affaires plonger? «Oui,
même en Chine! Sans doute parce
que nous y étions bien avant que
tout le monde s’intéresse à ce marché, mais aussi en raison de nos
prix et de notre positionnement
unique.»
Car si, comme partout, le design très particulier de Rado polarise – on aime ou on n’aime
pas –, il plaît visiblement à la
clientèle asiatique, constate notre interlocuteur, à voir le succès
que la marque y rencontre.
Même en Inde, malgré les lourdes taxes qui frappent les produits de luxe. Là aussi, expliquet-il, cette forte présence
s’explique par la spécificité de
Rado. «Nous sommes sur ce marché depuis longtemps, en particulier depuis le lancement de la Diastar, première montre inrayable au
monde, il y a un demi-siècle. Dans
ce pays, nos garde-temps sont considérés comme un cadeau idéal,
pour un mariage par exemple, car
ils restent comme neuf malgré les
ans qui passent.»
En raison de la crise, les affaires ont été plus contrastées en
Europe, en particulier dans les
pays du sud, alors qu’elles restaient à un très bon niveau en Allemagne et en Suisse. Pour ces
prochaines années, notre interlocuteur voit encore un important potentiel de développement en Amérique latine – pour
autant que les très lourdes taxes
d’importations sur les produits
de luxe soient allégées. Au Brésil
en particulier.
Chez Rado, une grande partie
des montres ont longtemps été
équipées de mouvements à
quartz. Mais depuis des années,
Plus léger
Rado Esenza Ceramic Touch: un vrai bijou technologique. LDD
suivant la tendance du marché,
la marque high-tech du Swatch
Group augmente progressivement la part des calibres mécaniques. A tel point qu’ils représentent désormais plus de 50%
de la production.
Du bout des doigts
Pionnière dans la mise en œuvre de nouveaux matériaux, la
maison horlogère établie à Longeau poursuit sa quête technologique et dévoile deux innovations majeures à Bâle. D’abord la
Rado Esenza Ceramic Touch.
«C’est la première fois que la technologie tactile est intégrée dans
une montre entièrement en céramique. Une performance qui résulte de la maîtrise de diverses
technologies industrielles et des synergies qui existent au sein du
Swatch Group: la céramique chez
Comadur, les mouvements chez
ETA, et les circuits intégrés à basse
consommation chez EM Microelectronic», souligne le CEO Matthias Breschan.
Alors que les horlogers réservent d’ordinaire leurs nouveautés techniques aux montres
homme, Rado a au contraire introduit ce petit bijou de technologie dans un modèle dame.
«Cela confirme l’importance de
notre clientèle féminine, à qui une
pièce sur deux est destinée», souligne-t-il. Ce garde-temps allie à la
fois dureté et résistance, du fait
qu’elle est entièrement réalisée
en céramique, mais aussi douceur en raison de son boîtier et
de son bracelet aux courbes harmonieuses.
La montre étant dépourvue de
couronne, le réglage de l’heure
et des minutes se fait du bout des
doigts. Le mode réglage est activé en touchant quelques secondes le boîtier à 8 h, puis en glissant le doigt sur le côté droit. Un
Pionnière dans le domaine des
matériaux, Rado a aussi développé une nouvelle céramique, à
base de nitrure de silicium et de
nitrure de titane, qui lui donne
une couleur «vieux bronze».
Résultat: cette céramique est
non seulement plus légère, mais
également plus dure que la traditionnelle au zirconium. «Nous
avons eu recours à ce nouveau matériau dans notre modèle Rado
DiaMaster RHW1, réalisé en édition limitée à 2000 exemplaires. Et
pour alléger encore ce gardetemps, nous avons utilisé de l’alu
éloxé pour les platines et les ponts
du mouvement, si bien que malgré
sa grande taille de 44 mm, elle ne
pèse que 68 grammes!»
Mais avec la tendance retroclassique en vogue depuis quelques années, Rado n’est-elle pas
pénalisée par son design? «Pas
du tout! D’abord, parce que nous
sommes à peu près les seuls dans
notre créneau. Ensuite, parce que
depuis un demi-siècle, notre modèle Diastar n’a jamais cessé de se
vendre, en particulier en Asie et au
Moyen-Orient. Et avec cette tendance vintage, c’est à nouveau le
cas en Europe!» Et d’ajouter que
les designers en ont profité pour
réinterpréter ce modèle phare
de Rado en adaptant le design et
les matériaux utilisés.
TUDOR La marque est définitivement sortie de l’ombre de sa grande sœur Rolex
La maison revisite les icônes du passé
Fondée en 1926 par Hans
Wilsdorf, le père de Rolex, Tudor
a toujours vécu dans l’ombre de
sa grande sœur, étant même souvent considérée comme une
sous-marque de Rolex à bas prix.
Depuis plusieurs années, le management s’efforce de casser
cette image et vient de franchir
une nouvelle étape en tenant son
propre stand à Bâle. Pour le directeur de Tudor Philippe Peverelli, c’est bien la preuve que la
marque est enfin en pleine lumière.
Et si elle a parfois souffert de la
puissance tutélaire de Rolex, il
rappelle que cela a aussi permis à
la marque d’être une des plus
connue dans la Chine de Mao, renommée dont elle bénéficie toujours. «Mais depuis trois ou quatre
ans, nous avons entrepris de réveiller Tudor en lui donnant son
Le Chrono Blue se réfère au
légendaire Montecarlo. LDD
identité propre, et aussi en réinterprétant des pièces historiques dans
la collection Heritage», souligne-til. Si la marque est très bien im-
plantée en Asie, elle est également bien positionnée un peu
partout en Europe. Quant aux
Etats-Unis, Tudor, qui avait abandonné ce marché en 1997, s’apprête à y faire son grand retour.
La marque continue de rendre
hommage à son passé. Elle a ainsi revisité le chrono de légende
«Montecarlo», lancé en 1973,
qu’elle a rebaptisé Chrono Blue.
Comme l’explique Davide Cerrato, directeur marketing et design,
«nous avons retravaillé cette pièce
en essayant d’en capturer l’esprit et
en gardant un graphisme proche de
celui de la pièce originale». Les
deux compteurs du chrono s’affichent dans deux formes trapézoïdales bleues, un à 3 h, pour la petite seconde et l’autre à 9 h, pour
le compteur 45 minutes, avec
trois zones de 15 minutes chacune, qui était utile pour les cour-
ses automobiles. Etanche à
150 m, la montre est dotée d’un
mouvement à remontage automatique et est livrée avec deux
bracelets – un métallique et l’autre en tissu renforcé.
Si Tudor rend hommage à son
passé, la marque est aussi solidement ancrée dans le modernisme. Preuve en est la Tudor
Fastrider Black Shield, présentée cette année et développée
dans le cadre du partenariat avec
la marque de motos Ducati. Le
boîtier monobloc de cette montre est entièrement en céramique noire mate grâce à un processus appelé microbillage. La
matière luminescente rouge des
index et des aiguilles, ainsi que le
joint sous la glace saphir, également rouge, donnent à ce gardetemps un look agressif très sportif. PHO
BILAN DE BASELWORLD
L’année de tous les records!
Plus important rendez-vous
mondial de l’horlogerie et de la
bijouterie, la 41e édition de Baselworld a fermé ses portes hier
en établissant un nouveau record de fréquentation. Quelque
122 000 personnes – visiteurs
professionnels et grand public –,
soit 17% de plus que l’an dernier,
sont venues découvrir les dernières nouveautés présentées
par les 1460 exposants. Le rendez-vous bâlois a également battu un record au niveau de la présence médiatique, avec pas
moins de 3610 journalistes accrédités (+9%).
Globalement, les exposants se
sont dits très satisfaits des affaires réalisées et de la qualité du salon. «Nous récoltons une juste récompense: un salon d’une qualité
et d’une esthétique unique au
monde», s’est exclamé Jacques
Duchêne, président du Comité
des exposants, à l’issue de la manifestation. Très enthousiaste
aussi, François Thiébaud, président du Comité des exposants
suisses, a estimé que «Baselworld
2013 marque le début d’un nouveau siècle pour la branche horlogère. Nous avons réalisé des affai-
res exceptionnelles, dans une
infrastructure exceptionnelle».
Evénement incontournable
CEO de La Montre Hermès,
Luc Perramond qualifie quant à
lui cette édition 2013 de «cru exceptionnel pour nous. Nous avons
inauguré notre pavillon en présence de Toyo Ito. Ce stand reflète
notre marque d’excellente manière. Nous avons accueilli près de
800 journalistes, et le nombre
d’acheteurs est également en
hausse. Ce salon est pour nous un
événement incontournable.»
Commentaires tout aussi enthousiastes du côté de Patek Philippe, de Bulgari ou encore de
Tag Heuer chez qui on assure
avoir enregistré «une croissance
à deux chiffres». Quant à la directrice de Baselworld Sylvie Ritter,
elle a souligné qu’«avec cette édition 2013, nous avons établi de
nouvelles références et par là
même renforcé le caractère unique
de notre manifestation. Nous mettrons tout en œuvre pour conforter
et développer notre position de leader dans le futur.» PHO-COMM
Baselworld 2014: du 27 mars au 3 avril
PANEL
Moins de 20 cas dénoncés
Pour protéger les droits de propriété intellectuelle des exposants, Baselworld s’est doté d’une
commission d’arbitrage interne,
qu’on appelle le Panel. Depuis
28 ans, ceux qui s’estiment victimes d’une violation peuvent déposer une plainte auprès du Panel. Composé de spécialistes de
divers horizons, ses experts se
rendent sur le stand incriminé
pour constater s’il y a effectivement violation. Leur décision
tombe dans les 24 heures. Le cas
échéant, l’exposant doit immédiatement retirer les objets litigieux. Dans les cas graves, il peut
même faire fermer le stand.
«Comme ces dernières années,
nous avons enregistré une vingtaine de dénonciations – un niveau extrêmement bas compte
tenu de l’énorme quantité de montres, bijoux, emballages et machines exposées», souligne Chris-
toph Lanz, secrétaire général du
Panel. Deux tiers des cas ont
concerné le secteur de l’horlogerie, en combinaison avec de la
joaillerie, «mais nous n’avons enregistré aucun cas grave ou de violation systématique. Cela démontre
bien que le Panel joue un rôle préventif très efficace».
Et pour bien souligner la qualité des décisions rendues, Christoph Lanz indique qu’après une
décision du Panel en 2009, l’affaire avait été portée en justice,
jusqu’au Tribunal fédéral dont le
récent verdict a confirmé la décision du Panel, qui voit ainsi sa
crédibilité encore renforcée. Et
d’ajouter qu’en décembre à Genève, dans le cadre d’une conférence de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, le Panel a été cité en
exemple pour son efficacité dans
la lutte anti-contrefaçon. PHO
VALERII DANEVYCH
Et pourtant, ça tourne…
L’an dernier, Valerii Danevych
avait fait forte impression avec ses
montres… en bois. Cette année,
cet ancien ébéniste passionné de
montres était de retour au stand
de l’Académie horlogère des créateurs indépendants. Agé de 45
ans, cet horloger autodidacte présente une nouvelle série de pièces
dont tous les composants (sauf le
spiraletderessortdebarillet) sont
en bois.
Par exemple cette pièce rétrograde(photo),pourlaquelleValerii
Danevych a utilisé huit différentes
essences, du gayak (un bois extrêmement dur) pour les plus petites
pièces, du bubinga (bois brun rougeâtre finement veiné) pour le
bracelet,oudelaloupedebouleau
pour le cadran. Cette année, s’inspirantdesfameuxœufsdeFabergé,
il a même réalisé une petite mon-
tre de poche en forme d’œuf.
Celle-ci est logée dans un coffret
en bois qui, lorsqu’on ouvre ses
portes,laisseapparaîtrelamontreoeuf dont le couvercle s’ouvre également, permettant d’admirer la
beauté du mouvement. Les créations de Valerii Danevych s’adressent avant tout aux collectionneurs et aux musées. PHO

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