Moyenne en

Transcription

Moyenne en
1
SOMMAIRE
INTRODUCTION : Présentation de l’enquête de consommation
page 2
SYNTHESE DES RESULTATS
page 8
I. L’impact des multiplexes sur la mobilité de la clientèle
page 9
II. Mobilité de la clientèle et caractéristiques du déplacement
page 12
III. L’impact des multiplexes sur l’entraînement d’autres activités
page 14
IV. Organisation des différents niveaux d’intervention des Pouvoirs Publics
Page 17
V. Quelques politiques menées sur le terrain
page 24
CONCLUSION
page 31
2
INTRODUCTION
PRÉSENTATION DE L’ENQUÈTE DE C0NSOMMATION
3
A - LES OBJECTIFS
A la différence du commerce périphérique des biens en grandes surfaces et centres
commerciaux, les services aux ménages que représentent les cinémas ont fait l'objet de peu
d'études. Pourtant, ce secteur d'activité est engagé depuis quelques années dans un processus
d'extension de surface (multiplexes) et de préférence périphérique qui l'amène à s'adjoindre
aux différents pôles attractifs périphériques existants, qu'ils soient commerciaux ou ludiques,
générant des nouvelles mobilités et de nouvelles incitations économiques et urbaines dans
un cadre plus ou moins directement issu de la réglementation et de l'action des pouvoirs
publics.
L'objectif de l'étude est de dresser un bilan du phénomène sur deux terrains d'étude en
Région Parisienne représentatifs au regard du questionnement suivant :
•
.Quels sont les facteurs de localisation périphérique et quel rôle y joue l'action
publique directe ou indirecte ?
•
Ces équipements sont-ils facteurs de mobilités supplémentaires ? Quelles sont les
nouvelles aires de chalandise et les mobilités induites et par quels moyens de
transport ? Quelles sont les motivations de fréquentation des clients ? Dépendent-elles
de facteurs cinématographiques ou d'environnement ?
•
Ces équipements ont-ils un effet d'entraînement à l'amont et à l'aval d'autres services
ou activités commerciales et quelle est la relation avec les centres commerciaux ?
B - TERRAIN D'ETUDE
Le choix des secteurs d'enquête a porté sur deux quadrants de la Région Parisienne à
savoir : l'Est, des Halles à Disney et l'Ouest des Champs-Élysées à Saint Quentin en
Yvelines.
Au sein de ces deux quadrants, 10 sites jugés parmi les plus représentatifs en terme de
localisation, de taille et de spécificité ont été sélectionnés.
4
CARTE DE PRESENTATION DES DIX SITES RETENUS
5
Il s'agit, comme l'indique la carte.
Pour le secteur EST :
•
de l'U.G.C. Ciné Cité les Halles (Paris 1° arrondissement, département 75)
•
de l'U.G.C. Ciné Cité Rosny (Centre Commercial de Rosny, département 93).
•
de l'U.G.C. Artel Marne (Centre commercial les Arcades à Noisy-le-Grand,
(département 93)
•
du Cinéma Georges Méliés (Montreuil, Département 93).
•
du Gaumont Disney-Village (Marne-la-Vallée Chessy, Département 77).
Pour le secteur OUEST :
•
l'U.G.C. Georges V (Paris 8°, département 75)
•
le Cyrano (Versailles, département 78).
•
l'U.G.C. Vélizy (Centre Commercial de Bretonneux, département 78).
•
le Rex (Chatenay-Malabry, Département 92).
C - PRESENTATION DU QUESTIONNAIRE
Ce document figurant en annexe, après test et mise au point, comporte une partie
quantitative et une partie qualitative sous la forme de questions ouvertes.
Les domaines d'investigation portent sur les points suivants :
1. L'identification des personnes enquêtées (tranche d'âge, sexe, résidence, lieu de
travail, motorisation),
2. Les caractéristiques du déplacement (origine, mode, durée, constitution du groupe,
motif du déplacement),
3. L'insertion de l'activité cinéma dans la journée,
4. Les caractéristiques de la pratique du cinéma
a- Caractéristiques quantitatives (salles les plus fréquemment citées)
b- Caractéristiques qualitatives (critères de choix, reproches au cinéma )
c- L’utilisation des tarifs réduits
6
D- MÉTHODOLOGIE
S’agissant de dégager des tendances et non d’effectuer des investigations très fines sur
chacun des sites, l’échantillon a été fixé à 50 enquêtes par salle en tenant compte à la fois,
d’une répartition équilibrée entre les hommes et les femmes, des principales tranches d’âges,
des jours, en semaine le plus souvent le mercredi, jour de changement des programmes et en
fin de semaine le samedi ou le dimanche et les différentes tranches horaires.
7
Synthèse des résultats
8
I - L’impact des multiplexes sur la mobilité de la clientèle : des résultats très
différents selon la localisation des cinémas
L’étude de détail menée auprès des 10 sites retenus sur Paris et sa périphérie nous permet
de mettre en évidence trois types d’impact des cinémas en fonction de l’aire d’attraction de
ceux-ci. Nous ne retiendrons pour établir cette typologie que deux variables, la « durée de
déplacements » et « l’origine du déplacement » , les plus significatives ici de la dimension et
des directions des aires d’attraction des 10 sites.
Le document suivant réalisé à partir des deux précédents volumes de cette étude, permet
Moyenne en %
I-
Gaumont Disney
Artel Noisy
Ciné Cité Rosny
Méliès Montreuil
Rex Chatenay
Espace cinéma St Quentin
Le Cyrano Versailles
déplacement
UGC Vélizy
Durée du
Ciné Cité Halles
UGC Georges V
de comparer ces deux variables.
¼ d’heure
23
30
76
84
79
90
84
57
76
60
65,9
½ heure
51
52
18
8
13
3
12
33
10
34
23,8
¾ d’heure
12
12
4
6
8
3
2
10
6
4
7
1 heure et plus
8
6
2
2
0
3
2
0
8
2
3,3
total
100
UGC Vélizy
Le Cyrano Versailles
Rex Chatenay
Méliès Montreuil
Ciné Cité Rosny
Artel Noisy
Gaumont Disney
Moyenne en %
Ciné Cité Halles
Commune
50
58
17
39
37
26
86
11
26
2
35
Commune proche*
22
19
62
33
45
50
10
44
50
15
35
Commune éloignée
28
23
21
28
18
24
4
45
24
83
30
Origine du déplacement
Total
II-
UGC Georges V
Espace cinéma St Quentin
9
100
* limitrophe ou jouxtant une commune limitrophe
A partir de ce document, la typologie suivante se dégage :
1. Les sites bénéficiant d’une aire d’attraction réduite, où la clientèle locale domine.
On y retrouve l’ensemble des cinémas du quadrant sud-ouest :
• le Rex de Chatenay où 90 % de la clientèle se situe à moins de 15 minutes du cinéma
avec 50 % de Chatenaisiens et 46 % issus d’une commune proche
• le Cyrano de Versailles : 84 % des usagers sont à moins de 15 minutes avec 39 % de
Versaillais.
• L’espace cinéma de Saint Quentin : 79 % de la clientèle gagne le cinéma en 15 minutes
maximum. 82 % d’entre elle vient de Montigny ou d’une commune proche.
• L’UGC Vélizy : 76 % des usagers mettent moins d’1/4 d’heure à se déplacer et viennent
pour 79 % d’entre eux, de Vélizy ou d’une commune proche.
Deux cinémas du quadrant Est :
10
•
l’Artel Noisy avec 76 % de clients situés à moins de 15 minutes du cinéma et 76 %
d’usagers issus de Noisy ou d’une commune proche.
•
Le Méliès à Montreuil avec 84% d’usagers habitant la commune.
L’annexe n° 1 page 212, permet de retrouver les cartes des zones d’attraction de ces 6
cinémas et de visualiser la concentration de la clientèle dans et autour de la commune
d’accueil.
2. Les deux sites parisiens, avec une aire d’attraction importante s’étendant au-delà
de Paris, aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest.
On retrouve dans cette catégorie :
•
L’UGC Georges V : seuls 23 % de la clientèle peuvent être considérés comme une
clientèle de proximité ( située à moins de 15 minutes) 28 % des usagers viennent d’une
commune éloignée
•
Le ciné cité des Halles : là encore 30 % des usagers seulement se situent à moins
d’1/4 d’heure du cinéma.
Les deux cartes des zones d’attraction, intégrées en annexe 2, rendent compte de cette
forte dispersion des deux cinémas parisiens.
3. Les pôles d’attraction multiplexes en dehors de Paris
Ils se situent tous deux dans le cadran Est avec :
• Le Gaumont Disney : 60 % de la clientèle viennent en 15 minutes au cinéma, pour une
large majorité en voiture. L’aire d’attraction (voir annexe 3 page 217) se diffuse à partir de
l’autoroute de l’Est et concerne majoritairement tout ce cadran Est.
• Le ciné cité Rosny : 57 % des usagers seulement sont à moins d’ ¼ d’heure du cinéma.
Là encore, l’observation de l’aire d’attraction de ce multiplexe témoigne d’une dispersion de
la clientèle dans un cadran Nord-Est, la zone de chalandise du ciné cité Rosny possédant ici
une forme concentrique autour du cinéma.(cf annexe 3)
11
II - Mobilité de la clientèle et caractéristiques du déplacement
Nous ne reviendrons pas ici sur l’étude de détail déjà menée quant aux caractéristiques de
déplacement pour chaque site. Il s’agit ici simplement d’observer les variations des
caractéristiques du déplacement en fonction des différences de mobilité de la clientèle. Cette
synthèse est donc menée pour chacune des trois catégories de cinémas en observant les deux
critères suivants : « le mode du déplacement » et « le motif du déplacement ». Le document
page suivante permet de comparer ces deux critères en fonction de la typologie
Moyenne en %
Gaumont Disney
Artel Noisy
Ciné Cité Rosny
Méliès Montreuil
Rex Chatenay
Espace cinéma St Quentin
Le Cyrano Versailles
UGC Vélizy
Ciné Cité Halles
Déplacement
UGC Georges V
précédemment établie.
A pied
22
8
10
18
34
13
62
6
4
2
18,1
En auto
21
14
73
69
57
87
14
60
58
76
53,1
En autobus
6
6
16
8
6
0
14
22
18
6
10,4
Métro/RER
43
66
0
2
2
0
6
4
18
16
15,8
Moyen mixte
10
6
0
2
0
0
4
2
2
0
2,6
Total
100
Moyenne en %
Gaumont Disney
Artel Noisy
Ciné Cité Rosny
Méliès Montreuil
Rex Chatenay
Espace cinéma St Quentin
Le Cyrano Versailles
UGC Vélizy
Ciné Cité Halles
MOTIF
UGC Georges V
12
Cinéma
60
56
67
82
79
100
79
90
56
88
75,7
Présence sur lieu de travail
9
0
2
0
6
0
0
0
2
0
1,8
Actes d’achat
7
18
20
0
6
0
8
4
19
4
8,6
Promenade
21
20
6
12
8
0
8
6
17
4
10,2
Autres loisirs
3
6
4
6
2
0
6
0
6
4
3,7
Total
100
Plusieurs remarques s’imposent quant au rapport entre mobilité et mode de déplacement.
La part du transport en commun :
Les deux multiplexes parisiens sont les seuls cinémas où le transport en commun est
le mieux représenté avec 59 % pour l’UGC Georges V et jusqu’à 80 % pour le ciné cité des
Halles.
La clientèle des cinémas en Ile de France hors Paris, a également recours aux
transports en commun, et ce, quelque soit la taille du cinéma et son aire de chalandise, dans
une moindre part ( 28 % en moyenne ). Ce phénomène est plus appuyé dans le quadrant Est
et largement plus faible dans l’Ouest..
La voiture est le mode de déplacement le plus utilisé quelque soit là encore, la taille
du cinéma, l’importance de l’aire d’attraction et la part de la clientèle locale. Même pour se
rendre au cinéma dans sa propre commune, on prend souvent sa voiture, et ce, d’autant plus
que l’heure est tardive et que le stationnement est facilité. Ainsi 87 % des usagers du Rex de
Chatenay, à dominante locale, viennent en voiture, de la même façon que 76 % des clients
du Gaumont Disney village, venant de beaucoup plus loin, utilisent leur véhicule.
13
Seul le Méliès à Montreuil, rencontre 62 % de déplacement à pied. Ceci peut
s’expliquer par des caractéristiques et contraintes locales fortes. Le cinéma se situe en plein
centre-ville, en zone d’habitation dense. Le stationnement comme la circulation y sont
difficiles en période de fort trafic.
De la même façon quelque soit le type du cinéma et le motif de déplacement le plus cité
est la venue au cinéma. Pourtant des disparités se révèlent, montrant une importance relative
de la localisation du cinéma.
L’impact des deux multiplexes parisiens sur une clientèle s’explique en partie par la
qualité « touristique » des deux sites 20 % des usagers se sont ici également déplacés pour
faire une promenade. Il s’agit là d’un argument « parisien » spécifique, en dehors de toutes
les qualités propres au cinéma.
Le lien cinémas/commerces apparaît plus difficile à établir. 20 % des usagers de
l’UGC Vélizy et de l’Artel Noisy déclarent être venus également réaliser des achats dans les
centres commerciaux où s’intègrent les cinémas. En revanche les cinémas de Rosny et
Montreuil, disposant également d’un centre commercial régional intégré comptent peu
d’usagers signalant une double pratique ( cinéma + achats ).
III - L’impact des multiplexes sur l’entraînement d’autres activités
Nous avons mis en évidence, tout au long de cette étude, l’unicité du motif du
déplacement « cinéma », à l’exception des deux sites parisiens. Pourtant la pratique sur les
sites peut se révéler parfois différente des motifs de déplacement annoncés par la clientèle.
Le document suivant nous permet de comparer ces pratiques d’avant et d’après séance
entre les sites et voir si les comportements de la clientèle diffèrent selon la typologie établie
pour les cinémas.
UGC Vélizy
Le Cyrano Versailles
Espace cinéma St Quentin
Rex Chatenay
Méliès Montreuil
Ciné Cité Rosny
Artel Noisy
9
6
0
6
0
0
8
0
0
10
3,8
Restauration bars
9
10
2
6
2
0
4
14
4
16
6,7
Achats
0
40
20
0
12
0
4
4
20
12
11,2
Venue directe
56
42
62
82
43
90
68
63
50
58
61,4
Autre activité
6
0
4
4
2
7
8
0
2
4
3,6
travail
20
2
12
2
42
3
8
20
24
0
13,3
fait…
Total
Moyenne en %
Ciné Cité Halles
Promenade
Avant, j’ai
Gaumont Disney
UGC Georges V
14
Moyenne en %
Gaumont Disney
Artel Noisy
Ciné Cité Rosny
Méliès Montreuil
Rex Chatenay
Quentin
Espace cinéma St
Le Cyrano Versailles
UGC Vélizy
Ciné Cité Halles
Après, je ferai
UGC Georges V
100
Retour direct
60
50
56
84
77
97
77
67
80
70
71,7
Promenade
11
10
6
4
6
0
4
6
2
14
6,2
11
18
18
0
10
3
14
18
16
4
11,1
4
14
16
10
2
0
0
6
2
12
6,5
Autre activité
9
8
2
0
0
0
6
2
0
0
2,7
travail
6
0
2
2
6
0
0
2
0
0
1,8
Achats
Restauration bars
Total
100
Quelques remarques apparaissent :
Les cinémas disposant d’une clientèle locale dominante et ne possédant pas de pôle
commercial de proximité, voient leurs usagers venir à la séance puis repartir directement. Il
n’y a donc pas d’impact sur les activités environnantes.
15
Les comportements d’achat existent sur les lieux bénéficiant d’un pôle commercial
de type centre commercial intercommunal ou régional. Les achats ont davantage lieu avant
la séance, dans l’attente de celle-ci, qu’après. Il s’agit cependant d’un phénomène limité
puisqu’il ne concerne que 11 % des usagers en moyenne, tant avant qu’après la séance.
Plus la clientèle est éloignée et plus le centre dispose d’une offre en ce domaine, plus
les usagers sont prêts à consommer. Ce phénomène est particulièrement évident au Gaumont
Disney village où le Disney village bénéficie d’une clientèle captive avant la séance (16 %
de consommation).
A l’inverse, une clientèle locale apparaît peu disposée à consommer à proximité du
cinéma ( voir le Rex ou le Méliès), même si le manque ou l’inadéquation de l’offre en ce
domaine est signalée.
Ainsi donc, le lien entre la fréquentation des salles, qu’il s’agisse de cinémas traditionnels
ou de multiplexes récents ou rénovés, et l’entraînement à d’autres activités apparaît encore
peu développé.
Pourtant la demande des usagers croît en ce domaine, qu’il s’agisse d’espaces
commerciaux liés aux secteurs loisirs/culture ou d’espaces de restauration et de convivialité.
Nombre de responsables de salles semblent avoir intégré cette nouvelle demande en
organisant des accords commerciaux avec d’autres acteurs ( formules repas + entrée cinéma,
stationnement remboursé…). Mais nous sommes encore loin d’une réelle dynamique entre
l’activité cinéma et les activités commerciales existant sur un même site.
Deux freins majeurs semblent s’opposer à cette synergie.
•
La notion de durée : Une séance mobilise en moyenne l’usager pendant deux heures
trente, durée à laquelle doit s’ajouter le temps de déplacement. Il reste peu de temps pour
magasiner. Les commerces à favoriser sont donc ici ceux où ont lieu des actes d’achat
définis et rapides ou bien d’impulsion.
•
La notion d’horaire : Hormis les dimanches ( où les commerces ferment
généralement) bon nombre d’usagers assistent à des séances en soirée et sortent lorsque le
centre commercial a fermé ses portes. L’intérêt de localisation d’un multiplexe sur le site
d’un centre commercial réside principalement pour celui-ci, dans le partage d’un parc de
stationnement existant.
16
IV – Définition et organisation des différents niveaux d’intervention des pouvoirs
publics.
Qu’elles soient directes ou indirectes, ces interventions se situent à plusieurs
niveaux dans un grand nombre de cas et agissent en interaction. En les resituant dans la
hiérarchie de l’appareil administratif, sachant que chacun a un rôle spécifique, cette
présentation volontairement schématique est reprise dans l’organigramme page suivante et
s’établit ainsi :
Voyons d’abord le cas classique d’une implantation dans une commune régie par
le droit commun et des actions directes qui en découlent.
1. Il y a tout d’abord l’Etat et son double rôle régulateur :
L’Etat a deux rôles distincts au niveau de l’industrie cinématographique : un rôle
redistributeur/égalisateur (par l’intermédiaire du CNC) et un rôle de contrôle des nouvelles
implantations d’équipements cinématographiques (par l’intermédiaire des lois).
- Le CNC (Centre National de la Cinématographie) est un organisme placé sous la
tutelle du ministère de la culture, il joue un rôle décisif dans tous les mécanismes de
régulation de la profession. Le CNC gère notamment le fonds de soutien alimenté en grande
partie par la taxe spéciale additionnelle (TSA), prélevée sur le prix des tickets de cinéma,
quelle que soit la nationalité du film, et reversée aux diverses branches du cinéma. Dans ce
rôle de redistributeur, on aperçoit l’effet pervers de ce système : plus le nombre de
spectateurs dans les salles est élevé, plus la quantité d’argent redistribuée à la profession est
importante. Les multiplexes ont une tendance à augmenter le nombre de spectateurs par la
création d’une nouvelle offre (et donc à augmenter le montant du fond de soutien) : le CNC
ne peut pas être fondamentalement contre ces nouveaux équipements.
Le rôle du CNC s’exerce après l’implantation des équipements cinématographique : il
gère une situation établie. Seul l’Etat par l’intermédiaire des lois et décrets peut avoir un rôle
préventif en autorisant ou non l’implantation de nouvelles salles.
17
LES NIVEAUX D’INTERVENTION DES POUVOIRS PUBLICS SURLES
IMPLANTATIONS ET LE DEVELOPPEMENT DES CINEMAS
IV•
•
Villes
nouvelles
III-
Les E.P.A
(établissements publics
d’aménagement)
Les S.A.N (syndicats
d’agglomérations
nouvelles)
•
•
•
•
La Commune
Participe au dossier de demande en CDEC
Vérifie la conformité du POS
Délivre le permis de construire
Mesure les coûts et les bénéfices pour la commune
Actions
II-
directes des
•
Etat (culture et commerce)
•
Légifère sur les
autorisations d’ouverture
•
Subventionne par
l’intermédiaire du CNC et
du CNEC
•
La
Région
Le Département
(conseil général)
Décide en CDEC
Participe au financement
(conseil
régional)
LES PRESSIONS EXERCEES SUR LES ACTIONS DES POUVOIRS
PUBLICS
Cinémas en
gestion
i i l
Grands groupes
cinématographique
Actions induites
des Pouvoirs
Publics
Professionnels
indépendants
Groupements et
associations
18
- Les textes de loi représentent le second moyen d’intervention de l’Etat : devant
l’accroissement constant du nombre de multiplexes depuis le milieu des années 90, l’Etat
français a décidé de soumettre ces types de salles au même régime que les grandes surfaces,
à savoir la loi Royer. Cette loi a été élaboré il y a une vingtaine d’années afin de contrôler
les implantations des grandes surfaces dans les zones périphériques des villes afin de
sauvegarder une partie des commerces de centre-ville. La loi Raffarin de 1996 (accompagné
de l’amendement Saint-Ellier) a adapté la loi Royer pour le cas des multiplexes, qui
s’imposent de plus en plus (aux yeux de l’Etat) comme des grandes surfaces
cinématographiques. L’amendement Saint-Ellier a été voté le 6 juillet 1996; son but est de
freiner l’implantation des salles multiplexes (notamment celles mettant en danger d’autres
salles, souvent implantées en centre-ville). Dorénavant toute nouvelle implantation de
complexe cinématographique comprenant 1500 fauteuils et plus, toute extension d’un
cinéma en exploitation depuis moins de cinq ans atteignant la limite des 1500 fauteuils et
toute extension d’un complexe en exploitation depuis plus de cinq ans atteignant 2000
fauteuils ou devant dépasser ce seuil par la réalisation de ce projet sont soumis à cette loi et
doivent passer devant une CDEC (Commission Départementale d’Equipement Commercial)
qui donnera ou non l’aval aux projets (en accordant ou non le permis de construire).
2. Vient ensuite la région :
Elle n’est pas à priori directement impliquée dans une décision d’implantation d’un
multiplexe, mais par contre peut intervenir si cette implantation s’inscrit dans un programme
important nécessitant par exemple des transformations des dessertes routières ou de
transport en commun.
Cette situation peut s’appliquer aux Villes Nouvelles. Dans ce
cas, l’intervention se situera à deux niveaux et aura pour but :
a) de veiller au respect de l’application du Schéma Directeur d’Aménagement Urbain
Régional.
b) de participer au financement de l’opération
3. Vient après le département :
Il agit au travers de son Conseil Général, lequel à son tour est appelé dans ce même cas de
figure à intervenir à deux niveaux, à savoir : d’une part par le biais de la C.D.E.C. sur la
19
décision favorable ou non de la faisabilité d’un tel projet et d’autre part sur la participation
financière d’action d’accompagnement notamment en matière de voirie s’il y a lieu.
4. Enfin, à l’échelon purement local, il y a la commune :
Celle-ci est dans tous les cas de figure directement impliquée. Le rôle du Maire et de son
Conseil Municipal est prépondérant, puisqu’il doit, le cas échéant :
- participer à l’élaboration du dossier de demande qui sera soumis à la C.D.E.C. ;
- s’assurer dans le cadre de l’instruction du permis de construire que ledit projet est
conforme au Plan d’Occupation des Sols (P.O.S.) en matière de sécurité et de voirie (voie
d’accès et stationnement, lorsqu’il s’agit du domaine public communal. Dans le cas
contraire, une modification du P.O.S. s’imposerait avant la délivrance du permis de
construire ;
- et mesurer au plan économique les coûts supportés par la collectivité, mais également
les retombées pour la commune en matière fiscale.
Le deuxième exemple concerne l’implantation du même type d’équipement dans
une Ville Nouvelle.
Sachant que ces Villes Nouvelles fonctionnent dans un cadre précis en tant
qu’agglomération nouvelle au travers de deux organes :
•
l’E.P.A.1 qui, en tant qu’échelon déconcentré de l’Etat, a pour mission de procéder à
l’aménagement de la Ville Nouvelle au travers : des études de la programmation des
financements publics, de l’acquisition, de l’aménagement et des cessions de terrains.
•
le S.A.N.2 qui associe un ensemble de communes situées à l’intérieur du périmètre de
la Ville Nouvelle lesquelles lui délèguent leurs compétences en matière d’urbanisme,
de logement, de transport, d’équipements et de développement économique.
En considérant que ce sont les mêmes règles d’urbanisme qui s’appliquent, et
bien que le 1er élu de la commune concernée reste impliqué dans l’opération, on peut
considérer que dans les faits son pouvoir est amoindri, puisqu’il ne décide plus seul et
1
2
E.P.A.= Etablissement Public d’Aménagement.
S.A.N.=Syndicat d’Agglomération Nouvelle
20
qu’une partie de la décision risque même de lui échapper (permis de construire délivré
directement par le préfet dans certains cas).
Venons en maintenant plus concrètement aux études de cas. Pour bien comprendre,
resituons nous tout d’abord dans le contexte d’étude à savoir le quadrant Est qui regroupe
une Ville Nouvelle, Marne-la-Vallée, avec 2 points d’implantation, une commune hors Ville
Nouvelle proche de Paris : Rosny-sous-Bois et une commune limitrophe à Paris : Montreuilsous-Bois non équipée en multiplexe.
A l’opposé, nous avons le quadrant Ouest constitué d’une Ville Nouvelle : SaintQuentin-en-Yvelines, et de trois autres communes assez différentes : Versailles, Vélizy et
Chatenay-Malabry.
Entre ces deux grands secteurs périphériques, se situe le secteur central de Paris
Rive Droite avec deux implantations dont un multiplexe, le Ciné Cité les Halles et le
Georges V.
Notons tout d’abord qu’il existe une différence fondamentale au niveau des
implantations entre l’Est bien doté tout comme Paris et de l’Ouest qui apparaît comme sous
équipé en multiplexes pour le moment, du fait principalement, ainsi que nous l’avons vu,
d’un esprit ancré plus « conservateur » d’une large partie de la population encore très
attachée à ses traditions ( notamment en matière cinématographique) et de quelques luttes
d’influence entre élus locaux pourtant de la même tendance politique.
Au niveau des procédures en matière d’implantation de multiplexe, une seule
réglementation s’applique, laquelle tient compte des nouvelles mesures issues de la Loi
Royer en matière cinématographique et du respect des règles du code de l’Urbanisme.
Ensuite entre une commune et une Ville Nouvelle c’est uniquement un problème
d’échelle, qui nécessite des moyens et des structures différentes du fait du nombre des
intervenants plus important.
Ainsi, Marne-la-Vallée qui s’étend sur 26 communes et possède 2 S.A.N., et
Saint-Quentin-en-Yvelines de taille plus réduite qui ne compte que 7 communes, doivent
21
utiliser des « outils » appropriés qui font appel aux différents niveaux d’intervenants des
Pouvoirs Publics, ainsi que nous l’avons vu précédemment.
Si, de façon générale, au travers de nos enquêtes et entretiens, il ressort que
l’ensemble de ces structures administratives et techniques fonctionne plutôt bien, nous avons
cependant noté quelques dysfonctionnements, au niveau des Villes Nouvelles tout d’abord, à
Marne-la-Vallée comme à Saint-Quentin-en-Yvelines. Des maires de communes considèrent
que leur pouvoir est amoindri dans la mesure ou certaines décisions prises au niveau de
l’E.P.A. leur échappent en partie, alors qu’elles concernent directement leur commune.
C’est notamment le cas de Montigny-le-Bretonneux, commune centre de SaintQuentin-en-Yvelines dont le Sénateur Maire doit faire preuve de beaucoup de vigilance et
user de son pouvoir d’élu local mais surtout d’élu national pour influencer certaines
décisions et défendre les intérêts de sa commune.
Le problème se pose également notamment sur le secteur IV du Val d’Europe de
Marne-la-Vallée, où les élus de la commune centre de Chessy émettent quelques réserves
sur les risques socio-économiques d’une politique jugée à caractère trop mono-fonctionnel
de la part de la Société Disney.
En ce qui concerne les communes dites de droit commun, les élus qui défendent
le cinéma traditionnel de quartier et même pour certains d’entre eux subventionnent des
cinémas municipaux, sont au prise avec une double logique : satisfaire une demande de leurs
administrés mais également tenir compte d’une nouvelle demande de la part de plus jeunes
attirés par les grands complexes cinématographiques plus modernes et à l’offre beaucoup
plus importante.
Alors se posent pour eux, soit en acceptant une implantation de ce type sur leur
commune de voir péricliter leurs propres cinémas de quartiers, mais avec en contrepartie,
une recette non négligeable avec l’apport notamment de Taxe Professionnelle, soit de voir ce
même type d’équipement s’implanter sur la commune voisine, ce qui aura pour effet d’avoir
les mêmes inconvénients sans pour autant de bénéficier des avantages.
22
Par rapport à nos secteurs d’investigation, ce problème se pose actuellement
pour Versailles, tout comme pour Montreuil-sous-Bois sur laquelle nous aurons l’occasion
de revenir.
Pour ce qui est des actions indirectes induites des pouvoirs publics, il nous est
apparu qu’elles étaient essentiellement la résultante des moyens de pressions soit par rapport
à l’activité cinématographique de la part des professionnels (grands groupes et
indépendants), de groupements d’usagers adeptes du cinéma plus culturel pour le maintien
d’un certain équilibre, ce qui s’est fait au niveau notamment de Saint-Quentin-en-Yvelines
ou des accords ont été passés avec le Distributeur en matière de programmation pour
préserver l’activité des cinémas de quartiers de la Ville Nouvelle.
Mais des actions indirectes de la part des pouvoirs publics peuvent également
s’exercer en amont de l’activité cinématographique, s’il s’avère par exemple que les
conditions de sécurité sont insuffisantes ou que les voies d’accès ne sont pas adaptées et
génèrent des nuisances pour les riverains, il est alors du rôle de la commune au travers de
son maire de prendre les dispositions qui s’imposent, soit en prenant en charge le
réaménagement des abords, s’il s’agit du domaine communal, c’est le cas de Rosny-sousBois et de Versailles notamment, soit sur un lieu privé (enceinte du complexe
cinématographique par exemple) d’obliger le propriétaire à se mettre en conformité avec la
réglementation en vigueur en matière de sécurité, secteur sensible s’il en est faisant l’objet
d’une attention toute particulière de la part des pouvoirs publics.
Sur la base de tous ces éléments, on peut dire que le phénomène « multiplexe »
ne laisse personne indifférent : à tous les niveaux, des spectateurs à l’Etat les avis sont
partagés ; il en va de même en matière de politique d’aménagement de la part des
responsables, élus et aménageurs locaux : les Villes Nouvelles utilisent cette nouvelle forme
d’exploitation cinématographique comme moteur de leur région, alors que la position des
maires des autres communes est beaucoup plus ambiguë. En effet nous pouvons considérer
qu’il existe trois possibilités : le refus absolu de voir un multiplexe s’implanter sur une
commune (cas de Montreuil-sous-Bois), l’approbation (secteur de Marne-la-Vallée) et
l’acception sous conditions (diverses grandes villes françaises dont Paris). C’est précisément
ce que nous allons voir plus en détail dans le paragraphe suivant.
23
V - LES POLITIQUES MENEES SUR LE TERRAIN DES PRATIQUES
DIFFERENCIEES SELON LE TYPE ET LA LOCALISATION DES CINEMAS.
A titre d’exemple, notre choix s’est porté sur plusieurs entités territoriales
différentes dont certaines sont en dehors de notre champ d’étude, concernées par le
phénomène « multiplexe », montrant bien à la fois la complexité des enjeux et des
problèmes posés du fait de leurs interactions et les différentes appréciations et politiques
d’intervention des pouvoirs publics qui en résultent.
Il s’agit : de la commune de Montreuil-sous-Bois, de la Ville Nouvelle de
Marne-la-Vallée, de quelques exemples de villes de province et de la ville de Paris.
• Montreuil-sous-Bois un refus catégorique.
La ville de Montreuil-sous-Bois possède la particularité d’avoir plus ou moins
deux centres situés à moins d’un kilomètre l’un de l’autre : le premier est constitué de la
mairie, de l’église et d’un centre commercial, actuellement fermé pour cause de rénovation ;
le second est constitué d’un centre commercial ‘où se situe le cinéma Georges Méliès), de la
place du marché et de la piscine (c’est le secteur de la Croix de Chavaux).
La politique de la ville vis-à-vis du cinéma est de sauvegarder le Méliès qui fait
plus ou moins partie du paysage. De ce fait la municipalité, dirigée par M.Brard (maire
communiste) refuse toute implantation de multiplexe dans sa ville : en effet nous avons
appris par la direction du groupe U.G.C. que le secteur autour de Montreuil-sous-Bois les
intéressait : U.G.C. espérait pouvoir implanter un multiplexe à la porte de Montreuil. Cet
emplacement leur semblait stratégique car très bien situé par rapport à la fois à la proche
banlieue parisienne (Montreuil-sous-Bois, Vincennes, Saint-Mandé) et à l’Est de Paris. La
ville de Montreuil-sous-Bois a également été contactée par un autre groupe dont nous ne
connaissons pas l’identité (Gaumont ?)
Ce refus systématique pose deux problèmes : d’une part le choix de conserver le
Méliès dans le centre commercial de la Croix de Chavaux (centre commercial vieilli et en
perte de vitesse) plutôt que de la déplacer vers celui de la mairie (qui, de par les travaux
effectués, va redynamiser ce secteur) n’est-il pas une erreur ? En effet, si le maire change ou
24
si M.Brard accepte finalement l’arrivée d’un multiplexe à la porte de Montreuil, le Méliès,
en restant à la Croix de Chavaux, se trouvera dans l’aire d’attraction directe de ce nouvel
équipement alors qu’il aurait été relativement moins touché en se trouvant près de la mairie.
Le second problème réside dans le fait que c’est le secteur, plus que la ville en
tant que telle, qui intéresse les grands groupes de distribution cinématographique : un
multiplexe pourrait donc très bien s’implanter à Vincennes ou Saint-Mandé (ces
localisations permettraient aussi facilement d’attirer l’Est parisien que sa banlieue). Le
résultat de ce scénario serait que Montreuil-sous-Bois subirait les inconvénients de la
présence du multiplexe (Vincennes et Saint-Mandé sont des communes limitrophes) sans
bénéficier des avantages (apport financier conséquent pour la ville par l’intermédiaire des
taxes. Bien qu’en dehors de notre champ d’étude, ce cas s’est déjà posé pour la ville de
Metz, qui avait refusé l’implantation d’un Kinépolis (14 salles, 4178 fauteuils), et dont le
projet a été accueilli dans une commune limitrophe (Saint-Julien-les-Metz), ayant pour
conséquence directe de faire considérablement chuter les entrées du Cinéma Gaumont, situé
dans le centre-ville de Metz (ce multisalles a d’ailleurs récemment fermé).
La position des maires n’est donc pas évidente, ils doivent systématiquement
choisir entre risquer de voir leurs cinémas péricliter par l’implantation d’un multiplexe, ou
refuser celle-ci au risque de voir une autre commune accepter le projet.
Dans les Villes Nouvelles, le problème est différent : la venue d’un multiplexe
peut permettre de créer de nouvelles centralités, notamment en ce qui concerne les activités
de loisirs.
• Marne-la-Vallée mise sur les multiplexes
Epamarne est l’organisme d’aménagement qui s’occupe de Marne-la-Vallée. Il
prend le rôle de substitué. Dans ce cas, les modalités de permis de construire sont établies
par Epamarne et non Disney : le substitué traite directement avec Epamarne même si Disney
reste toujours dans la transaction. Epamarne gère la convention d’Etat établie avec Disney
(l’organisme prend le rôle de coordinateur).
25
Les terrains appartenant au groupe Disney se situent dans le secteur IV de
Marne-la-Vallée.
Au départ Disney avait assez peu misé sur le Disney village notamment lors de
la restructuration financière du projet, préférant favoriser le parc à thème. En effet, à cette
époque le festival Disney (ancien nom du Disney village) fonctionnait assez mal ; de ce fait
le groupe a décidé de laisser s’installer d’autres maîtres d’ouvrages du tourisme. De cette
façon, des équipements tels que le Planet Hollywood et le Gaumont ont pu s’implanter sur le
site (toujours avec l’accord de Disney).
Epamarne, en voyant ces nouvelles implantations a émis l’idée de faire de
Disney village un centre de loisirs régional pour l’Est parisien. Ce nouveau concept a permis
la délimitation des aires du stationnement : celle du Disney village est devenue
indépendante, tout comme celles des hôtels, et du cinéma... Les aménageurs ont ainsi dû
procéder à une modification de la Z.A.C. Au sein de cet espace, le Gaumont fonctionne très
bien, l’E.P.A. est en bail à construction avec Disney (90 ans d’exploitation par Gaumont, à
l’issue desquels le terrain reviendra à Disney) ; le Planet Hollywood et le MacDonald se
trouvent dans le même cas de figure.
Le doublement en capacité du cinéma était programmé dès le début de son
implantation. Or, actuellement cette demande d’extension risque de passer en C.D.E.C. du
fait de la création de la salle Imax : Gaumont considère cet équipement comme une
attraction et de ce fait estime que le nombre de fauteuils ne doit pas être comptabilisé pour le
passage en C.D.E.C. ; alors que pour le C.N.C. la salle Imax représente une salle
supplémentaire du multiplexe du fait que les fauteuils ne sont pas dynamiques et ne peut être
retenue comme une attraction.
Hormis ce petit différent (qui, au plus, ne pourra que retarder le projet), le
multiplexe est l’un des moteurs du Disney village qui comptera également un bowling, une
salle Zénith et à terme un second parc à thème un peu plus spécialisé sur le cinéma (Disney
MGM Studio).
Les différents secteurs de Marne-la-Vallée vont bientôt compter quatre
multiplexes : le Gaumont Disney Village (avec ses sept nouvelles salles), l’U.G.C. Ciné-Cité
26
de Noisy-le-Grand (modernisation et agrandissement de l’ancien Artel Marne), un autre
multiplexe (n’appartenant pas au groupe U.G.C.) d’environ 15 salles à Noisy-le-Grand (il y
aurait assez de marché pour un second multiplexe dans ce secteur, le projet prévu pour 1999
doit passez prochainement en C.D.E.C.) et enfin un autre équipement prévu sur le secteur de
Torcy : l’hypermarché Continent serait transféré sur Bussy-Saint-Georges et laisserait ainsi
sa place à un multiplexe de 15 salles (le projet doit également passer en C.D.E.C.).
A Marne-la-Vallée le terme de multiplexe est indissociable de la notion de pôle
de loisirs. En effet, pour les aménageurs, ces équipements sont créés dans le but de
dynamiser des secteurs destinés aux loisirs. Cette idée, loin d’être nouvelle, est largement
concrétisée à l’étranger, comme nous avons pu le constater dans le Chapitre III.
Nous avons vu deux des trois réactions possibles pour une municipalité ou des
aménageurs vis-à-vis de l’implantation des multiplexes, à savoir : le refus et la totale
ouverture. Il est temps maintenant de nous attarder sur la troisième possibilité : l’acceptation
sous condition.
• Un multiplexe, oui mais pas à n’importe quel prix.
Cette sous-partie va nous permettre d’élargir cette étude sur les multiplexes à un
secteur plus étendu que l’Ile-de-France en voyant comment certains élus français ont accepté
l’implantation d’un multiplexe sur leur commune. Ce document traitera donc, à titre
d’exemples, de la description de quelques cas d’implantations soumises à condition.
Le cas du Gaumont Aquaboulevard de Paris (que nous avons déjà évoqué) est
intéressant de par son passage en appel devant la C.N.E.C. : l’autorisation d’implanter
l’équipement a finalement été donnée mais Nicolas Seydoux (P.D.G. de Gaumont) a dû
prendre quatre engagements fermes à savoir : que 40% de la programmation du cinéma
seront réservés aux films européens (dont 80% de films français), qu’un même film ne devra
pas être projeté dans plus de deux salles du groupe, que les tandems V.O-V.F devront être
limités afin de permettre aux cinémas indépendants de conserver la priorité sur les copies
V.O. - c’est de loin l’engagement le plus important pour la sauvegarde des petits cinémas et enfin que Gaumont s’engage à geler toute extension du multiplexe pendant les deux
années qui suivront son ouverture.
27
A Strasbourg, Catherine Trautmann (maire, parti socialiste) a accepté
l’implantation d’un multiplexe sous diverses conditions : certaines d’entre-elles sont
communes au cas du Gaumont Aquaboulevard (40% de films européens, deux copies
maximum par film à l’affiche ...) et d’autres marquent une véritable volonté municipale de
maintenir une activité cinématographique au sein de la ville, ainsi qu’en témoigne la citation
suivante « nous refusons de le laisser s’implanter hors de la ville, par crainte des flux de
population. Je considère que le cinéma est une part importante de l’offre culturelle d’une
ville », tout comme la taille minimale du multiplexe (entre 18 et 22 salles afin d’éviter que
cet équipement devienne victime, par sa petite taille, de la concurrence d’un multiplexe de
périphérie ; et enfin une collaboration avec les salles art et essai de la ville.
Enfin, notre dernier exemple nous amène à la Rochelle où Michel Crépeau
(maire, parti socialiste) a accepté l’implantation d’un multiplexe C.G.R. en 1995 (12 salles,
2417 fauteuils) pour trois raisons très clairement exprimées au travers de sa citation : « en
tout premier lieu, la société de Georges Raymond, à l’initiative de ce projet, est l’une des
plus importantes de la ville. En tant que maire, j’ai toujours intérêt à aider une entreprise
locale ; la deuxième raison porte sur l’assurance que C.G.R. conserverait en centre-ville ses
anciennes salles (...) ; quant à la troisième raison elle est liée à l’implantation du multiplexe
sur le nouveau quartier étudiant (...), je voulais faire du quartier étudiant un pôle
d’animation.»
Nous retrouvons toujours parmi les conditions qu’imposent les maires (ou
C.N.E.C.) à la fois la volonté de ne pas affaiblir les centres-villes et celle de ne pas léser les
petits cinémas indépendants.
Refuser l’implantation d’un multiplexe pour une ville est un jeu dangereux car
elle prend le risque de voir celui-ci s’implanter à proximité. De plus, il ne faut pas oublier
l’avis des populations locales dont une part non négligeable des habitants d’une commune
est plutôt favorable à l’apparition de ce type d’équipement ; refuser son implantation au nom
d’une politique purement culturelle peut apparaître comme une attitude égoïste de la part de
la municipalité qui prend cette décision.
28
D’un autre côté, accepter l’arrivée d’un multiplexe, sans poser aucune condition
est une attitude qui peut se révéler être suicidaire en ce qui concerne le dynamisme du
centre-ville et la survie des petits cinémas.
En revanche l’acceptation sous condition semble être un bon compromis à partir
du moment où chacun des acteurs joue le jeu. Cette solution permet à la municipalité de
bénéficier de la dynamique qu’apporte le multiplexe tout en préservant les équipements
cinématographiques (notamment les salles art et essai) du centre-ville.
• LE CAS DE LA MUNICIPALITE DE PARIS
La mairie de Paris a, dans un premier temps soutenu les implantations de
multiplexes : l’U.G.C. Ciné-Cité les Halles s’est construit sur l’espace laissé vacant par le
parc océanique Cousteau, quant au Pathé Wépler et au Gaumont-Parnasse, ils sont le
résultat du regroupement et de la modernisation d’anciens cinémas.
La multiplication des demandes d’implantation de ces types d’équipements
cinématographiques ces deux dernières années a inquiété les élus locaux. En effet, Paris est
la ville qui possède la plus forte concentration de cinémas au monde, le nombre croissant
des multiplexes risque de bouleverser l’équilibre, déjà fragile, existant entre les divers types
de cinémas. C’est pour ces raisons que la mairie de Paris a décidé en Octobre 1998 de geler
toute nouvelle implantation de multiplexes durant les deux ou trois ans à venir, afin de
mesurer les incidences des équipements de ce type déjà implantés, sur leurs zones de
chalandise. Il s’agit en fait d’un temps d’observation, le phénomène « multiplexe » étant
relativement peu connu car récent dans notre pays.
Le rôle de la mairie de Paris ne s’arrête pas à ce simple fait. Elle apporte
également un soutien aux cinémas de quartier (rénovation du Rex) et joue un rôle dans la
préservation d’un certain équilibre au travers du maintien d’une richesse et
d’une
diversification dans la programmation.
Les toutes dernières implantations de multiplexes répondent à une politique de
redynamisation de secteurs en perte de vitesse. C’est le cas du secteur de Bercy où les
créations de l’U.G.C. Bercy 2 (ouvert depuis Décembre 1998) et du MK2 (prévu pour 2000
29
ou 2001) ont été réalisées à l’initiative des aménageurs, afin de créer de nouvelles centralités
dans ces quartiers,
tout comme pour le Gaumont Aquaboulevard qui vient également
d’ouvrir.
En conclusion, il existe six multiplexes à Paris : trois d’entre-eux ont une
programmation purement commerciale (Gaumont-Parnasse, Pathé Wépler et le Gaumont
Aquaboulevard) et les trois autres ont (ou auront dans le cas du MK2) une programmation
plus pointue avec des films d’auteurs et des films un peu plus commerciaux, tous en version
originale (MK2, U.G.C. Ciné-Cité les Halles et l’UGC Ciné-Cité Bercy). Un agrandissement
de l’U.G.C. Ciné-Cité les Halles est en projet, ne sera-t-il pas freiné par la politique du gel
parisien ?
Enfin, il faut toutefois noter un paradoxe dans la politique de la maire de Paris,
d’un côté elle a pris cette mesure de gel des implantations de multiplexes (les élus laissent
sous-entendre que cette mesure pourrait à terme s’appliquer au reste de l’Ile-de-France) et
d’un autre côté, elle préconise pour l’avenir plutôt la création d’un cinéma de 15 salles (donc
multiplexe) plutôt que de trois cinémas de cinq salles chacun.
30
CONCLUSION
31
Cette étude, effectuée tout au long de l ‘année 1998, s’est développée sur deux axes :
⇒ Une étude de terrain réalisée sur dix sites répartis selon une diagonale SudOuest/Ouest-Est, auprès de cinq cents personnes, permettant d’évaluer quantitativement la
pratique cinématographique selon les types et la localisation des salles.
⇒ Des
entretiens
menés
auprès
des
acteurs
de
l’organisation
de
l’offre
cinématographique, qu’ils soient privés ou publics
Le premier axe nous a permis d’apporter des éléments de réponse aux trois objectifs
suivants :
⇒ Mesurer l’impact du phénomène multiplexe sur la mobilité de la clientèle en Ile de
France.
⇒ Etudier les variations des caractéristiques du déplacement en fonction des types de
mobilité observés.
⇒ Evaluer l’impact des implantations cinématographiques sur le tissu commercial
environnant.
Au-delà des résultats quantitatifs obtenus et détaillés tout au long de l’étude par site, nous
avons souhaité également démonter à la fois les mécanismes d’installation des nouveaux
multiplexes et les rapports entre les différents acteurs, depuis les professionnels du cinéma
jusqu’aux différents niveaux d’intervention des Pouvoirs Publics. Les objectifs de ce
deuxième axe de recherche étaient ici les suivants :
⇒ Appréhender les modifications récentes de l’offre cinématographique, du point de
vue des professionnels, quels qu’ils soient (indépendants, directeurs de salles municipaux ou
grands groupes cinématographiques)
⇒ Observer les transformations des rapports concurrentiels entre les différents types de
cinéma avec la modification des aires d’attraction de ceux-ci.
⇒ Analyser le poids et les modes d’intervention des Pouvoirs Publics tant lors des
grandes opérations multiplexes, que lors des actions menées en faveur des cinémas
traditionnels.
⇒ Analyser enfin le poids des facteurs locaux ; qu’il s’agisse des rapports entre les
différents acteurs locaux, de la spécificité de la clientèle, de l’insertion dans un tissu
32
commercial et urbain sans oublier l’importance de la desserte et des possibilités en
stationnement.
Plusieurs réponses ont été apportées tout au long de l’étude par site. La faible taille de
l’échantillon par cinéma (environ 50 questionnaires) et l’hétérogénéité des sites, rendent
difficiles l’établissement de conclusions définitives, dans un secteur aujourd’hui en pleine
expansion. Quelques phénomènes majeurs induits non seulement, par la modification de
l’offre cinématographique, mais aussi par la modification des habitudes de loisirs, peuvent
cependant être mis en évidence :
⇒ L’aire d’attraction des cinémas varie selon plusieurs critères dont nous avons relevé
les plus importants : la taille et la qualité de l’offre en salles, la localisation des salles dans
un tissu par ailleurs attractif (spécificité parisienne), la desserte en transports en commun et
l’existence de possibilités de stationnement (impact des parcs de stationnement des centres
commerciaux).
⇒ Le mode de déplacement utilisé varie selon la localisation et l’aire d’attraction du
cinéma considéré :
•
Les transports en commun sont les plus utilisés pour les cinémas parisiens où
l’excellence de la desserte permet de drainer une clientèle banlieusarde parfois même
éloignée.
•
Ce mode de déplacement, même s’il n’est pas majoritaire, sur les sites observés en
banlieue, conserve cependant une part importante : près de 28 % des déplacements utilisent
sur une partie du trajet au moins , les transports en commun, ce phénomène étant beaucoup
plus marqué à l’Ouest qu’à l’Est.
•
La voiture demeure le mode de déplacement le plus utilisé, en raison de plusieurs
facteurs : proximité, bonne desserte routière, qualité du stationnement, mauvaise desserte en
transports en commun, et horaires tardifs.
⇒ Le motif de déplacement « cinéma » est rarement couplé avec d’autres motifs.
(achats, promenades,etc…). Plus de 60 % des personnes interrogées viennent directement au
cinéma et près de 72 % regagnent immédiatement leur domicile.
⇒ Des pratiques d’autres activités sur les sites cinéma se développent cependant
timidement près des cinémas implantés, soit dans une zone touristique, soit à proximité d’un
pôle d’activités commerciales. Elles sont principalement liées au secteur loisirs/culture
33
d’espaces de restauration/lieux de convivialité. Quelques exemples de synergie ont d’ailleurs
pu être observés sur certains sites (formules d’entrées couplées).
Au vu de l’ensemble de nos observations et des entretiens menés, il semble cependant
que cette dynamique puisse se développer : les demandes listées sur l’ensemble des sites
portent une attention particulière à la qualité de l’environnement des cinémas.
Notre second axe de recherche, privilégiant l’étude des modes d’intervention des
pouvoirs publics, a mis en avant les points suivants :
⇒ Le rôle des pouvoirs publics apparait prépondérant car un projet d’implantation met en
jeu différents paramètres dont la finalité est de veiller à la réglementation et de participer
aux financements d’opérations d’accompagnement lorsque cela concerne le domaine
public.
⇒ Les intervenants se situent à plusieurs niveaux, au travers de structures adéquates, qu’il
s’agisse de l’État, de la Région, du Département ou de la Commune. Ces actions sont
très souvent complémentaires et agissent en interaction.
⇒ En ce qui concerne les professionnels du cinéma, l'apparition des multiplexes a relancé la
polémique entre cinémas appartenant aux grands groupes et petites salles indépendantes
ou municipales :
•
les multiplexes affirment avoir créé une nouvelle clientèle alors que les petits cinémas
déplorent la fuite d’une partie de leurs spectateurs vers ces nouveaux équipements.
•
Les résultats de notre étude démontrent que le multiplexe a créé un nouveau public, les
derniers travaux du CNC confirment ce fait.
En revanche, affirmer que le multiplexe a pris ou non une partie des spectateurs des
salles plus modestes est une idée qui mérite d’être un peu plus nuancée : on ne peut pas
généraliser, Selon les programmations de chaque cinéma, la présence du multiplexe sera
plus ou moins monopolisante. Ce travail mériterait d'être approfondi et travaillé au cas par
cas. Il faut cependant noter que l'exploitation cinématographique n'est pas une industrie
34
figée : les petites salles ont une grande capacité d’adaptation à cette nouvelle forme de
concurrence qui est le multiplexe.
Ces résultats bien que non exhaustifs ont montré que le phénomène multipliait
personne indifférent en mettant en lumière un certain nombre de points sur l'impact de ces
nouveaux complexes cinématographiques, tant au plan social qu’économique, voire même
dans certains cas culturel par effet induit et sur le rôle prépondérant des Pouvoirs Publics.
Or, nous considérons qu'il s'agit là d'une première étape, qu'il conviendrait de
compléter et d'enrichir par un approfondissement et d'un élargissement de la zone
d’observation.
Celle-ci pourrait être étendue à différentes villes de province et dans une vision plus
large encore, à quelques villes européennes concernées par ce phénomène.

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