Moyenne en
Transcription
Moyenne en
1 SOMMAIRE INTRODUCTION : Présentation de l’enquête de consommation page 2 SYNTHESE DES RESULTATS page 8 I. L’impact des multiplexes sur la mobilité de la clientèle page 9 II. Mobilité de la clientèle et caractéristiques du déplacement page 12 III. L’impact des multiplexes sur l’entraînement d’autres activités page 14 IV. Organisation des différents niveaux d’intervention des Pouvoirs Publics Page 17 V. Quelques politiques menées sur le terrain page 24 CONCLUSION page 31 2 INTRODUCTION PRÉSENTATION DE L’ENQUÈTE DE C0NSOMMATION 3 A - LES OBJECTIFS A la différence du commerce périphérique des biens en grandes surfaces et centres commerciaux, les services aux ménages que représentent les cinémas ont fait l'objet de peu d'études. Pourtant, ce secteur d'activité est engagé depuis quelques années dans un processus d'extension de surface (multiplexes) et de préférence périphérique qui l'amène à s'adjoindre aux différents pôles attractifs périphériques existants, qu'ils soient commerciaux ou ludiques, générant des nouvelles mobilités et de nouvelles incitations économiques et urbaines dans un cadre plus ou moins directement issu de la réglementation et de l'action des pouvoirs publics. L'objectif de l'étude est de dresser un bilan du phénomène sur deux terrains d'étude en Région Parisienne représentatifs au regard du questionnement suivant : • .Quels sont les facteurs de localisation périphérique et quel rôle y joue l'action publique directe ou indirecte ? • Ces équipements sont-ils facteurs de mobilités supplémentaires ? Quelles sont les nouvelles aires de chalandise et les mobilités induites et par quels moyens de transport ? Quelles sont les motivations de fréquentation des clients ? Dépendent-elles de facteurs cinématographiques ou d'environnement ? • Ces équipements ont-ils un effet d'entraînement à l'amont et à l'aval d'autres services ou activités commerciales et quelle est la relation avec les centres commerciaux ? B - TERRAIN D'ETUDE Le choix des secteurs d'enquête a porté sur deux quadrants de la Région Parisienne à savoir : l'Est, des Halles à Disney et l'Ouest des Champs-Élysées à Saint Quentin en Yvelines. Au sein de ces deux quadrants, 10 sites jugés parmi les plus représentatifs en terme de localisation, de taille et de spécificité ont été sélectionnés. 4 CARTE DE PRESENTATION DES DIX SITES RETENUS 5 Il s'agit, comme l'indique la carte. Pour le secteur EST : • de l'U.G.C. Ciné Cité les Halles (Paris 1° arrondissement, département 75) • de l'U.G.C. Ciné Cité Rosny (Centre Commercial de Rosny, département 93). • de l'U.G.C. Artel Marne (Centre commercial les Arcades à Noisy-le-Grand, (département 93) • du Cinéma Georges Méliés (Montreuil, Département 93). • du Gaumont Disney-Village (Marne-la-Vallée Chessy, Département 77). Pour le secteur OUEST : • l'U.G.C. Georges V (Paris 8°, département 75) • le Cyrano (Versailles, département 78). • l'U.G.C. Vélizy (Centre Commercial de Bretonneux, département 78). • le Rex (Chatenay-Malabry, Département 92). C - PRESENTATION DU QUESTIONNAIRE Ce document figurant en annexe, après test et mise au point, comporte une partie quantitative et une partie qualitative sous la forme de questions ouvertes. Les domaines d'investigation portent sur les points suivants : 1. L'identification des personnes enquêtées (tranche d'âge, sexe, résidence, lieu de travail, motorisation), 2. Les caractéristiques du déplacement (origine, mode, durée, constitution du groupe, motif du déplacement), 3. L'insertion de l'activité cinéma dans la journée, 4. Les caractéristiques de la pratique du cinéma a- Caractéristiques quantitatives (salles les plus fréquemment citées) b- Caractéristiques qualitatives (critères de choix, reproches au cinéma ) c- L’utilisation des tarifs réduits 6 D- MÉTHODOLOGIE S’agissant de dégager des tendances et non d’effectuer des investigations très fines sur chacun des sites, l’échantillon a été fixé à 50 enquêtes par salle en tenant compte à la fois, d’une répartition équilibrée entre les hommes et les femmes, des principales tranches d’âges, des jours, en semaine le plus souvent le mercredi, jour de changement des programmes et en fin de semaine le samedi ou le dimanche et les différentes tranches horaires. 7 Synthèse des résultats 8 I - L’impact des multiplexes sur la mobilité de la clientèle : des résultats très différents selon la localisation des cinémas L’étude de détail menée auprès des 10 sites retenus sur Paris et sa périphérie nous permet de mettre en évidence trois types d’impact des cinémas en fonction de l’aire d’attraction de ceux-ci. Nous ne retiendrons pour établir cette typologie que deux variables, la « durée de déplacements » et « l’origine du déplacement » , les plus significatives ici de la dimension et des directions des aires d’attraction des 10 sites. Le document suivant réalisé à partir des deux précédents volumes de cette étude, permet Moyenne en % I- Gaumont Disney Artel Noisy Ciné Cité Rosny Méliès Montreuil Rex Chatenay Espace cinéma St Quentin Le Cyrano Versailles déplacement UGC Vélizy Durée du Ciné Cité Halles UGC Georges V de comparer ces deux variables. ¼ d’heure 23 30 76 84 79 90 84 57 76 60 65,9 ½ heure 51 52 18 8 13 3 12 33 10 34 23,8 ¾ d’heure 12 12 4 6 8 3 2 10 6 4 7 1 heure et plus 8 6 2 2 0 3 2 0 8 2 3,3 total 100 UGC Vélizy Le Cyrano Versailles Rex Chatenay Méliès Montreuil Ciné Cité Rosny Artel Noisy Gaumont Disney Moyenne en % Ciné Cité Halles Commune 50 58 17 39 37 26 86 11 26 2 35 Commune proche* 22 19 62 33 45 50 10 44 50 15 35 Commune éloignée 28 23 21 28 18 24 4 45 24 83 30 Origine du déplacement Total II- UGC Georges V Espace cinéma St Quentin 9 100 * limitrophe ou jouxtant une commune limitrophe A partir de ce document, la typologie suivante se dégage : 1. Les sites bénéficiant d’une aire d’attraction réduite, où la clientèle locale domine. On y retrouve l’ensemble des cinémas du quadrant sud-ouest : • le Rex de Chatenay où 90 % de la clientèle se situe à moins de 15 minutes du cinéma avec 50 % de Chatenaisiens et 46 % issus d’une commune proche • le Cyrano de Versailles : 84 % des usagers sont à moins de 15 minutes avec 39 % de Versaillais. • L’espace cinéma de Saint Quentin : 79 % de la clientèle gagne le cinéma en 15 minutes maximum. 82 % d’entre elle vient de Montigny ou d’une commune proche. • L’UGC Vélizy : 76 % des usagers mettent moins d’1/4 d’heure à se déplacer et viennent pour 79 % d’entre eux, de Vélizy ou d’une commune proche. Deux cinémas du quadrant Est : 10 • l’Artel Noisy avec 76 % de clients situés à moins de 15 minutes du cinéma et 76 % d’usagers issus de Noisy ou d’une commune proche. • Le Méliès à Montreuil avec 84% d’usagers habitant la commune. L’annexe n° 1 page 212, permet de retrouver les cartes des zones d’attraction de ces 6 cinémas et de visualiser la concentration de la clientèle dans et autour de la commune d’accueil. 2. Les deux sites parisiens, avec une aire d’attraction importante s’étendant au-delà de Paris, aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest. On retrouve dans cette catégorie : • L’UGC Georges V : seuls 23 % de la clientèle peuvent être considérés comme une clientèle de proximité ( située à moins de 15 minutes) 28 % des usagers viennent d’une commune éloignée • Le ciné cité des Halles : là encore 30 % des usagers seulement se situent à moins d’1/4 d’heure du cinéma. Les deux cartes des zones d’attraction, intégrées en annexe 2, rendent compte de cette forte dispersion des deux cinémas parisiens. 3. Les pôles d’attraction multiplexes en dehors de Paris Ils se situent tous deux dans le cadran Est avec : • Le Gaumont Disney : 60 % de la clientèle viennent en 15 minutes au cinéma, pour une large majorité en voiture. L’aire d’attraction (voir annexe 3 page 217) se diffuse à partir de l’autoroute de l’Est et concerne majoritairement tout ce cadran Est. • Le ciné cité Rosny : 57 % des usagers seulement sont à moins d’ ¼ d’heure du cinéma. Là encore, l’observation de l’aire d’attraction de ce multiplexe témoigne d’une dispersion de la clientèle dans un cadran Nord-Est, la zone de chalandise du ciné cité Rosny possédant ici une forme concentrique autour du cinéma.(cf annexe 3) 11 II - Mobilité de la clientèle et caractéristiques du déplacement Nous ne reviendrons pas ici sur l’étude de détail déjà menée quant aux caractéristiques de déplacement pour chaque site. Il s’agit ici simplement d’observer les variations des caractéristiques du déplacement en fonction des différences de mobilité de la clientèle. Cette synthèse est donc menée pour chacune des trois catégories de cinémas en observant les deux critères suivants : « le mode du déplacement » et « le motif du déplacement ». Le document page suivante permet de comparer ces deux critères en fonction de la typologie Moyenne en % Gaumont Disney Artel Noisy Ciné Cité Rosny Méliès Montreuil Rex Chatenay Espace cinéma St Quentin Le Cyrano Versailles UGC Vélizy Ciné Cité Halles Déplacement UGC Georges V précédemment établie. A pied 22 8 10 18 34 13 62 6 4 2 18,1 En auto 21 14 73 69 57 87 14 60 58 76 53,1 En autobus 6 6 16 8 6 0 14 22 18 6 10,4 Métro/RER 43 66 0 2 2 0 6 4 18 16 15,8 Moyen mixte 10 6 0 2 0 0 4 2 2 0 2,6 Total 100 Moyenne en % Gaumont Disney Artel Noisy Ciné Cité Rosny Méliès Montreuil Rex Chatenay Espace cinéma St Quentin Le Cyrano Versailles UGC Vélizy Ciné Cité Halles MOTIF UGC Georges V 12 Cinéma 60 56 67 82 79 100 79 90 56 88 75,7 Présence sur lieu de travail 9 0 2 0 6 0 0 0 2 0 1,8 Actes d’achat 7 18 20 0 6 0 8 4 19 4 8,6 Promenade 21 20 6 12 8 0 8 6 17 4 10,2 Autres loisirs 3 6 4 6 2 0 6 0 6 4 3,7 Total 100 Plusieurs remarques s’imposent quant au rapport entre mobilité et mode de déplacement. La part du transport en commun : Les deux multiplexes parisiens sont les seuls cinémas où le transport en commun est le mieux représenté avec 59 % pour l’UGC Georges V et jusqu’à 80 % pour le ciné cité des Halles. La clientèle des cinémas en Ile de France hors Paris, a également recours aux transports en commun, et ce, quelque soit la taille du cinéma et son aire de chalandise, dans une moindre part ( 28 % en moyenne ). Ce phénomène est plus appuyé dans le quadrant Est et largement plus faible dans l’Ouest.. La voiture est le mode de déplacement le plus utilisé quelque soit là encore, la taille du cinéma, l’importance de l’aire d’attraction et la part de la clientèle locale. Même pour se rendre au cinéma dans sa propre commune, on prend souvent sa voiture, et ce, d’autant plus que l’heure est tardive et que le stationnement est facilité. Ainsi 87 % des usagers du Rex de Chatenay, à dominante locale, viennent en voiture, de la même façon que 76 % des clients du Gaumont Disney village, venant de beaucoup plus loin, utilisent leur véhicule. 13 Seul le Méliès à Montreuil, rencontre 62 % de déplacement à pied. Ceci peut s’expliquer par des caractéristiques et contraintes locales fortes. Le cinéma se situe en plein centre-ville, en zone d’habitation dense. Le stationnement comme la circulation y sont difficiles en période de fort trafic. De la même façon quelque soit le type du cinéma et le motif de déplacement le plus cité est la venue au cinéma. Pourtant des disparités se révèlent, montrant une importance relative de la localisation du cinéma. L’impact des deux multiplexes parisiens sur une clientèle s’explique en partie par la qualité « touristique » des deux sites 20 % des usagers se sont ici également déplacés pour faire une promenade. Il s’agit là d’un argument « parisien » spécifique, en dehors de toutes les qualités propres au cinéma. Le lien cinémas/commerces apparaît plus difficile à établir. 20 % des usagers de l’UGC Vélizy et de l’Artel Noisy déclarent être venus également réaliser des achats dans les centres commerciaux où s’intègrent les cinémas. En revanche les cinémas de Rosny et Montreuil, disposant également d’un centre commercial régional intégré comptent peu d’usagers signalant une double pratique ( cinéma + achats ). III - L’impact des multiplexes sur l’entraînement d’autres activités Nous avons mis en évidence, tout au long de cette étude, l’unicité du motif du déplacement « cinéma », à l’exception des deux sites parisiens. Pourtant la pratique sur les sites peut se révéler parfois différente des motifs de déplacement annoncés par la clientèle. Le document suivant nous permet de comparer ces pratiques d’avant et d’après séance entre les sites et voir si les comportements de la clientèle diffèrent selon la typologie établie pour les cinémas. UGC Vélizy Le Cyrano Versailles Espace cinéma St Quentin Rex Chatenay Méliès Montreuil Ciné Cité Rosny Artel Noisy 9 6 0 6 0 0 8 0 0 10 3,8 Restauration bars 9 10 2 6 2 0 4 14 4 16 6,7 Achats 0 40 20 0 12 0 4 4 20 12 11,2 Venue directe 56 42 62 82 43 90 68 63 50 58 61,4 Autre activité 6 0 4 4 2 7 8 0 2 4 3,6 travail 20 2 12 2 42 3 8 20 24 0 13,3 fait… Total Moyenne en % Ciné Cité Halles Promenade Avant, j’ai Gaumont Disney UGC Georges V 14 Moyenne en % Gaumont Disney Artel Noisy Ciné Cité Rosny Méliès Montreuil Rex Chatenay Quentin Espace cinéma St Le Cyrano Versailles UGC Vélizy Ciné Cité Halles Après, je ferai UGC Georges V 100 Retour direct 60 50 56 84 77 97 77 67 80 70 71,7 Promenade 11 10 6 4 6 0 4 6 2 14 6,2 11 18 18 0 10 3 14 18 16 4 11,1 4 14 16 10 2 0 0 6 2 12 6,5 Autre activité 9 8 2 0 0 0 6 2 0 0 2,7 travail 6 0 2 2 6 0 0 2 0 0 1,8 Achats Restauration bars Total 100 Quelques remarques apparaissent : Les cinémas disposant d’une clientèle locale dominante et ne possédant pas de pôle commercial de proximité, voient leurs usagers venir à la séance puis repartir directement. Il n’y a donc pas d’impact sur les activités environnantes. 15 Les comportements d’achat existent sur les lieux bénéficiant d’un pôle commercial de type centre commercial intercommunal ou régional. Les achats ont davantage lieu avant la séance, dans l’attente de celle-ci, qu’après. Il s’agit cependant d’un phénomène limité puisqu’il ne concerne que 11 % des usagers en moyenne, tant avant qu’après la séance. Plus la clientèle est éloignée et plus le centre dispose d’une offre en ce domaine, plus les usagers sont prêts à consommer. Ce phénomène est particulièrement évident au Gaumont Disney village où le Disney village bénéficie d’une clientèle captive avant la séance (16 % de consommation). A l’inverse, une clientèle locale apparaît peu disposée à consommer à proximité du cinéma ( voir le Rex ou le Méliès), même si le manque ou l’inadéquation de l’offre en ce domaine est signalée. Ainsi donc, le lien entre la fréquentation des salles, qu’il s’agisse de cinémas traditionnels ou de multiplexes récents ou rénovés, et l’entraînement à d’autres activités apparaît encore peu développé. Pourtant la demande des usagers croît en ce domaine, qu’il s’agisse d’espaces commerciaux liés aux secteurs loisirs/culture ou d’espaces de restauration et de convivialité. Nombre de responsables de salles semblent avoir intégré cette nouvelle demande en organisant des accords commerciaux avec d’autres acteurs ( formules repas + entrée cinéma, stationnement remboursé…). Mais nous sommes encore loin d’une réelle dynamique entre l’activité cinéma et les activités commerciales existant sur un même site. Deux freins majeurs semblent s’opposer à cette synergie. • La notion de durée : Une séance mobilise en moyenne l’usager pendant deux heures trente, durée à laquelle doit s’ajouter le temps de déplacement. Il reste peu de temps pour magasiner. Les commerces à favoriser sont donc ici ceux où ont lieu des actes d’achat définis et rapides ou bien d’impulsion. • La notion d’horaire : Hormis les dimanches ( où les commerces ferment généralement) bon nombre d’usagers assistent à des séances en soirée et sortent lorsque le centre commercial a fermé ses portes. L’intérêt de localisation d’un multiplexe sur le site d’un centre commercial réside principalement pour celui-ci, dans le partage d’un parc de stationnement existant. 16 IV – Définition et organisation des différents niveaux d’intervention des pouvoirs publics. Qu’elles soient directes ou indirectes, ces interventions se situent à plusieurs niveaux dans un grand nombre de cas et agissent en interaction. En les resituant dans la hiérarchie de l’appareil administratif, sachant que chacun a un rôle spécifique, cette présentation volontairement schématique est reprise dans l’organigramme page suivante et s’établit ainsi : Voyons d’abord le cas classique d’une implantation dans une commune régie par le droit commun et des actions directes qui en découlent. 1. Il y a tout d’abord l’Etat et son double rôle régulateur : L’Etat a deux rôles distincts au niveau de l’industrie cinématographique : un rôle redistributeur/égalisateur (par l’intermédiaire du CNC) et un rôle de contrôle des nouvelles implantations d’équipements cinématographiques (par l’intermédiaire des lois). - Le CNC (Centre National de la Cinématographie) est un organisme placé sous la tutelle du ministère de la culture, il joue un rôle décisif dans tous les mécanismes de régulation de la profession. Le CNC gère notamment le fonds de soutien alimenté en grande partie par la taxe spéciale additionnelle (TSA), prélevée sur le prix des tickets de cinéma, quelle que soit la nationalité du film, et reversée aux diverses branches du cinéma. Dans ce rôle de redistributeur, on aperçoit l’effet pervers de ce système : plus le nombre de spectateurs dans les salles est élevé, plus la quantité d’argent redistribuée à la profession est importante. Les multiplexes ont une tendance à augmenter le nombre de spectateurs par la création d’une nouvelle offre (et donc à augmenter le montant du fond de soutien) : le CNC ne peut pas être fondamentalement contre ces nouveaux équipements. Le rôle du CNC s’exerce après l’implantation des équipements cinématographique : il gère une situation établie. Seul l’Etat par l’intermédiaire des lois et décrets peut avoir un rôle préventif en autorisant ou non l’implantation de nouvelles salles. 17 LES NIVEAUX D’INTERVENTION DES POUVOIRS PUBLICS SURLES IMPLANTATIONS ET LE DEVELOPPEMENT DES CINEMAS IV• • Villes nouvelles III- Les E.P.A (établissements publics d’aménagement) Les S.A.N (syndicats d’agglomérations nouvelles) • • • • La Commune Participe au dossier de demande en CDEC Vérifie la conformité du POS Délivre le permis de construire Mesure les coûts et les bénéfices pour la commune Actions II- directes des • Etat (culture et commerce) • Légifère sur les autorisations d’ouverture • Subventionne par l’intermédiaire du CNC et du CNEC • La Région Le Département (conseil général) Décide en CDEC Participe au financement (conseil régional) LES PRESSIONS EXERCEES SUR LES ACTIONS DES POUVOIRS PUBLICS Cinémas en gestion i i l Grands groupes cinématographique Actions induites des Pouvoirs Publics Professionnels indépendants Groupements et associations 18 - Les textes de loi représentent le second moyen d’intervention de l’Etat : devant l’accroissement constant du nombre de multiplexes depuis le milieu des années 90, l’Etat français a décidé de soumettre ces types de salles au même régime que les grandes surfaces, à savoir la loi Royer. Cette loi a été élaboré il y a une vingtaine d’années afin de contrôler les implantations des grandes surfaces dans les zones périphériques des villes afin de sauvegarder une partie des commerces de centre-ville. La loi Raffarin de 1996 (accompagné de l’amendement Saint-Ellier) a adapté la loi Royer pour le cas des multiplexes, qui s’imposent de plus en plus (aux yeux de l’Etat) comme des grandes surfaces cinématographiques. L’amendement Saint-Ellier a été voté le 6 juillet 1996; son but est de freiner l’implantation des salles multiplexes (notamment celles mettant en danger d’autres salles, souvent implantées en centre-ville). Dorénavant toute nouvelle implantation de complexe cinématographique comprenant 1500 fauteuils et plus, toute extension d’un cinéma en exploitation depuis moins de cinq ans atteignant la limite des 1500 fauteuils et toute extension d’un complexe en exploitation depuis plus de cinq ans atteignant 2000 fauteuils ou devant dépasser ce seuil par la réalisation de ce projet sont soumis à cette loi et doivent passer devant une CDEC (Commission Départementale d’Equipement Commercial) qui donnera ou non l’aval aux projets (en accordant ou non le permis de construire). 2. Vient ensuite la région : Elle n’est pas à priori directement impliquée dans une décision d’implantation d’un multiplexe, mais par contre peut intervenir si cette implantation s’inscrit dans un programme important nécessitant par exemple des transformations des dessertes routières ou de transport en commun. Cette situation peut s’appliquer aux Villes Nouvelles. Dans ce cas, l’intervention se situera à deux niveaux et aura pour but : a) de veiller au respect de l’application du Schéma Directeur d’Aménagement Urbain Régional. b) de participer au financement de l’opération 3. Vient après le département : Il agit au travers de son Conseil Général, lequel à son tour est appelé dans ce même cas de figure à intervenir à deux niveaux, à savoir : d’une part par le biais de la C.D.E.C. sur la 19 décision favorable ou non de la faisabilité d’un tel projet et d’autre part sur la participation financière d’action d’accompagnement notamment en matière de voirie s’il y a lieu. 4. Enfin, à l’échelon purement local, il y a la commune : Celle-ci est dans tous les cas de figure directement impliquée. Le rôle du Maire et de son Conseil Municipal est prépondérant, puisqu’il doit, le cas échéant : - participer à l’élaboration du dossier de demande qui sera soumis à la C.D.E.C. ; - s’assurer dans le cadre de l’instruction du permis de construire que ledit projet est conforme au Plan d’Occupation des Sols (P.O.S.) en matière de sécurité et de voirie (voie d’accès et stationnement, lorsqu’il s’agit du domaine public communal. Dans le cas contraire, une modification du P.O.S. s’imposerait avant la délivrance du permis de construire ; - et mesurer au plan économique les coûts supportés par la collectivité, mais également les retombées pour la commune en matière fiscale. Le deuxième exemple concerne l’implantation du même type d’équipement dans une Ville Nouvelle. Sachant que ces Villes Nouvelles fonctionnent dans un cadre précis en tant qu’agglomération nouvelle au travers de deux organes : • l’E.P.A.1 qui, en tant qu’échelon déconcentré de l’Etat, a pour mission de procéder à l’aménagement de la Ville Nouvelle au travers : des études de la programmation des financements publics, de l’acquisition, de l’aménagement et des cessions de terrains. • le S.A.N.2 qui associe un ensemble de communes situées à l’intérieur du périmètre de la Ville Nouvelle lesquelles lui délèguent leurs compétences en matière d’urbanisme, de logement, de transport, d’équipements et de développement économique. En considérant que ce sont les mêmes règles d’urbanisme qui s’appliquent, et bien que le 1er élu de la commune concernée reste impliqué dans l’opération, on peut considérer que dans les faits son pouvoir est amoindri, puisqu’il ne décide plus seul et 1 2 E.P.A.= Etablissement Public d’Aménagement. S.A.N.=Syndicat d’Agglomération Nouvelle 20 qu’une partie de la décision risque même de lui échapper (permis de construire délivré directement par le préfet dans certains cas). Venons en maintenant plus concrètement aux études de cas. Pour bien comprendre, resituons nous tout d’abord dans le contexte d’étude à savoir le quadrant Est qui regroupe une Ville Nouvelle, Marne-la-Vallée, avec 2 points d’implantation, une commune hors Ville Nouvelle proche de Paris : Rosny-sous-Bois et une commune limitrophe à Paris : Montreuilsous-Bois non équipée en multiplexe. A l’opposé, nous avons le quadrant Ouest constitué d’une Ville Nouvelle : SaintQuentin-en-Yvelines, et de trois autres communes assez différentes : Versailles, Vélizy et Chatenay-Malabry. Entre ces deux grands secteurs périphériques, se situe le secteur central de Paris Rive Droite avec deux implantations dont un multiplexe, le Ciné Cité les Halles et le Georges V. Notons tout d’abord qu’il existe une différence fondamentale au niveau des implantations entre l’Est bien doté tout comme Paris et de l’Ouest qui apparaît comme sous équipé en multiplexes pour le moment, du fait principalement, ainsi que nous l’avons vu, d’un esprit ancré plus « conservateur » d’une large partie de la population encore très attachée à ses traditions ( notamment en matière cinématographique) et de quelques luttes d’influence entre élus locaux pourtant de la même tendance politique. Au niveau des procédures en matière d’implantation de multiplexe, une seule réglementation s’applique, laquelle tient compte des nouvelles mesures issues de la Loi Royer en matière cinématographique et du respect des règles du code de l’Urbanisme. Ensuite entre une commune et une Ville Nouvelle c’est uniquement un problème d’échelle, qui nécessite des moyens et des structures différentes du fait du nombre des intervenants plus important. Ainsi, Marne-la-Vallée qui s’étend sur 26 communes et possède 2 S.A.N., et Saint-Quentin-en-Yvelines de taille plus réduite qui ne compte que 7 communes, doivent 21 utiliser des « outils » appropriés qui font appel aux différents niveaux d’intervenants des Pouvoirs Publics, ainsi que nous l’avons vu précédemment. Si, de façon générale, au travers de nos enquêtes et entretiens, il ressort que l’ensemble de ces structures administratives et techniques fonctionne plutôt bien, nous avons cependant noté quelques dysfonctionnements, au niveau des Villes Nouvelles tout d’abord, à Marne-la-Vallée comme à Saint-Quentin-en-Yvelines. Des maires de communes considèrent que leur pouvoir est amoindri dans la mesure ou certaines décisions prises au niveau de l’E.P.A. leur échappent en partie, alors qu’elles concernent directement leur commune. C’est notamment le cas de Montigny-le-Bretonneux, commune centre de SaintQuentin-en-Yvelines dont le Sénateur Maire doit faire preuve de beaucoup de vigilance et user de son pouvoir d’élu local mais surtout d’élu national pour influencer certaines décisions et défendre les intérêts de sa commune. Le problème se pose également notamment sur le secteur IV du Val d’Europe de Marne-la-Vallée, où les élus de la commune centre de Chessy émettent quelques réserves sur les risques socio-économiques d’une politique jugée à caractère trop mono-fonctionnel de la part de la Société Disney. En ce qui concerne les communes dites de droit commun, les élus qui défendent le cinéma traditionnel de quartier et même pour certains d’entre eux subventionnent des cinémas municipaux, sont au prise avec une double logique : satisfaire une demande de leurs administrés mais également tenir compte d’une nouvelle demande de la part de plus jeunes attirés par les grands complexes cinématographiques plus modernes et à l’offre beaucoup plus importante. Alors se posent pour eux, soit en acceptant une implantation de ce type sur leur commune de voir péricliter leurs propres cinémas de quartiers, mais avec en contrepartie, une recette non négligeable avec l’apport notamment de Taxe Professionnelle, soit de voir ce même type d’équipement s’implanter sur la commune voisine, ce qui aura pour effet d’avoir les mêmes inconvénients sans pour autant de bénéficier des avantages. 22 Par rapport à nos secteurs d’investigation, ce problème se pose actuellement pour Versailles, tout comme pour Montreuil-sous-Bois sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir. Pour ce qui est des actions indirectes induites des pouvoirs publics, il nous est apparu qu’elles étaient essentiellement la résultante des moyens de pressions soit par rapport à l’activité cinématographique de la part des professionnels (grands groupes et indépendants), de groupements d’usagers adeptes du cinéma plus culturel pour le maintien d’un certain équilibre, ce qui s’est fait au niveau notamment de Saint-Quentin-en-Yvelines ou des accords ont été passés avec le Distributeur en matière de programmation pour préserver l’activité des cinémas de quartiers de la Ville Nouvelle. Mais des actions indirectes de la part des pouvoirs publics peuvent également s’exercer en amont de l’activité cinématographique, s’il s’avère par exemple que les conditions de sécurité sont insuffisantes ou que les voies d’accès ne sont pas adaptées et génèrent des nuisances pour les riverains, il est alors du rôle de la commune au travers de son maire de prendre les dispositions qui s’imposent, soit en prenant en charge le réaménagement des abords, s’il s’agit du domaine communal, c’est le cas de Rosny-sousBois et de Versailles notamment, soit sur un lieu privé (enceinte du complexe cinématographique par exemple) d’obliger le propriétaire à se mettre en conformité avec la réglementation en vigueur en matière de sécurité, secteur sensible s’il en est faisant l’objet d’une attention toute particulière de la part des pouvoirs publics. Sur la base de tous ces éléments, on peut dire que le phénomène « multiplexe » ne laisse personne indifférent : à tous les niveaux, des spectateurs à l’Etat les avis sont partagés ; il en va de même en matière de politique d’aménagement de la part des responsables, élus et aménageurs locaux : les Villes Nouvelles utilisent cette nouvelle forme d’exploitation cinématographique comme moteur de leur région, alors que la position des maires des autres communes est beaucoup plus ambiguë. En effet nous pouvons considérer qu’il existe trois possibilités : le refus absolu de voir un multiplexe s’implanter sur une commune (cas de Montreuil-sous-Bois), l’approbation (secteur de Marne-la-Vallée) et l’acception sous conditions (diverses grandes villes françaises dont Paris). C’est précisément ce que nous allons voir plus en détail dans le paragraphe suivant. 23 V - LES POLITIQUES MENEES SUR LE TERRAIN DES PRATIQUES DIFFERENCIEES SELON LE TYPE ET LA LOCALISATION DES CINEMAS. A titre d’exemple, notre choix s’est porté sur plusieurs entités territoriales différentes dont certaines sont en dehors de notre champ d’étude, concernées par le phénomène « multiplexe », montrant bien à la fois la complexité des enjeux et des problèmes posés du fait de leurs interactions et les différentes appréciations et politiques d’intervention des pouvoirs publics qui en résultent. Il s’agit : de la commune de Montreuil-sous-Bois, de la Ville Nouvelle de Marne-la-Vallée, de quelques exemples de villes de province et de la ville de Paris. • Montreuil-sous-Bois un refus catégorique. La ville de Montreuil-sous-Bois possède la particularité d’avoir plus ou moins deux centres situés à moins d’un kilomètre l’un de l’autre : le premier est constitué de la mairie, de l’église et d’un centre commercial, actuellement fermé pour cause de rénovation ; le second est constitué d’un centre commercial ‘où se situe le cinéma Georges Méliès), de la place du marché et de la piscine (c’est le secteur de la Croix de Chavaux). La politique de la ville vis-à-vis du cinéma est de sauvegarder le Méliès qui fait plus ou moins partie du paysage. De ce fait la municipalité, dirigée par M.Brard (maire communiste) refuse toute implantation de multiplexe dans sa ville : en effet nous avons appris par la direction du groupe U.G.C. que le secteur autour de Montreuil-sous-Bois les intéressait : U.G.C. espérait pouvoir implanter un multiplexe à la porte de Montreuil. Cet emplacement leur semblait stratégique car très bien situé par rapport à la fois à la proche banlieue parisienne (Montreuil-sous-Bois, Vincennes, Saint-Mandé) et à l’Est de Paris. La ville de Montreuil-sous-Bois a également été contactée par un autre groupe dont nous ne connaissons pas l’identité (Gaumont ?) Ce refus systématique pose deux problèmes : d’une part le choix de conserver le Méliès dans le centre commercial de la Croix de Chavaux (centre commercial vieilli et en perte de vitesse) plutôt que de la déplacer vers celui de la mairie (qui, de par les travaux effectués, va redynamiser ce secteur) n’est-il pas une erreur ? En effet, si le maire change ou 24 si M.Brard accepte finalement l’arrivée d’un multiplexe à la porte de Montreuil, le Méliès, en restant à la Croix de Chavaux, se trouvera dans l’aire d’attraction directe de ce nouvel équipement alors qu’il aurait été relativement moins touché en se trouvant près de la mairie. Le second problème réside dans le fait que c’est le secteur, plus que la ville en tant que telle, qui intéresse les grands groupes de distribution cinématographique : un multiplexe pourrait donc très bien s’implanter à Vincennes ou Saint-Mandé (ces localisations permettraient aussi facilement d’attirer l’Est parisien que sa banlieue). Le résultat de ce scénario serait que Montreuil-sous-Bois subirait les inconvénients de la présence du multiplexe (Vincennes et Saint-Mandé sont des communes limitrophes) sans bénéficier des avantages (apport financier conséquent pour la ville par l’intermédiaire des taxes. Bien qu’en dehors de notre champ d’étude, ce cas s’est déjà posé pour la ville de Metz, qui avait refusé l’implantation d’un Kinépolis (14 salles, 4178 fauteuils), et dont le projet a été accueilli dans une commune limitrophe (Saint-Julien-les-Metz), ayant pour conséquence directe de faire considérablement chuter les entrées du Cinéma Gaumont, situé dans le centre-ville de Metz (ce multisalles a d’ailleurs récemment fermé). La position des maires n’est donc pas évidente, ils doivent systématiquement choisir entre risquer de voir leurs cinémas péricliter par l’implantation d’un multiplexe, ou refuser celle-ci au risque de voir une autre commune accepter le projet. Dans les Villes Nouvelles, le problème est différent : la venue d’un multiplexe peut permettre de créer de nouvelles centralités, notamment en ce qui concerne les activités de loisirs. • Marne-la-Vallée mise sur les multiplexes Epamarne est l’organisme d’aménagement qui s’occupe de Marne-la-Vallée. Il prend le rôle de substitué. Dans ce cas, les modalités de permis de construire sont établies par Epamarne et non Disney : le substitué traite directement avec Epamarne même si Disney reste toujours dans la transaction. Epamarne gère la convention d’Etat établie avec Disney (l’organisme prend le rôle de coordinateur). 25 Les terrains appartenant au groupe Disney se situent dans le secteur IV de Marne-la-Vallée. Au départ Disney avait assez peu misé sur le Disney village notamment lors de la restructuration financière du projet, préférant favoriser le parc à thème. En effet, à cette époque le festival Disney (ancien nom du Disney village) fonctionnait assez mal ; de ce fait le groupe a décidé de laisser s’installer d’autres maîtres d’ouvrages du tourisme. De cette façon, des équipements tels que le Planet Hollywood et le Gaumont ont pu s’implanter sur le site (toujours avec l’accord de Disney). Epamarne, en voyant ces nouvelles implantations a émis l’idée de faire de Disney village un centre de loisirs régional pour l’Est parisien. Ce nouveau concept a permis la délimitation des aires du stationnement : celle du Disney village est devenue indépendante, tout comme celles des hôtels, et du cinéma... Les aménageurs ont ainsi dû procéder à une modification de la Z.A.C. Au sein de cet espace, le Gaumont fonctionne très bien, l’E.P.A. est en bail à construction avec Disney (90 ans d’exploitation par Gaumont, à l’issue desquels le terrain reviendra à Disney) ; le Planet Hollywood et le MacDonald se trouvent dans le même cas de figure. Le doublement en capacité du cinéma était programmé dès le début de son implantation. Or, actuellement cette demande d’extension risque de passer en C.D.E.C. du fait de la création de la salle Imax : Gaumont considère cet équipement comme une attraction et de ce fait estime que le nombre de fauteuils ne doit pas être comptabilisé pour le passage en C.D.E.C. ; alors que pour le C.N.C. la salle Imax représente une salle supplémentaire du multiplexe du fait que les fauteuils ne sont pas dynamiques et ne peut être retenue comme une attraction. Hormis ce petit différent (qui, au plus, ne pourra que retarder le projet), le multiplexe est l’un des moteurs du Disney village qui comptera également un bowling, une salle Zénith et à terme un second parc à thème un peu plus spécialisé sur le cinéma (Disney MGM Studio). Les différents secteurs de Marne-la-Vallée vont bientôt compter quatre multiplexes : le Gaumont Disney Village (avec ses sept nouvelles salles), l’U.G.C. Ciné-Cité 26 de Noisy-le-Grand (modernisation et agrandissement de l’ancien Artel Marne), un autre multiplexe (n’appartenant pas au groupe U.G.C.) d’environ 15 salles à Noisy-le-Grand (il y aurait assez de marché pour un second multiplexe dans ce secteur, le projet prévu pour 1999 doit passez prochainement en C.D.E.C.) et enfin un autre équipement prévu sur le secteur de Torcy : l’hypermarché Continent serait transféré sur Bussy-Saint-Georges et laisserait ainsi sa place à un multiplexe de 15 salles (le projet doit également passer en C.D.E.C.). A Marne-la-Vallée le terme de multiplexe est indissociable de la notion de pôle de loisirs. En effet, pour les aménageurs, ces équipements sont créés dans le but de dynamiser des secteurs destinés aux loisirs. Cette idée, loin d’être nouvelle, est largement concrétisée à l’étranger, comme nous avons pu le constater dans le Chapitre III. Nous avons vu deux des trois réactions possibles pour une municipalité ou des aménageurs vis-à-vis de l’implantation des multiplexes, à savoir : le refus et la totale ouverture. Il est temps maintenant de nous attarder sur la troisième possibilité : l’acceptation sous condition. • Un multiplexe, oui mais pas à n’importe quel prix. Cette sous-partie va nous permettre d’élargir cette étude sur les multiplexes à un secteur plus étendu que l’Ile-de-France en voyant comment certains élus français ont accepté l’implantation d’un multiplexe sur leur commune. Ce document traitera donc, à titre d’exemples, de la description de quelques cas d’implantations soumises à condition. Le cas du Gaumont Aquaboulevard de Paris (que nous avons déjà évoqué) est intéressant de par son passage en appel devant la C.N.E.C. : l’autorisation d’implanter l’équipement a finalement été donnée mais Nicolas Seydoux (P.D.G. de Gaumont) a dû prendre quatre engagements fermes à savoir : que 40% de la programmation du cinéma seront réservés aux films européens (dont 80% de films français), qu’un même film ne devra pas être projeté dans plus de deux salles du groupe, que les tandems V.O-V.F devront être limités afin de permettre aux cinémas indépendants de conserver la priorité sur les copies V.O. - c’est de loin l’engagement le plus important pour la sauvegarde des petits cinémas et enfin que Gaumont s’engage à geler toute extension du multiplexe pendant les deux années qui suivront son ouverture. 27 A Strasbourg, Catherine Trautmann (maire, parti socialiste) a accepté l’implantation d’un multiplexe sous diverses conditions : certaines d’entre-elles sont communes au cas du Gaumont Aquaboulevard (40% de films européens, deux copies maximum par film à l’affiche ...) et d’autres marquent une véritable volonté municipale de maintenir une activité cinématographique au sein de la ville, ainsi qu’en témoigne la citation suivante « nous refusons de le laisser s’implanter hors de la ville, par crainte des flux de population. Je considère que le cinéma est une part importante de l’offre culturelle d’une ville », tout comme la taille minimale du multiplexe (entre 18 et 22 salles afin d’éviter que cet équipement devienne victime, par sa petite taille, de la concurrence d’un multiplexe de périphérie ; et enfin une collaboration avec les salles art et essai de la ville. Enfin, notre dernier exemple nous amène à la Rochelle où Michel Crépeau (maire, parti socialiste) a accepté l’implantation d’un multiplexe C.G.R. en 1995 (12 salles, 2417 fauteuils) pour trois raisons très clairement exprimées au travers de sa citation : « en tout premier lieu, la société de Georges Raymond, à l’initiative de ce projet, est l’une des plus importantes de la ville. En tant que maire, j’ai toujours intérêt à aider une entreprise locale ; la deuxième raison porte sur l’assurance que C.G.R. conserverait en centre-ville ses anciennes salles (...) ; quant à la troisième raison elle est liée à l’implantation du multiplexe sur le nouveau quartier étudiant (...), je voulais faire du quartier étudiant un pôle d’animation.» Nous retrouvons toujours parmi les conditions qu’imposent les maires (ou C.N.E.C.) à la fois la volonté de ne pas affaiblir les centres-villes et celle de ne pas léser les petits cinémas indépendants. Refuser l’implantation d’un multiplexe pour une ville est un jeu dangereux car elle prend le risque de voir celui-ci s’implanter à proximité. De plus, il ne faut pas oublier l’avis des populations locales dont une part non négligeable des habitants d’une commune est plutôt favorable à l’apparition de ce type d’équipement ; refuser son implantation au nom d’une politique purement culturelle peut apparaître comme une attitude égoïste de la part de la municipalité qui prend cette décision. 28 D’un autre côté, accepter l’arrivée d’un multiplexe, sans poser aucune condition est une attitude qui peut se révéler être suicidaire en ce qui concerne le dynamisme du centre-ville et la survie des petits cinémas. En revanche l’acceptation sous condition semble être un bon compromis à partir du moment où chacun des acteurs joue le jeu. Cette solution permet à la municipalité de bénéficier de la dynamique qu’apporte le multiplexe tout en préservant les équipements cinématographiques (notamment les salles art et essai) du centre-ville. • LE CAS DE LA MUNICIPALITE DE PARIS La mairie de Paris a, dans un premier temps soutenu les implantations de multiplexes : l’U.G.C. Ciné-Cité les Halles s’est construit sur l’espace laissé vacant par le parc océanique Cousteau, quant au Pathé Wépler et au Gaumont-Parnasse, ils sont le résultat du regroupement et de la modernisation d’anciens cinémas. La multiplication des demandes d’implantation de ces types d’équipements cinématographiques ces deux dernières années a inquiété les élus locaux. En effet, Paris est la ville qui possède la plus forte concentration de cinémas au monde, le nombre croissant des multiplexes risque de bouleverser l’équilibre, déjà fragile, existant entre les divers types de cinémas. C’est pour ces raisons que la mairie de Paris a décidé en Octobre 1998 de geler toute nouvelle implantation de multiplexes durant les deux ou trois ans à venir, afin de mesurer les incidences des équipements de ce type déjà implantés, sur leurs zones de chalandise. Il s’agit en fait d’un temps d’observation, le phénomène « multiplexe » étant relativement peu connu car récent dans notre pays. Le rôle de la mairie de Paris ne s’arrête pas à ce simple fait. Elle apporte également un soutien aux cinémas de quartier (rénovation du Rex) et joue un rôle dans la préservation d’un certain équilibre au travers du maintien d’une richesse et d’une diversification dans la programmation. Les toutes dernières implantations de multiplexes répondent à une politique de redynamisation de secteurs en perte de vitesse. C’est le cas du secteur de Bercy où les créations de l’U.G.C. Bercy 2 (ouvert depuis Décembre 1998) et du MK2 (prévu pour 2000 29 ou 2001) ont été réalisées à l’initiative des aménageurs, afin de créer de nouvelles centralités dans ces quartiers, tout comme pour le Gaumont Aquaboulevard qui vient également d’ouvrir. En conclusion, il existe six multiplexes à Paris : trois d’entre-eux ont une programmation purement commerciale (Gaumont-Parnasse, Pathé Wépler et le Gaumont Aquaboulevard) et les trois autres ont (ou auront dans le cas du MK2) une programmation plus pointue avec des films d’auteurs et des films un peu plus commerciaux, tous en version originale (MK2, U.G.C. Ciné-Cité les Halles et l’UGC Ciné-Cité Bercy). Un agrandissement de l’U.G.C. Ciné-Cité les Halles est en projet, ne sera-t-il pas freiné par la politique du gel parisien ? Enfin, il faut toutefois noter un paradoxe dans la politique de la maire de Paris, d’un côté elle a pris cette mesure de gel des implantations de multiplexes (les élus laissent sous-entendre que cette mesure pourrait à terme s’appliquer au reste de l’Ile-de-France) et d’un autre côté, elle préconise pour l’avenir plutôt la création d’un cinéma de 15 salles (donc multiplexe) plutôt que de trois cinémas de cinq salles chacun. 30 CONCLUSION 31 Cette étude, effectuée tout au long de l ‘année 1998, s’est développée sur deux axes : ⇒ Une étude de terrain réalisée sur dix sites répartis selon une diagonale SudOuest/Ouest-Est, auprès de cinq cents personnes, permettant d’évaluer quantitativement la pratique cinématographique selon les types et la localisation des salles. ⇒ Des entretiens menés auprès des acteurs de l’organisation de l’offre cinématographique, qu’ils soient privés ou publics Le premier axe nous a permis d’apporter des éléments de réponse aux trois objectifs suivants : ⇒ Mesurer l’impact du phénomène multiplexe sur la mobilité de la clientèle en Ile de France. ⇒ Etudier les variations des caractéristiques du déplacement en fonction des types de mobilité observés. ⇒ Evaluer l’impact des implantations cinématographiques sur le tissu commercial environnant. Au-delà des résultats quantitatifs obtenus et détaillés tout au long de l’étude par site, nous avons souhaité également démonter à la fois les mécanismes d’installation des nouveaux multiplexes et les rapports entre les différents acteurs, depuis les professionnels du cinéma jusqu’aux différents niveaux d’intervention des Pouvoirs Publics. Les objectifs de ce deuxième axe de recherche étaient ici les suivants : ⇒ Appréhender les modifications récentes de l’offre cinématographique, du point de vue des professionnels, quels qu’ils soient (indépendants, directeurs de salles municipaux ou grands groupes cinématographiques) ⇒ Observer les transformations des rapports concurrentiels entre les différents types de cinéma avec la modification des aires d’attraction de ceux-ci. ⇒ Analyser le poids et les modes d’intervention des Pouvoirs Publics tant lors des grandes opérations multiplexes, que lors des actions menées en faveur des cinémas traditionnels. ⇒ Analyser enfin le poids des facteurs locaux ; qu’il s’agisse des rapports entre les différents acteurs locaux, de la spécificité de la clientèle, de l’insertion dans un tissu 32 commercial et urbain sans oublier l’importance de la desserte et des possibilités en stationnement. Plusieurs réponses ont été apportées tout au long de l’étude par site. La faible taille de l’échantillon par cinéma (environ 50 questionnaires) et l’hétérogénéité des sites, rendent difficiles l’établissement de conclusions définitives, dans un secteur aujourd’hui en pleine expansion. Quelques phénomènes majeurs induits non seulement, par la modification de l’offre cinématographique, mais aussi par la modification des habitudes de loisirs, peuvent cependant être mis en évidence : ⇒ L’aire d’attraction des cinémas varie selon plusieurs critères dont nous avons relevé les plus importants : la taille et la qualité de l’offre en salles, la localisation des salles dans un tissu par ailleurs attractif (spécificité parisienne), la desserte en transports en commun et l’existence de possibilités de stationnement (impact des parcs de stationnement des centres commerciaux). ⇒ Le mode de déplacement utilisé varie selon la localisation et l’aire d’attraction du cinéma considéré : • Les transports en commun sont les plus utilisés pour les cinémas parisiens où l’excellence de la desserte permet de drainer une clientèle banlieusarde parfois même éloignée. • Ce mode de déplacement, même s’il n’est pas majoritaire, sur les sites observés en banlieue, conserve cependant une part importante : près de 28 % des déplacements utilisent sur une partie du trajet au moins , les transports en commun, ce phénomène étant beaucoup plus marqué à l’Ouest qu’à l’Est. • La voiture demeure le mode de déplacement le plus utilisé, en raison de plusieurs facteurs : proximité, bonne desserte routière, qualité du stationnement, mauvaise desserte en transports en commun, et horaires tardifs. ⇒ Le motif de déplacement « cinéma » est rarement couplé avec d’autres motifs. (achats, promenades,etc…). Plus de 60 % des personnes interrogées viennent directement au cinéma et près de 72 % regagnent immédiatement leur domicile. ⇒ Des pratiques d’autres activités sur les sites cinéma se développent cependant timidement près des cinémas implantés, soit dans une zone touristique, soit à proximité d’un pôle d’activités commerciales. Elles sont principalement liées au secteur loisirs/culture 33 d’espaces de restauration/lieux de convivialité. Quelques exemples de synergie ont d’ailleurs pu être observés sur certains sites (formules d’entrées couplées). Au vu de l’ensemble de nos observations et des entretiens menés, il semble cependant que cette dynamique puisse se développer : les demandes listées sur l’ensemble des sites portent une attention particulière à la qualité de l’environnement des cinémas. Notre second axe de recherche, privilégiant l’étude des modes d’intervention des pouvoirs publics, a mis en avant les points suivants : ⇒ Le rôle des pouvoirs publics apparait prépondérant car un projet d’implantation met en jeu différents paramètres dont la finalité est de veiller à la réglementation et de participer aux financements d’opérations d’accompagnement lorsque cela concerne le domaine public. ⇒ Les intervenants se situent à plusieurs niveaux, au travers de structures adéquates, qu’il s’agisse de l’État, de la Région, du Département ou de la Commune. Ces actions sont très souvent complémentaires et agissent en interaction. ⇒ En ce qui concerne les professionnels du cinéma, l'apparition des multiplexes a relancé la polémique entre cinémas appartenant aux grands groupes et petites salles indépendantes ou municipales : • les multiplexes affirment avoir créé une nouvelle clientèle alors que les petits cinémas déplorent la fuite d’une partie de leurs spectateurs vers ces nouveaux équipements. • Les résultats de notre étude démontrent que le multiplexe a créé un nouveau public, les derniers travaux du CNC confirment ce fait. En revanche, affirmer que le multiplexe a pris ou non une partie des spectateurs des salles plus modestes est une idée qui mérite d’être un peu plus nuancée : on ne peut pas généraliser, Selon les programmations de chaque cinéma, la présence du multiplexe sera plus ou moins monopolisante. Ce travail mériterait d'être approfondi et travaillé au cas par cas. Il faut cependant noter que l'exploitation cinématographique n'est pas une industrie 34 figée : les petites salles ont une grande capacité d’adaptation à cette nouvelle forme de concurrence qui est le multiplexe. Ces résultats bien que non exhaustifs ont montré que le phénomène multipliait personne indifférent en mettant en lumière un certain nombre de points sur l'impact de ces nouveaux complexes cinématographiques, tant au plan social qu’économique, voire même dans certains cas culturel par effet induit et sur le rôle prépondérant des Pouvoirs Publics. Or, nous considérons qu'il s'agit là d'une première étape, qu'il conviendrait de compléter et d'enrichir par un approfondissement et d'un élargissement de la zone d’observation. Celle-ci pourrait être étendue à différentes villes de province et dans une vision plus large encore, à quelques villes européennes concernées par ce phénomène.