introduction (extrait de l`ouvrage « Agriculture biologique en

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introduction (extrait de l`ouvrage « Agriculture biologique en
Introduction – Pourquoi l’agriculture biologique ?
1. LA MARTINIQUE : ÎLE DES CARAÏBES ET DÉPARTEMENT D’OUTRE-MER
L’île de la Martinique fait partie de l’archipel des petites Antilles, dans la mer des Caraïbes,
et se situe entre la Dominique et Sainte-Lucie (cf. carte 2 h.-t.). Elle partage avec ces autres îles
une communauté de climat, de culture, d’agriculture, et une proximité géographique. Mais ses
lois sont celles de la France et de l’Union européenne. La Martinique a le statut de département
d’outre-mer (DOM). Comme l’île de la Guadeloupe, l’île de la Réunion, et la Guyane, la
Martinique offre la singularité d’être à la fois un département et une région française. Ces trois
collectivités relèvent des mêmes lois que la métropole française, mais bénéficient de
dispositions particulières en termes d’exportations et de fiscalité, particularités qu’elles
conservent dans l’Union européenne, en tant que zones ultrapériphériques.
Ainsi, la Martinique bénéficie des services et systèmes de protection sociale français, ce qui
implique une contrainte forte en termes de compétitivité de la main-d’œuvre par rapport aux îles
et pays voisins.
Cette double appartenance marque son histoire et influence aujourd’hui son développement.
Les populations doivent tracer l’avenir de leur territoire en tenant compte de cette double
appartenance à la Caraïbe et aux institutions françaises.
1.1. Tourisme et banane : les deux principaux secteurs économiques de la
Martinique
L’insertion de la Martinique dans le commerce mondial s’effectue essentiellement au
travers du tourisme et de l’exportation des deux plus importantes spéculations agricoles de l’île
que sont la banane et la canne à sucre pour le rhum. La France métropolitaine absorbe (chiffres
de 2001) 72 % des exportations de la Martinique et fournit 79 % des touristes. Le taux de
couverture des exportations est faible, et il s’est détérioré en 2001 (17 %). Les échanges
commerciaux de la Martinique sont donc essentiellement orientés vers la métropole, et peu vers
l’espace régional caribéen.
En Martinique, comme dans les autres DOM, la tertiarisation de l’économie se poursuit
depuis les années 1970, et ce en raison, tout à la fois, du poids de l’administration et de
l’importance du développement du tourisme. Le secteur agricole perd du poids économique, et
l’industrie ne se développe que faiblement. Les ressources du territoire dépendent en partie des
transferts publics et des aides européennes, ce qui fait de son économie une économie de
consommation. Cette économie crée peu d’emplois ; la précarité et le chômage sont élevés et se
développent davantage qu’en métropole. Toutefois, le niveau de vie s’est beaucoup accru depuis
20 ans, dépassant très largement celui des pays voisins des Caraïbes.
Agriculture biologique en Martinique
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1.2. Une agriculture insérée dans l’« île-ville »
En matière agricole, le territoire martiniquais se caractérise par une forte diminution de la
surface agricole utile. La Martinique est qualifiée par certains d’« île-ville » du fait de
l’omniprésence d’un habitat diffus qui ne cesse de croître, ce qui fait qualifier toute une partie
de l’agriculture martiniquaise de « périurbaine ». En 30 ans, de 1973 à 2000, 37 % de la SAU1
martiniquaise a ainsi été détournée de l’usage agricole. Cette diminution se ralentit toutefois, et
on atteindrait actuellement une stabilisation aux alentours de 32 000 hectares. À l’heure
actuelle, une des principales préoccupations des responsables agricoles martiniquais est de
savoir s’il y aura, à moyen et à long terme, suffisamment de terrains pour permettre le maintien
d’une activité agricole en Martinique.
Tableau 1 – La Martinique en quelques chiffres
La Martinique en quelques chiffres
Superficie totale (ha)
Population (1999)
Densité de population
110 000 ha
Dont bois et forêts 43 %
381 000 habitants
Dont 58,3 % dans les 4 plus grandes agglomérations
2
346 hab./ km
Nombre total de touristes (1999)
564 300
Régression depuis 1998 où le record de 1 million de
touristes a été atteint
Taux de chômage (BIT 2000)
26,3 %
10 % en France métropolitaine
Agriculture en Martinique
Nombre d’exploitations (2000)
Surface agricole utile (2000)
Population agricole active (2000)
8039
En diminution rapide : 15 284 en 1989
32 041 ha
Stabilisation après une forte diminution entre 1973 et
2000 (- 37 %)
22 721
En diminution avec une moindre participation des actifs
familiaux
1.3. Une population en croissance mais vieillissante
La population martiniquaise compte, au dernier recensement de 1999, 381 500 habitants
avec une augmentation de plus de 5 % par rapport au recensement précédent. Entre 1990 et
1999, l’âge moyen de la population est passé de 32 à 35 ans, et la part des personnes de plus de
60 ans de 14 à 17 %. La forte densité de la population (346 habitants/ km2) induit une forte
pression sur les terres habitables de l’île. Au niveau de l’agriculture, la pression sur les terres
cultivables s’accompagne de spéculation foncière. Le foncier n’est pas disponible pour
l’agriculture, et cette tendance pourrait s’aggraver à l’avenir. Le nombre moyen d’individus par
ménage est de 2,9 contre 2,4 en métropole. Si, en métropole, le revenu des retraites représente
17 % du revenu national, en Martinique il ne représente que 7 % des revenus locaux.
Contrairement à une idée reçue, le revenu des ménages martiniquais provient essentiellement
d’une activité, et secondairement de revenus de remplacement comme le RMI, par exemple. Les
salaires du secteur privé sont équivalents ou parfois inférieurs à ceux de la métropole. La part de
l’alimentation dans les dépenses de consommation des ménages est de 26 % contre 14 % en
métropole, ce qui est déjà élevé. Si consommer des produits biologiques veut dire payer plus
cher son alimentation, la part des consommateurs qui pourra se le permettre restera limitée. Le
taux de chômage est important, 26,3 % en 2000 contre 10 % en métropole. La population
agricole demeure trois fois plus nombreuse (en proportion) qu’en métropole, avec 14 % de la
population active. La pluriactivité des ménages agricoles est une donnée fondamentale pour
comprendre le fonctionnement de nombreuses petites exploitations de l’île.
1 SAU : surface agricole utile.
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1.4. Montagnes et pluies au nord, zones plus sèches au sud de l’île
Le climat de la Martinique permet de distinguer nettement plusieurs zones, dont les
potentialités en termes de cultures sont clairement différentes. L’effet combiné du relief et de
l’exposition oppose une région nord montagneuse très arrosée et une région sud qui l’est
beaucoup moins. Cependant, au nord de l’île, la côte caraïbe (côte ouest) est bien moins arrosée
que ne l’est la côte atlantique (côte est), en raison d’un vent chaud et sec descendant de la
montagne (effet de fœhn).
Le zonage climatique de la Martinique est donc le suivant :
– Une zone sud peu arrosée, qui présente une sécheresse marquée sur sa frange côtière.
– La présence de microclimats au centre-sud de l’île – en raison d’un relief tourmenté –
permettant sur quelques centaines de mètres de passer d’une position d’abri à une exposition
totale.
– Enfin, une zone nord humide avec cependant une plus grande propension aux
précipitations à l’est, côté Atlantique. À l’ouest, côté Caraïbe, la frange côtière connaît, elle
aussi, quelques indices de sécheresse.
La saison sèche (« carême ») dure de 3 à 4 mois de janvier à avril. Pendant la saison
humide (hivernage), le bilan hydrique est excédentaire sur toutes les zones, et le drainage et/ou
le ruissellement sont importants.
La pression parasitaire est potentiellement plus élevée dans la zone nord arrosée, ce qui
constitue une contrainte pour l’agriculture biologique. Le manque d’eau en région sud induit
une pression parasitaire moins forte, mais contraint à l’irrigation des cultures, d’autant plus que
les caractéristiques des sols dans ces zones les rendent sensibles aux périodes de sécheresse.
Cela occasionne une concurrence potentielle pour l’utilisation de la ressource en eau.
Par ailleurs, la Martinique est exposée au risque cyclonique. Les tempêtes et ouragans
tropicaux génèrent des vents destructeurs des cultures, associés la plupart du temps à des pluies
de forte durée et intensité, potentiellement érosives. Plusieurs fois au cours de l’histoire agricole
de la Martinique, elles ont occasionné des destructions massives et l’arrêt de certaines
productions agricoles : les ouragans de 1713, 1724, 1766 et 1780 ont détruit une grande partie
des caféiers et cacaoyers, et ceux de 1963, 1967 et 1970 ont causé des destructions massives de
bananeraies. Ces tempêtes tropicales peuvent constituer un handicap pour l’arboriculture, tant
en agriculture biologique que conventionnelle.
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2. L’AGRICULTURE EN MARTINIQUE
2.1. Du cacao à la banane : deux siècles d’innovation pour les cultures
d’exportation
C’est au début du XVIIIe siècle que l’agriculture devient le moteur de l’économie en
Martinique. De petites parcelles de 25 hectares attribuées à quelques colons sont plantées en
caféiers, cacaoyers, indigotiers et tabac. Les cultures de caféiers et de cacaoyers implantés par
les premières compagnies sont dévastées par les ouragans, et laissent la place à la culture de la
canne, implantée dès le XVIIe pour le sucre. La production de sucre s’est développée jusqu’au
e
e
XIX siècle, celle du rhum au début du XX siècle. L’histoire de la canne à la Martinique est liée
à celle de la colonisation et de l’esclavage, aboli définitivement en avril 1848. L’exploitation de
la canne à sucre se base sur l’exploitation d’une main-d’œuvre à bon marché : les esclaves
africains. En 1946, la départementalisation de l’île, en augmentant les coûts de main-d’œuvre,
ne laisse subsister que les distilleries les plus rentables. Aujourd’hui, le secteur de la canne et les
producteurs de rhum se réorientent vers un produit de qualité à haute valeur ajoutée, valorisé par
une appellation d’origine contrôlée, qui permet la rentabilité de petites et moyennes distilleries
dans le contexte économique actuel. La seule sucrerie subsistant à la Martinique, la sucrerie du
Galion, est fortement déficitaire et subventionnée par la puissance publique.
Le déclin de la canne marque le début de l’essor de la banane. Les exportations vers la
métropole se développent à partir du début du XXe siècle et deviennent florissantes dans les
années 1950. Plusieurs perturbations atmosphériques dans les années 1960 justifient le soutien
par intervention publique. Mais il apparaît très vite, dans le cadre des négociations
internationales, que cette production excédentaire sur le marché européen ne peut être soutenue
indéfiniment. À partir de 1968, la production locale est limitée à 215 000 tonnes. Aujourd’hui,
la culture de la banane est subventionnée par l’Union européenne. Elle couvre 9308 hectares en
2000 et voit ses surfaces progresser notamment au sud de l’île.
Cette culture a été fondée sur l’utilisation importante d’engrais et de produits
phytosanitaires (insecticides, nématicides, fongicides). Même si les professionnels cherchent
aujourd’hui à réduire les nuisances, cette culture est à l’origine d’une pollution des sols et des
rivières de la Martinique. La population est de plus en plus consciente de la rémanence et du
caractère dangereux pour la santé des produits employés. Une évolution vers d’autres systèmes
de culture est inéluctable pour les producteurs (agriculture raisonnée, biologique).
L’ananas aurait été introduit en Martinique par les Arawaks. La première usine de
transformation d’ananas ouvre en 1908. La production se développe jusqu’à environ un millier
d’hectares dans les années 1960, puis décroît, faute d’être compétitive. Seuls 510 hectares sont
cultivés en 2000. L’essentiel de la production est conditionné sous forme de « crush »2 pour
l’industrie agroalimentaire. Bien que moins polluante que la culture bananière, cette culture
utilise des intrants chimiques pouvant contribuer à la pollution des sols et des eaux de surface.
Les cultures vivrières associées à l’élevage traditionnel n’ont de cesse de se replier depuis
la fin du XIXe siècle. Il y a plusieurs raisons à cette minimisation de leur rôle, qui tiennent tant à
l’évolution des goûts et préférences des consommateurs, à proportion de l’amélioration du
niveau de vie et à l’urbanisation, qu’à la présence de produits importés vendus à des prix faibles,
et à l’évolution des structures agricoles.
2 Crush : relatif aux conserves d’ananas en miettes ou brisures obtenues par broyage des fruits et se présentant
sous forme d’ananas finement haché.
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2.2. L’agriculture en Martinique aujourd’hui : banane et canne privilégiées
La banane et la canne à sucre, qui occupent respectivement 29 % et 10 % de la SAU de
l’île, sont les principales cultures, toutes deux en croissance. La banane constitue la majeure
partie de la valeur de la production agricole de l’île. Les cultures légumières représentent 12 %
et sont en régression constante sur les trente dernières années.
Tableau 2 – Principales productions végétales en Martinique en 2000 (source : Agreste)
Principales productions végétales en 2000
Surface (ha)
% de la SAU
Cultures légumières
4131 hectares
12 %
Banane
9308 hectares
29 %
Canne à sucre
3214 hectares
10 %
Cultures fruitières permanentes
532
1,6 %
Cultures florales
239
0,7 %
Jardins familiaux
1395 hectares
4,3 %
La bananeraie martiniquaise est localisée principalement au nord-est de l’île qui présente
des conditions climatiques favorables à sa culture. Depuis 1990, elle s’implante au sud-est de
l’île grâce à l’irrigation.
La proportion de petites exploitations bananières est élevée, mais leur part dans la
production de bananes de la Martinique est marginale. Ainsi, 43 % des exploitations bananières
ont moins de 3 ha et représentent 3 % du tonnage brut de bananes. Un quart des producteurs
cultivent de 3 à 5 hectares et représentent 5 % du tonnage brut. Les exploitations de 20 à 50 ha
représentent 4 % des producteurs mais environ 30 % du tonnage. Enfin, les grandes
exploitations supérieures en surface à 50 ha ne représentent que 2 % du nombre de producteurs,
mais pèsent à elles seules près de la moitié du tonnage de bananes commercialisées. Le bananier
plantain est essentiellement cultivé par de petits exploitants avec des surfaces rarement
supérieures à un hectare. La production de bananes d’exportation aux Antilles est tributaire des
accords de l’Organisation mondiale du commerce pour la banane (OMCB) qui entérinent une
situation d’exception pour les bananes françaises dans le contexte européen, au moins jusqu’aux
prochains accords prévus en 2006.
La culture de la canne à sucre est la deuxième activité économique agricole de la
Martinique. Elle affecte directement l’emploi et l’économie de l’île. La filière canne-rhum-sucre
totalise 2400 UTA3, sans compter les nombreux travailleurs saisonniers. Les plantations
comptent près de la moitié des emplois avec 1100 UTA, la production de rhum atteint
1000 UTA, et la production de sucre 300 UTA. Depuis 1981, le nombre d’exploitations
cannières a fortement diminué passant de plus de 1100 à seulement 300 exploitations
aujourd’hui. Ce sont surtout les exploitations tournées vers les distilleries qui ont fortement
régressé, passant en vingt ans de 950 à 200 exploitations. Le Rhum de la Martinique bénéficie
d’une « Appellation d’origine contrôlée », ce qui contribue à une meilleure valorisation
économique du produit. Une seule sucrerie, au Galion, produit environ la moitié de la
consommation en sucre de la Martinique. Elle est subventionnée par la puissance publique.
3 UTA : Unité de travail annuel – 1 UTA = un travailleur à temps plein pendant une année.
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2.3. Régression en surfaces des cultures vivrières et de l’élevage local
chers aux Martiniquais
Les cultures vivrières et l’élevage régressent en surface et nombre d’animaux, pourtant les
produits sont très appréciés des Martiniquais. C’est un paradoxe de l’alimentation en
Martinique : la plus grande partie de l’alimentation de l’île est importée et distribuée par des
circuits « modernes » mais les Martiniquais apprécient les produits originaires de l’île. Les
cultures vivrières sont associées à l’alimentation traditionnelle porteuse de l’identité alimentaire
et des traditions : l’igname, le pois d’Angole consommé à Noël, et toute une série de plantes
autrefois cultivées dans les « jardins créoles ». La demande est forte pour les fruits et légumes
locaux, comme pour les produits de l’élevage du pays. La viande locale est vendue plus cher
que les produits importés et les Martiniquais l’apprécient beaucoup. Toutefois, les faibles
volumes commercialisés indiquent qu’il pourrait s’agir d’une consommation « festive », de
volume limité, la consommation quotidienne, qui représente l’essentiel des volumes, étant
guidée par le critère de prix.
Les cultures vivrières et maraîchères occupent la seconde place au niveau des surfaces
utilisées. En 1996, selon l’Insee, la production couvre 67,5 % de la demande de l’île, mais 75 %
en tomates-salades-concombres et 57 % en fruits. La filière des fruits et légumes est très peu
organisée malgré l’existence d’une coopérative. La production est assurée par des petites
structures, souvent de type familial, dont le niveau de formation est en général relativement
faible.
Les tubercules, racines et bulbes occupent environ 1222 hectares en 2000 et constituent la
principale culture légumière.
Parmi les fruits frais (hors banane), la seule production exportée est le melon avec environ
1500 tonnes/ an. Selon les chiffres définitifs du recensement agricole, la production maraîchère
occupe 1838 hectares en 2000 et concerne 2200 exploitations. Entre 1989 et 2000, le nombre
d’exploitations a diminué de 54 % mais les surfaces ont augmenté de 3 %, ce qui traduit une
spécialisation. Les exploitations sont de petite taille, en moyenne moins de 5 ha, et à maind’œuvre familiale. Les principales cultures sont le melon, la tomate, le concombre et la salade.
On trouve ensuite la christophine, le giraumon, la pastèque et le chou pommé. On note une
certaine régionalisation de la production, avec le melon sur les vertisols du sud, la tomate et
l’oignon pays au Nord-Caraïbe, les condiments et choux dans la région du Centre en altitude. La
salade et le concombre sont produits dans toutes les zones de l’île. Une production intensive
sous abri, répartie dans les régions les plus pluvieuses, produit de la salade, du concombre et de
la tomate.
Le cheptel martiniquais est en forte diminution pour la majorité des espèces. Entre 1989 et
2000, ces diminutions en effectifs sont de 19 % pour les bovins, 55 % pour les ovins, 31 % pour
les caprins. Le cheptel porcin reste relativement stable mais la spécialisation induit une
diminution du nombre d’élevages de 72 %. Le nombre des « éleveurs » diminue, mais ce terme
d’éleveur recouvre des réalités assez différentes car l’élevage est souvent l’une des activités de
familles pluriactives. La population des éleveurs comprend une minorité d’éleveurs spécialisés
et une majorité d’éleveurs-agriculteurs ou simplement de détenteurs d’animaux. La « Surface
toujours en herbe » (STH : environ 124 km², soit 38 % de la SAU) diminue, elle aussi,
simultanément. L’élevage a tendance à se concentrer dans le sud de l’île, sauf pour les porcs qui
restent dominants dans le nord. Le cheptel de l’île n’assure qu’une part très faible de
l’approvisionnement local. Seulement 1 à 3 % chez les petits ruminants, 21 à 22 % pour les
porcs, moins de 10 % pour les poulets et 21 à 25 % pour les bovins. Le déficit de la production
locale par rapport à la demande est encore plus important pour le lait.
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Tableau 3 – Principales productions animales en Martinique en 2000 (source Agreste)
Principales productions animales
Bovins
Dont vaches laitières
Effectifs (têtes)
Valeur (millions d’euros)
23 986
422
11,2
Dont autres vaches
10 187
Porcins
19 712
4,9
Ovins
17 602
2,3
Caprins
13 176
Volailles
591 300
Lapines mères
Variation (2000/1989)
- 19%
- 55 %
- 31 %
1,4
5000
Les productions animales locales sont concurrencées par les produits importés, notamment
de l’Union européenne. Ces derniers se vendent souvent moins cher que les produits locaux sur
le marché martiniquais. En effet, le coût de l’importation de l’alimentation animale handicape la
production locale.
En Martinique, comme en Guadeloupe, il existe une forte tradition d’abattage à
l’exploitation, non seulement pour les petites espèces et pour la consommation familiale
(volailles et petits ruminants, par exemple), mais aussi pour les porcins et les bovins. Les
carcasses sont alors partagées avec les voisins ou vendues sur un marché de proximité. Cette
forme de production et d’approvisionnement en « produits pays », qui marque aussi une forme
de relation de proximité et de convivialité, est fortement appréciée des consommateurs
martiniquais qui y sont très attachés. Il est probable que la plupart des producteurs ayant recours
à ces formes de vente ne les déclarent pas, car certains opèrent dans l’informel. En particulier,
une partie importante des abattages seraient clandestins, faute de structures d’abattage
accessibles aux producteurs fermiers.
En outre, dans le dernier recensement agricole, 105 exploitations déclarent transformer les
produits de la ferme pour la vente (« produits fermiers ») (viandes, confitures, liqueurs, etc.), et
5073 exploitations, soit plus de la moitié, déclarent vendre une partie de leur production en
direct. C’est dire l’importance majeure de la relation directe entre producteurs agricoles et
consommateurs en Martinique, qui est profondément inscrite dans les modes
d’approvisionnement alimentaires des Martiniquais, et appréciée et valorisée, même en dehors
de la production biologique. Mais cela induit, pour les productions animales en particulier, des
prix élevés pour ces productions, ce qui pourrait en limiter la consommation aux catégories
sociales les plus aisées, et/ou à une consommation festive.
2.4. Répartition de l’openfield associé aux cultures d’exportation et du
bocage dans les mornes
Du point de vue de l’occupation et de la possession du sol, on a affaire en Martinique, en
premier lieu, à un paysage de champs ouverts (openfield) qui occupe la majorité de l’espace
dans les zones d’élévation basse et moyenne de l’île. On y trouve l’élevage et les grandes
cultures d’exportation : banane, canne à sucre, ananas.
Par ailleurs, c’est un paysage bocager, constitué de très petites parcelles de moins de un
hectare, encloses par des haies ou des cordons d’arbres fruitiers ou de protection contre les
intempéries, qui s’étend en couronne sur les versants des collines et des montagnes au nord et au
centre, jusqu’au sommet des mornes dans les régions du sud, et dans les bas-fonds rocheux des
rivières. Ce bocage qui était le domaine du jardin créole est aujourd’hui celui de la polyculture
vivrière (légumes pays, fruits et maraîchage). Il côtoie la périphérie des villes, des bourgs et des
hameaux, et s’accroît aux dépens des bois, des forêts et des terres non cultivées.
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Cette dualité dans le paysage agraire est héritée du passé : l’openfield amorcé en
polyculture de productions coloniales s’est structuré avec la monoculture industrielle ou
d’exportation. Le bocage s’est dessiné avec la distribution de petites parcelles aux anciens
esclaves au moment de leur libération, en 1848, ce qui a conduit à la constitution d’un mode
d’exploitation de petites parcelles : le « jardin créole ».
2.5. Les types d’exploitations
Une discrimination des exploitations en trois classes distinctes s’impose sur la base de la
taille et des plantes cultivées. On distingue une classe de petits agriculteurs, de gros producteurs
et une classe intermédiaire.
Les petites exploitations de polyculture vivrière, sur des SAU individuelles inférieures à
5 hectares, représentent 86 % des exploitations agricoles et 29,6 % de la SAU de l’Ile en 2000.
Ce chiffre dénote l’importance économique majeure de ces exploitations, notamment en termes
d’emploi. Dans cette catégorie, les agriculteurs sont souvent pluriactifs, ce qui impose de
considérer la pluriactivité comme une composante à part entière des systèmes agricoles dans
cette catégorie. Les cultures y sont diverses, céréales (maïs), canne à sucre, ananas, plantes
aromatiques et ornementales… On y trouve essentiellement des cultures vivrières : tubercules,
racines et bulbes des légumes pays (igname, banane légume), et cultures maraîchères,
mobilisent 36 % de la SAU de la classe concernée. La jachère et les terrains enherbés
représentent 55 % de cette SAU. Ils incluent des jachères, prairies temporaires, cultures
fourragères ou parcelles en phase de cession à l’urbanisme. Ces surfaces enherbées sont
susceptibles d’accueillir des animaux élevés au piquet, entretenus manuellement et prenant
éventuellement part au sarclage des parcelles. Ces exploitations sont situées dans les mornes,
donc en zone de pente, et sont très sensibles aux « opportunités foncières » : la stabilité du
foncier pour l’agriculture n’est pas assurée.
Les domaines de plus de 20 hectares représentent 3,1 % des exploitations et 47 % de la
SAU. On y cultive surtout de la banane-fruit pour l’exportation (44 % de la SAU de la
catégorie). Les surfaces en herbe représentent 30 % de la SAU de la catégorie, et sont
susceptibles d’accueillir des troupeaux industriels d’animaux de rente. La canne occupe 18 %, et
le maraîchage 2 % des surfaces. Ces domaines sont exploités en faire-valoir direct, dans le cadre
d’exploitations familiales ou en société. Elles sont situées plutôt dans les plaines, et la stabilité
du foncier pour l’agriculture est assurée.
Les exploitations intermédiaires constituent des systèmes composites, intermédiaires entre
les deux précédents. Ces systèmes régissent les exploitations entre 5 et 20 hectares, qui
représentent 10,9 % des exploitations et 23,4 % de la SAU . Comparativement aux petites
exploitations, la part de la banane et de la canne est plus importante (au détriment des cultures
vivrières et maraîchage), tandis que les surfaces enherbées sont du même ordre.
On peut aussi mentionner le système formé par les terres non cultivées, composées de
friches, landes, bois et forêts, dont l’utilisation s’apparente à la cueillette : cueillette de simples,
de plantes utiles, de bois d’ébénisterie (mahonia), ou de charpente, fabrication de charbon de
bois… Certaines de ces activités pourraient s’intensifier avec le développement d’une politique
de l’agriculture biologique (plantes aromatiques, médicinales).
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3. POURQUOI L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?
LA « CONSTRUCTION SOCIALE DE LA QUALITÉ » EN MARTINIQUE
3.1 L’agriculture biologique : des principes généraux et une
réglementation précise
En France, et dans les pays d’Europe occidentale, l’agriculture s’est développée dans les
cinquante dernières années sur la base d’un contrat social combinant production agricole de
masse et consommation urbaine de masse, associé à la croissance de la grande distribution. Ce
système a permis aux populations urbaines, dont les revenus ont augmenté durant les « trente
glorieuses », d’accéder à une nourriture de moins en moins chère en prix relatifs, et à un confort
nouveau dans la vie quotidienne : électroménager, loisirs, automobile, voyages…
Mais aujourd’hui, en même temps que le système agricole conventionnel montre ses
limites, notamment dans sa capacité à préserver l’environnement et à maîtriser les techniques
qu’il emploie, le souvenir de l’incertitude alimentaire s’estompe chez les citoyens. La plupart
d’entre eux ont atteint un seuil de satiété quantitative qui n’était pas acquis au sortir de la
Seconde Guerre mondiale. De nouvelles préoccupations apparaissent concernant notamment la
sécurité et la qualité alimentaires et l’environnement tandis que la mondialisation attise la
demande d’identité, de racines et d’équité sociale, et que la montée du chômage inquiète les
nouvelles générations.
Entre la société et son agriculture, un autre contrat doit être négocié. En contrepartie des
subventions, les citoyens demandent plus, autre chose, aux agriculteurs. Le développement de
l’agriculture biologique en France et en Europe vise à répondre à cette demande « élargie », qui
intègre des aspects environnementaux, sociaux et humanistes.
Le développement d’une agriculture biologique peut-elle aussi répondre à une demande
ainsi « élargie », englobant des préoccupations plus spécifiques à la société martiniquaise ? La
question a notamment été posée avec vigueur sur le plan politique par un groupe d’écrivains et
de poètes antillais et guyanais. En janvier 2000, quatre d’entre eux ont interpellé sur ce thème
les élus et les sociétés concernées en publiant4 un « manifeste pour refonder les DOM ». Ce
texte requérait l’attention sur « cette consommation hyperbolique par laquelle nous nous
dispensons si plaisamment d’investir, de nous projeter, de construire », appelait à
l’identification d’un « projet » qui « lie ensemble les énergies et les vouloirs », et, écartant les
secteurs hors de portée ou peu souhaitables pour un tel projet – comme l’industrie lourde, une
agriculture extensive ou un tourisme exclusif –, suggérait enfin qu’en Martinique, un projet
visant à « conquérir sur le marché mondial le label irréfutable Martinique, pays à production
biologique ou Martinique, premier pays biologique du monde » pourrait avoir un sens. Sens à la
fois économique (si une telle activité, à forte valeur ajoutée, peut effectivement être porteuse),
politique (en donnant une place à la Martinique dans un mouvement mondial), et enfin
mobilisateur d’énergies locales, en suscitant des débats de société et des actions collectives sur
des enjeux concrets.
Restait bien sûr à inventorier les possibles, en tenant compte des réalités techniques au plan
local (sols, relief, climat, pollution existante), des réalités sociales et économiques au plan local
et international (situation foncière, compétences disponibles, systèmes d’approvisionnement et
de distribution, marchés locaux et internationaux…), et enfin des savoirs sur les pratiques et les
4 Le Monde, 21 janvier 2000.
Agriculture biologique en Martinique
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réglementations en vigueur, particulièrement prégnantes et complexes dans le secteur de
l’agriculture biologique.
Dans ce contexte, on peut dire que la place de l’agriculture biologique comme « projet »
pour la Martinique est assurément à définir après débat, par ses responsables politiques et
économiques, et par la population. Mais un tel débat n’a de sens qu’à condition d’en éclairer au
préalable les éléments techniques par une information aussi complète et large que possible
compte tenu de l’état actuel des connaissances.
C’est là l’objet même de la demande que le Conseil général de la Martinique a adressée à
l’IRD, avec cette mise en œuvre d’une expertise collégiale, non pas pour dire ce qu’il convient
de faire (cela relève du politique et non pas de l’expertise), mais pour préciser à l’attention des
agriculteurs, de l’opinion publique et des décideurs, ce que les connaissances les plus actuelles
permettent, ou ne permettent pas de dire, sur les modes de production en agriculture biologique,
surtout aujourd’hui développés en zone tempérée, sur des potentialités de développement de tels
modes de production en zone tropicale dans le contexte particulier de la Martinique, sur
l’évolution des réglementations au niveau national et international, sur le fonctionnement des
marchés dans ce secteur…
C’est en soi le principe de la méthode d’expertise collégiale, mise au point par l’IRD, qui a
donc été conçue pour éclairer et non pour trancher. La science laisse incertaines bien des
réponses aux questions posées par l’action. La consigne transmise aux experts était bien de tenir
compte au mieux des interrogations exprimées par les interlocuteurs martiniquais, et d’y
apporter des réponses aussi précises et concrètes que possible mais « honnêtes », c’est-à-dire
consistant à « dire qu’on ne sait pas » quand c’est le cas, ou de mettre en évidence d’éventuels
points de désaccord entre experts. Dans le cas présent, l’une des difficultés de l’expertise
provenait également de la définition même de son objet. L’agriculture biologique, en effet, est
une construction sociale, et à tout le moins le produit historique d’un mouvement international
répondant à des principes généraux, mais qui se traduit aussi très concrètement par un règlement
européen et des lois françaises qui s’appliquent en Martinique. Comment éclairer au mieux les
agriculteurs, l’opinion publique et les décideurs ? En s’en tenant au cadre strict défini par la
réglementation ou en prenant en compte plus souplement, ou si l’on veut plus largement, les
principes de l’agriculture biologique ?
Après réflexion, les experts ont choisi de ne pas limiter les informations recueillies par
l’expertise collégiale à la question réglementaire. En considérant l’agriculture biologique au
niveau mondial, comment, au travers d’une inscription dans un mouvement dont les valeurs sont
proches de celles qu’une partie de la société entend promouvoir, la Martinique peut-elle à la fois
développer une forme d’agriculture innovante, compléter ses autres richesses que sont le
tourisme et la banane, et renouveler le rapport au monde qu’elle entend développer ? L’enjeu en
est de donner à la Martinique l’image d’une d’île qui développe son ambition écologique au
service de son développement économique. Le développement de l’agriculture biologique est
certainement un excellent outil pour ce faire, et cela peut être profitable à l’ensemble de
l’économie martiniquaise.
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3.2. La pollution par le chlordécone : un aiguillon au débat sur la qualité
en Martinique
La mise en évidence de la pollution de certains sols et eaux par l’agriculture intensive et ses
conséquences sur les capacités de la terre martiniquaise à produire aujourd’hui des aliments
sains pour sa population sont autant d’interrogations majeures pour les citoyens et les décideurs.
De ce point de vue, l’inquiétude provoquée par la pollution au chlordécone (insecticide utilisé
jusqu’à son interdiction en 1993 en Martinique en particulier sur la sole bananière) a fait figure
de puissant avertissement dans les toutes dernières années. Dans le même temps, ces
questionnements expriment aussi de « nouvelles attentes », à la fois sur la sécurité sanitaire des
produits, le respect de l’environnement et le lien entre alimentation et territoire. Ces dernières
méritent toutefois d’être précisées et traduites en termes de segmentation de marchés.
Le Conseil national de l’alimentation5 constate que les signes de qualité spécifiques, dont
l’agriculture biologique fait partie, restent un aiguillon dans la politique générique de la qualité.
Il est donc parfaitement légitime de s’interroger sur la place de ces signes de qualité, et de
l’agriculture biologique en particulier, pour résoudre les problèmes que connaît actuellement la
Martinique.
Mais après avoir considérablement aidé à structurer le marché des produits alimentaires, les
nouvelles aspirations sociales posent des enjeux qui dépassent même la politique de ces signes
de qualité spécifique. Aussi, le Conseil national de l’alimentation évoque le « passage à une
approche sociopolitique globale ». Il s’agit d’ouvrir le débat sur la qualité alimentaire aux
différentes composantes de la société civile (consommateurs, citoyens, agriculteurs, agroindustrie et autres acteurs des filières) et d’organiser la contribution de la recherche à ce débat.
Le Conseil de l’alimentation constate qu’il faudra expliciter aux citoyens les choix faits en
matière de qualité alimentaire, leurs impacts économiques, les convergences et les
contradictions possibles entre des priorités différentes, afin que l’on puisse « débattre
publiquement et établir des hiérarchies, abandonnant du même coup la démagogie et la
surenchère ».
Toutefois, les outils qui permettraient d’instaurer ce débat entre agriculture et société, et de
structurer les attentes des consommateurs et des citoyens autour de la construction de la qualité
alimentaire en général, et « bio » en particulier, restent à élaborer en Martinique. Le caractère
insulaire de la Martinique, où ces questions sont posées de façon globale sur un petit territoire,
offre de grandes possibilités d’innovation pour les décideurs, les agriculteurs et les citoyens de
l’île, en association avec la recherche.
5 Avis no 36 adopté le 26 mars 2002.
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4. LE CHEMIN DE L’EXPERTISE COLLÉGIALE
Il convient enfin de rappeler les quelques étapes d’un cheminement qui a conduit au présent
rapport. On a cherché à répondre à deux préoccupations :
– D’abord prendre en compte aussi largement que possible les expériences et les
interrogations des Martiniquais, qu’ils soient hommes de terrain ou décideurs.
– Ensuite, réunir et mettre en débat au sein d’un groupe de scientifiques expérimentés les
connaissances disponibles dans les disciplines et spécialités nécessaires, et en tirer des
conclusions partagées.
C’est ainsi qu’en février 2001 a été organisé un atelier de réflexion auquel ont participé les
professionnels agricoles, y compris ceux de l’agriculture biologique, la recherche, les services
de l’administration et des représentants d’associations concernés par le développement de
l’agriculture biologique, ainsi que des représentants du Conseil général de Martinique. Cet
atelier a permis de mieux définir les questions qui se posent autour de l’agriculture biologique et
de son développement en Martinique. Le dispositif d’expertise collégiale a en conséquence été
conçu autour de six questions.
À l’origine, toute réflexion sur l’agriculture biologique est sous-tendue par ses définitions et
représentations en Martinique, en Europe, dans le monde. Dans un contexte européen et donc en
Martinique, la réponse à la question 1 (Q1) soulevée par l’expertise collégiale relève stricto
sensu de l’application de la réglementation. Mais dans le monde, plusieurs définitions, plusieurs
systèmes de certification coexistent. En Martinique, plusieurs réseaux se sont aussi développés
en se rattachant aux concepts de l’agriculture organique, notamment l’association « Bio des
Antilles », et l’association Orgapeyi. Basé sur la réalité de la situation géographique et culturelle
de la Martinique, le travail d’expertise collégiale doit prendre en compte ces différentes
définitions de l’agriculture biologique au niveau mondial.
En fonction de ces définitions et représentations de l’agriculture biologique, l’expertise
collégiale dresse l’état des lieux de la production et des marchés pour les produits dans le monde
(Q2). Elle examine ensuite l’état des connaissances scientifiques sur les effets du
développement de l’agriculture biologique sur l’environnement (Q3) et sur la société (Q4) pour
exposer au mieux la faisabilité du développement de l’agriculture biologique en Martinique.
Les questions Q1 à Q4 s’attachent donc au contexte dans lequel s’inscrit le développement
de l’agriculture biologique en Martinique. Ce socle, état de la connaissance sur l’agriculture
biologique, est mobilisé pour générer les éléments de décision. Le Conseil général,
commanditaire de l’expertise, a formulé ces questions autour des objectifs possibles pour
l’agriculture biologique en Martinique (Q5), et des conditions à réunir pour rendre possible la
réussite de l’agriculture biologique en Martinique (Q6).
Les experts ont ensuite travaillé individuellement et en groupes, en vue de la restitution de
leurs travaux au Conseil général en Martinique en mars 2004. Au cours de cette rencontre, un
débat a été organisé avec les consommateurs, les citoyens, les professionnels agricoles, y
compris biologiques. Des compléments d’information ont ensuite été apportés par les experts à
partir des résultats de cette restitution.
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Tableau 4 – Le chemin de l’expertise collégiale
Q1 : Quelles définitions et
représentations de l’AB en
Martinique, dans le monde, en
Europe ?
Q2 : Quel état des lieux de
l’AB dans le monde tropical,
en Europe, en France, en
Martinique ?
Pourquoi l’Agriculture biologique ?
Q3 : Quels sont les effets du développement de l’AB sur la société ?
(Q4) sur l’environnement ?
Q5 : Quels sont les objectifs possibles pour un développement
de l’AB en Martinique ?
Q6 : Quelles sont les conditions à réunir pour
rendre possible la réussite de l’AB en Martinique :
conditions techniques, économiques, sociales,

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