Nom : BOTTARD Prénom : AUDREY Dates de la mission : du 05

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Nom : BOTTARD Prénom : AUDREY Dates de la mission : du 05
Nom : BOTTARD
Prénom : AUDREY
Dates de la mission :
du 05 janvier au 05 février 2010
Intitulé de la mission :
SANTE
A
BOPA et TOGBOTA
BOPA:
1 / activités réalisées durant votre mission :
1ere semaine : observation dans le centre de santé,
avec le médecin responsable de tout
l'arrondissement de BOPA, avec infirmiers, aides soignants et sages femmes. Prévention dans l’école
primaire de Bopa centre. Prévention dans l’école d’Atohoué auprès des enfants et ensuite, auprès des
parents lors d’une réunion.
2nd semaine : "Stratégie avancée" auprès de la population des villages excentrés par rapport aux
différents dispensaires auxillaires de Bopa.
Observations diverses au sein même du dispensaire Bopa-centre :
Les professionnels du centre de santé sont très accueillants et ont pris soin de répondre à mes questions.
Ils sont très intéressés et curieux par les différences existantes entre nos pratiques professionnelles.
Beaucoup voudraient venir en France pour venir observer nos pratiques, nos techniques, et découvrir un
peu la France également.
Il y a des techniques de dépistage rapide mis en place pour le SIDA et le paludisme qui sont intéressants.
Une goutte de sang prélevé en capillaire, mis sur une bandelette et qui permet grâce à un réactif de
déterminer la positivité ou négativité du test par apparition de "trait" sur la bandelette un peu le même
principe qu'un test de grossesse.
Technique de prélèvements sanguins : lorsqu'un patient a une prise de sang à faire il doit payer 100
francs CFA pour l'achat d'une aiguille et une seringue. Le laborantin fait lui même le prélèvement près du
patient. Personne n'a de garrot. Soit il utilise un tissu, soit un gant à usage unique en l'enroulant autour du
bras pour faire garrot (!). Il pique sans gants, pique avec un trocart, et ouvre son tube sec pour faire
goutter le sang directement dedans! pas de corps de pompe ni d'aiguille adapté. Pour prélever en "bonne
pratique" il en coûterait 800 francs CFA pour chaque prélèvement! Un coup trop élevé m'explique le
laborantin. Le peu de matériel adapté est utilisé uniquement pour les prélèvements qui doivent être traités
ailleurs...
Dans le laboratoire, le laborantin est seul, donc s'il s'absente pour une formation, personne ne fait de
prélèvement pendant ces jours d'absence.
Dans le laboratoire la bactériologie, la biologie et la biochimie se mélangent. Le laborantin en est
conscient et le regrette. Il est demandeur de partir en France pour être formé...
Le suivi des soins sur les carnets de santé et autres fiches telles que celles des consultations prénatales
sont très bien suivies et utilisées.
1
Note :
Il me semble qu'une semaine d'observation pour une personne diplômée est un temps trop long.
Effectivement le fait de prescrire n'est pas de notre rôle. Nous n'avons ni ordonnancier ni
connaissance suffisante pour prescrire un traitement. (nous avons notre connaissance en
pharmacologie et pharmacovigilance, mais nous ne connaissons pas les traitements utilisés au
Benin, ni les posologies respectives. De plus, notre mission, surtout si elle est courte n'est pas de
"remplacer" un infirmier dans l'exercice de ces fonctions en terme de consultations au
dispensaire...).
Il est, bien sûr, intéressant de voir comment se passe les consultations et les traitements qui sont
utilisés mais cela reste de l'observation, mais pour une mission courte, j'ai eu le sentiment de
"perdre" du temps "d'action".
Stratégie avancée :
Passage dans différents dispensaires pour rencontrer le major, et ensuite départ sur le terrain pour faire
de la prévention auprès de la population et pansements. (permet de détecter des cas d'ulcère du Buruli ou
autres cas nécessitant une prise en charge au dispensaire où en milieu hospitalier.)
Dans la commune de Bopa il y a 7 arrondissements :
Bopa,
Agbodji
possotomé
lobogo
badazoui
yagodoé
bapodji
Thèmes de prévention abordés :
Utilisation de l'eau potable
Maintient de l'eau et des aliments propres.
Se protéger de la poussière (linge humide sur le visage lorsqu'on ballaye le sol)
Manger des aliments variés (constat : les gens mangent en grande majorité des féculents et ce
n'est pas seulement une question de moyen. car beaucoup ont des arbres fruitiers à proximité ou
des animaux... mais ils préfèrent les vendre au marché plutôt que de les conserver pour leurs
consommations personnelles...)
Boire de l'eau en bonne quantité.
Se laver les mains après et avant de manger, après être aller aux toilettes
Création de sanitaires simple pendant le saison sèche
Mettre des chaussures pour se protéger les pieds
Nettoyage des plaies (eau+savon) conserver la plaie "propre" et la protéger...
Ne pas acheter de médicaments sur le marché (danger!!!)
Aller au dispensaire (explication du système de soin gratuit pour les indigents)
Ne pas mettre de médicaments sur les plaies, ni de craie...
Plaies rencontrées :
Ulcère de Buruli
Plaies simples de premier abord qui se sont infectées (par des médicaments écrasés dessus, du
sable, pas de nettoyage,...)
Abcès
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2 / difficultés rencontrées sur le terrain :
Les difficultés que j’ai rencontrées se résument ainsi :
Manque d’esprit de solidarité dans certain village. Est-ce le « blanc » qui à force de venir et de
« donner » et « d’aider » les gens du village que ces derniers ont pris l’habitude d’être assistés ??
Ils manquent de volontés et de motivations pour faire des choses d’eux même pour le village…
(construction de toilette, aide aux plus démunis dans le village, assister les villageois malade ou
blessés…) mais demandent beaucoup aux « blancs »… Je ne m’attendais pas du tout à
rencontrer cet état d’esprit dans un village éloigné de plusieurs dizaines de kilomètres du plus
proche dispensaire.
Difficulté économique : difficultés de dispenser des soins aux gens car le premier frein est
l’argent. Les gens ont peur de devoir payer. Ils ne viennent pas se faire soigner par manque
d’argent. Ils préfèrent soit achetés des médicaments sur le marché (avec tous les risques qu’ils
comportent) ou se tourner vers la médecine « traditionnelles ». Ils peuvent par exemple dépenser
beaucoup d’argent pour des séances de spiritisme vodou, ou pour des offrandes tel qu’une
chèvre ou une vache aux esprits vodou, voire même des créations en béton de stèles à leur
honneur…
Difficulté sociale : Les gens préfèrent se soigner avec des prières, des tisanes et des offrandes
aux dieux vodou. Les gens font davantage confiance aux pratiques dites « traditionnelles » et
boudent les pratiques « des blancs ».
Manque d’investissement de certains responsables de santé sur le terrain. La « stratégie
avancée » soit le fait pour l’agent de santé de se déplacer vers les populations reculées, n’est pas
suffisamment développé à mon avis.
Je raconte ici mon « parcours » sur le terrain. Les descriptions des plaies sont assez détaillées
mais c’est dans un but de continuité de la mission par les autres bénévoles « santé ».
Dans les terres noires, je suis allée dans le village de Djibjozoun faisant partie de l'arrondissement
d'Agbodji. Dans ce village j'ai fais donc une sorte de réunion de prévention. Grâce à Ambroise, le
message passe très bien (traduction). Ensuite le délégué (chef) du village nous a montré les plaies de
certains villageois. Dans ce village je crois que la solidarité n'est pas une notion acquise, ni automatique.
Plusieurs exemples à cela :
J’expliquais au chef du village qu'il pouvait avec quelques volontaires du village construire des toilettes
sèches en creusant simplement un trou dans le sol et en mettant du feuillage pour l'intimité. En période
sèche, c'est simple à faire. Cela permet d'éviter que les excréments des uns et des autres soient
éparpillés un peu partout dans le village. Pur lui il n’était pas possible que les villageois travaillent
ensemble pour une cause commune.
De même, nous avons rencontré un villageois qui était "abandonné" des autres. Il avait un ancien ulcère
de Buruli, ne pouvait pas parler, et avait tout le côté droit rétracter proche de l'hémiplégie. Il n'avait qu'une
personne "proche" qui refusait de s'occuper de lui. Du coup, personne ne s'occupait de lui. Il mangeait de
temps en temps quand une personne avait suffisamment pitié de lui pour lui donner un petit quelque
chose. Le patient était bien sûr anémié, la plaie nécrotique n'était jamais lavée, et personne ne l'aidait à
se nettoyer non plus. Ses habits étaient déchirés et extrêmement sales... je me suis approchée de lui et
j'ai demandé une simple bassine d'eau claire pour nettoyer son bras (nécrose d'ulcère de Buruli)...
personne n'a voulu m'en apporter une. Pas même une voisine ou autre. Cette situation m'a beaucoup
choquée.
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L’histoire d’Athanas :
Autre situation également choquante. Dans ce même village, il y a un jeune de trente ans environ. Il
s'appelle Athanas. Son histoire est malheureuse. Il présente un ulcère de Buruli très avancé.
Effectivement, son ulcère de Buruli existe depuis 1 an, et n'a jamais été soigné.
Sur sa main droite il ne reste que 2 doigts en très mauvais état, les autres ayant été rongés pour l'ulcère
de buruli. Il n'y a plus de peau sur sa main ni dessus, ni dessous. Le creux de sa main est également
rongé d'un quart. La plaie n'est que pus, nécrose et fibrine épaisse. Cela remonte jusqu'au poignet.
Ensuite une nécrose de 3 cm au moins se poursuit sur l'avant bras. Une autre plaie apparait sur la
jonction avant bras-bras, prenant l'articulation du coude. Cette plaie fait environ 20 à 25 cm de long. Plaie
creusée avec un peu de fibrine, des poches de pus en profondeur sous la peau des bordures de la plaie
et de la nécrose sur 2 cm aux abords de la plaie. Son pied droit est également très atteint. Une plaie sur le
cou du pied où le pus se dégage à la moindre pression, une épaisse couche de fibrine attachée à la plaie
et de la nécrose sur les bords de la plaie. Une plaie qui mesure à peu près une dizaine de cm de long.
Cette homme de 30 ans a une femme, une sœur, deux enfants en bas-âges, une mère et un père. Sa
grande sœur lui nettoie la plaie de temps en temps avec des tisanes mystérieuses, à l'eau chaude. La
mère nous raconte avoir emmené son fils une fois à Allada (centre spécialisé dans le traitement des
ulcères de Buruli non loin du village), mais par manque d'argent, on l'aurait renvoyé chez lui. Son père a
vendu une partie de ses terres pour avoir l'argent nécessaire pour soigner son fils, mais il aurait "mangé"
une grosse partie de cet argent. Depuis, personne ne fait rien pour cet homme. Le major du dispensaire
qui est sensé faire de la stratégie avancée et détecter ce genre de cas ne vient "jamais" nous explique le
chef du village, qui nous l'apprendrons plus tard, n'est autre que le chef du comité chargé de
détecter les cas "d'indigence" afin de les déclarer et que ces personnes puissent bénéficier de
soins pris en charge par l'état!!! A mon arrivé donc, on me présente ce cas. Lorsque je retire les linges
entourant la plaie, le pus s'en échappe de tous les bords. Je fais un nettoyage à grande eau et à la
Bétadine scrub pour débuter sur quelque chose "d'à peu près" propre. Je note que les bassines d'eau que
je réclame sont longues à être amenées (alors que le forage est à deux pas...) mauvaise volonté? Je ne
sais pas. après avoir nettoyer la plaie, je mais bande la plaie avec un des rouleaux de gaze que j'ai dû
acheter au dispensaire dont dépend le village à 250 francs CFA le rouleau (non stériles bien sûr, parait -il
qu'il n'y en avait as de disponible dans le dispensaire) (!!)Le reste du matériel étant du matériel amené
avec moi de France.. Et je laisse donc la plaie "propre" en milieu humide et protégée par un linge "propre"
pour lequel il m'a fallut aussi beaucoup de patience pour l'obtenir... je procède de même avec la deuxième
et la troisième plaie. J’explique bien à la famille que cet homme doit être soigné sérieusement dans les
plus brefs délais. Mais je sens que je parle dans le vide.
Le lendemain midi, je rencontre par hasard le Maire de la ville de Bopa. Qui après m'avoir demandé
comment se passait mon séjour et les soins que je faisais, fut "choqué" d'apprendre qu'il y avait encore
des cas d'ulcère de Buruli non traité dans certains villages...surtout malgré le système de traitement des
soins aux "indigents" mis en place... touché par l'histoire d'Athanas, il décide de venir avec la voiture de la
mairie dans ce village de djibjozoun pour venir chercher Athanas dès le lendemain.
Le lendemain donc, en présence du maire et du responsable de l'arrondissement, nous retournons dans
le village. Malheureusement la mère à refusé sans vraiment de raison très claire que l'on hospitalise son
fils, malgré que nous ayons en main le certificat d'indigence déjà signé du Maire lui même pour que
Athanas se fasse soigner gratuitement et sans délai. Le père ne pouvait accompagner son fils ce jour là,
ayant des courses à faire, sa sœur et sa femme refusant de l'accompagner pour ne pas se mettre la mère
à dos. Athanas parlant français, il nous dit clairement qu'il est prêt à venir avec nous, qu'il accepte qu'on
l'hospitalise et qu'il ne faut pas écouter sa mère. Mais n'ayant personne pour l'accompagner ce jour là,
nous sommes contraint de partir en laissant Athanas à son triste sort... un promesse est faite pour le
lendemain de venir cherche Athanas (que son père accompagnera) le lendemain. Toujours avec une
équipe de la mairie et des gendarmes (pour contrer l'autorité de la mère). Notre rôle de "détection" étant
terminé, nous remettons donc ce dossier entre les mains du maire et du médecin de Bopa. Nous
apprendrons par la suite qu'une équipe de la mairie est bien venue chercher Athanas mais que la maire
l'aurait "caché" dans une église pour ne pas qu'on puisse le prendre... (Sachant que le patient était
incapable de marcher, et la mère incapable de la porter!) photos en fin de rapport.
Quelle leçon tirer de cette histoire? Malgré la gratuité des soins et l'investissement physique (le maire qui
se déplace en personne, transport assuré...) la santé n'est pas une priorité, ni une logique pour encore
beaucoup de gens. La religion et les croyances dite "parallèle" type vaudou prennent bien souvent le pas
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sur les soins tel qu'on les entend, nous autres "yovo".
Peut être faut il développer d'avantage des actions de sensibilisation pour progresser un peu dans une
logique de soin pour tous. Pour que des situations comme celle ci ne se reproduisent pas.
Je me pose une autre question. Comment se fait il que le dispensaire d'agbodji ne soit pas intervenu dans
cette affaire? Aucun investissement de la part du major ni d'aucun "agent de santé"..? Preuve en est que
le médecin n'était pas au courant de l'existence de ce cas... De même que lorsque l'on est revenu du
village nous avons rencontré le major qui n'a posé aucune question sur notre visite au village de
djijozoun? Pourtant puisque nous l'avions rencontré avant de partir dans le village... ne devait-il pas se
sentir "concerné"? ce village pourtant dépend directement de son dispensaire (même si l'en est éloigné de
25 km).
Encore une question: Ce village est éloigné de 25 km du plus proche dispensaire. Cela ne mériterait il pas
de créer une sorte de petit dispensaire complémentaire? Tenu par urgence Bénin par exemple au même
titre que celui de Togbota? Comment peut faire une femme enceinte qui commence son travail pour
atteindre le dispensaire? Pour mettre au monde son enfant dans de bonnes conditions, pour que son
enfant soit vacciné...?
Est ce que cela ne serait pas envisageable en attendant que des jeunes du village eux même soit formé
pour tenir ce dispensaire complémentaire eux mêmes?
Je ne pense pas que urgence Bénin soit très utile à Bopa centre même. Il y a du personnel qualifié et un
médecin... alors que sur les terres noires la présence d'un dispensaire est plus que nécessaire...
Je suis également allée à la rencontre des villageois de gbado, dans l'arrondissement de Yogodoué. Là
j'ai rencontré entre autres 2 cas d'ulcères de Buruli important. Là les cas diffèrent dans le sens où les
gens se sont fait soignés mais ont arrêté les soins par "ras le bol", les soins qui prennent trop de temps...
les plaies sont donc moins "moches" que celui d'Ahanas. J'ai refait une éducation en expliquant
qu'effectivement c'était long mais qu'il fallait le faire traiter jusqu'au bout...etc.
Le premier de ces cas touchait essentiellement le pied gauche d’un homme. Son pied était complètement
déformé. L’ulcère de Buruli était présent des deux côtés de la cheville. Les plaies étaient, une fois
nettoyées, presque propres. La peau rosée ressortait beaucoup. Ici c’est aussi un patient qui a été
hospitalisé mais qui est rentré avant la guérison complète, trouvant cela trop long… Photos en fin de
rapport.
Le deuxième cas, était un "vieux" qui avait une plaie d'ulcère nécrotique depuis 30 ans! Il le soignait avec
de l’huile rouge (huile faite à partir de noix de palme). Cet ulcère était nécrotique mais de petite taille
(environ une dizaine de cm de longueur sur 3 cm de largeur) Il a été soigné à plusieurs reprises. Lorsque
qu’une nouvelle proposition lui a été faite de se faire hospitalisé, il a simplement refusé, préférant gérer
cela seul. Photos en fin de rapport
J’ai également rencontré une femme avec une plaie de type « abcès » au sein droit très impressionnant.
Elle m’expliquait que cet abcès était apparu à la suite de l’allaitement de ces deux derniers jumeaux. Le
sein avait doublé de taille, était très induré, chaud et douloureux au toucher. A la pression, pas de pus qui
sortait ou très peu. Si poche de pus il y avait, je pense qu’il était plus profond. Cela pouvait aussi être un
début de cancer… un lambeau de chair était à vif avec une épaisse couche de fibrine d’à peu près 5 mm.
Cette femme à accepté de se faire hospitalisé lorsque nous le lui avons proposé.
3 / Contacts importants et partenaires rencontrés :
Le premier, et non le moindre, c’est bien sûr Ambroise. Il fait un travail formidable avec l’ensemble des
bénévoles. Autant dans nos différentes recherches, que sur le terrain, que le soir dans les moments de
détentes avec Agnès… Etant un contact dit « local » il connaît les gens, les lieux, les rites et coutumes….
On apprend énormément à son contact. Il veille aussi beaucoup sur nous tout au long du séjour. Toujours
présent dès qu’on a besoin d’une information, d’une traduction, d’une explication… un vrai soutien
pendant tout mon séjour à Bopa. Très investi dans son travail, ne comptant pas son temps pour sa ville et
pour ses villageois. Sans lui, peu de chose serait possible. Il mérite vraiment toute la reconnaissance qui
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lui est dûe.
Je citerai aussi Agnès, qui est une formidable cuisinière et qui sait être à notre écoute et vivre nos
missions avec nous, nous conseiller et nous faire découvrir sa ville avec ses rites et coutumes. Grâce à
elle, les temps de repos qui sont nécessaires, sont agréables et chaleureux. De plus elle nous fait
découvrir la cuisine locale qui s’avère être délicieuse !
Dans le village de gbado, dans l'arrondissement de Yogodoué, j’ai rencontré le directeur de l’école qui
est un contact important. Il nous a été d’un grand recours, connaissant bien la population, et leurs maux. Il
a dépêché un enfant pour nous afin de nous montrer le chemin et nous a prêté sa moto personnelle (plus
puissante que celle d’ambroise). On le sentait vraiment impliqué dans ce village.
A Bopa Centre j’ai rencontré le maire qui é été touché et choqué par les problèmes de santé que je lui ai
reporté. Il s’est déplacé lui-même sur le terrain ! A deux reprises il nous a prêté la voiture de la mairie et
son chauffeur pour que l’on puisse aller chercher les patients. Il n’est pas facile de le tirer de ces
occupations très importantes de maire, et il faut beaucoup de patience… mais cela vaut le coup. Il reste à
l’écoute. Il ne faut pas hésiter, par l’intermédiaire de Ambroise, à le solliciter.
Le Major du dispensaire de gbado me parait impliqué. Si on le sollicitait plus, je pense qu’il répondrait
présent. A la fin de mon passage dans le village, je lui ai fait un compte rendu et je lui ai montré les
photos. Il connaissait les patients et les avais déjà soignés à plusieurs reprises. Il était déjà allé les voir
mais se heurtait à leurs refus.
Le médecin de Bopa Centre est très pris, mais s’il était plus souvent sollicité directement par les
volontaires, je pense qu’il pourrait faire plus de chose comme de faire la stratégie avancée avec eux. Ce
qui serait très constructif. C’est un jeune médecin plein d’énergie et de connaissance.
Le responsable de l’association des parents d’élèves de l’école primaire de Bopa centre. Il m’a
accompagné lorsque j’ai fait l’ensemble des classes de cette école pour des actions de préventions et de
recensement des plaies (et de soins bien sûr).
Le directeur de l’école de Atoue, qui est très investi et très volontaires pour son école.
Note :
Besoin continu de Ambroise pour les déplacements, et les traductions auprès de la population. Ambroise
était formidable, très présent et indispensable. Remplissant très bien son rôle de lien entre le volontaire et
la population (traduction, compréhension de la culture et des rites... et connaissance du terrain, et des
intervenants locaux.) Peut être faudrait-il prévoir une autre personne pour ce genre de mission où le
besoin d'une tiers personne est "inévitable"... car comme Ambroise était avec moi tout au long de la
journée, les autres volontaires ayant besoin de lui pour leurs différents projets (développement touristique,
développement économique et environnemental) ne pouvaient pas progresser...
4 / continuité de la mission :
Je pense que pour la continuité de la mission, il faut se concentrer sur les terres noires. Bopa centre est
un passage important au début de la mission pour un premier contact avec le médecin et le major, pour
comprendre l’organisation du système de santé et sa complexité.
Je pense qu’il faudrait faire davantage de « dépistage » des cas nécessitant une hospitalisation et
informer davantage la population sur la prévention et sur le système d’indigence mis en place par l’état
pour pouvoir être soigné.
Je pense qu’il faudra une autre personne comme Ambroise pour multiplier les actions, voir note plus haut.
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TOGBOTA
1 / activités réalisées durant votre mission :
1ère semaine :
Observation avec Charles et rangement du dispensaire, sensibilisation et prévention sur la santé auprès
de la population mais surtout auprès des enfants.
Passage dans l'école de Togbota pour faire de la prévention. Dans toutes les classes : explication sur la
prévention (voir liste plus haut) et soins des plaies.
2nd semaine
Avec les étudiants infirmiers de chalon, fin du rangement du dispensaire (tris des médicaments, de
l'armoire dans la salle d'attente, de la salle d'accouchement...) prévention et distribution du praziquantel
(traitement contre la bilariose) auprès de la population (agbodji 1 et 2, zébé et oudjra) porte à porte chez
les gens et école. . Lessivage des murs de la salle d'attente, création d'une nouvelle salle d'attente à
l'extérieure du dispensaire à l'aide de branchage et de feuillage.
3 ème semaine :
Aide au dispensaire lors des consultations, éducation dans l'utilisation de « fiches patients ». Mise en
pratique du matériel "européens" (pansements, pose de perfusions...) Education pour l’utilisation de
l’épurateur d’eau. Sensibilisation au maintien du rangement effectué. Création de fiches d’utilisation des
différents traitements oraux, et veineux selon leurs actions. Création d’une fiche de produits et
médicaments que les bénévoles peuvent envoyer ou transmettre pour le dispensaire.
2 / difficultés rencontrées sur le terrain :
Il n’est pas toujours facile de passer un message qui nous semble important, si pour notre interlocuteur en
face, cette importance n’est pas « évidente ».
Parmi la population, la santé est loin d’être une préoccupation. Pourtant ils ont refusés que le dispensaire
ferme, avant que urgence bénin ne vienne. ( ???) La population voudrait se faire soigner gratuitement.
Mais dans ce cas le dispensaire ne peut pas avoir son autonomie. Urgence bénin paye les salaires les
médicaments le matériel…. Et les patients ne payent rien. Lorsque urgence bénin se retirera de Togbota,
le dispensaire s’effondrera…
Paulette a bien compris cela et fait payer les patients qui se présentent. Du coup, ils sont moins nombreux
à venir… et quand ils viennent, ils repartent les mains vides. Ils refusent de payer… Un « vieux » du
village devant la maison duquel on passait tous les jours avait la main abimée. La peau de son petit doigt
main droite s’en allait complètement, en sortait une sorte de pus verdâtre. La première fois que je l’ai
croisé, je l’ai soigné sur place car j’allais vers l’école avant le matériel de pansement dans mon sac à dos.
Je lui ai dit d’aller se faire soigner au dispensaire. Je l’ai revu deux semaines plus tard, sa main était
cicatrisée mais il avait encore un peu mal et me demande des médicaments pour la douleur. Je lui dis de
retourner au dispensaire, que je n’ai pas de médicament sur moi… il a refusé d’y aller. Et ainsi tous les
jours, à chaque fois que je passais devant lui. Un jour lors de ma troisième semaine, il se lève et nous suit
au dispensaire. (whaou !) Paulette l’ausculte, lui explique ce qu’il a et lui donne les médicaments et lui
expliquant comment les prendre. Elle lui dit le prix (200 fr CFA je crois) et lui refuse de payer. Il repart
donc sans les médicaments.
Cela donne une mauvaise image de Paulette auprès de la population. De plus, c’est une femme et les
femmes du village ne veulent pas avoir à recevoir des conseils d’une autre femme… et en plus s’il faut
payer…! Charles, qui ne fait rien payer, est un homme et fait partie « des murs » Il fait parti du village
depuis longtemps et tout le monde le connaît et le respecte. Il y a une grande différence entre ses deux
soignants et malheureusement cela ne joue pas en la faveur du dispensaire. Les seules personnes qui
viennent régulièrement au dispensaire sont les femmes enceintes.
Difficultés aussi de changer les habitudes d’un soignant. Garder le matériel rangé. Etre organisé…
Entretien des locaux…
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Difficultés auprès de la population. On organise une distribution de médicament « gratuite » de
praziquantel (contre la bilariose) on fait intervenir un crieur public pour informer la population de venir
sous le grand arbre. Lorsqu’on y est, seul deux ou trois personnes se déplace et viennent nous voir.
Apres plusieurs heures d’attente nous sommes allés faire du porte à porte… et là beaucoup de gens sont
venus. Nous sommes aussi allés dans l’école, et nous avons fait toutes les classes. Mais les gens ne se
déplacent par eux même. Il faut toujours que ce soit le soignant qui vienne vers eux, bien que ce soit
gratuit. Pour la population la santé n’est vraiment pas une priorité et cela est difficile à comprendre lorsque
l’on est soignant, et habitué à un autre système de santé.
Emotionnellement c’est difficile aussi car on aimerait faire évoluer les choses et les esprits rapidement !
Mais ce n’est pas si simple, et c’est assez frustrant.
J’ai rencontré par hasard une mère de jumeaux. Les deux enfants étaient totalement dénutris. Après avoir
expliqué à la mère la dangerosité de l’état de ses enfants je lui demande si elle est déjà venue au
dispensaire pour eux. Elle me répond que oui, mais que rien n’avait été fait. J’en parle à Paulette, qui
connaissait très bien cette femme, elle lui avait préparé des bouillies enrichies pour les jumeaux etc…
pendant plusieurs semaines. En fait ne voyant un résultat immédiat, la femme s’est découragée et a
baissé les bras. Cela montre plusieurs points. Déjà, une non-reconnaissance pour Paulette du travail
qu’une a fait pour eux. Un non-respect de son travail. Il est dur pour une femme de reconnaître qu’elle a
besoin de l’aide d’une autre femme… Difficile pour Paulette de garder courage dans son travail ! Cela
montre aussi le peu de détermination de la mère. Les femmes là bas ont tellement d’enfants que l’instinct
de maternité est diminué. C’est une situation qui est difficile à gérer. Il ne faut pas tomber dans
l’assistanat, je le sais. Mais lorsque l’on voit des cas ainsi, il est difficile de ne pas « craquer ». Et j’ai
craqué. J’ai acheté tout ce qu’il fallait pour faire des bouillies enrichies pour ces jumeaux pendant deux
mois. Maïs, soja, petits poissons, lait en poudre, sucre, … Nous avons fabriqué ensemble (mère et moi)
cette poudre qui permettra de rétablir les jumeaux, selon les instructions de Paulette qui en plus d’être
diplômée infirmière, est formée dans la dénutrition ! Je me disais que le fait de faire de l’assistanat, même
si ce n’est pas la solution, cela aura peut être permis de prendre en charge la mère et ses enfants, et lui
redonner le goût de cette bataille de mère. Seul l’avenir le dira.
3 / Contacts importants et partenaires rencontrés :
Wabi, ingénieur agronome qui nous éclaire souvent sur les us et coutumes…
Constance et Rodrigue, qui sont les animateurs de la case des enfants.
Paulette, infirmière diplômée d’état et formée dans la dénutrition.
Charles, soignant au dispensaire
Razac, jeune au contact facile et qui parle anglais et apprend le français, et qui est toujours partant pour
nous expliquer la manière de vivre des gens, les us et coutumes.
4 / continuité de la mission :
Je pense qu’il faudrait davantage accentuer sur l’autonomie du dispensaire, et sur la prévention au sein
de la population. Retourner à l’école pour faire des actions de préventions avec les enfants. J’ai trouvé
que ça avait bien marqué les esprits sur les plaies… c’est un enfant de l’école qui m’avait tiré par le bras
pour m’emmener dans la case du « vieux » qui avait la main droite abimée…
Continué l’éducation auprès des soignants du dispensaire sur l’utilisation du matériel et des médicaments
européens. Hygiène des locaux, rangements et péremption régulière.
Faire de la prévention auprès des enfants à la case des enfants. A organiser avec Constance et Rodrigue.
Pourquoi ne pas inventer une chanson de prévention ? (ne pas écraser de médicaments sur les paies, ne
pas prendre n’importe quel médicament…etc.. ??)
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5 / Impressions personnelles et remerciements
Ce voyage d’un mois fut pour moi court, long, formidable, génial, dur, formateur, vivant… tellement
d’émotions… tellement de rencontre… tellement à faire…. Tellement à voir… tellement à découvrir…
tellement … tellement… à refaire !
Bien sûr comme je l’ai déjà détaillé, l’investissement personnel dans ce voyage est énorme. On a envie de
faire bouger les choses. On a une sorte d’idéal (au niveau de la santé j’entends) et l’on veut s’en
rapprocher. Cet idéal n’est pas forcément réalisable au bénin. J’aimerai que la population prenne
conscience de l’importance de la santé. Etre en bonne santé et tout faire (prévention) pour le rester. Mais
les préoccupations de la population sont très loin de la santé. On apprend énormément pendant ce
voyage. Une autre manière de vivre, un autre système de santé. Une autre mentalité. Très difficiles
d’expliquer mes « impressions personnelles » en quelques mots… un voyage extraordinaire, utile, plein
d’émotions, que je conseille à tous de faire et de vivre.
Je remercie infiniment Mélanie et Nolwenn sans qui rien ne sera possible. Une équipe pleine de bonne
humeur, chaleureuse et motivée qui ont un but ! Toujours là pour nous écouter et nous conseillées.
Toujours présentes pour notre bien être et la bonne évolution dans la mission, et la bonne intégration
dans le groupe.
Je remercie également Eugène et Ambroise, partenaires locaux irremplaçables. Merci à Ambroise pour
toute son aide tout au long de mon séjour à Bopa, pour avoir toujours été présent tout au long de ma
mission là bas. Les traductions, les explications, les déplacements sur le terrain, sa motivation sans égale,
son engagement pour Bopa… il m’a fait voir l’autre visage « de la santé » de Bopa.
Merci également à Agnès à Bopa et tous les partenaires que j’ai pu rencontré tout au long d ma mission
autant à Bopa, qu’a Togbota.
Une pensée pour Marcelin et Jonas, deux enfants de Togbota avec qui la construction de la salle d’attente
à pu être réalisée.
Je remercie aussi particulièrement Paulette infirmière diplômée de Togbota, avec qui les échanges ont été
très instructifs et très intéressants. Sa position est difficile, tous mes encouragements pour elle.
Et enfin je remercie le groupe de jeunes (il parait que j’étais la plus vieille !) pour leur entrain, leurs
motivations, et cette super bonne ambiance qui fait adoucir les moments difficiles de la mission. On est
plus solide quand on est ensemble. Merci à eux !
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