« Une mouche sèche à l`ouverture ? Oui ! »
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« Une mouche sèche à l`ouverture ? Oui ! »
LE CHASSEUR FRANÇAIS, mars 2013 Texte et photos : Erwan Balança « Une mouche sèche à l'ouverture ? Oui ! » Rosporden (FINISTERE) – Un grand moment, l'ouverture ! Et quand Bruno Joncour, fou de pêche à la mouche, nous a parlé de faire la en sèche, nous avons été très surpris mais avons décidé de lui faire confiance. Au poisson nageur, au vers, au vairon, oui, tout cela, nous l'avons essayé, mais commencé dès mimars à la mouche, voilà une autre histoire! Bruno, pêche depuis longtemps en Bretagne, dont il connaît moult parcours. Il a traîné ses waders dans presque toutes les rivières du Finistère et du Morbihan. Et c'est dire cette connaissance qui constitue la première clef d'une ouverture. Nous nous retrouvons au bord de l'Aven, au moulin Guilers. Nous sommes sous le charme. Le lieu est magique: une petite vallée préservée, sauvage, du givre sur l'herbe...Bruno nous regarde amusé: « il va faire beau, le ciel est dégagé, les rayons du soleil ne vont pas tarder à frapper la rivière. Il faut attendre que l'atmosphère se réchauffe pour que les premières éclosions de mouches se produisent et je nous garantis une belle pêche, mais pas avant la fin de la matinée. » Lancers d'essai Nous profitons des premières heures pour nous refaire la main. Les lancers ne sont pas simples dans cette petite rivière bordée de berges boisées. Nous sommes concentrés sur nos gestes quand Bruno nous annonce que ça ne devrait pas tarder. Ne voyant ni insecte ni poisson en activité, nous l'interrogeons. « Il est important d'observer en permanence les oiseaux et, plus particulièrement, les bergeronnettes. En effet, quand elles volent au dessus de l'eau et sautent de caillou en caillou, c'est qu'elles chassent les mouches qui viennent d'éclore de la rivière, les truites sont certainement aussi en activité! » Première prise Les yeux braqués sur la surface de l'eau, nous repérons un gobage sous les branches basses. Nous fouettons la mouche et, dans la précipitation, nous plaquons le posé. Cette erreur technique a effrayé la belle mouchetée. Confus, nous ne bougeons plus, et attendons de voir si le poisson se remet en activité. Que ces minutes sont longues ! Finalement, un petit remous en surface trahit la présence de notre truite. Cette fois, nous lançons sans précipitation et la mouche se pose délicatement dans l'axe du poisson. Lequel perce la surface et se saisit de l'artificielle. C'est l'instant magique, notre premier poisson de la saison est au bout de la ligne. La soie coincée entre les doigts, nous récupérons de la main gauche, la truite se rend et la saisissons délicatement. C'est un poisson d'une trentaine de centimètres, un joli spécimen pour cette petite rivière. Nous le remettons à l'eau et savourons ce beau moment. Pas de gros poissons, ils sont très rares ici, mais de nombreuses prises. Bruno avait vu juste ! Au mois de mars, les truites n'ont pas été pêchées depuis plusieurs mois et sont moins craintives.Selon notre guide, ce parcours est souvent plus pêchant à l'ouverture que plus tard dans l'année quand les feuilles des arbres masquent l'eau. Nous pêchons jusqu'à 17 heures. Pendant ce laps de temps, la pêche va subir des pics d'activités différents. Lorsque le soleil brille, les truites sont actives sur les éclosions de mouches, un nuage, et plus rien. La rivière semble déserte ; Il faut donc savoir réagir vite...lorsque nous ne voyons plus d'indices d'activité nous passons en nymphe. Un morceau de fil fluo sert d'indicateur de touche, et nous « pêchons l'eau » ou les postes plus identifiés comme tels. Cette pêche fine donne souvent de bons résultats. Mais là encore, le choix du site est primordial. Il faut une rivière qui réagisse rapidement avec le soleil, un petit cours d'eau avec des zones bien exposées. Ces quelques degrés de différence peuvent mettre les insectes en activité. La suite, et bien ! Vous la connaissez. Matériel Quelles mouches ? En mars, les premières à éclore sont souvent les baetis rhodani, petites éphémères de couleur grise. Les moucheurs imitent ces « mouches grises à corps de jaune» avec des plumes grises de coqs spécialement élevés pour ce montage. Il y a aussi les éclosions des mouches de porte-bois ou de porte-pierre (appelés sedges), qui provoquent parfois la frénésie chez les truites ...On imite ces mouches avec des plumes de faisan ou de bécasse. Pour les nymphes, Bruno utilise un dubbing teinté vert olive de lapin et de lièvre mélangés... Montages Mouche parachute sur hameçon n°14, qui imite de nombreux éphémères. Mouche sedge, sur hameçon n°14, imitation de nombreux porte-bois. Petite nymphe, sur hameçon n°16, imitation de mouches sous l'eau. Canne De 7.6 pieds, soie flottante de numéro 4, bas de ligne de 2.2m de long, pointe finale de 60 cm en 12 centièmes...