ANESTHESIE TRONCULAIRE DU NERF DENTAIRE INFERIEUR

Transcription

ANESTHESIE TRONCULAIRE DU NERF DENTAIRE INFERIEUR
ANESTHESIE TRONCULAIRE DU
NERF DENTAIRE INFERIEUR
Position de l'épine de Spix sur une population de type négro-africain
B. DIALLO, S. DIA-TINE, Ch. NDIAYE-FATY, S. BADJI
INTRODUCTION
Figure 1 : Repérage du Foramen mandibulae
L'anesthésie loco-régionale est pour le chirurgiendentiste, un moyen essentiel dans la réalisation de
certains actes douloureux. C'est pourquoi, l'on a
cherché une méthode d'anesthésie du nerf dentaire
inférieur avant son entrée dans le canal dentaire :
c'est l'anesthésie tronculaire à l'épine de Spix.
La technique en est bien codifiée, mais de nom-breux
auteurs y ont apporté des améliorations, fruits de leur
expérience et de leurs recherches.
Notre objectif est d'étudier sur une population négroafricaine, la position de l'épine de Spix, en tenant
compte des repères anatomiques classiques.
Nous nous appesantirons également sur une donnée
souvent négligée, mais pouvant revêtir une grande
importance quant à la réussite d'une anes-thésie à
l'épine de Spix : la forme.
1 - MATERIELS ET METHODES D'ETUDE
Notre étude, faite sur 96 hémi-mandibules sèches a
été réalisée au laboratoire de crâniologie de l'Institut
Fondamental d'Afrique Noire (I.F.A.N.).
Nous avons d'abord décrit la forme de l'épine de Spix
sur les différentes pièces étudiées, réalisant ainsi un
premier paramètre d'uniformité.
Ensuite, nous avons défini des paramètres chiffrés
dénommés à, a1, a2, b, c, et d.
- a : distance qui sépare le plan occlusal molaire et
l'épine de spix,
- a1 : distance qui sépare les verticales abaissées
de la 3ème molaire et de l'épine de spix,
- a2 distance qui sépare les verticales abaissées
de la seconde molaire et de l'épine de spix,
- b : distance qui sépare l'épine et le bord antérieur
de la branche montante,
- c : distance qui sépare l'épine de Spix et le bord
postérieur de la branche montante,
- d : distance qui sépare l'épine de Spix et le
rebord basilaire. (Voir figure n° 1).
Le choix de ces paramètres relève du fait que ce sont
des repères fixes qui caractérisent de façon assez
précise la position de l'épine de Spix tant par rapport
à la distance qui la sépare des bords antérieur,
postérieur et basilaire.
2 - RESULTATS
2.1 - Forme de l'épine de Spix
Sur les 96 hémi-mandibules recensées, l'épine de
Spix se présente sous des formes très variées et
dans des proportions variables. C'est ainsi que :
- dans 18,33 % des cas, elles ont une lingula très
prononcée (forme 1),
- dans 9,99 % des cas, elles sont ovales et sans
éperon osseux (forme 2),
- dans 22,49 % des cas, elles se présentent sous
forme de cavités franches et plongeantes avec une
lingula peu marquée (forme 3),
- dans 19,37 % des cas, ce sont des dépressions
(forme 4),
- dans 29,78 % des cas, elles ressemblent à des
entonnoirs ou des conduits à bords nets (formes 5).
Odonto-Stomatologie Tropicale
Anesthésie tronculaire...
2.2 - Les paramètres chiffrés
molaire (9,5 mm à + 14,5 mm).
Nous n'avons pas retrouvé d'épine de Spix au dessous du plan occlusal.Cette grande variabilité peut
s'expliquer par un facteur important, la taille de la
mandibule qui dépend de la stature du sujet.
Tableau 1 : Moyennes des différents paramètres
(exprimés en millimètres)
Droite
Moyennes
des distances
Paramètres
Gauche
Moyennes
des distances
9,40
26,22
38,21
23,31
18,19
24,93
a
a1
a2
b
c
d
09,03
62,78
38,15
22,91
18,31
25,01
a1 et a2 : distance entre les verticales abaissées
de la seconde et de la troisième molaire et l'épine
de Spix.
La dent de sagesse, élément important dans le repérage de l'épine de Spix, peut être absente de l'arcade
dentaire. Aussi, nous avons effectué ces mesures
dans le but d'apporter d'autres critères d'appréciation
à l'opérateur. En effet, la connaissance de la position
de l'épine de Spix par rapport à la seconde molaire
peut être "un plus" pour l'opérateur.
3 - DISCUSSION
3.1 - La forme
b et c : distances entre l'épine de Spix et les bords
antérieur et postérieur de la branche montante.
Nous avons recensé dans notre étude 5 formes différentes ; elles peuvent favoriser ou retarder la diffusion
d'une solution anesthésique déposée au niveau de
l'épine de Spix.
Comparativement aux travaux de PERIER, rapportés
par MANGEMATIN-IMBERDIS (8), nous avons
retrouvé trois des cinq formes décrites :
- le type A : véritable épine qui recouvre en général
1/3 ou la moitié de l'orifice, il correspond à la forme
1 de notre étude et qui représente 18,33 % de
l'échantillon,
- le type B : fréquent chez l'Européen, avec un sulcus largement ouvert sans formation operculaire, très peu en relief sur la surface osseuse, c'est l'équivalent de la forme 3 (22,49 %),
- le type C : sans épine visible, il s'apparente à la
forme 5 de notre échantillon et qui est la plus
représentative (29,78 %).
Dans le plan horizontal, la situation de l'orifice par
rapport aux bords antérieur et postérieur est capitale
dans la réussite de l'anesthésie du nerf inférieur.
DECROZAILLES et BATAILLE (4) soutiennent que
l'épine de Spix est équidistante de ces deux repères ;
en fait, elle est plus proche du bord postérieur que du
bord antérieur (18 mm pour le bord postérieur et
23 mm pour le bord antérieur).
d : distance entre l'épine de Spix et le rebord
basilaire
A titre indicatif, nous avons mesuré cette distance ne
serait-ce que pour mieux préciser le point d'impact de
l'aiguille par rapport au rebord basilaire que l'on peut
palper aisément.
Nous avons également noté que nos chiffres diffèrent
selon le côté, cette variation est de l'ordre de 0,07 mm
en faveur du côté droit. Ceci est certes infime, néanmoins il confirme l'idée qui veut que la symétrie faciale n'existe pas.
La littérature ne fait pas mention des deux autres formes (4 et 5) que nous avons trouvées avec des scores de 9,99 % et 19,37 %. A la limite, on peut les rapprocher du type B qui ne présente pas non plus de
formation operculaire.
CONCLUSION
3.2 - Les paramètres chiffrés
Nous avons constaté au cours de cette étude, que la
position de l'épine de Spix dans une population
négro-africaine compte des variations par rapport aux
normes classiques décrites dans les manuels d'anesthésiologie. En établissant quelques chiffres spécifiques à une population de type "sénégalais", nous
avons essayé de mieux cerner les paramètres utiles à
la réalisation d'une anesthésie tronculaire correcte
dans notre environnement habituel.
a : distance entre le plan occlusal et l'épine de
Spix
Dans notre échantillon, cette valeur est d'environ
9,4 mm alors que ROUVIERE (10) l'estime à 10 mm.
Quant à MANGEMATIN-IMBERDIS (8), il a trouvé sur
un total de 110 mandibules, aussi bien des épines de
Spix au dessous qu'au dessus du plan occlusal
6
Odonto-Stomatologie Tropicale
Anesthésie tronculaire...
RESUME
Après avoir défini des paramètres chiffrés en fonction des repères anatomiques classiques, les auteurs
décrivent la position de l'épine de Spix dans une population de type négro-africaine. Les différentes formes de l'épine de Spix rencontrées dans cette population ont également été étudiées et comparées à celles décrites chez d'autres populations.
Mots-clés : anesthésie tronculaire, épine de Spix
SUMMARY
Lower dental nerve block anaesthesia : Spix's spine position among an African population
After defined coded parameters dependent of classical anatomical landmarks, the authors describe the
spix's spine position into an african population. The different shapes of the spix's spine met in that
population have been equally studied comparatively to those described in other populations.
Key-words : nerve block-spix's spine
BIBLIOGRAPHIE
1 - BENNET C.
Anesthésie locale et traitement de la douleur en pratique dentaire.
6ème édition, Paris, DORN Editeur, 1980, 450 p.
2 - BEZZINAC C., CARRIE Y.
Repérage de quelques sites d'infiltration en anesthésie dentaire.
Mise en évidence de leur exactitude.
Inf. Dent., 1985, 67, (18), 1823-30.
3 - BRAND R., ISSELHARD
Anatomy of orofacial structures.
Fourth édition.
St Louis, Rovert W., 1990, 496 p.
4 - DESCROZAILLES Ch., BATAILLE R.
Anesthésie locale et traitement de la douleur en pratique odontologique.
Paris, DOIN, 1980, 331 p.
5 - FAVE A., HIRIGOYEN Y., VIALIN M.
Anesthésie loco-régionale.
E.M.C. Stomatologie 1988, 22090 K 10.
6 - GAILLARD M., CHARLOT M.F.
Techniques nouvelles d'anesthésie loco-régionale.
Quelles valeurs leur accorder ?
Inf. Dent., 1988, (39), 3901-3906.
7 - GAUDY J.F.
L'anesthésie en odontologie : réalité clinique.
Revue Européenne d'Odontologie, 1991, 2, (1), 33-49.
8 - MALAMED S.F., STRIEGE N.
Intraoral maxillary nerve block : an anatomical and clinical study.
Anesth. Prog., 1993, 30, (2), 44-48.
9 - MANGEMATIN-IMBERDIS E.
Variations morphologiques du nerf dentaire inférieur et leurs conséquences.
Thèse Chir. Dent., Clermont-Ferrand, 1982.
10 - MISSIKA P.
Stratégie de l'anesthésie en pratique courante.
11 - ROUVIERE H., DELMAS A.
Anatomie humaine descriptive, topographique et fonctionnelle
Tête et cou. Tome 1, 12ème édition.
Paris, Masson, 1985, 608 p.
7

Documents pareils