CLAUDIO mOnteverDI - Opéra de Saint
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CLAUDIO mOnteverDI - Opéra de Saint
CLAUDIO monteverdi dossier pédagogique Dossier proposé dans le cadre du dispositif Lycéens à l’Opéra, financé par la Région Rhône-Alpes. Dossier réalisé sous la direction de David Camus Coordination générale élodie Michaud Rédaction des textes Jonathan Parisi Suivi de fabrication Aurélie Souillet Document disponible en téléchargement sur www.operatheatredesaintetienne.fr Contacts Fanny Loingeville Chargée du développement des publics 04 77 47 83 60 / [email protected] Clarisse Giroud Chargée de la médiation et de l'action culturelle 04 77 47 83 62 / [email protected] ORFEO CLAUDIO monteverdi Fable en musique en 1 prologue et 5 actes Livret d’Alessandro Striggio Direction musicale Leonardo García Alarcón Mise en scène Laurent Brethome Dramaturgie Daniel Hanivel Scénographie Rudy Sabounghi Costumes Marie-Frédérique Fillon Lumières David Debrinay Chorégraphie Yan Raballand Assistant musical Pierre-Louis Rétat Assistant mise en scène Fabien Albanèse Orphée Fernando Guimarães Solistes, chœur & orchestre de la 20e Académie baroque européenne d’Ambronay La Musique Francesca Aspromonte Eurydice Reut Ventorero La Messagère Angelica Monje Torrez L’Espérance Cecilia Mazzufero Charon Iosu Yeregui Proserpine Claire Bournez Pluton Yannis François Apollon Riccardo Pisani Nimphe Alice Kamenezky Bergers et esprits infernaux Hugo Bolívar, Alexis Knaus, Julían Míllan, Emilio Aguilar, Olivier Rault, Simone Milesi Grand Théâtre Massenet Mardi 8 octobre : 20h Durée 1h50 sans entracte En italien, surtitré en français 1 h avant la représentation, propos d’avant spectacle. Gratuit sur présentation de votre billet. Production Centre Culturel de rencontre d’Ambronay Coproduction Centre Culturel de rencontre d’Ambronay, Théâtre de Bourg-en-Bresse, Opéra Théâtre de Saint-Étienne, Opéra de Reims Cette production bénéficie du soutien de la fondation Orange. L’Académie baroque européenne d’Ambronay est ambassadeur culturel de l’Union européenne Costumes réalisés dans les ateliers de Opéra Théâtre de Saint-Étienne Les costumes ont été réalisés grâce au soutien de la Holding Textile Hermès. Décors réalisés dans les ateliers de l’Opéra de Reims SOMMAIRE Découverte de l’œuvre p.06 Claudio Monteverdi La genèse de L'Orfeo Personnages et argument Guide d'écoute p.14 orfeo àLes l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne maîtres d'œuvre Les solistes et le chœur Les grands axes de L'Orfeo par Laurent Brethome Iconographie commentée de la production Pistes pédagogiques p.21 Piste 1 - La musique des Enfers Piste 2 - Mettre en scène le jugement de Pluton Piste 3 - Le mythe d'Orphée dans les arts en général Ressources supplémentaires p.27 L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne / Présentation générale Petite histoire d’une production Annexes p.30 Voix et tessitures Composition de l'orchestre Glossaire Bibliographie sélective DECOUVERTE DE L'OEUVRE CLAUDIO MONTEVERDI (Crémone 1567 - Venise 1643) Doté d'un esprit novateur et occupant divers postes prestigieux, Monteverdi est un compositeur très reconnu de son vivant et considéré aujourd'hui comme l'un des pères de l'opéra. Claudio Monteverdi, portrait de Bernardo Strozzi, 1640. Né à Crémone dans la patrie des luthiers, c'est auprès du maître de chapelle Antonio Ingegneri que débute son apprentissage musical. Il étudie la viole, l'orgue, le chant et la composition, jusqu'à la publication en 1587 de son Premier livre de madrigaux* à cinq voix, marquant le début de sa carrière. Monteverdi s'installe ensuite à Mantoue et entre, en 1591, au service du Duc Vincenzo de Gonzague qui entretenait une troupe de musiciens réputée. Très rapidement, le jeune musicien accompagne le Duc dans ses voyages et parcourt ainsi l'Autriche, la Hongrie et la Flandre. En 1599, le compositeur épouse la chanteuse Claudia de Cattaneis, musicienne de la cour de Mantoue. Les jeunes époux auront trois enfants avant que Claudia ne meurt (en 1607), plongeant Monteverdi dans une profonde et durable peine. En 1601, Monteverdi est nommé maître de chapelle, poste qu'il espérait obtenir depuis longtemps. Il compose quatre livres de madrigaux révélant une théâtralité tout à fait nouvelle pour ce genre traditionnellement sobre. Ceux-ci remportent un grand succès tout en déclenchant les foudres d'Artusi, un célèbre compositeur et théoricien de la musique, qui condamne les innovations stylistiques de Monteverdi en les qualifiant de « compositions âpres à l'ouïe, peu agréables » et qui « transgressent les règles ». Par l'utilisation de l'écriture monodique* et l'expression exacerbée d'affetti (affects, sentiments), les madrigaux de Monteverdi conduisent très naturellement le compositeur à franchir le dernier pas qui le séparait du dramma per musica (drame en musique, opéra). C'est ainsi qu'il compose son premier ouvrage dramatique : L'Orfeo (1607). 6 * les termes suivis d'un astérisque sont à retrouver dans le glossaire p33 En 1610, dans le Cantique des Cantiques et les Vêpres de la Sainte-Vierge, le compositeur montre même une tendance à théâtraliser l'écriture liturgique (division entre chœur et solistes, écriture en vocalises) tout comme il l'avait fait pour le madrigal. Les frontières entre les styles s'estompent alors peu à peu chez Monteverdi, tandis qu'il prouve de réelles dispositions pour l'écriture opératique. En 1612, peu de temps après la mort du Duc, Monteverdi va quitter Mantoue pour Venise où il obtient le poste prestigieux de maître de chapelle de l’église San Marco. Il entreprend immédiatement de dynamiser le chœur en engageant de nouveaux chanteurs et enrichit le répertoire d'œuvres de Lassus et de Palestrina, ainsi que de ses propres œuvres. Tout en assumant son nouveau poste à Venise, Monteverdi continue de composer pour Mantoue mais également pour diverses confréries religieuses ou de nobles mécènes. Il compose ainsi Il Combattimento di Tancredi e Clorinda pour une représentation privée à Venise (1624), de nombreux intermèdes pour divertir la cour des Farnèse à Parme, des drames musicaux pour différents mariages, sans oublier les derniers livres de madrigaux (9 livres au total dans sa carrière). À partir de 1637, tandis que plusieurs opéras publics ouvrent à Venise, Monteverdi est sollicité pour la composition de nouveaux ouvrages dramatiques. C'est ainsi que Il ritorno d'Ulisse in patria et une nouvelle version de L'Arianna sont donnés en 1640. Enfin en 1643, peu de temps avant la mort du compositeur, est créée L'incoronazione di Poppea, son dernier opéra. C'est au sommet de sa gloire, âgé de soixanteseize ans, que Monteverdi meurt à Venise, capitale mondiale de l'opéra à l'époque. Il demeure admiré, aujourd'hui encore, pour sa capacité à révéler le sens profond des textes qu'il met en musique. À l'échelle globale de l'histoire de la musique, Monteverdi se pose comme un personnage clé entre la Renaissance et le Baroque, son œuvre la plus célèbre, L'Orfeo - bien que fortement nourrie par le madrigal de la Renaissance - ayant propulsé l'écriture monodique au centre de tous les intérêts pour de nombreuses générations de compositeurs à venir. LA GENÈSE DE L'ORFEO 1600, Florence. Le Duc de Mantoue assiste aux festivités données en l'honneur des noces1 d'Henri IV de France et de Marie de Médicis, événement au cours duquel est jouée Euridice de Péri, première œuvre où musique et drame se conjuguent d'une telle façon. Séduit par la puissance d'évocation de ce nouveau genre dramatique, le Duc commande à Monteverdi une œuvre semblable, si possible meilleure ! C'est ainsi que Monteverdi se plonge dans la composition de L'Orfeo, s'inspirant alors des œuvres des Florentins (Péri et Caccini) mais réalisant surtout la synthèse entre le madrigal traditionnel et un style monodique nouveau (écriture musicale où une voix soliste est mise en avant). À la différence d'Euridice de Péri, L'Orfeo n'est pas destiné à une célébration particulière. L'œuvre est donnée pour la première fois au Palais ducal de Mantoue (1607), en représentation privée, devant l'Accademia degli Invaghiti, un cercle de musiciens et intellectuels installé à la cour des Gonzague. Ainsi, le genre opératique, à sa naissance, n'est pas destiné au large public mais plutôt réservé aux cercles d'intellectuels et d'aristocrates. L'opéra n'est pas encore un spectacle public et payant, mais un divertissement offert à la cour. Bien que L'Orfeo ait été l'une des premières œuvres à montrer toutes les possibilités musicales et dramatiques du genre opératique, il faudra attendre les œuvres vénitiennes de la décennie 1640 et l'ouverture de la première maison d'opéra, le Théâtre San Cassiano, à un public payant, pour que ce genre se développe et prenne sa véritable envergure. De son côté, L'Orfeo, peu joué après sa création, ne sera redécouvert qu'à l'époque moderne lors d'une représentation à Paris, le 25 février 1904, sous la direction de Vincent d'Indy, s'inscrivant alors durablement dans le répertoire lyrique. C'est Ferdinand Ier de Médicis, Grand-duc de Toscane, qui représente le Roi de France à cette occasion. Marie de Médicis et Henri IV ne s'uniront réellement que le 17 décembre 1600 à la cathédrale Saint-Jean à Lyon. 1 L'un des 1ERs opéras de l'histoire ! Excepté Euridice de Péri (1600), dont la partition perdue (faute de succès ou faute de précaution) n'entrera pas au répertoire, L'Orfeo de Monteverdi (1607) est le premier opéra de l'histoire. Même si à l'époque le genre est encore mal défini et que l'on parle plutôt de fable ou de drame en musique. Décidemment le mythe d'Orphée et Eurydice fût au cœur de la naissance de l'opéra ! Frontispice du livret de L'Orfeo. 7 Personnages et argument Personnages principaux L’action en deux mots… Orphée (ténor, le rôle fut créé par un castrat) – jeune poète Eurydice (soprano) – jeune nymphe La Musique (soprano) – personnage allégorique qui décrit les pouvoirs d’Orphée L’Espérance (soprano) – personnage allégorique qui guide Orphée au seuil des Enfers Silvia (soprano) – une messagère Pluton (basse) – Dieu des Enfers et des mondes souterrains Proserpine (soprano) – épouse de Pluton Caron (basse) – passeur, gardien du Styx Apollon (ténor) – Dieu de la lumière, de la beauté et de la musique Tandis qu’Orphée se réjouit de son mariage avec Eurydice, il apprend que celle-ci vient de succomber à la morsure d’un serpent. Orphée entreprend alors une descente aux Enfers pour tenter d’en ramener sa bien-aimée... 8 Maquette du costume de La Musique par Marie-Frédérique Fillon, mise en scène de Laurent Brethome. Argument Prologue : L'allégorie de la Musique présente Orphée, un jeune poète au chant tout puissant. L'action se déroule en Grèce, aux temps mythologiques. Acte I : Dans la campagne de Thrace, un pâtre décrit les anciens tourments amoureux d'Orphée, tandis que nymphes et bergers invoquent Hymen, la déesse du mariage. Car Orphée va bientôt épouser la belle et jeune Eurydice à laquelle il chante tout son amour. Acte II : Silvia, la Messagère vient annoncer à Orphée la mort d'Eurydice, mordue par un serpent. Ne pouvant accepter ce cruel destin, Orphée décide de descendre aux Enfers pour ramener son aimée ou demeurer avec elle au royaume des morts. Acte IV : Charmée par ce chant prodigieux, Proserpine défend la cause d'Orphée auprès de Pluton, son époux. Eurydice est ainsi rendue à Orphée, à la condition qu'il ne cherche pas à la regarder avant d'être sorti avec elle du royaume des Ombres. Mais Orphée, pris de doutes, se retourne et Eurydice disparaît à jamais. Acte V : Effondré de douleur et errant sans réconfort, Orphée déclare qu'il renonce à tout autre amour. Apollon descend alors d'un nuage pour enlever Orphée vers un éternel séjour sur l'Olympe... Acte III : Guidé par l'Espérance, Orphée est parvenu jusqu'aux rives du Styx, mais Caron, gardien du fleuve, ne l'autorise pas à traverser. Par son chant magique, Orphée plonge Caron dans un profond sommeil et franchit la rive seul. Focus sur... Les Enfers En bref : Orphée vivant ou mort ? Les Enfers grecs (au pluriel, différent de l'Enfer du christianisme) correspondent à un véritable royaume, avec ses régions, ses îles, ses fleuves. Dans ce monde sous-terrain, règnent le dieu Hadès (nom romain : Pluton) et sa femme Perséphone (nom romain : Proserpine). Différents personnages habitent également au royaume des morts, comme Cerbère, le chien à trois têtes, ou Caron, le gardien du fleuve conduisant aux Enfers. Foudroyé par Zeus pour avoir révélé des secrets divins aux hommes, mort accidentellement dans un soulèvement populaire, ou encore déchiqueté par des créatures féroces : les différentes légendes ne semblent pas vouloir qu'Orphée survive ! Pourtant, dans l'œuvre de Monteverdi (et contrairement aux Métamorphoses d'Ovide qui sert pourtant de base à l'écriture du livret) Orphée n'est pas dévoré par les bacchantes mais sauvé par Apollon qui le conduit au sommet de l'Olympe. 9 Guide d'Écoute Pour composer L'Orfeo, Monteverdi s'inspire non seulement des œuvres des Florentins (Péri et Caccini) et des intermezzo* en vogue, mais il puise également dans le madrigal* traditionnel dont il est devenu le grand représentant. De l'intermezzo, Monteverdi garde la vivacité d'action, tandis qu'il conserve du madrigal la fusion entre texte et musique. L'œuvre enchaîne ainsi différents épisodes musicaux de caractères différents avec un grand naturel. Musique et action évoluent ensemble avec beaucoup de vitalité, sans découpes particulières entre les scènes (comme on le trouve dans l'opéra romantique). Sur le plan de l'écriture vocale, Monteverdi opère une synthèse des nouveaux modes de chant en usage à son époque. 10 Ainsi, L'Orfeo est une œuvre composite où se côtoient différents types d'écriture. Le guide d'écoute suivant propose alors d'observer comment les 3 types d'écritures principaux s'agencent entre eux dans la partition de Monteverdi : - le "style récitatif" : écriture semi-parlée, semi-chantée, proche de la déclamation, très utile lorsqu'il s'agit de commenter ou faire avancer l'action. - le "style madrigal" : écriture à plusieurs voix traitées de façon égale, mobilisée pour les scènes entre plusieurs personnages. - l'écriture monodique : écriture où une voix soliste est mise en avant, soutenue en arrière plan par d'autres voix ou instruments, utilisée pour s'épancher sur un sentiment ou un moment particulier. Note Nous recommandons comme enregistrement musical la version de L'Orfeo dirigée par Emmanuelle Haïm, réalisée avec l'orchestre du Concert d'Astrée le plus fidèlement possible à l'instrumentarium de l'époque. Cette version, fortement remarquée et récompensée lors de sa sortie, réunit Ian Bostridge (Orphée), Patrizia Ciofi (Eurydice), Natalie Dessay (La Musique), Véronique Gens (Proserpine) et Mario Luperi (Caron). 1 - Chœur « Lasciate i monti... » Ce chœur à cinq voix est un chant d'allégresse qui invite les nymphes à quitter les montagnes et venir célébrer la déesse Hymen. Les différentes voix font leurs entrées en imitation*, effet musical fréquent à l'époque de Monteverdi et qui fonctionne extrêmement bien lorsqu'il s'agit de donner de la vitalité et de l'enthousiasme à un épisode musical. Apparaît ensuite une deuxième section totalement homorythmique*, de caractère plus contemplatif et qui évoque le dieu du soleil. Enfin, une troisième section purement instrumentale expose une ritournelle* vive et enjouée dans laquelle on peut entendre toute l'artillerie de la fête pastorale : tambour de basque et flûtes à bec, soutenues par le clavecin et les cordes frottées. Par son écriture à 5 voix et son traitement égal des lignes vocales ce chœur relève du "style madrigal". 2 - Air d'Orphée « Rosa del ciel... » Le contraste est ici total avec les précédents épisodes où étaient célébrées la nature et ses divinités dans une grande vitalité et une grande fraîcheur. Le ton devient sombre, tandis que le chant d'Orphée se déploie sur un accord mineur glacial et statique. On sent ici la volonté claire de souligner l'importance du personnage principal. Orphée apparaît en scène dans un épisode musical qui rompt totalement avec le type d'écriture utilisé jusque-là. Il possède un registre dramatique à part, c'est le héros mélancolique et rêveur, l'écriture musicale le place donc instantanément à part. Le texte de cet air avance en permanence. Il n'y a pas de reprise de phrases comme on le trouverait dans l'opéra romantique, pas de structures organisées entre couplets et refrain, seulement un enchaînement de phrases très naturelles qui collent au plus près de la pensée du personnage. Seuls quelques mots sont répétés, comme « sospirar » (soupirer, aspirer à), appuyant bien la dimension passionnée d'Orphée, amoureux transit d'Eurydice. Par sa seule ligne vocale et son développement d'un sentiment (la mélancolie) cet extrait relève de l'écriture monodique. 10 3 - Duo des bergers « Ma s'il nostro gioir » Cette scène des deux bergers, dans sa construction, est tout à fait typique de Monteverdi. Même si différents épisodes s'enchaînent sans pause, sans coupure nette entre eux, l'architecture est très claire et tout à fait audible. C'est ainsi dans la plupart des scènes de L'Orfeo : des interventions de différents personnages ou des moments dramatiques de différents registres s'enchaînent naturellement en suivant l'évolution de l'histoire. Personnage(s) Écriture musicale 1er berger Style récitatif X Ritournelle orchestrale Les 2 bergers Style madrigal X Ritournelle orchestrale Chœur Style madrigal L'intervention du 1er berger se fait dans un style récitatif (mi-parlé mi-chanté). Le rythme musical est extrêmement fidèle à la diction italienne et permet au chanteur, en accord avec l'orchestre, de chercher le tempo juste, capable de rendre cette écriture spécifique la plus naturelle et la plus vivante possible. Une ritournelle orchestrale vient ensuite encadrer la section centrale. Dans cette section centrale, les deux bergers chantent ensemble dans un style clairement inspiré du madrigal. Mais l'écriture madrigalesque, équilibrée entre les voix, se théâtralise l'espace d'un instant, lors d'une intervention soliste du 2e berger, sur les mots « benche tal'hor » (voir rond gris). Cet effet surprenant traduit alors le basculement de l'écriture monteverdienne, devenant de plus en plus opératique. Pourtant, à peine quelques notes plus loin, l'autre berger reprend ce même motif et ce même texte avant que les deux voix ne se réunissent et se rééquilibrent parfaitement. Silence Berger 1 Berger 2 Enfin, cette scène des bergers laisse entendre un chœur, dont l'écriture emprunte également au madrigal dans son équilibre entre les voix. Des entrées en imitations sont néanmoins aménagées, donnant un caractère festif à ce chœur. Et pour cause, puisqu'on célèbre l'amour entre Orphée et Eurydice. Le figuralisme musical*, effet traditionnel venu de la Renaissance, est alors mobilisé pour illustrer la rigueur de l'hiver dans des rythmes très longs et étirés sur les mots « après le gel rude de l'hiver » et la prospérité du printemps dans des rythmes courts et sautillants sur les mots « le printemps habille les champs de fleurs ». Ce même principe de figuralisme est à nouveau utilisé sur les mots « les soupirs étaient sa nourriture et les plaintes sa boisson » où les rythmes sont longs et pesants, avant de s'accélérer et de gagner en vitalité sur les mots « aujourd'hui il est si heureux ». Typique de Monteverdi et de son style croisant différents types d'écriture, cette scène relève à la fois du "style récitatif" et du "style madrigal". 11 4 - La Messagère « Ahi caso acerbo... » Alors qu'Orphée vient d'achever son nouvel air dans lequel il reconnaît qu' « après la souffrance, plus intense est le bonheur » et qu'un berger chante les bienfaits de la lyre d'Orphée sur la nature, intervient alors la Messagère. Le changement d'atmosphère est très brutal, et pour cause, la Messagère vient annoncer la mort d'Eurydice. Son intervention attaque sur des « Ah » très appuyés et de courbe descendante, traduisant une grande douleur. Les bergers et Orphée qui tentent de faire avancer la situation et questionnent peu à peu la Messagère, sont accompagnés par le clavecin au son sec et interrogatif. Ils ne connaissent pas encore l'ampleur de la nouvelle. La Messagère, elle, est accompagnée de l'orgue positif et du luth qui, dans un temps quasi suspendu, confèrent une dimension onirique voire divine aux interventions de la Messagère, véhiculant aussi bien la stupéfaction qu'une dimension de recueillement. De par les questions répétées des bergers et d'Orphée cet extrait relève du "style récitatif". La ligne vocale suspendue de la Messagère relève quant à elle de l'écriture monodique. 5 - Air de Caron « O tu ch'innanzi mort'a queste rive... » 12 Suite au duo entre Orphée et la Messagère l'ayant guidé jusqu'aux portes des Enfers, l'ambiance change radicalement. Le son strident et métallique de l'orgue régale* (instrument polyphonique qui symbolise les Enfers) se fait entendre, tandis que surgit la voix sombre et pesante de Caron : « il n’est point donné à un mortel de naviguer sur ces flots et les vivants ne peuvent naviguer avec les morts ». Tout vise ici à impressionner Orphée, le ton solennel et écrasant du gardien du fleuve comme le registre vocal lui-même qui descend dans l'extrême grave. Par le développement d'une seule ligne vocale sur un accompagnement instrumental cet extrait relève de l'écriture monodique. 6 - Air d'Orphée « Possente Spirto e formidabil Nume… » Il s'agit d'un air assez développé (14 min) où s'enchaînent de nombreux effets vocaux et instrumentaux mettant en scène le caractère magique du chant d'Orphée. Orphée est la personnification du chant et de la musique, d'où une instrumentation très riche de cet air. La quasi totalité des instruments de l'orchestre viennent dialoguer avec le héros, en se répartissant par petits groupes afin que chaque timbre instrumental puisse s'entendre distinctement. Orphée tente de séduire Caron afin qu'il le laisse traverser le Styx ; c'est donc un chant magique qui se déploie ici sous la forme de vocalises* virtuoses et de trilles* très resserrées sur une même voyelle. Chaque phrase d'Orphée, soutenue par les basses de l'orgue, s'entrecoupe d'épisodes instrumentaux variés, faisant entendre successivement deux violons, puis deux cornets à bouquin*, deux harpes, deux violons et une viole de gambe* puis trois violons. Le dernier couplet d'Orphée sera enfin accompagné des cordes seules qui évoquent ainsi la lyre du jeune poète. Par le développement d'une seule ligne vocale et l'accentuation d'une idée particulière (le chant magique d'Orphée), cet extrait relève de l'écriture monodique. 7 - Air de Proserpine « Signor quell’infelice…» L'atmosphère est ici très calme et épurée, quasi mystique. On sent à quel point le chant d'Orphée a installé une ambiance nouvelle au royaume des morts. C'est sur le registre de la supplication que Proserpine s'adresse à son mari, Dieu des Enfers, pour défendre la cause d'Orphée. Les phrases vocales sont longues et étirées, l'accompagnement musical très discret et au second plan. Par la mise en avant d'une seule ligne vocale sur un accompagnement instrumental cet extrait relève de l'écriture monodique. La réponse de Pluton, quant à elle, relève davantage du "style récitatif". Tableau récapitulatif des écoutes N° Acte Scène ou air Personnage(s) Type d'écriture 1 Acte I « Lasciate i monti... » Chœur Madrigal 2 Acte I « Rosa del ciel… » Orphée Monodie 3 Acte I « Ma s'il nostro gioir… » Bergers Récitatif et madrigal 4 Acte II « Ahi caso acerbo… » La Messagère Monodonie et récitatif 5 Acte III « O tu ch'innanzi mort'a queste rive… » Caron Monodonie 6 Acte III « Possente Spirto e formidabil Nume... » Orphée Monodonie 7 Acte IV « Signor quelle'infelice... » Prospérine 13 Monodonie et récitatif ORFEO à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne les maîtres d’œuvre Leonardo García Alarcón Direction musicale 14 Après des études de piano en Argentine, au Conservatoire et au Centre de Musique Ancienne de Genève, il fonde son ensemble Cappella Mediterranea en 2005. Il s’investit dans la direction d’œuvres qu’il souhaite mettre en lumière comme Ulisse all’ Isola di Circe de Zamponi (2006), avec l’ensemble Clematis qu’il dirige depuis lors, ou Il Diluvio Universale de Falvetti, (2010 - Festival d’Ambronay). Il est désormais invité à diriger et à jouer dans les opéras ou festivals du monde entier (Festival d’Aix en Provence, Opéra de Lyon, Festival d’Ambronay, Théâtre Colón de Buenos Aires, Le Grand Théâtre de Genève…). Depuis 2010, il est en résidence au Centre culturel de rencontre d’Ambronay et est directeur artistique et chef principal du Chœur de Chambre de Namur. Il est également professeur et chef de chant baroque au Conservatoire Supérieur de Musique de Genève. Laurent Brethome Mise en scène Diplômé de l'E.N.M.D.A.D. de La Roche-sur-Yon, du C.N.R. de Grenoble, et de L'École Supérieure de la Comédie de Saint-Étienne, il travaille comme comédien, et assiste François Rancillac dans la mise en scène de deux créations : Kroum l'Ectoplasme de Hanokh Levin et Projection Privée de Rémi De Vos. En 2008 il devient directeur artistique de la Compagnie Le menteur volontaire. Depuis 2002, Laurent Brethome a signé une vingtaine de mises en scène et crée entre autres Le Mal joli, On purge bébé ! et Fiancés en herbe de Feydeau, Une Noce de Tchekhov, Les Souffrances de Job de Hanokh Levin pour lequel il est lauréat du Prix du public au Festival Impatience de l'Odéon-Théâtre de l'Europe en 2010, Bérénice de Racine... Il mène également des actions de formation dans diverses structures (milieu hospitalier ou carcéral, opéras, conservatoires, collèges, écoles primaires...). Il ne cesse d'aller du comédien au metteur en scène et au pédagogue. Rudy Sabounghi Scénographie Depuis ses débuts Rudy Sabounghi partage son amour de la scène avec quelques fidèles artistes européens. Sa passion pour le théâtre l’a mené sur des scènes aussi différentes que le Théâtre de Bussang et la Scala de Milan, la Schaubühne et le Berliner Ensemble, la Comédie Française et la Cour d’Honneur du Festival d’Avignon, ou encore le BAM de New York. Très attaché à Saint-Étienne où il a collaboré à La Comédie sur les spectacles de Jean-Claude Berutti et de Vladimir Steyeart de 2002 à 2011 et à l’Opéra Théâtre il a créé le décor de La Navarraise et la saison dernières les décors de La Traviata. Il intervient également dans les grandes écoles de théâtre, au T.N.S (Strasbourg), à l’ENSATT de Lyon ou encore au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Marir-Frédérique Fillon Costumes Après un brevet de technicien en vêtements, création et mesures, Marie-Frédérique Fillion est diplômée de l’ENSATT, à Lyon, où elle a été formée à la coupe et à la création de costumes. Elle collabore, en région Rhône-Alpes, avec Eric Massé et Angélique Clairand (Compagnie des Lumas ) ; Richard Brunel (Compagnie Anonyme) ; Dominique Lardenois ; Géraldine Bénichou (Théâtre du Grabuge) ; Anne Courel ; Marc Lainé (Comédie de Valence) ; Laurent Brethome et Yannick Jaulin ; Michel Raskine ( TNP). Et aussi à Montpellier avec les compagnies CCCP (Hervé Dartiguelongue) et Tire pas la Nappe (Marion Aubert/ Marion Guerrero) et à Bruxelles avec le Groupe TOC (Anne Thuot) et le Kunstenfestivaldesarts (Claude Schmitz) ainsi qu’en Suisse avec Alain Knapp. les solistes et le Chœur David Debrinay Lumières David Debrinay devient éclairagiste après avoir suivi des études d’Histoire tout en étant assistant lumière de Mathias Roche sur les premières créations de Richard Brunel et de Sophie Lannefranque. Il crée ainsi les lumières de la première trilogie d’Emmanuel Meirieu Les Chimères amères au Théâtre de la CroixRousse en mai 2000. En parallèle du spectacle vivant, il s’intéresse à l’architecture et à la muséographie. Il a mis en lumière l’exposition photographique Mediterranide à Palerme, ou plus récemment un jardin dans le cadre du Jardin des Cimes (Plateau d’Assy). Parmi ses futurs projets se trouvent Bells are ringing mis en scène par Jean Lacornerie, Doctor Atomic mis en scène par Lucinda Childs à l’Opéra National du Rhin et Parsifal Incerto de Viktor Ilieff mis en scène par Stéphane Ghislain-Roussel au Grand-Théâtre du Luxembourg. Yan Raballand Chorégraphie Après sa formation au CNSMD de Lyon, Yan Raballand mène un parcours éclectique d’interprète et de chorégraphe. Il travaille comme danseur avec Odile Duboc pour la création des opéras Cadmus et Hermione et Vénus et Adonis. En octobre 2009, il est interprète dans la reprise d’Insurrection. Il collabore entre autres avec Stéphanie Aubin pour la création d’Ex’Act, Standards, avec Dominique Boivin pour l’opéra Les Amours de Bastien et Bastienne. Il est invité à chorégraphier pour le Ballet du Rhin (Wohin, 2002) ou encore pour le ballet du CNSMD de Lyon. Il collabore également avec plusieurs metteurs en scène : Éric Massé, Charles Marty, Johanny Bert avec lequel il crée Krafff et Laurent Brethome avec qui il crée Bérénice (janvier 2011). En 2002, il fonde la Compagnie Contrepoint avec laquelle il chorégraphie plusieurs pièces. Fernando Guimarães Orféo (ténor) Diplômé de chant à Porto, sa ville natale, il remporte des prix prestigieux tels que le Concurso Nacional de Canto Luísa Todi (2007) et le Young Musicians Award (2007). En tant que vainqueur du concours L’Orfeo International Singing Competition, il incarne le rôle principal de l’opéra de Monteverdi à Mantoue et à Budapest pour le 400e anniversaire de sa création. À l’opéra, il chante les rôles d’Almaviva (Le Barbier de Séville, Rossini) Ferrando (Così Fan Tutte) Don Ottavio (Don Giovanni) et Don Basilio (Les Noces de Figaro, Mozart), Jaquino (Fidelio, Beethoven), Nencio (L’Infedeltà Delusa, Haydn), Ippolito (La Spinalba, F. A. de Almeida), Testo (Il Combattimento di Tancredi e Clorinda, Monteverdi), Monostatos (La Flûte Enchantée, Mozart), ainsi que comme soliste dans la Paukenmesse de Haydn. En 2008 et 2009, il participe à l’Académie Baroque Européene d’Ambronay. Parmi ses prochains engagements, on peut conter les airs de ténor de la Passion selon Saint Mathieu (J.S. Bach), les Vêpres de Monteverdi, une tournée européenne avec l’Ensemble Diderot... Francesca Aspromonte La Musique (Soprano) Originaire de Montalto Uffugo, la soprano italienne Francesca Aspromonte commence à étudier le piano à l’âge de 6 ans et poursuit ses études de clavecin au Conservatoire de Consenza. À 17 ans, elle suit également des cours de chant avec la soprano Maria Pia Piscitelli. Passionnée de la musique ancienne et de la musique baroque, elle collabore à des ensembles et musiciens spécialisés dans ce répertoire tels Alessandro Quarta, Alessandro Ciccolini, Paolo Zuccheri, Tommaso Rossi, Silvia Frigato, Francesca Lombardi Mazzulli. Actuellement Francesca Aspromonte étudie le chant à l’Université “Mozarteum” de Salzbourg avec la célèbre soprano Barbara Bonney. 15 les solistes et le Chœur Reut Venterero Eurydice (Soprano) 16 Diplômée de l’Académie de Musique et Danse de Jérusalem, la jeune soprano Reut Venterero poursuit ses études musicales au Conservatoire Royal de La Haye. Pendant sa formation, elle représente le Conservatoire au Roche Continents project du Festival de Salzbourg. Au cours de sa carrière de soliste, elle a travaillé avec Simfonet Ra’anana Orchestra, le JAMD Chamber Orchestra et le Meitar Ensemble for Contemporary Music. Elle a également chanté au Festival Oude Muziek Utrecht, sur la scène d’Eys Musikdagen, Dag van La Petite Bande (Belgique) et au Festival Classique (La Haye). Récemment, Reut Venterero a pris part au « Barock Vokal » programme à Mayence où elle travaille actuellement avec les chefs d’orchestre Ton Koopman, Konrad Junghänel, Andreas Scholl et Martin Gester. Angelica Monje Torrez La Messagère (Contralto) Finaliste du concours international de chant d’opéra baroque Pietro Antonio Cesti en 2012, la contralto bolivarienne Angelica Monje Torrez a suivi une formation musicale à la Schola Cantorum de Bâle. En concert, elle s’est déjà produite sous la direction d’Andrea Marcon, Jordi Savall, Dominique Vellard, Hervè Niquet, Leonardo García Alarcón, Diego Fasolis, Daniela Dolci, Raphael Immoos, Ashley Solomon, et avec Venice Baroque Orchestra, La Cetra Barockorchester, Musica Fiorita, Ensemble Gilles Binchois, Le concert des Nations, Cappella Mediterranea et le Florilegium. Parmi ses futurs engagements figurent le rôle de Cleofe dans La Resurrezione de Haendel, La Pellegrina à l’Opéra Dijon et L’enfant et les sortilèges de Ravel au Théâtre de Bâle. Cecila Mazzufero L'Espérance (Soprano) Cecilia Mazzufero commence ses études musicales de violoncelle à l’École de Musique de l’Université Nationale de Rosario (Argentine) et poursuit par la suite des études de chant au Conservatoire Supérieur de Musique de Buenos Aires Manuel de Falla, où elle obtient son diplôme supérieur en chant et musique ancienne. Elle a participé à des nombreux festivals de musique baroque ainsi qu’à des masterclass de technique vocale et interprétation musicale avec entre autres : Gabriel Garrido, Daniela Dolci, Emma Kirkby. Elle a également chanté dans l’ensemble vocal de musique contemporaine « Nonsense » (direction Valeria Martinelli), et a incarné le rôle de Proserpine dans l’opéra La descente d’Orphée aux enfers de Charpentier (direction Juan Manuel Quintana) et le rôle de Ruth dans l’opéra contemporain La casa sin sosiego de Gerardo Gandini (direction Marcelo Delgado). Iosu Yeregui Charon (Basse) Né à Saint Sébastien (Espagne), Iosu Yeregui étudie la flûte traversière et les sciences humaines en entreprise dans sa ville natale. Il débute ensuite sa formation vocale à la Koninklijk Konservatorium Den Haag, et l’achève à la Schola Cantorum de Bâle avec Evelyn Tubb et Andreas Scholl, en se spécialisant en interprétation historique. Sur scène, il a interprété Sarastro (La Flûte Enchantée), Masetto (Don Giovanni), Figaro (Les Noces de Figaro), Charon et Plutone (Orfeo), Somnus (Sémélé), Il Re (Ariodante), Zoroastre (Orlando) Ferrando (Il Trovatore) et Simpson (La Tabernera del Puerto). Il a travaillé sous la tutelle artistique de directeurs tels que J. Rifkin, J. Savall, L. Garcia Alarcon, J.L. Martinez, F. Bonizzoni, F.M. Sardelli, J.L. Basso, J.A. Montano, B. Dickie et C. Toet. Claire Bournez Prosperine (Soprano) Après des études de piano et d’histoire, Claire Bournez se consacre au chant. Elle intègre le Conservatoire National Supérieur de Lyon, puis la Haute École de Lausanne, où elle suit l’enseignement de Christian Immler. Elle étudie actuellement à la Guildhall avec Janice Chapman. Elle a notamment travaillé sous la direction de Jean-Marc Aymes, Dominique Visse, John Taverner, Patrick Ayrton, Joël Suhubiette, Pascal Verrot et Etienne Meyer. Elle aborde avec un égal plaisir le récital, l’oratorio et l’opéra. On a pu l’entendre dans La Dafné de M. Gagliano lors du Festival de Musique baroque de Lyon en 2011, à Lausanne dans des Lieder de Grieg avec orchestre, à Fribourg, dans La Passion selon Saint Jean de Bach, et plus récemment à Dijon, dans le Requiem de Mozart. Yannis François Basse Né en Guadeloupe, Yannis François a commencé sa carrière comme danseur après avoir été formé par Léna Blou. Sa voix est remarquée par Maurice Béjart qui l’encourage à mener une carrière de chanteur en parallèle à celle de danseur. À l’opéra et en concert, Yannis à interprété entre autres Figaro de Mozart, Curio dans Giulio Cesare aux côtés d’Andreas Scholl, Don Alfonso dans Cosi fan tutte, Seneca dans L’incoronazione di Poppea de Monteverdi, Nettuno dans La liberazione di Ruggiero de Caccini, Melisso dans Alcina de Handel, le rôle-titre dans Don Giovanni de Mozart. En 2012 il crée le rôle-titre de l’opéra Jekyll de Raoul Lay avec L’Ensemble Télémaque. En 2014 on pourra l’entendre dans La Pellegrina avec l’orchestre Les Traversées Baroques à l’opéra de Dijon ainsi que dans l’opérette Phi-Phi de Christiné à l’Opéra de Lausanne. Ricardo Pisani Ténor En 3e année de licence de Chant Renaissance et Baroque au Conservatoire Santa Cecilia à Rome, Ricardo Pisani a participé à de nombreux masterclass et séminaires sur le Chant Grégorien avec Alberto Turco, sur le Chant Madrigaliste avec Alessandro Quarta, sur la Monodie Monteverdienne avec Rinaldo Alessandrini, etc. En tant que soliste, il s’est produit dans Te Deum de Caldara, dans Dixit Dominus de Vivaldi, dans les Vesperae Solemnes de Confessore de Mozart, dans Te Deum et la Messe de Minuit de Charpentier, dans le Jepthe de Giacomo Carissimi, dans le Stabat Mater de Domenico Scarlatti et dans les Ceremony of Carols de Benjamin Britten ainsi que dans différents concerts de musique du 16e et du 17e siècle, sacrée et profane. Académie baroque européenne d'Ambronay Depuis sa création en 1993, l'Académie baroque européenne d'Ambronay constitue une étape importante dans l'évolution des jeunes artistes européens en début de carrière. Ancrée dans les enjeux contemporains d'ouverture et d'échange culturels, l'Académie constitue un réseau d'artistes à l'échelle européenne, associe les Académiciens aux projets artistiques du Centre culturel de rencontre et joue un rôle de médiation fort entre les milieux professionnels et les artistes en devenir. En 20 éditions, ce sont plus de 1000 artistes, instrumentistes, chanteurs et danseurs qui ont participé à l'Académie. Ambronay s'appuie sur des chefs de premier plan, excellents pédagogues qui sont à même de transmettre à la fois les éléments d'interprétation, les « ficelles » du métier et d'ouvrir leur réseau aux jeunes musiciens qu'ils auront repérés. William Christie, Ton Koopman, Rinaldo Alessandrini, Christophe Coin, Gabriel Garrido, Paul McCreesh, Christophe Rousset, Martin Gester, Jean Tubéry, Hervé Niquet ou encore Jordi Savall ont dirigé l'Académie. 17 Les grands axes de l'Orfeo par Laurent Brethome, metteur en scène Laurent Berthome, quels sont les grands axes de votre lecture de l’œuvre ? 18 LB : À la fois, garder le contenu central de l’œuvre et chercher les moyens de la rendre sensible à nos contemporains. Nous avons formulé un slogan : Banquet, Banquise et l’Ailleurs… L’opéra débute par une fête, oublier que tous connaissent la fin, jouer naïvement la situation. Plaisir des sens, bonheur de l’Amour. Eros dans sa splendeur. Puis soudain, la péripétie, le coup de théâtre : Sylvia, compagne intime d’Eurydice annonce la nouvelle. Un serpent. Le Serpent de la Bible… Thanatos prend le pouvoir… La Banquise, pour nous symbolise l’Enfer tel que Dante le raconte. On est loin des images d’Epinal des chaudrons et des diables à queues fourchues. Vous verrez comment la scénographie métaphorise cette glaciation… Et l’Ailleurs… l’après catastrophe. Ces récits d’un retour au-delà de soi-même…. Comme un monde post nucléaire… ORFEO revient mais dans quel état de délabrement…. Cependant la pire des victimes est Eurydice. Déjà maltraitée par les créateurs, une quinzaine de vers en tout. Vite évacuée et définitivement laissée pour compte aux Enfers. Par chance, les Bacchantes tentent de soustraire Orfeo au dieu du soleil. Dionysos contre Apollon… Demeurent des énigmes : Comment se fait-il que Caronte laisse Orféo entrer aux enfers alors même qu'il n'avait pas succombé complètement à la lyre; Pouvoir de la Musique, qui observe l’œuvre… définir la raison qui amène Orféo à se retourner et à condamner Eurydice...Probablement un manque de confiance, une impossibilité d’aller contre les Moires, le Destin qui dans les mythologies surpassent même les dieux… D'abord donner "ma" réponse d'artiste à l'inconnu dramaturgique et situationnel imposé par Monteverdi. Sur le plan technique si La musique est Baroque, si la mise en scène le sera...il est pour moi nécessaire de réussir à balayer le jeu figé, statique, stylisé et déshumanisé que l'on voit quelquefois encore à l'Opéra. – à mon goût, au moins… Donc de demander aux chanteurs-acteurs une puissante « incarnation », y compris pour les figures allégoriques comme MUSICA et SPERANZA, un engagement total… ICONOGRAPHIE COMMENTéE DE LA PRODUCTION Les maquettes costumes Ci-dessous, des éléments servant à définir l’esthétique de l’ensemble de la production, notamment en matière de costumes. Ces documents, photographies, croquis, etc., figurent aux côtés des maquettes de costumes dans une sorte de carnet fourni par la costumière Marie-Frédérique Fillon, pour cette production de L'Orfeo, et permettant aux couturières de se baigner dans l’univers esthétique souhaité par le metteur en scène. Notons que l'ensemble des costumes de L'Orfeo ont été réalisés dans les ateliers de couture de l'Opéra Théâtre de Saint-Etienne. 19 Maquettes des costumes de L'Espérance, et d'Orphée (évoluant d'acte en acte). Les maquettes de décors Se déroulant en 5 actes, L'Orfeo réclame la mise en œuvre de différents décors. Ci-dessous, les maquettes réalisées par le scénographe Rudy Sabounghi pour deux différents tableaux : la célébration du mariage entre Orphée et Eurydice et l'arrivée d'Orphée aux portes des Enfers. Notons que l'ensemble des décors de L'Orfeo ont été réalisés dans les ateliers de l'Opéra de Reims. Les étapes de création d'une production sont détaillés à la page 30 de ce dossier. 20 PISTES PEDAGOGIQUES 21 PISTE 1 La musique des enfers Objetif : Comprendre comment la musique peut illustrer une ambiance spécifique et savoir qualifier un son. Mots-Clés : Enfer, monde sous-terrain, sons métalliques 22 Dans L'Orfeo, deux actes entiers se déroulent aux Enfers (IIIe et IVe). Cette piste pédagogique propose alors de caractériser les sons évoquant les mondes sous-terrains dans L'Orfeo, avant d'identifier les instruments utilisés. Dès l'ouverture du IIIe acte se fait entendre une orchestration spécifique qui retranscrit l'ambiance particulière du lieu. Les instruments présents sont les sacqueboutes, les cornets à bouquin, l'orgue régale, le clavecin et les percussions. Mais ce sont surtout les trois premiers de ces instruments qui installent l'ambiance souhaitée. Le sacqueboute : instrument de la famille des cuivres, dont le nom provient des termes de l'ancien français sacquer et bouter, c'est à dire "tirer" et "pousser", soit les gestes mis en œuvre pour jouer de l'instrument. Cet instrument très proche de l'actuel trombone est incontournable à la Renaissance, car considéré le plus proche, avec le cornet à bouquin, de la voix humaine. Le sacqueboute ne caractérise alors en rien les Enfers, néanmoins c'est dans son utilisation, dans une écriture lente et solennelle, que Monteverdi le mobilise pour illustrer l'ambiance pesante et monumentale des mondes sous-terrains. Le cornet à bouquin : instrument de la famille des cuivres, de forme conique et courbe, percé de 7 trous (6 devant et 1 derrière). Le cornet à bouquin possède une embouchure en corne ou en ivoire, d'où le terme "bouquin" terme dérivé de bocca : la bouche. On dit qu'il viendrait de l'olifant, instrument très ancien taillé dans une défense d'éléphant, d'où peut-être sa forme caractéristique toujours incurvée. Le cornet à bouquin basse, nécessitant un tuyau plus long, donc plus sinueux, est également appelé serpent. Le son du cornet à bouquin n'est pas particulièrement strident, Monteverdi l'utilise alors comme le sacqueboute, pour le côté solennel. Notons néanmoin, qu'en les réunissant, ces instruments forment un ensemble de cuivres qui évoquent les trompettes du jugement dernier. Finalement c'est donc surtout l'orgue régale, petit orgue transportable composé de tuyaux à anches et aux résonateurs très courts, qui prend en charge le côté diabolique de cette musique, avec un son râpeux, strident et métallique. Les jeux dits "à anches" de l'orgue régale fonctionnent comme une clarinette. Dans la base du tuyau, l'air comprimé fait vibrer une languette de bois, responsable du son grésillant. Le reste du tuyau, lui, sert de résonateur. Sacqueboute ténor Cornet à bouquin soprano Cornet à bouquin basse Orgue régale et son jeu à anches. 23 Dans un second temps, après avoir observé les instruments mobilisés dans L'Orfeo, il peut être intéressant de chercher dans l'opéra, le cinéma ou la musique actuelle, des scènes ou morceaux musicaux Le Choc des Titans (Louis Leterrier, 2010) évoquant les Enfers ou les mondes sous-terrains. Quel univers sonore est convoqué ? Comment peut-on qualifier les sons utilisés ? Quels sont les instruments que l'on retrouve ? Hercule (Disney, 1997) Highway to hell (ACDC, 1979) PISTE 2 METTRE EN SCENE LE JUGEMENT DE PLUTON Objectif : Se mettre à la place des acteurs et du metteur en scène en essayant de jouer un extrait de l’œuvre. Mots-Clés : mise en scène, espace de jeu, jeu d’acteur, gestuelle 24 Cette piste pédagogique propose aux élèves de s’essayer à la mise en scène afin de comprendre que chaque nouvelle production, à l’opéra, propose un regard neuf et unique sur une œuvre. En prenant comme support le texte de la scène où le Dieu des Enfers accepte de rendre Eurydice à Orphée (acte IV), les élèves se répartiront en plusieurs petits groupes comportant 5 interprètes (4 acteurs + Orphée ne possédant pas de texte) et 1 ou plusieurs metteur(s) en scène. Chaque groupe pourra alors se réunir sous forme d’ateliers pour réfléchir à la façon de mettre en scène ce passage, c'est-à-dire la façon d’organiser cette scène dans l’espace : quel espace de jeu définir, où se positionner, à quelle distance les uns des autres, quand se déplacer… et la façon de la jouer : quels attitudes, gestes, regards, quelle intonation de voix, quel débit de paroles, quels accessoires, etc… Dans cette scène, Proserpine séduite par le chant d'Orphée, implore son mari, Pluton, de rendre Eurydice à son aimé, tandis qu'un Ministre et un Esprit, observent et commentent la décision divine. L'ORFEO, ACTE III, Proserpine, Pluton, Le Ministre, Un Esprit PROSERPINE Seigneur, ce malheureux parcourt les champs de la mort en appelant Eurydice. Lui dont tu viens d’entendre la plainte si douce et mélodieuse. Il a rempli mon cœur de si grande pitié qu’à nouveau je t’implore pour que ta volonté accède à sa prière. Je t’en prie, permets qu’Eurydice jouisse à nouveau de ces jours qu’elle avait coutume de passer dans la joie et les chants. Et console les pleurs du malheureux Orphée. PLUTON Épouse bien-aimée, bien qu’un inflexible et immuable destin s’oppose à tes désirs, que rien pourtant ne soit plus refusé à tant de beauté jointe à tant de prières. Et qu’Orphée retrouve sa chère Eurydice. Mais avant d’avoir quitté ces abîmes que jamais vers elle il ne tourne ses yeux avides, car pour un seul regard, inéluctablement, il la perdrait à tout jamais. LE MINISTRE Ô ! Puissant roi des habitants des ténèbres éternelles, que tes ordres soient notre loi, car nos pensées ne doivent pas chercher d’autre causes internes que ta volonté. UN ESPRIT Orphée arrachera-t-il son épouse de ces froides cavernes ? Saura-t-il, de toutes ses forces résister à son juvénile désir et ne pas oublier l’implacable décret ? PISTE 3 LE MYTHE D'ORPHéE DANS LES ARTS EN GENERAL Objectif : À partir de l'opéra de Monteverdi, étudier le mythe d'Orphée dans les arts en général. Mots-Clés : mythe, adaptation, transposition, parodie Cette piste pédagogique propose, après la lecture du livret de L'Orfeo ou de son argument, de s'intéresser aux scènes clés, incontournables, du mythe d'Orphée et d'en trouver les échos, les incarnations dans les arts en général. Il est alors possible, soit de chercher d'autres versions du mythe d'Orphée du côté de la littérature ou du cinéma et d'en comparer les scènes clés, soit de chercher du côté de la peinture et/ou de la sculpture une incarnation de chacune des scènes clés du mythe. Nous proposons comme scènes clés, le découpage suivant, fidèle au déroulement des actes de L'Orfeo : Prologue : Orphée et son chant magique Acte I : Orphée charmant la nature Acte II : Mort d'Eurydice Acte III : Orphée aux Enfers (Orphée et Caron, Orphée traversant le Styx...) Acte IV : Orphée retrouvant Eurydice (le jugement de Pluton et Proserpine, Orphée regardant Eurydice...) Acte V : Détresse d'Orphée (errance d'Orphée, Orphée dévoré par les Bacchantes...) On pourra alors distinguer, dans les exemples trouvés, ceux qui correspondent à la trame de L'Orfeo, ceux qui s'en inspirent, ou encore ceux qui proposent une lecture du mythe d'Orphée ré-adaptée. Le texte des Métamorphoses d'Ovide pourra également être utilisé comme base de comparaison. Enfin, une réflexion plus globale sur le travail de réécriture ou d'adaptation dans les arts en général pourra être mené. Orphée et Eurydice, Rubens, 1638 25 Orphée et Eurydice, Poussin, 1659. 26 Orphée sur la tombe d'Eurydice, Moreau, 1890 RESSOURCES SUPPLEMENTAIRES L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne Bénéficiant d’une notoriété nationale et internationale importante, l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne se situe parmi les maisons d’opéra les plus dynamiques en termes de public. L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne est un établissement de la Ville de Saint-Étienne soutenu par le Conseil général de la Loire, la Région Rhône-Alpes et le Ministère de la Culture. Le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire et l’Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire placés sous la direction musicale de Laurent Campellone sont les acteurs essentiels d’une programmation qui sait également s’ouvrir aux artistes de tous les horizons. La vocation première de l’Opéra Théâtre de SaintÉtienne est une vocation lyrique : avec ses propres ateliers de construction de décors et de réalisation de costumes, l’Opéra Théâtre produit et coproduit chaque saison de nouvelles œuvres lyriques. L’institution a également pour mission de proposer au plus grand nombre une programmation riche avec une exigence de qualité dans les domaines de la musique classique (musique symphonique, musique de chambre...), de la danse, du théâtre, en allant également vers des formes aussi diverses que le cirque, le cabaret... L’Opéra Théâtre remplit également une mission capitale auprès du jeune public, proposant une saison dédiée, riche et variée. Enfin, dans le domaine de l’action culturelle et de la médiation, l’Opéra Théâtre, en relation avec de nombreux partenaires (universités, Éducation nationale, écoles de musique..), souhaite développer ses propositions aux personnes n’ayant pas spontanément accès à la culture (politique tarifaire, décentralisation des concerts...). Des visites guidées sont également organisées. Certaines représentations sont précédées 1 heure avant le début du concert d’un Propos d’avant-spectacle (présentation sous la forme d’une conférence). 27 Petite histoire d’une production Le directeur détermine les différents "titres" qui seront programmés durant la saison. Il choisit ensuite un metteur en scène pour la production d’un opéra. Ce dernier associe un certain nombre de collaborateurs au projet dont un décorateur éclairagiste et un costumier. À ces derniers d’imaginer la conception des décors et des costumes tout en se conformant à des critères résolument déterminés : état d’esprit du spectacle, contexte historique et découpage acte par acte de l’ouvrage, caractéristiques techniques de la scène, budget consacré à la production. La première étape concrète du projet consiste généralement en la présentation des maquettes. Celles-ci sont paramétrées par le directeur technique qui connaît toutes les contraintes du théâtre, tandis que les responsables d’ateliers conseillent les concepteurs pour définir les techniques et les matériaux les plus adaptés à la réalisation des décors et costumes. 28 Le premier travail de construction se déroule dans les ateliers de menuiserie et de serrurerie qui réalisent chacun de leur côté les différents éléments du décor. L’assemblage du décor est ensuite confié à l’atelier de construction. Les parties monumentales sont conçues comme un puzzle qui doit pouvoir se manipuler et s’assembler en scène avec aisance et rapidité. Légers tout en étant rigides, les différents éléments sont confectionnés dans des dimensions qui leur permettent d’être transportés dans des containers pour les tournées à venir. Une fois la base structurelle du décor réalisée, celle-ci est habillée par l’atelier de décoration après avoir fait occasionnellement l’objet d’un équipement électrique (installation de moteurs, d’éclairages ou de dispositifs sonores). Son personnel, constitué de peintres et de sculpteurs issus, dans la majorité des cas, d’écoles des Beaux-Arts, doit être rompu à toutes sortes de techniques de reproduction : faux marbres, faux stucs, peintures de genre sur tous supports, fabrication d’ornements et d’accessoires (casques, boucliers, ceintures, parures, etc.) dans des matériaux divers : bois, acier, terre, matières synthétiques (mousse de polyuréthane expansée, résine, latex). Dans un décor, ne sont construites et peintes que les parties laissées apparentes au public. L’aspect donné aux différents accessoires répond aux critères de la vraisemblance et de l’illusion. L’art des ateliers de création d’un théâtre est un art du faux : tel chaudron de cuivre martelé est fabriqué en mousse, tel socle de granit a pour support une armature de fer ou de bois, elle-même recouverte de toile plissée peinte alors en trompe-l’oeil, etc. Une fois achevé l’ornement du décor, celui-ci est installé sur la scène pour effectuer les essais d’éclairage. Certaines retouches sont apportées par la suite : estompage d’une colonne trop brillante, rehaussements de couleur d’un accessoire, finition des joints des éléments à assembler. Pour la confection des costumes, le costumier procède à l’échantillonnage des étoffes, de leurs coloris, de l’harmonie qu’elles peuvent générer une fois assemblées. Parfois, lors d’exigences particulières, certains tissus font l’objet d’une fabrication spéciale tandis que d’autres sont retravaillés à seule fin de provoquer un effet singulier. Transformations des couleurs, modifications de la texture : la réalisation de costumes de scène constitue un travail artisanal où chaque pièce mérite une attention particulière pour s’adapter au mieux à la personnalité de l’interprète qui la portera. Une fois les textiles sélectionnés, l’élaboration du patron de chaque costume, ainsi que la coupe des tissus et leur assemblage, sont effectués sur mannequin. Après un essai en l’état, le costume est à nouveau ouvragé et se trouve agrémenté d’accessoires, de bijoux et différents autres ornements, jusqu’à trouver son aspect quasi définitif. De la même façon que pour le décor, les costumes nécessitent réajustements et retouches jusqu’aux dernières répétitions. Dans tous les cas, tous les éléments de décoration et de costumes réalisés pour un spectacle sont répertoriés et classés afin que lors des représentations aucun incident ne puisse venir altérer le déroulement du spectacle. C’est souvent au lendemain de la “générale” que le travail de création s’achève tout à fait. Atelier de fabrication des costumes Atelier de constructuion des décors : menuiserie Atelier de construction des décors : serrurerie Atelier de construction des décors Représentation de La Princesse de Trébizonde (mai 2013- Opéra Théâtre de Saint-Étienne) 29 Montage des décors sur le plateau du Grand Théâtre Massenet ANNEXES Voix et tessitures Une voix pour un personnage Les différents registres de la voix humaine s’adaptent par leur extension, leur timbre, leur caractère et leurs capacités techniques à différents genres de personnages. Le choix que fait le compositeur est donc très important pour que le rôle incarné par le chanteur soit crédible. Voix de femmes 30 Soprano C’est la voix la plus aiguë chez les femmes. Il existe plusieurs caractères de voix. La soprano "colorature" : capable de faire des vocalises rapides et de monter dans les extrêmes aigus du registre. Ce sont généralement des rôles de magiciennes, de poupées, de personnages enchantés en lien avec le surnaturel et le monde des dieux. La soprano "lyrique" : une voix claire et expressive qui s’adapte aux personnages des amoureuses, des jeunes filles. La soprano "dramatique" : elle a une couleur obscure, veloutée idéale pour incarner des personnages plutôt graves comme les reines, les femmes fières ou d’âge mûr. Personnage de soprano très connu : la Reine de la Nuit (La Flûte enchantée). Mezzo-soprano C’est la voix moyenne chez les femmes. La voix de mezzo s’adapte aux personnages de jeunes garçons, de femmes séduisantes ou à des personnages au caractère tragique. Personnage célèbre de mezzo très connu : Carmen (Carmen) Alto C’est une des voix féminines les plus graves. C’est une voix souvent utilisée pour personnifier des nourrices, des vieilles dames ou des guerriers. Il existe une voix encore plus grave, c’est celle de contralto. Voix d’hommes Ténor C’est une des voix les plus aiguës chez les hommes (on trouve également une voix encore plus aiguë : celle de contre-ténor). Selon la couleur et le caractère de la voix, on distingue le ténor "léger", "lyrique" ou "dramatique". C’est souvent la voix du ténor qui incarne les héros à l’opéra. Ténors célèbres : Roberto Alagna, Luciano Pavarotti, Placido Domingo... Baryton C’est la voix moyenne chez les hommes. Les rôles attribués au baryton sont par exemple : Comte Almaviva (Les Noces de Figaro), Barbe-bleue, Falstaff, Pelléas. Barytons célèbres : Dietrich Fischer-Diskau, José Van Dam... Basse C’est la voix la plus grave chez les hommes. Souvent la voix de basse incarne des personnages terribles comme des démons, des hommes méchants, parfois aussi la basse représente la voix de Dieu. Composition de l'orchestre Trompettes Trombones Cors Piano Harpe Violons II Violons I Clarinettes Bassons Flûtes Hautbois Altos Chef Tubas Contrebasses Violoncelles Glossaire Cornet à bouquin Trilles Instrument de la famille des cuivres, de forme conique et courbe, percé de 7 trous (6 devant et 1 derrière). Le cornet à bouquin possède une embouchure en corne ou en ivoire, d'où le terme "bouquin" terme dérivé de bocca : la bouche. On dit qu'il viendrait de l'olifant, instrument très ancien taillé dans une défense d'éléphant, d'où peut-être sa forme caractéristique toujours incurvée. Alternance très rapide entre deux notes conjointes (ex : mi et fa) utilisée comme ornement mélodique avant d'arrêter le son sur la note suivante. Ecriture monodique Écriture musicale où une voix soliste est mise en avant, soutenue en arrière-plan par un groupe de voix ou un accompagnement instrumental. Viole de gambe Instrument de la famille des cordes frottées, se jouant assis, l'instrument maintenu entre les jambes. La viole de gambe peut se considérer comme l'ancêtre du violoncelle. Vocalises Ensemble de notes chantées sur une seule et même voyelle et démontrant une certaine virtuosité vocale. Entrées en imitation Procédé musical faisant entrer les différentes voix d'une même pièce les unes à la suite des autres en imitant le motif mélodico-rythmique de la première. Figuralisme musical Procédé musical qui tend à illustrer par la courbe mélodique le sens des mots du texte (ex : sons aigus et entrelacés pour évoquer un chant d'oiseau, courbe mélodique descendant dans le grave pour marquer le désespoir...). Homorythmie Procédé musical où toutes les lignes vocales ou instrumentales se juxtaposent dans un même rythme. Bibliographie Sur L'Orfeo L'Orfeo, L'Avant-Scène Opéra n°207, Paris : Editions Premières loges, 2002. BEAUSSANT, Philippe, Le chant d'Orphée selon Monteverdi, Paris : Fayard, 2002. PEBRIER, Sylvie, éd., Le Chant des possibles ; Interpréter L'Orfeo de Claudio Monteverdi, Ambronay : Ambronay Editions, 2013. Intermezzo Divertissement musical intercalé entre ou au cœur des actes d'un spectacle théâtral. Apparaissant dès le Moyen-Âge, il est particulièrement utilisé dans les comédies ou tragédies du XVIe au XVIIIe siècle et donne lieu à l'apparition de plusieurs genres hybrides dont la comédie-ballet. Madrigal Forme de musique vocale typique de la Renaissance, écrite pour 2 à 8 voix traitées de façon égale, où la musique se met avant tout au service du texte poétique dont elle souligne les différentes émotions par des procédés de figuralisme. Orgue régale Petit orgue transportable, composé de tuyaux à anches et aux résonateurs très courts produisant un son râpeux et métallique. Ritournelle Motif mélodique plus ou moins développé repris régulièrement dans une pièce musicale comme une sorte de refrain. Sur Monteverdi BEAUSSANT, Philippe, Claudio Monteverdi, Paris : Fayard/Mirare, 2003. TELLART, Roger, Claudio Monteverdi, Paris : Fayard, 1997. Sur l'opéra, ses métiers et la mise en scène BOISSON, Bénédicte ; FOLCO, Alice ; MARTINEZ, Ariane, éd., La mise en scène théâtrale de 1800 à nos jours, Paris : puf, 2010. BOLL, André, L’Opéra, spectacle intégral, Paris : Olivier Perrin, 1963. L'envers du décor, ouvrage collectif, catalogue de l'exposition du Centre National du Costume de Scène, Montreuil : Gourcuff Gradenigo, 2012. 31 32 Retrouvez l’Opéra Théâtre de Saint-étienne sur internet www.operatheatredesaintetienne.fr Jardin des Plantes - BP 237 42013 Saint-Étienne cedex 2 [email protected] Locations / réservations du lundi au vendredi de 12h à 19h 04 77 47 83 40