Conf. OIE 1999, 1-11 - 1 - RESISTANCE DES ECTO

Transcription

Conf. OIE 1999, 1-11 - 1 - RESISTANCE DES ECTO
Conf. OIE 1999, 1-11
RESISTANCE DES ECTO- ET ENDOPARASITES : SOLUTIONS ACTUELLES ET FUTURES
A. Nari et J.W. Hansen
Division de la production et de la santé animales, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l’agriculture, Vialle delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie
Original : espagnol
Résumé : L’Office international des épizooties (OIE) a effectué une enquête visant à évaluer
l’importance du problème de la résistance des ecto- et endoparasites aux molécules chimiques les plus
couramment utilisées, et à proposer des solutions pour prévenir ou enrayer ce phénomène.
Il ressort des réponses retournées par 77 Pays Membres de l’OIE (52 %) que les ecto- et endoparasites
ayant l'impact le plus important sur la production sont également ceux dont le phénomène de résistance
est le plus répandu au plan mondial. Parmi les pays ayant répondu 55 % ont signalé une résistance aux
produits antiparasitaires pour au moins un groupe de parasites objet de l’étude. Ils ont été 86 % à faire
état d’une résistance aux produits anthelminthiques, 50 % aux produits contre les tiques, 31% aux
insecticides (diptères importants en médecine vétérinaire), 19 % aux produits contre les gales et 10 %
aux produits contre les poux. Parmi ces même pays 24 % comptent plus de trois groupes de parasites
résistants et 22% ont observé ce phénomène pour les deux groupes de parasites considérés comme ayant
l'impact économique le plus important. Le risque de développement d’une résistance chez des espèces
non visées par les méthodes de lutte, dans le cadre de l’utilisation systématique des produits
antiparasitaires à large spectre, fait l’objet d’une discussion dans cette étude.
Malgré l'attention portée à ce problème de résistance, au cours de ces dix dernières années, les méthodes
préventives et de lutte en la matière n’ont guère changé. Les pays qui mènent des actions de prévention et
de lutte contre ce phénomène, le font presque exclusivement en utilisant de nouveaux produits
antiparasitaires, ou en employant ceux qui existent en alternance.
D’après les commentaires et informations reçues des Services vétérinaires des Pays Membres, il est
fondamental et impératif d’associer toutes les parties intéressées, gouvernements, industrie
pharmaceutique, organisations privées et internationales, à l’élaboration d’un programme durable et
économique sur les maladies parasitaires en général et sur la résistance aux produits antiparasitaires en
particulier. Ce programme devrait faire partie intégrante des interventions de routine conduites par les
Services vétérinaires dans le domaine de la santé animale.
1. INTRODUCTION
Le développement de produits toujours plus efficaces et capables de lutter contre un grand nombre de parasites est, sans
conteste, l’un des plus grands succès technologiques du XXe siècle. L’utilisation systématique de produits
antiparasitaires relativement bon marché, très pratiques et offrant une grande souplesse d’application, a permis de lutter
contre les parasites ayant un impact sur les plans zoosanitaire et phytosanitaire dans les systèmes de production les plus
divers.
L’élaboration constante de nouvelles molécules par l’industrie pharmaceutique est aussi intéressante que préoccupante :
intéressante en raison des nombreuses possibilités d’application préventive et/ou curative pour des maladies parasitaires
ayant une importance économique, mais préoccupante aussi du fait des risques de développement de phénomènes de
résistance, de déséquilibres écologiques (22, 45) et de persistance des résidus dans les tissus des animaux, les produits
laitiers et la laine. En effet, le phénomène de résistance étant étroitement lié à la présence de résidus, eux-mêmes dus à
l’augmentation de la fréquence et des doses de traitement, il peut constituer une barrière autre que douanière aux
échanges entre pays (29, 39, 48). Autre cas rendant difficile le commerce au plan national et international : le risque
d’introduction de parasites résistants dans le cadre de mouvements (36, 43) ou d’importations d’animaux sur pied. Ce
risque est largement admis pour les arthropodes et devient de plus en plus fréquent pour les helminthes (15, 24, 39, 41,
55).
-1-
Conf. OIE 1999
Au cours de la décennie actuelle et près d’un siècle après les premiers rapports sur la résistance des arthropodes aux
pesticides à usage agricole (32) nous assistons dans diverses régions géoclimatiques de la planète à une augmentation
quasi exponentielle des nouveaux cas de résistance, et des parasites concernés, dans le domaine de l’agriculture comme
dans celui de la santé publique (23, 42, 52). Ce problème concerne également les antibiotiques à usage humain et
animal si bien qu’il est absolument indispensable de mettre au point des directives coordonnées afin de prévenir et de
lutter contre les phénomènes de résistance (3).
Cette mutation génétique des populations parasitaires s’est faite dans le cadre de bouleversements politiques, sociaux et
économiques au niveau mondial, dont il faudra tenir compte lors de la mise en oeuvre de mesures de prévention et de
lutte à long terme. Au XXIe siècle, les marchés de la viande, de la laine et du lait seront de plus en plus régionalisés,
compétitifs et exigeants, notamment au niveau des résidus et de la protection de l’environnement. Les gouvernements et
l’industrie n’auront plus les capacités d’action dont ils disposaient par le passé, alors que le produit antiparasitaire
“ résistant à la résistance ” n’existera pas encore, et sans doute jamais.
La présente étude, réalisée par l’OIE, a pour objet de mesurer l’importance que les Pays Membres attachent au
problème des ecto- et endoparasites en général et à celui de la résistance aux antiparasitaires en particulier dans le
domaine de la production. C’est dans ce cadre que seront étudiées les mesures qu'il faudrait adopter aux niveaux
national, régional et international afin d’éviter l’aggravation du problème et de préserver des systèmes de production
animale durables. Nous avons analysé les réponses de 77 Pays Membres (Tableau 1) sur les 151 que comptait l’OIE en
1998, soit un échantillon de 51 %.
Tableau 1 : Pays Membres de l’OIE ayant participé à l’étude
sur la résistance des ecto- et endoparasites aux produits chimiques
Afrique du Sud
Algérie
Allemagne
Andorre
Angola
Argentine
Arménie
Australie
Azerbaïdjan
Belgique
Bhoutan
Bolivie
Botswana
Brésil
Burkina Faso
Canada
Chili
Chypre
Colombie
Comores (Iles)
Danemark
Emirats Arabes Unis
Espagne
Estonie
Etats-Unis d’Amérique
Finlande
France
Gabon
Haïti
Iran
Irlande
Islande
Italie
Kenya
Koweït
Lettonie
Lituanie
Madagascar
Malaisie
Malte
Maurice (Ile)
Mexique
Moldavie
Mongolie
Myanmar
Namibie
Népal
Norvège
Nouvelle-Calédonie
Nouvelle-Zélande
Paraguay
Pays-Bas
Pérou
Philippines
Pologne
Qatar
République tchèque
Roumanie
Royaume-Uni
Russie
Sénégal
Slovaquie
Soudan
Suède
Suisse
Swaziland
Syrie
Tanzanie
Tchad
Togo
Trinité et Tobago
Tunisie
Ukraine
Uruguay
Vanuatu
Zambie
Zimbabwe
2. CADRE DE PRODUCTION ET RESISTANCE AUX PRODUITS ANTIPARASITAIRES
L’importance économique du phénomène de résistance est étroitement liée à la répartition géographique, à la
prévalence, à l’incidence et à l’impact sur la production locale du parasite. Nous avons pris en considération, dans le
présent rapport, des parasites universellement répartis – c’est notamment le cas de certaines espèces d’arthropodes
(tiques, agents de la gale, diptères et poux) et celui des helminthes – en mettant notamment l’accent sur ceux qui ont
une incidence majeure dans les Pays Membres.
Le rapport montre la difficulté de mesurer l’impact direct et indirect des maladies parasitaires sur la production.
Malheureusement, une bonne partie de l’information disponible sur les pertes de production et les pertes économiques
reste incomplète au niveau mondial et plus de 65 % des pays objet de l’enquête n’ont effectué aucune étude à ce sujet.
-2-
Conf. OIE 1999
L’estimation a donc été faite sur la base des cas enregistrés et de la perception de leur importance par les Services
vétérinaires.
L’importance, sur les plans de la production et de l’économie, des maladies parasitaires au cours desquelles peuvent se
développer des phénomènes de résistance, a été répartie en quatre classes (Figure 1). Dans cette classification, 56 pays
considèrent que les helminthes constituent le problème le plus important, contre 15 pour les tiques, 4 pour les diptères,
1 pour les agents de la gale et aucun pour les poux. Malgré cette nette prédominance des helminthiases, nombre de pays
situent les tiques (n = 28) et les parasites de la gale (n = 14) en deuxième position. Afin d’obtenir un profil plus global
sur la perception, par les Pays Membres, de l’importance relative des maladies parasitaires, nous avons pondéré les
maladies classées dans la première, la seconde, la troisième et la quatrième catégories. Nous sommes ainsi arrivés à la
conclusion que les helminthes avaient obtenu 38,9 % des points affectés à toutes les catégories, les tiques 23,7 %, les
agents de la gale 15,4 %, les diptères importants en médecine vétérinaire 15,2 % et les poux 6,8 %.
A de très rares exceptions près, les produits chimiques ont été le seul moyen de lutte contre les maladies parasitaires qui
concernent les productions végétale et animale. Aussi la comparaison entre le marché des produits antiparasitaires et
celui des autres produits (antibiotiques, vaccins, sérums) est-elle une bonne indication de l’importance relative attribuée
à ces maladies par les pays. Ceux-ci considèrent, à 85,7 %, qu’ils comptent un important marché d’antiparasitaires que
ce soit pour la lutte conjointe contre les ecto- et endoparasites (57,1 %), contre les endoparasites uniquement (18,2 %)
ou les ectoparasites (10,4 %). Pour 14,3 % d’entre eux, ce marché est négligeable lorsqu’on le compare à celui des
produits biologiques.
Le jugement des Services vétérinaires tient compte, en général, du volume des ventes des produits antiparasitaires
destinés aux animaux domestiques. En 1997, les ventes mondiales d’endoparasiticides (36 %), d’endectocides (25 %) et
d’ectoparasiticides (39 %) ont été de l’ordre de 3100 millions de dollars (54). Pour les raisons indiquées et avec les
écarts logiques dus aux particularités de chaque région géoéconomique, une perte modeste d’efficacité (passant
généralement inaperçue sur le terrain) représente en fait une perte considérable en termes de coût/efficacité pour le
produit antiparasitaire, et une progression importante et irréversible de la résistance parasitaire. Ainsi, un
anthelminthique ou un acaricide dont l’efficacité est réduite de 20 % sur le terrain ne signifie pas seulement la perte, à
ce titre, de l’équivalent de 20 pour 100 de dollars américains investis dans les intrants vétérinaires, mais également une
hypothèque, génétiquement programmée, qui pèsera sur l’avenir du groupe de produits chimiques concernés.
Helminthes
Tiques
Diptères
Parasites de la gale
Poux
(n) Pays Membres
56
28
23
23
20
17
15
15
14
11
10
4
1
CATEGORIE 1 (*)
9
5
3
CATEGORIE 2
3
CATEGORIE 3
3
CATEGORIE 4
(*) dont l'importance est la plus élevée pour la production et l'économie
Figure 1 : Perception, par les Services vétérinaires, de l’importance relative
des ecto- et des endoparasites développant une résistance aux produits antiparasitaires
-3-
Conf. OIE 1999
3. DIAGNOSTIC ET RESISTANCE
Diagnostic et prophylaxie sont deux actions indissociables de tout programme sanitaire, mais dans le cas de la
résistance aux produits antiparasitaires, cette relation revêt une importance encore plus grande. En l’occurrence, il faut
non seulement connaître l’agent responsable, mais également déterminer le plus tôt possible le degré de sensibilité des
populations de parasites aux groupes des produits chimiques disponibles (résistance collatérale, croisée, multiple).
Pour les ectoparasites (23) et les endoparasites (27), la résistance aux traitements a été établie, avec quelques variantes,
conformément aux définitions proposées par le Comité des experts en insecticides de l’OMS1 en 1957 et par le Groupe
d’experts de la FAO sur la résistance2 en 1967 (18). Aux fins de la présente étude, la résistance se définit comme “la
détection au moyen d’épreuves de sensibilité, de l’augmentation significative d’individus au sein d’une même espèce et
population de parasites, capables de tolérer des doses de produit (S) qui se sont avérées mortelles pour la plupart des
individus de la même espèce ”.
Parmi les Pays Membres 54,5 % (n = 42) ont indiqué avoir observé un phénomène de résistance pour au moins un
groupe de parasites objet de l’étude, alors que 36,4 % de ces pays (n = 28) n’en ont relevé aucun. Pour les autres pays
(9 %) (n = 7), la réponse n’a pu être prise en considération en raison de la difficulté d'interpréter les techniques qu'ils
ont utilisées. Ces chiffres sont certainement sous-évalués car la résistance de certains groupes d'infestations
parasitaires, telles que les helminthiases, n’est pas normalement communiquée aux Services vétérinaires.
Sur l’ensemble des réponses positives, 86 % (n = 36) correspondent à un diagnostic de résistance chez les helminthes,
50 % (n = 21) chez les tiques, 31 % (n = 13) chez les diptères, 19 % (n = 8) chez les parasites de la gale et 10 % (n = 4)
chez les poux. Ces résultats témoignent de l’existence d’une superposition du phénomène de résistance, sachant que
22 % des pays incluent, par ailleurs, les deux premiers groupes de parasites, les helminthes et les tiques, dans la
catégorie des agents ayant la plus grande importance. On observe également que 24,4 % (n = 10) des pays sont
confrontés à ce problème de résistance pour plus de trois groupes (trois à cinq) de parasites objet de cette étude.
Cette réalité est rarement prise en compte lorsque l’on aborde le problème au niveau du terrain et que l’on planifie les
modalités de lutte. Le producteur est de plus en plus souvent confronté à des “résistances multiples” développées
simultanément non seulement à diverses classes de produits antiparasitaires (53) mais également à divers parasites (ex :
Haemonchus contortus + Trichostrongylus colubriformis + Ostertagia circumcincta) (16, 17). Les populations
exposées peuvent parfois être constituées exclusivement de tiques (ex : Amblyomma variegatum + Boophilus
microplus) (48) ou de tiques et de diptères (B. microplus + Haematobia irritans) (11, 31, 53).
Par conséquent, tout programme de lutte rationnel doit commencer par intégrer les informations relatives au niveau du
diagnostic de la résistance et développer des capacités permettant d’identifier l'effet du produit antiparasitaire chez les
espèces visées par les actions de lutte comme chez celles qui ne le sont pas. Les parasites les plus pathogènes et dotés
du plus fort potentiel biotique sont souvent ceux qui déterminent la fréquence des traitements appliqués par le
producteur. Cette situation s’est répétée récemment dans certaines régions tempérées d’Amérique du Sud, où H.
contortus est le parasite le plus important pour les producteurs mais où le problème de résistance majeur est celui que
pose T. colubriformis contre lequel on a lutté par des quantités excessives d’antihelminthiques à large spectre (36, 37).
L’utilisation de plus en plus fréquente d’endectocides dans de nombreuses régions de production du monde illustre
cette tendance.
L’absence de diagnostic de résistance ne veut pas dire que le problème est inexistant, mais elle est au contraire
révélatrice d’un certain nombre de carences allant de l’absence de prise de conscience du problème sur le terrain à
l’impossibilité de réaliser des diagnostics en laboratoire. Pour ce qui est des difficultés de diagnostic, 27,3% des Pays
Membres considèrent que le problème de la résistance n’est pas compris des éleveurs et ne les intéresse pas, ce qui peut
entraîner des retards dans le processus de diagnostic et d’information. Le niveau (de formation) du producteur
détermine certainement son attitude face au problème. Les programmes de lutte contre les fléaux agricoles les plus
modernes, et ceux qui enregistrent les meilleurs résultats, sont ceux qui considèrent la formation du producteur comme
la première des priorités dans la lutte contre les parasites des végétaux (20).
Autre point sur lequel les Pays Membres ont attiré l’attention : l’absence d’infrastructures qui permettent de rapporter
les événements zoosanitaires survenus sur le terrain de ceux qui sont observés au laboratoire. Pour 27,3 % des Pays
Membres (essentiellement des pays en développement) il s’agit là du principal problème qui empêche la détection
précoce d’une résistance. Cette situation ne fait qu’aggraver l’absence d’information des pouvoirs publics sur
l’incidence réelle des problèmes sanitaires et rend difficile la planification de mesures de lutte adaptées (21, 40).
1
2
OMS : Organisation mondiale de la santé
FAO : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
-4-
Conf. OIE 1999
Parmi les autres problèmes relevés, on note l’absence de techniques appropriées au diagnostic de résistance, ce que
26 % de pays considèrent comme une difficulté majeure lorsqu’il s’agit de maintenir un système de surveillance de la
résistance. Cette question a été portée à l'attention des pouvoirs publics, des organisations internationales et des
institutions universitaires (9, 28). S’agissant des tiques, ce fut là l’un des principaux objectifs du Centre mondial de
référence de la FAO sur la résistance aux acaricides situé à Berlin, Allemagne (48). Malheureusement, ce Centre n’est
plus opérationnel depuis 1996 en raison de problèmes financiers ; les fonctions qu’il exerçait au niveau mondial
devront, par conséquent, être reconsidérées dans le cadre d’une planification ultérieure éventuelle.
Enfin, un pays a fait observer l’absence de moyens pour la réalisation d’enquêtes sur le phénomène de résistance en
santé animale, situation qui s’est aggravée ces dernières années et qui clôt le cercle vicieux de l’absence d’alternatives
en vue de réduire la dépendance vis-à-vis des médicaments (21, 28, 34).
4. CADRE DE REFERENCE ACTUEL POUR LA PREVENTION
ET LA LUTTE CONTRE LES PHENOMENES DE RESISTANCE
En théorie, chaque population de parasites peut développer une résistance à n’importe quelle molécule ou groupe de
molécules. Le changement de principe actif pour la lutte contre ce phénomène s'est révélé efficace dans la mesure où de
nouveaux produits antiparasitaires apparaissent sur le marché et où la prévalence de la résistance passait inaperçue. Le
“ changement de produit ” s’est souvent fait sans diagnostic préalable, et il s’agissait uniquement d’une modification de
l'appellation commerciale du produit (33). Dans d’autres cas, l’absence de diagnostic confirmé s’est traduite par le
remplacement d’un principe actif par un autre, de manière massive, après les premières observations de cas de
résistance. C’est ainsi qu’on a remplacé les organophosphorés par les pyréthroïdes dans la lutte contre B. microplus (8,
31) et qu’on est passé d'un seul coup aux ivermectines ou avermectines génériques chez les ovins sans avoir constaté,
au préalable, l’existence d’une résistance aux groupes benzimidazole et levamisole (30).
Il est désormais évident que les produits utilisés pour lutter contre les ecto- ou endoparasites ne sont pas en eux-mêmes
responsables des problèmes entraînés par les phénomènes de résistance. Le “ péché originel ” de ce processus relève
essentiellement de la responsabilité de l'homme dans la mesure où l’utilisateur a toujours tendance à simplifier la
routine de la prophylaxie en recourant à l’outil le plus efficace et le plus facile d’emploi (33, 47). La grande efficacité,
le large spectre et le pouvoir résiduel prolongé de nombre de produits antiparasitaires ont renforcé le sentiment de
sécurité du producteur, réduisant d’autant l’importance du diagnostic et du soutien professionnel. Ce processus de
“ substitution ” progressive du diagnostic en premier lieu, puis du conseiller technique, est particulièrement évident
dans la lutte contre les nématodes gastro-intestinaux et les tiques/diptères.
Il semble aujourd’hui que l’approche en matière de prévention et de lutte n’ait guère changé. Sur 42,9 % des pays ayant
déclaré mener des actions de lutte contre la résistance, 84,9 % le font exclusivement par changement de produit et
seulement 15,1 % par d’autres types de mesures. Parmi les 64,9 % des pays qui mènent des actions de prévention de la
résistance, la plupart le font par rotation des groupes de produits chimiques. Certains d’entre eux sont cependant
conscients de l’importance de la formation, et pensent qu'elle peut éviter une aggravation du problème.
A court terme, il serait illusoire de maintenir une approche de la prévention et de la lutte basée presque exclusivement
sur l’utilisation de produits antiparasitaires et ce pour les raisons suivantes :
• On ne peut sans cesse tabler sur l’arrivée de nouveaux produits sur le marché. L’industrie pharmaceutique a
dû faire face à une hausse permanente des coûts de recherche et de développement en vue de l’enregistrement de
nouveaux médicaments. Le coût de développement d’un nouveau produit se situe entre 100 et 230 millions de
dollars américains, sachant qu'il peut s'écouler plus de dix ans entre la découverte d’une molécule potentielle et sa
mise sur le marché (12, 46). Autre mutation importante survenue au sein de l’industrie pharmaceutique : la
tendance mondiale à la concentration et aux regroupements, ce qui, d’une certaine manière, a nui à la recherche de
nouvelles molécules efficaces. D’après l’Institut de santé animale (un établissement qui représente 80 % de
produits à usage vétérinaire aux Etats-Unis d’Amérique), il ne reste pas plus de 27 des 60 sociétés membres qui
existaient il y a vingt ans, et encore, seul un petit nombre d’entre elles ont maintenu une activité recherchedéveloppement. Leurs produits sont en concurrence, pour l’obtention de fonds, avec ceux destinés à d’autres
espèces animales rentables, et tout particulièrement avec ceux destinés à l’Homme (46). Le produit antiparasitaire
utilisé en santé animale doit être considéré comme une ressource non renouvelable.
• Les Services vétérinaires de chaque Etat subissent actuellement de profondes mutations. Dans de nombreux
cas, il est difficile de maintenir une “ masse critique ” spécialisée et un matériel adapté pour l’enregistrement et le
contrôle permanent de produits antiparasitaires. Parmi les pays inclus dans l'étude 49,3 % (n = 38) prétendent
avoir des difficultés à procéder à un bon enregistrement des produits antiparasitaires. Or les pouvoirs publics des
-5-
Conf. OIE 1999
pays en développement, bien plus exposés aux problèmes de falsification et d’introduction de médicaments de
mauvaise qualité, ont beaucoup de mal à s’acquitter de cette fonction essentielle. Les principaux problèmes
mentionnés par les Pays Membres sont l’absence de législation adaptée et de service spécialisé dans
l’enregistrement, et la nécessité de faire enregistrer des médicaments dans d’autres services publics qui ne sont pas
spécialisés en santé animale. Ils peuvent aussi souffrir de l’absence totale ou partielle d’infrastructures pour
effectuer les analyses nécessaires à chaque type de molécule, de l’impossibilité d’assurer un suivi permanent de la
qualité des produits antiparasitaires et de la non-communication aux services d’enregistrement de l’apparition
d’une résistance sur le terrain. Au cours de cette décennie, les produits antiparasitaires génériques ont fini par
s’implanter ; ainsi, n’est-il pas rare que le même principe actif soit commercialisé dans un pays sous plus de vingt
noms commerciaux différents. La concurrence sur les prix et les formulations de médicaments tombés dans le
domaine public est souhaitable, pour peu que la qualité soit préservée, mais cela ne doit pas se limiter à définir une
concentration appropriée du principe actif. Cette situation, ajoutée à l’absence de formation de l’utilisateur, est
propice à une plus grande consommation de médicaments à bas prix et souvent de mauvaise qualité. Tel est sans
doute le grand défi qui doivent désormais relever les pays qui ne disposent pas des capacités nécessaires pour le
contrôle de la toxicité, des résidus et de l’efficacité des antiparasitaires.
5. ACTIONS EN COURS ET A VENIR
Il est de plus en plus urgent d’associer toutes les parties concernées, pouvoirs publics, industrie pharmaceutique,
organismes privés et internationaux, à l’élaboration d’un programme durable et efficace au plan économique sur les
maladies parasitaires en général et sur la résistance de parasites en particulier.
5.1. Cadre régional et national
A moyen et long termes il ne saurait y avoir de prophylaxie durable sans un système de production national qui
soit lui-même durable et respectueux des principes qui en ont fait la valeur (14, 44). C’est notamment le cas dans
les pays en développement, où les exemples sont légion d’organismes et consultants ayant imposé des méthodes
dites “ supérieures ” mais parfaitement inadaptées aux conditions climatiques, sociales, économiques et
productives locales (2). Il serait bon, par conséquent, qu’au XXIe siècle, les systèmes de surveillance de pays en
développement et en transition soient dotés d’une petite masse critique professionnelle spécialisée, capable de
gérer le problème de la résistance à quatre niveaux principaux :
Diagnostic : le diagnostic fait partie intégrante de la gestion globale de la résistance (28). Il faut renforcer sinon
créer des capacités de diagnostic des phénomènes de résistance au moyen de techniques parfaitement standardisés
et harmonisées permettant d’envisager une prévention sans recourir à l’utilisation systématique de produits
antiparasitaires.
Epidémiologie : pour une bonne prophylaxie des animaux à l'herbe, il est absolument indispensable de connaître
l’épidémiologie parasitaire locale puisqu’elle constitue la synthèse de toutes les variables qui entrent en jeu pour
freiner ou favoriser l’escalade parasitaire (5, 35). L’épidémiologie représente le cadre de référence à partir duquel
on doit commencer à élaborer un programme rationnel de lutte contre la résistance. Si l’importance d’une bonne
connaissance épidémiologique est largement admise pour la prévention et la lutte contre la résistance aux produits
antiparasitaires, il reste beaucoup à apprendre sur le processus de mutation génétique des populations parasitaires
“ dans ” et “ hors ” de la population hôte. La disponibilité de techniques moléculaires et de modèles
mathématiques adaptés permettra de mieux comprendre l’évolution génétique des populations parasitaires et de
réduire au minimum les niveaux de sélection vers la résistance (1). Là encore, les pays en développement devront
faire un effort pour maintenir une petite masse critique professionnelle (en privilégiant l’excellence plutôt que le
nombre) capable de comprendre et d’intégrer au plan local les nouveaux progrès de la technologie.
Lutte intégrée contre des parasites : la dépendance absolue à l’égard d’une seule méthode de prévention s’est
avérée peu efficace et rentable sur le long terme (14, 25, 50, 51). En termes de résistance antiparasitaire, la lutte
intégrée contre des parasites (LIP) combine de manière appropriée divers outils de prévention de manière à
déstabiliser les populations parasitaires comportant la plus forte proportion d’individus génétiquement résistants
aux produits antiparasitaires. Aussi la LIP s’accompagne-t-elle d’une diminution de la fréquence des traitements
car on a observé, dans certaines études, une nette corrélation entre la fréquence de ces traitements et l’apparition
d’une résistance (38). Néanmoins, l’inverse n’est pas nécessairement vrai car, chez les nématodes gastrointestinaux, la pression sélective exercée par le traitement dépend du pouvoir de dilution des populations ayant
trouvé refuge contre le produit (4). Chez les parasites pour lesquels les populations pouvant se protéger dans des
refuges sont par nature importantes (ex : nématodes gastro-intestinaux et tiques), des conditions épidémiologiques
spéciales, comme un séjour préjudiciable dans des climats extrêmes, une intense sécheresse ou une gestion des
-6-
Conf. OIE 1999
pâturages visant à réduire les refuges éventuels peuvent modifier sensiblement la pression sélective du traitement.
Les agents de la gale, qui sont des parasites obligatoires dont pratiquement aucune population ne survit dans des
refuges, constituent un exemple naturel de la façon dont peut se développer une résistance par exposition
simultanée de tous les stades parasitaires aux traitements. Par conséquent, lors de la mise en oeuvre d’une LIP, il
faut non seulement réduire le nombre des traitements, mais ceux-ci doivent être effectués à des époques/moments
et chez des animaux permettant une plus forte dilution des populations parasitaires (7). C’est sur ce principe que
se fonde la technique FAMACHA3, développée à l’origine en Afrique du Sud pour la lutte contre H. contortus
chez les ovins (49). La FAO est actuellement en train d’apporter son concours pour la validation de cette
technique sur le terrain au Paraguay, en Afrique du Sud et en Uruguay.
La mise en oeuvre d’une LIP repose sur certains éléments importants qui sont parfois difficiles à réunir dans des
pays en développement, à savoir la disponibilité des résultats provenant de la recherche appliquée, un changement
de stratégie en faveur de méthodes moins dépendantes des produits antiparasitaires et la participation du
producteur et de son conseiller vétérinaire aux programmes de formation. Certains systèmes de LIP peuvent
s’avérer difficiles à mettre en oeuvre, mais l’utilisation courante de modèles informatiques permettra de
rationaliser les mesures de prévention de manière plus globale et économique (6, 10, 26).
Il existe trois niveaux d’utilisation possibles : tout d’abord, la lutte contre une espèce parasitaire (ex : les tiques) ;
ensuite, pour deux ou plusieurs espèces cohabitant chez l’hôte (ex : tiques + maladies transmises + H. irritans) et,
enfin, par intégration dans le développement rural (ex : glossines + trypanosomiase).
Enregistrement et contrôle des antiparasitaires : c’est dans le cadre du processus d’enregistrement que les
autorités compétentes approuvent la vente et l’utilisation d’un produit antiparasitaire après en avoir évalué
l’efficacité et l’innocuité pour les animaux, la santé publique et l’environnement. Dans les pays en développement,
en particulier, la difficulté majeure réside dans la certification analytique d’un grand nombre de produits
antiparasitaires, parce qu’il faut non seulement une infrastructure lourde mais aussi un personnel spécialisé pour
effectuer les tests. Cependant, certains pays ont accompli des progrès importants aux plans national et régional ;
on peut donc en conclure que les pays dont les moyens sont limités pourront être soutenus à l’avenir. Après cette
étape de la plus haute importance en vient une autre, peut-être plus difficile à franchir et dans laquelle les pays les
plus pauvres “ sont seuls ”. Il s'agit du contrôle permanent de la qualité des produits antiparasitaires qui permet
d’éviter certains abus tels que les falsifications, les ventes de lots de médicaments d’une qualité inférieure aux
normes, l’utilisation de molécules à usage agricole chez les animaux, les préparations “ artisanales ” et les
mélanges de produits à la stabilité douteuse. Il n’est pas facile pour des pays ayant d’autres priorités d’établir et de
renforcer ces deux fonctions ; il s’agit là d’une tâche de longue haleine, qui doit aller de pair avec une solide
formation de l’utilisateur.
5.2. Cadre international : l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et l’intégration
des connaissances
Les actions concernant les ecto- et endoparasites ont, pour l’essentiel, tendance à améliorer les capacités
diagnostiques et la connaissance épidémiologique pour l’utilisation de systèmes de lutte rentables et durables. En
1956, la FAO et l’OIE, préoccupées par l’incidence accrue des tiques et des déplacements d’animaux,
organisèrent la première “ Consultation d’experts sur les tiques et les maladies transmises ”. D’autres actions se
sont ensuite succédées dont le soutien apporté aux programmes de lutte intégrée contre les tiques et les maladies
qu’elles transmettent en Afrique, l’éradication d’Amblyomma variegatum dans les Antilles et plusieurs
consultations d’experts, qui ont été étudiées par de Castro, 1995 et 1997 (13, 14) et Thullner, 1996 (48).
En 1991, a lieu la première consultation d’experts en infestation par les helminthes, dont l’un des objectifs
spécifiques était l’évaluation de la résistance aux produits anthelminthiques chez les ruminants (19).
Plus récemment et s’agissant de la prévention et de la lutte contre la résistance aux produits antiparasitaires, le
Service de santé animale de la FAO, conjointement avec les bureaux régionaux, a fait progresser plusieurs types
d’actions au niveau international, qui seront résumées dans le présent rapport.
En 1997, un groupe de travail, connu sous le nom de “Groupe de travail sur la résistance parasitaire ” (GTRP) a
été mis en place. Ce groupe d’experts conseille la FAO sur les stratégies de lutte antiparasitaire intégrée et sur la
gestion de la résistance. Le GTRP rassemble, classe et analyse l’information sur l’épidémiologie, le diagnostic, la
3
FAMACHA: Faffa Malan Chart
-7-
Conf. OIE 1999
lutte contre les parasites et la gestion de la résistance parasitaire et aide la FAO à élaborer des lignes directrices
pour le diagnostic et la prévention de ce phénomène.
Le GTRP travaille en collaboration permanente avec l’industrie pharmaceutique par le biais d’un groupe de
contact FAO/Industrie. L’industrie est représentée par le Groupe vétérinaire de résistance parasitaire (GVRP),
spécialisé et consultant auprès de la COMISA4 dont la mission est de conseiller l’industrie et autres organisations
non industrielles sur les effets et les conséquences de la résistance parasitaire, leur suivi et les stratégies de lutte y
afférentes (R. Curtis, communication personnelle, 1998). Le GVRP est représenté actuellement par huit des plus
grands groupes mondiaux, menant des activités de recherche-développement sur les produits antiparasitaires.
Suite aux recommandations du GTRP, la FAO a encouragé et financé la création de trois réseaux d'information
par courrier électronique sur les ecto- et endoparasites qui seront entièrement opérationnels vers le milieu de 1999.
Deux réseaux ont été mis en place pour les helminthes, l’un en Amérique latine (coordonné par INTA5, Castelar,
République d’Argentine) et l’autre en Afrique (coordonné par la Faculté de médecine vétérinaire de Pretoria,
Afrique du Sud). Le réseau portant sur les tiques et les maladies qu’elles transmettent est coordonné par la
CORPOICA6, Bogota, Colombie. Outre les fonctions spécifiques remplies par ces réseaux, la FAO veillera à
favoriser l’interconnexion et l’interaction entre ces réseaux et d’autres déjà en place.
Dans le domaine des ectoparasites, trois Centres de référence en matière de diagnostic et de lutte contre les tiques
ont été désignés en Amérique latine pour conduire une partie des actions antérieurement confiées au Centre
mondial de référence de la FAO. Ces Centres, qui ont un champ d’action régional, sont situés en Colombie
(CORPOICA), au Mexique (CENID-PAVET7) et en Uruguay (DILAVE “Miguel C. Rubino”8). Leur mission
première est le développement de capacités techniques régionales pour assurer le diagnostic et la surveillance des
tiques résistantes aux acaricides. Les informations sur les activités conduites par ces Centres seront diffusées sur le
réseau correspondant, qui donnera également des informations sur les stages de formation, les séminaires, les
réunions de travail et la disponibilité de trousses de diagnostic dûment harmonisées et standardisées. Toutes ces
actions visent finalement à créer les conditions et à fournir les informations nécessaires à la mise en oeuvre d’une
lutte antiparasitaire intégrée durable, et à une gestion adaptée de la résistance parasitaire.
BIBLIOGRAPHIE
1.
Anderson R.M. (1998). Complex dynamic behaviours in the interaction beteween parasite populations and the
host’s immune system. Intern. J. Parasitol., 28, 551-566.
2.
Anon. (1996). A dying industry? The Economist, 340 (7982), 4.
3.
Anon. (1998). Comment. Antimicrobial resistance: developing a coordinated approach. Vet. Rec., 317.
4.
Barger I.A. (1998). Control by management. Vet. Parasitol., 72, 493-500.
5.
Barger I.A. (1998). The role of epidemiological knowledge and grazing management for helminth control in small
ruminants. Int. J. Parasitol., 29, 41-47.
6.
Barger I.A., Barnes E.H. & Dobson R.J. (1990). Modelling anthelmintic resistance. In: Perry B.D. & Hansen W.J.,
eds. Modelling Vector-Borne and Other Parasitic Diseases. ILRAD, Nairobi, Kenya, 177-190.
7.
Besier R.B. (1997). Ecological selection for anthelmintic resistance: re-evaluation of sheep worm control
programs. In: Van Wyk J.A. & Van Schalkwy P.C. eds. Managing Anthelmintic Resistance in Endoparasites. 3038.
8.
Cardozo H. (1995). Situación de resistencia del Boophilus microplus en Uruguay. In: Rodriguez Camarillo S. &
Fragoso Sanchez H. eds. III Seminario Internacional de Parasitología Animal. 11-13 octubre de 1995, Acapulco,
Mexico, 30-38.
4
5
6
7
8
COMISA : Confédération mondiale de l’industrie de la santé animale
INTA : Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria
CORPOICA : Corporación Colombiana de Investigación Agropecuaria
CENAPA : Centro Nacional de Investigaciones Disciplinarias en Microbiología
DILAVE : Dirección de Laboratorios Veterinarios "Miguel C. Rubino"
-8-
Conf. OIE 1999
9.
Coles C., Bauer C., Borgsteede F.H.M., Geerts S., Klei T.R., Taylor M.A & Waller P.J. (1992). World Association
for the Advancement of Veterinary Parasitology. (W.A.A.V.P) Methods for the detection of anthelmintic resistance
in nematodes of veterinary importance. Vet. Parasitol., 44, 35-44.
10. Cooperative Research Centre for Tropical Pest Management (1997). A guide to using the T3 HOST-D model
within dymex. Gehrmann Laboratories. University of Queensland. Australia, 46.
11. Coronado A. (1995). Current status of the tropical, cattle tick Boophilus microplus in Venezuela. In: Rodriguez
Camarillo S. y Fragoso Sanchez H., eds. III Seminario Internacional de Parasitología Animal. 11-13 octubre de
1995, Acapulco, Mexico, 22-29.
12. De Alva R. (1995). Creating new products for animal health. In: Rodriguez Camarillo S. y Fragoso Sanchez H.,
eds. III Seminario Internacional de Parasitología Animal. 11-13 octubre de 1995, Acapulco, Mexico, 86-87.
13. De Castro J.J. (1995). Worldwide FAO activities in the field of tick-borne disease control with a summary of
recomendations from recent workshops. In: Irvin A.D., Stewart C.G. & Uilenberg G. eds. Tick and TBD of Africa.
Report on a Workshop held at the Onderstepoort Veterinary Institute. 4-7 September 1995, Onderstepoort, South
Africa, 21-28.
14. De Castro J.J. (1997). Sustainable tick and tickborne disease control in livestock improvement in developing
countries. Vet. Parasitol., 71, 77-97.
15. Dorny P., Claerebout E., Vercruysse J., Sani R. & Jalila A. (1994). Anthelmintic resistance in goats in peninsular
Malaysia. Vet. Parasitol., 55, 327-342.
16. Echevarria F., Borba M.F.S., Piñheiro A.C., Waller P.J & Hansen J.W. (1996). The prevalence of anthelmintic
resistance in nematode parasites in sheep in southern Latin America: Brazil. Vet. Parasitol., 62, 199-206.
17. Eddi C., Caracostantologo J., Peña M., Shapiro J., Marangunich L., Waller P.J. & Hansen J.W. (1996). The
prevalence of anthelmintic resistance in nematodes parasites in sheep in southern Latin America: Argentina. Vet.
Parasitol., 62, 189-197.
18. FAO (1967). Report of the First Session from the FAO Working Party of Experts on Pests to Pesticides. FAO.
Rome, Italy. 1965.
19. FAO (1991). FAO Expert Consultation on Helminth infections of Livestock in developing Countries. (Report). 2327 September 1991, Rome, Italy, 32.
20. FAO. Integrate Pest Management activities. http//www.fao.org/WAICENT/FAOINFO/AGRICUL/.
21. Fleming E. & Patrick I. (1996). Rationale and means of goverment intervention in small ruminant development
through health improvements. In: Le Jambre L.F. & Knok M.R., eds. Sustainable Parasite Control in Small
Ruminants. Bogor, Indonesia, 39-48.
22. Floate K.D. (1998). Off-target effects of ivermectin on insects and on dung degradation in southern Alberta,
Canada. Bull. Ent. Res., 88, 25-35.
23. Georghiou G.P. & Lagunes-Tejeda A. (1991). The ocurrence of resistance to pesticides in arthropods. FAO/Univ.
Calif. USA. (UN 17/26 IL 2/2 AGPP). 318.
24. Himonas C. & Papadopoulos E. (1994). Anthelmintic resistance in imported sheep. Vet. Rec., 134-156.
25. Holmes P.H. (1997). New approaches to the integrated control of trypanosomosis. Vet. Parasitol., 71, 121-135.
26. Kariuki D.P., Kiara H.K., Muraguri E.K. & Mwangi E.K. (1997). Designing control strategies for livestock ticks in
Kenya using computer models. International Tick Modelling Workhop. 9-19 September 1997, Nairobi, Kenya.
27. Kelly J.D. & Hall C.A. (1979). Anthelmintic resistance in nematodes: I History present status in Australia, genetic
back ground and methods for field diagnosis. N.S.W. Proc., 15, 19-32.
-9-
Conf. OIE 1999
28. Kemp D.H., Thullner F., Gale K.R., Nari A. & Sabatini G.A. (1998). Acaricide resistance in the catlle-ticks
Boophilus microplus and Boophilus decoloratus. Report to the Animal Health Services. FAO, Rome, Italy, 1-32.
29. Kunz S.E. & Kemp D.H. (1994). Insecticides and acaricides: resistance and environmental impact. Rev. sci. tech.
Off. int. epiz., 13, 124-128.
30. Maciel S. (1998). Gastrointestinal nematodes of ruminants in Paraguay and the possibilities of using predacious
fungi. In: Hansen J.W., ed. Proceeding of a workshop organized by FAO and the Danish Centre for Experimental
Parasitology. 5-12 October 1997, Ipoh, Malaysia, 86-88.
31. Martins J.R., Correa B.L., Cereser V.H. & Arteche C.C.P. (1995). A situation report on resistance to acaricides by
the cattle tick Boophilus microplus in the state of Rio Grande do Sul, Southern Brazil. In: Rodriguez Camarillo S.
& Fragoso Sanchez H., eds. III Seminario Internacional de Parasitología Animal. 11-13 octubre de 1995,
Acapulco, Mexico, 1-8.
32. Melander A.L. (1914). Can insects become resistant to sprays? J. Econ. Entomol., 7, 167-173.
33. Nari A. (1987). Enfoque epidemiológico sobre el diagnóstico y control de resistencia a antihelmínticos en ovinos.
Edit. Hemisferio Sur. Montevideo, Uruguay, 60.
34. Nari A. (1990). Methods currently used for the control of one- host ticks: their validity and proposals for future
control strategies. Parasitol., 32, 133-143.
35. Nari A. (1995). Strategies for the control of one-host ticks and relationship with tick-borne diseases in South
America. Vet. Parasitol., 57, 153-165.
36. Nari A., Franchi M., Rizzo E., Marmol E. & Mautone G. (1997). Evaluación de un programa de control de
nematodes gastrointestinales en ovinos. Medidas para dilatar la aparición de resistencia antihelmíntica. XXV
Congreso Nacional de Buiatría. 18-21 de junio, Paysandú, Uruguay, 98-101.
37. Nari A., Salles J., Castell D. & Hansen J.W. (1998). Control of gastro-intestinal nematodes in farming systems of
Uruguay. In: Hansen J.W., ed. Proceeding of a workshop organized by FAO and the Danish Centre for
Experimental Parasitology. 5-12 October 1997, Ipoh, Malaysia, 89-94.
38. Nari A., Salles J., Gil A., Waller P.J. & Hansen J.W. (1996). The prevalence of anthelmintic resistance in
nematodes parasites in sheep in southern Latin America: Uruguay. Vet. Parasitol., 62, 213-222.
39. Nolan J. (1995). Report of the Workshop on Acaricide resistance in the catlle- tick Boophilus microplus.
FAO/IPVDF. 21-25 November 1994, Porto Alegre, Brazil, 1-23.
40. OIE (1999). Final Report of the 13th Conference of the OIE Regional Commission for Africa. 26-29 January 1999,
Dakar, Senegal.
41. Requejo-Fernandez J.A., Martinez A., Meana A., Rojo-Vazquez F.A., Osoro K. & Ortega-Mora L.M. (1997).
Anthelmintic resistance in nematode parasites from goats in spain. Vet. Parasitol., 73, (1/2) 83-88.
42. Sangster N.C. (1998). Anthelmintic resistance: past, present and future. In: Novel Approaches to the Control of
Helminth Parasites of Livestock. Proceedings of the Second International Conference, 22-26 March 1998,
Louisiana University. Baton Rouge, USA, 28.
43. Sanyal P.K. (1998). Integrated parasite management in ruminants in India: a concept note. In: Hansen J.W., ed.
Proceeding of a workshop organized by FAO and the Danish Centre for Experimental Parasitology. 5-12 October
1997, Ipoh, Malaysia, 54-65.
44. Schillhorn Van Veen T.W. (1997). Sense or nonsense? Traditional methods of animal parasitic disease control.
Vet. Parasitol., 71, 177-194.
45. Sprat D.M. (1997). Endoparasites control strategies: implications for biodiversity of native fauna. Int. J. Parasitol.,
27, 173-180.
46. Soll M.D. (1997). The future of anthelmintic therapy from an industry perspective. In: Van Wyk J.A & Van
Schalkwy P.C., eds. Managing Anthelmintic Resistance in Endoparasites. 1-4, Pretoria, South Africa.
47. Tatchell R.J. (1992). Ecology in relation to integrated tick management. Insect. Sci. Applic., 13, 551-561.
- 10 -
Conf. OIE 1999
48. Thullner F. (1997). Impact of pesticide resistance management based on a regional structure. World Anim. Rev., 89,
41-47.
49. Van Wyk J.A., Malan F.S & Bath G.F. (1997). Rampant anthelmintic resistance in sheep in South Africa. What are
the options? In: Van Wyk J.A & Van Schalkwy P.C. eds. Managing Anthelmintic Resistance in Endoparasites. 5163, Pretoria, South Africa.
50. Vergara Ruiz R (1996). Sistema de manejo integrado de moscas comunes en explotaciones pecuarias: alternativa
ecológica y económica. In: Epidemiología, diagnóstico y control de enfermedades parasitarias en bovinos.
Compendio II. CORPOICA. Medellín. Colombia. 41-50.
51. Waller P.J. (1997). Sustainable helminth control of ruminants in developing countries. Vet. Parasitol., 71, 195-207.
52. Waller P.J. (1999). International approaches to the concept of integrated control of nematodes parasites of
livestock. Int. J. Parasitol., 29, 155-164.
53. Waruiru R., Kogi J.K., Weda E.H & Ngotho J.W. (1998). Multiple anthelmintic resistance on a goat farm in
Kenya. Vet. Parasitol., 75, 191-197.
54. Wood Makenzie (1998). The animal health market. Product section. Edinburgh, UK.
55. Yarandy M., Praslicka J., Corba J. & Vesely L. (1993). Multiple anthelmintic resistance of nematodes in imported
goats. Vet. Rec., 132, 387-388.
- 11 -

Documents pareils