Bowling for Columbine, ou comment se faire bourrer le Moore (1e

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Bowling for Columbine, ou comment se faire bourrer le Moore (1e
Bowling for Columbine, ou comment se faire bourrer le Moore (1e partie)
Par Olivier ACHARD
Il y a plusieurs mois, nous vous avions
rendu compte de ce chef-d'oeuvre en
matière de désinformation que constitue le
soi-disant documentaire "Bowling For
Columbine". Une analyse plus poussée ne
fait que confirmer notre jugement.
L'inconvénient des films visionné dans les
cinémas c'est qu'il est difficile de dire au
projectionniste de revenir en arrière lorsque l'on
souhaite vérifier un point. Heureusement pour
nous, il existe des cassettes vidéo et autres
DVD qui nous permettent d'analyser en
profondeur un film. Le DVD de Bowling For
Columbine étant maintenant disponible, nous
nous en sommes procuré une copie pour
pouvoir le disséquer tout à loisir. Nous
qualifierons le résultat de cette étude
d'hallucinant, ce qui à vrai dire n’a rien de
surprenant.
Documentaire ou fiction ?
Bowling For Columbine nous a été présenté
comme étant un documentaire. Il a d'ailleurs
gagné l'oscar du meilleur documentaire lors de
la 75ème édition des "Academy Awards" que l'on
connaît aussi sous le nom des "Oscars
d'Hollywood". A Cannes, le film de Michael
Moore a été récompensé par le prix du 55ème
anniversaire du festival de Cannes. En réalité,
Bowling for Columbine n'est pas un
documentaire mais une œuvre de fiction ou si
vous préférez un chef d'œuvre de la
désinformation. Présenter Bowling For
Columbine comme étant un documentaire, c'est
accréditer la thèse que les faits qui y sont
présentés sont véridiques. Or, il n'en est rien.
"Documoqueur" ?
Certains cinéphiles considèrent que le film de
Moore appartient au genre dit "documoqueur".
Documoqueur est un barbarisme associant les
mots de documentaire et de moqueur. Le
cinéaste Rob Reiner est considéré comme celui
qui a lancé ce nouveau genre avec son film
Spinal Tap. Le film sorti en 1984 était censé
être un documentaire sur un groupe de rock
heavy-métal répondant au nom de Spinal Tap.
En fait, tout ceci n'était qu'une énorme
mystification. Le groupe Spinal Tap n'ayant
jamais existé. Au fur et à mesure du
déroulement du film les spectateurs se
rendaient compte qu'il s'agissait d'une bonne
grosse blague. Toutefois, un nombre
conséquent de spectateurs ne l'a pas réalisé. A
notre avis, l'œuvre de Moore n'entre pas dans
le genre dit documoqueur. Le thème majeur
abordé par Moore dans son film, à savoir la
question des armes et de la violence aux ÉtatsUnis n'est pas un sujet "léger et divertissant".
Mettre en scène le pseudo interview d'un extraterrestre ou d'un groupe imaginaire de rock ne
prête pas à grande conséquence. Bien
entendu, sur le moment certains se font piéger.
Par contre, aborder des questions de société
plus sérieuses en mélangeant des faits réels et
de la fiction ce n'est plus du divertissement
mais de la propagande et de la désinformation.
Cela l'est d'autant plus qu'à aucun moment
l'auteur ne reconnaît qu'il a volontairement
faussé son film. Certains des mensonges et à
commencer par le titre lui-même sont si gros
que plusieurs observateurs pensent que Moore
les a placés volontairement pour nous faire
comprendre qu'il s'agissait d'une fiction. Rien
n’est moins sûr !
Nous sommes plus enclins à penser qu'il le fait
parce que c'est plus accrocheur pour le public.
Après tout, quitte a mentir autant le faire à fond
et tout le monde sait que plus c'est gros, plus
cela passe sans problème. Même si des
observateurs venaient à pointer du doigt ses
mensonges, il est peu probable que le grand
public en ait connaissance. Les enjeux
économiques sont tels que rares sont ceux qui
dans les grands médias auraient le courage de
dénoncer les mensonges de Moore. Vous
n'ignorez pas que les animateurs d'émissions
de télévision sont sur des sièges éjectables.
Lequel d'entre eux prendrait le risque de réfuter
le travail de Moore alors qu'il existe peut-être
des intérêts économiques entre celui-ci et la
chaîne pour laquelle ils travaillent, sans parler
des ‘lignes’ politiques. Bref même si les
mensonges de Moore sont mis à jour, celui-ci
ne risque pas grand-chose. Pourquoi dans ce
cas se priverait-il de mentir?
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Dès le titre : un mensonge
Le titre du film "Bowling For Columbine" a été
choisi pour rappeler que les auteurs de la tuerie
de Columbine étaient tranquillement allés jouer
au bowling à six heures du matin avant de
passer à l'action. Au tout début du film, la voix
du narrateur prononce les mots suivants: "deux
garçons sont partis au bowling à six heures du
matin". Or il s'agit d'un mensonge. L'enquête de
la police, qui a été bouclée bien avant la sortie
du film, a mis en évidence qu'aucun des autres
élèves de la classe de bowling n'avait vu les
tueurs au bowling ce matin-là. Moore avait tout
loisir de prendre connaissance de cette
enquête. De même, en interrogeant les élèves
du cours de bowling il l'aurait su.
En prime, dès les premières images du film,
Moore tente de faire croire au spectateur qu'il
s'agit d'un film de la NRA. La ficelle est si
grosse qu'il ne faut pas être très doué pour ne
pas se rendre compte de la supercherie.
L'épisode de la banque
L'épisode de la banque qui ‘distribue’ des
armes à ceux qui y ouvrent un compte est un
petit joyau en terme de manipulation.
Tout amateur d'armes qui visionne cette
séquence se dit: "quelle malchance que ma
banque ne me donne pas une carabine
Weatherby". La réaction du spectateur lambda
sera: "ils sont fous ces Américains. Donner,
dans une banque, une arme à quelqu'un qui
pourrait l'utiliser pour dévaliser celle-ci sur le
champ, c'est être inconscient." En nous
présentant cette scène Moore atteint son but à
savoir celui de nous faire croire que les
Américains sont "à côté de la plaque" lorsqu'ils
s'agit d'armes. La vérité est tout autre, mais
l'enchaînement rapide des scènes fait que le
spectateur n'a pas le temps de réfléchir à cette
situation.
L’offre de la North County Bank du Michigan
n'est pas un cas isolé aux États-Unis. Plusieurs
banques offrent à ceux qui déposent de l'argent
dans leurs établissements de percevoir
immédiatement les intérêts de leurs dépôts
sous forme d'une carabine ou d'un fusil. Le
déposant n'a pas à attendre que son échéance
arrive à terme pour toucher ses intérêts.
On voit Moore remplir des formulaires, poser
des questions stupides à l'employée qui lui
répond que la banque possède 500 armes en
stock, puis Moore se fait remettre sa carabine
et ressort de la banque avec celle-ci.
Moore se garde bien de nous montrer qu'il doit
fournir des photos d'identités et que la banque
se met en rapport avec le FBI pour vérifier ses
antécédents judiciaires avant qu'il puisse
recevoir sa carabine. Jan Jacobson, qui est
l'employée de la banque qui s'occupe de Moore
a déclaré que la scène des formalités a en fait
duré 1H30. Elle a passé cette heure et demie à
expliquer à Moore toute la procédure à suivre
pour entrer en possession de la carabine. En
voyant, la scène telle qu'elle est présentée
dans le film, et qui ne dure que quelques
minutes, elle reconnaît que le public est amené
à croire que le processus pour entrer en
possession d'une arme se fait en deux temps
trois mouvements. Moore fait donc croire au
spectateur qu'effectivement tout le monde peut
se procurer librement et sans difficultés une
arme aux États-Unis. Si jamais certains
venaient à faire remarquer qu'il existe toute une
procédure à respecter, quiconque voyant le film
se dit qu'en fait ces ‘formalités’ sont quasi
inexistantes.
Lorsque Jan Jacobson déclare que la banque
possède 500 armes dans sa chambre forte,
tout le monde – l’auteur de ces ligne y compris
- pense que les armes se trouvent dans la
banque, ce qui est plutôt surprenant. En réalité
il n'en est rien. La banque possède un dépôt
spécifique pour l'entreposage de ses armes.
Dépôt qui se trouve à quatre heures de la
succursale.
La scène où Moore se fait remettre sa carabine
par un employé de la banque est une pure
manipulation. Les armes ne sont jamais
remises au client dans la banque. Pour
récupérer son arme le client doit se rendre
dans une armurerie à qui la banque a envoyé
l'arme.
Jan Jacobson déclare aussi que toutes les
formalités qu'a dû effectuer Moore pour entrer
en possession de sa carabine ont été faites 2
mois avant qu'il ne vienne tourner la scène. Par
conséquent Moore a récupéré sa carabine
dans une armurerie et s'est ensuite rendu avec
celle-ci dans la banque. Moore a manipulé les
employés de la banque pour pouvoir y tourner
ses scènes. Lorsque Moore demande à
l'employé qui est censé lui avoir remis la
carabine: "c'est pas dangereux de distribuer
des armes dans une banque ?", il se garde
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bien de filmer la réponse de celui-ci. Un
magnifique exemple de mise en scène
cinématographique, ou le réel est altéré par
trucage. Moore passe immédiatement à une
autre scène ce qui laisse dans l'esprit du
spectateur l'idée que les responsables et le
personnel de cette banque sont des
inconscients. Le spectateur ne pense pas au
fait que la banque possède l'identité du voleur,
et que son dossier figure dans le système de
contrôle NICS du FBI.
La scène du chasseur
Nous avons ensuite droit à la scène du
chasseur qui souhaite photographier son chien
qu'il a préalablement déguisé en chasseur.
Ledit chasseur, que l'on peut qualifier
d'inconscient, place son fusil chargé sur le dos
du chien. Il se met à genoux devant celui-ci
pour le prendre en photo. Bien entendu ce qui
devait arriver arriva, le fusil tombe, le coup part
et le chasseur est blessé au tibia. Lorsque
Moore présente cette scène dans son film, il le
fait en passant une vidéo qui fait penser à une
vidéo d'amateur. On peut observer, sur cette
vidéo les inscriptions que l'on retrouve dans le
viseur d'une caméra vidéo. Le policier qui est
interviewé mentionne un appareil photo et non
une caméra vidéo. Il semble donc bien que
Moore a récrée le déroulement du drame, mais
il l'a fait de telle manière que le spectateur ne
pense pas qu'il s'agisse d'une reconstitution. Là
encore Moore fait preuve d'une certaine
mauvaise foi. Certes il nous présente un fait
avéré, mais l'idée sous-jacente qui se cache
derrière cette mascarade est d'amener le
spectateur à penser que tous les chasseurs
sont des irresponsables. De plus, comme la
caméra continue à tourner alors que le
chasseur se trouve à terre, le spectateur va
être amené à penser que celui qui filme est un
beau salaud car il filme au lieu de porter
assistance à son ami.
La milice du Michigan
Après nous avoir suggéré dans la scène
précédente que les armes sont détenues par
des irresponsables, Moore va maintenant
s'atteler à nous prouver que ceux qui
détiennent des armes sont des extrémistes
sanguinaires. Dans l'esprit de nombreux
spectateurs et plus particulièrement les
Français, l'idée de milice est associée à celle
d'extrême droite et de crimes horribles. Aux
États-Unis, le sens de milice n'est pas du tout
le même que chez nous. Néanmoins depuis
plusieurs années des films et des ouvrages de
fiction sont sortis en grand nombre associant
les milices à des groupes d'extrémistes
souhaitant renverser le gouvernement
américain par les armes. La milice du Michigan
n'a ni antécédent d'actes de violence ni
activités subversives. Néanmoins Moore nous
dit que Timothy Mc Veigh et Terry Nichols, qui
ont provoqué l'attentat d'Oklahoma City qui fit
des dizaines de morts, ont assisté aux réunions
de la milice. Le fait est véridique, mais il se
garde bien de préciser que les deux terroristes
en question ont été interdits de réunions dès
qu'ils ont commencé à aborder le sujet de la
violence. La conclusion du spectateur c'est que
ceux qui détiennent des armes sont des
extrémistes et des terroristes en puissance.
Lockheed Martin
Du Michigan nous passons à la petite ville de
Littleton dans le Colorado. Moore va encore
une fois nous livrer une séquence qui restera
dans les annales de la désinformation.
Son but est d'associer l'industrie de l'armement
avec la tuerie de Columbine. Moore nous
présente Lockheed Martin comme étant le plus
important fabricant d'armes au monde. Cette
entreprise possède une usine à Littleton. Il
interviewe un représentant de cette usine et lui
dit: "si nos enfants se disent, 'Bon, ben, Papa
part travailler à l'usine tous les jours et il
fabrique des missiles, il fabrique des armes de
destructions massives. Quelle différence y-a-t'il
entre ces destructions massives et la
destruction massive du lycée de Columbine ?"
Pour vous simple spectateur, il ne fait aucun
doute qu'à Littleton, Lockheed Martin fabrique
des missiles et des armes de destruction
massive. Or il s'agit là encore d'un mensonge.
L'usine Lockheed Martin produit en effet des
lanceurs pour satellites et non des missiles
nucléaires. La firme américaine produit certes
des armes militaires mais pas à Littleton.
Dans cette affaire Moore est pris en flagrant
délit de mensonge. Il répond à cette accusation
dans la FAQ (Foire Aux Questions) qui se
trouve sur le site:
www.bowlingforcolumbine.com.
Il déclare que les gens de Lockheed Martin ne
sont pas d'accord lorsqu'il parle de missiles, car
il s’agit en réalité de lanceurs de satellites. Mais
il ajoute que si certains de ces lanceurs sont
utilisés pour mettre en orbite des satellites
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civils, d'autres le sont pour des satellites
militaires. Satellites militaires qui peuvent être
utilisés pour guider des armes nucléaires. La
conclusion qui s'impose, même s'il ne le dit pas
de cette manière, c'est qu'effectivement
Lockheed Martin fabrique bien des engins
militaires et donc l'accusation de mensonge
proféré à son encontre ne tiendrait pas. Vous
pouvez apprécier à sa juste valeur la mauvaise
foi manifeste du personnage. Il nous dit aussi
que les lanceurs en question qui portent les
noms de Titan et d'Atlas ont porté il y a
quelques années des ogives nucléaires. Peutêtre, mais il n'en est pas moins vrai que,
contrairement à ce qu'il affirme, à l'usine de
Littleton on ne fabrique pas d'armes.
Une fois de plus Moore affabule pour soutenir
sa thèse
Bowling for Columbine (2ème partie)
Après l'épisode chez Lockheed, Moore s'en
prend à la politique étrangère du gouvernement
américain. Il s'ensuit une série d'images sur les
atrocités résultant de cette politique. Il met en
avant le fait que les USA ont soutenu des
dictatures. Il se garde bien de nous parler des
atteintes aux droits de l'homme perpétrées par
les régimes comme celui du Nicaragua, qui ont
été renversés par les alliés des Américains. Il
conclut cet épisode en affirmant que le
gouvernement américain a donné, en 2000 et
en 2001, 245 millions de dollars aux Talibans.
En réalité les documents officiels nous
montrent que cet argent correspond à la
contribution américaine au programme d'aide
humanitaire des Nations Unies pour
l'Afghanistan. Le programme mondial contre la
faim a concerné aussi bien les Afghans vivant
dans leur pays que les réfugiés.
Ensuite Moore nous montre les avions qui
viennent s'écraser sur les tours du World Trade
Center.
Cette séquence invite le spectateur à regarder
la tragédie du 11 septembre comme étant le
prix que doivent payer les États-Unis pour
toutes les atrocités dont ils sont responsables.
Toute l'habileté de Moore consiste à ne pas
dire cela mais à amener le spectateur à le
penser. Gloire à Ben Laden, donc, le grand
Leader éclairé qui va nous mener sur les
chemins de la liberté et de la tolérance à coups
d’explosifs !
Nous sommes loin du thème central du film qui
est censé être la question des armes aux ÉtatsUnis. A ce moment, nous avons l'impression
très nette que l'objectif de Moore n'est pas tant
cette question que la mise en avant des thèses
prônées par l'extrême gauche US. Rassurez
vous, c’est le cas !
B52 : la plaque bidon
Moore enchaîne sur une séquence qui nous
montre un ancien B52 qui est exposé devant
l'école de l'armée de l'air situé au sud de
Littleton. Il déclare: "une plaque proclame avec
fierté que cet avion a bombardé des
Vietnamiens la veille de Noël 1972". Le
spectateur est une fois de plus entraîné à
penser que non seulement les Américains sont
des criminels mais qu'en plus ils en sont fiers.
Encore une fois, Moore nous prouve qu'il est
non seulement malin mais qu'il est aussi un
menteur impénitent. Il est malin car il utilise les
mots de Vietnamiens et non ceux de civils
vietnamiens. Lorsqu'il dit vietnamien tout le
monde pense à des civils vietnamiens. Rares
seront ceux qui vont imaginer qu'il fait allusion
aux militaires nord-vietnamiens. De plus, en
parlant de Vietnamiens, il passe sur le fait qu'il
s'agit de nord-vietnamiens. Les États-Unis ne
combattaient pas le Vietnam en général mais le
régime de dictature communiste du NordVietnam. Nous sommes là encore devant l'un
des clichés favoris de l'extrême gauche à
savoir celui des méchants capitalistes qui
massacrent des innocents, et de plus à la veille
de Noël. Noël est considéré comme un "temps
de paix". On parle de trêve de Noël pour
indiquer qu'à l'occasion de cette fête les armes
se taisaient. Les Américains sont vraiment des
gens sans morale et sans cœur, eux qui ne
laissent pas ces pauvres Vietnamiens célébrer
en paix cette fête. Le problème c'est que pour
l'écrasante majorité des Vietnamiens Noël était
un jour comme un autre. Il ne faudrait pas
oublier que nous parlons du Nord-Vietnam
c'est-à-dire d'un régime communiste. Or la
cohabitation entre religion et communisme n'est
pas ce qui se fait de mieux. De plus, la minorité
catholique avait fui le Nord-Vietnam depuis
longtemps.
Concernant l'inscription portée sur la plaque du
socle du B52 Moore se garde bien de la filmer
en gros plan. Et pour cause, celle-ci est très
différente de ce qu'affirme Moore.
Selon Pam Ancker qui est chargé des relations
presse à l'école de l'air, la véritable inscription
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est celle-ci: "B-52D Stratofortress, "Diamond
Lil" 1957-1983. Dédié aux hommes et aux
femmes du Commandement Stratégique Aérien
qui ont entretenu et volé sur le B 52D tout au
long des vingt-six années de carrière de celuici. L'appareil n° 55-083 qui totalise plus de
15000 heures de vol est l'un des deux B52 a
avoir abattu un MIG durant le conflit
vietnamien.
Parti de la base aéronavale royale d'U-Tapao
dans le sud est de la Thaïlande, l'équipage de
"Diamond Lil" a abattu un MIG au nord-est
d'Hanoï durant l'opération Linebacker II à la
veille de Noël 1972". Comme vous pouvez le
constater, la vérité ne semble pas être une
notion qui soit chère à Moore.
Petite parenthèse, réussir à abattre un avion de
chasse alors que l'on pilote "un camion volant"
cela ne doit pas être évident.
Le chapitre se poursuit sur les bombardements
US en Yougoslavie. Une intervention injuste : il
aurait été tellement plus moral de laisser les
populations locales s’exterminer à loisir…
La NRA Convention de Denver
Moore traite ensuite de la convention de la
NRA qui s'est déroulée à Denver dans le
Colorado une dizaine de jour après la tuerie du
lycée Columbine.
La façon dont Moore met en scène ce chapitre
nous prouve qu'à côté de lui Goebbels est un
enfant en matière de manipulation. Moore est la
preuve vivante que l'élève peut surpasser le
maître.
La scène commence par Charlon Heston
brandissant un fusil qui semble être un Long
Plain; Il prononce la phrase suivante: "si vous
la voulez, il faudra me passer sur le corps". On
voit ensuite la foule qui applaudit cette
déclaration. Puis, la voix de Moore se fait
entendre: "dix jours seulement après la tuerie
de Columbine, ignorant les appels d'une
communauté en deuil, Charlton Heston tient un
grand meeting en faveur des armes pour la
National Rifle Association". On voit ensuite
Charlton Heston s'adresser à la foule.
L'idée sous-jacente derrière cette scène est de
démontrer que la NRA est une organisation
insensible, qui ne respecte pas la douleur des
victimes. Lorsqu'il voit Charlton Heston brandir
une arme lors de cette réunion, le spectateur se
dit qu'il (Heston) exagère et se moque du
monde. Effectivement, mais il y a un loup et il
est si gros qu'il n'est pas facile à apercevoir.
Repassez-vous la scène et dites-nous ce que
vous voyez ? Vous n'avez rien vu ? Rassurer
vous, nous nous aussi lors d'un premier
passage. Recommencez. Alors, toujours rien ?
Essayez encore une fois. Et là Bingo ! Pour
ceux qui n'auraient pas la cassette ou le DVD
nous allons vous dire ce que l'on constate.
Lorsqu'il brandit le fusil Charlton Heston porte
une chemise couleur lavande ainsi qu'une
cravate dans les mêmes tons. Par contre, dans
la scène suivante, sa chemise est blanche et sa
cravate est rouge avec des motifs que l'on a
peine à distinguer. Il est fort ce Charlton
Heston. Il change de chemise et de cravate
plus vite que ne le fait le transformiste Arturo
Brachetti.
Moore a donc pris deux scènes qui se sont
déroulées dans des lieux et à des moments
différents. Il les a montés de façon à ce que l'on
puisse croire qu'elles ont été prises au même
moment et au même endroit.
Vous n'ignorez pas que les Américains sont les
rois des procès en tous genres, et vous pouvez
donc vous demander pourquoi Moore ne
semble pas craindre de se faire poursuivre en
justice pour ce genre de manipulation. Oui,
mais nous vous avons déjà dit que Moore est
un petit malin. Son air débonnaire et bohème
cache le fait que toutes les scènes qu'il nous
présente ont été calculées, codifiées et
planifiées jusque dans leurs moindres détails.
Toutes ses scènes litigieuses sont basé sur la
suggestion. Moore se garde bien de le dire luimême. Le rythme de la séquence amène cette
suggestion et ne laisse pas au spectateur le
temps de la réflexion. Par contre, lorsqu'on
décortique les scènes on se rend compte qu'il
introduit souvent une transition. Transition qui
lui permettrait de "jouer au candide" devant un
tribunal. Ce qui ne l’a tout de même pas
empêché d’être condamné à de nombreuses
reprises, comme il s’en vante lui-même avec
délectation !
Dans le cas présent, il nous montre Charlton
Heston brandissant son fusil. Puis il prononce
son texte de transition sur le meeting de
Denver et ensuite seulement nous voyons la
véritable réunion. Devant un tribunal, il aura
beau jeu de dire qu'il n'a jamais voulu assimiler
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la réunion de Denver avec la scène où Heston
brandit une arme. La preuve c'est qu'il n'a parlé
de Denver qu'après cette scène.
Quant à la réunion de la NRA, ce que ne dit
pas Moore c'est qu'il s'agit de la grande
convention annuelle de cette organisation.
Réunion dont le lieu et la date ont été retenus
plusieurs mois, voire des années à l'avance. Vu
l'importance et la complexité à organiser un tel
événement, il est difficile d'en changer la date
et le lieu à la dernière minute. Les chambres
d'hôtels, les salles de réunions, les billets
d'avions..etc.. ont été réservés longtemps à
l'avance. Vous devez savoir que Webb, le
maire de Denver, qui a demandé à la NRA de
tout annuler au dernier moment avait au
préalable insisté pour que cette organisation
tienne sa convention à Denver. Il faut dire que
ce type de convention génère des sommes
conséquentes pour une ville. De plus, Moore se
garde bien de préciser que la NRA avait annulé
toutes les festivités qui accompagnent ses
conventions. Elle s'était contentée de maintenir
la réunion annuelle qui est une obligation légale
pour toutes les associations bénéficiant du
statut d'organisation à but non lucratif.
Il va sans dire que le discours qu'a prononcé
Heston à l'occasion de cette convention a été
judicieusement coupé par Moore pour en
modifier le sens.
KKK = NRA ?
Une soi disant histoire des États-Unis nous est
ensuite relatée sous la forme d'un dessin
animé. Il s'agit d'une histoire pour le moins
particulière dans laquelle les possesseurs
d'armes sont tous présentés comme étant des
blancs racistes. Il nous est dit que le second
amendement a été rédigé pour permettre à
chaque blanc d'avoir une arme. Cette
affirmation constitue non seulement une fraude
morale mais aussi historique. Quelques années
en arrière, nous vous avions démontré dans
ces colonnes que le contrôle des armes avait
une origine raciste. Par contrôle des armes, il
fallait entendre le fait de réserver la libre
possession de celles-ci à certaines catégories
de personnes.
A l'époque de l'adoption du second
amendement les Noirs avaient le droit de
posséder des armes. Deux opposants notoires
à l'esclavage Lysander Spooner et Joël Tiffany
ont développé la théorie que la constitution
américaine garantissait un certain nombre de
droit à ses citoyens. L'un d'entre eux était
justement garanti par le second amendement, à
savoir celui de posséder des armes. Or, les
esclaves n'avaient pas le droit de détenir des
armes. Ils en tiraient donc la conclusion que
l'esclavage était anticonstitutionnel puisque les
esclaves n'avaient pas le droit de posséder des
armes.
Le narrateur nous apprend que la NRA a été
créée en 1871 c'est-à-dire, la même année où
le Ku Klux Klan est devenu une organisation
illégale. Il nous dit qu'il s'agit d'une simple
coïncidence mais le ton sur lequel cela est
prononcé incite les naïfs à penser le contraire.
On voit les possesseurs d'armes s'allier avec le
KKK pour tuer les noirs. Le spectateur lambda
qui est peu au fait des questions de défense du
droit à posséder des armes va
immanquablement se dire qu'en fait les gens
du KKK ont fondé la NRA pour continuer à
avoir une vitrine légale. Cette opinion est aussi
fortement suggérée par le fait que l'on voit les
membres du Klan retirer leur cagoule pour se
transformer en membres de la NRA. Bref,
Moore instille dans l'esprit du spectateur l'idée
que la NRA est l'émanation du KKK. La NRA
étant la face visible de ‘l'empire invisible’
comme aime à se qualifier le Klan
Bowling for Columbine (3ème partie)
Après toutes les séquences commentées
précédemment, Moore essaye ensuite de nous
démontrer que les médias sont les
responsables de la propagation dans le public
d’un sentiment de peur. Similitude troublante
avec la France, ou les négationnistes de
l’insécurité la ramènent à un simple ‘sentiment’,
produit masochiste d’une population idiote. Il
met en avant le bogue de l'an 2000 ou
l'invasion supposée d'abeilles tueuses. Mais il
oublie de dire que le vrai problème généré par
les medias américains (et bien d’autres), c’est
d’abord un manque d’objectivité totale sur le
dossier des armes.
La propagation des seules données anti-armes
politiquement correctes fausse en permanence
le débat. Quel média a eu le courage de faire
état du nombre particulièrement élevé de
personnes qui sauvent leur vie ou leur intégrité
physique en sortant une arme, la plupart du
temps sans avoir à tirer ? Aucun.
Moore nous dit aussi que les médias
présentent les noirs comme des criminels. Le
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public associe donc noirs et criminels, et le
sentiment de crainte vis à vis des noirs
augmente. J'ai personnellement eu l'occasion à
de nombreuses reprises de regarder les
programmes de la télévision américaine et je
trouve les propos de Moore pour le moins
exagéré.
En fait, il utilise lui-même les méthodes qu'il
entend dénoncer. En collant bout à bout des
séquences de criminels noirs se faisant arrêter
pour nous démontrer que la télé crée de toutes
pièces la peur de l'homme noir, il se comporte
comme ceux qu'il entend dénoncer.
Dans une autre séquence, l'un des
interlocuteurs de Moore déclare que le taux de
criminalité a baissé alors que le nombre
d'armes a augmenté. Moore se garde bien de
développer ce point qui contredit bien
évidemment sa thèse. En effet, selon ce que
nous dit cette personne, il n'y aurait pas de
corrélation entre nombre de crimes et nombre
d'armes possédés. Cela semble accréditer
l'affirmation de John Lott développé dans son
fameux livre "plus d'armes moins de crimes".
La réalité, c’est que cet axiome est vérifié
depuis longtemps, mais jamais pris en compte
dans les médias !
Le Canada: un havre de paix
Après nous avoir décrit les horreurs de la
société américaine, Moore nous présente le
Canada comme un véritable havre de paix.
Les Canadiens, qui selon Moore détiendraient
autant d'armes par habitant que les Américains,
ne connaîtraient qu'un taux extrêmement faible
de crimes provoqués à l'aide d'armes à feu.
Sans vouloir détailler les affirmations de Moore
(qui ne sont pas exactes car le taux de
possession d'armes est supérieur à celui des
Etats-Unis), il nous faut constater qu'il y a là
une contradiction avec tout ce qu'il nous a dit
précédemment. En effet, sa théorie – reprise
des anti-armes - consiste à affirmer que la libre
possession d'armes par des civils génère la
criminalité. Or, en ce qui concerne le Canada, il
expose le contraire ! De plus, les raisons
avancées pour une forte criminalité comme le
chômage ou la présence d'une forte population
d'origine étrangère ne s'appliqueraient pas au
Canada, terre d’immigration par excellence !
Moore nous relate ensuite le meurtre commis
par un garçon de 6 ans à l'encontre d'une
fillette de sa classe. Le gosse avait pris l'arme
chez son oncle qui l'hébergeait pendant que sa
mère devait faire chaque jour 120 km aller et
retour pour aller travailler. Pour Moore, c'est le
programme social américain, en obligeant les
pauvres à devoir travailler loin de chez eux, qui
est responsable de ce crime. La encore, Moore
fait dans le n'importe quoi. De nombreuses
personnes travaillant en région parisienne
passent, elles aussi, plus d'1 heure 30 par jour
en transport pour aller travailler. Ce n'est pas
pour autant que leurs enfants sont laissés à
l'abandon. Moore se garde bien de nous
préciser que la ‘pauvre’ mère gagnait de par
son premier travail 1250 dollars par mois. A ces
1250 dollars venaient s'ajouter le salaire de son
deuxième emploi, les bons d'achats de
nourriture et l'aide médicale. Certes elle n'était
pas riche, mais elle pouvait parfaitement payer
les 300 dollars mensuels de son loyer. Il se
garde bien de nous dire que la maison de
l'oncle du petit garçon était une "crack house".
Une crack house c'est une maison où l'on vend
du crack, une drogue dure particulièrement
dévastatrice. Le cher oncle était donc un
dealer.
Quant à notre meurtrier ce n'était pas un petit
saint. Il s'agissait de la forte tête de la classe. Il
avait précédemment blessé un enfant à l'aide
d'un stylo et un autre avec un couteau. On peut
se poser la question de la responsabilité des
enseignants qui n'ont pas renvoyé cet élève
après ses premières attaques. Il aurait dû, au
moins, être suivi par un psychiatre.
En prime, dans cette séquence, Moore s’en
prend une fois de plus à la NRA.
K-Mart
La suite s'attaque aux super marchés K-Mart
"coupables" d'avoir vendu les munitions ayant
été utilisées par les tueurs de Columbine.
Moore nous fait son show en nous présentant
deux victimes de cette tragédie qui viennent
rapporter au siège de l'entreprise des munitions
qu'ils ont achetées dans un de ces magasins !
Le tout se déroulant devant les caméras de la
presse. Bref cette scène tient plus du théâtre
de guignol que du documentaire.
Le meurtrier de 6 ans
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La cible Charlton Heston
Moore termine son ‘œuvre’ par une visite chez
Charlton Heston. Celui-ci le reçoit rapidement
et simplement. Moore se présente comme
membre à vie (Life Member, ou adhérent
permanent pour une cotisation unique
forfaitaire) de la NRA. Il se garde bien de dire
qu'il réalise un film contre les armes.
La conduite de Moore vis à vis de Charlton
Heston manque pour le moins de respect. Il
rend la NRA responsable en partie des
meurtres, car elle défend la libre possession
des armes, lesquelles sont ‘responsables de
tous les maux’. Il demande à Heston pourquoi
celui-ci ne demande pas pardon aux habitants
de Littleton et de Flint pour avoir osé tenir des
réunions dans ces villes. On croit rêver en
entendant de tels propos. C'est tout juste s'il
n'accuse pas la NRA d'avoir commis ces
horribles crimes. Nous avons ensuite droit à la
scène de la photo de la petite victime du garçon
de 6 ans. Après qu'Heston ait mis fin à son
interview, voyant qu’il ne mène à rien, Moore va
poser la photo de la fillette au pied d'un pilier de
la propriété de Charlon Heston. Puis il s'éloigne
en prenant l'attitude d'un chien battu. Là encore
nous sommes en plein guignol, la forme
d’expression qu’il sait si bien manier.
Le film se poursuit pendant quelques minutes
sur des images d'armes et prend fin.
Conclusion
Nous dirons que Bowling For Columbine est
une œuvre de propagande anti-armes mais
surtout anti-société américaine. Moore
appartient à cette ‘extrême-gauche caviar’ qui
critique le système, mais qui en profite
pleinement. Sachez qu'il possède un
appartement à New York valant plus d'un
million de dollars et que notre ‘homme du
peuple’ ne met pas ses enfants dans une école
publique mais dans le privé. On est loin du
déguisement ‘plouc de base’, casquette
comprise, qu’il arbore dans ses films pour
donner l’impression qu’il est un américain
moyen, représentatif de l’opinion publique !
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