Bowling for Columbine, ou comment se faire bourrer le Moore (1e
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Bowling for Columbine, ou comment se faire bourrer le Moore (1e
Bowling for Columbine, ou comment se faire bourrer le Moore (1e partie) Par Olivier ACHARD Il y a plusieurs mois, nous vous avions rendu compte de ce chef-d'oeuvre en matière de désinformation que constitue le soi-disant documentaire "Bowling For Columbine". Une analyse plus poussée ne fait que confirmer notre jugement. L'inconvénient des films visionné dans les cinémas c'est qu'il est difficile de dire au projectionniste de revenir en arrière lorsque l'on souhaite vérifier un point. Heureusement pour nous, il existe des cassettes vidéo et autres DVD qui nous permettent d'analyser en profondeur un film. Le DVD de Bowling For Columbine étant maintenant disponible, nous nous en sommes procuré une copie pour pouvoir le disséquer tout à loisir. Nous qualifierons le résultat de cette étude d'hallucinant, ce qui à vrai dire n’a rien de surprenant. Documentaire ou fiction ? Bowling For Columbine nous a été présenté comme étant un documentaire. Il a d'ailleurs gagné l'oscar du meilleur documentaire lors de la 75ème édition des "Academy Awards" que l'on connaît aussi sous le nom des "Oscars d'Hollywood". A Cannes, le film de Michael Moore a été récompensé par le prix du 55ème anniversaire du festival de Cannes. En réalité, Bowling for Columbine n'est pas un documentaire mais une œuvre de fiction ou si vous préférez un chef d'œuvre de la désinformation. Présenter Bowling For Columbine comme étant un documentaire, c'est accréditer la thèse que les faits qui y sont présentés sont véridiques. Or, il n'en est rien. "Documoqueur" ? Certains cinéphiles considèrent que le film de Moore appartient au genre dit "documoqueur". Documoqueur est un barbarisme associant les mots de documentaire et de moqueur. Le cinéaste Rob Reiner est considéré comme celui qui a lancé ce nouveau genre avec son film Spinal Tap. Le film sorti en 1984 était censé être un documentaire sur un groupe de rock heavy-métal répondant au nom de Spinal Tap. En fait, tout ceci n'était qu'une énorme mystification. Le groupe Spinal Tap n'ayant jamais existé. Au fur et à mesure du déroulement du film les spectateurs se rendaient compte qu'il s'agissait d'une bonne grosse blague. Toutefois, un nombre conséquent de spectateurs ne l'a pas réalisé. A notre avis, l'œuvre de Moore n'entre pas dans le genre dit documoqueur. Le thème majeur abordé par Moore dans son film, à savoir la question des armes et de la violence aux ÉtatsUnis n'est pas un sujet "léger et divertissant". Mettre en scène le pseudo interview d'un extraterrestre ou d'un groupe imaginaire de rock ne prête pas à grande conséquence. Bien entendu, sur le moment certains se font piéger. Par contre, aborder des questions de société plus sérieuses en mélangeant des faits réels et de la fiction ce n'est plus du divertissement mais de la propagande et de la désinformation. Cela l'est d'autant plus qu'à aucun moment l'auteur ne reconnaît qu'il a volontairement faussé son film. Certains des mensonges et à commencer par le titre lui-même sont si gros que plusieurs observateurs pensent que Moore les a placés volontairement pour nous faire comprendre qu'il s'agissait d'une fiction. Rien n’est moins sûr ! Nous sommes plus enclins à penser qu'il le fait parce que c'est plus accrocheur pour le public. Après tout, quitte a mentir autant le faire à fond et tout le monde sait que plus c'est gros, plus cela passe sans problème. Même si des observateurs venaient à pointer du doigt ses mensonges, il est peu probable que le grand public en ait connaissance. Les enjeux économiques sont tels que rares sont ceux qui dans les grands médias auraient le courage de dénoncer les mensonges de Moore. Vous n'ignorez pas que les animateurs d'émissions de télévision sont sur des sièges éjectables. Lequel d'entre eux prendrait le risque de réfuter le travail de Moore alors qu'il existe peut-être des intérêts économiques entre celui-ci et la chaîne pour laquelle ils travaillent, sans parler des ‘lignes’ politiques. Bref même si les mensonges de Moore sont mis à jour, celui-ci ne risque pas grand-chose. Pourquoi dans ce cas se priverait-il de mentir? Page 1 / 8 Dès le titre : un mensonge Le titre du film "Bowling For Columbine" a été choisi pour rappeler que les auteurs de la tuerie de Columbine étaient tranquillement allés jouer au bowling à six heures du matin avant de passer à l'action. Au tout début du film, la voix du narrateur prononce les mots suivants: "deux garçons sont partis au bowling à six heures du matin". Or il s'agit d'un mensonge. L'enquête de la police, qui a été bouclée bien avant la sortie du film, a mis en évidence qu'aucun des autres élèves de la classe de bowling n'avait vu les tueurs au bowling ce matin-là. Moore avait tout loisir de prendre connaissance de cette enquête. De même, en interrogeant les élèves du cours de bowling il l'aurait su. En prime, dès les premières images du film, Moore tente de faire croire au spectateur qu'il s'agit d'un film de la NRA. La ficelle est si grosse qu'il ne faut pas être très doué pour ne pas se rendre compte de la supercherie. L'épisode de la banque L'épisode de la banque qui ‘distribue’ des armes à ceux qui y ouvrent un compte est un petit joyau en terme de manipulation. Tout amateur d'armes qui visionne cette séquence se dit: "quelle malchance que ma banque ne me donne pas une carabine Weatherby". La réaction du spectateur lambda sera: "ils sont fous ces Américains. Donner, dans une banque, une arme à quelqu'un qui pourrait l'utiliser pour dévaliser celle-ci sur le champ, c'est être inconscient." En nous présentant cette scène Moore atteint son but à savoir celui de nous faire croire que les Américains sont "à côté de la plaque" lorsqu'ils s'agit d'armes. La vérité est tout autre, mais l'enchaînement rapide des scènes fait que le spectateur n'a pas le temps de réfléchir à cette situation. L’offre de la North County Bank du Michigan n'est pas un cas isolé aux États-Unis. Plusieurs banques offrent à ceux qui déposent de l'argent dans leurs établissements de percevoir immédiatement les intérêts de leurs dépôts sous forme d'une carabine ou d'un fusil. Le déposant n'a pas à attendre que son échéance arrive à terme pour toucher ses intérêts. On voit Moore remplir des formulaires, poser des questions stupides à l'employée qui lui répond que la banque possède 500 armes en stock, puis Moore se fait remettre sa carabine et ressort de la banque avec celle-ci. Moore se garde bien de nous montrer qu'il doit fournir des photos d'identités et que la banque se met en rapport avec le FBI pour vérifier ses antécédents judiciaires avant qu'il puisse recevoir sa carabine. Jan Jacobson, qui est l'employée de la banque qui s'occupe de Moore a déclaré que la scène des formalités a en fait duré 1H30. Elle a passé cette heure et demie à expliquer à Moore toute la procédure à suivre pour entrer en possession de la carabine. En voyant, la scène telle qu'elle est présentée dans le film, et qui ne dure que quelques minutes, elle reconnaît que le public est amené à croire que le processus pour entrer en possession d'une arme se fait en deux temps trois mouvements. Moore fait donc croire au spectateur qu'effectivement tout le monde peut se procurer librement et sans difficultés une arme aux États-Unis. Si jamais certains venaient à faire remarquer qu'il existe toute une procédure à respecter, quiconque voyant le film se dit qu'en fait ces ‘formalités’ sont quasi inexistantes. Lorsque Jan Jacobson déclare que la banque possède 500 armes dans sa chambre forte, tout le monde – l’auteur de ces ligne y compris - pense que les armes se trouvent dans la banque, ce qui est plutôt surprenant. En réalité il n'en est rien. La banque possède un dépôt spécifique pour l'entreposage de ses armes. Dépôt qui se trouve à quatre heures de la succursale. La scène où Moore se fait remettre sa carabine par un employé de la banque est une pure manipulation. Les armes ne sont jamais remises au client dans la banque. Pour récupérer son arme le client doit se rendre dans une armurerie à qui la banque a envoyé l'arme. Jan Jacobson déclare aussi que toutes les formalités qu'a dû effectuer Moore pour entrer en possession de sa carabine ont été faites 2 mois avant qu'il ne vienne tourner la scène. Par conséquent Moore a récupéré sa carabine dans une armurerie et s'est ensuite rendu avec celle-ci dans la banque. Moore a manipulé les employés de la banque pour pouvoir y tourner ses scènes. Lorsque Moore demande à l'employé qui est censé lui avoir remis la carabine: "c'est pas dangereux de distribuer des armes dans une banque ?", il se garde Page 2 / 8 bien de filmer la réponse de celui-ci. Un magnifique exemple de mise en scène cinématographique, ou le réel est altéré par trucage. Moore passe immédiatement à une autre scène ce qui laisse dans l'esprit du spectateur l'idée que les responsables et le personnel de cette banque sont des inconscients. Le spectateur ne pense pas au fait que la banque possède l'identité du voleur, et que son dossier figure dans le système de contrôle NICS du FBI. La scène du chasseur Nous avons ensuite droit à la scène du chasseur qui souhaite photographier son chien qu'il a préalablement déguisé en chasseur. Ledit chasseur, que l'on peut qualifier d'inconscient, place son fusil chargé sur le dos du chien. Il se met à genoux devant celui-ci pour le prendre en photo. Bien entendu ce qui devait arriver arriva, le fusil tombe, le coup part et le chasseur est blessé au tibia. Lorsque Moore présente cette scène dans son film, il le fait en passant une vidéo qui fait penser à une vidéo d'amateur. On peut observer, sur cette vidéo les inscriptions que l'on retrouve dans le viseur d'une caméra vidéo. Le policier qui est interviewé mentionne un appareil photo et non une caméra vidéo. Il semble donc bien que Moore a récrée le déroulement du drame, mais il l'a fait de telle manière que le spectateur ne pense pas qu'il s'agisse d'une reconstitution. Là encore Moore fait preuve d'une certaine mauvaise foi. Certes il nous présente un fait avéré, mais l'idée sous-jacente qui se cache derrière cette mascarade est d'amener le spectateur à penser que tous les chasseurs sont des irresponsables. De plus, comme la caméra continue à tourner alors que le chasseur se trouve à terre, le spectateur va être amené à penser que celui qui filme est un beau salaud car il filme au lieu de porter assistance à son ami. La milice du Michigan Après nous avoir suggéré dans la scène précédente que les armes sont détenues par des irresponsables, Moore va maintenant s'atteler à nous prouver que ceux qui détiennent des armes sont des extrémistes sanguinaires. Dans l'esprit de nombreux spectateurs et plus particulièrement les Français, l'idée de milice est associée à celle d'extrême droite et de crimes horribles. Aux États-Unis, le sens de milice n'est pas du tout le même que chez nous. Néanmoins depuis plusieurs années des films et des ouvrages de fiction sont sortis en grand nombre associant les milices à des groupes d'extrémistes souhaitant renverser le gouvernement américain par les armes. La milice du Michigan n'a ni antécédent d'actes de violence ni activités subversives. Néanmoins Moore nous dit que Timothy Mc Veigh et Terry Nichols, qui ont provoqué l'attentat d'Oklahoma City qui fit des dizaines de morts, ont assisté aux réunions de la milice. Le fait est véridique, mais il se garde bien de préciser que les deux terroristes en question ont été interdits de réunions dès qu'ils ont commencé à aborder le sujet de la violence. La conclusion du spectateur c'est que ceux qui détiennent des armes sont des extrémistes et des terroristes en puissance. Lockheed Martin Du Michigan nous passons à la petite ville de Littleton dans le Colorado. Moore va encore une fois nous livrer une séquence qui restera dans les annales de la désinformation. Son but est d'associer l'industrie de l'armement avec la tuerie de Columbine. Moore nous présente Lockheed Martin comme étant le plus important fabricant d'armes au monde. Cette entreprise possède une usine à Littleton. Il interviewe un représentant de cette usine et lui dit: "si nos enfants se disent, 'Bon, ben, Papa part travailler à l'usine tous les jours et il fabrique des missiles, il fabrique des armes de destructions massives. Quelle différence y-a-t'il entre ces destructions massives et la destruction massive du lycée de Columbine ?" Pour vous simple spectateur, il ne fait aucun doute qu'à Littleton, Lockheed Martin fabrique des missiles et des armes de destruction massive. Or il s'agit là encore d'un mensonge. L'usine Lockheed Martin produit en effet des lanceurs pour satellites et non des missiles nucléaires. La firme américaine produit certes des armes militaires mais pas à Littleton. Dans cette affaire Moore est pris en flagrant délit de mensonge. Il répond à cette accusation dans la FAQ (Foire Aux Questions) qui se trouve sur le site: www.bowlingforcolumbine.com. Il déclare que les gens de Lockheed Martin ne sont pas d'accord lorsqu'il parle de missiles, car il s’agit en réalité de lanceurs de satellites. Mais il ajoute que si certains de ces lanceurs sont utilisés pour mettre en orbite des satellites Page 3 / 8 civils, d'autres le sont pour des satellites militaires. Satellites militaires qui peuvent être utilisés pour guider des armes nucléaires. La conclusion qui s'impose, même s'il ne le dit pas de cette manière, c'est qu'effectivement Lockheed Martin fabrique bien des engins militaires et donc l'accusation de mensonge proféré à son encontre ne tiendrait pas. Vous pouvez apprécier à sa juste valeur la mauvaise foi manifeste du personnage. Il nous dit aussi que les lanceurs en question qui portent les noms de Titan et d'Atlas ont porté il y a quelques années des ogives nucléaires. Peutêtre, mais il n'en est pas moins vrai que, contrairement à ce qu'il affirme, à l'usine de Littleton on ne fabrique pas d'armes. Une fois de plus Moore affabule pour soutenir sa thèse Bowling for Columbine (2ème partie) Après l'épisode chez Lockheed, Moore s'en prend à la politique étrangère du gouvernement américain. Il s'ensuit une série d'images sur les atrocités résultant de cette politique. Il met en avant le fait que les USA ont soutenu des dictatures. Il se garde bien de nous parler des atteintes aux droits de l'homme perpétrées par les régimes comme celui du Nicaragua, qui ont été renversés par les alliés des Américains. Il conclut cet épisode en affirmant que le gouvernement américain a donné, en 2000 et en 2001, 245 millions de dollars aux Talibans. En réalité les documents officiels nous montrent que cet argent correspond à la contribution américaine au programme d'aide humanitaire des Nations Unies pour l'Afghanistan. Le programme mondial contre la faim a concerné aussi bien les Afghans vivant dans leur pays que les réfugiés. Ensuite Moore nous montre les avions qui viennent s'écraser sur les tours du World Trade Center. Cette séquence invite le spectateur à regarder la tragédie du 11 septembre comme étant le prix que doivent payer les États-Unis pour toutes les atrocités dont ils sont responsables. Toute l'habileté de Moore consiste à ne pas dire cela mais à amener le spectateur à le penser. Gloire à Ben Laden, donc, le grand Leader éclairé qui va nous mener sur les chemins de la liberté et de la tolérance à coups d’explosifs ! Nous sommes loin du thème central du film qui est censé être la question des armes aux ÉtatsUnis. A ce moment, nous avons l'impression très nette que l'objectif de Moore n'est pas tant cette question que la mise en avant des thèses prônées par l'extrême gauche US. Rassurez vous, c’est le cas ! B52 : la plaque bidon Moore enchaîne sur une séquence qui nous montre un ancien B52 qui est exposé devant l'école de l'armée de l'air situé au sud de Littleton. Il déclare: "une plaque proclame avec fierté que cet avion a bombardé des Vietnamiens la veille de Noël 1972". Le spectateur est une fois de plus entraîné à penser que non seulement les Américains sont des criminels mais qu'en plus ils en sont fiers. Encore une fois, Moore nous prouve qu'il est non seulement malin mais qu'il est aussi un menteur impénitent. Il est malin car il utilise les mots de Vietnamiens et non ceux de civils vietnamiens. Lorsqu'il dit vietnamien tout le monde pense à des civils vietnamiens. Rares seront ceux qui vont imaginer qu'il fait allusion aux militaires nord-vietnamiens. De plus, en parlant de Vietnamiens, il passe sur le fait qu'il s'agit de nord-vietnamiens. Les États-Unis ne combattaient pas le Vietnam en général mais le régime de dictature communiste du NordVietnam. Nous sommes là encore devant l'un des clichés favoris de l'extrême gauche à savoir celui des méchants capitalistes qui massacrent des innocents, et de plus à la veille de Noël. Noël est considéré comme un "temps de paix". On parle de trêve de Noël pour indiquer qu'à l'occasion de cette fête les armes se taisaient. Les Américains sont vraiment des gens sans morale et sans cœur, eux qui ne laissent pas ces pauvres Vietnamiens célébrer en paix cette fête. Le problème c'est que pour l'écrasante majorité des Vietnamiens Noël était un jour comme un autre. Il ne faudrait pas oublier que nous parlons du Nord-Vietnam c'est-à-dire d'un régime communiste. Or la cohabitation entre religion et communisme n'est pas ce qui se fait de mieux. De plus, la minorité catholique avait fui le Nord-Vietnam depuis longtemps. Concernant l'inscription portée sur la plaque du socle du B52 Moore se garde bien de la filmer en gros plan. Et pour cause, celle-ci est très différente de ce qu'affirme Moore. Selon Pam Ancker qui est chargé des relations presse à l'école de l'air, la véritable inscription Page 4 / 8 est celle-ci: "B-52D Stratofortress, "Diamond Lil" 1957-1983. Dédié aux hommes et aux femmes du Commandement Stratégique Aérien qui ont entretenu et volé sur le B 52D tout au long des vingt-six années de carrière de celuici. L'appareil n° 55-083 qui totalise plus de 15000 heures de vol est l'un des deux B52 a avoir abattu un MIG durant le conflit vietnamien. Parti de la base aéronavale royale d'U-Tapao dans le sud est de la Thaïlande, l'équipage de "Diamond Lil" a abattu un MIG au nord-est d'Hanoï durant l'opération Linebacker II à la veille de Noël 1972". Comme vous pouvez le constater, la vérité ne semble pas être une notion qui soit chère à Moore. Petite parenthèse, réussir à abattre un avion de chasse alors que l'on pilote "un camion volant" cela ne doit pas être évident. Le chapitre se poursuit sur les bombardements US en Yougoslavie. Une intervention injuste : il aurait été tellement plus moral de laisser les populations locales s’exterminer à loisir… La NRA Convention de Denver Moore traite ensuite de la convention de la NRA qui s'est déroulée à Denver dans le Colorado une dizaine de jour après la tuerie du lycée Columbine. La façon dont Moore met en scène ce chapitre nous prouve qu'à côté de lui Goebbels est un enfant en matière de manipulation. Moore est la preuve vivante que l'élève peut surpasser le maître. La scène commence par Charlon Heston brandissant un fusil qui semble être un Long Plain; Il prononce la phrase suivante: "si vous la voulez, il faudra me passer sur le corps". On voit ensuite la foule qui applaudit cette déclaration. Puis, la voix de Moore se fait entendre: "dix jours seulement après la tuerie de Columbine, ignorant les appels d'une communauté en deuil, Charlton Heston tient un grand meeting en faveur des armes pour la National Rifle Association". On voit ensuite Charlton Heston s'adresser à la foule. L'idée sous-jacente derrière cette scène est de démontrer que la NRA est une organisation insensible, qui ne respecte pas la douleur des victimes. Lorsqu'il voit Charlton Heston brandir une arme lors de cette réunion, le spectateur se dit qu'il (Heston) exagère et se moque du monde. Effectivement, mais il y a un loup et il est si gros qu'il n'est pas facile à apercevoir. Repassez-vous la scène et dites-nous ce que vous voyez ? Vous n'avez rien vu ? Rassurer vous, nous nous aussi lors d'un premier passage. Recommencez. Alors, toujours rien ? Essayez encore une fois. Et là Bingo ! Pour ceux qui n'auraient pas la cassette ou le DVD nous allons vous dire ce que l'on constate. Lorsqu'il brandit le fusil Charlton Heston porte une chemise couleur lavande ainsi qu'une cravate dans les mêmes tons. Par contre, dans la scène suivante, sa chemise est blanche et sa cravate est rouge avec des motifs que l'on a peine à distinguer. Il est fort ce Charlton Heston. Il change de chemise et de cravate plus vite que ne le fait le transformiste Arturo Brachetti. Moore a donc pris deux scènes qui se sont déroulées dans des lieux et à des moments différents. Il les a montés de façon à ce que l'on puisse croire qu'elles ont été prises au même moment et au même endroit. Vous n'ignorez pas que les Américains sont les rois des procès en tous genres, et vous pouvez donc vous demander pourquoi Moore ne semble pas craindre de se faire poursuivre en justice pour ce genre de manipulation. Oui, mais nous vous avons déjà dit que Moore est un petit malin. Son air débonnaire et bohème cache le fait que toutes les scènes qu'il nous présente ont été calculées, codifiées et planifiées jusque dans leurs moindres détails. Toutes ses scènes litigieuses sont basé sur la suggestion. Moore se garde bien de le dire luimême. Le rythme de la séquence amène cette suggestion et ne laisse pas au spectateur le temps de la réflexion. Par contre, lorsqu'on décortique les scènes on se rend compte qu'il introduit souvent une transition. Transition qui lui permettrait de "jouer au candide" devant un tribunal. Ce qui ne l’a tout de même pas empêché d’être condamné à de nombreuses reprises, comme il s’en vante lui-même avec délectation ! Dans le cas présent, il nous montre Charlton Heston brandissant son fusil. Puis il prononce son texte de transition sur le meeting de Denver et ensuite seulement nous voyons la véritable réunion. Devant un tribunal, il aura beau jeu de dire qu'il n'a jamais voulu assimiler Page 5 / 8 la réunion de Denver avec la scène où Heston brandit une arme. La preuve c'est qu'il n'a parlé de Denver qu'après cette scène. Quant à la réunion de la NRA, ce que ne dit pas Moore c'est qu'il s'agit de la grande convention annuelle de cette organisation. Réunion dont le lieu et la date ont été retenus plusieurs mois, voire des années à l'avance. Vu l'importance et la complexité à organiser un tel événement, il est difficile d'en changer la date et le lieu à la dernière minute. Les chambres d'hôtels, les salles de réunions, les billets d'avions..etc.. ont été réservés longtemps à l'avance. Vous devez savoir que Webb, le maire de Denver, qui a demandé à la NRA de tout annuler au dernier moment avait au préalable insisté pour que cette organisation tienne sa convention à Denver. Il faut dire que ce type de convention génère des sommes conséquentes pour une ville. De plus, Moore se garde bien de préciser que la NRA avait annulé toutes les festivités qui accompagnent ses conventions. Elle s'était contentée de maintenir la réunion annuelle qui est une obligation légale pour toutes les associations bénéficiant du statut d'organisation à but non lucratif. Il va sans dire que le discours qu'a prononcé Heston à l'occasion de cette convention a été judicieusement coupé par Moore pour en modifier le sens. KKK = NRA ? Une soi disant histoire des États-Unis nous est ensuite relatée sous la forme d'un dessin animé. Il s'agit d'une histoire pour le moins particulière dans laquelle les possesseurs d'armes sont tous présentés comme étant des blancs racistes. Il nous est dit que le second amendement a été rédigé pour permettre à chaque blanc d'avoir une arme. Cette affirmation constitue non seulement une fraude morale mais aussi historique. Quelques années en arrière, nous vous avions démontré dans ces colonnes que le contrôle des armes avait une origine raciste. Par contrôle des armes, il fallait entendre le fait de réserver la libre possession de celles-ci à certaines catégories de personnes. A l'époque de l'adoption du second amendement les Noirs avaient le droit de posséder des armes. Deux opposants notoires à l'esclavage Lysander Spooner et Joël Tiffany ont développé la théorie que la constitution américaine garantissait un certain nombre de droit à ses citoyens. L'un d'entre eux était justement garanti par le second amendement, à savoir celui de posséder des armes. Or, les esclaves n'avaient pas le droit de détenir des armes. Ils en tiraient donc la conclusion que l'esclavage était anticonstitutionnel puisque les esclaves n'avaient pas le droit de posséder des armes. Le narrateur nous apprend que la NRA a été créée en 1871 c'est-à-dire, la même année où le Ku Klux Klan est devenu une organisation illégale. Il nous dit qu'il s'agit d'une simple coïncidence mais le ton sur lequel cela est prononcé incite les naïfs à penser le contraire. On voit les possesseurs d'armes s'allier avec le KKK pour tuer les noirs. Le spectateur lambda qui est peu au fait des questions de défense du droit à posséder des armes va immanquablement se dire qu'en fait les gens du KKK ont fondé la NRA pour continuer à avoir une vitrine légale. Cette opinion est aussi fortement suggérée par le fait que l'on voit les membres du Klan retirer leur cagoule pour se transformer en membres de la NRA. Bref, Moore instille dans l'esprit du spectateur l'idée que la NRA est l'émanation du KKK. La NRA étant la face visible de ‘l'empire invisible’ comme aime à se qualifier le Klan Bowling for Columbine (3ème partie) Après toutes les séquences commentées précédemment, Moore essaye ensuite de nous démontrer que les médias sont les responsables de la propagation dans le public d’un sentiment de peur. Similitude troublante avec la France, ou les négationnistes de l’insécurité la ramènent à un simple ‘sentiment’, produit masochiste d’une population idiote. Il met en avant le bogue de l'an 2000 ou l'invasion supposée d'abeilles tueuses. Mais il oublie de dire que le vrai problème généré par les medias américains (et bien d’autres), c’est d’abord un manque d’objectivité totale sur le dossier des armes. La propagation des seules données anti-armes politiquement correctes fausse en permanence le débat. Quel média a eu le courage de faire état du nombre particulièrement élevé de personnes qui sauvent leur vie ou leur intégrité physique en sortant une arme, la plupart du temps sans avoir à tirer ? Aucun. Moore nous dit aussi que les médias présentent les noirs comme des criminels. Le Page 6 / 8 public associe donc noirs et criminels, et le sentiment de crainte vis à vis des noirs augmente. J'ai personnellement eu l'occasion à de nombreuses reprises de regarder les programmes de la télévision américaine et je trouve les propos de Moore pour le moins exagéré. En fait, il utilise lui-même les méthodes qu'il entend dénoncer. En collant bout à bout des séquences de criminels noirs se faisant arrêter pour nous démontrer que la télé crée de toutes pièces la peur de l'homme noir, il se comporte comme ceux qu'il entend dénoncer. Dans une autre séquence, l'un des interlocuteurs de Moore déclare que le taux de criminalité a baissé alors que le nombre d'armes a augmenté. Moore se garde bien de développer ce point qui contredit bien évidemment sa thèse. En effet, selon ce que nous dit cette personne, il n'y aurait pas de corrélation entre nombre de crimes et nombre d'armes possédés. Cela semble accréditer l'affirmation de John Lott développé dans son fameux livre "plus d'armes moins de crimes". La réalité, c’est que cet axiome est vérifié depuis longtemps, mais jamais pris en compte dans les médias ! Le Canada: un havre de paix Après nous avoir décrit les horreurs de la société américaine, Moore nous présente le Canada comme un véritable havre de paix. Les Canadiens, qui selon Moore détiendraient autant d'armes par habitant que les Américains, ne connaîtraient qu'un taux extrêmement faible de crimes provoqués à l'aide d'armes à feu. Sans vouloir détailler les affirmations de Moore (qui ne sont pas exactes car le taux de possession d'armes est supérieur à celui des Etats-Unis), il nous faut constater qu'il y a là une contradiction avec tout ce qu'il nous a dit précédemment. En effet, sa théorie – reprise des anti-armes - consiste à affirmer que la libre possession d'armes par des civils génère la criminalité. Or, en ce qui concerne le Canada, il expose le contraire ! De plus, les raisons avancées pour une forte criminalité comme le chômage ou la présence d'une forte population d'origine étrangère ne s'appliqueraient pas au Canada, terre d’immigration par excellence ! Moore nous relate ensuite le meurtre commis par un garçon de 6 ans à l'encontre d'une fillette de sa classe. Le gosse avait pris l'arme chez son oncle qui l'hébergeait pendant que sa mère devait faire chaque jour 120 km aller et retour pour aller travailler. Pour Moore, c'est le programme social américain, en obligeant les pauvres à devoir travailler loin de chez eux, qui est responsable de ce crime. La encore, Moore fait dans le n'importe quoi. De nombreuses personnes travaillant en région parisienne passent, elles aussi, plus d'1 heure 30 par jour en transport pour aller travailler. Ce n'est pas pour autant que leurs enfants sont laissés à l'abandon. Moore se garde bien de nous préciser que la ‘pauvre’ mère gagnait de par son premier travail 1250 dollars par mois. A ces 1250 dollars venaient s'ajouter le salaire de son deuxième emploi, les bons d'achats de nourriture et l'aide médicale. Certes elle n'était pas riche, mais elle pouvait parfaitement payer les 300 dollars mensuels de son loyer. Il se garde bien de nous dire que la maison de l'oncle du petit garçon était une "crack house". Une crack house c'est une maison où l'on vend du crack, une drogue dure particulièrement dévastatrice. Le cher oncle était donc un dealer. Quant à notre meurtrier ce n'était pas un petit saint. Il s'agissait de la forte tête de la classe. Il avait précédemment blessé un enfant à l'aide d'un stylo et un autre avec un couteau. On peut se poser la question de la responsabilité des enseignants qui n'ont pas renvoyé cet élève après ses premières attaques. Il aurait dû, au moins, être suivi par un psychiatre. En prime, dans cette séquence, Moore s’en prend une fois de plus à la NRA. K-Mart La suite s'attaque aux super marchés K-Mart "coupables" d'avoir vendu les munitions ayant été utilisées par les tueurs de Columbine. Moore nous fait son show en nous présentant deux victimes de cette tragédie qui viennent rapporter au siège de l'entreprise des munitions qu'ils ont achetées dans un de ces magasins ! Le tout se déroulant devant les caméras de la presse. Bref cette scène tient plus du théâtre de guignol que du documentaire. Le meurtrier de 6 ans Page 7 / 8 La cible Charlton Heston Moore termine son ‘œuvre’ par une visite chez Charlton Heston. Celui-ci le reçoit rapidement et simplement. Moore se présente comme membre à vie (Life Member, ou adhérent permanent pour une cotisation unique forfaitaire) de la NRA. Il se garde bien de dire qu'il réalise un film contre les armes. La conduite de Moore vis à vis de Charlton Heston manque pour le moins de respect. Il rend la NRA responsable en partie des meurtres, car elle défend la libre possession des armes, lesquelles sont ‘responsables de tous les maux’. Il demande à Heston pourquoi celui-ci ne demande pas pardon aux habitants de Littleton et de Flint pour avoir osé tenir des réunions dans ces villes. On croit rêver en entendant de tels propos. C'est tout juste s'il n'accuse pas la NRA d'avoir commis ces horribles crimes. Nous avons ensuite droit à la scène de la photo de la petite victime du garçon de 6 ans. Après qu'Heston ait mis fin à son interview, voyant qu’il ne mène à rien, Moore va poser la photo de la fillette au pied d'un pilier de la propriété de Charlon Heston. Puis il s'éloigne en prenant l'attitude d'un chien battu. Là encore nous sommes en plein guignol, la forme d’expression qu’il sait si bien manier. Le film se poursuit pendant quelques minutes sur des images d'armes et prend fin. Conclusion Nous dirons que Bowling For Columbine est une œuvre de propagande anti-armes mais surtout anti-société américaine. Moore appartient à cette ‘extrême-gauche caviar’ qui critique le système, mais qui en profite pleinement. Sachez qu'il possède un appartement à New York valant plus d'un million de dollars et que notre ‘homme du peuple’ ne met pas ses enfants dans une école publique mais dans le privé. On est loin du déguisement ‘plouc de base’, casquette comprise, qu’il arbore dans ses films pour donner l’impression qu’il est un américain moyen, représentatif de l’opinion publique ! 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