Notions de linguistique générale

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Notions de linguistique générale
Notions de linguistique générale
Objectifs :
1) Conceptualisation et acquisition des notions de linguistique
générale.
2) Description du système linguistique.
Phase 1 : découvrir (définition des concepts de linguistique
générale).
Phase 2 : retenir (distinguer et décrire les éléments du système de
la langue).
Phase 3 : agir (applications – évaluation).
Plan de la séance
•
Séance 1 : Qu’est-ce que la linguistique ?
•
Séance 2 : Mots-clés de la linguistique
• Séance 3 : Le système linguistique
• Séance 4 : La double articulation du langage
• Séance 1 : Qu’est-ce que la linguistique ?
Découvrons :
Définition :
« On s’accorde généralement à reconnaître que le statut de la
linguistique comme étude scientifique du langage est assuré par la publication en
1916 du Cours de linguistique générale de F. de Saussure. A partir de cette date,
toute étude linguistique sera définie comme apparue avant ou après Saussure ».
Jean Dubois, Dictionnaire de linguistique, Larousse, p. 300.
La linguistique est une science qui a pour objet l’étude des phénomènes
linguistiques en général ; c’est science de la langue et des langues, ayant ses
outils et ses méthodologies propres.
La plupart des problèmes qu’elle étudie dans une perspective générale
avaient été étudiés auparavant (avant 1916), de manière remarquable parfois,
mais selon telle ou telle perspective particulière et non dans le cadre d’une
théorie d’ensemble..
Par exemple, la nécessité de transcrire les chants et hymnes religieux a
donné naissance à des descriptions grammaticales et à des transcriptions
phonétiques précises chez les Indiens, des siècles avant J. C. Les Grecs aussi se
sont posé des problèmes philosophiques comme l’adéquation du langage à la
pensée, ou le rapport entre une notion et le mot qui la désigne.
C’est ainsi qu’ils avaient mis en évidence que le rapport entre les deux
est :
•
ou bien naturel (cas des onomatopées : « le tic-tac », son du réveil ; le
verbe « tinter », qui imite le son de la cloche ; siffler…) ;
•
ou bien arbitraire, c’est-à-dire non justifié, résultant d’un simple
consensus entre les locuteurs.
C’est ce que pensait Platon, d’où les études poussées
d’étymologie pour montrer que le mot n’est pas un calque de la réalité.
Ex : Il n’y a rien dans le mot « table » qui rappelle la forme, la nature ou
la fonction de l’objet qui correspond à ce mot.
Le rapport entre le mot et la notion est conventionnel ;c’est l’homme qui
a créé la langue et on doit pouvoir retrouver dans cette création les
caractéristiques, les catégories de l’esprit humain ; c’est ce que pensait Aristote,
d’où les études qui ont abouti aux analyses et théories de la phrase, des parties du
discours, des catégories grammaticales. Les Alexandrins (grammariens de la
ville d’Alexandrie) ont développé au IIIe siècle avant J. C. ce qu’on appelle
aujourd’hui la grammaire traditionnelle.
Plus tard, à la fin XVIIe siècle, les grammaires « raisonnées » inspirées
de la grammaire de Port-Royal ont tenté de prouver que toutes les langues sont
fondées sur la raison, sur un même système logique.
A la Renaissance, les intérêts religieux, commerciaux, politiques ont
entraîné l’ouverture sur d’autres pays, d’autres cultures ; rompant alors avec la
tradition gréco-latine, on s’est intéressé aux langues vulgaires (c’est-à-dire
populaires), d’où les comparaisons, les classements, les dictionnaires, les
descriptions des langues et des familles de langues.
Enfin, au XIXe siècle, c’est la perspective historique des
« philologues », néo-grammairiens et comparatistes qui domine. On découvre
que le sanscrit, langue de l’Inde, était apparenté au latin et à d’autres langues
européennes.
Les grammairiens de cette époque s’orientent vers la recherche des
origines des langues et l’étude de leur évolution, leurs filiations, leurs mutations.
Toutes ces études historiques ont concouru à faire émerger des
méthodes d’analyse rigoureuses et précises : on soumet les données à des
examens approfondis et objectifs, on construit des hypothèses que l’on tente de
vérifier et que l’on révise en fonction des données nouvelles, préparant ainsi
l’avènement de la linguistique moderne.
La linguistique moderne :
S’il fallait décerner à un homme le titre de fondateur de la linguistique
moderne, c’est bien au savant suisse Ferdinand de Saussure, dont les conférences
ont été publiées par ses étudiants en 1916 sous le titre de Cours de linguistique
générale qu’il reviendrait. Un grand nombre d’écoles linguistiques ont été
influencées par le Cours de Saussure.
Primauté de la langue parlée :
La linguistique traditionnelle a tendance à considérer que la langue
parlée est inférieure à la langue écrite et qu’elle en dépend. La linguistique
contemporaine pose que la langue parlée est fondamentale et que l’écriture n’est
rien d’autre que la représentation de l’oral.
Soutenir la primauté de l’oral par rapport à l’écrit implique que la parole
est plus ancienne et plus répandue que l’écriture. En effet, on ne connaît aucun
système d’écriture qui remonte à plus de six ou sept mille ans. D’autre part, on
ne connaît pas de groupes d’êtres humains qui ont existé sans parler. Il est donc
raisonnable de penser que la parole remonte aux origines de l’humanité.
Tous les systèmes d’écriture sont manifestement fondés sur des unités
de la langue parlée. Toutes les langues étudiées se sont révélées être des
systèmes de communication, quel que soit le degré de culture des communautés
qui les parlent.
De nos jours, la plupart des linguistes renoncent à toute spéculation sur
l’origine et l’évolution des langues. L’intérêt que le linguiste porte à toutes les
langues dérive des objectifs déclarés de sa discipline. Il s’agit de la formulation
d’une théorie scientifique de la structure des langues humaines.
RETENONS :
La linguistique est l’étude scientifique du langage humain.
Une étude est dite scientifique lorsqu’elle se fonde sur l’observation des
faits et s’abstient de proposer un choix parmi ces faits au nom de certains
principes esthétiques ou moraux. L’approche « scientifique » (ou
descriptive) s’oppose donc à l’approche « prescriptive » (ou normative).
AGISSONS :
Retrouvez dans les énoncés suivants les définitions incorrectes et corrigezles.
- La linguistique qui est une science qui emprunte ses outils et ses
méthodologies à d’autres domaines.
- Le Cours de linguistique générale de Saussure ne reconnaît pas à l’étude
de langue le statut de science.
- Le sanscrit, langue de l’Inde, a les mêmes origines que le latin et les autres
langues européennes.
- Le rapport entre le mot et la notion est naturel : c’est ce que pensait
Aristote.
- L’étude de la linguistique est une science prescriptive.
• Séance 2 : Mots-clés de la linguistique
:
Il existe un certain nombre de concepts ou notions propres à la
linguistique moderne ou saussurienne et qui permettent de déterminer le champ,
le domaine ou la signification de cette discipline.
Ce sont essentiellement des explications ou explicitations détaillées de
la définition de la langue comme système ayant ses éléments de constitution et
ses propres lois de fonctionnement.
1- Langue parlée / langue écrite :
Si un système est premier par rapport à l’autre, c’est bien celui de la
langue parlée, puisque beaucoup de langues existent qui ne sont pas dotées d’un
système d’écriture.
Les très nombreuses divergences entre la langue écrite et la langue
parlée (en français, par exemple les homophones (part / par), les homographes
(fils dans le fils de son père / fils dans j’ai cousu avec des fils différents), la
ponctuation et l’intonation, les différences dans l’emploi du vocabulaire, des
constructions, des styles, etc., tout cela fait l’objet d’un enseignement dans les
écoles, d’où le constat que la langue parlée existe indépendamment des
transcriptions dont elle fait l’objet, et que les lois de fonctionnement de l’oral
sont propre à la langue parlée.
Ainsi, quand on décrit l’accord des objectifs en disant que le féminin se
forme généralement par addition de (e), on n’a rien dit sur sa formation dans la
langue parlée.
La linguistique ne rejette pas l’étude de l’orthographe ou de la
grammaire ; elle dit seulement que l’écrit et l’oral sont deux aspects distincts de
la langue et que chacun a ses propres lois de fonctionnement.
2- Synchronie / diachronie :
L’opposition synchronie / diachronie distingue ce qui relève de
l’histoire (diachronie) et ce qui relève de la manière dont une langue fonctionne à
un moment donné (synchronie).
Se demander d’où provient la langue ou d’où proviennent ses parties
n’apporte aucun éclaircissement à la synchronie.
Le locuteur qui n’a fait que des études minimales et qui a longtemps
oublié l’histoire de sa langue réussit à apprendre néanmoins sa langue en
obéissant aux règles de fonctionnement qui la régissent.
Décrire les règles de fonctionnement qui sont d’actualité dans
l’utilisation de la langue à un moment donné, c’est faire une description
synchronique (synchronie = dans un même moment).
Examiner ou étudier les différentes étapes de l’évolution de la langue,
c’est faire une description diachronique (diachronique = à travers le temps).
L’une et l’autre étude ont leur intérêt, leur nécessité, et la description
complète de la langue doit associer les deux. Les langues se modifient sans
jamais pour cela cesser de fonctionner ; et il y a des chances pour que la langue
qu’on aborde, pour en décrire le fonctionnement, soit en cours de modification.
Mais rien n’empêche, dans une description de la langue, de tenir compte de
l’évolution historique des parties ou des éléments de cette langue pour
comprendre certaines modifications et les justifier.
3- Descriptif / normatif :
La linguistique moderne se définit souvent comme descriptive, c'est-àdire que son objet est de décrire comment les gens parlent à un moment donné
dans une communauté linguistique donnée ; une grammaire normative, elle, a
pour objet de fixer le bon usage, la langue correcte, bref une norme linguistique,
la manière dont on doit parler. Etudier la langue ou l’enseigner en faisant
prévaloir l’usage d’un certain langage, fondé sur une tradition littéraire ou
culturelle (langue « correcte », langue des « bons » auteurs), c’est imposer une
norme. Beaucoup de linguistes, sinon tous, rejettent l’idée que les langues soient
menacées de corruption par leurs utilisateurs.
Le phénomène de la norme peut être illustré par cet exemple tiré d’un
dictionnaire : « N. B. Ne dites pas « place assise », dites « place pour voyageur
assis ». Le linguiste s’occupera plutôt d’établir les conditions dans lesquelles on
peut former et employer des expressions comme celle-ci, le mécanisme de
l’ellipse et de transfert qui permet de donner ou d’accepter « place assise ».
4- Langue / parole – compétence / performance :
Moi, qui ai tel âge, telle voix, tel caractère, je parle à mon interlocuteur
devant un bureau, dans une pièce définie, d’une question précise, et ce que je dis
est un acte particulier, en rapport avec tous ces facteurs et bien d’autres. Donc je
fais là un acte de PAROLE individuel que personne ne pourra reproduire puisque
personne n’est moi. Mais en même temps j’utilise la langue. Ce que je dis ou
écris est un énoncé de ma langue. C’est un message transmis en un code que tous
les locuteurs de ma langue possèdent. Cet ensemble d’éléments et de règles que
nous mettons en œuvre, que nous exploitons, auquel nous nous conformons
quand nous parlons, est la LANGUE.
Nous possédons une connaissance de la langue qui nous permet de nous
exprimer dans cette langue. C’est notre COMPETENCE linguistique. Elle n’a
rien à voir avec la facilité à exprimer des nuances, avec la justesse du mot choisi,
avec la plus ou moins grande disponibilité du vocabulaire, etc.
Toute personne, quelle soit, qui parle une langue, a cette compétence ;
et cette COMPETENCE est à la base de tous ses actes de parole, de toutes ses
PERFORMANCES linguistiques (bonnes ou mauvaises).
L’assemblage des mots en phrases peut être considéré comme un acte
individuel, on est donc dans la parole ; mais cet assemblage se fait en fonction du
code (règles), ou est donc en même temps dans la langue.
On ne peut aborder l’étude de la performance que lorsqu’on a décrit la
compétence, puisque l’une est la mise en œuvre de l’autre, mais on ne peut avoir
accès à la langue qu’à travers l’étude de la parole.
Face à cette contradiction, certaines écoles linguistiques cherchent à nier
la première partie de la proposition (la langue), disant par exemple que seule
l’étude des contextes situationnels peut constituer un point de départ valable ;
d’autres parlent de la compétence comme moyen de vérifier des hypothèses, la
performance etant renvoyée à des études ultérieures. Mais tous, sous une forme
ou sous une autre, reconnaissent que le locuteur fait (la parole) avec ce qu’il sait
(la langue)).
Cette distinction (langue / parole ; compétence / performance) est
nécessaire à toute compréhension du phénomène langage.
5- Expression ou forme / contenu ; signifiant / signifié :
Parler une langue, c’est produire une série de bruits avec ses organes
vocaux, bruits que l’acousticien (le phonéticien) peut décrire et que l’étranger à
cette langue perçoit comme une suite inorganisée de sons ; mais pour le locuteur
de la langue, c’est une séquence ordonnée de sons et de groupes de sons, une
suite d’éléments organisés pour exprimer quelque chose.
On peut aussi distinguer dans l’étude de la langue un aspect ou un plan,
celui de l’EXPRESSION ou la FORME et un autre plan ou aspect, celui de la
« chose », exprimée, de la signification, des idées, des situations, faits,
réactions ; c’est le plan du CONTENU.
Dans les deux cas, il y a, pour l’expression, une substance phonétique (à
l’oral) et une substance graphique (à l’écrit) et, pour le contenu, une substance
conceptuelle (idée).
La substance phonique ou graphique ainsi que la substance conceptuelle
sont structurées ou mises en forme. Les sons et les mots se combinent et
s’opposent par leurs relations.
La langue associe l’expression (la forme phonique ou graphique) et le
contenu (unités de sens, d’idées) en SIGNES LINGUISTIQUES. Cette
association de l’expression et du contenu est conventionnelle, arbitraire. Chaque
langue réalise ce rapport (forme/ contenu) à sa façon.
Le mot est un signe linguistique, et comme tout signe, il a ces deux
aspects : il est expression ou forme (phonique ou graphique) et contenu (concept,
idée, sens).
o Le premier aspect (expression, forme) est appelé :
SIGNIFIANT.
o Le deuxième aspect (concept, idée) est appelé : SIGNIFIE.
C’est le signifiant qui véhicule le signifié. Autrement dit, c’est la forme
qui véhicule le sens.
Le signifiant et le signifié (SA / SÉ) sont les deux faces du signe
linguistique. Elles sont indissociables comme les deux faces d’une pièce de
monnaie ou d’une feuille de papier (recto-verso).
RETENONS :
1. Langue parlée / langue écrite :
- Primauté de l’oral sur l’écrit (l’écrit est plus récent que l’oral).
- Règles de fonctionnement de l’oral différentes de celles de l’écrit
(grammaire de l’oral / grammaire de l’écrit).
2. Diachronie / synchronie :
- Diachronie : étude de l’évolution de la langue au plan historique et
comparatif par rapport aux autres langues (étymologie …).
- Synchronie : étude et analyse de la langue que nous parlons à
notre époque (langue contemporaine), selon l’état actuel de ses
règles de structuration et ses rapports situationnels et contextuels.
3. Descriptif / normatif :
La linguistique décrit la langue dans ses différents matériaux ou
éléments qui la structurent. Les matériaux sont pour le linguiste des
objets ou phénomènes physiques sur lesquels ou à partir desquels il
travaille.
Le linguiste ne nous dit pas comment doit être la langue, ne nous
indique pas des normes pour classer les langues ou les niveaux de
langue ou pour comparer tel style ou tel registre de langue à un
autre, selon un choix privilégié de formulation. Elle décrit l’état de la
langue dans sa structuration, son système et son fonctionnement.
4. Langue / parole ou compétence / performance :
- Langue = système de règles, lois qui régissent la langue
(compétence).
- Parole = manifestation ou mise en œuvre de la langue dans une
situation précise par un individu qui utilise cette langue en fonction
d’un certain nombre de facteurs externes et internes
(psychologiques, effectifs, relationnels …….)
5. Forme / contenu ; signifiant / signifie :
- Signifiant (sa) = forme phonique ou graphique qui véhicule le sens.
- Signifié (sé) = c’est le sens véhicule par le signifiant (sa) c’est la
représentation psychique vu mentale (concept, idée )
d’une chose .
AGISSONS :
Cochez la case vrai ou faux pour juger de l’exactitude des énoncés
suivants.
Enoncés portant sur la description du système linguistique
1) La parole possède une organisation indépendante de la langue.
2) La compétence, c’est le savoir linguiste que le sujet a sur sa
langue. Elle correspond à la maîtrise (explicite ou implicite) des
règles de la langue permet au sujet parlant de déterminer si telle
phrase est conforme à ces règles.
3) La synchronie et la diachronie relèvent de l’histoire.
4) La linguistique prescrit des normes à suivre pour bien parler et
bien écrire selon des traditions culturelles des bons auteurs.
5) Le signifiant est un signe qui indique la forme et le sens d’un
mot.
6) Le signe linguistique associe un concept et une image
acoustique (forme orale ou écrite).
7) L’union du signifiant et du signifié n’est pas arbitraire. Le
rapport de ces deux substances est naturel.
8) L’assemblage des mots en une phrase peut être considéré
comme un acte individuel, on est donc dans la parole, mais en
même temps, cet assemblage se fait en fonction du code, on est
donc dans la langue.
9) Exprimer une chose, c’est donner sa forme acoustique
(phonique) ou visuelle (graphique) ; signifier une chose, c’est
donner son contenu (sens, concept, signification).
10) La langue parlée (oral) est apparue bien après la langue écrite
(écrit).
Vrai
Faux
Séance 3 : Le système linguistique
La langue est un système
Observons :
1- L’axe horizontal :
Ex. : - Salim est heureux
- Est heureux Salim
- Heureux Salim est
•
•
•
phrase française
phrase non française
phrase non française
Pourquoi certaines phrases sont-elles reconnues comme françaises et
d’autres comme non françaises ? Ce sont pourtant les mêmes unités ou
segments linguistiques qui les composent.
Oui, ce sont les mêmes unités linguistiques mais leur ordre est différent.
Dans la 1ère phrase, les unités sont distribuées selon les lois propres à la
langue française, dans les deux suivantes, l’ordre n’est pas conforme à ces
lois : sujet + copule + adjectif
(verbe être)
Cette combinaison (enchaînement) des unités se fait sur un axe
horizontal appelé axe syntagmatique (syntagme = combinaison linéaire des
unités régie par les lois du système du français).
Donc, ou peut en déduire que, dans la phrase française, les unités
linguistiques entretiennent des rapports sur l’axe syntagmatique.
2- L’axe vertical :
Reprenons :
- Salim
- Il
- L’étudiant
est
paraît
semble
heureux
ravi
joyeux
Classe grammaticale des différentes unités de la phrase :
- Salim
: sujet
- Est
: verbe d’état
- Heureux : adjectif qualificatif
o Il, l’étudiant… font partie du paradigme de « Salim ».
Ils appartiennent au paradigme du nom ou du pronom.
(Un paradigme est l’ensemble des unités linguistiques qui
remplissent la même fonction et qui peuvent donc être substituées
l’une à l’autre.)
o
Paraît, semble… font partie du paradigme de « est ». Ils
appartiennent à la même catégorie du verbe d’état.
o
Joyeuse, ravi… font partie du paradigme de « heureux ». Ils
appartiennent à la même catégorie grammaticale de l’adjectif
qualificatif.
Les rapports paradigmatiques sont les rapports virtuels, saisis par
l’esprit, existant entre les unités de la langue appartenant à une même
classe morphosyntaxique (grammaticale).
RETENONS :
* Axe syntagmatique
rapports horizontaux des différentes unités
ou structures d’une phrase ou d’un énoncé (axe in praesentia, ou axe des
combinaisons et /ou permutations).
* Axe paragdimatique
rapports verticaux virtuels des unités
ou structures avec d’antres unités susceptibles de se substituer ou de commuter,
dans l’axe vertical (axe in absentia ou axe des substitutions et / ou
commutations).
Rapports
syntagmatiques
* Le fonctionnement de deux axes est instantané et simultané dans tous
les actes de parole.
Ex :
Combinaison :
Tons les soirs, je regarde la télé dans le salon
Rapports
paragdimatiques
Permutation :
Tous les soirs, dans le salon, je regarde la télé
Je regarde la télé dans le salon tous les soirs.
Substitution :
Tous les soirs, je
Chaque matin tu
regarde la télé
observer le film
dans le salon
dans la pièce
…………….
Chaque jour
nous suivre
la réception dans le bureau
AGISSEZ :
Parlez des rapports syntagmatique et paradigmatiques entretenus dans
les énoncés suivants :
o
o
Je reviendrai très prochainement.
Bientôt, nous vous appellerons de chez vous.
Séance 4 : La double articulation du langage
Objectif de la séance :
Définir une propriété fondamentale du langage humain : la double articulation.
1- Du mot au monème :
- Qu’est ce que le mot ?
Définition des grammaires traditionnelles :
« Le mot est un ensemble autonome de sons (ou de lettres) désignant un
être, une idée, un animal, une action, une relation … et beaucoup d’autres choses
».
Cette définition est éloignée du signe linguistique qui associe à tout
signifiant un ou plusieurs signifiés.
Ex :
Chantons :
- Pour la grammaire traditionnelle, c’est un mot.
- Pour la grammaire structurale, c’est un signe linguistique qui a les
traits suivants :
Chant / -ons
Sa : (chan)
1- chant = signe linguistique
Sé : idée de musique
+ paroles
Sé marque du pluriel (nous)
2 - ons = signe linguistique
Sa (ons)
Le concept de " mot " est vague. Il ne rend pas compte des petites
unités minimales de signification qui peuvent exister dans le mot et qui sont des
signifiants (sa) renvoyant à des signifiés (sé).
Ex :
Petit / Petite
Mot contenant deux signes linguistiques.
Sa (pti )
Sa : (te)
Petit
-e
Sé : idée de
dimension
réduite
Sé : sens de féminin
Nous voyous ici qu’un mot peut comprendre plusieurs unités qu’on
appelle signes linguistiques associant sa et sé.
Martinet se propose d’analyser les unités minimales de signification.
(chant – ons, maison – nette, tendre – ment).
Pour Saussure, ces petites unités sont aussi des signes linguistiques,
c’est-à-dire que chacune d’elle est une association
sa / sé.
Donc, un mot est une unité se composant de deux ou plusieurs signes
linguistiques.
2- Les monèmes :
Un monème est une unité qui présente un sens et une forme vocale ou
graphique
Cette unité ne saurait être analysée en unités plus petites douées de sens.
Ex 1 : l’ensemble " tête " (tεt) ne peut être analysé en d’autres unités
plus petites " Tê " et " te " n’ont pas de sens distinct.
Ex 2 : Dans travaillons, il y a combien de monèmes (ou unités minimales de
sens) ?
• travaill – ons
1 monème 2 monèmes ou
2 unités minimales de sens
•
•
Sa (
- ons
)
Sé : 1ère personne + pluriel
Sa (
)
- ons
Sé : présent (par opposition à -erons
par exemple)
3- Les morphèmes et les lexèmes :
Martinet distingue deux catégories de monèmes :
- les lexèmes ;
- les morphèmes.
•
Les lexèmes appartiennent au lexique.
Ils forment une classe ouverte (nombre variable d’unités) : les lexèmes
apparaissent, se transforment, disparaissent. Leur nombre est considérable.
La petite Houria me chante des chansons.
- peti , Houria , chant , chanson sont des lexèmes.
•
Les morphèmes relèvent de la grammaire.
Ils forment au contraire une classe fermée (nombre limité, stable).
La petite Houria me chante des chansons.
-
la , -e, me, -e, des, -s sont des morphèmes.
4- Les syntagmes :
Le syntagme est une combinaison de monèmes.
Dans une phrase donnée, les monèmes entretiennent entre eux des
rapports morphosyntaxiques et sémantiques.
Ex : L’équipe de hand-ball remporte la coupe d’Afrique.
-
« l’équipe de hand-ball »
-
remporte la coupe d’Afrique
-
remporte (rem – port – e) est aussi
monèmes ou syntagme.
rem- (morphème).
-port- (lexème).
-e (morphème).
-
syntagmes ou
groupes
séparables
une
combinaison de
5- La double articulation :
Lisons :
On dit que le langage humain est articulé. Qu’est ce que
cela veut dire ?
Il s’agit de l’existence dans le langage de diverses petites unités qui
servent elles-mêmes à composer des unités plus importantes.
Tout énoncée dans le langage humain s’articule sur deux plans ou deux
articulations.
1ère articulation :
L’énoncé s’articule linéairement en unités douées de sens (phrases,
groupes ou syntagmes, mots ou monèmes etc.).
Ex : la phrase «L’enfant dormira» s’articule en cinq monèmes :
L’ enfant dorm ir a
1 2
3
4 5
Chacun de ces monèmes peut être remplacé par d’autres monèmes sur
l’axe paradigmatique.
2ème articulation :
Le signifiant de chaque monème s’articule à son tour en unités n’ayant
pas de sens, dont les plus petites sont des phonèmes, et qui sont en nombre limité
dans chaque langue.
Ex :
Le monème « dorm » est formé de quatre phonèmes (d), (o), (r), (m)
dont chacun peut être remplacé par d’autres pour former un monème différent.
Chaque phonème se distingue des autres par sa forme. Remplacer dans
le monème (dorm) (d) par (f), c’est obtenir un autre monème (form), de sens
différent.
•
•
La double articulation évite une surcharge de la mémoire et permet une
économie à l’émission et à la réception du message (en français, avec
36 phonèmes, on peut former une infinité de monèmes).
Pour A. Martinet, la double articulation est une caractéristique propre au
langage humain, qui n’existe pas dans les autres systèmes de
communication tels que le langage gestuel, le langage musical, le
langage animal, etc.
RETENONS :
Les monèmes sont les unités de première articulation. Ce sont
des unités minimales de signification. La première articulation concerne
le plan du signifié (sens) ; la deuxième, le plan du signifiant.
Les phonèmes sont les unités qui permettent de constituer les
monèmes. Ce sont des unités de la 2ème articulation. Ce ne sont pas des
unités signifiantes, ils ne sont donc pas considérés comme des signes
linguistiques.
La liste des phonèmes est fermée (36 pour le français).
AGISSEZ :
1.
Quelles unités de 1ère et 2ème articulation sont communes aux trois
phrases ci-dessous (monèmes et phonèmes communs) ?
•
•
•
2.
Si tu veux, j’irai le voir demain.
Je vais voir ce que je peux faire.
Il ira demain s’il ne pleut pas.
La distinction sa / sé suffit-elle pour analyser des séries comme :
a) Chaussure, soulier, godasse, godillot ;.
b) Main, menotte, paluche ;
c) Livre, bouquin ;
d) Aller travailler, aller au boulot, aller turbiner ?
3. En utilisant la distinction sa / sé, définissez l’homonymie et la
synonymie.
4. Voici quelques domaines de la linguistique : grammaire, phonétique,
phonologie (étude des phonèmes dans leurs rapports et relations),
sémantique, sémiologie (étude des signes au sein de la vie sociale).
Dites à quel domaine de la linguistique vous paraissent appartenir les
énoncés suivants :
• Quelle est la fonction des syntagmes dans la phrase suivante :
« Aujourd’hui, elle est partie avec ses valises ».
• Quelle est la différence entre le son (a) et le son (b) ?
•
•
Le /o/ de « porte » est-il ouvert ou fermé ? Pourquoi ?
Le sens de « auto » se décompose comme suit : véhicule + traction
par moteur + quatre roues + transport de passagers.
Etude du sens de « pièce » dans les énoncés : « Il a tapissé la
pièce », « Elle a tapissé la pièce » ; « Il a mis une pièce à son
pantalon » ; « L’Avare est une belle pièce ».
• Les panneaux de signalisation représentant le sens interdit, le
stationnement interdit, etc. sont des signes de la vie sociale.