SONDAGE VESICAL A DEMEURE EN SYSTEME - CClin Sud-Est

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SONDAGE VESICAL A DEMEURE EN SYSTEME - CClin Sud-Est
SONDAGE VESICAL A DEMEURE EN
SYSTEME CLOS :
INDICATIONS ET POSE
ENTRETIEN ET SURVEILLANCE
Soins
techniques
PORCHEZ MF, Villefranche
Août 2010
Objectif
Le sondage vésical est défini par l’introduction d’une sonde stérile dans la vessie par l’urètre.
Le sondage vésical à demeure est un geste invasif à risque infectieux nécessitant une asepsie rigoureuse
dès la pose associée à la gestion du système clos pendant toute la durée du drainage.
Le système clos correspond à l'assemblage de plusieurs éléments qu'il ne faut jamais désunir :
- la sonde et le collecteur stériles sont assemblés avant la pose et retirés ensemble,
- ils ne doivent jamais être déconnectés pendant la durée du sondage,
- les prélèvements d'urines s'effectuent sur le site prévu à cet effet,
- la vidange du collecteur s'effectue aseptiquement uniquement par le robinet inférieur.
Techniques et méthodes
I – INDICATIONS DU SONDAGE A DEMEURE EN SYSTEME CLOS
Les indications doivent être limitées au maximum et reconsidérées chaque jour.
Le sondage intermittent est préférable à la sonde à demeure.
L'étui pénien en alternative au sondage à demeure est préférable lorsque il est médicalement possible.
L’incontinence urinaire n’est pas une indication de sondage vésical à demeure.
II – CHOIX DU MATERIEL
1) Les sondes
La taille de la sonde est choisie en tenant compte de l’anatomie du patient.
La sonde doit permettre un bon drainage des urines et ne doit pas être un risque de traumatisme pour
l’urètre.
Si des irrigations vésicales sont prévues, la sonde est choisie à double courant.
La qualité du matériau est un élément à prendre en considération.
La sonde en silicone est bien tolérée, ne nécessite pas de lubrifiant, utilisée pour les sondages de longue
durée.
Les sondes en latex enduit de silicone sont indiquées pour les sondages de courte durée.
2) Les poches de recueil
Les poches de recueil ou sacs collecteurs doivent impérativement être stériles et connectées à la sonde
urinaire stérile au moment du sondage.
Il est fortement conseillé de ne pas utiliser les poches conditionnées non stériles livrées en vrac et dont
l'intérieur est en théorie stérile mais dont la fermeture peut avoir été déconnectée lors du stockage ou du
transport.
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Elles doivent être équipées :
- d’un site de prélèvement (avec ou sans aiguille),
- d’un robinet de vidange,
- d’une valve anti-reflux,
- si possible de crochets de fixation intégrés.
.
Les poches de recueil « crurales » ou « de jambe » peuvent représenter une alternative (patients sondés
pour une longue durée en rééducation ou soins de longue durée, l’immobilisation pouvant générer une perte
d’autonomie) à condition que les règles d’utilisation et d’hygiène soient impérativement respectées lors de la
pose et lors de la gestion du système (pas de déconnection entre le sac de jambe et la sonde, vidange du
sac dans des conditions identiques à celles décrites pour le sondage en système clos).
Le sac crural (fourni avec un dispositif de fixation) doit, dans tous les cas, être attaché à la jambe de manière
à éviter les tractions sur la sonde.
3) Les systèmes pré connectés
Deux types de systèmes pré connectés sont disponibles sur le marché :
- un 1er destiné aux sondages de longue durée, avec une sonde de Foley 100 % silicone, ballonnet 10 ml,
- un 2ème destiné aux sondages de courte durée incluant une sonde de Foley en latex siliconé.
Ces deux systèmes sont généralement équipés d’un site de prélèvement, d’une bague de connexion
transparente, "thermo soudé", d’un robinet de vidange, d’une valve anti-reflux, de crochets intégrés et d’une
poche à urines d’une contenance de 2000 ml, ou plus.
III – MISE EN PLACE DE LA SONDE
1) Vérification de la prescription médicale
La mise en place du drainage vésical en système clos doit faire l'objet d'une prescription médicale, datée et
signée précisant l’indication et le matériau de la sonde, Le choix de la taille est généralement fait par la
personne qui sonde en fonction de la corpulence du patient et dans un souci de confort.
2) Préparation du matériel
Afin de garantir l’individualisation du soin, la préparation du matériel est minutieuse et sans oubli, l’utilisation
d’un set de sondage stérile est à privilégier.
Il doit comporter :
Le matériel pour la toilette urogénitale : gants à usage unique non stériles, gant de toilette à usage unique
ou propre, serviette propre, savon antiseptique compatible avec l’antiseptique utilisé, bassin ou protection
absorbante.
Le matériel pour l’antisepsie : Compresses stériles, antiseptique pour muqueuse (molécule de référence
PVP iodée, sauf enfant de moins de 30 mois), pince stérile.
Le matériel pour le sondage : set de sondage ou à défaut champ stérile + champ fendu stérile, gants
stériles, seringue de 10 ml + ampoule d’eau stérile pour le gonflage du ballonnet de la sonde, cupule,
sondes vésicales et sac collecteur stériles.
Si un lubrifiant en mono dose stérile est utilisé, il doit être compatible avec le matériau de la sonde.
L’utilisation d’un lubrifiant à base de silicone est déconseillée si la sonde est en silicone.
Un anesthésique local en mono dose stérile peut être prescrit. Il peut être instillé dans l’urètre par le méat
urinaire après l’antisepsie. Un temps d’action de quelques minutes est nécessaire.
Le matériel de fixation : ruban adhésif, crochet pour le sac collecteur (si celui-ci n'en comporte pas).
3) Information et installation du patient
Dans son domaine de compétence, l’opérateur vérifie la compréhension des informations reçues par le
patient et les complète si nécessaire afin d’obtenir sa coopération.
Il installe le patient en décubitus dorsal :
- homme : cuisses légèrement écartées et allongées
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- femme : jambes écartées et fléchies
Il veille au respect de l'intimité pendant toute la durée de la pose.
4) Toilette urogénitale
Avant la pose de sonde, la toilette urogénitale est réalisée après hygiène des mains préalable.
Chez l’enfant de moins de 30 mois, il est recommandé d’utiliser un savon liquide mono dose puis de rincer à
l’eau stérile et de sécher minutieusement par tamponnement avec des compresses stériles.
L’opérateur utilise des gants non stériles à usage unique.
La toilette comprend savonnage, rinçage et séchage large du méat urétral, de l’appareil génital et des plis
inguinaux :
Personne de sexe féminin
De haut en bas en allant de la région génitale à la
région anale
Personne de sexe masculin
Le prépuce est décalotté puis nettoyé de l'avant à
l'arrière du méat en allant vers la partie distale.
5) Pose de la sonde
La pose de la sonde à demeure doit être réalisée avec asepsie (désinfection des mains, gants stériles,
matériels stériles). Le bénéfice lié à l’usage d’une tenue de protection complémentaire type habillage
chirurgical n’est pas démontré.
La mise en place de la sonde proprement dite nécessite la prise en compte des temps suivants :
Préparation du drainage :
La sonde, le sac collecteur, les compresses stériles imbibées d’antiseptique, de lubrifiant, l’eau stérile, la
seringue, le champ fendu sont disposés sur le champ stérile de table.
Antisepsie du méat :
L’application des produits antiseptiques est faite à l’aide d’une pince et de compresses stériles selon la
même technique que pour le nettoyage. L’opérateur n’utilise jamais deux fois la même compresse.
Chez la femme en cas d'écoulement vaginal, il est conseillé de mettre un tampon au préalable, au niveau de
la région vaginale.
Pose :
Avec des gants stériles, l'étanchéité du ballonnet est vérifiée selon les recommandations du fabricant, la
sonde est lubrifiée si besoin et adaptée au sac collecteur, la fermeture du robinet de vidange du collecteur
à urine est vérifiée.
Le champ fendu est disposé sur le patient.
La sonde vésicale est introduite par le méat urinaire jusqu'à apparition d'urine dans le sac collecteur, puis
cathétérisée encore de quelques centimètres pour s'assurer du bon positionnement de la sonde dans la
vessie.
- En cas d’impossibilité à faire progresser la sonde, il convient de ne pas insister et de prévenir le médecin.
- Lorsque l'écoulement d'urine est supérieur à 500 cc, il est conseillé de clamper la sonde et de vider la
vessie par étapes.
- Si par erreur, l'orifice vaginal est cathétérisé, il faut changer impérativement la totalité du système (sonde
et sac collecteur) avant le deuxième essai.
Le ballonnet est gonflé selon les recommandations du fabricant puis, la sonde est délicatement retirée
jusqu'au moment où l'on sent une résistance. Le gland est recalotté chez l’homme.
Le matériel utilisé est évacué et le patient est réinstallé.
6) Fixation de la sonde et du sac de vidange
La sonde vésicale doit être fixée immédiatement après sa pose à l’aide d’un adhésif :
- sur l'abdomen pour l'homme ou sur la cuisse si le sujet est valide en veillant à ce que la sonde ne passe
pas sous la cuisse afin de prévenir la formation d’escarres,
- sur la cuisse pour la femme.
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Le sac de vidange est accroché sur son support (tuyau de drainage sans repli, poche en position déclive),
de manière visible et accessible. Le sac ne doit jamais toucher le sol.
Il est possible de réaliser un prélèvement d’urines ou une bandelette urinaire par le robinet de vidange : c’est
la seule fois où il est permis de le faire à ce niveau.
Une hygiène des mains est indispensable après le soin.
7) Traçabilité de la pose
La date de pose, le type et le calibre de la sonde, le volume de gonflage du ballonnet, l’aspect et la quantité
des urines, les réactions du patient et le nom du soignant sont consignés dans le dossier du patient ou la
fiche de surveillance et de suivi.
III – ENTRETIEN ET SURVEILLANCE
Une désinfection hydro alcoolique par friction ou un lavage simple des mains avant et après tous soins
(vidange du système, toilette urogénitale, prélèvements) est impérative de même que le port de gants car les
contacts avec un liquide biologique sont possibles (respect des précautions standard).
1) Toilette urogénitale
Une toilette urogénitale est pratiquée au minimum quotidiennement et après chaque selle. Elle s’effectue
avec un savon liquide doux et du linge de toilette propre, suivie d’un rinçage large à l’eau.
Chez l’homme il est important de décalotter, chez la femme la région périnéale se nettoie du haut vers le
bas.
Un patient sondé peut prendre une douche. Il faut s’assurer de la fixation correcte de la sonde, au préalable.
2) Paramètres à surveiller
La surveillance quotidienne permet de contrôler les paramètres suivants :
L’apport hydrique du patient : l’hydratation du patient est fondamentale.
En dehors de certaines pathologies et de prescriptions médicales particulières, le patient doit conserver une
diurèse d’environ 1,5l/24h.
La fixation de la sonde vésicale sur l’abdomen ou sur la cuisse.
L’absence de coude sur la sonde vésicale et sur le tube collecteur : l’urine doit s’écouler librement dans
le sac collecteur. Ce dernier est positionné en déclive par rapport au niveau de la vessie.
La présence et l’utilisation d’un support du sac collecteur, évitant que la poche ne soit posée à même le
sol.
Le niveau de remplissage du sac collecteur.
L’absence de fuite au niveau du sac collecteur.
3) Vidange du sac collecteur
Le sac collecteur est vidé lorsqu’il est au ¾ plein ou avant un transport du malade en opérant exclusivement
par le robinet de vidange. La déconnexion est formellement interdite.
Une compresse imbibée d’un antiseptique est utilisée pour la manipulation du système.
Pendant l’écoulement de l’urine, le robinet n’est pas en contact avec le bocal de recueil.
Le bocal de recueil (ou cantine) est nettoyé et désinfecté une fois par jour.
Le volume et l’aspect des urines sont à noter quotidiennement.
4) Prélèvements
Les prélèvements d’urines sont réalisés, de manière aseptique, sur la bague prévue à cet effet ¼ d’heure
après clampage du tuyau en amont de la poche.
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Le site de prélèvement est désinfecté avec un antiseptique, en respectant te temps de contact lié au produit.
5) Lavages ou irrigations vésicales
Si une irrigation vésicale est indispensable, elle est pratiquée avec une sonde à double courant.
Les lavages de vessie en systématique ne sont d’aucune utilité pour la prévention des infections urinaires
sur sonde.
En présence de sonde bouchée, il convient de changer de sonde (pas de tentative de désobstruction par
lavage).
6) Fréquence de changement de sonde
La durée du sondage vésical à demeure en système clos doit être reconsidérée chaque jour. La sonde
doit être enlevée dés qu’elle n’est plus nécessaire.
En l’absence de consensus, les indications suivantes sont proposées :
Sondage à demeure de
courte durée
Inférieure à 15 jours
Sonde
en
latex
enduit de silicone
Changement de l’ensemble à
J15
Sondage à demeure de
longue durée
En moyenne 1 mois
Sonde en silicone
Changement de l'ensemble
Une fois par mois
Devant une infection urinaire, il faut retirer la sonde urinaire ou la changer lorsque le drainage est
indispensable. Ceci paraît nécessaire à l’éradication de l’infection du fait de la présence d’une colonisation
bactérienne souvent importante de la sonde urinaire, au sein d’un bio film.
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DRAINAGE VESICAL CLOS
RESUME DES MESURES D’ENTRETIEN ET DE PREVENTION
Les soins aux patients sondés visent à protéger les
portes d’entrées possibles des micro-organismes :
1. Méat urinaire
- Toilette génitale au savon doux au
moins une fois par jour et après
chaque selle ou souillure.
- Fixer la sonde afin d’éviter les tractions.
2. Jonction sonde-sac
- Ne jamais désadapter la sonde.
- Utiliser de manière aseptique la bague
de prélèvement pour les ponctions
d’urines.
3. Débit urinaire
- Sac collecteur en déclive pour assurer
un écoulement continu de l’urine.
- Utiliser un sac collecteur avec système
anti-reflux.
4. Robinet de vidange
- Désinfection du robinet avant et après
ouverture.
- Robinet placé dans son support après
manipulation.
- Eviter le contact avec le sol.
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Responsables
La pose d’une sonde vésicale à demeure en système clos est un acte effectué par une infirmière ou une
sage-femme sur prescription médicale.
La première pose d'une sonde vésicale chez l'homme est un geste médical.
Pour en savoir plus
Guides et recommandations
HICPAC. Guideline for prevention of catheter-associated urinary tract infections. 2009. 368 pages.
(NosoBase n°25568)
Société Française d'hygiène Hospitalière (SFHH). Guide pour la surveillance et la prévention des infections
nosocomiales en maternité. Juin 2008. 107 pages. (NosoBase n°21374)
Société Française d'hygiène Hospitalière (SFHH). Guide des bonnes pratiques de l’antisepsie chez l’enfant.
Mai 2007, 45 pages. (NosoBase n°18843)
Haute Autorité en Santé (HAS). Pose et surveillance des sondes urinaires. Juin 2005, CD Rom audit clinique
2006
CClin Ouest. Hygiène en urologie. 2004. 88 pages. (NosoBase n°14055)
CClin Sud-Ouest. Prévention de l'infection urinaire nosocomiale et sondage, recommandations pour la pose
et la gestion d’une sonde vésicale. 2003. 29 pages. (NosoBase n°10251)
Société de Pathologie Infectieuses de Langue Française (SPILF), Association Française d'Urologie (AFU).
Infections urinaires nosocomiales de l'adulte. Conférence de consensus du 27/11/2002. Texte long. 2003. 45
pages. (NosoBase n°11451)
Références
Wald Hl, Ma A, Bratzler DW, Kramer AM. Sonde urinaire à demeure en postopératoire. Archives of surgery
2008, (6): 551-557 (NosoBase n°22310)
Raffaele G; Bianco A; Aiello M; Pavia M. Indication appropriée de l'utilisation de sondes urinaires à demeure
chez des patients hospitalisés en Italie. Infection control and hospital epidemiology 2008; (3): 279-281
(NosoBase n°20944)
Crouzet J, Bertrand X, Venier Ag, Badoz M, Husson C, Talon D. Contrôle de la durée du sondage urinaire :
impact sur les infections urinaires liées aux cathéters. The Journal of hospital infection 2007; (3): 259-287
(NosoBase n°19730)
Thiveaud D. Prévenir le risque infectieux urinaire. Hygiène en milieu hospitalier 2007; (83): 19-31 (NosoBase
n° 18092)
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