Et voilà ce que disait en introduction cette entreprise

Transcription

Et voilà ce que disait en introduction cette entreprise
UN FRANC-TAUPIN VEND LA MÈCHE !
Dans ces quelques lignes je voudrais vous faire partager mon expérience, en effet celle-ci peut éventuellement intéresser
des arquebusiers désirant pratiquer le tir avec des armes à mèches, ce qui est mon cas.
Comme beaucoup d’entre nous nous surfons sur le Net à la recherche de sites d’armuriers, de fabricants d’armes, etc. Je
suis donc tombé un jour sur le site d’une entreprise qui reproduit toutes sortes d’armes, « armes antiques, médiévales,
modernes, premier Empire, 19ème, 20ème, orientales, » etc. En un clic j’entrais dans cette caverne d’Ali Baba au rayon
armes à poudre noire.
Et voilà ce que disait en introduction cette entreprise :
Nos reproductions d'armes à feu sont conformes aux modèles originaux, tant en taille qu'en poids, et les
mécanismes sont en parfait état de marche (fermeture du bassinet, batterie trempée et durcie de manière à
permettre au silex de produire ses étincelles, armement du chien en deux étapes, déclenchement, queue de
culasse vissée à chaud). Le canon est réalisé en acier au carbone (type: BS970 no.080M40). Nous ne sommes
cependant pas armuriers, et à ce titre ne sommes pas habilités à vendre des armes à feu fonctionnelles. La
lumière de la chambre n'est donc pas percée sur nos reproductions, et il est de ce fait impossible d'enflammer la
poudre de la chambre, ni de tirer.
Vous vous doutez bien que ce texte m’a interpellé. Je suis bricoleur, comme la majorité des poudreux, et percer la
lumière d’une chambre d’un canon ne relève pas de l’exploit !
Après avoir parcouru tout le catalogue mon choix s’est arrêté sur l’arquebuse ci-dessous :
Cette arquebuse à mèche, de style suédois, correspond typiquement aux modèles utilisés en France et en
Angleterre dans la première moitié du XVIIème siècle. L'action sur le levier fait pivoter le support de la mèche,
appliquant celle-ci dans le bassinet, et provoquant la détonation. Ce mode de mise à feu était considéré comme
beaucoup plus sûr que les systèmes à rouet, mais il présentait l'inconvénient de ne pouvoir fonctionner par
temps de pluie. Remarquez la décoration zoomorphe du support de la mèche. Le levier dispose d'un cran de
sûreté pour éviter les déclenchements accidentels.
Entre-temps j’étais allé faire un tour sur le Net pour avoir quelques précisions sur les performances de l’acier au carbone
utilisé pour la réalisation de ladite arme.
Ce type d’acier est utilisé dans l’industrie mécanique pour fabriquer des axes de machine, donc largement résistant et
souple à la fois pour encaisser des charges de poudre noire.
J’ai donc sauté le pas en commandant l’arquebuse. Huit jours après, le facteur me livrait mon nouveau joujou dans un
grand colis car elle fait 1m46 et pèse 3,650 kg.
Je me suis donc empressé de démonter le canon pour examiner la queue de culasse qui effectivement semblait bien être
conforme à la description.
De même la platine et le mécanisme, ainsi que le bois, étaient de bonne facture. J’ai donc monté sur ma perceuse un forêt
de 2 mm et j’ai percé la lumière de la chambre !
Après avoir mesuré le diamètre du canon, 19,30mm, ce qui correspond au calibre 75, il suffira en temps utile de
commander un moule en 732, soit 18,59mm et calepiner.
Dans la foulée, je suis allé faire un tour dans les tables de chargement pour armes à poudre noire qui donnent pour ce
calibre une charge minimum de 4,86 g et une charge maximum de 6,48 g.
Une alternative s’offrait maintenant à moi : je chargeais à 5g avec un boulet adéquat et je tirais dans mon tas de bois pour
tester l’arme ou je choisissais une option plus sérieuse en envoyant ce canon au Banc National d'Épreuve des armes de
Saint-Étienne.
En prenant également en considération que le fait de l’avoir percée faisait de cette arme, décorative à l’ origine, une arme
de 8ème catégorie, j’ai logiquement choisi la seconde possibilité.
J’ai pris contact par courriel avec le Banc National d'Épreuve des armes de Saint-Étienne et je dois vous signaler que
pendant tous les échanges que j’ai eu avec ce service j’ai toujours eu affaire à des personnes compétentes, sérieuses et
d’une extrême amabilité.
J’ai donc envoyé le canon en Colissimo recommandé et environ quinze jours après je recevais un courrier du Banc
d’Épreuve que j’ouvris avec une certaine appréhension car il m’avait bien été précisé que le Banc d’Épreuve n’était en
aucun cas responsable des éventuelles dégradations que le canon pouvait subir lors des essais. Le lendemain le canon
m’était livré par la Poste.
Tout c’était bien passé. Éprouvée à 750 BAR et poinçonnée avec certificat du Banc National d'Épreuve des armes de
Saint-Étienne joint, cette arme décorative est devenue une arme de tir parfaitement conforme à un modèle original et avec
laquelle je peux tirer en toute sécurité.
Coût de l’opération :
Achat de l’arquebuse et port 330,00€. Expédition du canon 19,00€. Banc d’Épreuve 82,69€. TOTAL = 431,69€
Ce pistolet a subi la même transformation et a suivi le même chemin que l’arquebuse décrite ci-dessus.
Coût total arme comprise 343,33 €
Alors si le cœur vous en dit, vous pouvez vous aussi, allumer cette mèche à l’adresse ci-dessous…
http://www.armae.fr/index.htm
ATTENTION : Le fait de percer la chambre transforme un simple objet de décoration en arme. Le
passage au banc d’épreuve s’impose pour des raisons évidentes de sécurité et toute la législation sur les
armes doit aussi être respectée. Cette transformation qui n’est pas anodine se fait sous la responsabilité
du propriétaire de l’arme.
8ème catégorie : Armes et munitions historiques et de collection
Ce sont des armes dont le modèle et l'année de fabrication sont antérieures au 1/01/1870, à poudre noire
et tirant des balles en plomb.
Les répliques de ces armes sont également concernées (pour les armes françaises, date : avant 1874).
2. Acquisition, Détention, Déclaration
Sans autorisation de détention d'armes (Art. 23)
· Certaines armes de la 5ème et les armes de la 7ème catégorie ne sont pas soumises à déclaration.
Celles de 6ème et 8ème catégories sont
libres, sous réserve que l'acheteur ait au moins 18 ans.
· Les mineurs de plus de 16 ans peuvent les acquérir s'ils sont autorisés par la personne exerçant
l'autorité parentale et s'ils sont, soit titulaires
du permis de chasser (de l'année précédente ou de celle en cours), soit titulaire de la licence de la F.F.T.
de l'année en cours.
· Les armes de la 7ème catégorie à air comprimé peuvent être détenues par des mineurs de 9 à 16 ans
munis d'une autorisation parentale et
de la licence de la F.F.Tir de l'année en cours.
Extraits du décret N° 95-589 du 6 Mai 1995
Art. 2. - Les matériels de guerre, armes et munitions et éléments visés par le présent décret sont classés
dans les catégories suivantes:
8e catégorie. Armes et munitions historiques et de collection:
Paragraphe 1. - Armes dont le modèle et dont, sauf exception, l'année de fabrication sont antérieurs à des dates
fixées par le ministre de la défense, sous réserve qu'elles ne puissent tirer des munitions classées dans la 1re ou
la 4e catégorie ci-dessus; munitions pour ces armes, sous réserve qu'elles ne contiennent pas d'autre substance
explosive que de la poudre noire. Le contrôle de la date du modèle et de l'année de fabrication des armes
importées est effectué dans les cas et selon des modalités qui sont définis par arrêté conjoint des ministres de la
défense et de l'intérieur et des ministres chargés de l'industrie et des douanes.
Paragraphe 2. - Armes rendues inaptes au tir de toutes munitions, quels qu'en soient le modèle et l'année de
fabrication par l'application de procédés techniques et selon des modalités qui sont définies par arrêté conjoint
des ministres de la défense et de l'intérieur et des ministres chargés de l'industrie et des douanes. L'application
aux armes des procédés techniques définis à l'alinéa précédent, dans les conditions définies par l'arrêté
interministériel visé ci-dessus, est réalisée par un établissement désigné par le ministre de l'industrie avec
l'agrément du ministre de la défense. La surveillance de l'application des procédés techniques rendant les armes
inaptes au tir de toutes munitions est assurée par les soins de l'administration militaire. Le contrôle de
l'application aux armes importées des procédés techniques définis au premier alinéa du présent paragraphe est
effectué selon des modalités qui sont définies par arrêté conjoint des ministres de la défense et de l'intérieur et
des ministres chargés de l'industrie et des douanes. Les chargeurs des armes classées au paragraphe 2 ci-dessus
doivent être rendus inutilisables au tir dans les conditions fixées par l'arrêté interministériel prévu à l'alinéa cidessus.
Paragraphe 3. - Reproductions d'armes historiques et de collection dont le modèle est antérieur à la date fixée
par le ministre de la défense en application du paragraphe 1 ci-dessus et dont les caractéristiques techniques
ainsi que les munitions sont définies par arrêté conjoint des ministres de la défense et de l'intérieur et des
ministres chargés de l'industrie et des douanes. Ces reproductions ne pourront être importées, mises sur le
marché ou cédées que si elles sont conformes aux caractéristiques techniques mentionnées à l'alinéa précédent
et constatées dans un procès-verbal d'expertise effectuée par un établissement technique désigné par le ministre
de la défense, dans les cas et les conditions déterminés par l'arrêté interministériel prévu à l'alinéa ci-dessus. Les
reproductions d'armes historiques et de collection qui ne satisfont pas aux dispositions du présent paragraphe
relèvent, selon leurs caractéristiques techniques, du régime applicable aux armes de la 1re, de la 4e, de la 5e ou
de la 7e catégorie.
Art. 57. Le port et le transport des armes d'épaule et munitions des catégories 5, 7 et 8 sont libres.
Jean VILLECHANGE

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