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CHARRON
CHARRON
MÉTIER
Le charron fut longtemps un artisan important dans nos villages. Son rôle
principal était de fabriquer les nombreux véhicules en bois nécessaires pour
transporter hommes et chargements ou utiles au travail agricole : chariots,
calèches, carrioles, charrettes, tombereaux, brouettes,… Par ailleurs, le charron
pouvait également réaliser des commandes diverses comme des mangeoires, des
échelles ou des râteliers. Si le charron construisait aussi le corps des véhicules,
c’est surtout à la fabrication des roues qu’est assimilé ce métier. Le charron
possède dans ce domaine un savoir faire unique. La roue de charron en bois est
constituée de trois parties principales : au centre, le « moyeu » assure par sa
rotation le guidage de la roue ; à sa périphérie, la « jante » supporte la bande de
roulement en fer ; entre les deux, les « rais » permettent de relier la jante au
moyeu.
Le métier de charron est avant tout lié au travail du bois. La roue de charron en
est presque intégralement constituée. Il exige de savoir d’abord repérer et choisir,
généralement sur pied, les arbres qui serviront à la construction des roues. Les
différents éléments qui composent la roue sont souvent fabriqués à partir de
plusieurs essences choisies en fonction des bois disponibles dans chaque région et
des qualités offertes par chacune. Sont généralement utilisés : l’orme pour le
moyeu afin d’éviter qu’il ne se fende ; le chêne pour les rais devant supporter le
poids des chargements ; le frêne pour les jantes qui doivent être à la fois solides et
flexibles. Le charron doit donc savoir lire le bois, son grain, ses courbes afin
d’évaluer sa résistance, de trouver les courbures qui offriront aux différentes
pièces la meilleure résistance. Le charron travaille toujours le bois dans le sens du
fil de manière à ce que celui-ci soit parallèle aux lignes d’efforts qui lui seront
transmises. La solidité et la qualité des roues en dépendent.
Une fois le bois débité et bien sec, le charron peut commencer son travail. Il
s’attaque d’abord au moyeu, centre de la roue, qu’il dégrossit à la hachette puis au
ciseau à bois. Il obtient ensuite sa forme définitive, celle d’un petit tonneau, sur
un tour, avant de le cercler de deux viroles métalliques, les « frettes », destinées à
éviter qu’il n’éclate. Outre le bandage en fer qui viendra cercler la roue, ces frettes
sont les seuls éléments métalliques de la roue. Avec une tarière, le charron creuse
ensuite le moyeu jusqu’à obtenir précisément la dimension d’une boîte en fonte
qui viendra y loger et dans laquelle s’ajustera l’essieu. Le charron place alors le
moyeu sur un cadre afin d’y creuser les mortaises dans lesquelles prendront place
les rais. Le charronnage demande une grande précision. Le tracé et la taille des
mortaises des rais sont particulièrement délicats.
En taillant le devant et l’arrière de chaque mortaise à un certain angle, le charron
crée l’écuanteur de la roue, c'est-à-dire qu’il détermine l’inclinaison des rais de la
roue sur le moyeu. Cette inclinaison permet aux roues de mieux résister aux
chemins chaotiques et notamment aux efforts latéraux auxquelles elles sont
soumises en cas de dévers. Une fois le moyeu prêt à recevoir les rais, le charron
entreprend la fabrication de ces derniers à partir de planches de chêne. Ajustés à
l’aide d’une plane, les rais sont équipés de tenons un peu plus gros que les
mortaises. Après avoir assoupli le moyeu en le trempant dans de l’eau bouillante,
le charron enfonce les rais dans le moyeu à grands coups de marteau, légèrement
en oblique. L’autre extrémité des rais s’emboîte dans la jante constituée
d’éléments de frêne découpés dans des planches d’une dizaine de centimètres
d’épaisseur. Le charron les découpe à la scie à ruban en se basant sur un de ses
gabarits. Il y creuse ensuite les mortaises dans lesquelles entrent les rais. Chaque
élément de jante reçoit deux rais. Ils sont maintenus ensemble par des chevilles
en chêne dur. Une fois l’emboîtage terminé, la roue est dite enrayée. Les tenons
des rais qui dépassent de la jante sont sciés, la roue montée est prête à rouler ; il
ne reste plus qu'à la ferrer.
Les joints biseautés de la roue ne se resserrent complètement que lors de cette
opération dite d’ « embattage » sous la pression du bandage métallique quand il
refroidit et se rétracte. L’embattage de la roue est l'opération finale,
impressionnante, de la confection d'une roue. Grâce à sa roulette le charron
mesure la circonférence de la roue. La mesure exacte de la jante est reportée sur
un bandage de fer, diminuée de quelques millimètres. Celui-ci est alors forgé de
façon à avoir un diamètre un peu plus petit que celui du contour de la roue.
Chauffé au rouge et ainsi dilaté au maximum, le bandage est alors saisi à l’aide de
pinces, approché avec précaution de la roue posée à plat sur une plaque
métallique et mis en place au marteau tandis que des aides du charron se
dépêchent d’arroser d’eau le bois qui commence à brûler. Le métal se contracte
alors, compressant tous les éléments en bois de la roue et les serrant ensemble.
Bruits et odeurs ainsi que la nécessaire rapidité de l’opération font de l’embattage
un moment spectaculaire du charronnage. Le charron est donc un artisan
polyvalent car s’il doit très bien connaître et travailler le bois, il doit également
savoir manier le fer.
Lorsqu’elle est ferrée, le charron examine une dernière fois sa roue. Il teste son
équilibrage et s’assure de sa parfaite rotation qu’il peut rectifier en introduisant
dans le moyeu des coins en chêne permettant de recentrer la boîte d’essieu.
Enfin, pour la protéger des intempéries, le charron enduit la roue de goudron ou
de peinture.
FORMATIONS
Il n’existe aucune formation au métier de charron, celui-ci ayant presque
totalement disparu.
Retrouvez toutes les adresses des organismes de formations initiales
et professionnelles continues dans les métiers d’art en consultant
notre base de données sur notre site Internet : http://www.institutmetiersdart.org/
Retrouvez le schéma des formations aux métiers d’art sur notre site
Internet : http://www.institut-metiersdart.org/
Sur le site http://www.moveart.org/, retrouvez toutes les adresses
des centres de formations en Europe.
ENVIRONNEMENT
A partir du moment où l'homme a utilisé la roue pour construire des véhicules, il
y a eu des charrons. Ce métier existe probablement depuis plus de 4000 ans,
époque où les roues à rayons et à jantes sont apparues, venant remplacer les
premières roues pleines. Depuis plus de deux mille ans la roue de charron n’a
pratiquement connu aucune évolution. Jusque dans les années 1950, chaque
commune de France possédait au moins un charron, souvent deux ou trois.
Celui-ci fabriquait, réparait ou adaptait la presque totalité du matériel agricole
réalisé en bois. Son atelier jouxtait fréquemment celui du maréchal-ferrant avec
lequel il collaborait pour bon nombre d'opérations. C'était lui également qui
assurait l'entretien des divers véhicules hippomobiles du village, privés ou
municipaux. Puis, au lendemain de la seconde guerre mondiale, le
développement des pneumatiques modifia rapidement la demande de roues en
bois. Avec la mécanisation de l’agriculture, les tracteurs venant définitivement se
substituer aux véhicules hippomobiles, de nombreux charrons se sont reconvertis
en carrossiers ou en mécaniciens, et beaucoup abandonnèrent le métier réservant
leur savoir faire à des démonstrations lors de comices agricoles ou pour des
concours d’attelage. Il reste aujourd’hui en France moins de dix charrons en
activité. La plus grande partie de leur travail relève de la fabrication plus que de la
restauration. En effet, une roue en bois bien faite peut durer indéfiniment même
si elle doit parfois être recerclée ou subir quelques réparations. Elle ne casse en
général que par accident. Les rouées commandées sont essentiellement à
destination de véhicules à traction animale mais peuvent également concerner des
voitures anciennes.
La clientèle est constituée principalement de collectionneurs privés (attelages,
vieilles voitures) mais aussi de musées ou institutions. Le travail du charron
s’inscrit naturellement dans une démarche de sauvegarde d’objets du patrimoine
et de savoir faire ancestral. Les charrons ont à cœur de mieux faire connaître leur
métier afin qu’il ne disparaisse pas ; d’autant plus que certains ont constaté une
augmentation de leur commandes ces dernières années due à un regain d’intérêt
pour les roues et les véhicules traditionnels en bois.
ORGANISME PROFESSIONNEL
Etant donné leur petit nombre, il n’existe pas de groupement professionnel pour
les charrons.
SALONS ET MANIFESTATIONS
Plusieurs communes en France organisent des fêtes autour des métiers d’autrefois
(dont celui de charron) afin que leur mémoire perdure et que certains savoir-faire
ne s’oublient pas. Ces manifestations sont souvent l’occasion de démonstrations.
SOURCES D’INFORMATION
ORGANISMES
Association pour la sauvegarde du patrimoine artisanal et rural
(ASPAR)
74, rue Haute – 77 Misy sur Yonne
Tél.: 01 64 31 31 26
[email protected]
http://musee.marechalerie.free.fr/
Cette association créée en 1988 a pour buts la recherche, l'acquisition, la
réparation et la présentation d'outils, de machines et de matériels anciens.
LIEUX RESSOURCES
Le Musée de la Maréchalerie et du Charronnage,
74, rue Haute - 77130 Misy-sur-Yonne.
Tél.: 01 64 31 31 26.
http://musee.marechalerie.free.fr/sommaire.htm
Ouvert dans la forge d’une ancienne maréchalerie, ce musée rassemble une
collection d’outils, d’objets et de machines traditionnels permettant au visiteur de
redécouvrir certains métiers d’autrefois. Artisans et bénévoles y font revivre un
atelier de charron.
Le Musée du Charroi Rural de Salmiech,
Musée du Charroi Rural et de l’Artisanat local, Le bourg, 12120 Salmiech.
Tél : 05 65 74 23 55.
[email protected]
http://www.musee-charroi-rural-salmiech.fr
Situé près de Rodez, ce petit musée présente une vingtaine de véhicules à traction
animale ou humaine, ainsi que l'outillage complet du charron et du forgeron.
Ecomusée de Bommelaers Wall,
20, route de Furnes - 59254 Ghivelde.
Tél. : 03 28 20 11 03.
http://ecomusee-flandres.com/
Ce musée, reconstitué dans une ancienne ferme et dédié au monde rural consacre
une salle entière au métier de charron.
SITES INTERNET
http://metiers.free.fr
Ce site consacré aux métiers d’autrefois, disparus ou oubliés, présente le
charronnage : histoire, description, photographies
http://musee.marechalerie.free.fr/sommaire.htm
Appuyé de nombreuses photographies, le musée de la maréchalerie et du
charronnage présente sur son site le travail et les outils du charron ainsi que
l’opération d’embattage.
http://museepaysderetz.com/charron.html
Le site du musée du Pays de Retz présente le métier de charron et l’histoire de la
roue
Les listes d’informations sont proposées à titre indicatif et ne sauraient
prétendre à l’exhaustivité.
POUR EN SAVOIR PLUS…
Consultez le Centre de ressources de l’Institut National des Métiers
d’art, une ressource unique sur les métiers d’art :
- Des bases de données documentaires sur l’actualité des métiers
d’art et des bases de données sur les formations, accessibles sur son
site internet.
- Un fonds documentaire spécialisé : revues, dossiers, ouvrages et
plus de 750 films sur ce secteur.
Institut National des Métiers d’art,
23 avenue Daumesnil, 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85
Ouvert du mardi au vendredi de 14 à 18 heures
[email protected]
http://www.institut-metiersdart.org/
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