Charles Claoué, des gueules cassées aux visages de stars Destins
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Charles Claoué, des gueules cassées aux visages de stars Destins
Sète K2--- AGENDA Demain ● Repas des Aînés Comme tous les ans, les aînés de la ville sont conviés au traditionnel repas, servi également mercredi et jeudi, dans la salle Brassens. ● Primes au vélo électrique Les bénéficiaires de l’aide municipale pour l’achat d’un vélo électrique recevront leur chèque, à 11 h, devant la mairie. ● ImageSingulières L’équipe de CétàVoir présentera le programme du prochain festival ImageSingulières, à l’occasion d’une conférence de presse... A Paris. Mercredi ● Berges de l’étang Les riverains de l’étang sont conviés à une réunion sur l’aménagement des berges, à 11 h 30, dans la salle du Pont-Levis. ● “Un petit bout de rien au Poche” Le théâtre de la Grande rue Haute reçoit la compagnie Pomme Cannelle pour son spectacle (pour enfants de 6 à 10 ans) intitulé Un petit bout de rien. A 16 h, 7 €. Et aussi jeudi, les 1er et 2 mars. Jeudi ● Rencontre au Musée Dans le cadre de l’exposition “Salah Stétié et les peintres”, le musée organise jeudi 28 février à partir de 18 h une rencontre entre Salah Stétié, Bruno Roy (fondateur des éditions Fata Morgana), Jean Cortot (artiste peintre, Membre de l’Institut – Académie des Beaux-Arts) et Jacques Clauzel (artiste peintre). ● C’est le 14e National de pétanque Ouverture du 14e National de pétanque, dans le hall de l’ancien collège Victor-Hugo (place Stalingrad). Vendredi ● Vernissage au Vin Vivant La cave Au vin vivant (rue André-Portes) accueille à 19 h le vernissage d’une exposition intitulée “Collages vivants” de Michel Cacace. A voir jusqu’au 31 mars. ● Droite républicaine sétoise A 18 30, Sébastien Pacull, son président-fondateur, et les membres de l’association de la Droite républicaine et sétoise (DRS), inaugureront leur local situé 1, rue Proudhon. ● Volley-ball L’Arago de Sète se déplace à Toulouse. Coup d’envoi du match donné à 20 h. Samedi ● National de pétanque La 14e édition se déroule tout au long du week-end, place Stalingrad. Dimanche ● Bourse aux monnaies De 9 h à 17 h, à la salle Georges-Brassens, ce sera la 35e édition de la bourse aux monnaies. 3 Midi Libre midilibre.fr LUNDI 25 FÉVRIER 2013 Charles Claoué, des gueules cassées aux visages de stars Destins oubliés (7) ❘ Ce médecin (1897-1957) fut l’un des premiers Français à se lancer dans la chirurgie esthétique. Il y gagna le succès mais aussi des inimitiés. G ueules cassées. Ou visages de stars. Des tranchées de la Première Guerre mondiale aux pages glacées des magazines des années 1950, pour Charles Claoué, ce fut presque le même combat. Mené tambour battant par ce chirurgien esthétique atypique, parfois contesté par ses pairs, né à Sète en 1897, et dont le destin épouse parfaitement les chaos du XXe siècle. Il a 17 ans quand la guerre éclate. Sur les traces de son père, chirurgien oto-rhino-laryngologiste militaire, il entreprend des études de médecine à Bordeaux. Autour de lui surgissent les premiers visages atrocement défigurés des poilus. Masques tragiques qui décideront de sa carrière : Charles Claoué se spécialise dans la chirurgie réparatrice, complétant son bagage auprès de pontes qui l’accueillent à Vienne, Berlin… Les unités de réparation maxillo-faciales sont alors en plein essor. Il délivre aussi ses services aux patientes sans revenu Mais déjà, voici l’esprit du franc-tireur. Qui crée dans les années 1920 un enseignement « libre et privé » de chirurgie réparatrice, en s’associant avec des médecins tchèques. S’ensuivront la création, en 1931, de la Société française de chirurgie plastique, dont Claoué est le secrétaire général, et l’organisation d’un premier congrès international. C’est du moins ce qu’expliquent doctement sa fiche Wikipedia, écrite par l’un de ses arrière-petits-fils, et une page du site internet de la clinique Alphand - que Claoué créa à Paris en 1950, et où exercent toujours deux de ses petits-enfants, également chirurgiens esthétiques. Rapidement, dès 1927, les opérations non plus réparatrices mais esthétiques deviennent sa grande affaire. Et pas seulement son business, assurent ses descendants. Pour lui, ce type de chirurgie, « loin d’être un luxe destiné à satisfaire la coquetterie, était un moyen de supprimer les complexes dont souffrent certains êtres au pour une autre médecine que celle académique », explique son arrière-petit-fils Jonathan Lafarge, qui a recueilli les souvenirs de sa grand-mère, Madeleine, belle-fille de Charles, qui en fut aussi la collaboratrice. De fait, en 1949, il participe à la création du Groupement national pour l’organisation des médecines alternatives, qui n’est autre qu’une association de guérisseurs et de magnétiseurs ! Ajoutez à cela un rapprochement avec des chirurgiens allemands pendant la guerre, qui lui valut une accusation de collaboration. Il est relaxé mais le soupçon est tenace. « Avec une insolente indifférence, l’un des plus célèbres chirurgiens esthétiques de France a continué d’exercer sa profession en dépit des ukases qu’a décernés contre lui l’Ordre des médecins », écrit ainsi en 1952 le journaliste Daniel Filipacchi. Et il continua ainsi d’opérer jusqu’à sa mort, à l’âge de 60 ans. Ne se fiant qu’à son nez. ■ Dans les années 1950, le tout-Paris se presse chez Charles Claoué. visage disgracieux et de leur rendre, avec la confiance en eux, une activité sociale normale », affiche le volet historique du site web de la clinique Alphand. Précisant même qu’il lui arrivait souvent de délivrer « ses services gratuitement aux patientes sans revenu ». Mais sa célébrité, Claoué l’acquiert dans l’après Seconde Guerre mondiale grâce aux belles qui défilent dans son cabinet, d’abord en chirurgie ambulatoire. Des vedettes telles Martine Carol, Jany Holt, Hélène Perdrière et Marie Daëms, qui vont populariser le “nez Claoué”. « Il était réellement très réputé ce “petit nez à la parisienne”, assure Emmanuel Claoué, petit-fils de Charles et chirurgien cervico-facial à la clinique Alphand. Charles l’avait “inventé” avec le docteur Joseph grâce à une technique inédite, qui consistait à pratiquer l’opération de rhinoplastie par l’intérieur du nez, donc sans cicatrice. » Quelque 3 000 nez parisiens passent ainsi entre ses mains en l’espace de LISE VALETTE COLL. CLINIQUE ALPHAND sept ans ! De quoi agacer, semble-t-il, ses confrères médecins (lire ci-dessous), d’autant que, fidèle à ses idées non-conformistes, Claoué se fait fort de détailler dans deux livres (Le Mal d’Hippocrate et L’Imposture) tout le mal qu’il pense de “l’ordre établi”. « Il considérait qu’il y avait une place [email protected] LUNDI PROCHAIN Gambardella : homme de foot, de presse et de chanson Né à Sète... par hasard ? « Vous êtes bien sûre qu’il est né à Sète ? » Oui. Aux archives municipales de Sète, l’état civil est catégorique. Voilà qui ne laisse d’intriguer les descendants de Charles Claoué, dont la famille est d’origine gasconne, et dont aucun membre n’a jamais vraiment foulé l’Île singulière. Le 26 août 1897, un certain Raymond-Charles Claoué, chevalier de la Légion d’honneur, né lui-même en 1864 à Saint-Girons, en Ariège, vient ainsi déclarer en mairie la naissance de son premier enfant, Charles. Il a vu le jour au 57 quai de Bosc où la jeune maman, Marie-Thérèse Althoffer, se repose. Le père est accompagné d’un témoin, un certain docteur Cadhillac. « Est-ce un ami à eux chez qui ils logeaient ?, s’interroge Catherine Lopez-Dréau, archiviste municipale. RaymondCharles a en effet fait ses études de médecine à Montpellier et s’est marié en 1896, dans les Vosges. » Deux ans plus tard, un autre fils agrandit la famille alors installée dans l’Oise, qui gagne ensuite le Bordelais. « Ces nez, veut prouver l’Ordre des médecins, sont illégaux » Procès ❘ En 1952, “Paris Match” raconte comment Claoué a été mis au pilori par ses confrères. Le reportage s’étale en double pages de Paris Match daté du 20 au 27 décembre 1952. Sous la plume enlevée de Daniel Filipacchi, plutôt favorable à Charles Claoué, et illustré par les photos de Gilbert Graziani, il est question du procès en correctionnelle pour “exercice illégal de la médecine” intenté au chirurgien esthétique par l’Ordre des médecins. Interdit de pratique de la médecine en 1945 pendant trois ans, puis à nouveau mis à l’index pour un an en janvier 1952, Claoué est accusé d’avoir donc illégalement opéré le nez de ses patients. « Tous ces nez, veut démontrer l’Ordre des médecins, sont illégaux », écrit Daniel Filipacchi. Qui s’émerveille de la tactique de défense de Claoué. La chirurgie esthétique «ne s’adresse pas au malade, mais au bien portant. Un esthéticien ne peut donc, selon lui, être attaqué pour un exercice illégal de la médecine ». CQFD. ■ Au pied de l’article de Match, une belle “brochette“ de stars au nez refait par Claoué, avec l’actrice Martine Carol au centre. COLL. THAU AGGLO