grille d`analyse d`un point de vue paysager
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grille d`analyse d`un point de vue paysager
PRÉFECTURE DE SAÔNE-ET-LOIRE Camille JULLIEN, Paysagiste Conseil de l’État placée sous l’autorité du Préfet de Saône-et-Loire auprès de la Direction Départementale des Territoires INTERVENTION CONSEIL Date de saisine : 03/07/2014 Commune : Réf. Dossier FRICHE01 Objet : : Grille analyse ETUDE DE REHABILITATION DES FRICHES GRILLE D’ANALYSE EVALUATION DES ATOUTS ET CONTRAINTES PAYSAGERS DU SITE Une grille de critères d’analyse paysagère est établie par la paysagiste conseil. Cette grille n’est pas un guide d’établissement des rapports, mais un aide-mémoire des points importants à aborder dans une analyse de site. Il est à noter que les avis qui s’ensuivent, réalisés après des visites de quelques heures, ne traitent pas l’ensemble des critères. 1) Première démarche : analyser et modifier la représentation d’un site avant d’aménager - travail sur les « valeurs paysagères et symboliques » Les friches sont souvent perçues comme des lieux de relégation, d’abandon au sauvage, de danger, d’insécurité alors même qu’elles sont portées aux nues par certains acteurs agissant dans l’environnement comme un outil extraordinaire pour rétablir la biodiversité et envisager une nouvelle manière d’aborder l’aménagement, par l’expression libre mais maîtrisée de la nature ou des atouts paysagers, économiques et patrimoniaux d’un territoire. Leur représentation symbolique est souvent très négative, parfois injustement, d’autres fois justifiée et cela à cause d’un passé douloureux ou mal accepté. Le premier travail est d’analyser cette représentation symbolique, de s’en distancer et de la comprendre par un travail à la fois sur l’histoire et la géographie du site, son statut dans le paysage urbain ou rural. Analyse historique et représentation locale - quelle représentation la population locale a du site ? (passé, présent, avenir) – analyse sociologique - quelle est l’évolution historique de cette représentation ? Ou plus simplement quelle est l’histoire de ce site (carte postale ancienne, cartes anciennes, témoignages)? Cette histoire se rattache t’elle à l’histoire communale, ou intercommunale, départementale, voire nationale (exemple de l’hôtel relais sur la N6 à Rully)? Certains atouts du site pourront être décryptés au travers du filtre de l’histoire passée mais aussi présente. Il ne s’agit pas de juger mais de construire l’avenir en inversant le regard. Par exemple, sur la commune de Rully, l’histoire de l’hôtel de Rully se rattache à celle de la nationale 6, la route du sud, les congés payés, le tourisme de masse. Ou encore à Dompierre-les-Ormes, l’histoire de la zone d’activité évoque celle d’un modèle économique à l’américaine selon un urbanisme de zoning le long des voies de transit. Ou bien enfin à Mâcon-sud, la zone industrielle se rattache à l’histoire portuaire le long du couloir Saône-Rhône jusqu’à la méditerrannée. Ces univers pourront parfois inspirer de nouvelles manières de s’approprier le passé pour construire le futur par des aménagements évocateurs, en utilisant un vocabulaire spécifique qui incarne cette identité mais la dépasse et l’enrichit. La géographie, le paysage et le statut du site dans la commune Analyser deux échelles : celle du contexte communal et géographique (1/100 000 à 1/25 000ème) et l’échelle du site (1/200 à 1/500) 1) Comprendre le statut du site par rapport au contexte : - entrée de ville, lisière d’agglomération, façade urbaine, dent creuse, seuil de pays, …. - les éléments majeurs de la commune ou du village en interaction avec le site, qui peuvent fabriquer une « résonnance », une continuité ou une complémentarité en fonction du contexte (gare, halte nautique, voie verte, etc.) et raccrocher le site à un projet plus vaste. - l’occupation du sol, l’hydrographie, le relief - les qualités et l’identité paysagères du contexte - la situation par rapport à un réseau de communication 2) Le site : - la nature des sols, de la topographie, de la végétation et des milieux - le réseau hydrographique - l’analyse des constructions existantes et de leur état - les vues sur le paysage - la nature des limites du site Décrypter les intentions de la commune et les orienter - quel projet serait le plus souhaitable ?, pour quelle échelle d’impact (communal, intercommunal, départemental ou national) ? - quelles sont les besoins de la commune en équipement ? - établir des scénarios différents en fonction de la mutation du foncier - chercher des partenariats financiers ou de complémentarité programmatique, donner des exemples de reconversion réussie selon les thématiques de la friche (industrielle, activités, …) 2) Aménager selon un phasage progressif L’inversion du regard et le changement de représentation de la population locale sur une friche peut se faire au début par une démarche à peu de frais d’ « acupuncture urbaine» *, ou rurale selon le lieu. La première étape si le foncier n’est pas mutable, sera d’élaborer un travail autour du site, qui consiste à l’intégrer au mieux dans le tissu communal. Des micros projets impliquant le public à différents niveaux (ou les communes) ont pour but de résoudre les conflits entre les propriétaires, les habitants et les visiteurs. La deuxième étape, sera d’envisager une reconversion progressive qui s’appuie sur les atouts et potentialités existantes et sur différents acteurs pour une programmation adaptée et une réappropriation douce du site. La troisième étape consistera à aménager (ou pas) de manière plus pérenne la friche selon le choix de sa destination future. * In Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Acuponcture_urbaine « L’acuponcture urbaine est une théorie urbaine environnementale qui combine urbanisme et théorie de l’acuponcture issue de la médecine chinoise traditionnelle. Cette stratégie urbaine considère la ville comme un organisme vivant. Des projets durables sont implantés dans des zones en manque de repères. L’idée est de revitaliser . l’ensemble de la ville en agissant sur des points particuliers Créé par l’architecte et sociologiste finlandais Marco Casagrande, ce courant de pensée critique les projets urbains de grande ampleur au profit d’une approche plus localisée à échelle humaine. Lorsque les ressources budgétaires sont limitées, cette vision peut offrir un renouveau urbain à bas coût aux habitants »