Chapitre 5: Chaleur et vie
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Chapitre 5: Chaleur et vie
Chapitre 5: Chaleur et vie La température corporelle est un paramètre essentiel pour le bon fonctionnement des organismes vivants. Une variation de 10°C conduit à une augmentation du taux des processus métaboliques d'un facteur 2. Pour les êtres humains, la température corporelle normale est de 37°C et des déviations faibles de part et d'autre de cette valeur sont fatales: à plus de 44°C, les protéines subissent des dégradations irréversibles; à moins de 28°C, le coeur cesse de fonctionner. Il existe plusieurs mécanismes physiques pour assurer la régulation de la température des animaux à sang chaud. S'il fait froid, le corps réduit les pertes de chaleur en diminuant la circulation du sang dans les capillaires et en accroissant la production de chaleur si nécessaire. S'il fait chaud, le surplus de chaleur est évacué par conduction, convection, rayonnement, transpiration et pour certains animaux, respiration. 5.1 Besoins énergétiques La consommation de nourriture doit couvrir les besoins énergétiques pour la circulation du sang, la réparation des cellules, la respiration, les mouvements musculaires, etc. La plus grande partie de l'énergie consommée est finalement convertie en chaleur. Le taux métabolique dépend du type d'activité, de l'âge, du sexe, du poids. De manière standard on donne la puissance nécessaire par unité de surface corporelle: Activité Dormir Etre debout Marcher Faire du vélo Courir Frissonner Taux métabolique par unité de surface corporelle [kJ/m2.h] 170 290 670 1200 2900 1200 Les besoins énergétiques journaliers sont d'environ 11'000 kJ pour un homme, 9000 kJ pour une femme. La surface corporelle dépend de la masse et de la taille: S[m 2 ] = 0,202 ⋅ M 0,425 ⋅ l 0,725 . 2 Elle vaut 1,7 m pour un individu de 60 kg mesurant 166 cm. L'énergie est obtenue dans la nourriture par oxydation des molécules et dépend du type de nourriture. La quantité € d'oxygène nécessaire à la production d'une quantité d'énergie est à peu près constante. Comme exemple, voici l'équation pour l'oxydation du glucose: C6H12O6 + 6 O6 ---->6 CO2 + 6 H2O + énergie L'énergie produite par unité de masse ainsi que l'oxygène qu'il faut pour cela est donné cidessous (1 litre d'oxygène est nécessaire pour la production de 20,2 kJ): Type de nourriture Glucides Protéines Graisses Pouvoir calorifique (ou énergétique) par unité de masse de nourriture [MJ/kg] 16 17,2 39 -1- Consommation unitaire d'oxygène [ l /kg] 790 830 € 1900 Chaleur et vie 5.2 Transfert de chaleur Les processus fondamentaux qui permettent le transfert de chaleur d'un endroit à une température donnée, à un autre endroit à une température différente, sont les suivants: Conduction: La perte de chaleur par unité de temps dépend de la différence de température entre les deux extrémités du barreau de longueur Δx et de section S: ΔQ ΔT [W ] = λ ⋅ S ⋅ Δt Δx λ est le coefficient de conductibilité. Il s'exprime en W.m/K et dépend de la matière. Quelques valeurs de λ sont données ici: € Cuivre Acier Eau 380 [W.m/K] 40 " 0,6 " Tissus irrigués 0,4 [W.m/K] Tissus non irrigués 0,2 " Graisse 0,1 " Air Fourrure 0,025 [W.m/K] 0,0036 " Exemple: l'évacuation de chaleur à travers 3 cm de tissu en supposant la différence de température égale à 2°C vaut (pour toute la surface corporelle) 23 W pour des tissus non irrigués, 46 W pour des tissus irrigués, 12 W pour une couche de graisse. Ces valeurs sont à comparer au taux métabolique du premier tableau (de l'ordre de 130 W pour toute la surface). Convection: Le transfert de chaleur par convection a lieu car les fluides chauds sont plus légers que les fluides froids et les premiers ont donc tendance à monter. La convection dépend de la surface, de son orientation, de la vitesse du fluide relativement à la surface. Si le fluide est immobile, on parle de convection naturelle. Si le fluide est en mouvement, il s'agit de convection forcée. ΔQ [W ] = α ⋅ S ⋅ ΔT . Δt Le coefficient de convection α s'exprime en W/m2.K. Il vaut: € air eau Convection naturelle 5 [W/m2.K] 100 " Convection forcée 50 [W/m2.K] 1000 " Exemple: Debout, le 80% de la surface corporelle étant exposée, on suppose que la température extérieure est de 25°C, alors que la température moyenne de la peau est de 33°C. On trouve que le flux de chaleur par seconde est de 54 W si l'air est immobile, 270 W si la convection est forcée. Les pertes correspondantes dans l'eau seraient évidemment bien plus importantes. -2- Chaleur et vie Radiation: € La radiation émise par le corps humain est une radiation infrarouge (loi de Wien). La puissance totale perdue par le corps est donnée par la loi de Stefan: ΔQ [W ] = ε ⋅ σ ⋅ S ⋅ T 4 Δt En même temps qu'il émet, le corps absorbe la radiation émise par l'environnement. La puissance nette perdue s'exprime donc par: ΔQ [W ] = ε ⋅ σ ⋅ S ⋅ T 4 − ε ⋅ σ ⋅ S ⋅ TA4 Δt TA est la température ambiante. ε est l'émissivité du corps (comprise entre 0 et 1), σ la constante de Boltzmann σ=5,67.10-8 W/m2K4 € écrire l'équation ci-dessous sous une forme plus simple en faisant intervenir On peut encore directement la différence de température; l'expression est valable pour les situations ordinaires où les températures absolues T et TA différent peu: ΔQ [W ] = 4ε ⋅ σ ⋅ S ⋅ T 3 (T − TA ) ≅ 6 ⋅ S ⋅ (T − TA ) Δt € Exemple: la puissance perdue par rayonnement si le corps est à 30°C et le milieu à 20°C est d'environ 100 W. 5.3 Régulation de la température corporelle Elle s'effectue grâce aux transferts conductifs, convectifs ou radiatifs. Si ces phénomènes ne sont pas assez efficaces, l'évaporation de l'eau de transpiration permet aussi de refroidir le corps. Dans certains cas, la respiration (expiration) contribue de manière significative à l'évacuation de la chaleur produite dans le corps (halètement des animaux à fourrure). La chaleur par seconde dégagée dans le corps (métabolisme et faible rendement musculaire 20%) est de l'ordre de 130 W. En une heure l'augmentation de température du corps est d'environ 2°C ce qui conduirait, après quelques heures, à des dommages fatals pour les protéines. La chaleur doit être évacuée à un taux suffisamment rapide (a) de l'intérieur du corps vers sa surface: la chaleur produite à l'intérieur du corps est transférée à sa surface par conduction dans les tissus, mais aussi et surtout par le sang qui, après avoir absorbé la chaleur des cellules, l'amène vers la périphérie du corps (convection forcée); lorsqu'il fait froid, la constriction des capillaires réduit la circulation sanguine en surface et l'évacuation de chaleur est plus faible; (b) de la surface de la peau vers le milieu extérieur: en effet, l'évacuation de la chaleur amenée à la peau doit être assez rapide pour que la température superficielle soit toujours inférieure à la température intérieure. On a vu plus haut les mécanismes qui pouvaient jouer un rôle dans ce processus. Il reste à examiner la contribution possible de la transpiration. Lorsque l'eau liquide (sueur) est transformée en gaz, beaucoup d'énergie est prise au corps car la chaleur latente de vaporisation de l'eau est grande. Exemple: la quantité d'eau de transpiration qui doit être vaporisée pour absorber une puissance métabolique de 170 W, est de 2,8 litres/h (sur une longue durée, on admet que 1 l /h est envisageable, à condition de boire bien sûr). Par contre, le refroidissement par expiration contribue pour un taux d'évacuation d'environ € 10W seulement chez les êtres humains. -3-