le songe d`une nuit d`été
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le songe d`une nuit d`été
BENJAMIN BRITTEN LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ A MIDSUMMER NIGHT’S DREAM Livret du compositeur et de Peter Pears d’après la pièce de Shakespeare Opéra en trois actes 1960 OPERA de LYON LIVRET 5 10 14 18 66 124 Fiche technique L’argument Les personnages LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ Act I / Acte I Act II / Acte II Act III / Acte III CAHIER de LECTURES William Shakespeare 175 Titania et Obéron, la querelle 179 Hermia & Démétrius, la loi contre les amants Jan Kott 181 Bestiaire du désir William Shakespeare 184 Programme des divertissements... Peter Brook 187 Les artisans Jan Kott 188 Puck Benjamin Britten 189 L’original de Shakespeare survivra William Shakespeare 193 L’amour-en-attente Jacques Lonchampt 195 Une rosée lumineuse William Shakespeare 196 Les ruses d’une puissante imagination CARNET de NOTES 200 218 219 Benjamain Britten Repères biographiques & Notice bibliographique Le Songe d’une nuit d’été Orientations discographiques Illustration. Croquis de l’intérieur du Swan Theatre, une scène élisabéthaine de Londres, par JOHANNES DE WITT, 1596 LIVRET C’est en août 1959 qu’est prise la décision de créer un nouvel opéra de Britten pour l’inauguration du nouveau Jubilee Hall d’Aldeburgh devant avoir lieu moins d’un an après. Compte tenu de ce délai relativement court, Britten décide d’utiliser un texte déjà existant, Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare. Britten, avec l’aide de Peter Pears, travaille la pièce de Shakespeare, en coupe plus de la moitié et déplace certaines scènes. Les texte restant est de Shakespeare, seul un vers est inventé pour expliciter une situation. (Voir l’article du compositeur, page 193.) PARTITION La partition est écrite rapidement pour une œuvre du XXe siècle : Britten indique qu’il s’est mis effectivement au travail en octobre 1959. La partition, orchestration comprise, est achevée, ainsi que l’indique une datation à la dernière page, le 15 avril 1960 à Aldeburgh. Elle est dédiée à Stéphan Reiss, alors administrateur du festival d’Aldeburgh. 5 PERSONNAGES 6 OBÉRON, roi des fées TITANIA, reine des fées PUCK THÉSÉE, duc d’Athènes HIPPOLYTA, reine des Amazones, fiancée de Thésée LYSANDRE, amoureux d’Hermia DÉMÉTRIUS, amoureux d’Hermia HERMIA, amoureuse de Lysandre HÉLÉNA, amoureuse de Démétrius BOTTOM, tisserand QUINCE, charpentier FLUTE, raccommodeur de soufflets SNUG, menuisier SNOUT, chaudronnier STARVELING, tailleur Contre-ténor (ou contralto) Soprano colorature Acrobate, rôle parlé Basse Contralto Ténor Baryton Mezzo-soprano Soprano Basse-baryton Basse Ténor Basse Ténor Baryton QUATRE FÉES Voix d’enfants ou sopranos COBWEB (TOILE D’ARAIGNÉE) PEASEBLOSSOM (FLEUR DES POIS) MUSTARDSEED (GRAINE DE MOUTARDE) MOTH (PHALÈNE) CHŒUR DES FÉES Voix d’enfants ou sopranos ORCHESTRE 2 flûtes (aussi piccolo) 1 hautbois (aussi cor anglais) 2 clarinettes 1 basson 1 cors 1 trompette en ré 1 trombone 2 percussions 2 harpes Clavecin Célesta Cordes DURÉE MOYENNE 2 heures 30 CRÉATION 11 juin 1960, au Jubilee Hall de Aldeburgh Direction musicale. Benjamin Britten Mise en scène. John Cranko Décor & costumes. John Piper Avec Alfred Deller (Obéron), Jennifer Vyvyan (Titania), Leonid Massine II (Puck), Forbes Robinson (Thésée), J. Peters (Hippolyta), George Maran (Lysandre), Thomas Hemsley (Démétrius), M. Thomas (Hermia), Aprile Cantelo (Héléna), Owen Brannigan (Bottom), Peter Pears (Flute) CRÉATION en FRANCE 1965. Création au Théâtre municipal de Strasbourg, dans le cadre du Festival de Strasbourg (juin-juillet) Version française de Fred Goldbeck Direction musicale. Frédéric Adam Mise en scène, décor & costumes . Jean-Pierre Ponnelle Avec Michel Sénéchal (Obéron), Jacqueline Silvy (Titania), Gérard Brillanti (Puck), Jacques Villisech (Thésée), Jenny Lorentz (Hippolyta), Herbert Handt 11 (Lysandre), Peter Gottlieb (Démétrius), Jane Berbié (Hermia), Hélia T’Hezan (Héléna), Derrick Olsen (Bottom) L’ŒUVRE à LYON 8 1985. Création le 12 novembre Version française de Moshe Leiser & Patrice Caurier Direction musicale. Jacek Kasprzyk / Mark Foster Mise en scène. Moshe Leiser & Patrice Caurier Décor. Jacques Rapp Costumes. Jacques Rapp & Christian Rätz Eclairages. Philippe Arlaud & Frank Evin Avec Henri Ledroit (Obéron), Liliane Mazeron (Titania), Evelyne Didi (Puck), Michel Hubert (Thésée), Anne Salvan (Hippolyta), Christian Jean (Lysandre), François Le Roux (Démétrius), Bernadette Antoine (Hermia), Danielle Borst (Héléna), Pierre-Yves Le Maigat (Bottom), René Schirrer (Quince), Ivan Matiakh (Flute), Xavier Tamalet (Snug), Antoine David (Snout), Michel Denonfoux (Starveling) 1994 Direction musicale. Steuart Bedford Mise en scène. Robert Carsen Décor & costumes. Michael Levine Eclairages. Davy Cunningham Avec James Bowman (Obéron), Lilian Watson (Titania), Emil Wolk (Puck), Graeme Broadbent (Thésée), Yvonne Lea (Hippolyta), John Graham-Hall (Lysandre), Gerald Finley (Démétrius), Eirian James (Hermia), Juliet Booth (Héléna), Roderick Kennedy (Bottom), Andrew Shore (Quince), Christopher Gillett (Flute), John Hall (Snug), Terry Jenkins (Snout), James Meek (Starveling) 1995 Reprise de la production précédente, en français, dans la version de Moshe Leiser & Patrice Caurier Direction musicale. Steuart Bedford / Laurent Pillot Avec Brian Asawa (Obéron), Veronica Cangemi (Titania), Emil Wolk (Puck), Christophe Lacassagne (Thésée), Pomone Epoméo (Hippolyta), Benoît Boutet (Lysandre), Ludovic Tézier (Démétrius), Doris Lamprecht (Hermia), Audrey Michael (Héléna), Laurent Naouri (Bottom), Jean-Marie Frémeau (Quince), Jean Delescluse (Flute), Frédéric Caton (Snug), Jean-Paul Fouchécourt (Snout), Gérard Theruel (Starveling) 1998 Reprise de la production précédente, en français, dans la version de Moshe Leiser & Patrice Caurier Direction musicale. Steuart Bedford Avec Gérard Lesne (Obéron), Natalie Dessay (Titania), Emil Wolk (Puck), Jérôme Varnier (Thésée), Pomone Epoméo (Hippolyta), Etienne Lescroart (Lysandre), Laurent Alvaro (Démétrius), Marie-Belle Sandis (Hermia), Maryline Fallot (Héléna), Laurent Naouri (Bottom), Jean-Marie Frémeau (Quince), Jean Delescluse (Flute), Frédéric Caton (Snug), Marc Duguay (Snout), Gérard Theruel (Starveling) ACTE I Dans une forêt, près d’Athènes, au crépuscule. 10 PUCK, serviteur d’OBÉRON, le roi des fées, et les esprits accompagnant la reine des fées, TITANIA, assistent à la rencontre orageuse de leurs deux souverains : TITANIA refuse de céder un jeune garçon de sa suite à OBÉRON, qui voudrait en faire son page. Pour se venger de la reine, OBÉRON charge PUCK de lui rapporter une fleur dont le jus versé sur des paupières endormies rend amoureux du premier être aperçu au réveil : TITANIA sera condamnée à aimer quelque monstre. LYSANDRE et HERMIA s’aiment. Il se réfugient dans la forêt, fuyant Athènes, sa loi et DÉMÉTRIUS qu’on veut imposer à Hermia comme époux. DÉMÉTRIUS les poursuit, poursuivi luimême par HÉLÉNA qui l’a informé de la fuite des amants – elle l’aime mais il la repousse violemment. Sans être vu, OBÉRON a vu ces quatre jeunes gens ; il demande à PUCK de verser du jus de la fleur magique dans les yeux de DÉMÉTRIUS pour qu’il se mette à aimer HÉLÉNA. Lui se charge de TITANIA. Six comédiens amateurs, artisans, espèrent jouer une pièce devant la cour, à l’occasion des noces du duc d’Athènes, Thésée, avec Hippolyta. PIERRE QUINCE distribue les rôles que l’enthousiaste BOTTOM voudrait tous incarner. Puis on se donne rendez-vous plus tard dans la soirée, au chêne ducal, pour la première répétition. Fatigués par leur course, égarés dans la forêt, LYSANDRE et HERMIA font halte et s’endorment. P UCK arrive, prend l’Athénien LYSANDRE pour l’Athénien D ÉMÉTRIUS et verse le suc de la fleur dans les yeux du jeune homme endormi. DÉMÉTRIUS a réussi à semer HÉLÉNA. Elle arrive, voit LYSANDRE endormi, l’éveille ; il en tombe amoureux au premier regard et déclare sa flamme. Croyant à une mauvaise farce, HÉLÉNA s’enfuit, poursuivie par LYSANDRE qui laisse HERMIA seule au milieu de la forêt. Les esprits de la cour de la reine des fées endorment TITANIA de leurs chants. OBÉRON verse le jus magique dans ses yeux. ACTE II Les artisans répètent et cherchent des solutions à quelques problèmes théâtraux : comment faire entrer la lune et un mur dans la salle du palais, comment faire pour que les dames n’aient pas peur du lion... Pendant qu’il prépare son entrée, BOTTOM est métamorphosé en monstre à tête d’âne par PUCK, à la grande frayeur de ses camarades. Abandonné par eux, il chante pour se donner du cœur, et ainsi réveille TITANIA qui tombe passionnément amoureuse de lui. Comblé de grâces par la reine et par ses fées, il s’endort. HERMIA a été rejointe par DÉMÉTRIUS, qu’elle accuse d’avoir fait disparaître Lysandre avant de s’enfuir. OBÉRON comprend qu’il y a eu erreur sur la personne et demande à PUCK de 11 réparer. DÉMÉTRIUS s’endort et PUCK verse le jus magique sur ses paupières. A son réveil, c’est sur HÉLÉNA, qui vient d’arriver, suivie par LYSANDRE et HERMIA, que s’ouvrent ses yeux. Désormais, HÉLÉNA est l’objet de l’amour des deux hommes, HERMIA est complètement délaissée. Les deux femmes se disputent, les deux hommes s’éloignent pour se battre. Tout le monde se disperse. PUCK, imitant la voix tantôt de Lysandre, tantôt de DÉMÉégare si bien les deux rivaux qu’ils s’écroulent tous deux de fatigue, rejoints par les deux femmes, épuisées elles aussi. Alors que les quatre Athéniens sont profondément endormis côte à côte, PUCK arrose LYSANDRE d’un suc magique, pour qu’il revienne à HERMIA, son premier amour... LES FÉES bercent le sommeil des quatre amants, leur promettant le retour de l’harmonie parfaite. TRIUS , 12 ACTE III La forêt, à l’aube. OBÉRON a profité des égarements de TITANIA pour se faire remettre le petit garçon. Il peut donc délivrer TITANIA du charme. Il montre à sa reine, horrifiée, le monstre avec qui elle a passé la nuit. PUCK enlève à BOTTOM la tête d’âne. Les Athéniens s’éveillent, deux plus deux... Avec sa forme humaine, BOTTOM retrouve ses compagnons, juste à temps pour pouvoir aller jouer devant la cour ducale. Au palais de Thésée. LE DUC a agréé l’union solennelle de LYSANDRE avec HERMIA et de DÉMÉTRIUS avec HÉLÉNA. Pour tromper la longue attente de la nuit nuptiale, les trois couples assistent à un divertissement. Pyrame et Thisbé, la pièce que jouent BOTTOM et ses compagnons est diversement accueillie, avec des commentaires railleurs. Les artisans jouent avec cœur et terminent par une danse... Minuit sonne, les couples se retirent. LES ESPRITS, OBÉRON et TITANIA, avec chants et danse, viennent donner leur féerique bénédiction au palais et à ses habitants. PUCK salue le public. Deux mondes se partagent la scène du Songe : le monde des esprits, le monde des mortels. La plus grande partie de l’opéra se déroule le soir et la nuit, dans une forêt, royaume des esprits et de leur couple de souverains, le roi OBÉRON, la reine TITANIA. Mais, cette forêt est très fréquentée par les humains. 14 Il y a le groupe des artisans : BOTTOM le tisserand – QUINCE le charpentier – FLUTE le raccomodeur de soufflets – SNUG le menuisier – SNOUT le chaudronnier et STARVELING le tailleur. Comédiens amateurs, ils préparent une pièce pour les festivités de mariage du duc d’Athènes. Leur enthousiasme, leur naïveté, leur diction approximative peuvent faire sourire et même rire. Mais les artisans donnent également une magnifique leçon de théâtre anti-naturaliste en inventant sous nos yeux des moyens très simples de représenter sur la scène un mur en ruines ou la lune. Le mur crevassé ? Un peu de plâtre sur un comédien qui tiendra les doigts écartés pour figurer les fissures suffira à figurer un mur mieux qu’un lourd décor. Dans cette petite troupe, c’est BOTTOM qui joue les premiers rôles : hâbleur, enthousiaste, un peu vantard, il est changé en un monstre mi-homme mi-âne (l’âne étant aussi symbole de la puissance sexuelle, lire le texte de Jan Kott page 185), qu’aimera TITANIA. Dans cette brève nuit au domaine des fées, BOTTOM sera servi par quatre des suivantes de la reine : TOILE D’ARAIGNÉE, FLEUR DES POIS, GRAINE DE MOUTARDE et PHALÈNE, petits esprits aux voix enfantines. Toutes les voix des habitants du pays des fées sont des voix très aiguës : OBÉRON est une haute-contre, TITANIA un soprano colorature, LE CHŒUR DES FÉES est formé de voix d’enfants. PUCK, serviteur d’OBÉRON, est un rôle parlé, comme pour marquer son statut à part. Esprit malin ou bienveillant – c’est selon – il est mobile et rapide, fait le tour du monde en quarante minutes. Marqué du signe de l’air, il est le messager et celui qui tisse les communications. C’est lui qui, à la toute fin de l’opéra, se charge de l’adresse au public avec énormément d’esprit. OBÉRON et TITANIA, roi et reine des fées sont, dans ce songe, en pleine dispute au sujet d’un petit garçon que l’une ne veut pas céder à l’autre... Leur dispute contrepointe celle des couples d’Athéniens, leur retrouvailles répondent à l’union parfaite, à la fin de l’opéra, de THÉSÉE, duc d’Athènes et d’HIPPOLYTA, reine des Amazones, et des deux jeunes couples athéniens. Ce couple ducal, est en effet accompagné dans ses noces par ceux de LYSANDRE et HERMIA, et de DÉMÉTRIUS et HÉLÉNA. Mais avant cette harmonie nouvelle, tout l’opéra a été le récit d’une crise entre ces quatre amants. La dispute d’OBÉRON et de TITANIA a sur la nature et le cycle des saisons des conséquences dévastatrices. Mais leur querelle influe peut-être aussi sur l’imbroglio amoureux que vont traverser les quatre jeunes Athéniens. HÉLÉNA aime DÉMÉTRIUS qui aime HERMIA qui aime LYSANDRE et est aimée de lui. Puis LYSANDRE et DÉMÉTRIUS vont aimer HÉLÉNA. HERMIA sera délaissée. C’est l’erreur de PUCK qui administre, non à DÉMÉTRIUS, mais à LYSANDRE, amant sincère et comblé, le jus magique de la fleur qui rend amoureux, qui va mettre le feu aux poudres et donner libre cours à la violence des désirs et des haines. Mais le jus magique n’est peut-être qu’un révélateur. 19 Jan Kott souligne, dans Shakespeare, notre contemporain, que « les amoureux sont interchangeables. [...] Toute l’action de cette chaude nuit, tout ce qui se passe pendant cette party d’ivresse consiste dans la latitude complète d’interchanger les partenaires. PUCK arpente le bois pendant la nuit entière et croise des couples où les partenaires s’échangent dans un étrange chassé-croisé. [...] Le retournement mécanique des désirs et cette permutation des amants n’est pas seulement la donnée de l’intrigue. La réduction du personnage au seul partenaire amoureux semble le caractère le plus typique de ce rêve cruel. Et sans doute le plus moderne. » Ce qui est vrai du Songe de Shakespeare l’est aussi de celui de Britten. BENJAMIN BRITTEN LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ A MIDSUMMER NIGHT’S DREAM ACT I 18 The wood. Deepening twilight. Enter fairies, first group with Cobweb and Mustardseed. FAIRIES (first group), COBWEB AND MUSTARDSEED Over hill, over dale, thorough bush, through briar, Over park, over pale, thorough flood, thorough fire, We do wander everywhere. Second group of fairies enters with Peaseblossom andMoth. FAIRIES (second group), PEASEBLOSSOM AND MOTH Over hill, over dale, thorough bush, through briar, Over park, over pale, thorough flood, thorough fire, We do wander everywhere. FAIRIES (first group) Swifter than the Moone’s sphere; ACTE I La forêt. Un profond crépuscule. Entrent les Fées, le premier groupe avec Toile d’araignée et Graine de moutarde. 19 LES FÉES (premier groupe) TOILE D’ARAIGNÉE & GRAINE DE MOUTARDE Par monts, par vaux, par buissons, par bruyères, Dans les parcs, les clairières, à travers feu, à travers flots, Nous voyageons partout. Un deuxième groupe de Fées entre avec Fleur des pois et Phalène. LES FÉES (deuxième groupe) FLEUR DES POIS & PHALÈNE Par monts, par vaux, par buissons, par bruyères, Dans les parcs, les clairières, à travers feu, à travers flots, Nous voyageons partout LES FÉES (premier groupe) Plus rapide que la lune dans sa sphère ; BENJAMIN BRITTEN ALL And we serve the Fairy Queen, To dew her orbs upon the green. FOUR SOLO FAIRIES Cowslips tall, her pensioners be In their gold coats, spots you see, Those be rubies, fairy favours, In those freckles live their savours. ALL FAIRIES We must go seek some dewdrops here, And hang a pearl in every cowslip’s Ear Puck appears suddenly. 20 PUCK (calling) How now Spirits? FAIRIES (scatter to the side) Or I mistake your shape and making quite, Or are you not that shrewd and knavish sprite Call’d Robin Goodfellow? Are not you he That frights the maidens of the villagery, Skim milk, and sometimes labour in the quern And bootless make the breathless huswife churn, And sometime make the drink to bear no barm, Mislead night-wanderers, laughing at their harm? You do the work and they shall have good luck, Those that Hobgoblin call you, and sweet Puck! LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I TOUS Et nous servons la reine des fées ; Mouillant de rosée ses cercles sur le gazon. QUATRE FÉES Les grandes primevères sont ses gardes du corps Sur leurs habits d’or, vous voyez des taches, Ce sont des rubis, bijoux des fées, Leurs saveurs sont dans ces taches de rousseurs. TOUTES LES FÉES Nous devons maintenant chercher des gouttes de rosée Et suspendre une perle à l’oreille de chaque Primevère. Puck apparaît soudain. PUCK (appelant) Eh bien Esprits ? LES FÉES (s’écartant) Ou je me trompe sur votre forme et vos façons, Ou n’êtes-vous pas cet esprit espiègle et malicieux Appelé Robin Bonenfant ? N’êtes-vous pas celui qui Effraye les jeunes villageoises, Ecrème le lait et parfois dérègle le moulin Et fait que la ménagère s’essouffle en vain à battre le beurre, Et empêche la bière de mousser, Qui égare les voyageurs la nuit, rien de leur détresse ? Mais pour ceux qui vous appellent Robin le Lutin, Et gentil Puck ! Vous faites le travail et ils ont bien de la chance. 21 BENJAMIN BRITTEN PUCK But, room, fairies, here comes Oberon. FAIRIES And here our mistress; COBWEB Would that he were gone. Enter slowly Oberon and Tytania with her train, from opposite sides. FAIRIES Oberon is passing fell and wrath, Because that she, as her attendant hath A lovely boy, stolen from an Indian King, And jealous Oberon would have the child. 22 OBERON Ill met by moonlight, Proud Tytania TYTANIA Ill met by moonlight, Jealous Oberon! Fairies, skip hence, skip hence: I have forsworn his bed and company. All the fairies hide. OBERON Therefore the winds, the winds have suck’d up from the sea Contagious fogs. TYTANIA Therefore the ox hath stretched his yoke in vain, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I PUCK Mais place, les fées, voici venir Obéron. LES FÉES Et voici notre maîtresse. TOILE D’ARAIGNÉE Que n’est-il parti. Entrent lentement Obéron et Titania avec sa suite, chacun d’un côté. LES FÉES Obéron est dans une épouvantable rage Parce qu’elle a comme suivant Un charmant garçon, volé à un roi de l’Inde, Et le jaloux Obéron voudrait avoir l’enfant. 23 OBÉRON Mauvaise rencontre au clair de lune, Fière Titania TITANIA Mauvaise rencontre au clair de lune, Jaloux Obéron ! Les Fées, partons d’ici, partons d’ici : J’ai abjuré son lit et sa compagnie. Toutes les Fées se cachent. OBÉRON C’est pourquoi les vents, les vents ont aspiré de la mer Des brouillards contagieux. TITANIA C’est pourquoi le bœuf a traîné son joug en vain, BENJAMIN BRITTEN OBERON The fold stands empty in the drowned fields, TYTANIA The crows are fatted with the murrion flock. TYTANIA AND OBERON The seasons alter: OBERON The spring, TYTANIA The summer, 24 OBERON The childing autumn, change Their wonted liv’ries TYTANIA The angry winter, change Their wonted liv’ries, OBERON And the mazed world, TYTANIA The mazed world, TYTANIA AND OBERON By their increase, now knows not which is which; And this same progeny of evils comes From our debate, from our dissension. We are their parents and original, we are. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I OBÉRON La bergerie reste vide dans les champs noyés, TITANIA Les corbeaux s’engraissent du troupeau mort. TITANIA & OBÉRON Les saisons se défigurent : OBÉRON Le printemps, TITANIA L’été, OBÉRON L’automne fécond, changent Leurs livrées coutumières TITANIA L’hiver furieux, changent Leurs livrées coutumières OBÉRON Et le monde stupéfait, TITANIA Le monde stupéfait, TITANIA & OBÉRON De leurs mutations ne sait plus qui est qui ; Et cette engeance de malheur vient De notre querelle, de notre discorde. Nous en sommes les parents, et les modèles. 25 BENJAMIN BRITTEN OBERON Do you amend it then, it lies in you: I do but beg a little changeling boy To be my henchman. TYTANIA Set your heart at rest, The Fairy land buys not the child of me. His mother was a votress of my Order, But she being mortal, of that boy did die, And for her sake I will not Part with him. 26 OBERON Give me that boy And I will Go with thee, Give me that boy and I will go with thee, I will go with thee, Go! TYTANIA And for her sake I will not part with him. Not for thy Fairy kingdom, Fairy kingdom. Fairies, away, away, away! Exit Tytania and Fairies. OBERON Well, go thy way: thou shalt not from this grove Till I torment thee for this injury. My gentle Puck come hither, come hither; (Puck approaches Oberon.) Thou rememb’rest LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I OBÉRON A toi d’y remédier alors, c’est en toi : Je ne demande qu’un petit garçon volé Pour qu’il soit mon page. TITANIA Calme ton cœur, Tout l’empire des Fées ne pourrait m’acheter cet enfant. Sa mère était une adoratrice de mon Ordre, Mais elle était mortelle et de ce garçon elle mourut, Et pour l’amour d’elle, je ne me Séparerai pas de lui. OBÉRON Donne moi ce garçon Et j’irai Avec toi, Donne-moi ce garçon et j’irai avec toi, J’irai avec toi, Allez ! TITANIA Et pour l’amour d’elle je ne me séparerai pas de lui. Par pour tout ton royaume enchanté, Ton royaume enchanté. Fées, partons, partons, partons ! Sortent Titania et les Fées. OBÉRON Bien, va ton chemin : tu ne sortiras pas de ce bois Avant que je t’aie tourmenté pour cette blessure. Mon gentil Puck, viens ici, viens ici. (Puck s’approche d’Obéron.) Tu te souviens 27 BENJAMIN BRITTEN The herb I shew’d thee once, The juice of it, on sleeping eye-lids laid Will make or man or woman madly dote Upon the next live creature that it sees, – Be it on Lion, Bear, or Wolf, or Bull, On meddling Monkey or busy Ape. Fetch me this herb, and be thou here again, Ere the leviathan can swim a league. PUCK I’ll put a girdle round about the earth, In forty minutes. (He flies off.) 28 OBERON Having once this juice, I’ll watch Tytania, when she is asleep, And drop the liquor of it in her eyes: And ere I take this charm from off her sight I’ll make her render up her page to me. Oberon disappears and the wood is left empty . Enter Lysander and Hermia separately and meeting. LYSANDER How now, my love? Why is your cheek so pale? How chance the roses there do fade so fast? HERMIA Belike for want of rain, which I could well Beteem them from the tempest of my eyes. LYSANDER Ay me: ay me: for aught that I could ever read, Could ever hear by tale or history, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I De cette plante que je t’ai montrée un jour, Son jus, versé sur des paupières endormies Rendra homme ou femme follement épris De la première créature vivante qu’il verra, – Lion, ours, loup ou taureau, Singe curieux ou gorille affairé. Va me chercher cette plante et reviens ici Avant que le Léviathan ait pu nager une lieue. PUCK Je nouerai une ceinture autour de la terre En quarante minutes. (Il s’envole.) OBÉRON Une fois que j’aurai ce jus, Je guetterai le moment où Titania dormira Et je verserai la liqueur dans ses yeux : Et avant de délivrer sa vue de ce charme Je lui ferai me céder son page. Obéron disparaît et la forêt est vide. Entrent séparément Lysandreet Hermia qui se retrouvent. LYSANDRE Eh bien, mon amour ? Pourquoi tes joues sont-elles si pâles ? Pourquoi leurs roses se fanent-elles si vite ? HERMIA Peut-être par manque d’une pluie que je pourrais bien Faire tomber par la tempête de mes yeux. LYSANDRE Hélas, hélas : d’après tout ce que j’ai pu lire, Ou entendre dans les contes ou dans l’histoire, 29 BENJAMIN BRITTEN The course of true love never did run smooth, But either it was different in blood, O cross! HERMIA O cross! Too high to be enthrall’d to Low. LYSANDER Or else Misgraffed in respect of years: O spite! 30 HERMIA O spite! Too old to be engag’d To young. LYSANDER Or else It stood upon the choice of friends. O hell! HERMIA O hell! To choose love by Another’s eyes. If then true lovers ever have been cross’d, LYSANDER If then true lovers have been cross’d, True lovers have been ever cross’d, HERMIA AND LYSANDER It stands as an edict in destiny, in destiny: LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I L’amour vrai n’a jamais suivi un cours facile, Parfois c’était la différence de sang, Oh malheur ! HERMIA Oh malheur ! Trop élevé pour s’asservir à ce qui est Bas. LYSANDRE Ou alors Mal assorti à cause de la différence d’âge : Oh dépit ! HERMIA Oh dépit ! Trop vieux pour se lier à qui Est jeune. LYSANDRE Ou alors Cela reposait sur le choix des amis. Oh enfer ! HERMIA Oh enfer ! Choisir son amour par Les yeux d’autrui. Si donc les vrais amants ont toujours été contrariés, LYSANDRE Si donc les vrais amants ont été contrariés, Les vrais amants ont toujours été contrariés, HERMIA & LYSANDRE C’est que c’est un décret du destin, du destin : 31 BENJAMIN BRITTEN HERMIA Then let us teach our trial patience. LYSANDER A good persuasion: therefore hear me Hermia: I have a widow aunt, a dowager Of great revennew, and she hath no child, From Athens is her house remote seven leagues, And she respects me as her only son: There, gentle Hermia, may I marry thee, And to that place, the sharp Athenian Law, – Compelling thee to marry with Demetrius – Cannot pursue us. If thou lov’st me, then There will I go with thee. 32 HERMIA My good Lysander, (if thou lov’st me) I swear to thee, by Cupid’s strongest bow, LYSANDER I swear to thee, By his best arrow with the golden head. HERMIA I swear to thee, By the simplicity of Venus’ doves, LYSANDER I swear to thee, By that which knitteth souls, and prospers loves, HERMIA AND LYSANDER I swear to thee, And by that fire which burn’d... LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I HERMIA Alors, dans l’épreuve, apprenons la patience. LYSANDRE Bonne idée : c’est pourquoi, écoute-moi Hermia : J’ai une tante, veuve, douairière Avec gros revenus, et sans enfant, Sa maison est à sept lieues d’Athènes, Et elle me considère comme son fils unique : Là-bas, douce Hermia, je pourrais t’épouser Et là-bas, la dure loi athénienne – T’obligeant à épouser Démétrius – Ne peut nous poursuivre. Si tu m’aimes, alors J’irai là-bas avec toi. HERMIA Mon bon Lysandre – si tu m’aimes – Je te jure, par l’arc le plus puissant de Cupidon, LYSANDRE Je te jure Par sa meilleure flèche à la pointe dorée HERMIA Je te jure, Par la candeur des colombes de Vénus, LYSANDRE Je te jure, Par ce qui soude les âmes et enrichit les amours, HERMIA & LYSANDRE Je te jure, Par le feu qui brûla... 33 BENJAMIN BRITTEN ... Burn’d the Carthage Queen, I swear to thee... When the false Troyan was seen, Under sail was seen, I swear to thee, I swear, I swear, I swear, I swear, I swear to thee, By all the vows... HERMIA ... That ever men have broke, LYSANDER In number more than ever woman spoke. I swear, I swear... They slowly go out. 34 HERMIA I swear to thee, LYSANDER I swear to thee, HERMIA I swear to thee, LYSANDER I swear to thee, HERMIA AND LYSANDER I swear, I swear... The wood is empty. Oberon appears. OBERON Be it on Lion, Bear or Wolf or Bull, On meddling Monkey or on busy Ape... LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I ... Brûla la reine de Carthage, Je te jure... Quand on vit le perfide Troyen, Quand on le vit mettre à la voile, Je te jure, je jure, je jure, je jure, je jure, je jure, je te jure, Par tous les serments... HERMIA ... Brisés par les hommes, LYSANDRE Plus nombreux que les femmes n’en firent jamais. Je jure, je jure... Ils sortent lentement. HERMIA Je te jure. LYSANDRE Je te jure. HERMIA Je te jure. LYSANDRE Je te jure. HERMIA & LYSANDRE Je jure, je jure... La forêt est vide. Obéron apparaît. OBÉRON Qu’il soit lion, ours ou loup ou taureau, Singe curieux ou gorille affairé... 35 BENJAMIN BRITTEN But who comes here? I am invisible I will overhear their conference. Enter Demetrius. DEMETRIUS I love thee not, therefore pursue me not, (Enter Helena pursuing him.) Where is Lysander, and fair Hermia? The one I’ll slay, the other slayeth me. Thou told’st me they were stol’n unto this wood; And here am I, and wode within this wood, Because I cannot meet my Hermia. Hence, get thee gone, and follow me no more. 36 HELENA (panting) You draw me, you hard-hearted... adamant; Leave you your... power to draw, And I shall have no... power to follow you. DEMETRIUS Do I entice you? Do I speak you fair? Or, rather, do I not in plainest truth, Tell you, I do not, nor I cannot love you? HELENA Even for... that do I... love you the... more; I am your spaniel, and Demetrius, The more you beat me, I will fawn on you. Use me but as your spaniel, spurn me, strike me, Neglect me, lose me; only give me leave (Unworthy as I am) to follow thee. DEMETRIUS (dark) Tempt not too much the hatred of my sprite For I am sick when I do look on thee. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I Mais qui vient ici ? Je suis invisible, je vais écouter leur conversation. Entre Démétrius. DÉMÉTRIUS Je ne t’aime pas, donc ne me poursuis pas, (Entre Héléna, le poursuivant.) Où est Lysandre et la belle Hermia ? Je vais tuer l’un comme l’autre me tue. Tu m’as dit qu’ils s’étaient enfuis dans ce bois ; Et me voici aux abois dans ce bois, Parce que je n’y puis trouver mon Hermia. Va-t-en de là, et ne me suis plus. HÉLÉNA (hors d’haleine) Vous m’attirez, aimant... au cœur dur... ; Laissez votre force d’attraction, Et je n’aurai plus la force de vous suivre. DÉMÉTRIUS Est-ce que je vous encourage, vous disant de douces paroles ? Ou plutôt, n’est pas en pleine franchise que Je vous dis que je ne vous aime pas ni ne peux vous aimer. HÉLÉNA Voilà même pourquoi... je vous aime... davantage ; Je suis votre épagneul, Démétrius, Plus vous me battez, plus je rampe à vos pieds, Traitez-moi comme votre épagneul, repoussez-moi, battez-moi, Méprisez-moi, perdez-moi ; permettez-moi seulement – Même si j’en suis indigne – de vous suivre. DÉMÉTRIUS (sombre) Ne tente pas trop la haine de mon esprit Car je suis malade quand je te vois. 37 BENJAMIN BRITTEN HELENA And I am sick when I look not on thee. DEMETRIUS I’ll run from thee and hide me in the brakes, And leave thee to the mercy of wild beasts. (He goes out.) HELENA I’ll follow you... OBERON Fare thee well, Nymph, HELENA And make a... 38 OBERON Fare thee well, HELENA Heav’n of Hell... OBERON Ere He do leave this grove, HELENA (running out) To die upon the hand I love so well. OBERON Thou shalt fly him and he shall seek thy love. (Puck flies in.) Welcome wanderer! LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I HÉLÉNA Moi je suis malade quand je ne te vois pas. DÉMÉTRIUS Je vais filer d’ici et me cacher dans les fougères, Et te laisser à la merci des bêtes sauvages. (Il sort.) HÉLÉNA Je vais te suivre... OBÉRON Porte-toi bien, nymphe, HÉLÉNA Et faire un... OBÉRON Porte-toi bien, HÉLÉNA Ciel de mon Enfer... OBÉRON Avant Qu’il ait quitté ce bois, HÉLÉNA (sort en courant) En mourant de cette main qui m’est si chère. OBÉRON Tu le fuiras et lui recherchera ton amour. (Puck arrive des airs.) Bienvenue voyageur ! 39 BENJAMIN BRITTEN Hast thou the flower there? (Puck gives Oberon the flower and lies at his feet.) I know a bank where the wild thyme blows, Where Oxlips and the nodding, nodding Violet grows, Quite over-canopied with luscious Woodbine, With sweet musk-roses, and with Eglantine; There sleeps Tytania, sometime of the night, Lull’d in these flowers with dances, dances and delight; And there the snake throws her enammel’d skin, Weed wide enough, weed wide enough to wrap a Fairy in. And with the juice of this I’ll streak her eyes, And make her full of hateful, hateful fantasies, of fantasies. Take thou some of it, and seek, through this grove; A sweet Athenian lady is in love With a disdainful youth: anoint his eyes, But do it when the next thing he espies May be the Lady. Thou shalt know the man, (They disappear.) By the Athenian garments he hath on. 40 The Wood is left empty. The six rustics entercautiously. QUINCE Is all our company here? ALL Ay, ay, ay, ay. BOTTOM You were best to call them generally, man by man, according to the scrip. FLUTE First, good Peter Quince, say what the play treats on. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I As-tu la fleur ? (Puck donne la fleur à Obéron et s’allonge à ses pieds.) Je connais une rive où fleurit le thym sauvage, Où poussent les primevères et la violette rêveuse, rêveuse, Couverte d’un baldaquin de chèvrefeuille luxuriant, De douces roses musquées et d’églantine ; C’est là que parfois Titania dort la nuit, Bercée dans ces fleurs par les danses, les danses et les délices ; C’est là que le serpent abandonne sa peau d’émail, Robe assez large, assez grande, pour draper une fée. Avec le jus de cette fleur je vais teindre ses yeux Et l’engrosser d’odieuses, d’odieuses fantaisies, de fantaisies. Prends-en un peu et cherche dans ce bois ; Une douce Athénienne est amoureuse D’un jeune dédaigneux : frottes-en ses yeux Mais fais-le pour que le premier objet qu’il verra Soit cette dame. Tu reconnaîtras l’homme (Ils disparaissent.) Aux habits d’Athénien qu’il porte. La forêt est vide. Les six artisans entrent avec prudence. QUINCE Nous sommes tous là ? TOUS Oui, oui, oui, oui. BOTTOM Vous feriez mieux les appeler ensemble, un par un, suivant le papier FLUTE D’abord, bon Pierre Quince, dites le sujet de la pièce. 41 BENJAMIN BRITTEN QUINCE Marry, our play is the most lamentable comedy, and most cruel death of Pyramus and Thisby. FLUTE, SNOUT, STARVELING, SNUG Of Pyramus and Thisby. BOTTOM A very good piece of work I assure you, and a merry. Now, good Peter Quince, Call forth your actors by the scroll. Masters, spread yourselves. QUINCE Answer as I call you. Nick Bottom, the weaver. 42 BOTTOM Ready; name what part I am for, and proceed. QUINCE You, Nick Bottom, are set down for Pyramus. BOTTOM What is Pyramus, a lover, or a tyrant? QUINCE A lover that kills himself most gallant for love. BOTTOM My chief humour is for a tyrant. I could play Ercles rarely, Or a part to tear a cat in, to make all split the raging rocks; And shiv’ring shocks shall break the locks of prison gates, And Phibbus’ car shall shine from far, and make and mar, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I QUINCE Eh bien, notre pièce est la très lamentable comédie et très cruelle mort de Pyrame et Thisbé. FLUTE, SNOUT, STARVELING, SNUG De Pyrame et Thisbé. BOTTOM Un très bonne pièce je vous assure, et drôle. Maintenant, bon Pierre Quince, Appelez vos acteurs selon la liste. Messieurs, installez-vous. QUINCE Répondez quand je vous appelle. Nick Bottom, tisserand. BOTTOM Présent ; dites le rôle que je dois jouer et poursuivez. QUINCE Vous, Nick Bottom, vous êtes distribué dans Pyrame. BOTTOM C’est quoi Pyrame, un amoureux ou un tyran ? QUINCE Un amoureux qui se tue très galamment par amour. BOTTOM Ma spécialité, c’est le tyran. Je jouerais un Hercu étonnant, Un rôle à crever un chat, à tout casser ; les furieux rocs De leurs frissonnants chocs briseront d’un seul bloc les prisons humides Et les brillants rayons du char d’Apollon feront et déferont 43 BENJAMIN BRITTEN And make and mar, and Phibbus’s car shall shine from far And make and mar the Foolish fates. This was lofty. Now name the rest of the players. QUINCE Francis Flute. BOTTOM This is Ercle’s vein, Ercle’s vein, a tyrant’s vein, a tyrant’s vein: QUINCE Francis Flute... BOTTOM A lover is more condoling. 44 QUINCE ... Bellows-mender. FLUTE Here Peter Quince. QUINCE Flute, you must take Thisby on you. FLUTE What is Thisby? a wandering knight? QUINCE It is the lady that Pyramus must love. FLUTE Nay faith, nay faith, let not me play a woman, Let not me play a woman, I have a beard coming. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I Feront et déferont, et les brillants rayons du char d’Apollon Feront et déferont les destinées stupides. C’était sublime. Maintenant appelez les autres acteurs. QUINCE Francis Flute. BOTTOM Ça c’est le ton d’Hercu, le ton d’Hercu, le ton d’un tyran, d’un tyran : QUINCE Francis Flute... BOTTOM Un amant, c’est plus plaintif. 45 QUINCE ... Raccommodeur de soufflets. FLUTE Présent Pierre Quince. QUINCE Flute, vous devez jouer Thisbé. FLUTE Qu’est-ce que Thisbé ? un chevalier errant ? QUINCE C’est la dame qu’aime Pyrame. FLUTE Non vraiment, vraiment, ne me faites pas jouer une femme, Ne me faites pas jouer une femme, j’ai la barbe qui me vient. BENJAMIN BRITTEN QUINCE That’s all one, you shall play it in a mask, And you may speak as small as you will. BOTTOM And I may hide my face, let me play Thisby too: I’ll speak in a monstrous little voice; “Thisne, Thisne:” “Ah, Pyramus my lover dear, thy Thisby dear, and lady dear!” QUINCE No, no, you must play Pyramus, and, Flute, you Thisby. BOTTOM Well, proceed. 46 FLUTE (practising to himself) “Ah Pyramus, my Lover dear, thy Thisby... QUINCE Robin Starveling the tailor. FLUTE ... Dear, and...” STARVELING Here, Peter Quince. FLUTE “Ah Pyramus my lover dear, thy Thisby dear, and...” QUINCE Robin Starveling, you must play Thisby’s mother. Tom Snout, the Tinker. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I QUINCE Si ce n’est que ça, vous jouerez avec un masque, Et vous pourrez prendre une voix aussi petite que vous voudrez. BOTTOM Si je peux cacher ma figure, laissez-moi aussi jouer Thisbé : Je parlerai avec une voix monstrueusement petite ; « Thisné, Thisné : » « Ah, Pyrame, mon amant chéri, je suis ta Thisbé chérie, ta dame chérie ! » QUINCE Non, non, vous devez jouer Pyrame et Flute, vous, Thisbé. BOTTOM Bien, continuez. FLUTE (à part, s’exerçant) « Ah Pyrame, mon Amant chéri, ta Thisbée... QUINCE Robin Starveling, tailleur. FLUTE ... Chérie, et... » STARVELING Présent, Pierre Quince. FLUTE « Ah Pyrame, mon amant chéri, ta Thisbé chérie, et... » QUINCE Robin Starveling, vous devez jouer la mère de Thisbé. Tom Snout, chaudronnier. 47 BENJAMIN BRITTEN SNOUT Here, Peter Quince. FLUTE “Ah Pyramus my lover dear, thy Thisby dear...” QUINCE You, Pyramus’ father; myself, Thisby’s father; Snug, the joiner; FLUTE “... Thy Thisby Dear... QUINCE You... 48 FLUTE ... and Lady...” QUINCE ... The Lion’s part: And, I hope, here is a play fitted. SNUG Have you the Lion’s part written? pray you if be, Give it me, for I am slow of study, study QUINCE You may do it extempore, for it is nothing but roaring. BOTTOM Let me play the Lion too, I will roar, that I will do any man’s heart good to hear me. I will roar that I will make the Duke say Let him roar again, let him roar again. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I SNOUT Présent, Peter Quince. FLUTE « Ah Pyrame, mon amant chéri, ta Thisbé chérie... » QUINCE Vous le père de Pyrame, moi-même le père de Thisbé. Snug, menuisier FLUTE « ... Ta Thisbé Chérie... QUINCE Vous... FLUTE ... ta dame... » QUINCE ... Jouez le rôle du lion : Et voilà, j’espère, une pièce bien distribuée. SNUG Avez-vous le rôle du lion par écrit ? si oui, je vous prie De me le donner, car je suis lent à apprendre, à apprendre. QUINCE Vous pourrez l’improviser, il n’y a que des rugissements. BOTTOM Laissez-moi jouer aussi le lion, Je rugirai si bien que ce sera un délice de m’entendre. Je rugirai si bien que le duc dira Qu’il rugisse encore, qu’il rugisse encore. 49 BENJAMIN BRITTEN FLUTE An you should do it too terribly, You would fright the Duchess and the ladies, That they would shriek, they would shriek And that were enough to hang us all. QUINCE, STARVELING, SNOUT, SNUG That would hang us, that would hang us Ev’ry mother’s Son. FLUTE Ev’ry mother’s son! 50 BOTTOM But I will aggravate my voice so, that I will roar you As gently as any sucking dove; I will roar you and t’were any nightingale. QUINCE You can play no part but Pyramus, for Pyramus is a sweetfac’d man; A proper man, a most lovely gentleman-like man, Therefore you must needs play Pyramus. BOTTOM Well I will undertake it. General satisfaction. QUINCE But masters here are your parts, And I am to entreat you, request you and desire you, To conthem by tonight; Here will we rehearse anon. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I FLUTE Et vous pourriez le faire si terriblement Que vous feriez peur à la duchesse et aux dames, Elles crieraient, elles crieraient Et cela suffirait à nous faire tous pendre. QUINCE, STARVELING, SNOUT, SNUG A nous faire pendre, à nous faire pendre Tous et Chacun. FLUTE Tous et chacun ! BOTTOM Mais j’adoucirai tant ma voix que je rugirai Aussi gentiment qu’une colombe qui tète ; Je rugirai comme si c’était un rossignol. QUINCE Vous ne pouvez jouer que le rôle de Pyrame, car Pyrame est un bel homme, Un homme convenable, un très aimable gentilhomme. Donc vous devez absolument jouer Pyrame. BOTTOM Bon, je m’en chargerai. Soulagement général. QUINCE Messieurs, voici vos rôles, Et je vous demande, je vous recommande, je vous supplie, De les savoir pour ce soir ; Nous répéterons ici bientôt. 51 BENJAMIN BRITTEN BOTTOM We will meet and here we may rehearse Most obscenely and courageously. Take pains, be perfect, Adieu. FLUTE, SNOUT, STARVELING, SNUG Adieu QUINCE Adieu, at the Duke’s oak we meet. ALL Adieu, adieu, adieu, adieu. They go off. The wood is left empty. Enter Lysander and Hermia. 52 LYSANDER Fair love, you faint with wand’ring in the wood, And to speak troth I have forgot our way. We’ll rest us, Hermia, if you think it good, And tarry for the comfort of the day. HERMIA Be it so, Lysander, find you out a bed, For I upon this bank will rest my head. LYSANDER One turf shall serve as pillow for us both; One heart, one bed, two bosoms, and one troth. HERMIA Nay good Lysander, for my sake my dear, Lie further off yet, do not lie so near. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I BOTTOM Nous nous retrouverons et répéterons ici Avec obscénation et courage. Donnez-vous du mal, soyez parfaits, Adieu. FLUTE, SNOUT, STARVELING, SNUG Adieu QUINCE Adieu, retrouvons-nous au chêne ducal. TOUS Adieu, adieu, adieu, adieu. Ils sortent. La forêt est vide. Entrent Lysandre et Hermia. 53 LYSANDRE Bel amour, tu n’en peux plus d’errer dans ce bois, Et, ma foi, j’ai oublié notre chemin. Reposons-nous Hermia, si vous le jugez bon, Et attendons le réconfort du jour. HERMIA Qu’il en soit ainsi, Lysandre, trouve-toi un lit, Moi, je vais reposer ma tête sur ce banc de gazon. LYSANDRE Le gazon nous servira d’oreiller à tous les deux ; Un seul cœur, un seul lit, deux âmes et une seule foi. HERMIA Non bon Lysandre, pour l’amour de moi, chéri, Couche-toi plus loin, ne t’allonge pas si près. BENJAMIN BRITTEN So far be distant, and, good night sweet friend; Thy love ne’er alter till thy sweet life end. LYSANDER Amen, amen To that fair prayer, say I. And then end life, when I end loyalty. Amen, amen, amen, amen HERMIA Amen, amen, amen, say I. And then end life, when I end loyalty. Amen, amen, amen, amen They go to sleep. Enter Puck. 54 PUCK Through the forest have I gone, But Athenian found I none, On whose eyes I might approve This flower’s force in stirring love. (He hunts about.) Night and silence, night and silence; (He discovers Lysander.) Who is here? Who is here? Weeds of Athens he doth wear; This is he (my master said) Despised the Athenian maid: (He squeezes the juice on Lysander’seyes.) Churl, upon thine eyes I throw All the power this charm doth owe: So awake when I am gone: For I must now to Oberon. (Exit.) LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I Garde tes distance et bonne nuit, doux ami ; Que ton amour ne s’altère pas de toute ta douce vie. LYSANDRE Amen, amen Je le dis à cette belle prière, Et que ma vie s’achève quand s’achèvera ma fidélité. Amen, amen, amen, amen HERMIA Amen, amen, amen, je dis Et que ma vie s’achève quand s’achèvera ma fidélité. Amen, amen, amen, amen Ils s’endorment. Puck entre. PUCK J’ai parcouru toute la forêt, Mais je n’ai pas trouvé d’Athénien, Pour éprouver sur ses yeux Le pouvoir qu’a cette fleur d’inspirer l’amour. (Il scrute autour de lui.) Nuit et silence, nuit et silence. (Il découvre Lysandre.) Qui est là ? Qui est là ? Il porte bien un costume d’Athénien ; A ce qu’a dit mon maître, c’est lui Qui méprisait la jeune Athénienne : (Il exprime le jus sur les yeux de Lysandre.) Goujat, je répands sur tes yeux Toute la puissance de ce charme; Dès mon départ, réveille-toi, Je dois maintenant rejoindre mon roi. (Il sort.) 55 BENJAMIN BRITTEN HERMIA (in her sleep) Amen, amen to that fair prayer, say I. HELENA (approaching) Stay, tho’ thou kill me, sweet Demetrius. DEMETRIUS (running in) I charge thee hence, and do not haunt me thus. HELENA (Demetrius following) O, wilt thou darkling leave me? do not so. DEMETRIUS Stay, on thy peril, (Running out) I alone will go. 56 HELENA (following) O I am out of breath, in this fond chase! (Sinking exhausted) The more my... prayer, the... lesser is my... grace. Happy is Hermia, wheresoe’er she lies; For she hath blessed and attractive eyes. Happy is Hermia. Alas, alas, I am as ugly as a bear; For beasts that meet me, run away for fear; (She sees Lysander.) But who is here? Lysander on the ground; Dead or asleep? I see no blood, no wound, Lysander, if you live, good sire awake. LYSANDER (awake) And run through fire LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I HERMIA (dans son sommeil) Amen, je dis amen à cette belle prière. HÉLÉNA (approchant) Arrête, même pour me tuer, beau Démétrius. DÉMÉTRIUS (entre ne courant) Je t’ordonne de décamper, ne me pourchasse plus. HÉLÉNA (suivant Démétrius) Oh, tu veux m’abandonner dans le noir ? Ne fais pas ça. DÉMÉTRIUS Arrête ou malheur à toi. (Il sort en courant.) Je vais partir seul. HÉLÉNA (le suivant) Oh, cette course folle me met hors d’haleine ! (Elle s’effondre, épuisée.) Plus je... supplie, et moins... il me fait... grâce. Hermia est heureuse, où qu’elle soit ; Car elle a des yeux bénis et attirants. Hermia est heureuse. Hélas, hélas, je suis affreuse comme un ours ; Et les bêtes qui me croisent s’enfuient de peur. (Elle voit Lysandre.) Mais qui est là ? Lysandre sur le sol ; Mort ou endormi ? Je ne vois pas de sang, pas de blessure, Lysandre, si vous vivez, bon seigneur, réveillez-vous. LYSANDRE (s’éveillant) Et je traverserai le feu 57 BENJAMIN BRITTEN I will for thy sweet sake. Transparent Helena, Nature shows her art, That through thy bosom makes me see thy heart. Where is Demetrius? O how fit a word Is that vile name, to perish on my sword! HELENA Do not say so, Lysander, say not so: What though he love your Hermia? Lord, what though? Yet Hermia still loves you; then be content. 58 LYSANDER Content with Hermia? No, I do repent The tedious minutes I with her have spent. Not Hermia but Helena I love; Who will not change a raven for a dove? HELENA (furious) Wherefore was I to this keen mockery born? When at your hands did I deserve this scorn? Good troth you do me wrong, (good sooth, you do) In such disdainful manner me to woo But fare you well; perforce I must confess (Running out) I thought you Lord of more true gentleness. LYSANDER She sees not Hermia: Hermia, sleep thou there, And never mayst thou come Lysander near; Sleep thou there, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I Pour l’amour de toi. Transparente Héléna, La nature montre son art En me faisant voir ton cœur à travers ton sein. Où est Démétrius ? Ô combien ce mot Est un nom infâme, digne de périr sous mon épée ! HÉLÉNA Ne dites pas ça, Lysandre, ne dites pas ça : Qu’importe qu’il aime votre Hermia ? Seigneur, qu’importe ? Hermia vous aime encore ; alors soyez satisfait. LYSANDRE Satisfait avec Hermia ? Non, je regrette Les minutes ennuyeuses que j’ai passées avec elle. Ce n’est pas Hermia mais Héléna que j’aime ; Qui ne changerait pas un corbeau pour une colombe ? HÉLÉNA (furieuse) Pourquoi suis-je née pour subir ces amères railleries ? Quand ai-je mérité de vous ce mépris ? Sur ma foi vous m’outragez – oui en vérité – En me faisant la cour avec une telle dérision Mais adieu : je dois avouer que (Elle sort en courant.) Je vous croyais un seigneur d’une plus authentique courtoisie. LYSANDRE Elle n’a pas vu Hermia : Hermia, reste ici à dormir, Et puisses-tu ne jamais approcher Lysandre, Dors ici, 59 BENJAMIN BRITTEN And all my powers, address your love and might, To honour Helen, To honour Helen, and to be her knight! (Running out.) Hermia wakes up. 60 HERMIA (calling) Lysander, Help me Lysander, what a dream was here, Lysander look, Lysander, how I do quake with fear. Methought a serpent eat my heart away, And you sat smiling at his cruel, cruel prey. (Looking around) Lysander, what, remov’d? Lysander, Lord, What, out of hearing, gone? No sound, no word? Alack, where are you? Speak, and if you hear; Speak of all loves; Lysander I swoon almost with fear. (Going) Lysander, Lysander, Lysander, Lord... TYTANIA (distant) Come, come, now a roundel and a fairy song; Then for the third part of a minute, hence, Some to kill cankers in the musk-rose buds, Some war with reremice for their leathern wings, (She enters with Cobweb,Peaseblossom, Mustardseed, Moth and Fairies.) To make my small elves coats, and some keep back The clam’rous owl that nightly hoots and wonders, wonders, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I Et toi mon être, destine ton amour et ta puissance A honorer Hélène, A honorer Hélène et à être son chevalier. (Il sort en courant.) Hermia se réveille. HERMIA (appelant) Lysandre, Au secours Lysandre, quel rêve j’ai fait, Lysandre, regarde, comme je tremble de peur. Il me semblait qu’un serpent me dévorait le cœur, Et tu restais assis en souriant à ce cruel, cruel supplice. (Elle regarde autour d’elle.) Lysandre, quoi, parti ? Lysandre, seigneur, Quoi, il ne m’entend pas, parti ? Pas un bruit, pas un mot ? Hélas, où êtes-vous ? Parlez, si vous m’entendez, Parlez, au nom de l’amour ; Lysandre Je suis presque évanouie de peur. (Partant) Lysandre, Lysandre, Lysandre, seigneur... TITANIA (au lointain) Venez, venez, à présent une ronde et une chanson de fée ; Puis allez-vous en pendant le tiers d’une minute, Certaines pour tuer les vers dans les boutons des roses musquées, Certaines pour combattre les chauves-souris, prendre leurs ailes de cuir, (Elle entre avec Toile d’araignée,Fleur des pois, Graine de moutarde, Phalène et les Fées.) Et en faire des manteaux à mes petits elfes, et que d’autres pourchassent Le hibou criard qui ulule la nuit, effaré, effaré 61 BENJAMIN BRITTEN At our quaint spirits, our quaint spirits: sing me now asleep; Then to your offices, and let me rest. Sing me now asleep, sing me now asleep, Then to yours offices, and let me rest. (She lies down with the fairies around her.) SOLO FAIRIES You spotted snakes with double tongue, Thorny hedgehogs be not seen, Newts and blind-worms do no wrong, Come not near our Fairy Queen. Philomel, Philomel with melody, Sing in our sweet lulla, lulla, lullaby... 62 ALL FAIRIES Lullaby lullaby lullaby lullaby lullaby lullaby, Never harm, nor spell, nor charm, Come our lovely Lady nigh. So good night with lullaby. Lulla, lulla, lullaby lulla, lulla, lullaby SOLO FAIRIES Weaving spiders come not here Hence you long-legg’d spinners, hence. Beetles black approach not near, Worm nor snail do no offence. Philomel, Philomel with melody, Sing in our sweet lulla, lulla, lullaby Lullaby, lullaby, lullaby, Lullaby, lullaby, lullaby. Never harm, nor spell, nor charm, Come our lovely Lady nigh. So good night with lullaby. Lulla, lulla, lullaby lulla, lulla, lullaby. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I Par nos esprits gracieux ; Maintenant chantez pour m’endormir ; Puis allez à vos travaux et laissez-moi reposer. Maintenant chantez pour m’endormir ; Puis allez à vos travaux et laissez-moi reposer. (Elle s’allonge, entourée par les Fées.) LES FÉES SOLISTES Vous, serpents mouchetés à la langue fourchue, Hérissons épineux ne vous montrez pas, Tritons et orvets, ne vous égarez pas, N’approchez pas de notre reine des fées, Philomèle, Philomèle, la mélodieuse, Accompagne notre douce berceuse... TOUTES LES FÉES Berce dort, berce dort, berce dort, berce dort, Que jamais le mal, ni le sort, ni le charme N’approche notre délicieuse dame. Berce, berce, berce dort, berce, berce, berce dort LES FÉES SOLISTES Araignées qui tissez, ne venez pas ici Filez, fileuses aux longues pattes, filez, Scarabées noirs, ne vous approchez pas, Vermisseaux, escargots, ne l’offensez pas. Philomèle, Philomèle la mélodieuse Accompagne notre douce berce, berce, berceuse, Berce dort, berce dort, berce dort, Berce dort, berce dort, berce dort, Que jamais le mal, ni le sort, ni le charme N’approche notre délicieuse dame. Bonne nuit alors, berce dort. Berce, berce, berce dort, berce, berce dort. 63 BENJAMIN BRITTEN COBWEB (whispered) Hence away, now all is well; One aloof stand sentinel. The Fairies (exceptone standing sentry) slip out. Oberon appears. He squeezes the juice onto Tytania’s eyes. OBERON What thou seest when thou dost wake, Do it for thy true Love take; Love and languish for his sake. Be it ounce, or cat, or bear, Pard, or boar with bristled hair, In thine eye that shall appear When thou wak’st, it is thy dear. Wake when some vile thing is near, Wake when some vile thing is near. 64 Oberon slowly disappears and the lights fade on the sleeping Tytania. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE I TOILE D’ARAIGNÉE (chuchoté) Partons, tout va bien maintenant ; Qu’une sentinelle reste en veillant. Les Fées (sauf une qui monte la garde) se glissent dehors. Obéron apparaît. Il exprime le jus dans les yeux de Titania. OBÉRON Ce que tu verras en t’éveillant, Qu’il devienne ton vrai amant ; Aime-le, désire-le. Qu’il soit lynx, chat, ours, Léopard, sanglier au poil hérissé, Ce que ton œil à ton réveil verra, Tu l’aimeras, le chériras. Éveille-toi quand un monstre approchera, Éveille-toi quand un monstre approchera. 65 Obéron disparaît lentement et la lumière s’efface sur Titania endormie. ACT II The wood. Tytania lying asleep. Enter the six rustics. 66 BOTTOM Are we all met? THE OTHERS Pat, pat, pat. QUINCE And here’s a marvellous convenient place for our Rehearsal. FLUTE, SNOUT, STARVELING, SNUG For our rehearsal. BOTTOM Peter Quince? QUINCE What sayst thou, Bully Bottom? ACTE II La forêt. Titania est allongée, endormie. Entrent les six artisans. BOTTOM Nous sommes tous là ? LES AUTRES Prêts, prêts, prêts. QUINCE Et voici un endroit qui convient à merveille pour notre Répétition. FLUTE, SNOUT, STARVELING, S NUG Pour notre répétition. BOTTOM Pierre Quince ? QUINCE Que dis-tu mon vieux Bottom ? 67 BENJAMIN BRITTEN BOTTOM There are things in this comedy that will never please. First, Pyramus must draw a sword to kill himself; Which the Ladies cannot abide. THE OTHERS By’r lakin, a parlous fear, a parlous fear. FLUTE I believe we must leave the killing out, when all is done. BOTTOM Not a whit, not a whit. I have a device to make all well. Write me a Prologue; tell them that I, Pyramus am not Pyramus but Bottom the weaver; This will put them out of fear. 68 SNUG Will not the Ladies be afeard of the lion? SNOUT, STARVELING, QUINCE The Lion. FLUTE I fear it, I promise you. BOTTOM Therefore another Prologue must tell them plainly He is not a lion but Snug the joiner. QUINCE But there is two hard things, that is, To bring the moonlight into a chamber; For you know Pyramus and Thisby meet by moonlight. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II BOTTOM Il y a des choses dans cette comédie qui plairont jamais. D’abord, Pyrame doit tirer son épée pour se tuer ; Les dames le supporteront pas. LES AUTRES Bon Dieu, ça leur fera une peur terrible, terrible. FLUTE Au bout du compte, il faut renoncer à ce qu’il se tue . BOTTOM Pas du tout, pas du tout. J’ai un moyen de tout arranger. Ecrivez-moi un prologue ; dites-leur que Moi, Pyrame, je suis pas Pyrame mais Bottom le tisserand ; Ça leur ôtera toute crainte. 69 SNUG Est-ce que les dames n’auront pas peur du lion ? SNOUT, S TARVELING, QUINCE Le lion. FLUTE Je le crains, je vous le jure. BOTTOM Alors il faut un autre prologue, pour leur dire franchement Qu’il est pas un lion mais Snug le menuisier. QUINCE Il y a encore deux difficultés à savoir ; Faire venir le clair de lune dans une salle ; Car vous savez que Pyrame et Thisbé se rencontrent au clair de lune. BENJAMIN BRITTEN STARVELING Doth the moon shine that night we play our play? BOTTOM A calendar, a calendar, Look in the Almanac, Find out moonshine, find out moonshine. THE OTHERS Moonshine, moonshine. BOTTOM Or else one must come in With a bush of thorns and a lanthorn and say He comes to present the person of Moonshine. 70 THE OTHERS Moonshine. QUINCE Then, there is another thing, We must have a wall in the great chamber. SNOUT You can never bring in a wall. ALL What say you, Bottom? BOTTOM Some man or other must present wall, And let him hold his fingers thus, thus, And through that cranny shall Pyramus and Thisby whisper. QUINCE Then all is well. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II STARVELING Y aura-t-il de la lune le soir où nous jouerons notre pièce ? BOTTOM Un calendrier, un calendrier, Regardez dans l’almanach, Trouvez le clair de lune, trouvez le clair de lune. LES AUTRES Le clair de lune, le clair de lune. BOTTOM Ou bien quelqu’un pourrait venir Avec un fagot d’épines et une lanterne et dire Qu’il vient pour représenter le personnage du clair de lune. LES AUTRES Le clair de lune. QUINCE Et puis, il y autre chose, Il nous faut un mur dans la grande salle. SNOUT On pourra jamais apporter un mur. TOUS Qu’en dis-tu Bottom ? BOTTOM Il faut que l’un ou l’autre représente le mur Et qu’il tienne ses doigts comme ça, écartés, Et par cette fente Pyrame et Thisbé pourront murmurer. QUINCE Alors tout va bien. 71 BENJAMIN BRITTEN THE OTHERS Then all is well. QUINCE Come, sit down ev’ry mother’s son, And rehearse your parts, Ev’ry man according to his cue. Pyramus, you begin. Puck flies in. PUCK What hempen homespuns have we swaggering here, So near the cradle of our Fairy Queen? QUINCE Speak, Pyramus: Thisby, stand forth. 72 BOTTOM Thisby, the flowers of odious savours sweet. QUINCE Odours, odourous. BOTTOM Odours savours sweet, So hath thy breath, my dearest Thisby dear. But hark, a voice: stay thou but here a while, And by and by I will to thee appear. (Exit.) PUCK I’ll follow you, I’ll lead you about a round. (He follows Bottom) LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II LES AUTRES Alors tout va bien. QUINCE Venez, asseyez-vous tous tant que vous êtes, Et révisez vos rôles Chacun selon sa réplique. Pyrame, commencez. Puck arrive des airs. PUCK Qui sont ces gros lourdauds qui crânent ici Si près du berceau de notre reine des fées ? QUINCE A vous, Pyrame : Thisbé, avancez. 73 BOTTOM Thisbé, les fleurs exhalent leurs parfums odieux QUINCE Odeurs, odorants. BOTTOM Exhalent leurs parfums odorants, Ainsi ton haleine, ma très chère Thisbé chérie. Mais écoute, une voix : reste là un moment Et tout à l’heure je vais t’apparaître. (Il sort.) PUCK Je vais te suivre, et te mener une de ces danses. (Il suit Bottom.) BENJAMIN BRITTEN Flute comes nervously forward. FLUTE Must I speak now? QUINCE Ay marry, must you. For you must understand he goes but to see a noise He heard and is to come again. FLUTE (timidly at first) Most radiant Pyramus, most lily-white of hue, Of colour like the red rose on triumphant brier, Most briskly juvenal and eke most lovely Jew, As true as truest horse, that never yet would tire, I’ll meet thee Pyramus, at Ninny’s tomb. 74 QUINCE Why, you must not speak that yet; That you answer to Pyramus: You speak all your part at once, cues and all. Pyramus enter, your cue is past, it is, “Never tire”. FLUTE O As true as truest horse that never yet would tire. Enter Puck and Bottom with the ass-head. BOTTOM If I were fair, Thisby, I were only thine. THE OTHERS O monstrous, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II Flute s’avance, nerveux. FLUTE Dois-je parler maintenant ? QUINCE Oui bon Dieu, c’est à vous. Car vous devez comprendre qu’il n’est sorti que pour voir un bruit Qu’il a entendu et qu’il va revenir. FLUTE (d’abord timidement) Très radieux Pyrame, au teint très blanc comme le lis, Coloré comme la rose rouge sur l’églantier triomphant, Très gaillard jouvenceau qui est toute ma Juive... ma joie... Plus fidèle que le plus fidèle coursier, qui ne se fatigue jamais, Je te verrai Pyrame, au tombeau de Nini. 75 QUINCE Mais vous ne devez par encore dire ça, C’est votre réponse à Pyrame : Vous dites tout votre rôle d’un trait, toutes vos répliques. Pyrame entre, votre réplique est passée, c’est « Ne se fatigue jamais ». FLUTE Ô Plus fidèle que le plus fidèle coursier, qui ne se fatigue jamais, Entrent Puck et Bottom avec une tête d’âne. BOTTOM Si je suis beau, Thisbé, je ne suis qu’à toi. LES AUTRES Oh, monstrueux BENJAMIN BRITTEN (Puck flies off.) O strange. We are haunted; we are haunted; were are haunted; Pray masters, fly, masters, Help, help, help, help! (Exeunt. As they disappear:) Help. BOTTOM Why do they run away, run away? This is a knavery to make me afeard. Flute reappears. 76 FLUTE O Bottom, Bottom, thou art chang’d, chang’d; What do I see on thee? (Exit.) BOTTOM What do you see? What do you see? You see an ass-head of your own, do you? Do you? The rustics reappear from behindthe trees. QUINCE Bless thee Bottom Bottom, bless thee, Bottom, Bottom, Bless thee THE OTHERS Bless thee, Bottom, Bottom, bless thee; ALL Thou art translated, thou art translated. (They disappear.) LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II (Puck s’envole.) Oh étrange chose. Nous sommes ensorcelés ; nous sommes ensorcelés. Prions messieurs, fuyons messieurs, Au secours, au secours ! (Ils sortent. Pendant qu’ils disparaissent :) Au secours. BOTTOM Pourquoi se sauvent-ils, se sauvent-ils ? C’est une mauvaise blague pour me faire peur Flute réapparaît. FLUTE Ô Bottom, Bottom, tu es changé, changé ; Qu’est-ce que je vois sur toi ? (Il sort.) BOTTOM Qu’est-ce que tu vois ? Qu’est-ce que tu vois ? Tu vois une tête d’âne comme la tienne, non ? Non ? Les artisans réapparaissent derrière les arbres. QUINCE Sois béni, Bottom Bottom, sois béni, Bottom, Bottom, Sois béni LES AUTRES Sois béni, Bottom, Bottom, sois béni ; TOUS Tu es transfiguré, tu es transfiguré. (Ils disparaissent.) 77 BENJAMIN BRITTEN BOTTOM I see their knavery; This is to make an ass of me, To fright me, if they could, if they could; But I will not stir from this place, and I will sing, That they shall hear I am not afraid. (Very loudly) The woosell cock, so black of hue, With orange-tawny bill, The throstle with his note so true, The wren with little quill. TYTANIA (awaking ) What angel wakes me from my flow’ry bed? 78 BOTTOM The finch, the sparrow, and the lark, The plain-song cuckoo, grey, Whose note full many a man doth mark, And dares not answer, nay. TYTANIA I pray thee gentle mortal, sing again; Mine ear is much enamour’d of thy note; So is mine eye enthralled to thy shape, Thou art as wise as thou art beautiful. BOTTOM Not so neither, but if I had wit enough to get out of this wood... TYTANIA Out of this wood do not desire to go, Thou shalt remain here, whether thou wilt or no. I am a spirit of no common rate: LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II BOTTOM Je vois leur jeu ; C’est pour me faire tourner en bourrique, Pour me faire peur, s’ils le pouvaient, s’ils le pouvaient ; Mais je ne bougerai pas d’ici, et je vais chanter. Ils pourront entendre que je n’ai pas peur. (Très fort) Le merle si noir de couleur, Avec son bec jaune orangé, La grive au chant séducteur, Et le petit roitelet. TITANIA (s’éveillant) Quel ange me réveille sur mon lit de fleurs ? BOTTOM Le pinson, le moineau, l’alouette, Le triste chant du coucou, Que beaucoup d’hommes écoutent Sans oser la démentir. TITANIA Je t’en prie gentil mortel, chante encore ; Mon oreille est amoureuse de ton chant ; Et mon regard captivé par ton image, Tu es aussi sage que beau. BOTTOM Ni l’un ni l’autre, mais si j’avais assez d’esprit pour sortir de ce bois... TITANIA Ne désire pas quitter ce bois. Tu demeureras ici que tu le veuilles ou non. Je suis un esprit peu ordinaire : 79 BENJAMIN BRITTEN I’ll give thee fairies to attend on thee; Peaseblossom, Enter Peaseblossom. PEASEBLOSSOM Ready. TYTANIA Cobweb, Enter Cobweb. COBWEB And I. 80 TYTANIA Moth, Enter Moth. MOTH And I. TYTANIA Mustardseed. Enter Mustardseed. MUSTARDSEED And I. ALL FOUR FAIRIES Where shall we go? LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II Je te donnerai des fées pour te servir ; Fleur des pois, Entre Fleur des pois. FLEUR DES POIS Présente. TITANIA Toile d’araignée, Entre Toile d’araignée. TOILE D’ARAIGNÉE Moi aussi. TITANIA Phalène, Entre Phalène. PHALÈNE Moi aussi TITANIA Graine de moutarde. Entre Graine de moutarde. GRAINE DE MOUTARDE Moi aussi. LES QUATRE FÉES Où devons-nous aller ? 81 BENJAMIN BRITTEN TYTANIA Be kind and courteous to this gentleman, Hop in his walks and gambol in his eyes, Feed him with apricocks, and dewberries, With purple grapes, green figs, and mulberries, And mulberries. The honey-bags steal from the humble-bees, And for night-tapers crop their waxen thighs, And light them at the fiery glow-worm’s eyes, To have my love to bed, and to arise, arise, arise: Nod to him, elves, and do him courtesies. The fairies bow deeply to Bottom. THE FOUR FAIRIES Hail, hail, hail, mortal, Hail mortal, hail, hail. 82 BOTTOM I cry your worship’s mercy, your mercy, heartily; THE FOUR FAIRIES Hail, hail, mortal, hail Mortal, mortal, hail, hail. BOTTOM I cry your worship’s mercy, I beseech your worship’s name. COBWEB Cobweb, Hail, mortal, hail, mortal, hail! BOTTOM I shall desire you of more acquaintance, good master Cobweb. Your name, honest gentleman? LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II TITANIA Soyez aimables et courtoises pour ce gentilhomme, Sautillez devant ses pas et gambadez devant ses yeux, Nourrissez-le d’abricots et de myrtilles, De raisins pourpres, de figues vertes et de mûres, de mûres. Dérobez aux bourdons leurs sacs de miel Et pour flambeaux de nuit, coupez leurs cuisses pleines de cire, Et allumez-les aux yeux ardents des vers luisants, Pour amener mon amour au lit et à l’éveil : Inclinez-vous devant lui, elfes, et rendez-lui hommage. Les Fées s’inclinent profondément devant Bottom. LES QUATRE FÉES Salut, salut, salut, mortel, Salut mortel, salut, salut. BOTTOM Du fond du cœur, j’implore la grâce de votre Honneur, votre grâce ; LES QUATRE FÉES Salut, salut, mortel, salut Mortel, mortel, salut, salut. BOTTOM J’implore votre grâce, votre Honneur, Puis-je savoir le nom de votre Honneur. TOILE D’ARAIGNÉE Toile d’araignée, Salut, mortel, salut, mortel, salut ! BOTTOM Je serai heureux de mieux vous connaître, Cher Toile d’araignée. Votre nom, aimable gentilhomme ? 83 BENJAMIN BRITTEN PEASEBLOSSOM Peaseblossom. Hail, mortal, hail, Hail, hail! BOTTOM I pray you, Commend me to Mistress Squash, your mother, And to master Peascod, your father. Your name, I beseech you, sir? MUSTARDSEED Mustardseed. Hail, mortal, hail, Hail, hail, mortal hail, hail, mortal, hail mortal hail, Hail, hail, hail, hail, Hail, hail, hail, mortal, hail. 84 COBWEB Hail, hail mortal, hail, hail Mortal hail, mortal hail, Hail, hail, hail, hail, Hail, hail, hail, mortal, hail. PEASEBLOSSOM Hail mortal, hail mortal hail, Hail, hail, hail, hail, Hail, hail, hail, mortal, hail. BOTTOM Your kindred hath made my eyes water ere now, Good master Mustardseed. I desire you more acquaintance. Your name, sir? LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II FLEUR DES POIS Fleur des pois. Salut, mortel, salut, Salut, salut! BOTTOM Je vous prie De me recommander à Madame Gousse votre mère, Et à maître Cosse votre père. Votre nom, je vous prie, monsieur ? GRAINE DE MOUTARDE Graine de moutarde. Salut, mortel, salut, Salut, salut, mortel Salut, salut, mortel, salut mortel salut, Salut, salut, salut, salut, Salut, salut, salut, mortel, salut. 85 TOILE D’ARAIGNÉE Salut, salut mortel, salut, salut Mortel salut, mortel salut, Salut, salut, salut, salut, Salut, salut, salut, mortel, salut. FLEUR DES POIS Salut mortel, salut mortel salut, Salut, salut, salut, salut, Salut, salut, salut, mortel, salut. BOTTOM Votre famille m’a souvent fait venir les larmes aux yeux, Cher maître Graine de moutarde. Je serai heureux de mieux vous connaître. Votre nom, monsieur ? BENJAMIN BRITTEN MOTH M... TYTANIA (interrupting) Come, sit thee down upon this flowery bed, While I thy amiable cheeks do coy, And stick musk-roses in thy sleek smooth head, And kiss thy fair large ears, thy fair large ears, My gentle joy, my gentle joy. Tytania and Bottom settle down on the bank. BOTTOM Where’s Peaseblossom? 86 PEASEBLOSSOM Ready. (He goes to Bottom.) BOTTOM Scratch my head, Peaseblossom. (Peaseblossom scratches Bottom’shead.) Mounsieur Cobweb? COBWEB Ready. (He goes to Bottom.) BOTTOM Mounsieur Cobweb, get you your weapons in your hand, And kill me a red-hipped humble-bee, and good Mounsieur, Bring me the honey-bag. (Cobweb finds a bee, catches it and takes the honey to Bottom.) Where’s Mounsieur Mustardseed? LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II PHALÈNE Pha... TITANIA (l’interrompant) Viens, assieds-toi sur ce lit de fleurs, Pendant que je caresse tes joues charmantes, Et que je plante des roses musquées Sur ta tête douce et soyeuse, Et que je baise tes belles et grandes oreilles, Ma douce joie, ma douce joie. Titania et Bottom s’installent sur le banc de gazon. BOTTOM Où est Fleur des pois ? FLEUR DES POIS Présente. (Il va vers Bottom.) BOTTOM Gratte ma tête, Fleur des pois. (Fleur des pois gratte la tête de Bottom.) Monsieur Toile d’araignée? TOILE D’ARAIGNÉE Présent. (Il va près de Bottom.) BOTTOM Monsieur Toile d’araignée, prenez vos armes, Et tuez-moi un bourdon au cuisses rouge et, cher Monsieur, Apportez-moi son sac de miel. (Toile d’araignée trouve un bourdon, l’attrape, et apporte le miel à Bottom.) Où est Monsieur Graine de moutarde ? 87 BENJAMIN BRITTEN MUSTARDSEED Ready. BOTTOM Give me your neaf, Mounsieur Mustardseed. (Mustardseed shakes his handviolently.) Pray you leave your courtesy good Mounsieur. MUSTARDSEED What’s your will? 88 BOTTOM Nothing good Mounsieur, But to help Cavalery Cobweb to scratch. I am such a tender ass, if my hair do but tickle me, I must scratch. (Mustardseed helps Cobweb toscratch Bottom’s head.) Where’s Mounsieur Moth? MOTH H... TYTANIA (interrupting) What, wilt thou hear some music, my sweet love? BOTTOM I have a reas’nable good ear in music. La la la la la la la la. Let’s have the tongs and the bones. (The fairies take their instrumentsand start to play.) Ah, ah, I have a reas’nable good ear in music. (Bottom gets up and begins to dance.) La la la la la la la la la la... La la la la la la la la la (Yawning) LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II GRAINE DE MOUTARDE Présent. BOTTOM Donnez-moi votre main, Monsieur Graine de moutarde. (Graine de moutarde lui serre la main avec force.) Je vous en prie, pas de cérémonies, mon bon Monsieur. GRAINE DE MOUTARDE Que souhaitez-vous ? BOTTOM Rien mon bon Monsieur, si ce n’est que vous aidiez Le chevalier Toile d’araignée à me gratter. Je suis un âne si délicat que pour peu qu’un poil Me démange, je dois me gratter. (Graine de moutarde aide Toile d’araignée à gratter la tête de Bottom.) Où est Monsieur Phalène ? PHALÈNE Je... TITANIA (l’interrompant) Veux-tu entendre un peu de musique, mon doux amour ? BOTTOM J’ai l’oreille musicale plutôt bonne. La la la la la la la la. Faites venir les pincettes et les castagnettes. (Les Fées prennent leurs instruments et commencent à jouer .) Ah, ah, j’ai l’oreille musicale plutôt bonne. (Bottom se lève et commence à danser.) La la la la la la la la la la... La la la la la la la la la (Baillant) 89 BENJAMIN BRITTEN La......ya. But, I pray you let none of your people stir me: I have an exposition of sleep come upon me. TYTANIA Sleep thou, and I will wind thee in my arms. Fairies begone, and be all ways away. (The Fairies disappear.) So doth the woodbine, the sweet honeysuckle Gently, gently entwist; the female ivy so Enrings the barky fingers of the elm. O how I love thee! O how I love thee! How I dote on thee! BOTTOM Ah! 90 They sleep, and it grows dark. Enter Puck, then Oberon. OBERON How now mad spirit, What night-rule now about this haunted grove? PUCK See, see, my Mistress with a monster is in love, My Mistress with a monster is in love. OBERON This falls out better than I could devise. But hast thou yet latch’d the Athenian’s eyes With a love-juice, as I did bid thee do? (Enter Demetrius and Hermia.) Stand close: This is the same Athenian. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II La......ya. Mais je vous prie, ne laissez personne me déranger : Je me sens exposé au sommeil. TITANIA Dors et je t’enlacerai de mes bras. Les Fées partez, dispersez-vous. (Les Fées disparaissent.) Ainsi la vigne vierge enlace le doux chèvrefeuille Tendrement, tendrement ; le lierre femelle ainsi Passe ses anneaux aux doigts noueux de l’orme. Ô que je t’aime ! Ô que je t’aime ! Que je suis folle de toi ! BOTTOM Ah ! Ils s’endorment et l’obscurité se fait. Entre Puck, puis Obéron. OBÉRON Eh bien esprit fou, Quelles fantaisies nocturnes en ce bois enchanté ? PUCK Voyez, voyez, ma maîtresse aime un monstre Ma maîtresse aime un monstre. OBÉRON Cela tombe mieux que je ne pouvais l’inventer. Mais as-tu mouillé les yeux de l’Athénien Avec le jus d’amour, ainsi que je t’en avais prié ? (Entrent Démétrius and Hermia.) Ne bouge pas : Voici l’Athénien. 91 BENJAMIN BRITTEN PUCK This is the woman, but not this the man. Oberon and Puck listen. DEMETRIUS O, why rebuke you him that loves you so? HERMIA If thou hast slain Lysander in his sleep, Plunge in the deep, and kill me too: Ah good Demetrius, wilt thou give Him me? DEMETRIUS I had rather Give his carcass to my hounds. 92 HERMIA Out, dog, out cur, oh hast thou slain him then? DEMETRIUS I am not guilty of Lysander’s blood. HERMIA I pray thee tell me then that he is well. DEMETRIUS An if I could, what should I get therefore? HERMIA A privilege never to see me more; And from thy hated presence part I so; (Furious) See me no more whether he be dead or no. (Exit.) LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II PUCK C’est la femme, mais ce n’est pas l’homme. Obéron et Puck écoutent. DÉMÉTRIUS Ô, pourquoi repousses-tu celui qui t’aime tant ? HERMIA Si tu as tué Lysandre dans son sommeil, Va plus loin et tue moi aussi : Ah bon Démétrius, vas-tu me Le rendre ? DÉMÉTRIUS J’aimerais mieux Donner sa carcasse à mes chiens. 93 HERMIA Dehors, chien, dehors monstre, oh, alors tu l’as tué. DÉMÉTRIUS Je n’ai pas répandu le sang de Lysandre. HERMIA Je t’en prie, dis-moi alors qu’il va bien. DÉMÉTRIUS Et si je le pouvais, qu’aurais-je en échange ? HERMIA Le privilège de ne plus jamais me voir ; Et ainsi je fuis ta présence détestée ; (Furieuse) Tu ne me verras plus qu’il soit mort ou pas. (Elle sort.) BENJAMIN BRITTEN DEMETRIUS There is no following her in this fierce vein, Here therefore for a while I will remain. So sorrow’s heaviness doth heavier grow. (He lies down.) OBERON What hast thou done? Thou hast mistaken quite And laid the love-juice on some true-love’s sight: About the wood go swifter than the wind, And Helena of Athens look thou find. PUCK I go, I go look how I go, Swifter than arrow from the Tartar’s bow. (He flies off.) 94 OBERON (squeezing the flower onto Demetrius’ eyes) Flower of this purple dye, Hit with Cupid’s archery, Sink in apple of his eye, When his love he doth espy, Let her shine as gloriously As the Venus of the sky. When thou wak’st, if she be by, Beg of her for remedy. Puck flies in. PUCK Captain of our Fairy band, Helena is here at hand, And the youth, mistook by me, Shall we their fond pageant see? Lord, what fools these mortals be! LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II DÉMÉTRIUS Pas la peine de la suivre en cette humeur furieuse, Je vais donc demeurer un moment ici. Ainsi le poids du chagrin s’alourdit encore. (Il s’allonge.) OBÉRON Qu’as-tu fait ? Tu t’es complètement trompé Et tu as mis le jus d’amour dans les yeux d’un amant sincère : Dans le bois va plus vite que le vent Et trouve Héléna d’Athènes. PUCK Je vais, voyez comme je vais, je pars Plus rapide que la flèche de l’arc du Tartare. (Il s’envole.) 95 OBÉRON (pressant la fleur sur les yeux de Démétrius) Fleur à la couleur pourprée Par l’arc de Cupidon marquée, Coule en la prunelle de ses yeux, Quand il discernera son amour, Fait la briller aussi bellement Que Vénus dans le firmament. A ton réveil, si elle est là, Pour te guérir implore-la. Puck arrive des airs. PUCK Capitaine de notre troupe de fées, Héléna est à deux pas d’ici, Avec le jeune homme que j’ai égaré, A leur folle comédie assisterons-nous ? Seigneur, que ces mortels sont fous ! BENJAMIN BRITTEN Enter Helena, Lysander following. Oberon and Puck stand aside. LYSANDER Why should you think that I should woo in scorn? HELENA These vows are Hermia’s. Will you give her o’er? LYSANDER I had no judgment when to her I swore. HELENA Nor none, in my mind, now you give her o’er. 96 LYSANDER Demetrius loves her, and he loves not you. Demetrius awakes. DEMETRIUS O Helen, goddess, nymph, perfect, divine, To what, my love, shall I compare thine eyne? Crystal is muddy, O, how ripe in show Thy lips, these kissing cherries, tempting grow! That pure congealed white, high Taurus’ snow, Fann’d with the eastern wind, turns to a crow When thou hold’st up thy hand. O let me kiss This princess of pure white, this seal of bliss. O Helen! HELENA O spite! LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II Entrent Héléna et Lysandre, qui la suit Obéron et Puck se mettent à l’écart. LYSANDRE Pourquoi pensez-vous que je vous fais la cour par dérision ? HÉLÉNA Vos serments sont à Hermia. Allez-vous l’abandonner ? LYSANDRE Je lui ai fait des serments sans discernement. HÉLÉNA Pas plus, je crois, que maintenant où vous l’abandonnez. LYSANDRE Démétrius l’aime, et il ne vous aime pas. Démétrius se réveille. DÉMÉTRIUS Ô Hélène, déesse, nymphe, parfaite, divine, A quoi, mon amour, comparerai-je tes yeux ? Le cristal est trop terne, Ô comme elles sont rouges, Tes lèvres, ces cerises à baisers, tentatrices ! La neige blanche et glacée des cimes du Taurus Balayée par le vent d’est semble noire comme le corbeau Quand tu lèves ta main. Ô laisse-moi baiser Cette princesse immaculée, ce sceau de félicité. Ô Hélène ! HÉLÉNA Ô rage ! 97 BENJAMIN BRITTEN DEMETRIUS Goddess, nymph, perfect, divine. HELENA O hell! O spite! O hell! HELENA I see you all are bent To set against me for your merriment. LYSANDER You are unkind, Demetrius, Be not so, no so For you love Hermia... 98 DEMETRIUS Look, where thy love comes, LYSANDER ... This you know I know. DEMETRIUS Yonder is Thy dear. HERMIA (entering) Ah Lysander, why unkindly didst Thou leave me so? HELENA Injurious Hermia, most ungrateful maid, Have you conspir’d, have you with these contriv’d LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II DÉMÉTRIUS Déesse, nymphe, parfaite, divine. HÉLÉNA Ô enfer ! Ô rage ! Ô enfer ! HÉLÉNA Je vois que vous vous êtes tous ligués Pour vous moquer de moi. LYSANDRE Tu es méchant, Démétrius, Ne sois pas ainsi, non Car tu aimes Hermia... DÉMÉTRIUS Regarde, ton amour arrive, LYSANDRE ... Tu sais que je le sais. DÉMÉTRIUS Elle est là Ta chérie. HERMIA (entrant) Ah Lysandre, pourquoi cruellement M’as-tu abandonnée ainsi ? HÉLÉNA Injurieuse Hermia, fille très ingrate, Avez-vous conspiré, comploté avec eux, 99 BENJAMIN BRITTEN To bait me with this foul derision? Is all the counsel that we two have shared, The sisters’ vows, the hours that we have spent, When we have chid the hasty-footed time For parting us; O is it all forgot? All school-days’ friendship, childhood innocence? We, Hermia, like two artificial gods, Have with our needles, created one flower, Both on one sampler, sitting on one cushion, Both warbling of one song, both in one key; Two lovely berries moulded on one stem, So with two seeming bodies, but one heart, And will you rent our ancient love asunder, To join with men in scorning your poor friend? It is not friendly, ’tis not maidenly. 100 HERMIA I am amazed at your passionate words, I scorn you not: it seems that you scorn me. HELENA Ay do persever, counterfeit sad looks, Make mouths upon me when I turn my back, Wink each at other, hold the sweet jest up. (As if going) But fare ye well, ’tis partly my own fault, Which death or absence soon shall remedy. LYSANDER Stay, gentle Helena, hear my excuse, My love, my life my soul, fair Helena! HELENA O excellent! LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II Pour me harceler de cette odieuse dérision ? Les confidences que nous avons toutes deux partagées, Les serments fraternels, les heures passées ensemble A maudire le temps trop rapide à Nous séparer ; Ô, tout cela est oublié ? L’amitié des jours d’école, l’innocence de l’enfance ? Nous avons, Hermia, comme deux déesses artistes Créé avec nos aiguilles une seule fleur, Deux sur un seul canevas, assises sur un seul coussin, Gazouillant la même chanson, à l’unisson ; Deux baies adorables poussées sur la même tige, Deux corps apparemment, mais un seul cœur, Et vous voulez déchirez notre vieil amour, Et rejoindre ces hommes pour narguer votre pauvre amie ? C’est indigne d’une amie, indigne d’une fille. HERMIA Je suis stupéfaite de vos discours passionnés, Je ne vous nargue pas ; vous me narguez semble-t-il. HÉLÉNA Mais oui, continuez, feignez la tristesse, Faites des grimaces derrière mon dos, Echangez vos clins d’œil, menez au bout cette jolie farce. (Comme si elle voulait partir) Mais adieu, cela est en partie de ma faute, La mort ou l’absence y remédieront bientôt. LYSANDRE Reste, gentille Héléna, entends ma défense, Mon amour, ma vie, mon âme, belle Héléna ! HÉLÉNA Oh parfait ! 101 BENJAMIN BRITTEN HERMIA (to Lysander) Sweet, do not Scorn her so. DEMETRIUS If she cannot entreat, I can compel. LYSANDER Thou canst compel no more than she entreat. DEMETRIUS I say I love thee more than he can do. LYSANDER If thou say so, withdraw and prove it too. 102 DEMETRIUS Quick, come. HERMIA (holds Lysander) Lysander, whereto tends All this? LYSANDER Away, You Ethiope. DEMETRIUS No, no, sir, seems to break loose: You are a tame man, go. LYSANDER (shaking off Hermia) Hang off, thou cat, thou burr; vile thing, let loose. Or I will shake thee from me Like a serpent! LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II HERMIA (à Lysandre) Mon doux, ne La nargue pas ainsi. DÉMÉTRIUS Si elle ne peut te fléchir, je peux t’y contraindre. LYSANDRE Tu ne peux pas plus me contraindre qu’elle ne peut me fléchir. DÉMÉTRIUS Je te dis que je l’aime plus qu’il ne peut t’aimer. LYSANDRE Si tu parles ainsi, retirons-nous et prouve-le. DÉMÉTRIUS Vite, viens. HERMIA (agrippe Lysandre) Lysandre, à quoi rime Tout ça ? LYSANDRE Arrière, Ethiopienne. DÉMÉTRIUS Non, non, monsieur, il fait semblant de se dégager : Vous êtes bien gentil, allez. LYSANDRE (secouant Hermia) Lâche-moi, chatte, crampon, saleté, laisse-moi. Où je vais te balancer loin de moi Comme un serpent ! 103 BENJAMIN BRITTEN HERMIA Why are you grown So rude? What change is this sweet love, sweet love? DEMETRIUS Seems to break loose, take on as you would follow. LYSANDER Thy love? Out, tawny tartar, out; HERMIA Sweet love? DEMETRIUS You are a Tame man go. 104 LYSANDER Out loathed medicine; hated potion, hence! HERMIA Do you not jest? HELENA Yes sooth, And so do you... LYSANDER Demetrius, I will keep my word with thee. DEMETRIUS I would I had your bond: I’ll not trust your word. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II HERMIA Pourquoi es-tu devenu Si brutal ? Quel est ce changement, doux amour ? DÉMÉTRIUS Fait semblant de se dégager, comme si tu allais me suivre. LYSANDRE Ton amour ? Va-t-en, noiraude, tartare, va-t-en ; HERMIA Doux amour ? DÉMÉTRIUS Vous êtes Bien gentil, allez. 105 LYSANDRE Va-t-en médecine dégoûtante, purge, va-t-en ! HERMIA Tu ne plaisantes pas ? HÉLÉNA Mais si bien sûr Et toi aussi... LYSANDRE Démétrius, je tiendrai ma parole. DÉMÉTRIUS J’aimerais l’avoir par écrit : Je n’ai pas confiance en ta parole. BENJAMIN BRITTEN HELENA ... And so do you. LYSANDER What, should I hurt her, strike her, kill her dead? Although I hate her, hate her, I’ll not harm her so. HERMIA What, can you do me Greater harm than hate? Am not I Hermia? Are not you Lysander? What, can you do me greater harm than hate? (To Helena) O me, you juggler, you canker-blossom, You canker-blossom You thief of love! 106 DEMETRIUS Lysander keep thy Hermia, I will none. If e’er I lov’d her, all that love is gone. Lysander keep thy Hermia, I will none. If e’er I lov’d her, all that love is gone, is gone. LYSANDER Ay, by my life be certain ‘tis no jest, That I do hate thee and love Helena. Ay, by my life be certain ‘tis no jest, That I love Helena, love Helena. HELENA You both are rivals and love Hermia, And now are rivals to mock Helena. (To Hermia) Fie, fie, you counterfeit, you puppet, you. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II HÉLÉNA ... Et toi aussi. LYSANDRE Quoi, dois-je la blesser, la frapper, la tuer ? Malgré ma haine, ma haine, je ne lui ferai pas tant de mal. HERMIA Quoi, peux-tu me faire Plus grand mal que me haïr ? Ne suis-je pas Hermia ? N’es-tu pas Lysandre ? Quoi, peux-tu me faire plus grand mal que me haïr ? (A Héléna) Hélas, jongleuse, chancre de fleur, Chancre de fleur Voleuse d’amour ! DÉMÉTRIUS Lysandre, garde ton Hermia, je n’en veux plus. Si jamais je l’ai aimée, tout cet amour est parti. Lysandre, garde ton Hermia, je n’en veux plus. Si jamais je l’ai aimée, tout cet amour est parti, parti. LYSANDRE Sur ma vie, sois sûre que ce n’est pas une farce, Que je te hais et que j’aime Héléna. Sur ma vie, sois sûre que ce n’est pas une farce, Que j’aime Héléna, j’aime Héléna. HÉLÉNA Rivaux tous deux pour aimer Hermia, Vous l’êtes maintenant pour railler Héléna. (A Hermia) Allez, allez, hypocrite, marionnette. 107 BENJAMIN BRITTEN HERMIA Puppet? why so? ay, that way goes the game. Now I perceive that she hath made compare Between our statures, she hath urg’d her height, She hath urg’d her height, And with her personage, her tall personage, Her height (forsooth) she hath prevail’d with him. And are you grown so high in his esteem, Because I am so dwarfish and so low? How low am I? thou painted maypole? Speak, How low am I? I am not yet so low But that my nails can reach unto thine eyes. 108 HELENA I pray you, though you mock me, gentlemen, Let her not hurt me; you may perhaps think, Because she is something lower than myself, that I can Match her. Hermia Lower? Lower? hark, again! HELENA O, when she’s angry she is keen and shrewd, She was a vixen, a vixen, vixen, when she went to school And though she be but little, She is fierce. HERMIA Little again? Nothing but low and little? HELENA Get you gone you dwarf. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II HERMIA Marionnette ? Pourquoi ça ? Oui, je vois son jeu. Je comprends qu’elle a fait une comparaison Entre nos tailles, elle a fait valoir sa hauteur Elle a fait valoir sa hauteur, Et par son personnage, son grand personnage, Par sa hauteur, ma foi, elle a fait sa conquête. Êtes-vous montée si haut dans son estime Parce que je suis si petite et si ratatinée ? Suis-je si petite ? grande asperge barbouillée ? Dis, Suis-je si petite ? Je ne suis pas si petite Que mes ongles ne puissent atteindre tes yeux. HÉLÉNA Je vous en prie, malgré vos railleries, messieurs, Ne la laissez pas me blesser ; vous croyez peut-être, Parce qu’elle est plus petite que moi, que je peux Avoir le dessus. HERMIA Plus petite ? Plus petite ? vous entendez, encore ! HÉLÉNA Oh, quand elle est en colère, elle est rusée et hargneuse, A l’école, c’était une furie, une furie, une furie, Et toute petite qu’elle est Elle est féroce. HERMIA Encore petite ? Toujours petite et ratatinée ? HÉLÉNA Va-t-en, naine. 109 BENJAMIN BRITTEN HERMIA Hark again! HELENA You minimus of Hind’ring knot-grass made, HERMIA Why will you suffer her to flout Me thus? HELENA You bead, HERMIA Hark again. 110 HELENA You acorn, HERMIA Let me Come to her! HELENA You bead. HERMIA Why will you suffer her to flout me? HELENA Get you gone, you dwarf. LYSANDER Be not afraid, she shall not harm thee, Helena. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II HERMIA Vous entendez, encore ! HÉLÉNA Petit Nœud de chiendent, HERMIA Souffrirez-vous qu’elle me défie Ainsi ? HÉLÉNA Petit grain, HERMIA Encore. HÉLÉNA Gland, HERMIA Laissez-moi L’approcher ! HÉLÉNA Petit grain. HERMIA Souffrirez-vous qu’elle me défie ainsi ? HÉLÉNA Va-t-en, naine. LYSANDRE N’ayez pas peur, elle ne vous fera pas de mal Héléna. 111 BENJAMIN BRITTEN DEMETRIUS No, sir, She shall not, though you take her part. LYSANDER You are too officious In her behalf that scorns your services. DEMETRIUS Let her alone. Speak not of Helena. LYSANDER Now follow, if thou dar’st. DEMETRIUS Nay I’ll go with thee, cheek by jowl, 112 LYSANDER AND DEMETRIUS ... To try whose right, Or thine or mine is most in Helena. (Exeunt.) HELENA AND HERMIA You, mistress, all this coil is ’long of you. HERMIA Nay, go not back. HELENA I will not trust you, I, HELENA AND HERMIA ... Nor longer stay in your curst company. HERMIA Nay, go not back. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II DÉMÉTRIUS Non, monsieur, elle n’en fera pas, Bien que vous soyez de son côté. LYSANDRE Vous êtes trop empressé Pour celle qui dédaigne vos services. DÉMÉTRIUS Laissez-la tranquille. Ne parlez pas d’Héléna. LYSANDRE Maintenant suis-moi, si tu l’oses. DÉMÉTRIUS Je viens avec toi, joue contre joue. LYSANDRE & DÉMÉTRIUS ... Pour voir qui a le plus de droits, Ou toi, ou moi, sur Héléna. (Ils sortent.) HÉLÉNA & HERMIA Madame, vous êtes la cause de ce tohu-bohu. HERMIA Non, ne partez pas. HÉLÉNA Je ne vous fais pas confiance, je HÉLÉNA & HERMIA ... Ne resterai pas plus longtemps en votre maudite compagnie. HERMIA Non, ne partez pas. 113 BENJAMIN BRITTEN HELENA Your hands than mine are quicker for a fray, My legs are longer though to run away. Helena goes out, followed byHermia. Oberon comes forward in a rage, dragging Puck. OBERON This is thy negligence, still thou mistak’st, still, Or else commit’st thy knav’ries wilfully. PUCK Believe me, king of shadows, I mistook, (Oberon shakes him.) I mistook. Ah! 114 OBERON Thou see’st these lovers seek a place to fight: Hie therefore, Robin, overcast the night; And lead these testy rivals so astray, As one come not within another’s way. Till o’er their brows, death-counterfeiting sleep, Sleep with leaden legs and batty wings doth creep: Then crush this herb into Lysander’s eye, When they next wake, all this derision Shall seem a dream and fruitless vision. Haste, Robin, hast, make no delay: We may effect this business yet ere day. (He vanishes.) PUCK Up and down, up and down; I will lead them up and down: I am fear’d in field and town: LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II HÉLÉNA Vos mains sont plus rapides pour la bagarre, Mais mes jambes sont plus longues pour la fuite. Héléna sort, suivie par Hermia. Obéron s’avance, en colère, traînant Puck derrière lui. OBÉRON Voilà bien ta négligence, tu te trompes tout le temps Ou alors, tes friponneries, tu les fais exprès. PUCK Croyez-moi, roi des ombres, j’ai fait erreur, (Obéron le secoue.) J’ai fait erreur. Ah ! OBÉRON Tu vois que ces amants cherchent un endroit pour se battre : Donc dépêche-toi, Robin, assombris la nuit ; Et égare ces rivaux furieux si bien Que l’un ne rencontre jamais le chemin de l’autre. Jusqu’à ce que, sur leur front, le sommeil se glisse, Contrefaçon de la mort, avec ses pieds de plombs et ses ailes de chauve-souris : Puis écrase cette herbe sur les yeux de Lysandre, Quand il se réveillera, toute cette fantasmagorie Semblera rêve et vision stérile. Hâte-toi Robin, vite, ne tarde pas : Nous devons réaliser cette affaire avant le jour. (Il disparaît.) PUCK Par monts et par vaux, par monts et par vaux, Je vais les mener par monts et par vaux : On me craint dans les villes et dans les hameaux : 115 BENJAMIN BRITTEN Goblin, lead them up and down. Up and down, up and down, up and down. Here comes one. LYSANDER ( calling) Where art thou, proud Demetrius? Speak thou now. PUCK (imitating Demetrius) Here, villain! Drawn and ready. Where art thou? (In his own voice) Follow me, then to plainer ground. DEMETRIUS (calling) Lysander! Speak again. Thou runaway, thou coward, art thou fled? 116 PUCK (imitating Lysander) Art bragging to the stars, and wilt not come? DEMETRIUS Yea, art thou there? PUCK (in his own voice) Follow my voice, we’ll try no manhood here. (Exit.) Enter Lysander. LYSANDER He goes before me and still dares me on: PUCK (distant, in Demetrius’ voice) Lysander. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II Goblin, mène-les par monts et par vaux. Par monts et par vaux, par monts et par vaux. En voici un. LYSANDRE (appelant) Où es-tu, orgueilleux Démétrius ? Parle donc. PUCK (imitant Démétrius) Ici, scélérat ! L’épée au poing, prêt. Où es-tu ? (Avec sa propre voix) Suis-moi alors, sur un terrain plus plat. DÉMÉTRIUS (appelant) Lysandre ! Parle encore. Tu as fui, couard, tu t’es enfui ? PUCK (imitant Lysandre) Tu crânes devant les étoiles et tu ne viens pas ? DÉMÉTRIUS Si, es-tu là ? PUCK (avec sa propre voix) Suis ma voix, nous verrons si tu es un homme. (Il sort.) Entre Lysandre. LYSANDRE Il va devant moi et me défie encore : PUCK (au lointain, avec la voix de Démétrius) Lysandre. 117 BENJAMIN BRITTEN LYSANDER When I come where he calls, then he is gone. And I am fall’n in dark uneven way, And here will rest me. (He lies down.) Come, thou gentle day! For if but once thou show me thy grey light, I’ll find Demetrius, and revenge this spite. (He sleeps.) Enter Puck. PUCK (in his own voice) Ho! ho! Coward, why com’st thou not? DEMETRIUS (distant, calling) Abide me, if thou dar’st. Where art thou now? 118 Exit Puck. PUCK (distant, imitating Lysander) Come hither: I am here. Enter Demetrius. DEMETRIUS Nay, then, thou mock’st me. Thou shalt buy this dear, If ever I thy face by daylight see. Now, go thy way: Faintness constraineth me (He lies down.) To measure out my length on this cold bed. By day’s approach look to be visited. (He sleeps.) LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II LYSANDRE Quand j’arrive là où il appelle, il n’y est plus. Et me voilà tombé dans un chemin sombre et périlleux, Je vais me reposer ici. (Il s’allonge.) Viens gentil jour ! Car dès que tu m’auras montré ta grise lumière, Je trouverai Démétrius et vengerai cet affront. (Il s’endort.) Entre Puck. PUCK (avec sa propre voix) Ho ! Ho ! Couard, pourquoi ne viens-tu pas ? DÉMÉTRIUS (au lointain, appelant) Attends-moi si tu l’oses. Où es-tu maintenant ? 119 Sort Puck. PUCK (au lointain, imitant Lysandre) Viens ici : je suis là. Entre Démétrius. DÉMÉTRIUS Non, tu te moques de moi. Tu le paieras cher, Si jamais je vois ta figure à la lumière du jour. A présent, va ton chemin : La lassitude me contraint (Il s’allonge.) A mesurer de ma longueur ce lit glacé. Dès l’approche du jour, attends-toi à une visite. (Il s’endort.) BENJAMIN BRITTEN Enter Puck, followed by Helena. HELENA O weary night! O long and tedious night, Abate thy hours, shine comforts from the east! And sleep, that sometimes shuts up sorrow’s eye, Steal me awhile from mine own company. (She sleeps.) PUCK Yet but three? Come one more; Two of both kinds make up four. Here she comes, curst and sad: (Enter Hermia.) Cupid is a knavish lad, Thus to make poor females mad. 120 HERMIA Never so weary, never so in woe, Bedabbled with the dew and torn with briers, I can no further crawl, no further go; My legs can keep no pace with my desires. Here will I rest me till the break of day. Heaven shield Lysander if they mean a fray. (She sleeps.) The Fairies come invery stealthily. FAIRIES On the ground, Sleep sound: He’ll apply To your eye, Gentle lover, remedy. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II Entre Puck, suivi par Héléna. HÉLÉNA Ô nuit épuisante ! Ô nuit longue et lassante, Abrège tes heures. Brille, consolation se levant à l’est ! Et toi sommeil, qui parfois ferme l’œil du chagrin, Dérobe-moi à ma propre compagnie. (Elle s’endort.) PUCK Trois seulement ? Allons, une de plus. Deux de chaque espèce en font quatre. La voici, triste et affligée : (Entre Hermia.) Cupidon est un mauvais garçon De priver les pauvres femmes de leur raison. 121 HERMIA Jamais si accablée, jamais si malheureuse, Trempée par la rosée, déchirée par les ronces, Je ne puis plus me traîner, ni aller plus loin ; Mes jambes ne peuvent plus marcher au pas de mes désirs. Je vais reposer là, jusqu’au lever du jour. S’ils se battent, que le ciel protège Lysandre. (Elle s’endort.) Les Fées entrent à pas de loup. LES FÉES Sur le sol, Dors bien : Il va appliquer Sur tes yeux, Un remède, bel amoureux. BENJAMIN BRITTEN When thou wak’st, Thou tak’st True delight In the sight Of thy former lady’s eye: And the country proverb known, In your waking shall be shown: Jack shall have Jill; Nought shall go ill; The man shall have his mare again, And all shall be well, all shall be well, all shall be well, shall be well. (Exeunt.) Puck squeezes thejuice on Lysander’s eyes and goesout. 122 LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE II A ton réveil Tu prendras Un vrai plaisir A revoir Les yeux de ta première amante. Et le proverbe réputé A ton réveil sera montré : Jeannot aura sa Jeannette L’entente sera parfaite, Chacun retrouvera sa jument. Et tout ira bien, tout ira bien, tout ira bien, ira bien. (Elles sortent.) Puck presse le jus sur les yeux de Lysandre et sort. 123 ACT III 124 The wood – early next morning. Tytania with Bottom, and the four lovers lie asleep. Puck and Oberon appear. OBERON (observing Tytania) My gentle Robin; See’st thou this sweet sight? Her dotage now I do begin to pity. And now I have the boy, I will undo This hateful imperfection of her eyes: Be as thou wast wont to be; See as thou wast wont to see: Dian’s bud o’er Cupid’s flower Hath such force and blessed power. Be as thou wast wont to be. Now, my Tytania, Wake you, my sweet queen. Tytania wakes. ACTE III La forêt, à l’aube du matin suivant. Titania et Bottom, ainsi que les quatre amants sont endormis. Puck et Obéron apparaissent. OBÉRON (contemplant Titania) Mon bon Robin, Vois-tu ce doux spectacle ? Je commence à avoir pitié de sa folie. Et maintenant que j’ai le garçon, je vais défaire Ses yeux de cette détestable aberration : Sois comme tu étais, Vois comme tu voyais : Le blason de Diane sur la fleur de Cupidon A cette force et ce pouvoir sacré. Sois comme tu étais. A présent, ma Titania, Réveille-toi, ma douce reine. Titania se réveille. 125 BENJAMIN BRITTEN TYTANIA My Oberon! what visions have I seen! Methought I was enamour’d of an ass. OBERON There lies your love. TYTANIA How came these things to pass? O! how mine eyes do loathe his visage now! OBERON Silence awhile. Robin, take off this head. (Puck removes the ass’s head.) Tytania, music call; and strike more dead Than common sleep of all these five the sense. 126 TYTANIA Music, ho, (Enter some fairies.) Ho music... OBERON Sound music; TYTANIA ... Such as charmeth sleep! OBERON Come, my queen, take hands with me, (They dance.) And rock the ground whereon these sleepers be. Now thou and I are new in amity, And will this very midnight solemnly LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III TITANIA Mon Obéron ! quelles visions j’ai eues ! Il me semblait être amoureuse d’un âne ! OBÉRON Votre amour est couché là. TITANIA Comment ces choses sont-elles arrivées ? Oh, comme mes yeux détestent son visage à présent ! OBÉRON Silence un moment. Robin, enlève cette tête. (Puck ôte la tête d’âne.) Titania, appelez votre musique ; qu’elle frappe les sens De ces cinq mortels d’une mort plus profonde Que le simple sommeil. TITANIA Musique, holà, (Quelques Fées entrent.) Holà musique... OBÉRON Joue, musique ; TITANIA ... à ensorceler le sommeil ! OBÉRON Viens, ma reine, donne-moi la main, (Ils dansent.) Et berce le sol où sont couchés ces dormeurs. Maintenant, toi et moi, sommes neufs en amitié, Et ce soir à minuit, solennellement, triomphalement, 127 BENJAMIN BRITTEN Dance in Duke Theseus’house triumphantly, And bless it to all fair prosperity. There shall the pairs of faithful lovers be Wedded, with Theseus, all in jollity. PUCK Fairy King, attend, and mark, I do hear the morning lark. (He disappears.) Oberon, Tytania and the fairies disappear, stilldancing. DEMETRIUS (waking) Helena! LYSANDER (waking) Hermia! 128 HELENA (waking) Demetrius! HERMIA (waking) Lysander! LYSANDER Are you sure that we are awake? It seems to me That we yet sleep, we dream. HERMIA Methinks I see these things with parted eyes, When ev’rything seems double. DEMETRIUS These things seems small and undistinguishable, Like far off mountains turned into clouds. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III Nous danserons dans la maison du duc Thésée, Et nous le bénirons pour toute belle prospérité. Là, les deux couples d’amants fidèles seront Mariés, comme Thésée, tous dans la félicité. PUCK Roi des Fées, écoute, remarque bien J’entends chanter l’alouette du matin. (Il disparaît.) Obéron, Titania et les Fées disparaissent en dansant encore. DÉMÉTRIUS (s’éveillant) Héléna ! LYSANDRE (s’éveillant) Hermia ! 129 HÉLÉNA (s’éveillant) Démétrius ! HERMIA (s’éveillant) Lysandre ! LYSANDRE Vous êtes sûrs que nous sommes réveillés ? Il me semble Que nous dormons encore, que nous rêvons. HERMIA Je crois les voir avec des yeux qui louchent, Quand tout apparaît double. DÉMÉTRIUS Ces choses semblent minuscules et imperceptibles, Comme les montagnes lointaines se perdant dans les nuages. BENJAMIN BRITTEN HELENA So methinks; And I have found Demetrius like a jewel, Mine own, and not mine own ... Mine own, and not my own. DEMETRIUS And I have found fair Helen like a jewel, Mine own and not mine own ... Mine own, and not my own. 130 HERMIA And I have found Lysander like a jewel, Mine own and not mine own ... Mine own, and not my own. LYSANDER And I have found sweet Hermia like a jewel, Mine own, and not mine own ... Mine own, and not my own. ALL FOUR Why then we are awake; let’s go, (The lovers go out.) And by the way (All off stage) Let us recount our dreams, Let us recount our dreams. BOTTOM (slowly waking) When my cue comes, call me, and I will answer. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III HÉLÉNA Je le pense aussi ; Et j’ai trouvé Démétrius comme on trouve un bijou, Il est à moi et pas à moi ... Il est à moi et pas à moi. DÉMÉTRIUS Et j’ai trouvé la belle Hélène comme on trouve un bijou, Elle est à moi et pas à moi ... A moi et pas à moi. HERMIA Et j’ai trouvé Lysandre comme on trouve un bijou, Il est à moi et pas à moi ... A moi et pas à moi. LYSANDRE Et j’ai trouvé la douce Hermia comme on trouve un bijou, Elle est à moi et pas à moi ... A moi et pas à moi. TOUS LES QUATRE Puisque nous sommes éveillés, allons, (Les amants sortent.) Et en chemin (Hors scène) Nous nous raconterons nos rêves, Nous nous raconterons nos rêves. BOTTOM (se réveillant lentement) Quand ce sera mon tour, appelez-moi, je répondrai. 131 BENJAMIN BRITTEN 132 My next is, Most fair Pyramus, fair Pyramus, Heigh-ho, heigh-ho. Peter Quince? Flute the bellows-mender? Snout the tinker? Starveling? (He hunts around.) God’s my life! Stolen hence and left me asleep; I have had a dream, past the wit of man To say what dream it was. Methought I was, there is no man can tell what. Methought I was, and methought I had. But man is but an ass if he can offer to say What methought I had. The eye of man hath not heard, The ear of man hath not seen, Man’s hand is not able to taste, His tongue to conceive nor his heart to report, What my dream was, what my dream was, my dream! (Excited) I will get Peter Quince the carpenter To write a ballad of this dream, And it shall be called Bottom’s dream, Bottom’s dream because it hath no bottom; (Musing) And I will sing it in the latter end of the play, before the Duke. (Going) Peradventure to make it the more gracious, I shall sing it at her death. Enter Quince, Flute, Snout and Starveling, gloomily. QUINCE Have you sent to Bottom’s house? Is he come home yet? LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III Ma prochaine réplique est après Très beau Pyrame, beau Pyrame, Hé ho, hé ho. Pierre Quince ? Flute, raccommodeur de soufflets ? Snout, chaudronnier ? Starveling ? (Il scrute les alentours.) Bon Dieu ! Ils se sont sauvés et m’ont laissé endormi ; J’ai eu un songe, c’est au-delà de l’intelligence humaine De dire ce qu’était ce songe. Il me semblait que j’étais, personne ne saurait le dire. Il me semblait que j’étais, il me semblait que j’avais. Mais l’homme n’est qu’un âne s’il peut dire Ce qu’il me semblait que j’avais. L’œil de l’homme n’a jamais entendu, L’oreille de l’homme n’a jamais vu, La main de l’homme ne peut pas goûter Ni sa langue penser ni son cœur raconter Ce qu’était mon songe, ce qu’était mon songe ! (Excité) Je demanderai à Pierre Quince le charpentier D’écrire une ballade sur ce songe, Et on l’appellera le songe de Bottom, Le songe de Bottom parce, c’est un songe sans fond. (Songeur) Et je la chanterai à la fin de la pièce, devant le duc (Partant) Peut-être même, pour que ce soit plus émouvant, Je le chanterai après la mort. Quince, Flute, Snout et Starveling entrent tristement. QUINCE Avez-vous envoyé quelqu’un chez Bottom ? Est-il rentré à la maison ? 133 BENJAMIN BRITTEN STARVELING He cannot be heard of. Out of doubt he is transported. FLUTE If he come not, then the play is marr’d: It goes not forward, doth it? STARVELING It is not possible: you have not a man In all Athens able to discharge Pyramus but He. SNOUT No, He hath simply the best wit of any handicraft man in Athens. 134 QUINCE Yea, And the best person too. (Enter Snug.) SNUG Masters, the Duke is coming from the Temple. If our sport had gone forward, we had all been made men. FLUTE O sweet bully Bottom: thus hath he lost sixpence, Sixpence a day during his life; And the Duke had not given him sixpence a day For playing Pyramus, I’ll be hang’d. He would have deserved it. Sixpence a day Sixpence in Pyramus or nothing. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III STARVELING Aucune nouvelle. Il a sans doute été ravi. FLUTE S’il ne revient pas, alors la pièce est fichue. On ne pourra pas continuer, n’est-ce pas ? STARVELING Impossible : il n’y a pas un homme Dans tout Athènes pour jouer Pyrame, sauf Lui. SNOUT Non, Il est simplement le plus intelligent de tous les artisans à Athènes. 135 QUINCE Ouais, Et le meilleur aussi. Entre Snug. SNUG Messieurs, le Duc revient du temple. Si notre pièce avait marché, notre fortune était faite. FLUTE Ô cher bon Bottom : il a perdu ainsi six sous, Six sous par jour pendant toute sa vie ; Si le duc ne lui avait pas donné six sous par jour Pour jouer Pyrame, je veux bien être pendu. Il les aurait mérités. Six sous par jour Six sous par jour pour Pyrame ou rien. BENJAMIN BRITTEN SNOUT He could not have scaped it. QUINCE Sixpence. STARVELING He could not have Scaped it. Sixpence SNOUT Sixpence or nothing? QUINCE Sixpence a day. 136 SNUG He could not have scaped it. BOTTOM (off) Where are these lads? THE OTHERS Bottom, BOTTOM (nearer) Where are these hearts? THE OTHERS O most courageous day! BOTTOM (entering) Masters, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III SNOUT Il ne pouvait pas les manquer. QUINCE Six sous. STARVELING Il ne pouvait pas Les manquer. Six sous SNOUT Six sous ou rien ? QUINCE Six sous par jour. SNUG Il ne pouvait pas les manquer. BOTTOM (en coulisse) Où sont-ils ces gars-là ? LES AUTRES Bottom, BOTTOM (plus proche) Où sont-ils ces chers cœurs ? LES AUTRES Ô jour très valeureux ! BOTTOM (entrant) Messieurs, 137 BENJAMIN BRITTEN THE OTHERS Bottom! BOTTOM I am to discourse wonders; but ask me not what. THE OTHERS Let us hear, sweet Bottom. BOTTOM Not a word of me: all that I will tell you, Is that the Duke hath dined and our play is preferred. 138 THE OTHERS Our play is preferred, our play is preferred. Most dear actors, most dear actors, Get your apparel together, Good strings to your beards, New ribbons to your pumps; And ev’ry man look o’er his part. Let Thisby have clean linen; Let not the Lion pare his nails; Eat no onions, no garlic, no onions, That all may say: it is a sweet Comedy. BOTTOM No more words, no more words; THE OTHERS It is a sweet Comedy It is a sweet Comedy. BOTTOM To the palace, go away, away, Go, go away, go, go, go. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III LES AUTRES Bottom ! BOTTOM J’ai des merveilles à vous dire ; mais ne me demandez pas quoi. LES AUTRES Dites-nous, doux Bottom. BOTTOM Pas un mot : tout ce que je vous dirai, C’est que le duc a dîné et que notre pièce est choisie. LES AUTRES Notre pièce est choisie, notre pièce est choisie. Très chers acteurs, très chers acteurs, Rassemblez vos costumes, Bonnes ficelles à vos barbes, Rubans neuf à vos souliers ; Et que chacun repasse son rôle. Que Thisbé ait du linge propre ; Que le lion ne coupe pas ses ongles ; Ne mangez pas d’oignons, ni d’ail, pas d’oignons, Que tous puissent dire : c’est une douce comédie. BOTTOM Assez parlé, assez parlé ; LES AUTRES C’est une douce comédie C’est une douce comédie. BOTTOM Au palais, partons, partons, Allons, partons, allons, allons, allons. 139 BENJAMIN BRITTEN (He pushes them out.) They all leave excitedly. The lights go down on the wood. Orchestral march By now the lights are up in Theseus’ palace. Theseus and Hippolyta enter with their court. THESEUS Now fair Hippolyta, our nuptial hour Draws on apace: this happy day brings in Another moon: but, oh, methinks, how slow This old moon wanes; she lingers my desires, Like to a step-dame or a dowager Long withering out a young man’s revenewe. 140 HIPPOLYTA This day will quickly steep itself in night This night will quickly dream away the time: And then the Moon, like to a silver bow Now bent in heaven, shall behold the night Of our solemnities. THESEUS Hippolyta, I woo’d thee with my sword, And won thy love doing thee injuries: But I wed thee in another key, With pomp, with triumph and with revelling. Enter Helena, Hermia, Lysander and Demetrius. They kneel to Theseus. ALL FOUR Pardon, my Lord. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III (Il les pousse dehors.) Ils sortent tous avec excitation. La lumière s’éteint sur la fôret. Marche orchestrale Maintenant, les lumières illuminent le palais de Thésée. Thésée et Hippolyta entrent avec leur suite. THÉSÉE Belle Hippolyta, notre heure nuptiale Approche à grands pas ; ce jour heureux amène Une lune nouvelle : oh, mais que l’ancienne me semble Lente à décroître ; elle fait languir mes désirs Comme une marâtre ou une douairière Qui épuise lentement le revenu d’un jeune homme. 141 HIPPOLYTA Ce jour sera vite englouti dans la nuit Cette nuit se dissipera vite dans le rêve : Et alors la lune, comme un arc d’argent Nouvellement bandé dans le ciel contemplera la nuit De notre union solennelle. THÉSÉE Hippolyta, je t’ai courtisée avec mon épée, Et conquis ton amour en te faisant violence : Mais je t’épouse dans une autre tonalité, Dans la pompe, la joie et les plaisirs. Entrent Héléna, Hermia, Lysandre et Démétrius. Ils mettent genoux en terre devant Thésée. TOUS LES QUATRE Pardon, monseigneur. BENJAMIN BRITTEN THESEUS I pray you all stand up. (They rise.) I know you two were rival enemies. How comes this gentle concord in the world? LYSANDER My Lord, I shall reply amazedly; I went with Hermia thither: Our intent was to be gone from Athens, where we might, Without the peril of the Athenian law... DEMETRIUS My Lord, fair Helen told me of their stealth, And I in fury thither follow’d them; Fair Helena in fancy following me. But, my good Lord... 142 THESEUS Fair lovers, Of this discourse we more will hear anon. Hermia, I will o’erbear your father’s will; For in the temple, by and by with us, These couples shall eternally be knit. THESEUS AND HIPPOLYTA Joy gentle friends, Joy and fresh days of love, Accompany your hearts! The lovers embrace. THESEUS Come now; what masques, what dances shall we have, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III THÉSÉE Je vous en prie, relevez-vous. (Ils se relèvent.) Je sais que vous étiez tous deux rivaux et ennemis. D’où vient cette aimable concorde dans le monde ? LYSANDRE Monseigneur, je répondrai avec étonnement ; Je suis allé là-bas avec Hermia : Notre intention était de quitter Athènes, pour aller où, Hors du péril de la loi athénienne... DÉMÉTRIUS Monseigneur, la belle Hélène m’a raconté leur fuite, Et, furieux, je les ai suivis là-bas, Poursuivi par la belle Héléna amoureuse. Mais, mon bon seigneur... 143 THÉSÉE Beaux amants, Nous entendrons la suite de cette histoire plus tard. Hermia, j’irai au-delà de la volonté de votre père ; Car dans le temple, côte à côte avec nous, Ces couples seront liés pour l’éternité. THÉSÉE & HIPPOLYTA Joie, gentils amis Que la joie et les fraîches journées d’amour Accompagnent vos cœurs ! Les amants s’enlacent. THÉSÉE Voyons maintenant ; quels divertissements, quelles danses aurons-nous BENJAMIN BRITTEN To while away this long age of three hours, Between our after-supper and bed time? Enter Quince with play bill. He hands it to Hippolyta and bows. HIPPOLYTA (reading) A tedious brief scene of young Pyramus, And his love Thisby; very tragical mirth. DEMETRIUS Merry and tragical? Tedious and brief? LYSANDER That is, hot ice, and wondrous strange snow. 144 THESEUS What are they that do play it? HIPPOLYTA Hard-handed men That work in Athens here, Which never labour’d in their minds till now; THESEUS I will hear that play. (Exit Quince.) For never anything can be amiss, When simpleness and duty tender it. Take your places, Ladies. Enter the Prologue (all Rustics). Theseus, Hippolyta and the Court take their places. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III Pour user ce long siècle de trois heures, Entre l’après-souper et l’heure du lit ? Entre Quince, avec le programme de la pièce. Il le tend à Hippolyta et s’incline. HIPPOLYTA (lisant) Une fastidieuse et brève scène du jeune Pyrame Et de son amante Thisbé ; très tragique divertissement. DÉMÉTRIUS Joyeux et tragique ? Fastidieux et bref ? LYSANDRE C’est glace chaude et neige très étrange. THÉSÉE Quels sont ceux qui jouent la pièce ? HIPPOLYTA Des hommes aux mains calleuses Qui travaillent ici à Athènes, Qui n’ont jamais fait marcher leur esprit jusqu’ici ; THÉSÉE Je vais entendre cette pièce. (Quince sort.) Car rien ne peut jamais être manqué Quand la simplicité et la loyauté l’offrent. Prenez place, Mesdames. Le Prologue (tous les artisans) entre. Thésée, Hippolyta et la cour prennent place. 145 BENJAMIN BRITTEN RUSTICS If we offend, it is with our good will. That you should think, we come not to offend, But with good will. To show our simple skill, That is the true beginning of our end. Consider then, we come but in despite. We do not come, as minding to content you, Our true intent is. All for your delight, We are not here... That you should here repent you, The actors are at hand: and by their show, You shall know all, that you are like to know. 146 THESEUS This fellow Doth not stand upon points. HIPPOLYTA Their speech was like a tangled chain: Nothing impaired but all disordered. LYSANDER They have rid their Prologue like a rough colt: They know not the stop. DEMETRIUS Indeed they have played on their Prologue Like a child on a recorder. HELENA A sound but not in government. HERMIA It is not enough to speak but to speak true. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III LES ARTISANS Si nous vous offensons c’est notre intention. Que vous pensiez que nous ne venons pas vous offenser, Mais avec bonne intention. De montrer notre simple savoir-faire, Voilà le vrai commencement de notre fin. Considérez donc que nous venons à contrecœur. Nous ne venons pas avec l’idée de vous satisfaire, C’est notre intention véritable. Afin de vous charmer, Nous ne sommes pas ici... Pour vous donner des regrets, Les acteurs sont prêts et par leur pièce, Vous saurez tout ce que vous voulez savoir. THÉSÉE Ces garçons N’ont pas peur de la ponctuation. HIPPOLYTA Leur discours était comme une chaîne embrouillée : Rien n’y manque, tout y est en désordre. LYSANDRE Ils ont chevauché leur prologue comme un poulain sauvage : Ils ne savent pas comment s’arrêter. DÉMÉTRIUS En effet, ils joué leur prologue Comme un enfant du pipeau. HÉLÉNA Du son mais pas de mesure. HERMIA Il ne suffit pas de parler, il faut parler juste. 147 BENJAMIN BRITTEN PROLOGUE (QUINCE) Gentles, Gentles, THESEUS Who is next? 148 PROLOGUE Gentles, perchance you wonder at this show, But wonder on, till truth make all things plain. This man is Pyramus, if you would know; This beauteous lady Thisby is certain. This man, with lime and rough-cast, doth present Wall, That vile Wall which did these lovers sunder; This man, with lanthorn, dog, and bush of thorn, Presenteth Moonshine. This grisly beast is Lion hight by name. For all the rest, Let Lion, Moonshine, Wall, And Lovers twain At large discourse, While here they do remain, Remain, remain, remain, remain, (He pushes out the Rustics xcept e Wall.) Remain, remain, remain, remain... HELENA I wonder if the Lion be to speak. DEMETRIUS No wonder, fair Lady: One Lion may, when many asses do. WALL (SNOUT) In this same interlude, it doth befall That I, one Snout (by name) present a wall: LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III PROLOGUE (QUINCE) Altesses, altesses, THÉSÉE Qui vient après ? PROLOGUE Altesses, peut-être ce spectacle vous étonne Continuez à être étonnés jusqu’à ce que la vérité vienne tout expliquer. C’est homme est Pyrame, si vous voulez le savoir ; Cette belle dame est Thisbé, c’est certain. Cet homme, avec la chaux et le crépi, représente le Mur, Le méchant Mur qui séparait ces deux amants ; Cet homme, avec la lanterne, le chien et le fagot d’épines, Représente le Clair de lune. Cette affreuse bête a pour nom Lion. Pour tout le reste, Laissons Lion, Clair de lune, Mur Et les deux Amants Vous le dire, Dès qu’ils seront là, Seront là, seront là, seront là, seront là, (Il pousse dehors tous les artisans xcepté e le Mur.) Seront là, seront là, seront là, seront là... HÉLÉNA Je me demande si le Lion va parler. DÉMÉTRIUS Sans doute, belle dame : Un lion peut parler quand tant d’ânes le font. LE MUR (SNOUT) Dans ce même intermède, il arrive Que moi, dénommé Snout, je représente un mur : 149 BENJAMIN BRITTEN And such a wall, as I would have you think, That had in it a crannied hole or chink: (He holds up his fingers.) And this the cranny is, right and sinister, Through which the fearful Lovers are to whisper. HERMIA Would you desire lime and hair to sing better? LYSANDER It is the wittiest partition that ever I heard discourse. Enter Pyramus. THESEUS Pyramus draws near the Wall, silence. 150 PYRAMUS (BOTTOM) O grim-look’d night, O night with hue so black, O night, which ever art when day is not: O night, O night, alack, alack, alack, I fear my Thisby’s promise is forgot. And thou, O wall, O sweet, O lovely wall, That stand’st between her father’s ground and mine, Thou wall, O wall, O sweet and lovely wall, Show me thy chink to blink through with mine eyne! Thanks courteous wall, Jove shield thee well for this! But what see I? No Thisby do I see. O wicked wall, through whom I see no bliss, Curs’d be thy stones for thus deceiving me! THESEUS The wall methinks being sensible, should curse again. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III Et un mur, comme je vous prie de le croire, Qui est percé d’une crevasse ou d’une fente : (Il écarte ses doigts.) Et ceci est la fente, à dextre et à senestre, Par laquelle les amants craintifs vont chuchoter. HERMIA Voudriez-vous que chaux et cheveux chantent mieux que ça ? LYSANDRE C’est la cloison la plus fine que j’ai jamais entendue. Entre Pyrame. THÉSÉE Pyrame s’approche du mur, silence. PYRAME (BOTTOM) Ô nuit sinistre, Ô nuit au teint si noir, Ô nuit, qui y est toujours quand le jour n’y est pas : Ô nuit, Ô nuit, hélas, hélas, hélas, Je crains que ma Thisbé n’ait oublié sa promesse. Et toi, ô mur, ô doux, ô tendre mur, Qui te tiens entre les terres de son père et du mien, Toi, mur, ô mur, ô doux et tendre mur, Montre-moi ta fente pour que j’y regarde avec mon œil ! Merci gentil mur, que Jupiter te protège pour ça ! Mais que vois-je ? Je vois pas de Thisbé. Ô méchant mur, par qui je ne vois pas mon bonheur, Maudits soient tes cailloux de me décevoir ainsi ! THÉSÉE Il me semble que le mur, étant sensible, devrait répliquer. 151 BENJAMIN BRITTEN BOTTOM (to Theseus) No in truth, sir, he should not. “Deceiving me” is Thisby’s cue; Yonder she comes. Enter Thisby THISBY (FLUTE) Wall, full often hast thou heard my moans, For parting my fair Pyramus and me? My cherry lips have often kiss’d thy stones: Thy stones with lime and hair knit up in thee. PYRAMUS I see a voice: now will I to the chink, To spy an I can hear my Thisbe’s face. Thisby? 152 THISBY My Love thou art, my Love I think. PYRAMUS Think what thou wilt, I am thy Lover’s grace. THISBY My Love thou art, my Love I think. PYRAMUS Think what thou wilt, O, kiss me, Kiss me through the hole of this vile wall. O kiss me. THISBY My Love thou, my Love I, my Love thou, My Love I, my Love I, Love I, Love I... LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III BOTTOM (à Thésée) Non en vérité seigneur, il ne doit pas. « Me décevoir ainsi » appelle la réplique de Thisbé ; Elle va venir. Thisbé entre. THISBÉ (FLUTE) Mur, tu m’as souvent entendue gémir, De ce que tu séparais mon beau Pyrame et moi. Mes lèvres de cerise ont souvent baisé tes cailloux : Tes cailloux cimentés de chaux et de poils. PYRAME Je vois une voix : allons à la fente, Pour voir si je peux entendre le visage de ma Thisbé. Thisbé ? 153 THISBÉ C’est toi mon amour, mon amour je crois. PYRAME Crois ce que tu veux, je suis ton gracieux amant. THISBÉ C’est toi mon amour, mon amour je crois. PYRAME Pense ce que tu veux, Oh, baise-moi, Baise-moi par le trou de ce méchant mur Oh baise-moi. THISBÉ Toi mon amour, mon amour, toi mon amour, Mon amour je, mon amour je, mon amour je... BENJAMIN BRITTEN They kiss. THISBY I kiss the wall’s hole, not your lips at all. PYRAMUS Wilt thou at Ninny’s tomb meet me straightway? THISBY Tide life, tide death, (Exit Pyramus.) I come without, Tide life I come, I come without, I come without, Delay, delay. (Exit.) 154 WALL Thus have I, Wall, my part discharged so: And being done, thus Wall away doth go, Away, away, away, away, doth go. (Exit Wall.) HIPPOLYTA This is the silliest stuff that ever I heard. THESEUS The best in this kind are but shadows, And the worst are no worse, if imagination amend them. (Enter Lion and Moonshine.) Here come two noble beasts in, a man and a lion. LION (SNUG) You, ladies, you (whose gentle hearts do fear, The smallest monstrous mouse that creeps on floor) Should know that I, one Snug the joiner, am A Lion fell, nor else no Lion’s dam. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III Ils s’embrassent. THISBÉ Je ne baise que son trou, et non tes lèvres. PYRAME Veux-tu sur l’heure me retrouver au tombeau de Nini ? THISBÉ Vive ou morte, (Sort Pyrame.) J’y vais sans, vive j’y vais J’y vais sans, j’y vais sans, Délai, délai. (Il sort.) LE MUR Ainsi moi, le Mur, j’ai tenu mon rôle : Et cela fait, le Mur s’en va. S’en va, s’en va, s’en va, s’en va. (Il sort.) HIPPOLYTA Je n’ai jamais entendu tel tissu d’inepties. THÉSÉE Les meilleurs en l’espèce ne sont que des ombres, Et les pires ne sont pas mauvais quand l’imagination y supplée. (Entrent le Lion et le Clair de lune.) Voici venir deux nobles bêtes, un homme et un lion. LE LION (SNUG) Mesdames, vous – dont les tendres cœurs s’effrayent De la moindre monstrueuse petite souris qui court sur le sol – Sachez que moi, Snug le menuisier, je Ne suis pas un lion féroce, ni une lionne. 155 BENJAMIN BRITTEN HERMIA A very gentle beast and of a good conscience. DEMETRIUS The very best at a beast that ere I saw. THESEUS But let us listen to the moon. MOON (STARVELING) This lanthorn doth the hornéd Moon present. LYSANDER He should have worn the horns on his head. MOON I, myself the man i’ th’ Moon do seem to be. 156 DEMETRIUS The man should be put into the lanthorn. How is it else the man i’th’ Moon? MOON This lanthorn doth the horn... LYSANDER He dares not come there for the candle. THESEUS Proceed Moon. MOONSHINE All I have to tell you is that this lanthorn is the Moon; I, the man i’th’ moon; this thorn-bush, my thorn-bush; And this dog, my dog. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III HERMIA Une très gentille bête et une bonne âme. DÉMÉTRIUS La meilleure jamais vue chez une bête. THÉSÉE Mais écoutons la lune. LA LUNE (STARVELING) Cette lanterne représente la lune et ses cornes. LYSANDRE Il aurait dû porter les cornes sur sa tête. LA LUNE Moi, je suis l’homme qui semble être dans la lune. 157 DÉMÉTRIUS On devrait mettre l’homme dans la lanterne. Sinon, comment peut-il être l’homme dans la lune ? LA LUNE Cette lanterne représente le croissant... LYSANDRE Il n’ose pas y entrer à cause de la chandelle. THÉSÉE Continue Lune. LA LUNE Tout ce que j’ai à vous dire est que cette lanterne est la lune : Moi, l’homme dans la lune ; ce fagot d’épines mon fagot d’épines ; Et ce chien mon chien. BENJAMIN BRITTEN HIPPOLYTA I am weary of this Moon: would he would change. HELENA, HERMIA, LYSANDER, DEMETRIUS AND THESEUS But silence; here comes Thisby. (Enter Thisby.) THISBY This is old Ninny’s tomb. Where is my love? Where is my love? Where is my love? LION Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh... Lion chases Thisby out. She dropsher mantle. 158 DEMETRIUS Well roared, Lion. THESEUS Well run, Thisby. LYSANDER Well mous’d, lion. HERMIA Well run, Thisby. HIPPOLYTA Well shone, Moon. HELENA Truly the Moon shines with a good grace. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III HIPPOLYTA Je suis lasse de cette lune : si elle pouvait changer. HÉLÉNA, HERMIA, LYSANDRE, D ÉMÉTRIUS & THÉSÉE Mais silence ; voici venir Thisbé. (Thisbé rentre.) THISBÉ Voici la tombe du vieux Nini. Où est mon amour ? Où est mon amour ? Où est mon amour ? LION Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh... Le lion chasse Thisbé. Elle laisse tomber son manteau. DÉMÉTRIUS Bien rugi, Lion. THÉSÉE Bien couru, Thisbé. LYSANDRE Bien griffé, Lion. HERMIA Bien couru, Thisbé. HIPPOLYTA Bien brillé, Lune. HÉLÉNA Vraiment, la lune brille avec beaucoup de grâce. 159 BENJAMIN BRITTEN Enter Pyramus. PYRAMUS Sweet Moon, I thank thee for thy sunny beams, I thank thee, Moon, for shining now so bright; But stay; O spite! but mark, poor Knight, What dreadful dole is here? Eyes, do you see? How can it be! Dainty duck: O dear! Thy mantle good; what, stain’d with blood! Approach, ye Furies fell! O Fates! come, come, cut thread and thrum, Quail, crush, conclude, and quell! HIPPOLYTA Beshrew my heart, but I pity the man. 160 PYRAMUS O wherefore Nature didst thou Lions frame? Since Lion vile hath here deflower’d my dear: Which is: no, no, which was the fairest Dame. Come, tears, confound; out, sword, and wound The pap of Pyramus: (He stabs himself.) Thus die I, thus, thus, thus, thus, thus. (Pyramus dies.) (Raising himself:) Now am I dead, Now am I fled, My soul is in the sky, Tongue, lose thy light! Moon take thy flight! Now die, die, die, die, die. Exit Moon. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III Entre Pyrame. PYRAME Douce Lune, je te remercie pour tes rayons solaires, Je te remercie, Lune, de briller si brillamment ; Mais attends ; ô douleur, mais regarde, pauvre chevalier, Quelle affreuse douleur que voici ? Mes yeux, voyez-vous ? Comment cela peut-il être ! Gentil canard : Ô chérie ! Ton beau manteau ; quoi, tâché de sang ! Venez, féroces Furies ! Ô Parques ! venez, venez, coupez le fil et la filasse, Tremblez, écrasez, achevez et étouffez ! HIPPOLYTA Maudit soit mon cœur, mais j’ai pitié de cette homme. PYRAME Ô Nature, pourquoi créas-tu des lions ? Puisqu’un méchant lion a défloré mon adorée : Qui est, non, non, qui était la plus belle dame. Venez, pleurs, anéantissez ; viens mon épée et perce Le téton de Pyrame : (Il se transperce.) Ainsi je meurs, ainsi, ainsi, ainsi, ainsi. (Pyrame meurt.) (Se relevant :) Maintenant je suis mort, Maintenant je suis parti, Mon âme est au ciel, Ma langue, perds ta lumière ! Lune, prends la fuite ! Maintenant meurs, meurs, meurs, meurs. La Lune sort. 161 BENJAMIN BRITTEN DEMETRIUS With the help of a surgeon, he might yet recover, and prove an ass. THESEUS Here Thisby comes, and her passion ends the play. HIPPOLYTA I hope she will be brief. Enter Thisby. 162 THISBY Asleep, my Love? What, dead, my dove? O Pyramus, arise. Speak, speak. Quite dumb? Speak, speak. Quite dumb? Dead, dead? A tomb Must cover thy sweet eyes. These lily lips, this cherry nose, These yellow cowslip cheeks, Are gone, are gone: lovers make moan: His eyes were green as leeks. Tongue, not a word: Come, trusty sword. Come blade, my breast imbrue: And farewell friends; (She prepares to stab herself.) Thus Thisby ends: (She stabs herself.) Adieu, adieu, adieu. THESEUS Moonshine and Lion are left to bury the dead. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III DÉMÉTRIUS Avec l’aide d’un chirurgien, il se peut qu’il guérisse et continue à faire l’âne. THÉSÉE Voici venir Thisbé et sa douleur achève la pièce. HIPPOLYTA J’espère qu’elle sera brève. Thisbé rentre. THISBÉ Endormi, mon amour ? Quoi, mort ma colombe ? Ô Pyrame, lève-toi ? Parle, parle. Tout à fait muet ? Parle, parle. Tout à fait muet ? Mort, mort ? Une tombe Va couvrir tes jolis yeux. Ces lèvres de lis, ce nez de cerise, Ces joues de jaune primevère, Ne sont plus, ne sont plus : gémissez amants : Ses yeux étaient verts comme des poireaux. Ma langue, pas un mot : Viens, fidèle épée, Viens lame et rougis mon sein : Et adieu, amis ; (Elle s’apprête à se transpercer.) Ainsi finit Thisbé : (Elle se transperce.) Adieu, adieu, adieu. THÉSÉE Le Clair de Lune et le Lion restent pour enterrer les morts. 163 BENJAMIN BRITTEN LYSANDER Ay, and Wall too. BOTTOM (from the ground) No, I assure you, the wall is down that parted their fathers. (Bottom and Flute get up.) Will it please you to see the Epilogue, Or to hear a Bergomask dance? THESEUS No Epilogue, I pray you; For your play needs no excuse. Come, your Bergomask: 164 The other rustics come in andarrange themselves for the dance. They dance. Midnight sounds. The rustics stop dancing, bow deeply to the Duke, Hippolyta and the court,and leave. The others rise. THESEUS The iron tongue of midnight hath told twelve. Lovers to bed, ’tis almost fairy time. I fear we shall out-sleep the coming morn As much as we this night have overwatch’d. Sweet friends to bed. HIPPOLYTA Sweet friends to bed. HELENA, HERMIA, LYSANDER AND DEMETRIUS Sweet friends To bed. HIPPOLYTA AND THESEUS To bed. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III LYSANDRE Oui, et le Mur aussi. BOTTOM (allongé sur le sol) Non, je vous assure, le mur est tombé, qui séparait leurs pères. (Bottom et Flute se relèvent.) Vous plairait-il de voir la moralité, Où d’entendre une danse bergamasque ? THÉSÉE Pas de moralité, je vous prie ; Car votre pièce n’a pas besoin d’excuse. Allez, votre bergamasque : Les autres artisans entrent et se disposent pour la danse. Ils dansent. Minuit sonne. Les artisans arrêtent de danser , s’inclinent profondément devant le duc, Hippolyta et la cour, et sortent Les autres se lèvent. THÉSÉE La langue de fer de minuit a prononcé douze. Amants, au lit, c’est presque l’heure des fées. Je crains que nous dormions au-delà du matin qui vient Tant nous avons veillé cette nuit. Doux amis, au lit. HIPPOLYTA Doux amis, au lit. HÉLÉNA, HERMIA, LYSANDRE & DÉMÉTRIUS Doux amis, Au lit. HIPPOLYTA & THÉSÉE Au lit. 165 BENJAMIN BRITTEN Enter Cobweb, Mustardseed,Peaseblossom and Moth. COBWEB AND MUSTARDSEED Now, now the hungry lion roars, And the wolf behowls the Moon: Whilst the heavy ploughman snores, All with weary task fordone. PEASEBLOSSOM AND MOTH Now, now the wasted brands do glow, Whilst the screech-owl screeching loud, Puts the wretch that lies in woe In remembrance of a shroud. 166 COBWEB AND MUSTARDSEED Now it is the time of night That the graves, all gaping wide, Ev’ry one lets forth his sprite. In the church-way paths to glide. THE FOUR FAIRIES And we Fairies, that do run By the triple Hecate’s team, From the presence of the Sun, Following darkness like a dream, Now are frolic; Now, not a mouse, not a mouse... COBWEB AND MUSTARDSEED ... Shall disturb this hallow’d house. PEASEBLOSSOM AND MOTH ... Shall disturb this hallow’d house. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III Entrent Toile d’araignée, Graine de moutarde, Fleur des pois et Phalène. TOILE D’ARAIGNÉE & GRAINE DE MOUTARDE Maintenant, maintenant le lion affamé rugit, Et le loup hurle à la lune : Tandis que ronfle le lourd laboureur, Epuisé par sa tache accablante. FLEUR DES POIS & PHALÈNE Maintenant, maintenant, les braises rougeoient Tandis que le chat-huant au cri perçant Rappelle à l’infortuné dans le malheur Le souvenir du linceul. TOILE D’ARAIGNÉE & GRAINE DE MOUTARDE Maintenant c’est l’heure de la nuit Où les tombes s’ouvrent toutes en grand Laissant chacune les esprits Se glisser sur les sentiers de l’église. LES QUATRE FÉES Et nous les Fées, qui courons Près du char de la triple Hécate, Fuyant la présence du Soleil, Suivant l’ombre comme un rêve, Nous voici en liesse ; A présent, nulle souris, nulle souris... TOILE D’ARAIGNÉE & GRAINE DE MOUTARDE ... Ne troublera cette maison bénie. FLEUR DES POIS & PHALÈNE ... Ne troublera cette maison bénie. 167 BENJAMIN BRITTEN THE FOUR FAIRIES This hallow’d house, this hallow’d house. PUCK (from above) I am sent with broom before, To sweep the dust behind the door. Puck arrives with a broom and chases the fairies. Oberon and Tytania and the other fairies appear. OBERON Through the house give glimm’ring light, Ev’ry elf and fairy sprite, Sing this ditty after me, Sing and dance it trippingly. 168 TYTANIA First, rehearse your song by rote To each word a warbling note. OBERON AND TYTANIA Hand in hand, with fairy grace, Will we sing, and bless this place. OBERON, T YTANIA AND FAIRIES Now, until the break of day, Through this house each Fairy stray. To the best bride-bed will we, Which by us shall blessed be; And the issue there create Ever shall be fortunate. So shall all the couples three, Ever true in loving be. With this field-dew consecrate, Ev’ry Fairy take his gait, LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III LES QUATRE FÉES Cette maison bénie, cette maison bénie. PUCK (d’en haut) En avant-garde, je suis envoyé avec un balai, Pour chasser la poussière derrière la porte du palais. Puck arrive avec un balai et chasse les Fées. Obéron et Titania et les autres Fées apparaissent. OBÉRON A toute la maison donnez la lumière fragile et belle, Que chaque elfe et que chaque fée, Chante après moi cette ritournelle, La chante et la danse d’un pas léger. TITANIA D’abord, répétez votre chant par cœur A chaque mot sa résonance. OBÉRON & TITANIA Main dans la main, avec la grâce des fées, Nous chanterons et bénirons ce palais. OBÉRON, TITANIA & LES FÉES Maintenant, jusqu’au point du jour, Que chaque fée erre à travers cette maison. Nous irons au plus beau lit nuptial Que nous bénirons. Et la lignée engendrée là Sera heureuse, pour l’éternité. Ainsi ces trois couples toujours Seront fidèles à leur amour. Avec la rosée sacrée des prés, Fée, en marche, 169 BENJAMIN BRITTEN And each sev’ral chamber bless, Through this Palace, with sweet peace, Ever shall in safety rest, And the owner of it blest. OBERON Trip away, make no stay; Meet me all by break of day. Exeunt all but Puck. 170 PUCK If we shadows have offended, Think but this (and all is mended) That you have but slumber’d here While these visions did appear. Gentles, do not reprehend. If you pardon, we will mend; Else the Puck a liar call. So, good night unto you all. Give me your hands, if we be friends, And Robin shall restore amends. He claps his hands. LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ACTE III Et bénissez les chambres du palais D’une douce paix, Dans une tranquillité infinie, Que son maître soit béni. OBÉRON Envolez-vous, ne tardez pas ; Au point du jour retrouvez-moi. Tous sortent sauf Puck. PUCK Si nous avons déplu, ombres que nous sommes, Pensez seulement – et tout sera arrangé – Que vous n’avez fait que sommeiller ici Pendant que ces visions vous apparaissaient. Gentils spectateurs, pas de reproches. Si vous nous pardonnez, nous ferons mieux ; Sinon, tenez le Puck pour un menteur. Sur ce, bonne nuit à tous. Donnez-moi vos mains si nous sommes amis, Et Robin sera bien plus gentil. Il applaudit. 171 CAHIER de LECTURES William Shakespeare Titania et Obéron, la querelle Hermia & Démétrius, la loi contre les amants Jan Kott Bestiaire du désir William Shakespeare Programme des divertissements... Peter Brook Les artisans Jan Kott Puck — Benjamin Britten L’original de Shakespeare survivra William Shakespeare L’amour-en-attente Jacques Lonchampt Une rosée lumineuse William Shakespeare Les ruses d’une puissante imagination WILLIAM SHAKESPEARE TITANIA & OBÉRON, LA QUERELLE OBÉRON Mauvaise rencontre au clair de lune, fière Titania TITANIA Quoi, jaloux Obéron. Mes fées, envolons-nous d’ici. J’ai abjuré son lit et sa compagnie. OBÉRON Arrête, lascive libertine. Ne suis-je pas ton seigneur ? TITANIA Alors je devrais être ta dame, mais je n’oublie pas Que tu t’es enfui du pays des fées, Pour passer des jours entiers sous la forme du berger Corin, Jouant sur des pipeaux d’avoine et faisant des vers d’amour A la tendre Philida. Pourquoi es-tu ici, Revenu des lointaines steppes de l’Inde, 175 WILLIAM SHAKESPEARE Si ce n’est que cette Amazone bondissante, Votre maîtresse bottée, votre amante guerrière Doit épouser Thésée, et que vous venez pour Apporter à leur lit joie et prospérité. OBÉRON As-tu le front Titania de me reprocher Mon crédit auprès d’Hippolyta Sachant que je sais ton amour pour Thésée ? Ne l’as-tu pas, à la faveur de la nuit, emmené Des bras de Périgénie qu’il avait ravie ? Ne lui as-tu pas fait rompre sa foi envers la belle Eglé, Envers Ariane et Antiope ? TITANIA Ce sont les inventions de ta jalousie : Et jamais, depuis l’éclosion de la mi-été, Nous ne pouvons nous réunir sur la colline, dans la vallée, la forêt ou les champs, Près d’une source caillouteuse ou d’un ruisseau bordé de joncs Ou sur les plages sablonneuses qui longent la mer, Pour danser nos rondes au sifflement des vents, Sans que tu ne viennes troubler nos plaisirs par tes envies de colère. Et c’est pourquoi les vents, lassés de nous jouer leur musique, Se sont vengés en aspirant sur la terre Des brouillards contagieux ; qui, retombant sur la terre, Ont gonflé d’orgueil les plus chétives rivières A tel point qu’elles ont débordé de leurs digues. Le bœuf a donc traîné son joug en vain, Le laboureur a gaspillé sa sueur, et le blé vert A pourri dans sa jeunesse imberbe. La bergerie reste vide dans le champ noyé Et les corbeaux se sont engraissés du troupeau mort. Le jeu de marelle est recouvert de boue, 176 TITANIA & OBÉRON, LA QUERELLE Et le labyrinthe délaissé sur le gazon touffu N’est plus reconnaissable car nul pied ne le foule. Les mortels humains sont privés de leurs fêtes d’hiver : Il n’y a plus d’hymnes, plus de noëls, pour bénir la nuit. Et c’est pourquoi la lune, souveraine des eaux, Pâle de colère, a noyé l’atmosphère, Si bien que les pleurésies abondent. Et au milieu de ce désordre, nous voyons les saisons Se défigurer : le givre au front hérissé S’accroche au sein de la rose cramoisie, Et sur le crâne chauve et glacé du vieil hiver Se pose, comme par dérision, un odorant chapelet De bourgeons d’été. Le printemps, l’été, L’automne fécond, l’hiver furieux, échangent Leurs livrées coutumières ; et le monde stupéfait Ne sait plus les distinguer l’un de l’autre. Et cette engeance de malheur vient De notre querelle, de notre discorde. Nous en sommes les parents et les auteurs. OBÉRON A vous d’y remédier alors. C’est en vous. Pourquoi Titania voudrait-elle contrarier son Obéron ? Je ne demande qu’un petit garçon Pour en faire mon page. TITANIA Calmez votre cœur. Je ne vendrai pas cet enfant pour tout l’empire des fées. Sa mère était une des fidèles de mon ordre. Que de fois, la nuit, dans l’air épicé de l’Inde, Nous avons bavardé ensemble. Assises côte à côte sur les sables jaunes de Neptune, Nous regardions les navires marchands glisser sur la mer, Riant de voir leurs voiles s’engrosser 179 WILLIAM SHAKESPEARE Sous les caresses lascives du vent. Et elle, le ventre déjà lourd de mon jeune écuyer, Les singeait de sa jolie marche ondulante, Et naviguait sur la terre Pour me chercher des cadeaux, puis s’en revenait Comme après un long voyage, riche de marchandise. Mais elle était mortelle, et de cet enfant elle est morte. Et pour l’amour d’elle j’élève son petit garçon. Et pour l’amour d’elle je refuse de m’en séparer. Le Songe d’une nuit d’été. Acte II, scène 1 Traduction : Stuart Seide © Editions Théâtre national de Chaillot, 1982 WILLIAM SHAKESPEARE HERMIA & DÉMÉTRIUS LA LOI CONTRE LES AMANTS EGÉE (au duc Thésée) Insulté et meurtri, je viens porter plainte Contre mon enfant, ma fille Hermia. Avancez Démétrius. Mon noble seigneur, Cet homme a mon consentement pour l’épouser. Avancez Lysandre. Et celui-ci, mon gracieux duc, A ensorcelé le cœur de mon enfant. Toi, toi Lysandre, tu lui as envoyé des poèmes Et tu as échangé des gages d’amour avec mon enfant. Au clair de lune, sous sa fenêtre, tu as chanté D’une voix mensongère des vers d’amour menteurs. Tu es emparé de son imagination Avec des bracelets de cheveux, des bagues, des babioles, des bijoux chétifs Des breloques, des bouquets, des bonbons ; tout ce qu’il faut Pour saper la résistance de la tendre jeunesse. 179 WILLIAM SHAKESPEARE Par la ruse tu as dérobé le cœur de ma fille Et tu as changé l’obéissance qu’elle me doit En révolte têtue. Ainsi, mon gracieux duc, Si elle refuse ici, devant Votre Grâce, De consentir à épouser Démétrius, Je fais appel à l’ancien privilège d’Athènes : Comme elle est à moi, je puis disposer d’elle. Je la donnerai soit à ce gentilhomme, Soit à la mort, En vertu de notre loi Qui a formellement prévu ce cas. Le Songe d’une nuit d’été. Acte I, scène 1 Traduction : Stuart Seide © Editions Théâtre national de Chaillot,1982 JAN KOTT BESTIAIRE DU DÉSIR Le Songe d’une nuit d’été, ou du moins ce qui pour nous y semble le plus contemporain et le plus révélateur, est le passage par la bestialité. Tel est le thème principal qui unit les trois intrigues indépendantes que Shakespeare mène parallèlement. Cet érotisme animal, Titania et Bottom le vivront au sens le plus littéral, visuel même. Mais le quatuor enamouré des amants pénètre également dans la zone sombre de l’érotisme animal : HÉLÉNA Je suis votre épagneul, Démétrius, Plus vous me battez, plus je rampe à vos pieds, Traitez-moi comme votre épagneul, repoussez-moi, battez-moi, Les lévriers, tenus bride serrée, prêts à s’élancer sur les traces du gibier, ou encore flagornant leur maître, figurent souvent sur les tapisseries des Flandres représentant des scènes de chasse. C’était la façon de décorer les murs des palais des rois et des princes. Mais ici, c’est la jeune fille qui se qualifie de lévrier se roulant aux pieds de son maître. La métaphore est brutale, presque masochiste. 181 JAN KOTT Il serait bon, du reste, d’examiner de près tout le bestiaire auquel Shakespeare fait appel dans cette pièce. [...] Vous, serpents mouchetés à la langue fourchue, Hérissons épineux ne vous montrez pas, Tritons et orvets, ne vous égarez pas, N’approchez pas de notre reine des fées, Pour dormir, Titania s’installe au milieu de roses sauvages, de clématites, de violettes et de marguerites. Mais la berceuse que lui chantent ses compagnes avant qu’elle s’endorme semble plutôt effrayante et n’annonce pas de rêves particulièrement suaves : après les serpents, les hérissons, les tritons et les orvets, sont cités, tour à tour, les araignées venimeuses à longues pattes, les scarabées et les limaces. Le bestiaire du Songe n’est pas laissé au hasard. La peau de vipère séchée, les araignées écrasées et réduites en poudre, les cartilages de chauve-souris se retrouvent dans toutes les pharmacopées du Moyen Age et de la Renaissance à titre de remèdes contre l’impuissance sexuelle et les diverses maladies de femme. Tous ces animaux sont gluants, visqueux ou velus, d’un contact répugnant. Ils provoquent presque toujours un dégoût immédiat. Dégoût que les manuels de psychanalyse définissent comme étant une névrose d’origine sexuelle. Les serpents, les escargots, les chauves-souris et les araignées figurent également dans le bestiaire favori de la clef des songes freudienne. C’est un rêve de ce genre qu’Obéron demande à Puck d’envoyer aux amants : Jusqu’à ce que, sur leur front, le sommeil se glisse, Contrefaçon de la mort, avec ses pieds de plombs et ses ailes de chauve-souris. * * * 182 BESTIAIRE DU DÉSIR Ce que tu verras en t’éveillant, Qu’il devienne ton vrai amant ; Aime-le, désire-le. Qu’il soit lynx, chat, ours, Léopard, sanglier au poil hérissé, Ce que ton œil à ton réveil verra, Tu l’aimeras, le chériras. Obéron prédit nettement que la punition de Titania sera de coucher avec une bête. [...] Bottom, en définitive, est transformé en âne. Mais dans le cauchemar de cette nuit d’été, l’âne n’est nullement symbole de la bêtise. Depuis l’antiquité jusqu’à la Renaissance, on a toujours attribué à l’âne une exceptionnelle vigueur sexuelle et on lui a prêté le plus gros et le plus long phallus de tous les quadrupèdes. [...] La frêle, la sensible, la lyrique Titania désire un amour bestial. Puck et Obéron ont qualifié Bottom métamorphosé de monstre. C’est ce monstre que la fragile et douce Titania attire, presque de force, presque par violence, sur sa couche. C’était l’amant qu’elle voulait. Elle en avait rêvé. Mais jamais auparavant, même en son for intérieur, elle n’avait jamais voulu le reconnaître. Le rêve la libère des interdits. L’âne monstrueux est violé par la poétique Titania qui ne cesse de babiller à propos de fleurs. [...] Titania, de tous les personnages de la pièce, est celui qui pénètre le plus loin dans la sphère sombre du sexe où il n’y a plus beauté ni laideur, mais seulement fascination et libération. Extrait de Shakespeare, notre contemporain Traduit du polonais par Anna Posner © Payot, 1978 WILLIAM SHAKESPEARE PROGRAMME DES DIVERTISSEMENTS POUR LES NOCES D’HIPPOLYTA & DE THÉSEE PHILOSTRATE Voici le programme des divertissements qui sont à point. Choisissez celui que Votre Altesse voudra voir d’abord. THÉSÉE « La Bataille des Centaures, chantée sur la harpe par un eunuque athénien. » Nous ne voulons pas de ça. Je l’ai déjà racontée à ma bien-aimée Pour la gloire de mon cousin Hercule. « L’émeute des Bacchantes ivres Déchirant dans leur rage le chantre de Thrace. » C’est un vieux sujet ; je l’ai vu jouer La dernière fois quand je revins victorieux de Thèbes. « Les trois fois trois muses, se lamentant sur la mort 184 PROGRAMME DES DIVERTISSEMENTS Du Savoir, récemment décédé dans la misère. » Sans doute quelque satire mordante et critique Qui ne convient pas à une cérémonie nuptiale. « La courte et fastidieuse histoire de Pyrame et Thisbé ; Une comédie très tragique. » Comique et tragique ? Fastidieuse et courte ? Autant dire de la glace chaude ou de la neige noire. Comment trouverons-nous l’accord de ce désaccord ? PHILOSTRATE C’est une pièce, monseigneur, longue d’une dizaine de mots : Je n’en connais pas de plus courte. Pourtant, monseigneur, elle est de dix mots trop longue ; Ce qui la rend fastidieuse, car dans toute la pièce Il n’y a pas un mot juste, ni un acteur dans son rôle. Et pourtant elle est tragique, mon noble seigneur, Puisque Pyrame s’y donne la mort : Ce qui, à la répétition, je dois l’avouer, M’a fait venir les larmes aux yeux ; mais le plus bruyant accès de rire N’a jamais fait couler autant de larmes de joie. [...] THÉSÉE Nous allons l’entendre PHILOSTRATE Non, mon noble seigneur, Elle n’est pas pour vous. Je l’ai entendue d’un bout à l’autre Et elle ne vaut rien, rien du tout. A moins que vous ne preniez du plaisir dans leurs intentions Qui sont tendues à l’extrême et exécutées avec un acharnement cruel, Pour vous plaire. 185 WILLIAM SHAKESPEARE [...] HIPPOLYTA Je n’aime pas voir l’impuissance accablée Ni le respect succomber dans ses effort pour plaire. THÉSÉE Mais, cher amour, vous ne verrez rien de tel. HIPPOLYTA Il dit qu’ils n’y connaissent rien. THÉSEE Nous n’en n’aurons que meilleure grâce à les remercier de ce rien. Notre plaisir sera de bien prendre ce qu’ils auront pris de travers ; Et là où le pauvre labeur échoue, une noble bienveillance Doit considérer l’effort et la réussite. Le Songe d’une nuit d’été. Acte V, scène 1 Traduction : Stuart Seide © Editions Théâtre national de Chaillot, 1982 PETER BROOK LES ARTISANS Nous voyons avec quel art Shakespeare a tout situé. L’Athènes du Songe ressemble à notre Athènes des années soixante : les ouvriers, comme ils le disent dans la première scène, ont très peur des autorités. S’ils commettent la moindre erreur, ils seront pendus, et cela n’a rien de comique. Ils risquent la pendaison dès qu’ils abandonnent l’anonymat. En même temps, ils sont irrésistiblement attirés par la carotte des « six sous par jours » qui leur permettront d’échapper à la pauvreté. Toutefois, leur véritable motivation n’est pas la gloire, ni l’aventure, ni l’argent. Ces hommes simples qui ont toujours travaillé de leurs mains, éprouvent dans l’usage qu’ils font de leur imagination, exactement la même qualité d’amour que celle qui habituellement sous-tend la relation entre un artisan et ses outils. C’est ce qui donne à ces scènes à la fois leur force et leur aspect comique. Ces artisans font des efforts, grotesques en un sens, car ils poussent la gaucherie à l’extrême, mais à un autre niveau ils se mettent à leur tâche avec tant d’amour que le sens de leurs efforts maladroits se transforme sous nos yeux. [...] Peu à peu, nous en venons à réaliser que les artisans, qui agissent sans bien comprendre, mais qui se mettent à leur nouveau travail avec amour, sont en train de découvrir le théâtre – un monde imaginaire pour eux qu’ils respectent énormément, instinctivement. Extrait de Points de suspension. 44 ans d’exploration théâtrale. 1946-1990 Traduction de l’anglais par Jean-Claude Carrière et Sophie Reboud © Le Seuil, 1992 187 JAN KOTT PUCK Les philologues ont depuis longtemps déjà découvert l’origine diabolique de Puck. C’était tout simplement l’un des noms du diable, dont on se servait – comme du loup-garou ou des incubes – pour effrayer femmes et enfants. [...] Puck est le diable et il lui est, à lui aussi, facile de se multiplier. Puck est rapide comme la pensée : Je puis faire une ceinture autour de la terre en quarante minutes. (Acte II, scène 1) Shakespeare ne s’est pas trompé de beaucoup : le premier spoutnik soviétique a fait le tour de la terre en quarante-sept minutes. Pour Puck, le temps et l’espace n’existent pas. Puck est un illusionniste et un prestidigitateur, tel un Arlequin de la commedia dell’arte. Extrait de Shakespeare, notre contemporain Traduit du polonais par Anna Posner © Payot, 1978 188 BENJAMIN BRITTEN L’original de Shakespeare survivra Il fut décidé en août dernier que j’écrirais l’opéra inaugurant la reconstruction du Jubilee Hall lors du prochain festival d’Aldeburgh. Décision relativement subite qui me fit opter pour un livret déjà existant, le délai étant trop court pour en rédiger un. Très souvent, les jeunes compositeurs m’écrivent pour me demander comment utiliser leurs talents : je leur conseille toujours de saisir les occasions qui se présentent. Ce fut le cas avec mon nouvel opéra, bon exemple de l’influence des circonstances sur le choix personnel. Ils se révèle que, plus je vieillis, plus mes préférences vont aux ouvrages d’auteurs soit très jeunes, soit très âgés. De fait, j’ai toujours beaucoup aimé Le Songe d’une nuit d’été, et l’ai toujours appréhendé comme l’œuvre d’un homme très jeune – peu importe quel âge avait effectivement Shakespeare en l’écrivant. Au plan du théâtre d’opéra, la présence de trois groupes de personnages – les amoureux, les artisans, les fées – bien distincts mais néanmoins interactifs, rend Le Songe particulièrement stimulant. Cela m’a poussé à varier les textures et les couleurs instrumentales (harpes et percussions accompagnent par exemple les fées) ; la formation orchestrale réduite ne permet cependant pas de créer des entités totalement distinctes. 189 BENJAMIN BRITTEN J’ai toujours jugé périlleux d’aborder le travail musical d’un opéra avant que le texte n’en soit peu ou prou fixé. Le compositeur doit discuter avec l’éventuel librettiste pour qu’ensemble ils décident de la forme à donner au sujet, de la manière de le traiter. [...] Dans le cas du Songe, transformer la pièce en livret signifiait pour l’essentiel simplifier et abréger une histoire particulièrement complexe (chanter un texte est toujours plus long que le parler et Le Songe intégral aurait eu la durée de La Tétralogie de Wagner). Avec l’espoir de n’en pas perdre trop au passage. De fait, les rapports internes et l’équilibre des proportions ont été une source permanente de problèmes pour Peter Pears et moi. Nous nous en sommes tenus rigoureusement au texte de Shakespeare – seule addition : Compelling thee to marry with Demetrius/ [T’obligeant à épouser Démétrius], adressé par Lysandre à Hermia à l’acte 1 – travaillant à partir de plusieurs éditions (principalement les reproductions en fac-similé des premiers in-folio et inquarto). Je n’ai aucun remords d’avoir coupé la moitié de la pièce ; l’original de Shakespeare survivra ! Je n’ai pas eu non plus scrupule à m’attaquer à un chef-d’œuvre dont la musique des mots est déjà puissante par elle-même : la musique de Shakespeare et la mienne appartiennent à des domaines différents. Ma musique n’était pas, au départ, le véhicule intentionnel d’une lecture particulière de la pièce, que j’aurais aussi bien pu exprimer par des mots – mais on a beau vouloir s’abstenir de toute interprétation précise, on ne peut l’éviter. On ne trouve pas dans mon Songe la même tension dramatique que dans Le Tour d’écrou ; les scènes y sont plus nombreuses, l’ensemble est moins uniforme, la forme le rapproche de Peter Grimes. J’ai eu plus de peine à écrire cet opéra que les deux autres ; d’une part l’œuvre en chantier est toujours plus difficile, d’autre part aborder Shakespeare est un défi considérable : à chaque instant du travail, on est conscient de l’impossibilité de se permettre la moindre faiblesse de la musique, appelée qu’elle est à se greffer sur une poésie d’un tel niveau. 190 L’ORIGINAL DE SHAKESPEARE J’ai commencé le travail effectif sur l’opéra en octobre et l’ai terminé, je crois, le vendredi saint – soit sept mois plus tard, orchestration comprise. Rien à voir avec la rapidité de Mozart ou de Verdi, mais plutôt rare de nos jours où l’écriture musicale n’emploie plus de voie toute tracée. J’avais écrit Faisons un opéra en quinze jours mais, pour mes opéras de grandes dimensions, le Ruban bleu revient au Songe. Composer un opéra ou composer des airs séparés, c’est très différent : un opéra comporte certes des airs, mais aussi d’autres formes musicales et une structure dramatique. Pour le Songe comme pour mes autres ouvrages lyriques, c’est la conception musicale générale qui m’a d’abord occupé l’esprit, mais sans rien de concret : j’aurais pu décrire la musique, pas en jouer la moindre note. [...] J’ai composé une bonne partie du troisième acte avec une forte grippe et n’y ai pris aucun plaisir. Mais j’ai découvert que l’envie ou non de travailler n’affecte en rien la qualité du travail. Bien souvent, c’est précisément lorsqu’on a le sentiment d’avoir fait du bon travail qu’il faut prendre garde : l’esprit critique n’était-il pas complètement assoupi ? Je n’ai pas tenté de donner à mon opéra un parfum élisabéthain : il n’est pas plus élisabéthain que la pièce de Shakespeare n’est athénienne. Mais il semblera peut-être surprenant en un ou deux points : les fées, par exemple, ont peu en commun avec ces petites choses innocentes qu’on voit dans maintes productions. J’ai toujours été frappé par le côté acerbe des fées de Shakespeare, ainsi que par quelques bizarreries qu’elles ont à prononcer – telle la tirade débutant par « You spotted snakes with double tongue /[Vous, serpents mouchetés à la langue fourchue] ». Ces fées, il est vrai, sont les gardes du corps de Titania et c’est pourquoi il leur revient parfois une musique martiale (on trouve le mal comme le bien dans le monde des esprits, tout autant que dans le monde réel). [...] Par ailleurs, Puck est un personnage ne ressemblant à aucun autre dans la pièce. Il me semble être totalement amo191 BENJAMIN BRITTEN ral, encore qu’innocent. Ce sera dans cette production un jeune homme de quinze ans (Puck n’a pas à chanter, il se contente de parler et de gambader). L’idée d’un tel Puck m’est venue à Stockholm, en voyant des enfants acrobates, aussi extraordinairement agiles que doués pour le mime. Conçu pour une salle de 316 places, mon Songe est donc écrit à petite échelle, sans mobiliser de grandes masses. Ce qui n’est pas sans avantages : on peut travailler en détail, avec plus de rigueur. Les chanteurs n’ayant pas à déployer un volume sonore aussi uniforme, on peut exploiter une large palette de couleurs vocales. On peut les choisir bons acteurs, ou disposés à le devenir. Un curieux snobisme inversé, qui dénie tout sérieux à l’opéra, fait rechercher aujourd’hui dans notre pays l’interprétation scénique la plus mauvaise possible ; certains amateurs de lyrique semblent préférer les chanteurs incapables de jouer, ceux qui, plantés à l’avant-scène sous les projecteurs, se contentent de hurler. Moi, je veux des chanteurs-acteurs. Mozart, Gluck ou Verdi ne demandaient pas autre chose. Extraits d’un article publié dans The Observerle 5 juin 1960 quelques jours avant la création du Songe d’une nuit d’été WILLIAM SHAKESPEARE L’AMOUR-EN-ATTENTE OBÉRON Mon gentil Puck, viens ici. Te souviens-tu D’un jour où, du haut d’un promontoire, J’écoutais une sirène perchée sur le dos d’un dauphin, Qui chantait un air si doux et si harmonieux, Que la mer insolente s’adoucit à sa voix. Et que plusieurs étoiles bondirent Follement hors de leur sphère Pour écouter la musique de cette fille des mers ? PUCK Je m’en souviens. OBÉRON A cet instant même je vis, – mais toi tu n’as pas pu le voir – Je vis voler entre la froide lune et la terre Cupidon tout armé. Il visa une belle vestale 193 WILLIAM SHAKESPEARE Dont le trône est à l’occident, Et décocha de son arc une flèche d’amour assez violente Pour percer cent mille cœurs. Mais le dard brûlant du jeune Cupidon S’éteignit dans les chastes rayons de la lune humide Et la prêtresse impériale poursuivit sa route, Dans une rêverie virginale, libre de toute passion. Mais j’ai noté l’endroit où tomba le trait de Cupidon. Il toucha une petite fleur d’occident, Naguère blanche comme le lait, aujourd’hui empourprée par cette blessure d’amour. Les jeunes filles l’appellent « l’amour-en-attente ». Cherche-moi cette fleur ; Je t’en ai montré une fois la feuille. Son jus, versé sur des paupières endormies, Rendra tout homme ou toute femme follement amoureux De la première créature vivante qu’il verra. Le Songe d’une nuit d’été. Acte II, scène 1 Traduction : Stuart Seide © Editions Théâtre national de Chaillot, 1982 JACQUES LONCHAMPT UNE ROSÉE LUMINEUSE Etait-ce le suc de la petite fleur d’Occident, généreusement dispensé par Puck, je ne sais, mais nous fûmes comme « anesthésiés de bonheur » par cette féerie de clair de lune dès les premiers soupirs d’aise, les glissandos montant et descendant aux cordes de l’ouverture. L’étrange et magique voix de hautecontre d’Obéron, si émouvante et humaine, d’un être retenu dans l’écorce d’un sylvain, symbolisait la profondeur de l’imaginaire shakespearien et de cette musique merveilleusement propre à une poésie qui ne connaît ni la peine ni le péché. Britten retrouve ici les accents de son modèle : deux notes de célesta, quatre gammes montantes, un froissement de harpe, un grognement de contrebasse, quelques coups de baguette légère sur un gong, ouvrent les plus fraîches sources du rêve, et tout aussi bien de l’ironie et de la farce légère. Et la musique jaillit des mots comme s’ils avaient été écrits ensemble. Musique de songe dont il ne reste au matin qu’une rosée lumineuse comme le souvenir des elfes enfuis. [...] Comme un souffle de vent, comme l’odeur des bois, comme un poème dont chaque mot est une surprise et cependant, à l’évidence, le seul possible... Extrait d’un article paru dans Le Monde du 19 mai 1967 après la création du Songe d’une nuit d’été à Paris. Repris dans L’opéra aujourd’hui © Editions du Seuil, 1970 195 WILLIAM SHAKESPEARE LES RUSES D’UNE PUISSANTE IMAGINATION HIPPOLYTA C’est bien étrange, mon Thésée, ce que racontent ces amants. THÉSÉE Plus étrange que vrai. Jamais je ne pourrais croire A ces vieilles fables, à ces contes de fées. Les amoureux et les fous ont un cerveau si bouillant Et une fantaisie si fertile qu’ils conçoivent plus de choses Que la raison froide n’en comprendra jamais. Le fou, l’amant et le poète Sont faits d’imagination totalement. L’un voit plus de démons que le vaste enfer n’en peut contenir, C’est le fou. L’amant, tout aussi extravagant, Voit la beauté d’Hélène sur un front égyptien. L’œil du poète, roulant dans un beau délire, Voyage du ciel à la terre, de la terre au ciel, Et de même que l’imagination donne un corps 196 LES RUSES D’UNE PUISSANTE IMAGINATION Aux choses inconnues, la plume du poète Leur donne un visage et accorde un nom Et un lieu dans l’espace à ce qui n’est qu’un rien dans l’air. Telles sont les ruses d’une puissante imagination : Si elle conçoit une joie, Elle invente aussi le porteur de cette joie. Ou, la nuit, si elle imagine quelque peur, Le buisson devient facilement un ours. HIPPOLYTA Oui, mais toute l’histoire de la nuit qu’ils nous ont racontée Et tous leurs esprit hallucinés en même temps, Ce sont plus que les images de la fantaisie. C’est quelque chose d’une grande signification. De toute façon, c’est étrange et admirable. Le Songe d’une nuit d’été. Acte V, scène 1 Traduction : Stuart Seide © Editions Théâtre national de Chaillot, 1982 CARNET de NOTES Benjamin Britten Repères biographiques & Notice bibliographique — Le Songe d’une nuit d’été Orientations discographiques BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE 1914. Début de la Première Guerre mondiale. La Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne le 4 août. BRITTEN 1913. Naissance le 22 novembre à Lowestoft (Suffolk). 1916. Autriche-Hongrie : mort de l’empereur François-Joseph. 1917. Révolution d’Octobre en Russie. 1918. Fin de la Première Guerre mondiale. 1918-1920. Guerre civile en Russie, victoire des bolcheviks. 1919. Traité de Versailles. En Allemagne, naissance de la République de Weimar. 1921. Partition de l’Irlande et indépendance de l’Irlande du sud (Eire). 200 1919. Premières leçons de musique et premiers essais de composition « d’ambitieux poèmes symphoniques pour le piano. Ils duraient quelques 20 secondes et étaient inspirés par de grands événements familiaux. » (Britten) Exemple : Savez-vous que mon Papa est allé à Londres aujourd’hui ? BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1913. 1913. Naissance de Lutoslawski. Thomas Mann, La Mort Stravinsky, Le Sacre du printemps. à Venise. 1915. Malevitch, Carré noir sur fond blanc. 1916 Freud, Introduction à la psychanalyse. Henry James, Le Tour d’écrou. 1918. Mort de Debussy. Bartók, Le Château de Barbe-Bleue. 1919. 1919. Elgar, Concerto pour violoncelle. Fondation du Bauhaus à Weimar. 1921. Albert Einstein, prix Nobel de physique. 1922. Joyce, Ulysse. 201 BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE 1924. Dictature de Mussolini en Italie. BRITTEN 1923. Prend des leçons d’alto, compose des valses pour piano, commence à composer pour les cordes. 1926. Hiro-Hito devient empereur du Japon. 1929. Krach boursier à Wall Street et début d’une crise économique internationale. 1928. Rencontre le compositeur Frank Bridge qui devient son professeur à Londres. Compose les Quatre chansons françaises sur des textes de Hugo et de Verlaine. 1930. Entre au Royal College of Music. Étudie la composition avec John Ireland et le piano avec Arthur Benjamin. 1933. Allemagne : accession au pouvoir du NSDAP, Hitler devient chancelier. 202 1933. Création de la Sinfonietta pour orchestre à cordes. BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1923. Naissance de Ligeti. 1924. Naissance de Luigi Nono. Mort de Fauré, Busoni, Puccini. 1925. Alban Berg, Wozzeck. Naissance de Dietrich FischerDieskau, de Pierre Boulez et Luciano Berio. 1927. Berg, Suite lyrique. Stravinsky, Œdipus Rex. Varèse, Arcana. 1927. Arthur Conan Doyle publie la dernière enquête de Sherlock Holmes. 1928. Kurt Weill, Bertolt Brecht : L’Opéra de quat’sous. Ravel, Boléro. Naissance de Stockhausen. Mort de Janácek. 1928. Découverte de la pénicilline par Fleming. Mort de Thomas Hardy. 1930. Première anglaise de la 9 e Symphonie de Mahler. 1933. Naissance de Penderecki. 1931. Virginia Woolf, Les Vagues. 1932. Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes. 203 BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE BRITTEN 1933. Rencontre Schoenberg en février et entend Pierrot lunaire en novembre. 1934. A Norwich, dirige la création de la Simple Symphony, pour orchestre à cordes. Mort de son père. Entend Wozzeckde Berg en concert. Voyage en Europe (Florence, Vienne, ...). Rencontre le ténor Peter Pears qui deviendra son interprète d’élection et son compagnon. 1935. Compose la musique de films documentaires pour la GPO Films Units pour qui il travaille plusieurs années. Dans ce cadre, il rencontre le poète et librettiste Wystan Hugh Auden. 1936. En France, arrivée au pouvoir du Front populaire de Léon Blum. Début de la guerre civile en Espagne. 1936. Composition et création, sous la direction d’Adrian Boult, de Our Hunting Fathers, pour voix et orchestre. 1937. Création, au Festival de Salzbourg des Variations sur un thème de Frank Bridge, pour orchestre à cordes. 204 BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1933. Lubitsch, Sérénade à trois. 1934. Naissance de Harrison Birtwistle et de Peter Maxwell Davies Mort de Elgar, Holst, Delius. Chostakovitch, Lady Macbeth de Mzensk. 1935. Mort de Berg. Gershwin, Porgy and Bess. 1935. Le Songe d’une nuit d’été, film de Max Reinhardt et William Dieterle avec Olivia de Havilland, James Cagney, Mickey Rooney. 1936. Naissance de Gilbert Amy. Prokofiev, Pierre et le loup. 1936. Mort de Rudyard Kipling. Graham Greene, Tueur à gages. 1937. Mort de Ravel, Roussel, Gershwin. Bartók, Musique pour cordes, percussions et célesta. 205 BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE 1938. Chamberlain et Daladier signent les accords de Munich avec l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. BRITTEN 1937. Mort de sa mère. 1939. Début de la Deuxième Guerre mondiale. Le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne le 3 septembre. 1939. 5 avril : départ pour le Canada et les États-Unis en compagnie de Peter Pears. Leur séjour se prolongera jusqu’en 1942. 1940. Churchill succède à Chamberlain comme Premier Ministre. Le général de Gaulle, réfugié à Londres, lance l’appel à la résistance le 18 juin. Bataille aérienne d’Angleterre de juillet à novembre perdue par l’Allemagne. 1940. Création à Londres des Illuminations pour voix et orchestre à cordes, sur un texte de Rimbaud. Britten et Pears s’installent chez Auden à Brooklyn. 1941. Début de l’opération Barberousse, offensive allemande sur l’URSS. 1941. Création à New York de la Sinfonia da Requiem sous la direction de John Barbirolli et de son premier opéra, Paul Bunyan sur un livret de Auden. 1942. Retour en Angleterre. Comparaît devant le tribunal de l’objection de conscience et est exempté du service militaire. 206 BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1938. Hindemith, Mathis le peintre. 1939. Hitchcock, Rebecca, avec Laurence Olivier. Jean Renoir, La Règle du jeu. 1940. Chaplin, Le Dictateur. 1941. Mort de Frank Bridge. 1942. Mort de Zemlinsky. Strauss, Capriccio. 207 BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE BRITTEN 1942. Création de A Ceremony of Carols pour voix de femmes et harpe. 1943. Création de la Sérénade pour ténor, cor et cordes, avec Peter Pears et Dennis Brain. 1944. Débarquement des Alliés en Normandie. 208 1945. Conférence de Yalta : Staline, Churchill, Roosevelt définissent l’organisation du monde de l’après-guerre. 8 mai : capitulation de l’Allemagne. 6 et 9 août : les Etats-Unis larguent des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. 1945. Création de Peter Grimes le 7 juin au Sadlers Wells de Londres. En été, se rend avec Yehudi Menuhin dans les camps de concentration récemment libérés. 1946. Début de la “guerre froide”. 1946. Création du Viol de Lucrèce, avec Kathleen Ferrier, sous la direction d’Ernest Ansermet au festival de Glyndebourne. Fonde, avec Peter Pears, le soprano Joan Cross et l’écrivain et librettiste Eric Crozier, l’English Opera Group. BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1943. Saint-Exupéry, Le Petit Prince. 1944. Naissance de Peter Eötvös. Bartók, Concerto pour orchestre. Michael Tippett, A child of our time. 1945. Mort de Webern et de Bartók. 1946. Pierre Boulez, Sonatine pour flûte et piano, Première sonate pour piano. 209 BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE BRITTEN 1947. Fin de l’empire britannique des Indes. 1947. S’installe à Aldeburgh avec Peter Pears. Création de Albert Herring au festival de Glyndebourne. 1948. Assassinat de Gandhi. Naissance de l’état d’Israël. 1948. Premier festival d’Aldeburgh : création de Saint Nicolas, cantate pour ténor, chœur et orchestre. 1949. Création de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. 1949. Création de Faisons un opéra / Le Petit Ramoneur à Aldeburgh. 1952. Mort du roi Georges VI. 1953. Couronnement de la reine Elisabeth II. 1951. Dirige la création de Billy Budd à Covent Garden. 1953. Création de Gloriana à Covent Garden. 1954. Dirige la création du Tour d’écrou à Venise. 1955. Churchill quitte définitivement le 10 Downing Street. 210 BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1949. Mort de Richard Strauss. Naissance de Michaël Levinas. 1949. Orwell, 1984. 1950. Mort de George Bernard Shaw. 1951. Mort de Schoenberg. Stravinsky, The Rake’s Progress. 1952. Arthur Koestler, La Corde raide. 1953. Mort de Prokofiev. Mort d’Arnold Bax. 1953. Walt Disney, Peter Pan. Winston Churchill, prix Nobel de littérature. 1954. Walton, Troïlus et Cressida 1954. William Golding, Sa Majesté des Mouches. 1955. Tippett, The Midsummer Marriage. Naissance de Toshio Hosokawa. 1955. Ingmar Bergman, Sourires d’une nuit d’été. 211 BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE BRITTEN 1956. Expédition franco-britannique de Suez contre l’Égypte de Nasser ; retrait un jour après. 1956. Voyage à Bali où il découvre la musique des gamelans, et au Japon. 1957. Signature du Traité de Rome instituant la Communauté Éonomique Européenne. 1957. 1er janvier : dirige la création du ballet en 3 actes Le Prince des pagodes à Covent Garden dans une chorégraphie de John Cranko. 1958. En France, retour de Charles de Gaulle au pouvoir et début de la V e République. 1958. Création de Noye’s Fludde au festival d’Aldeburgh. 1961. Construction du mur de Berlin. 212 1960. Dirige la création du Songe d’une nuit d’été au festival d’Aldeburgh. Première rencontre avec Chostakovitch et Rostropovitch. 1962. Indépendance de l’Algérie. 1962. Dirige la création du War Requiem à la cathédrale de Coventry avec Heather Harper, Peter Pears et Dietrich FischerDieskau. 1963. Assassinat du président des USA, John Kennedy. 1963. Séjourne en URSS à l’occasion du festival de musique britannique. BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1956. Mort de Bertolt Brecht. 1957. Mort de Sibelius. Poulenc, Dialogues des carmélites. Bernstein, West Side Story. 1958. Mort de Ralph Vaughan Williams. 1959. Beckett, La Dernière Bande. 1960. Harold Pinter, Le Gardien. 1961. Mort de Percy Grainger. Henze, Élégie pour jeunes amants. 1961. Youri Gagarine est le premier homme dans l’espace. 1962. Tippett, King Priam . Stravinsky, Le Déluge. 1962. Peter Brook met en scène Le Roi Lear au festival de Stratford. 1963. Mort de Poulenc. Mort de Hindemith. 213 BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE BRITTEN 1964. Création de La Rivière au courlis au festival d’Aldeburgh, église d’Orford. 1965. Mort de Winston Churchill. 1965. Voyage en Inde et en Arménie. 1966 Création de La Fournaise ardente au festival d’Aldeburgh, église d’Orford. Passe Noël à Moscou avec Chostakovitch et Rostropovitch. 1968. Mouvements étudiants et sociaux en France et dans le monde. Assassinat de Martin Luther King. 1968. Création du Fils prodigue, troisième et dernière des paraboles d’église, au festival d’Aldeburgh, église d’Orford. La Croisade des enfants, ballade pour chœur d’enfants, percussions, deux pianos et orgue de chambre, sur un texte de Brecht. 1969. Dirige Peter Grimes pour la télévision. 214 BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1964. Francis Bacon, Trois figures dans une pièce. 1965. Richard Rodney Bennett, Les Mines de soufre. Bernd Aloïs Zimmermann, Les Soldats. 1965. Mishima, Madame de Sade. Orson Welles, Falstaff. 1966. Antoine et Cléopâtrede Samuel Barber pour l’inauguration du nouveau Metropolitan Opera de New York. 1967. Walton, L’Ours. 1968. Birtwistle, Punch and Judy. Berio, Sinfonia 1969. Chostakovitch, Quatorzième Symphonie pour soprano, basse et orchestre, dédiée à Britten. 1967. Première greffe du cœur réalisée au Cap par le docteur Barnard. 1969. Premiers pas de l’homme sur la lune. 215 BENJAMIN BRITTEN REPÈRES BIOGRAPHIQUES HISTOIRE BRITTEN 1970. Dirige l’enregistrement télévisé de Owen Wingrave. 1973. Entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne. 1975. Chute de Saïgon. Fin de la guerre du Vietnam. Défaite des États-Unis. 1976. Le travailliste, James Callaghan remplace le travailliste Harold Wilson, démissionnaire, au 10 Downing Street. 216 1973. En mai, il est opéré du cœur à Londres. Création de Mort à Veniseau festival d’Aldeburgh, sous la direction de Steuart Bedford, repris peu après à Covent Garden. 1976. Création de Phaedra au festival d’Aldeburgh par Janet Baker, sa dédicataire. Meurt le 4 décembre à Aldeburgh où il est enterré. BRITTEN & SON TEMPS MUSIQUE LITTÉRATURE SCIENCES & ARTS 1969. Maxwell Davies, Huit chants pour un roi fou. 1969. Jean-Christophe Averty réalise Le Songe d’une nuit d’été pour l’ORTF (avec Claude Jade, Christine Delaroche, Christiane Minazzoli, Jean-Claude Drouot). 1970. Walton, Improvisations sur un impromptu de Benjamin Britten. Let it be, dernier album des Beatles. 1970. Peter Brook monte Le Songe d’une nuit d’été au Festival de Stratford. 1971. Mort de Stravinsky. 1974. Mort de Darius Milhaud, Frank Martin. Olivier Messiaen, Des canyons aux étoiles. 1972. Mort d’Ezra Pound. 1973. Mort de Wystan Hugh Auden. 1975. Mort d’Arthur Bliss. Mort de Chostakovitch. 1976. Pierre Boulez et Patrice Chéreau dirigent et mettent en scène La Tétralogie pour le centenaire du festival de Bayreuth. 1976. Mort d’André Malraux. 217 BENJAMIN BRITTEN NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE Sur le compositeur MILDRED CLARY. Benjamin Britten ou le mythe de l’enfance, Buchet-Chastel, 2006. XAVIER DE GAULLE. Benjamin Britten ou l’impossible quiétude, Actes Sud, 1996. Sur Le Songe d’une nuit d’été Le Songe d’une nuit d’été, L’Avant-Scène / Opéra, no 146, 1992. 218 LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ ORIENTATIONS DISCOGRAPHIQUES BENJAMIN BRITTEN Orchestre symphonique de Londres. Chœurs de Downside & Emanuel Schools Avec Alfred Deller (Obéron), Elisabeth Harwood (Tytania), Stephen Terry (Puck), John Shirley-Quirk (Thésée), Helen Watts (Hippolyta), Peter Pears (Lysandre), Thomas Hemsley (Démétrius), Josephine Veasey (Hermia), Heather Harper (Héléna), Owen Brannigan (Bottom), Norman Lumsden (Quince), Kenneth Macdonald (Flute), David Kelly (Snug), Robert Tear (Snout), Keith Raggett (Starveling) 1966 – Decca RICHARD HICKOX City of London Sinfonia. Trinity Boyschoir Avec James Bowman (Obéron), Lilian Watson (Tytania), Dexter Fletcher (Puck), Norman Bailey (Thésée), Penelope Walker (Hippolyta), John Graham-Hall (Lysandre), Henry Herford (Démétrius), Della Jones (Hermia), Jill Gomez (Héléna), Donald Maxwell (Bottom) 1993 – Virgin COLIN DAVIS Orchestre symphonique de Londres. New London Children’s Choir Avec Brian Asawa (Obéron), Sylvia McNair (Tytania), Carl Ferguson (Puck), Brian Bannatyne-Scott (Thésée), Hillary Summers (Hippolyta), John Mark Ainsley (Lysandre), Paul Whelan (Démétrius), Ruby Philogene (Hermia), Janice Watson (Héléna), Robert Lloyd (Bottom), Gwynne Howell (Quince), Ian Bostridge (Flute), Stephen Richardson (Snug), Marc Tucker (Snout), Neal Davies (Starveling) 1996 – Philips 219 COLLECTION OPÉRA de LYON BÉLA BARTÓK Le Château de Barbe-Bleue, 2007 LUDWIG VAN BEETHOVEN Fidelio, 2003 ALBAN BERG Wozzeck,2003 GEORGES BIZET BENJAMIN BRITTEN EMMANUEL CHABRIER DIMITRI CHOSTAKOVITCH CLAUDE DEBUSSY PASCAL D USAPIN PETER EÖTVÖS HANS WERNER HENZE LEOS JANÁCEK Djamileh, 2007 Curlew River, 2008 Le Roi malgré lui, 2005 Moscou, quartier des cerises,2004 Pelléas et Mélisande, 2004 Faustus, The last night, 2006 Lady Sarashina, 2008 L’Upupa & le triomphe de l’amour filial, 2005 Jenufa, 2005 Kátia Kabanová, 2005 L’Affaire Makropoulos, 2005 GEORG-FRIEDRICH H AENDEL Alcina, 2006 TOSHIO HOSOKAWA Hanjo, 2008 FRANZ LEHÁR MICHAËL LEVINAS CLAUDIO M ONTEVERDI WOLFGANG AMADEUS MOZART JACQUES OFFENBACH La Veuve joyeuse, 2006 Les Nègres, 2004 L’Orfeo, 2004 Le Couronnement de Poppée,2005 La Flûte enchantée, 2004 Cosi fan tutte, 2006 Les Noces de Figaro, 2007 Les Contes d’Hoffmann, 2005 La Vie parisienne, 2007 FRANCIS POULENC La Voix humaine, 2007 GIACOMO PUCCINI Il Tabarro, 2007 JEAN-PHILIPPE RAMEAU SALVATORE SCIARRINO Les Boréades, 2004 Luci mie traditrici, 2007 COLLECTION OPÉRA de LYON IGOR S TRAVINSKY RICHARD STRAUSS TAN DUN PIOTR ILLITCH TCHAÏKOVSKI GIUSEPPE VERDI RICHARD WAGNER KURT WEILL ALEXANDER VON ZEMLINSKY The Rake’s Progress,2007 Ariane à Naxos, 2005 Tea, 2004 Mazeppa, 2006 Eugène Onéguine, 2007 La Dame de pique, 2008 Falstaff, 2004 Lohengrin, 2006 Siegfried, 2007 Le Vol de Lindbergh, Les Sept Péchés capitaux,2006 Une tragédie florentine, 2007 Chargé d’édition Jean Spenlehauer Conception & Réalisation Brigitte Rax / Clémence Hiver Impression Imprimerie Lussaud Opéra national de Lyon Saison 2007/08 Directeur général Serge Dorny OPÉRA NATIONAL DE LYON Place de la Comédie 69001 Lyon Renseignements & Réservation 0.826.305.325 (0,15 e/mn) www.opera-lyon.com L’Opéra national de Lyon est conventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Lyon, le conseil régional Rhône-Alpes et le conseil général du Rhône. Pour la présente édition © Opéra national de Lyon, 2008 ACHEVÉ d’IMPRIMER en ce début de printemps 2008 pour les représentations du Songe d’une nuit d’été à l’Opéra national de Lyon dans une mise en scène de Robert Carsen réalisée par Emmanuelle Bastet et sous la direction musicale de Constantinos Carydis ISBN 978-2-849560-35-8 Dépôt légal : mars 2008