EVALUATION DE LA DOULEUR CHEZ LES PERSONNES
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EVALUATION DE LA DOULEUR CHEZ LES PERSONNES
EVALUATION DE LA DOULEUR CHEZ LES PERSONNES CÉRÉBROLÉSÉES NON-COMMUNICANTES AUX SOINS INTENSIFS Thèse de doctorat ès sciences infirmières (PhD) présentée à la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne par Marie-José ROULIN Master of Nursing Science, Université de Bâle, Suisse Jury Dr. Maya Shaha, Présidente Prof. ass. Anne-Sylvie Ramelet, Directrice de thèse (UNIL) Prof. invitée Manuela Eicher, experte Prof. Patricia Bourgault, experte Lausanne 2012 I Résumé La douleur est fréquente en milieu de soins intensifs et sa gestion est l’une des missions des infirmières. Son évaluation est une prémisse indispensable à son soulagement. Cependant lorsque le patient est incapable de signaler sa douleur, les infirmières doivent se baser sur des signes externes pour l’évaluer. Les guides de bonne pratique recommandent chez les personnes non communicantes l’usage d’un instrument validé pour la population donnée et basé sur l’observation des comportements. A l’heure actuelle, les instruments d’évaluation de la douleur disponibles ne sont que partiellement adaptés aux personnes cérébrolésées dans la mesure où ces personnes présentent des comportements qui leur sont spécifiques. C’est pourquoi, cette étude vise à identifier, décrire et valider des indicateurs, et des descripteurs, de la douleur chez les personnes cérébrolésées. Un devis d’étude mixte multiphase avec une dominante quantitative a été choisi pour cette étude. Une première phase consistait à identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs en combinant trois sources de données : une revue intégrative des écrits, une démarche consultative utilisant la technique du groupe nominal auprès de 18 cliniciens expérimentés (6 médecins et 12 infirmières) et les résultats d’une étude pilote observationnelle réalisée auprès de 10 traumatisés crâniens. Les résultats ont permis d’identifier 6 indicateurs et 47 descripteurs comportementaux, vocaux et physiologiques susceptibles d’être inclus dans un instrument d’évaluation de la douleur destiné aux personnes cérébrolésées noncommunicantes aux soins intensifs. Une deuxième phase séquentielle vérifiait les propriétés psychométriques des indicateurs et des descripteurs préalablement identifiés. La validation de contenu a été testée II auprès de 10 experts cliniques et 4 experts scientifiques à l’aide d’un questionnaire structuré qui cherchait à évaluer la pertinence et la clarté/compréhensibilité de chaque descripteur. Cette démarche a permis de sélectionner 33 des 47 descripteurs et valider 6 indicateurs. Dans un deuxième temps, les propriétés psychométriques de ces indicateurs et descripteurs ont été étudiés au repos, lors de stimulation non nociceptive et lors d’une stimulation nociceptive (la latéralisation du patient) auprès de 116 personnes cérébrolésées aux soins intensifs hospitalisées dans deux centres hospitaliers universitaires. Les résultats montrent d’importantes variations dans les descripteurs observés lors de stimulation nociceptive probablement dues à l’hétérogénéité des patients au niveau de leur état de conscience. Dix descripteurs ont été éliminés, car leur fréquence lors de la stimulation nociceptive était inférieure à 5% ou leur fiabilité insuffisante. Les descripteurs physiologiques ont tous été supprimés en raison de leur faible variabilité et d’une fiabilité inter juge problématique. Les résultats montrent que la validité concomitante, c’est-à-dire la corrélation entre l’autoévaluation du patient et les mesures réalisées avec les descripteurs, est satisfaisante lors de stimulation nociceptive (rs=0,527, p=0,003, n=30). Par contre la validité convergente, qui vérifiait l’association entre l’évaluation de la douleur par l’infirmière en charge du patient et les mesures réalisés avec les descripteurs, ainsi que la validité divergente, qui vérifiait si les indicateurs discriminent entre la stimulation nociceptive et le repos, mettent en évidence des résultats variables en fonction de l’état de conscience des patients. Ces résultats soulignent la nécessité d’étudier les descripteurs de la douleur chez des patients cérébrolésés en fonction du niveau de conscience et de considérer l’hétérogénéité de cette population dans la conception d’un instrument d’évaluation de la douleur pour les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs. Summary Pain is frequent in the intensive care unit (ICU) and its management is a major issue for nurses. The assessment of pain is a prerequisite for appropriate pain management. However, pain assessment is difficult when patients are unable to communicate about their experience and nurses have tot base their evaluation on external signs. Clinical practice guidelines highlight the need to use behavioral scales that have been validated for nonverbal patients. Current behavioral pain tools for ICU patients unable to communicate may not be appropriate for nonverbal brain-injured ICU patients, as they demonstrate specific responses to pain. This study aimed to identify, describe and validate pain indicators and descriptors in brain-injured ICU patients. A mixed multiphase method design with a quantitative dominant was chosen for this study. The first phase aimed to identify indicators and descriptors of pain for nonverbal braininjured ICU patients using data from three sources: an integrative literature review, a consultation using the nominal group technique with 18 experienced clinicians (12 nurses and 6 physicians) and the results of an observational pilot study with 10 traumatic brain injured patients. The results of this first phase identified 6 indicators and 47 behavioral, vocal and physiological descriptors of pain that could be included in a pain assessment tool for this population. The sequential phase two tested the psychometric properties of the list of previously identified indicators and descriptors. Content validity was tested with 10 clinical and 4 scientific experts for pertinence and comprehensibility using a structured questionnaire. This process resulted in 33 descriptors to be selected out of 47 previously identified, and six validated indicators. Then, the psychometric properties of the descriptors and indicators were tested at IV rest, during non nociceptive stimulation and nociceptive stimulation (turning) in a sample of 116 brain-injured ICU patients who were hospitalized in two university centers. Results showed important variations in the descriptors observed during the nociceptive stimulation, probably due to the heterogeneity of patients’ level of consciousness. Ten descriptors were excluded, as they were observed less than 5% of the time or their reliability was insufficient. All physiologic descriptors were deleted as they showed little variability and inter observer reliability was lacking. Concomitant validity, testing the association between patients’ self report of pain and measures performed using the descriptors, was acceptable during nociceptive stimulation (rs=0,527, p=0,003, n=30). However, convergent validity ( testing for an association between the nurses’ pain assessment and measures done with descriptors) and divergent validity (testing for the ability of the indicators to discriminate between rest and a nociceptive stimulation) varied according to the level of consciousness These results highlight the need to study pain descriptors in brain-injured patients with different level of consciousness and to take into account the heterogeneity of this population forthe conception of a pain assessment tool for nonverbal brain-injured ICU patients. Table des matières Résumé ..................................................................................................................................... I Summary ................................................................................................................................. III Table des matières ................................................................................................................... V Liste des tableaux ..................................................................................................................XIV Liste de figures .....................................................................................................................XVII Remerciements .....................................................................................................................XIX INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1 PROBLEMATIQUE ................................................................................................................... 4 Buts et objectifs de cette étude................................................................................................10 Cadre conceptuel ....................................................................................................................14 La théorie du caring de Swanson ................................................................................... 15 Le modèle d’évaluation de la douleur de Snow et collaborateurs ................................... 18 Recension des écrits ...............................................................................................................25 Stimuli nociceptifs chez la personne cérébrolésée ......................................................... 25 Stimuli nociceptifs et lésion cérébrale ......................................................................... 25 Stimuli nociceptifs et soins intensifs............................................................................ 27 Personne cérébrolésée aux soins intensifs .................................................................... 28 VI Altération de l’état de conscience chez la personne cérébrolésée .................................. 30 Perception de la douleur ................................................................................................. 34 Théorie de la neuromatrice de la douleur .................................................................... 34 Processus physiologique de la douleur ....................................................................... 36 Douleur et mémoire..................................................................................................... 43 L’évaluation de la douleur ............................................................................................... 44 Recommandations des experts sur l’évaluation de la douleur .................................... 44 Revue critique des instruments d’évaluation de la douleur pour les patients noncommunicants aux soins intensifs. .................................................................................. 49 Méthode ...................................................................................................................... 49 Résultats ..................................................................................................................... 60 Discussion................................................................................................................... 79 Résumé et conclusion de la recension des écrits ................................................................... 85 PREMIERE PHASE DE L’ETUDE .......................................................................................... 86 Déroulement de cette étude .................................................................................................... 87 Devis de la première phase .................................................................................................... 89 METHODE : GENERATION DES INDICATEURS ET DESCRIPTEURS................................ 90 La recension intégrative des écrits décrivant des indicateurs et descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs............................................................ 93 Méthode .......................................................................................................................... 94 VII Recension des écrits .................................................................................................. 94 Evaluation des données ............................................................................................. 95 Analyse et synthèse des données .............................................................................. 96 Une consultation auprès des experts cliniques du domaine ....................................................97 Méthode.......................................................................................................................... 97 Sites de l’étude ........................................................................................................... 98 Participants et recrutement ......................................................................................... 98 Collecte des données ................................................................................................. 99 Analyse des données ............................................................................................... 106 Considérations éthiques ........................................................................................... 107 L’étude pilote observationnelle ..............................................................................................108 Méthode........................................................................................................................ 109 Variables et instruments ........................................................................................... 110 La conduite de la démarche ..................................................................................... 110 Analyse des données ............................................................................................... 111 Considérations éthiques ........................................................................................... 111 Combinaison des données ....................................................................................................111 RESULTATS : GENERATION DES INDICATEURS ET DESCRIPTEURS .......................... 113 Résultats de la recension intégrative des écrits .....................................................................114 Indicateurs et descripteurs retenus dans la recension des écrits .................................. 126 VIII Résultats de la consultation auprès des experts cliniques du domaine ................................ 130 Résultats quantitatifs ..................................................................................................... 130 Résultats qualitatifs ....................................................................................................... 139 Indicateurs et descripteurs issus de la démarche consultative des cliniciens ............... 146 Résultats de l’étude pilote observationnelle .......................................................................... 147 Indicateurs et descripteurs issus de l’étude observationnelle........................................ 155 Combinaison des trois sources de données ......................................................................... 156 DISCUSSION : GENERATION DES INDICATEURS ET DESCRIPTEURS ......................... 157 Synthèse et mise en perspective .......................................................................................... 158 Les indicateurs .............................................................................................................. 158 Les descripteurs ............................................................................................................ 162 Forces et limites de la première phase ................................................................................. 167 La recension intégrative des écrits ................................................................................ 168 La démarche consultative auprès des cliniciens ........................................................... 169 L’étude pilote observationnelle ...................................................................................... 171 Considérations pour la suite de cette étude .......................................................................... 171 DEUXIEME PHASE DE L’ETUDE ........................................................................................ 177 Déroulement de la deuxième phase...................................................................................... 178 Devis de la deuxième phase ................................................................................................. 180 IX VALIDATION DE CONTENU ................................................................................................ 184 Méthode.................................................................................................................................185 Participants ................................................................................................................... 185 Outil utilisé .................................................................................................................... 186 Collectes des données ................................................................................................. 187 Analyse des données ................................................................................................... 187 Aspects éthiques .......................................................................................................... 188 Résultats................................................................................................................................190 Description des participants à la validation de contenu ................................................ 190 Validation de contenu pour chaque descripteur ............................................................ 192 Validation de contenu par indicateur............................................................................. 201 Deuxième liste d’indicateurs et descripteurs ................................................................. 202 Discussion de la validation de contenu ..................................................................................205 METHODE: TESTS PSYCHOMETRIQUES AUPRES DES PATIENTS............................... 210 Sites de l’étude ......................................................................................................... 211 Participants et échantillonnage ................................................................................. 211 Variables et instruments de mesures........................................................................ 214 Collectes de données et recrutement ....................................................................... 222 Formation des observateurs ..................................................................................... 226 X Lien entre les objectifs, les procédures et les mesures réalisées.............................. 227 Analyses statistiques................................................................................................. 229 Considérations éthiques............................................................................................ 238 RESULTATS : TESTS PSYCHOMETRIQUEs AUPRES DES PATIENTS ........................... 242 Recrutement ................................................................................................................. 243 Description de l’échantillon ........................................................................................... 245 Données démographiques et cliniques ..................................................................... 245 Analgésie et sédation ................................................................................................ 248 Mesures de la sédation et de l’état de conscience .................................................... 249 Description des indicateurs et descripteurs au repos et lors de stimulation nociceptive 254 Description des indicateurs et descripteurs entre chaque groupe de patients .............. 259 Description des indicateurs et descripteurs entre les groupes de patients à T1 ........ 260 Description des indicateurs et descripteurs entre les groupes de patients à T3 ........ 265 Sélection des descripteurs et des indicateurs ............................................................... 270 Sélection des descripteurs en fonction de la fréquence d’observation ...................... 270 Sélection des descripteurs en fonction de la cohérence interne ............................... 271 Sélection des descripteurs selon leur fiabilité inter-juges .......................................... 275 Concordance pour les descripteurs physiologiques entre les observateurs et les moniteurs de chevet .................................................................................................. 280 Synthèse de la sélection des descripteurs et des indicateurs ................................... 282 XI Vérification de la validité ............................................................................................... 285 Vérification de la validité concomitante ..................................................................... 285 Vérification de la validité convergente ...................................................................... 287 Vérification de la validité divergente ......................................................................... 288 DISCUSSION ....................................................................................................................... 294 Synthèse et mise en perspective ...........................................................................................296 Description de l’échantillon ........................................................................................... 296 Description des descripteurs au repos, lors de stimulations non nociceptives et lors de stimulations nociceptives. ............................................................................................. 298 Description des indicateurs et descripteurs entre les groupes de patients. .................. 301 Sélection des indicateurs et des descripteurs en fonction de leur performance ........... 304 Sélection des descripteurs en fonction de la fréquence d’observation. .................... 304 Sélection des descripteurs en fonction de la cohérence interne. .............................. 306 Sélection des descripteurs selon leur fiabilité inter-juges. ........................................ 307 Concordance des descripteurs physiologiques observés et mesurés avec les moniteurs de chevet. ................................................................................................ 309 Vérification de la validité. .............................................................................................. 312 Validité concomitante................................................................................................ 312 Validité convergente. ................................................................................................ 313 Validité divergente .................................................................................................... 315 XII Synthèse des résultats .......................................................................................................... 323 Forces et limites. ........................................................................................................... 324 Recommandations pour la recherche ................................................................................... 326 Recommandations pour la pratique et la formation ............................................................... 328 CONCLUSION ...................................................................................................................... 330 REFERENCES ..................................................................................................................... 334 APPENDICE A : Autorisation de la revue Recherche en soins infirmiers pour la reproduction de l’article : « Revue critique d’instruments pour évaluer la douleur chez les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs ». .................................................... 362 APPENDICE B : Avis des commissions d’éthique de la recherche sur l’être humain du canton de Genève et du canton de Vaud.......................................................................................... 364 APPRENDICE C Information aux participants de la première phase de l’étude ................... 368 APPENDICE D : Formulaire de consentement pour les participants à la première phase de l’étude ................................................................................................................................... 375 APPENDICE E : Fiche signalétique pour les participants à la première phase de l’étude .... 378 APPENDICE F : Matrice des indicateurs et descripteurs issus des trois sources de données .............................................................................................................................................. 381 APPENDICE G : Grille de validation de contenu................................................................... 385 APPENDICE H : Calcul de la taille de l’échantillon pour la deuxième phase (graphique) ..... 400 XIII APPENDICE I : Formulaire de recueil de données pour la deuxième phase de l’étude « patient communicant » ..................................................................................................................... 404 APPENDICE J : Formulaire de recueil de données pour la deuxième phase « patient non communicant » ..................................................................................................................... 419 APPENDICE K : Formation pour les patients de la deuxième phase de l’étude (canton de Vaud) .................................................................................................................................... 434 APPENDICE L : Formulaire de consentement pour les patients de la deuxième phase de l’étude (canton de Vaud)....................................................................................................... 438 Liste des tableaux Page Tableau 1 Grille d’évaluation des instruments de mesure de la douleur pour les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs 53 Tableau 2 Description des instruments d’évaluation de la douleur 63 Tableau 3 Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs 71 Caractéristiques méthodologiques des articles sélectionnés dans la revue intégrative des écrits (N=7) 117 Résumé des indicateurs et descripteurs comportementaux issus de la revue intégrative des écrits 121 Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6 Indicateurs et descripteurs physiologiques issus de la revue intégrative des écrits 124 Tableau 7 Indicateurs et descripteurs de la douleur issus de la recension des écrits 128 Tableau 8 Description des participants à la consultation des experts cliniques (N=8) 131 Indicateurs ou descripteurs de la douleur issus de la consultation des experts 133 Tableau 10 Synthèse des résultats de la consultation des trois groupes d’experts 137 Tableau 11 Catégories issues de l’analyse qualitative des entretiens avec les trois groupes d’experts cliniques 143 Indicateurs et descripteurs de la douleur issus de la démarche consultative auprès des cliniciens 147 Fréquence des comportements lors de chaque évaluation [N=10] (Le et al., in press) 149 Tableau 9 Tableau 12 Tableau 13 XV Page Tableau 14 Descripteurs observés lors de la stimulation nociceptive 155 Tableau 15 Première liste d’indicateurs et de descripteurs de la douleur 173 Tableau 16 Description des participants à la validation de contenu (N=14) 191 Tableau 17 Fréquences et indices de validité de contenu liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (N=14) 193 Tableau 18 Validité des indicateurs liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité 201 Tableau 19 Lien entre objectifs, procédures et mesures dans la deuxième phase 228 Tableau 20 Teste de validité réalisé 236 Tableau 21 Caractéristiques démographiques et cliniques des personnes observées en fonction de leur niveau de conscience 246 Tableau 22 Antalgiques et sédatifs reçus selon les groupes de patients 249 Tableau 23 Niveau de sédation et de conscience pour chaque groupe de patients 251 Tableau 24 Variabilité des signes physiologiques mesurée à l’aide des moniteurs de chevet pour chaque temps de mesure 253 Tableau 25 Comparaison de la fréquence des descripteurs au repos (T1), lors de stimulation non-nociceptive (T2) et lors de stimulation nociceptive (T3) 255 Tableau 26 Comparaison des fréquences des descripteurs vocaux à T1 et T3 (N=45) 259 Tableau 27 Comparaison de la proportion des descripteurs présents au repos (T1) dans les groupes de patients (N=116) 261 Tableau 28 Comparaison de la proportion des descripteurs présents lors de stimulation nociceptive (T3) dans les groupes de patients [N=116] 266 Tableau 29 Cohérence interne entre les descripteurs à T3 pour le groupe des patients avec une réponse stéréotypée (n=33) 272 Tableau 30 Cohérence interne entre les descripteurs à T3 pour le groupe des patients avec une réponse dirigée (n= 28) 273 XVI Page Tableau 31 Cohérence interne entre les descripteurs à T3 pour le groupe des patients communicants (n= 37) 274 Tableau 32 Pourcentage d’accord et concordance entre les observateurs pour chaque descripteur et chaque indicateur 276 Tableau 33 Pourcentage d’accord entre les modes de mesure pour chaque descripteur 281 Tableau 34 Troisième liste d’indicateurs et descripteurs pour les patients cérébrolésés 284 Tableau 35 Médiane, étendue et comparaison du score total de la liste d’observation chez les patients communicants avec auto-évaluation de douleur présente ou absente à T1 et T3 286 Tableau 36 Corrélation entre ENinf et le score total des observations Tableau 37 Médiane, étendue des indicateurs pour chaque temps de mesure et chaque groupe de patients 289 Tableau 38 Comparaisons des scores entre les temps de mesures pour chaque groupe de patients 292 288 Liste de figures Page Figure 1. Déroulement de cette étude 3 Figure 2. La structure du caring selon Swanson 16 Figure 3. Modèle conceptuel de l’évaluation de la douleur pour les personnes démentes 21 Figure 4. Stade du coma selon Stevens & Bhardwaj (2006) 30 Figure 5. Schéma des facteurs contributifs à la neuromatrice inspiré de Melzack (2001) 35 Les structures afférentes, cérébrales et efférentes de la douleur selon Price (2000) 39 Cheminement de la recension des écrits sur les instruments d’évaluation de la douleur disponibles pour les personnes noncommunicantes aux soins intensifs 61 Figure 8. Déroulement des différentes de cette étude 88 Figure 9. Schéma du devis exploratoire concurrent de méthode mixte de la première phase inspiré par Larue et al. (2009) 92 Figure 10. Déroulement des réunions des groupes nominaux 102 Figure 11. Déroulement des entretiens 104 Figure 12. Cheminement de la recension des écrits sur les indicateurs de la douleur chez les patients cérébrolésés aux soins intensifs 115 Figure 13. Rappel du déroulement des différentes phases de cette étude 179 Figure 14. Deuxième liste d’indicateurs et descripteurs après la validation de contenu 203 Figure 15. Illustration des trois temps de mesures pour les groupes de patients avec des réponses stéréotypées ou dirigées à la douleur 224 Figure 6 Figure 7 XVIII Page Figure 16. Illustration des deux temps de mesures pour les patients communicants 226 Figure 17. Diagramme de flux du recrutement 244 Figure 18. Synthèse des résultats du processus de sélection des descripteurs 283 Figure 19 Scores médians totaux obtenus par chaque groupe de patients (N=116) 291 REMERCIEMENTS Cette thèse doctorale n’aurait pas été possible, sans l’aide et l’encouragement de nombreuses personnes. En premier, je remercie ma directrice de thèse Anne-Sylvie Ramelet pour sa patience, ses conseils, sa disponibilité et ses encouragements tout au long de ce travail. Je remercie pour leur accueil l’ensemble des cadres infirmiers et médicaux, ainsi que les équipes infirmières, des services de soins intensifs pour adultes du Centre hospitalier universitaire vaudois et des Hôpitaux universitaires de Genève. Ma reconnaissance va également au Professeur Jean-Claude Chevrolet, Madame Sandra Merkli et Monsieur André Laubscher pour avoir cru en moi. Ils m’ont encouragé et donné les moyens d’entreprendre des études académiques en soins infirmiers. Je remercie également Gisella Anspach et Nelly Riotton pour m’avoir aidé à garder des moments de travail sans interruption pour terminer cette thèse, ainsi que Laurence Séchaud pour nos échanges sur le doctorat. Je remercie aussi chaleureusement Catherine Bollondi, Maryse Cornier et Christine Joseph pour leur travail rigoureux lors des collectes de données. Sans elles, rien n’aurait été possible. Je souhaite aussi remercier Céline Gelinas, Professeur assistant à l’Université de McGill, pour avoir mis à disposition ces résultats préliminaires de recherche et pour ses commentaires constructifs lors de nos échanges téléphoniques. Enfin, j’ai aussi une pensée pour Mme Guex-FabryPun, pour ces précieux conseils en statistique et sa disponibilité. XX Je tiens également à remercier les Hôpitaux Universitaires de Genève qui ont soutenu financièrement ce projet, notamment le fonds de recherche du Département d’anesthésie, pharmacologie et soins intensifs, ainsi que celui de la Direction des soins. Pour terminer, mes pensées vont aussi à mes parents pour leur aide précieuse, ainsi qu’à Paula pour avoir patiemment relu cette thèse. Pour terminer un très très très très très très grand merci à Daniel et Didier pour leur soutien, leur patience, leur compréhension, leur amour, leurs rires et leurs explications scientifiques. INTRODUCTION 2 Cette thèse a pour thème l’évaluation de la douleur chez la personne cérébrolésée non communicante aux soins intensifs. Elle se centre plus précisément sur l’identification et l’étude des caractéristiques psychométriques des indicateurs et des descripteurs comportementaux, vocaux et physiologiques de la douleur dans cette population. Elle s’est déroulée en deux phases qui sont présentées séquentiellement. La figure 1 ci-dessous illustre le déroulement de ce travail. Le premier chapitre de cette thèse expose la problématique de laquelle le but et les objectifs de recherche découlent. Le deuxième chapitre présente la perspective infirmière qui guide ce travail, ainsi que le cadre théorique, Ce chapitre comprend aussi la recension des écrits et se termine par une revue critique des instruments d’évaluation de la douleur actuellement disponible. La première phase empirique de cette étude a pour but d’identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Un chapitre explique le déroulement de cette première phase. Les chapitres suivants exposent les aspects méthodologiques et présentent les résultats. Enfin, cette première phase se conclut avec une discussion à propos des résultats obtenus et les conséquences pour la deuxième phase de cette étude. La deuxième phase empirique de cette étude a pour but de décrire les descripteurs et les indicateurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées dans différents état de conscience, ainsi que de vérifier leurs propriétés psychométriques. Un premier chapitre 3 explicite le déroulement de la deuxième phase et son devis. Le chapitre suivant présente toute la démarche de validation de contenu. Il est suivi de trois chapitres portant sur la méthode, les résultats et la discussion du test réalisé en clinique auprès d’un échantillon de 116 personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Pour terminer, une conclusion permet de lier les différentes étapes de cette étude. 1. Problématique 2. Contexte théorique 3. Phase empirique Phase 1 Génération des indicateurs et des descripteurs Phase 2 Description des indicateurs et des descripteurs Vérification des propriétés psychométriques 4. Conclusion Figure 1. Déroulement de cette étude PROBLEMATIQUE 5 La douleur est fréquente en milieu de soins intensifs avec une prévalence pouvant atteindre 50% (Chanques et al., 2007; Puntillo et al., 2004). Son évaluation est une étape préliminaire indispensable à son soulagement, toutefois chez les personnes cérébrolésées non communicantes en soins intensifs cette évaluation reste problématique (Herr, Coyne, McCaffery, Manworren, & Merkel, 2011; Puntillo et al., 2009). Ces personnes ont des altérations de la conscience et des troubles cognitifs qui les empêchent de signaler leur douleur. Il est donc difficile pour les soignants d’identifier sa présence, d’évaluer son intensité et donc de la soulager. L’évaluation de la douleur fait partie intégrante du travail des infirmières 1 (Diby, Romand, Frick, Heidegger, & Walder, 2008; Subramanian, Allcock, James, & Lathlean, 2012), mais sans un instrument valide et fiable adapté à cette population, cette tâche est difficile. Les infirmières ont déontologiquement la responsabilité de soulager la souffrance (Conseil International des Infirmières, 2000), ainsi que de veiller à la prévention de toute douleur ou souffrance évitable (Association Suisse des Infirmières, 2003). Une partie essentielle du rôle infirmier est de prendre soin de l’autre dans un souci de préserver son bien-être et sa dignité (Benner & Wrubel, 1989; Swanson, 1993). Si l’on considère que les valeurs de la profession infirmière se doivent de guider la recherche de la discipline infirmière (Meleis, 2007), alors il n’est pas surprenant que le soin de la douleur et la recherche sur la gestion de la douleur aient une longue tradition dans la profession infirmière (Donaldson, 2000) et restent une priorité de recherche pour les infirmières de soins intensifs (Blackwood, Albarran, & Latour, 1 Afin de faciliter la lecture, le mot infirmière sera utilisé à titre épicène dans la suite du document. Il inclura donc l’infirmière et l’infirmier. 6 2011). La présente étude s’inscrit dans cette tradition et vise à identifier des signes de la douleur présents chez les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs pouvant être utilisés pour adapter un instrument d’évaluation à cette population. La douleur est définie par la Société internationale d’étude et de traitement de la douleur (International Association for the Study of Pain (IASP), 1994) comme «une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire potentielle ou réelle, ou décrite en des termes évoquant une telle lésion » (traduction Société française d’étude et de traitement de la douleur, 2011). Cette société précise qu’il s’agit d’une expérience subjective et que l’impossibilité de communiquer verbalement ne supprime pas la possibilité d’éprouver de la douleur (International Association for the Study of Pain (IASP), 1994). Chez les personnes cérébrolésées, ne pas la soulager peut entrainer des complications psychologiques et somatiques. Au niveau psychologique, le souvenir de la douleur perdure après un séjour aux soins intensifs, provoquant des cauchemars et/ou des hallucinations, favorisant la survenue d’un stress post-traumatique et une diminution de la qualité de vie (Samuelson, Lundberg, & Fridlund, 2007; Zetterlund, Plos, Bergbom, & Ringdal, 2012). Au niveau somatique, on observe une dépression du système immunitaire, un état d’hypercoagulation, des complications pulmonaires et une activation des hormones de stress pouvant compromettre la perfusion cérébrale et aggraver les lésions déjà présentes (Gottschalk et al., 2007; Payen, Francony, Canet, Coppo, & Fauvage, 2009). Si une douleur non-soulagée peut être délétère pour les personnes cérébrolésées, l’administration d’un opiacé peut modifier l’évaluation neurocomportementale et masquer des signes d’aggravation de l’état clinique (Payen et al., 2009). Il est donc important de pouvoir évaluer de façon 7 adéquate la douleur pour un traitement optimal tout en évitant les complications liées à une sur-médication. L’auto-évaluation est considérée comme la méthode de référence pour l’évaluation de la douleur, mais, lorsqu’elle est impossible, les soignants doivent se baser sur des indicateurs externes (Herr et al., 2011; Sauder et al., 2008). Selon le modèle conceptuel d’évaluation de la douleur pour les personnes démentes non communicantes qui oriente la présente étude (Snow et al., 2004), l’évaluation de la douleur chez la personne non communicante peut se schématiser de façon séquentielle : A B C. La personne cérébrolésée a une perception douloureuse (A), modulée par des facteurs liés à la personne. La douleur est communiquée (B) par des signes verbaux, non-verbaux et physiologiques qui sont les manifestations des composantes sensorielles, comportementales, émotionnelles et cognitives de la perception douloureuse telles que décrites dans la théorie de la neuromatrice de la douleur de Melzack (2001). Ces signes sont observables et interprétables par un soignant (C). La qualité de l’évaluation va dépendre de facteurs méthodologiques, comme la fiabilité et la validité de l’instrument de mesure, mais aussi de facteurs liés à l’évaluateur. L’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées est complexe de par la variabilité des indicateurs externes liés à l’état de conscience et de par la nature des lésions. Certaines atteintes au niveau du tronc cérébral ou une hypertension intracrânienne peuvent donner lieu à des comportements incohérents, ou à des troubles neurovégétatifs (Abdennour & Puybasset, 2008; Baguley, 2008). Selon l’état de conscience, les réactions à la douleur seront limitées aux fonctions dépendantes des nerfs crâniens, à des mouvements stéréotypés 8 ou à des modifications hémodynamiques. Pour d’autres patients2, on observera des mouvements dirigés vers la zone ressentie comme douloureuse ou encore des changements de leur niveau de conscience (Schnakers & Zasler, 2007; Stevens & Bhardwaj, 2006). Actuellement, les mouvements de localisation lors de stimulations nociceptives sont les seules réponses motrices considérées comme un signe de perception consciente de la douleur (Giacino et al., 2002). Toutefois, il est difficile de déterminer en phase aiguë le niveau de conscience d’une personne et sa perception de la douleur, car les signes peuvent être discrets et inconstants au cours du temps (Gill-Thwaites, 2006). Dans une étude rétrospective portant sur 189 traumatisés crâniens qui ne réagissaient pas à une stimulation nociceptive lors de leur arrivée à l’hôpital, 13,2% avaient récupéré une bonne capacité fonctionnelle après 6 mois (Chamoun, Robertson, & Gopinath, 2009). C’est pourquoi, il est recommandé d’évaluer et de traiter la douleur des personnes cérébrolésées, même lorsqu’elles présentent des comportements stéréotypés suggérant une absence de perception consciente de la douleur lors de stimulation nociceptive (Schnakers & Zasler, 2007; Whyte, 2008). Une étude récente suggère que les personnes cérébrolésées ne présentent pas les mêmes manifestations de douleurs que les personnes sans lésion cérébrale (Gelinas & Arbour, 2009). Dans ce travail, 16 patients avec un traumatisme crânien ont présenté moins de manifestations comportementales lors d’une stimulation nociceptive que les patients en phase postopératoire. Plus de la moitié des traumatisés crâniens (51,2%) avaient un visage détendu, 69,8% d’entre-eux gardaient les yeux fermés et ne fronçaient pas leurs sourcils, 14% 2 Afin de faciliter la lecture, le mot patient sera utilisé à titre épicène dans la suite du document. Il inclura donc le patient et la patiente. 9 larmoyaient et 16% ouvraient les yeux. A contrario, la plupart des patients en phase postopératoire (75%) avaient un visage tendu et grimaçaient. Dans cette même étude, les traumatisés crâniens avaient une plus grande variabilité de leurs indicateurs physiologiques que les autres groupes de patients considérés. Une autre étude suggère que l’intensité des réactions à la stimulation nociceptive est moins importante chez les personnes en état végétatif persistant que chez les personnes avec un état de conscience minimale [t(46)=3,86; p<0,0005] (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010). Ces divers éléments suggèrent qu’il faudrait inclure des signes comportementaux spécifiques aux patients cérébrolésés dans un instrument de mesure de la douleur destiné à cette population et qu’ils pourraient varier en fonction de l’état de conscience. De plus, la pertinence des signes physiologiques devrait être spécifiquement évaluée pour ce groupe de patients. Divers instruments d’évaluation de la douleur pour les patients non-communicants de soins intensifs ont été développés ces dernières années (Li, Puntillo, & Miaskowski, 2008; Pudas-Tähkä, Axelin, Aantaa, Lund, & Salanterä, 2009). Ils sont basés sur l’observation par le soignant d’indicateurs comportementaux comme l’expression faciale, les mouvements corporels, la tension musculaire ou la tolérance à la ventilation artificielle. Certains instruments incluent des indicateurs physiologiques ou vocaux. Si un certain consensus existe entre les auteurs à propos des indicateurs, il n’y a toutefois aucune forme de consensus à propos des descripteurs, c’est-à-dire les termes utilisés pour décrire et qualifier les indicateurs (Arif-Rahu & Grap, 2010). De plus, il faut relever qu’aucun de ces instruments n’a été spécifiquement conçu pour les personnes cérébrolésées et qu’à l’heure actuelle les experts estiment que les instruments d’évaluation de la douleur sont potentiellement inadaptés aux personnes cérébrolésées (Herr et al., 2011). 10 En résumé, l’évaluation de la douleur chez la personne cérébrolésée non communicante aux soins intensifs représente un véritable défi pour la pratique infirmière, car les comportements de ces patients peuvent être atypiques. Le non-soulagement de la douleur augmente la morbidité, mais un surdosage médicamenteux peut dissimuler des signes d’aggravation de l’état de santé. C’est pourquoi, il est important pour les praticiens infirmiers et médicaux de disposer d’un instrument fiable et valide pour évaluer la douleur et la traiter adéquatement. Les personnes cérébrolésées semblent présenter des signes de douleur différents des autres patients et il n’existe actuellement pas d’instrument spécifiquement destiné à cette population. L’étude des signes de douleurs des personnes cérébrolésées aux soins intensifs a pour but d’identifier des indicateurs et des descripteurs spécifiques à cette population pouvant être inclus dans des instruments d’évaluation de la douleur. Buts et objectifs de cette étude La démarche de cette étude est séquentielle et se déroule en deux phases. La première phase a pour but d’identifier des indicateurs et des descripteurs comportementaux, vocaux et physiologiques de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs, à travers une recension des écrits, une démarche consultative auprès des praticiens infirmiers et médicaux et les résultats d’une étude pilote. La deuxième phase a pour but de décrire les descripteurs et les indicateurs pour différents états de conscience auprès d’une population de personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Les objectifs spécifiques sont de : 1. Valider le contenu des indicateurs et descripteurs générés dans la première phase. 2. Décrire les descripteurs observés au repos et lors de stimulation nociceptive. 11 3. Décrire les descripteurs et les indicateurs observés en fonction de l’état de conscience de la personne cérébrolésée. 4. Sélectionner les descripteurs et les indicateurs pertinents pour l’évaluation de la douleur chez la personne cérébrolésée. 5. Vérifier la validité de critère et de construit des descripteurs et des indicateurs considérés. CONTEXTE THEORIQUE 13 Ce chapitre expose des éléments théoriques pertinents pour le sujet de cette étude. La première section présente le cadre conceptuel choisi comme toile de fond pour lier le sujet d’étude à l’état des connaissances actuelles et de le situer dans la discipline infirmière. Ce chapitre se poursuit avec une présentation avec une description des principaux concepts pertinents pour cette étude. Il débute par une présentation des caractéristiques des personnes cérébrolésées hospitalisées en milieu de soins intensifs et des différents niveaux de conscience. Puis il présente le processus de la douleur en se centrant sur sa spécificité chez les personnes cérébrolésées. Un état des connaissances est également établi sur la problématique de la douleur en milieu de soins intensifs. Ensuite les recommandations des experts sur l’évaluation de la douleur des personnes non communicantes aux soins intensifs sont présentées, ainsi qu’une revue critique des instruments existants d’évaluation de la douleur chez les personnes hospitalisées en milieu de soins intensifs. 14 Cadre conceptuel Le cadre conceptuel a pour but de former une structure qui permet au chercheur de lier le sujet d’étude à l’état actuel des connaissances (Burns & Grove, 2009) et de le situer dans la discipline infirmière. Il permet d’expliquer comment des concepts d’intérêt pour cette étude sont reliés entre eux (Fortin, 2010). L’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs peut être considérée comme une intervention de soin de type surveillance (Dallaire & Toupin, 2008). On peut donc considérer que cette étude contribue au développement d’une intervention de soins. C’est pourquoi, comme dans d’autres études sur les interventions de soins, le cadre conceptuel décrit le contexte dans lequel l’évaluation de la douleur prend du sens pour les soins aux patients (Risjord, 2010). Dans la présente étude, une théorie infirmière et un modèle conceptuel de l’évaluation de la douleur sont utilisés. La théorie de soins apporte la perspective disciplinaire qui éclaire cette étude. Une perspective peut se définir comme la façon dont un groupe considère une situation et elle résulte de la culture, de l’éducation, des expériences et des valeurs du groupe (Meleis, 2007). L’explicitation de la perspective infirmière permet de comprendre comment cette étude sur un instrument de mesure destiné à évaluer la douleur des personnes cérébrolésées non-communicantes contribue au développement du savoir infirmier et se situe dans la discipline (Risjord, 2010). Le modèle conceptuel d’évaluation de la douleur explique comment l’observation d’indicateurs ou de descripteurs de la douleur contribue à l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs en intégrant les connaissances disponibles sur ce thème. L’association d’une théorie de soins et de données issues des sciences de la santé est actuellement développée dans divers programmes de soins pour guider la pratique infirmière (Berlanger, Coulombe, 15 Wanis, & Roch, 2009; Dobratz, 2010), notamment dans le domaine de la gestion de la douleur (Watson & Foster, 2003). Dans un premier temps, la perspective infirmière éclairant ce travail sera exposée avec la théorie du caring de Swanson (1993). Dans un deuxième temps, le modèle d’évaluation de la douleur chez les personnes démentes non communicante de Snow et al. (2004) sera présenté. La théorie du caring de Swanson Dans la présente étude, une perspective s’appuyant sur le caring a été choisie, car il s’agit d’un phénomène central dans les soins infirmiers (Benner & Wrubel, 1989; Leininger & McFarland, 2002; Newman, Sime, & Corcoran-Perry, 1991; Watson, 2008). La théorie du caring de Swanson (1993) a été retenue en raison de sa pertinence avec la pratique des soins (Swanson, 1999), notamment aux soins intensifs (Hanson, 2004; Roulin & Gardaz, 2010; Roulin, Hurst, & Spirig, 2007). De plus, l’Association Suisse des Infirmières s’est inspirée de la définition du caring de Swanson dans son document de positionnement sur sa vision des soins infirmiers de 2020 (Association Suisse des Infirmières, 2011). Swanson définit le caring comme « une façon réconfortante d’être en relation avec un autre que l’on considère comme important, vis-à-vis duquel on ressent un sens personnel d’engagement et de responsabilité » [traduction libre] (Swanson, 1993). Les infirmières prennent soins des patients à travers des activités de caring comme la prévention des infections, la gestion de la douleur ou l’administration des médicaments (Tonges & Ray, 2011) Le caring dans la perspective de Swanson est une intervention de soins basée sur le savoir infirmier (Swanson, 1991, 1993, 1999) visant le bien-être de l’autre. Il comporte à la fois un 16 aspect humaniste, lié à l’attitude et à l’engagement, et une dimension instrumentale liée à la pratique du soin. Le caring n’est pas spécifique à la profession infirmière (Swanson, 1991), mais se distingue par sa perspective infirmière et les connaissances qui le sous-tendent (Swanson, 1999). Swanson structure le processus du caring en cinq étapes ordonnancées les unes après les autres et qui sont illustrées dans la Figure 2. Figure 2. La structure du caring selon Swanson La première étape est « croire en l’autre ». C’est une croyance fondamentale en la capacité de la personne à traverser les transitions et en la capacité de l’infirmière à l’aider (Belanger, Coulombe, Wanis, & Roch, 2009; Swanson, 1993). Il s’agit d’une attitude philosophique qui est, selon Swanson, à la base du caring. L’évaluation de la douleur chez la personne cérébrolésées non communicante débute lorsque le professionnel infirmier approche la situation de soins avec ses croyances en la capacité de la personne à traverser la crise de la vie que représente la lésion cérébrale en phase aiguë pour aller vers une récupération ou une mort digne. Au niveau de l’évaluation de la douleur, l’infirmière n’interviendra pas efficacement si elle croit que les patients cérébrolésés ne perçoivent pas la douleur. La seconde étape est «connaître » et comporte deux facettes (Swanson, 1993). La première facette a trait à la connaissance de la condition clinique de la personne. Dans le 17 cadre de l’évaluation de la douleur aux soins intensifs, la connaissance de la personne et de ses manifestations de douleur sont décrites comme des éléments considérés par les infirmières dans l’évaluation de la douleur (Thévoz, 2012). La deuxième facette a trait à la connaissance professionnelle et fait référence aux quatre sources de savoir telles que définies par Carper (1978) : le savoir personnel, esthétique, éthique et empirique. Ce savoir permet de comprendre les réponses humaines aux problèmes de santé potentiels ou réels (Swanson, 1993). Swanson (1998) inclu dans cette étape la recherche d’indicateurs comportementaux et physiologiques qui permettent de comprendre l’expérience de la personne soignée. La recherche de signes de douleurs chez la personne cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs se situe donc dans cette deuxième étape du processus de caring. La troisième étape est « être avec », c’est-à-dire être physiquement et émotionnellement présent auprès de l’autre. C’est l’étape qui fait comprendre au patient que sa situation importe au professionnel infirmier (Swanson, 1999). « Etre avec » est l’un des éléments central décrit dans les études sur le caring infirmier en milieu de soins intensifs (Beeby, 2000; Wilkin & Slevin, 2004). Il ne s’agit pas uniquement d’une présence émotionnelle, mais aussi d’une présence physique et constante auprès de la personne soignée (Roulin et al., 2007; Swanson, 1999). L’infirmière doit être physiquement présente et porter attention à la personne cérébrolésée non communicante aux soins intensifs lorsqu’elle procède à l’évaluation de la douleur. Elle est attentive aux différents signes, parfois subtils, pouvant suggérer de la douleur (Connor, 2012 ; Gerber, 2012). Les deux dernières étapes sont les actions thérapeutiques. Il s’agit de « faire pour », c’est-à-dire faire pour l’autre ce qu’il ferait lui-même s’il en avait la capacité et l’énergie. Cette 18 étape comprend des actions professionnelles de soins visant à protéger, à réconforter et à soulager réalisées avec compétences (Swanson, 1998, 1999). L’hétéro évaluation de la douleur peut être considérée comme une intervention de soins infirmiers, dans la mesure où elle est réalisée chez la personne cérébrolésée incapable de fournir une auto-évaluation de sa douleur. La dernière étape est « faciliter », c’est-à-dire faciliter les transitions et le passage à travers des évènements non-familiers : c’est aussi permettre à l’autre de conserver son énergie pour favoriser sa récupération et conserver sa dignité (Swanson, 1993). En se souciant de la douleur de la personne soignée, l’infirmière de soins intensifs favorise la récupération de la personne et diminue le risque de complications (Payen et al., 2009; Zetterlund et al., 2012). La théorie du caring permet de situer l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées dans une perspective disciplinaire. De plus, il existe une cohérence entre la théorie du caring et l’évaluation de la douleur, car le caring et la douleur sont des expériences humaines subjectives. Le modèle d’évaluation de la douleur de Snow et al. (2004), décrit cidessous, va quant à lui permettre d’expliquer comment une observation d’indicateurs et descripteurs de la douleur peut contribuer à l’évaluation de la douleur chez les personnes non communicantes aux soins intensifs. Le modèle d’évaluation de la douleur de Snow et collaborateurs On retrouve dans les écrits divers modèles de communication de la douleur adaptés aux patients non communicants (Hadjistavropoulos et al., 2011; Hadjistavropoulos & Craig, 2002; Prkachin & Craig, 1995; Prkachin, Solomon, & Ross, 2007; Snow et al., 2004). Ces modèles sont tous basés sur l’adaptation par Prkachin et Craig (1995) des composants du 19 processus de communication non-verbale des états internes de Rosenthal (1982). Ce modèle séquentiel A B C définit A comme l’expérience interne du sujet, B comme le comportement qui indique l’expérience interne du sujet et C comme les déductions de l’observateur sur l’état interne du sujet basées sur l’observation du comportement. Dans le cadre de la communication d’une expérience douloureuse, A peut être conçu comme l’expérience interne de la douleur, B comme le comportement associé à la douleur et C comme l’évaluation de la douleur du sujet par l’observateur. Les diverses composantes du modèle ont évolué ces dernières années et sont plus ou moins élaborées selon les auteurs en fonction de la spécificité de leurs travaux de recherche. Prkachin et Craig (1995) ont développé dans un premier temps ce modèle pour expliquer la communication et l’interprétation des mimiques douloureuses du visage, puis l’ont élargi au processus déductif d’évaluation de la douleur (Prkachin et al., 2007). Hadjistavropoulos et Craig (2002) ont proposé une version qui englobe à la fois la communication verbale et non verbale, ainsi que les différents stades du développement de l’enfant. Schiavenato et Craig (2010) décrivent l’évaluation de la douleur comme un processus transactionnel comprenant six étapes : un événement signalant la possibilité de perception de douleur, l’expérience douloureuse du patient, son expression, l’évaluation de la douleur par le clinicien, le jugement clinique, puis une intervention qui implique la présence ou l’absence de traitement. Enfin, Hadjistavropoulos et al. (2011) ont développé ce modèle en incluant des éléments issus des neurosciences, de la socio-communication et de la clinique. Snow et collaborateurs (2004) ont développé, un modèle conceptuel d’évaluation de la douleur pour la personne démente non-communicante qui intègre des éléments en lien avec des déficits de perception de la douleur et des déficits cognitifs. Il est basé sur la théorie 20 de la neuromatrice de la douleur et compatible avec le modèle socio-communicatif de la douleur développé par Hadjistavropoulos et Craig (2002). Ce modèle peut être transposé à l’évaluation de la douleur chez la personne cérébrolésée non-communicante. Le modèle de Snow et collaborateurs (2004) est séquentiel et présenté dans la figure 3. L’expérience douloureuse du sujet (A) débute par un stimulus nociceptif qui peut donner lieu à une sensation douloureuse qui elle-même influence la perception douloureuse. L’expérience douloureuse est communiquée (B) par des signes externes. Ces signes peuvent être observés et interprétés (C) par un évaluateur. Des facteurs méthodologiques liés à l’instrument de récolte de données et à son concept, ainsi qu’à la personne de l’évaluateur vont influencer l’observation et l’interprétation des signes observés. Le résultat final consiste en une évaluation de la douleur. Les divers concepts du modèle sont explicités en lien avec les particularités des personnes cérébrolésées. Le stimulus nociceptif. Le stimulus nociceptif est caractérisé par sa localisation, son intensité, sa durée, sa fréquence et sa qualité. 21 Facteurs liés à l’évaluateur Caractéristique démographique Histoire douloureuse Connaissance sur la douleur Croyance sur la douleur Relation avec le patient Gain secondaire PERCEPTION DE LA DOULEUR Facteurs lméthodologiques Caractéristique du construit Type d’évaluateur Méthode de collection des données Instrument d’évaluation Signes verbaux externes Sens Evaluation de la douleur Interprétation des signes Observation des signes externes Signes nonverbaux externes Comporte ment Signes physiologiques Emotion Cognition Sensation Douleur douloureuse Facteurs liés au patient Sexe Status physique Status émotionnel Contenu cognitif Comportement Déficit cognitif Histoire douloureuse Facteurs liés au stimuli nociceptifs Localisation Durée Intensité Fréquence Qualité Sensation douloureuse Stimulus nociceptif Figure 3. Modèle conceptuel de l’évaluation de la douleur pour les personnes démentes non communicantes de Snow et collaborateurs3 3 Snow et al., 2004, traduction libre 22 La sensation douloureuse. La sensation douloureuse est déterminée par la manière donc le corps réagit aux stimuli nociceptifs, comme décrit dans la théorie de la neuromatrice de la douleur de Melzack (2005). Chez le patient cérébrolésé, la sensation douloureuse est affectée par des éléments physiologiques comme l’intégrité du système nerveux afférents et du système nerveux central. L’impact de ces facteurs sur la perception de la douleur chez la personne cérébrolésée non communicante est difficilement évaluable en raison de l’altération de l’état de conscience. La perception de la douleur. La perception de la douleur est l’interprétation des sensations. Elle est influencée par des éléments spécifiques au patient comme le genre, l’histoire douloureuse, l’état émotionnel, la cognition, le comportement et l’état de santé du patient. La perception de la douleur est donc affectée par les atteintes à l’intégrité du système nerveux non seulement au niveau sensitif, mais aussi au niveau émotionnel, cognitif et comportemental. La perception de la douleur est décrite par le modèle de la neuromatrice de la douleur et considérée comme une variable latente dont l’existence ne peut être directement observée, mais uniquement déduite par la présence de divers indicateurs. Les signes externes de la douleur. Ce modèle identifie trois catégories de signaux douloureux observables : les signes vocaux (plaintes, gémissements ou grognements), les signes non-vocaux (les mouvements, les grimaces) et les signes physiologiques (fréquence cardiaque et pression artérielle). Ces signes peuvent être automatiques et réflexes, alors que d’autres peuvent être modulé par des facteurs cognitifs (Hadjistavropoulos et al., 2011). Dans le modèle de Snow et al. (2004), les signes de la douleur sont équivalents aux indicateurs et descripteurs de la douleur de la présente étude. 23 L’observation des signes de la douleur. Chez les personnes non communicantes, l’évaluation de la douleur se base presque exclusivement sur l’observation de signes externes et automatiques. Facteurs méthodologiques. Pour Snow et al. (2004), les facteurs méthodologiques ont trait à la caractéristique du construit, au type d’évaluateur, à la méthode de collectes de données et à l’instrument utilisé. Au niveau du construit, la fiabilité de l’évaluation de la douleur varie si elle est basée sur des éléments subjectifs, comme le jugement de l’évaluateur à propos de l’intensité de la douleur du patient, ou si elle est basée sur des éléments objectifs comme l’observation de comportements. D’autre part, la durée et la nature de la relation entre l’évaluateur et le patient, vont avoir une influence. Quant à la méthode de collectes de données, elle peut varier entre une mesure de l’intensité de la douleur, une observation comportementale, voire une évaluation des composantes émotionnelles de la douleur. Ces mesures vont explorer des dimensions différentes de la douleur et donc donner des résultats différents. Enfin, la fiabilité d’un instrument et sa validité pour la population considérée doivent être pris en compte, car elles vont influencer la qualité de l’évaluation de la douleur. L’évaluateur. La personne évaluatrice joue un rôle dans l’observation des signes. Les caractéristiques personnelles de l’évaluateur, sa connaissance du patient, ses croyances, sa formation et sa propre histoire avec la douleur vont influencer son interprétation des signes de douleur. D’autre part, sa sensibilité à la douleur d’autrui et sa charge de travail vont influencer son évaluation (Schiavenato & Craig, 2010). L’usage d’un instrument d’observation validé a pour but d’atténuer les effets des facteurs liés à l’évaluateur. 24 L’interprétation des signes. L’interprétation des signes est influencée à la fois par l’observation et par les caractéristiques personnelles de l’évaluateur. En effet, si l’évaluateur estime que la personne n’est pas en mesure de percevoir de la douleur, il ne considérera pas des changements de comportements comme des signes potentiels de douleur. L’évaluation de la douleur. Le résultat du processus est l’évaluation de la douleur. Ce modèle s’adapte facilement à la personne cérébrolésée non communicante aux soins intensifs; car tout comme chez la personne démente, la sensation douloureuse et la perception de la douleur vont être affectées par la lésion cérébrale (Apkarian, Bushnell, Treede, & Zubieta, 2005). Une lésion dans une région sous-corticale ou corticale va affecter la transmission du message nociceptif et modifier les réponses verbales, non verbales et physiologiques. Au niveau méthodologique, l’usage d’un instrument d’évaluation de la douleur guide à la fois l’observation et contribue à l’interprétation des signes externes de douleur (Gelinas et al., 2008). Il faut cependant souligner que ce modèle a des limites : (a) il a été développé pour expliquer les facteurs qui influencent l’évaluation de la douleur des personnes démentes et faciliter leur étude, (b) il n’a pas été à notre connaissance testé empiriquement. Le cadre conceptuel de cette étude a présenté la perspective infirmière issue de la mouvance du caring qui éclaire la présente étude. Le modèle conceptuel de Snow présente les différents éléments qui influencent l’évaluation de la douleur chez une personne cérébrolésée. Dans les sections suivantes, la recension des écrits va exposer l’état des connaissances sur les principaux concepts illustrés dans le modèle de Snow et al. (2004) qui sont pertinents au sujet de recherche. 25 Recension des écrits Stimuli nociceptifs chez la personne cérébrolésée Cette section présente les principaux stimuli nociceptifs qui sont susceptibles de provoquer de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Les causes de douleur en lien avec les lésions cérébrales sont abordées, puis dans un deuxième temps les causes de douleurs les plus fréquentes en milieu de soins intensifs. Stimuli nociceptifs et lésion cérébrale Le parenchyme cérébral n’a pas de terminaison nerveuse nociceptive et donc une lésion de l’encéphale seule ne fait pas mal. Par contre, les méninges, notamment la duremère, les muscles rattachés aux os du crâne et le périoste sont sensibles aux stimuli nociceptifs (Gottschalk & Yaster, 2009). La dure-mère est sensible aux stimulations mécaniques (étirement, déchirure et compression) et chimiques (le sang ou l’inflammation). Les autres structures sont richement innervées par des branches des nerfs trijumeau et facial, ainsi que des branches des nerfs cervicaux de C1 à C3 (Marieb, 1999). Une élévation de la pression intracrânienne est une source nociceptive (Mirski & Hemstreet, 2007). On peut donc considérer que toute atteinte des structures autour du parenchyme cérébral est une source de nociception susceptible de provoquer de la douleur. Lors d’hémorragie sous-arachnoïdienne (HSA), l’apparition de céphalées intenses (les pires jamais vécues selon les dires des patients) et soudaines est l’un des signes diagnostiques de cette pathologie (Ferro, Canhao, & Peralta, 2008). Elles sont probablement dues à la masse sanguine qui provoque une déformation et une irritation locale des méninges. 26 Elles dureraient environ deux semaines après l’événement aigu (van Gijn, Kerr, & Rinkel, 2007). Les céphalées sont un symptôme aussi présent lors de traumatismes crâniens, car ces derniers peuvent causer des lésions des tissus, des hémorragies et une inflammation qui sont sources de nociceptions majeures (Rickels, 2009). Lors d’AVC, la douleur n’apparaît pas toujours durant la phase aiguë. Seulement 12 à 40% des patients victimes d’un AVC ischémique souffrent de céphalées durant les premières 72 heures et leur prévalence varie en fonction de la localisation de la lésion (Diener, Katsavara, & Weimar, 2008; Lisabeth, Brown, Hughes, Majersik, & Morgenstern, 2009). Par exemple, les lésions du tronc et les lésions postérieures provoquent plus de céphalées. Lors d’une intervention chirurgicale intracrânienne, la douleur rapportée par les patient est modérée, c’est-à-dire d’une intensité variant entre 3 et 6 sur une échelle numérique allant de 0 à 10 (Gottschalk et al., 2007; Klimek et al., 2006). La voie d’abord semble jouer un rôle : les patients avec un abord chirurgical infratentoriel (postérieur) rapportent des intensités douloureuses supérieures à ceux qui ont bénéficié d’un abord supratentoriel. Le mouvement augmente l’intensité des douleurs. Certaines lésions cérébrales peuvent donner lieu à ce que l’on nomme des douleurs centrales (IASP Task Force on Taxonomy, 1994). Environ 8% des patients post AVC souffriraient de ce type de douleurs (Schott, 1996) qui classiquement apparaissent 1 à 12 mois après l’événement aigu (Wasner & Baron, 2008). Ce type de douleur est habituellement dirigé dans le territoire des troubles sensitifs lié à l’AVC. Les mécanismes physiopathologiques de ce phénomène ne sont actuellement pas bien connus, il semblerait que des lésions corticales dans les territoires du faisceau spino-thalamique favoriseraient l'apparition de douleur (Wasner & Baron, 2008). 27 On peut conclure que les lésions cérébrales sont une source de nociception et peuvent générer de la douleur. Stimuli nociceptifs et soins intensifs En milieu de soins intensifs, la douleur est un phénomène fréquent avec une prévalence pouvant atteindre 56% au repos et ceci malgré l’usage d’antalgique (Chanques et al., 2007; Gelinas & Johnston, 2007). Quelque soit le problème de santé, les patients de soins intensifs décrivent des douleurs évaluées comme modérées à sévères. La douleur est présente même lorsqu’elle n’a pas de cause évidente comme un traumatisme ou une incision chirurgicale (Chanques et al., 2007) et survient aussi bien au repos que lors des soins (Arroyo-Novoa et al., 2008; Graf & Puntillo, 2003; Puntillo et al., 2001; Stanik-Hutt, Soeken, Belcher, Fontaine, & Gift, 2001). Il est donc probable que les patients cérébrolésés aux soins intensifs ont mal, même s’il n’existe pas d’études qui se soient spécifiquement intéressées à la douleur de ces patients. On peut considérer, de façon générale, la douleur en milieu de soins intensifs comme liée à divers facteurs (Chanques et al., 2007; Payen & Chanques, 2008; Puntillo et al., 2004; Sessler & Varney, 2008): La maladie ou le traumatisme ayant motivé l’admission en milieu de soins intensifs avec des lésions tissulaires (fractures, délabrements ou œdèmes des parties molles, chirurgie abdominale ou thoracique,..) ou neuropathiques (lésions neurologiques périphériques, médullaires ou thalamiques), Les douleurs musculaires et articulaires liées à un état infectieux ou inflammatoire, 28 Les pathologies nosocomiales comme les escarres, les thrombophlébites ou les pneumonies, Les soins et traitements comme la ventilation artificielle, les cathéters, les drains, ou le repositionnement, Les comorbidités douloureuses du patient comme l’arthrose ou les lombalgies, La personne du patient avec son expérience douloureuse antérieure et son contexte socio culturel. Les causes de douleur sont donc potentiellement nombreuses chez les patients de soins intensifs présentant des lésions cérébrales. C’est pourquoi, il est important de pouvoir évaluer correctement cette douleur pour pouvoir la soulager efficacement. Afin de mieux cerner les facteurs liés aux personnes cérébrolésées dans les services de soins intensifs et leurs spécificités, la prochaine section présente les caractéristiques générales de cette population. Personne cérébrolésée aux soins intensifs Une personne est dite « cérébrolésée » lorsqu’elle a subi un dommage au tissu cérébral, causé par une maladie ou un traumatisme (Bérubé, 1991). Dans la population des patients aux soins intensifs adultes, ces personnes représentent un groupe avec des atteintes cérébrales hétérogènes telles qu’un accident vasculaire cérébral hémorragique ou embolique, un traumatisme crânien, une infection du système nerveux central comme une encéphalite ou une méningite, un processus tumoral expansif ou encore les séquelles d’une anoxie cérébrale (Bruder, Ravussin, & Bissonnette, 2007; Rincon & Mayer, 2007). L’atteinte à leur état de santé peut provoquer des altérations de leur état de conscience et donc potentiellement des 29 troubles de la communication ne leur permettant pas de communiquer à propos de leur douleur. Les personnes cérébrolésées aux soins intensifs peuvent se classer en trois groupes. Le premier groupe rassemble les patients dont l’état de conscience est sévèrement altéré et la pression intracrânienne élevée. Ces patients nécessitent une surveillance rapprochée de leurs paramètres vitaux, notamment de la perfusion cérébrale et de la pression intracrânienne à l’aide d’un monitorage spécifique. Ils sont intubés et ventilés artificiellement (Blissitt, 2006; Mirski & Hemstreet, 2007). Le traitement de ces patients dans la phase aiguë, les premières deux semaines, a pour but de prévenir la survenue d’une lésion cérébrale secondaire due à l’œdème, l’hypoxie ou l’élévation de la pression intracrânienne (Bruder et al., 2007). Il s’agit d’optimiser l’équilibre entre le débit sanguin cérébral et le métabolisme, par une prévention et un traitement des élévations de la pression intracrânienne (Beydon et al., 2005; Geeraerts & Vigué, 2009; Sauder et al., 2008). Au niveau des soins, il faut limiter les impacts de sources de stress comme les décharges de catécholamines, l’hyperthermie, l’agitation, la douleur ou les traitements invasifs. Pour cela, ces patients bénéficient d’une analgo-sédation pouvant induire un coma pharmacologique (Beydon et al., 2005; Mirski & Hemstreet, 2007). Le deuxième groupe comprend des patients où la surveillance clinique rapprochée domine. Chez ces personnes, on recherche à évaluer fréquemment l’état de conscience, la présence d’une confusion aiguë et les signes de déficits focaux pour pourvoir dépister rapidement toute détérioration de leur état de santé. L’analgo-sédation vise à améliorer le confort du patient tout en maintenant un état d’éveil permettant une évaluation clinique régulière (Beydon et al., 2005; Gottschalk & Yaster, 2009). 30 Le troisième groupe est constitué de patients qui ne sont plus dans la phase aiguë de leur maladie cérébrale, mais toujours hospitalisés aux soins intensifs pour des complications autres que neurologiques (Nyquist, Stevens, & Mirski, 2008). Il s’agit, par exemple, d’une personne cérébrolésée qui a besoin d’une ventilation artificielle suite à une pneumonie. Les personnes cérébrolésées non-communicantes peuvent se retrouver dans ces trois groupes de patients et les répercussions de leur lésion cérébrale sur leur capacité à communiquer à propos de leur douleur est variable (Bear, Connors, & Paradiso, 2007). Les troubles de la communication peuvent être liés à une altération de l’état de conscience, à la sédation ou à une aphasie (c’est-à-dire un trouble du langage). Altération de l’état de conscience chez la personne cérébrolésée Les lésions cérébrales peuvent provoquer une altération de l’état de conscience. Au niveau clinique, l’état de conscience a deux composantes : (a) l’éveil, (b) la perception de soi et de l’environnement (Stevens & Bhardwaj, 2006). Suite à une lésion cérébrale, la personne peut évoluer du coma à la récupération en passant par plusieurs stades intermédiaires (Schnakers, Perrin, et al., 2008 ; Stevens & Bhardwaj, 2006). Les divers stades sont illustrés dans la Figure 4 et explicités ci-dessous. Figure 4. Stade du coma selon Stevens & Bhardwaj (2006) 31 Coma. Le terme coma s’applique à un état transitoire caractérisé par une absence totale d’éveil ou de perception pendant une durée supérieure à une heure (The Multi-Society Task Force on PVS, 1994). Cet état est caractérisé par une absence complète d’éveil et de perception de soi. Les patients comateux n’ouvrent pas les yeux, leur vocalisation est absente ou limitée, l’activité motrice est absente ou anormale et par conséquent l’interaction avec l’environnement inexistante. Le coma évolue vers une récupération de l’état de conscience normal, un état de conscience minimale, un état végétatif ou la mort cérébrale (Stevens & Bhardwaj, 2006). Etat de conscience normal. L’état de conscience normal est caractérisé par des comportements cohérents et dirigés avec des réponses adéquates aux ordres (Stevens & Bhardwaj, 2006). Etat de conscience minimale. L’état de conscience minimale est caractérisé par des comportements incohérents, mais reproductibles et soutenus (Giacino et al., 2002). Les patients sont capables de façon intermittente de suivre du regard un objet, de répondre à des ordres simples et d’avoir des réponses émotionnelles (Stevens & Bhardwaj, 2006). Lors d’une stimulation nociceptive, ils sont capables d’avoir une réponse dirigée, c’est-à-dire de porter le membre non-stimulé vers le point de stimulation. Cet état peut être chronique ou transitoire et évoluer vers une récupération de l’état de conscience normal. Etat végétatif. Le terme état végétatif s’applique à des patients non conscients de leur environnement ni d’eux-mêmes, et incapables d’interagir avec autrui (The Multi-Society Task Force on PVS, 1994). Ils ne présentent pas de signes de réponses volontaires à des stimuli visuels, auditifs, tactiles ou nociceptifs, ni de signes de compréhension du langage ou d’expression, et son incontinent. Cet état se caractérise par la présence d’un cycle de veille- 32 sommeil. Les patients en état végétatif vont réagir à une stimulation nociceptive par des mouvements de flexion ou des réponses stéréotypées, c’est-à-dire des mouvements réflexes en flexion ou en extension. Cet état peut être chronique ou transitoire et évoluer vers un état de conscience minimale. Mort cérébrale. Le terme de mort cérébrale s’applique à des personnes qui ont irrémédiablement lésé leur cerveau et leur tronc cérébral (Office fédéral de la santé publique, 2009). Cet état est caractérisé par une absence de conscience, une abolition des réflexes crâniens et moteurs, ainsi qu’une absence de respiration spontanée. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un coma, mais les personnes en mort cérébrale ont un aspect qui fait penser au coma (Stevens & Bhardwaj, 2006). L’état de conscience d’un patient peut être déterminé par un examen neuro comportemental. La personne cérébrolésée est soumise à une stimulation auditive, visuelle, tactile ou nociceptive, afin de déterminer si sa réaction indique une perception consciente ou simplement une activité réflexe (Schnakers & Zasler, 2007 ; Stevens & Bhardwaj., 2006). Les réactions à un stimulus sont de quatre types: 1. une ouverture des yeux et une réponse aux ordres associée à une réponse verbale cohérente lors d’une stimulation auditive et tactile. 2. une réponse dirigée lors d’une stimulation nociceptive cherchant à éloigner la source de nociception, 3. une réponse en flexion lors d’une stimulation nociceptive, 4. une réponse stéréotypée ou une absence de réponse lors d’une stimulation nociceptive 33 A l’heure actuelle, les réponses en flexion et les réponses stéréotypées à un stimulus nociceptif ne sont pas considérées comme une perception consciente de la douleur (Giacino et al., 2002). De plus, les grimaces, en l’absence de stimuli environnementaux, ne doivent pas être considérées comme des signes indiquant une perception douloureuse (Schnakers & Zasler, 2007). Toutefois, l’évaluation clinique de l’état de conscience est un exercice difficile, car l’état de conscience des patients fluctue et les erreurs diagnostiques sont fréquentes (Nijboer, van der Naalt, & ten Duis, 2010; Schnakers & Zasler, 2007). En résumé, la population des patients cérébrolésés en milieu de soins intensifs est hétérogène. Les lésions cérébrales peuvent avoir des causes diverses et les indications à une hospitalisation en milieu de soins intensifs sont variées. Les altérations de l’état de conscience affectent la capacité du patient à communiquer, ainsi que son comportement lors de stimulus nociceptif et donc les signes de douleur. La présente étude s’intéressera aux personnes cérébrolésées ne pouvant pas communiquer intentionnellement à propos de leur douleur quelque soit la nature de la lésion cérébrale ou leurs motifs d’hospitalisation en milieu de soins intensifs. Les patients en mort cérébrale ne seront pas pris en considération. La section suivante présente des éléments du processus et de la physiologie de la douleur pour permettre une meilleure compréhension de la complexité du phénomène chez la personne cérébrolésée aux soins intensifs. 34 Perception de la douleur La douleur est définie par l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP Task Force on Taxonomy, 1994) comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire potentielle ou réelle, ou décrite en des termes évoquant une telle lésion. » (traduction Société française d’étude et de traitement de la douleur, 2011). Il est précisé qu’il s’agit d’une expérience subjective et l’impossibilité de communiquer verbalement ne supprime pas la possibilité d’éprouver de la douleur. Il faut différencier la douleur de la nociception. La nociception se définit comme la détection du stimulus et la transmission de l’information à propos de la présence et de la qualité du stimulus du site de stimulation au cerveau (Henry & Hsiao, 2008). L’expérience douloureuse implique une interprétation des signaux nociceptifs influencée par des éléments structuraux, émotionnels et cognitifs (Henry & Hsiao, 2008; Tracey & Mantyh, 2007). La douleur est donc une expérience plus large que la nociception. Dans les sections suivantes, la théorie de la neuromatrice de la douleur est présentée, ainsi qu’une explication des processus physiologiques liés à la douleur. Théorie de la neuromatrice de la douleur Le modèle de la neuromatrice de la douleur a été développé par Melzack (1999) pour expliquer la douleur au niveau physiologique et expérientiel. Il s’agit d’un modèle multidimensionnel de la douleur compatible avec le modèle d’évaluation de la douleur de Snow et al. (2004). Selon le modèle de la neuromatrice de la douleur, la douleur est le produit d’un réseau neuronal cérébral, nommé neuromatrice, qui est génétiquement déterminé et modifié par l’expérience. Ce réseau est composé d’aires cérébrales situées dans le thalamus, 35 le cortex et le système limbique, reliées entre elles par des boucles neuronales (Melzack, 2005). L’expérience douloureuse va donc activer différentes régions du cerveau. Cette activité va varier en fonction de différentes stimulations sensorielles nociceptives, de facteurs cognitifs et émotionnels propres à l’individu. Toute l’information douloureuse en provenance du corps est traitée par la neuromatrice. Il en résulte une perception de la douleur, une réaction comportementale volontaire ou involontaire, ainsi qu’une régulation physiologique du stress provoquée par la douleur avec une activation du système sympathique et endocrinien (voir la figure 5). Figure 5. Schéma des facteurs contributifs à la neuromatrice inspiré de Melzack (2001) Le modèle de la neuromatrice comprend cinq dimensions: sensorielle, émotive, cognitive, physiologique et comportementale. On ne retrouve pas dans le modèle de la neuromatrice de définitions claires des diverses dimensions de la douleur. Une lecture attentive de divers écrits a permis de dégager les définitions suivantes (Melzack, 1999, 2001; Melzack & Katz, 2005). La dimension sensorielle a trait à la sensation douloureuse telle que: 36 son intensité, sa localisation et sa durée. La dimension émotionnelle a trait aux émotions et aux ressentis qui accompagnent ou résultent de la douleur comme la peur et l’anxiété. La dimension cognitive a trait aux pensées qui accompagnent ou résultent de la douleur comme le souvenir des expériences antérieures, la signification donnée à l’expérience et l’attention portée. La dimension comportementale a trait aux divers comportements volontaires ou non qui sont concomitants à la perception douloureuse. Il s’agit à la fois de comportements corporels, verbaux ou d’expressions faciales comme les grimaces. La dimension physiologique a trait aux réactions neurovégétatives et endocriniennes liées au stress de l’expérience douloureuse. Le modèle de la neuromatrice est en cohérence avec les récentes découvertes issues de l’imagerie cérébrale dans le domaine de la perception douloureuse et explique via les processus neuronaux les différentes dimensions de la douleur (Maihöfner, 2008). Cette théorie est donc tout à fait adaptée à la population des personnes cérébrolésées. De plus, elle intègre le processus physiologique et expérientiel de la douleur présenté dans les sections suivantes. Processus physiologique de la douleur Les paragraphes suivants exposent les mécanismes nociceptifs, les conductions afférente et efférente de la perception douloureuse. Voies afférentes de la nociception Au niveau périphérique, il existe des neurones sensitifs spécialisés, nommés nocicepteurs, qui détectent des stimuli mécaniques intenses, les températures extrêmes, une hypoxie ou une exposition à un irritant chimique (Bear et al., 2007). Ces nocicepteurs sont 37 présents dans tous les tissus comme la peau ou les viscères, à l’exception de l’encéphale (Bassbaum, Bushnell, & Devor, 2008). La stimulation nociceptive est transmise par des fibres A myélinisées responsables de la douleur immédiate et des fibres C amyélinisées, plus lentes, responsables de la douleur secondaire plus diffuse (Bear et al., 2007; Henry & Hsiao, 2008). L’activation de ces neurofibres, ainsi que les lésions tissulaires, provoquent une libération de nombreuses substances chimiques engendrant une réaction inflammatoire locale avec une hyperémie, une chaleur et un œdème dirigé. Ceci provoque un abaissement du seuil de sensibilité des neurofibres A et C, avec l’apparition d’une hyperalgésie (Bassbaum et al., 2008). Les neurofibres de la nociception font des synapses avec des neurones de deuxième ordre dans la corne postérieure de la substance grise de la moelle épinière (Tracey, 2008). A ce niveau se situent des synapses avec des interneurones qui génèrent une activité motrice réflexe de retrait. Le stimulus nociceptif emprunte plusieurs voies ascendantes : le tractus spinothalamique, le tractus spinoparabrachial et le tractus spinomésencéphalique (voir la Figure 6). Les différentes projections des tractus ascendants au niveau du thalamus et des diverses aires cérébrales sont encore très débattues, mais de nombreux scientifiques s’accordent sur le fait que le thalamus joue un rôle important dans la transmission de la nociception (Apakarian et al.; 2005; Muller et al., 2007; Tracey, 2008). Les fibres qui empruntent les voies ascendantes du tractus spinothalamique aboutissent aux : noyau ventral postéro-latéral du thalamus d’où partent des axones en direction des cortex somatosensoriels primaire et secondaire situés dans le gyrus post-central, ce 38 qui contribue à la discrimination du site et la détermination de l’intensité de la nociception. noyaux intra-laminaires d’où partent des axones en direction du système limbique siège des émotions (notamment la partie antérieure du cingulum) et du cortex moteur. noyau ventral latéral (dans sa partie postérieur) d’où partent des axones en direction du cortex insulaire, ce qui contribuerait à la contextualisation des émotions (Bassbaum et al., 2008; Tracey & Mantyh, 2007). Les fibres nociceptives qui empruntent les voies ascendantes du tractus spinoparabrachial, se projettent ensuite vers le pont, puis au niveau du système limbique vers le corps amygdaloïde. Ce système serait impliqué dans la peur et la mémoire de la douleur, ainsi que dans la réponse comportementale et du système nerveux autonome (Bassbaum et al., 2008). Le tractus spinomésencéphalique semble être impliqué dans la conduction des stimuli nociceptifs au niveau du mésencéphale, plus précisément à la partie supérieure du colliculus et de la substance grise périaqueducale. Ce système serait impliqué dans la modulation de la douleur, notamment avec les réponses du système nerveux autonome et les réponses comportementales (Bassbaum et al., 2008; Tracey & Mantyh, 2007). 39 Figure 6. Les structures afférentes, cérébrales et efférentes de la douleur selon Price (2000) Cerveau et douleur Le cerveau est le site d’analyse et d’intégration des messages afférents et le lieu d’élaboration des messages efférents empruntant les voies descendantes. Dans une revue systématique des études sur les résultats de l’imagerie cérébrale chez les humains, Apakarian et collaborateurs (2005) ont identifié les régions corticales du cerveau considérées comme étant les plus fréquemment activées lors d’une douleur aiguë (voir la Figure 6). Ces zones comprennent : les cortex somesthésiques primaire et secondaire qui permettent de discriminer la localisation des stimuli et leur intensité correspondant ainsi à la dimension sensorielle 40 de la douleur. Ces aires sont liées à un tractus cortico limbique qui intègre les informations somato sensitives avec des apports sensitifs, visuels et auditifs, la mémoire et l’apprentissage. Ce tractus part de l’aire somesthésique primaire vers l’aire pariétale postérieure, puis vers le cingulum et ensuite vers le corps amygdaloïde, le rhino-cortex et l’hippocampe (Price, 2000), le cortex insulaire (la partie antérieure du cingulum) fait partie du système limbique et joue un rôle dans l’attention, la mémoire et l’intégration sensorielle. Elle correspond à la dimension émotionnelle de la douleur. le cortex préfrontal est le siège de la dimension cognitive de la douleur et serait impliqué dans des variables comme la mémoire ou l’évaluation du stimulus. Il reçoit des stimulations du cingulum et du corps amygdaloïde. les cortex moteur et pré-moteur, dont l’activation semble inconstante selon les travaux (Apakarian et al., 2005). Ils seraient impliqués dans la suppression des mouvements ou dans des mouvements provoqués par la douleur. D’autres zones peuvent être activées en fonction du contexte et des individus comme les noyaux de la base, le cervelet ou des zones dans le cortex temporal. Les zones activées lors d’une stimulation douloureuse semblent être différentes d’un individu à l’autre et c’est pourquoi ce phénomène est parfois décrit comme « la signature cérébrale » (Melzack, 2005; Tracey & Mantyh, 2007). Cette signature unique semble être le produit de nos gènes et de notre histoire de la douleur. 41 Voies efférentes ou modulation de la douleur Le terme voie efférente de la douleur fait référence aux influences inhibitrices ou facilitatrices, issues du cortex cérébral et destinées au tronc cérébral, ainsi qu’à l’échelon spinal (voir la Figure 6). La substance grise périaqueducale semble jouer un rôle majeur dans la modulation de la douleur (Bear et al., 2007; Hadjipavlou, Dunckley, Behrens, & Tracey, 2006; Tracey & Mantyh, 2007) via les projections qu’elle reçoit du système limbique et du cortex. Elle inhiberait ou augmenterait la perception de la douleur en fonction de l’intensité des stimulations reçues. Dans des études de neuro-imageries, on a constaté une activation de cette zone cérébrale lorsque le sujet est distrait, via une modulation du gyrus du cingulum, (Bantick et al., 2002) ou lorsque le sujet a un sentiment de contrôle sur le stimulus douloureux, via une modulation cognitive par le cortex préfrontal (Wiech et al., 2006). La substance grise périaqueducale influence, quant à elle, les noyaux du raphé, situés au niveau du tronc cérébral, qui eux modulent la transmission des informations nociceptives au niveau de la corne dorsale de la moelle épinière (Hadjipavlou et al., 2006; Tracey & Mantyh, 2007). Le thalamus est lui sous le contrôle du cortex pré-moteur, du cortex somesthésique, du cortex cingulaire antérieur et de l’insula. Il régule la réaction au stress. Physiologie de la douleur chez la personne cérébrolésée Divers chercheurs ont étudié la perception douloureuse chez les personnes présentant des altérations de l’état de conscience et il existe des controverses à ce propos. Il semblerait que l’intégrité des tractus thalamo corticaux soit nécessaire à la perception consciente de la douleur (Schnakers & Zasler, 2007). La perception consciente ne serait possible que s’il existe une interaction entre le cortex préfrontal et la zone périaqueducale. 42 Concrètement, les travaux actuels démontrent qu’il faut différencier entre les patients en état végétatif et les patients en état de conscience minimale (Boly et al., 2008). Patients en état végétatif. Ces patients ont des fonctions de l’hypothalamus et du tronc cérébral conservées, ainsi que certains réflexes. La réponse à un stimulus nociceptif est stéréotypée, c’est-à-dire des mouvements réflexes en flexion ou extension, ou en flexion non dirigée. Chez des patients en état végétatif depuis plus d’un mois, la neuro-imagerie a montré une activation limitée du thalamus, du tronc et des aires somesthésiques primaires lors d’une stimulation douloureuse (Laureys et al., 2002), ce qui suggère une réaction à la nociception et non une perception de la douleur. Il n’y a pas d’activation des aires associatives, la stimulation nociceptive semble activer le système nerveux autonome. Les dimensions affectives et cognitives de la douleur sont donc absentes. Ceci suggère que les processus cérébraux chez ces patients ne permettent une perception consciente de la douleur (Schnakers et al., 2008). Patient en état de conscience minimale. Chez ces patients, une étude descriptive récente a mis en évidence une perception sensorielle et affective de la douleur (Boly et al., 2008). Lors d’un stimulus nociceptif, ces patients activent les mêmes réseaux neuronaux que des sujets sains, c’est-à-dire le thalamus, les aires somesthésiques primaires et secondaires, le cortex insulaire et frontoparietal, ainsi que la zone antérieure du cingulum. Ils ont une connexion corticocérébrale préservée. Il est donc probable qu’ils ont une perception de la douleur préservée, même si elle est différente de celle des sujets sains. Cette brève description démontre bien l’importance de distinguer les aires cérébrales différentes concernées par la sensation nociceptive et par le processus neuronal complexe lié à la perception de la douleur consciente. C’est pourquoi, une lésion cérébrale peut avoir des incidences sur la perception et la réponse à la douleur. 43 Douleur et mémoire Un des autres éléments à considérer dans la perception de la douleur lors de lésion cérébrale est la mémorisation de la douleur, notamment lors d’altération de l’état de conscience. La mémoire de la douleur est un phénomène complexe qui implique des structures corticales et sous-corticales. Il faut en effet distinguer la mémoire explicite consciente et la mémoire implicite plus automatique. La mémorisation explicite va concerner les aires corticales somesthésiques primaire et secondaire, ainsi que le cortex insulaire (Bassbaum et al., 2008). La mémorisation implicite va concerner le corps amygdaloïde, l’hippocampe et la partie antérieure du cingulum (Apkarian, 2008). Le corps amygdaloïde semble spécialement contribuer à la mémorisation émotionnelle de la douleur et de son contexte. Lors de lésions corticales ou lors d’abolition de l’état de conscience lié à un traitement sédatif, il est possible qu’il n’y ait pas de mémorisation explicite de la douleur, mais uniquement une mémorisation sous-corticale implicite (Apkarian, 2008). Cette mémorisation implicite pourrait favoriser la survenue ultérieure de douleurs chroniques et d’hyperalgésie (Apkarian, 2008). C’est pourquoi, il est important de soulager la douleur même chez une personne présentant des lésions cérébrales ou un état de conscience est altéré. Après avoir décrit la physiologie de la douleur et sa perception en fonction de l’état de conscience chez la personne cérébrolésée, la section suivante traite plus spécifiquement de l’évaluation de la douleur. 44 L’évaluation de la douleur Les sociétés savantes recommandent le recours à une auto-évaluation de la douleur d’une personne malade dans la mesure où la douleur est une expérience subjective (Herr et al., 2011; Sauder et al., 2008). Lorsque l’auto-évaluation est impossible, les soignants doivent se baser sur des signes externes pour juger de la présence et de l’intensité de la douleur chez les personnes non-communicantes. Comme explicité dans la théorie de la neuromatrice de la douleur (Melzack, 2005), ces signes sont physiologiques en raison de l’activation du système nerveux sympathique et endocrinien, ainsi que comportementaux avec des mimiques, des sons, des mouvements volontaires ou non. Les recommandations des divers experts pour l’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées non-communicantes aux soins intensifs sont présentées ci-dessous, ainsi qu’une revue critique des divers instruments d’évaluation de la douleur pour les patients de soins intensifs actuellement disponibles et leur pertinence pour les personnes cérébrolésées. Recommandations des experts sur l’évaluation de la douleur Les recommandations des experts sont multiples et se situent à divers niveaux dans le processus d’évaluation de la douleur. Ils s’accordent tous pour affirmer que la douleur doit être évaluée régulièrement et tout spécialement lorsqu’il y a une modification du comportement ou des soins potentiellement douloureux (Herr et al., 2011; Puntillo et al., 2009; Sauder et al., 2008; Sessler & Varney, 2008). Ils préconisent le recours à une auto-évaluation de la part de la personne malade dans la mesure où la douleur est une expérience subjective. Cette auto-évaluation peut être réalisée à l’aide d’une échelle numérique, une échelle descriptive, des gestes ou des réponses «oui » ou « non » à une question sur la douleur (Herr 45 et al., 2011; Puntillo et al., 2009; Sauder et al., 2008). Dans la mesure, où l’état de conscience et de vigilance fluctuent au cours du temps chez les patients de soins intensifs, il est recommandé de régulièrement solliciter une auto-évaluation (Herr et al., 2011). Lorsque l’auto-évaluation n’est pas possible, l’utilisation d’instruments d’observation comportementaux validés pour la population concernée est recommandée (Herr et al., 2011; Puntillo et al., 2009; Schnakers & Zasler, 2007). Les instruments d’évaluation comportementaux actuellement disponibles pourraient ne pas être adaptés aux personnes cérébrolésées, dont les comportements diffèrent des autres patients de soins intensifs (Herr et al., 2011). De plus divers travaux ont démontré que la corrélation entre une auto-évaluation et une évaluation externe est faible, les évaluateurs externes tendent à sous-estimer l’intensité de la douleur par rapport à l’auto-évaluation du patient (Gelinas, Harel, Fillion, Puntillo, & Johnston, 2009; Keane, In press; Prkachin et al., 2007). Les instruments d’évaluation externes ne permettent pas réellement de déterminer l’intensité de la douleur, mais essentiellement de déterminer la présence de douleur et de guider le traitement (Gelinas, Harel, et al., 2009; Herr et al., 2011). Parmi les indicateurs externes considérés, on retrouve des indicateurs comportementaux et physiologiques. Pour les experts, les variations des paramètres physiologiques sont à considérer comme des indices de douleur potentielle en association avec d’autres indicateurs (Herr et al., 2011), car il s’agit de signes d’activation du système nerveux sympathique en réaction à un stress. Ils ne sont pas spécifiques à la douleur, mais parfois il s’agit des seuls signes de douleur présents (Li et al., 2009). D’autre part, l’absence de modification des paramètres physiologiques ne doit pas être considérée comme un signe d’absence de douleur et ceci est tout spécialement vrai lorsque la douleur se prolonge (Herr et al., 2011). Chez les personnes cérébrolésées, il est recommandé d’associer l’évaluation de la 46 douleur à une évaluation neuro-comportementale permettant de déterminer la conscience de la perception douloureuse (Schnakers & Zasler, 2007). Certains experts suggèrent de solliciter l’évaluation des proches en raison de leur connaissance du patient (Herr et al., 2011; Puntillo et al., 2009). Chez les patients cérébrolésés en phase aiguë, les familles n’ont pas encore eu l’opportunité de s’adapter aux comportements nouveaux de la personne malade et vivent un stress intense lié à la maladie de leur proche (Agard & Harder, 2007; Paparrigopoulos et al., 2006). Il peut être donc s’avérer difficile de les solliciter. Cependant dans une étude portant sur 171 patients adultes de soins intensifs, Puntillo et al. (2012) ont retrouvé un coefficient intra classe (ICC) de 0,43 entre l’auto-évaluation de l’intensité de la douleur et l’hétéro-évaluation par les proches, alors que la concordance est moins importante entre les patients et les infirmières (ICC = 0,29). Ces résultats suggèrent que l’évaluation de la douleur par les proches est plus fiable que celle des infirmières lorsqu’elle est réalisée à l’aide d’une échelle numérique. Il n’existe toutefois pas de comparaison entre les évaluations réalisées par les patients et les proches, et celles réalisées à l’aide d’un instrument d’évaluation comportemental par les infirmières. Malgré cela l’évaluation des proches doit être sollicitée, car elle peut offrir une autre vision de l’expérience douloureuse vécue par le patient. Lorsque les signes sont difficiles à interpréter, un test aux analgésiques est préconisé (Herr et al., 2011; Puntillo et al., 2009). C’est l’observation des signes externes de douleur potentielle avant et après le test aux antalgiques qui permet de déterminer la présence ou non de douleur. 47 Pour terminer, la douleur doit être évaluée et réévaluée de façon régulière, ainsi que documentée au cours du temps sur un support facilement accessible et de façon cohérente (Herr et al., 2011). En résumé, les points clefs recommandés par les experts dans l’évaluation de la douleur chez les patients non communicants cérébrolésés de soins intensifs sont de: 1. solliciter le patient de façon régulière pour une auto-évaluation en utilisant un instrument d’observation validé et fiable pour cette population, 2. utiliser un instrument d’évaluation comportementale validé et fiable pour cette population, lorsque l’auto-évaluation n’est pas possible, 3. associer les éléments d’un examen neuro-comportemental à l’évaluation de la douleur pour les personnes cérébrolésées, 4. solliciter une hétéro-évaluation de la part des proches, 5. réaliser un test diagnostic de la réponse aux antalgiques, si les résultats de l’évaluation ne sont pas concluants, 6. évaluer et documenter régulièrement la douleur (Herr et al., 2011; Schnakers & Zasler, 2007). Ces recommandations mettent en lumière l’importance de disposer d’un instrument d’évaluation de la douleur fiable et valide sur lequel les professionnels de la santé puissent s’appuyer pour évaluer et soulager la douleur de la personne cérébrolésée. Le choix d’un instrument d’évaluation de la douleur pour la pratique des soins va directement affecter la qualité des soins, car les propriétés d’un instrument vont influencer la qualité de l’information 48 recueillie (Gelinas et al., 2008). L’usage d’un instrument favorise aussi une cohérence dans la prise en soins des personnes, car il standardise la collecte et l’interprétation des informations, ce qui est spécialement important dans un service de soins intensifs où les intervenants sont multiples auprès du patient. C’est pourquoi la section suivante présente une revue critique des instruments d’évaluation de la douleur disponible pour les personnes non-communicantes aux soins intensifs, ainsi qu’une évaluation de leur pertinence pour les personnes cérébrolésées. Cette revue a été en partie publiée en 2011 (Roulin, Goulet, & Ramelet, 2011) et elle est reproduite ici avec l’aimable autorisation de la revue « Recherche en soins infirmiers » (Appendice A). 49 Revue critique des instruments d’évaluation de la douleur pour les patients non-communicants aux soins intensifs. Le but de cette revue critique des instruments d’évaluation de la douleur est de réaliser une synthèse et une évaluation critique de l’état des connaissances à propos des instruments d’évaluation de la douleur pour les patients de soins intensifs, afin d’identifier d’éventuels manques dans les connaissances qui devraient être investigués, notamment au niveau de l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Méthode Cette revue critique comporte plusieurs étapes, telles que décrites par Carnwell & Daly (2001) : (a) l’énoncé clair du but de la revue des écrits (énoncé ci-dessus), (b) la description de la méthode et de l’étendue de la recherche des écrits, (c) la synthèse et l’évaluation des écrits retenus, (d) une discussion mettant en lumière les points faibles des connaissances actuelles sur le sujet investigué. La recherche bibliographique a été réalisée via une consultation des bases de données de Pubmed (via Ovid search), CINAHL (via EBHOST) et Embase entre janvier 1999 et septembre 2010. Les mots clefs suivants ont été utilisés avec l’opérateur booléen OU: pain assessment, nursing assessment, pain measurement, associés avec l’opérateur boléen ET à critical care OU critical illness OU intensive care. Finalement ces mots clefs ont été associés avec l’opérateur boléen ET aux termes brain injury OU brain dysfunction OU trauma OU cognitive impairment. Une seconde recherche documentaire a été réalisée avec la fonction « articles en lien » disponible dans les bases de données. Finalement, la liste des références de chaque article retenu a été parcourue pour en retirer les études pertinentes. Les critères de 50 sélection étaient au nombre de cinq: (a) des instruments développés pour des patients incapables de communiquer verbalement ou avec des altérations de l’état de conscience, (b) des instruments développés pour des patients aux soins intensifs, (c) des instruments utilisés chez les adultes, (d) des instruments publiés en français ou anglais, (e) des instruments pour lesquels des mesures psychométriques ont été réalisées. La pertinence des études pour cette revue critique des écrits a été évaluée dans un premier temps sur la base des informations contenues dans le résumé. Les articles éligibles ont été analysés dans leur intégralité. Une version modifiée du guide d’analyse critique et de la grille développées par Herr et al. (2006; 2008) pour l’évaluation des instruments d’observation comportementale de la douleur chez les personnes démentes non communicantes a été utilisée pour extraire les données, ainsi que pour évaluer de façon méthodique les instruments retenus. Cette évaluation est basée sur la théorie classique de la mesure et comporte cinq critères : la conceptualisation, la population cible, la faisabilité et l’utilité clinique, la fiabilité et la validité. Les divers critères sont présentés ci-dessous et dans le tableau 1. Critères d’analyse critique selon Herr et collaborateurs. Critère 1. Conceptualisation. Le premier critère, la conceptualisation, comporte quatre indicateurs de qualité: le but de l’instrument, la base conceptuelle, le processus de développement et la validation de contenu. L’indicateur de qualité lié au but de l’instrument examine l’énoncé du but de l’instrument et son adéquation à la population considérée. La base conceptuelle d’un instrument comprend la définition théorique du construit à mesurer (la douleur chez des personnes cérébrolésées), ainsi que la définition opérationnelle qui en découle (Waltz, Strickland, & Lenz, 2010). La définition théorique permet de préciser la signification du construit et d’identifier les dimensions qui le caractérisent (Fortin, 2010). Elle 51 guide son opérationnalisation, c’est-à-dire comment le construit sera mesuré, et le choix des énoncés. Par exemple, si l’on considère que la douleur est le produit d’une expérience sensorielle et émotionnelle (IASP Task Force on Taxonomy, 1994), alors les dimensions sensorielle et émotionnelle devront se refléter dans les énoncés. De fait, il s’agit d’évaluer si le construit mesuré par l’instrument est défini de façon claire et précise, si l’objectif de l’instrument et le contexte d’utilisation sont explicites. L’indicateur de processus de développement de l’instrument considère la méthode utilisée pour la génération des énoncés. Il existe diverses méthodes qui peuvent être utilisées séparément ou en association: la revue des écrits théoriques et empiriques, une recension des énoncés considérés dans des instruments de mesure, la consultation d’experts du domaine, l’observation directe et la recherche (Streiner & Norman, 2008). Concrètement, il s’agit de s’assurer que le processus de développement est décrit et adapté. L’indicateur de validité de contenu évalue les énoncés pour leur clarté, pertinence et représentativité du construit mesuré (Fortin, 2010; Waltz et al., 2010). Cet indicateur fait partie du développement conceptuel d’un instrument, car il est lié à la définition théorique et aux énoncés choisis. Il diffère des autres processus de validation (validation de critères et validation de construit), car il ne se base pas sur les résultats obtenus avec l’instrument, mais sur une évaluation des divers énoncés (Streiner & Norman, 2008). Le contenu d’un instrument se valide par une consultation d’un groupe d’experts, ou d’utilisateurs potentiels (Waltz et al., 2010). Cela peut se réaliser de façon très structurée avec un questionnaire où chaque expert est invité à évaluer chaque énoncé et l’instrument dans son ensemble sur une échelle de type Likert (Lynn, 1986; Waltz et al., 2010). La concordance des réponses entre les experts est ensuite mesurée. Diverses statistiques peuvent être utilisées pour déterminer la validité de 52 l’ensemble de l’instrument: l’Index de Validité de Contenu [IVC] ou un coefficient alpha (Herr et al., 2008). Les critères d’évaluation de la validité de contenu portent non seulement sur la méthode utilisée et les tests statistiques réalisés, mais aussi sur le nombre et les qualifications des experts consultés par rapport au thème étudié. On admet qu’il faut un minimum de cinq experts, mais qu’une vingtaine ou plus est préférable (Beckstead, 2009; Streiner & Norman, 2008). Finalement, il faut considérer l’adéquation des énoncés à la population considérée. Dans cette revue critique, il s’agit de l’adéquation des énoncés de l’instrument considéré à l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs. Critère 2. Population cible. Ce critère fait référence à la population étudiée et à ses caractéristiques. Il comprend deux indicateurs de qualité: la taille et la composition de l’échantillon. Il s’agit de s’assurer que le nombre de sujets est suffisant pour les tests statistiques réalisés. Herr et al. (2008) ont défini empiriquement la taille minimale d’un échantillon à cinq sujets par catégorie d’indicateurs. L’échantillon choisi doit être représentatif de la population considérée et ses caractéristiques. Pour cette critique, il s’agit des personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs. 53 Tableau 1. Grille d’évaluation des instruments de mesure de la douleur pour les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs a Critères Définition Conceptualisation La conceptualisation considère le but, la base conceptuelle de l’instrument, son processus de développement et la validation de contenu (Herr et al., 2006). Indicateurs But : le but de l’instrument est défini et adapté aux personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs. Base conceptuelle : le construit de la douleur est défini et il n’y a pas de confusion avec d’autres construits. Le processus de développement : la méthode de génération des énoncés est décrite, fait référence aux indicateurs identifiés dans la littérature, représente le domaine de la douleur. La validation de contenu : la méthode d’évaluation de contenu est décrite, l’outil a été évalué par un groupe d’expert indépendant avec une expertise dans le domaine de la douleur des personnes cérébrolésées aux soins intensifs [minimum cinq experts, (Streiner & Norman, 2008)] Les résultats de la validité de contenu sont dans des valeurs acceptables. La population cible La population cible est les personnes pour lesquelles l’instrument a été développé et testé, soit leurs caractéristiques et leurs nombres (Herr et al., 2006) Note. aInspiré de Herr et al. (2006) La population cible est des patients non communicants cérébrolésés aux soins intensifs Les caractéristiques de l’échantillon sont décrites. La taille de l’échantillon est suffisante pour tester l’outil et les tests statistiques réalisés (règle empirique de 5 sujets par indicateurs). 54 Tableau 1 Grille d’évaluation des instruments de mesure de la douleur pour les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs (suite) Critères Définition Indicateurs Faisabilité et utilité clinique La faisabilité est la facilité d’utilisation de l’instrument en clinique (Duhn & Medves, 2004). La méthode d’administration est décrite. La méthode de cotation est décrite. Le format est constant entre les indicateurs. Le temps nécessaire pour la mesure et le temps de formation, les habilités requises sont décrits. L’instrument existe en français. L’interprétation des résultats est claire et il y a des normes pour interpréter les cotations. L’utilité clinique est évaluée par les utilisateurs. L’utilité clinique est l’utilité des résultats en clinique (Duhn & Medves, 2004) Fiabilité La fiabilité est la consistance ou la cohérence d’une mesure en différentes occasions (Streiner & Norman, 2008) La cohérence interne est la mesure de l’homogénéité des énoncés (Waltz et al., 2010). La cohérence interne : la méthode de test de la fiabilité est appropriée pour les données : Cronbach alpha pour les variables continues ou ordonnées, Kuder-Richardson pour les variables catégorielles (Streiner & Norman, 2008). Les valeurs du coefficient de corrélation sont acceptables : 0,7 à 0,8 (Streiner & Norman, 2008). La fiabilité inter-juges est la mesure de la concordance des résultats entre plusieurs évaluateurs (Streiner & Norman, 2008). La fiabilité inter-juges : La mesure est appropriée pour le type de données avec un coefficient intraclasse (> 0,8) pour les données continues et un coefficient kappa >0,6 pour les données catégorielles (Streiner & Norman, 2008). La fiabilité intra-juges est la mesure de la constance des résultats en déterminant la concordance des résultats entre des mesures répétées (Streiner & Norman, 2008). La fiabilité intra-juges ou le test-retest est une mesure peu pertinente en soins intensifs en raison de la rapide modification de la condition clinique des patients. 55 Tableau 1 Grille d’évaluation des instruments de mesure de la douleur pour les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs (suite) Critères Définition Indicateurs Validité Le processus de validation cherche à vérifier si l’instrument mesure le concept qu’il doit mesurer (Streiner & Norman, 2008). Plusieurs méthodes de validation sont réalisées. Les mesures de référence pour la comparaison sont valables pour la population. Suffisamment de détails sont fournis sur la méthode utilisée. La technique d’analyses est appropriée aux données et au type de validité vérifiée. Critère 3. Faisabilité et utilité clinique. Ce critère s’intéresse à l’aspect pratique de l’utilisation de l’instrument, c’est-à-dire sa faisabilité et son utilité clinique. La faisabilité consiste en la facilité avec laquelle l’instrument peut être utilisé en clinique (Duhn & Medves, 2004). Il s’agit des modalités d’administration et du format d’administration, de la cotation des énoncés, de l’interprétation de la cotation obtenue, du temps de formation nécessaire pour le personnel, du temps nécessaire pour administrer l’instrument, ainsi que de la langue dans laquelle une version validée de l’instrument existe (Duhn & Medves, 2004; Herr et al., 2008). L’utilité clinique est l’acceptation de l’instrument par ces utilisateurs et l’utilité des résultats obtenus dans le contexte clinique (Duhn & Medves, 2004), ainsi que la présence de normes pour interpréter les cotations. Il existe autour des concepts d’utilité clinique et de faisabilité des conceptions différentes entre les auteurs. Pour certains, utilité clinique et faisabilité sont un seul concept (Stevens & Gibbins, 2002 ; Voepel-Lewis et al., 2008) , pour d’autre l’utilité clinique fait partie de la validité (Streiner & Norman, 2008). Au niveau opérationnel, l’utilité clinique et la 56 faisabilité sont évalués via une démarche consultative auprès des utilisateurs (Streiner & Norman, 2008; Voepel-Lewis et al., 2008). Critère 4. Fiabilité. Le critère de fiabilité peut être défini comme la cohérence et la stabilité des mesures réalisées avec l’instrument (Fortin, 2010). Pour être fiable, une mesure doit donner des résultats reproductibles. Les indicateurs pour ce critère sont la cohérence interne et la fiabilité intra et inter-juges. La cohérence interne correspond au lien effectif qu’il y a entre tous les énoncés ou entre énoncés mesurant une même dimension pour les instruments multidimensionnels (Streiner & Norman, 2008). On mesure l’inter-corrélation par le coefficient alpha de Cronbach pour les variables continues ou ordonnées et on réalise une analyse de Kuder-Richardson lorsque les variables sont dichotomisées (Streiner & Norman, 2008). Le coefficient de corrélation devrait se situer entre 0.7 et 0.8; un coefficient supérieur à 0,9 signifie que plusieurs énoncés sont redondants (Streiner & Norman, 2008). La fiabilité inter-juges correspond à la concordance des résultats entre deux observateurs indépendants (Waltz et al., 2010). Il s’agit d’un élément important, car dans un service de soins intensifs, un instrument est utilisé par de nombreux soignants. Les tests statistiques habituellement utilisés sont le coefficient kappa de Cohen pour les données catégorielles (valeur idéale supérieur à 0,6) et le coefficient de corrélation intra-classe (ICC) pour les données continues, avec une valeur idéale égale ou supérieure à 0,8 (Streiner & Norman, 2008). La fiabilité intra-juges, parfois nommée fiabilité test-retest, correspond à la stabilité entre deux mesures réalisées avec l’instrument à deux moments différents et effectuée par le même observateur (Waltz et al., 2010). Cette mesure est peu pertinente pour des instruments 57 destinés aux personnes hospitalisées aux soins intensifs, car la douleur est susceptible de varier rapidement en fonction de leur état clinique. Critère 5 : Validité. La validation est un processus qui cherche à déterminer si un instrument mesure ce qu’il est censé mesurer, compte tenu de l’utilisation faite par les chercheurs (Fortin, 2010). Dans le cadre de l’évaluation de la douleur, le processus de validation d’un instrument cherche à déterminer si l’instrument mesure réellement la douleur et pas un autre construit. Actuellement, on considère la validité comme un concept unique et le processus de validation d’un instrument s’appuie sur plusieurs méthodes avec des hypothèses différentes qui cherchent à déterminer si les résultats obtenus avec l’instrument sont valides pour la population et le contexte considéré (Streiner & Norman, 2008). Classiquement, il est fait référence à trois processus de validation: la validation de contenu (dans la phase de conceptualisation), la validation de critères et la validation de construit (Fortin, 2010; Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010). Ces divers processus sont explicités ci-dessous. La validation de critères correspond à la corrélation entre un instrument de mesure et un autre instrument, idéalement la mesure de référence pour le phénomène considéré (Streiner & Norman, 2008). On distingue deux processus de validation de critères: la validation prédictive et la validation concomitante. La validité prédictive correspond à la capacité de l’instrument de prédire certains critères qui seront disponibles ultérieurement (Streiner & Norman, 2008). Par exemple, l’évaluation de la mesure de la douleur réalisée à l’aide d’un instrument d’évaluation comportementale permet-elle de prédire les besoins en antalgique dans les heures suivantes? Cette mesure est peu pertinente pour les personnes non-communicantes aux soins intensifs, car leur état clinique est instable et de nombreux 58 facteurs vont l’influencer. La validation concomitante évalue la concordance de la mesure entre l’instrument et la mesure de référence du construit réalisée simultanément (Fortin, 2010). Dans le cadre de l’évaluation de la douleur, il s’agit de la corrélation entre le score obtenu avec l’instrument de mesure de la douleur et l’auto-évaluation du patient. Lorsque l’état clinique du patient ne permet pas une auto-évaluation, on peut considérer une population de patients avec des problèmes de santé similaires capables de fournir une autoévaluation (Gelinas et al., 2008). Un coefficient de corrélation supérieur à 0,7 est considéré comme adéquat (Streiner & Norman, 2008). La validation de construit cherche à déterminer si l’instrument mesure le construit théoriquement défini (Fortin, 2010). Il s’agit d’une évaluation à la fois de la théorie et de l’instrument de mesure. La validation de construit comprend divers processus : la validation conceptuelle, la méthode des groupes de contraste, la validation divergente et la validation convergente. La validation conceptuelle par l’analyse factorielle est une méthode qui permet de retenir des énoncés fortement liés entre eux et de déterminer si les énoncés d’un instrument mesurent le même construit (Fortin, 2010). Ce type d’analyse nécessite un large échantillon de sujets, soit 10-12 sujets par énoncés (De Vellis, 2003). La méthode des groupes connus correspond à la capacité de l’instrument à distinguer entre des groupes qui devraient a priori obtenir des scores différents avec une même échelle de mesure (Fortin, 2010). Pour un instrument d’évaluation de la douleur, il s’agira par exemple de mesurer avec l’instrument la douleur chez des personnes en phase post-opératoire et chez des personnes qui n’ont à priori pas de causes de douleur. On teste l’hypothèse que les personnes en phase post-opératoire auront un score de douleur plus élevé que les personnes de l’autre groupe. 59 La validation divergente (aussi appelée validation discriminante) correspond à la capacité de l’instrument à mesurer le construit étudié et à le différencier d’autres construits (Fortin, 2010) ou à comparer un même groupe de patients dans deux situations différentes [événement douloureux versus événement non-douloureux] (Gelinas et al., 2008). Par exemple, dans l’étude de Gelinas et al. (2006), la validité divergente a été testée en évaluant la douleur à l’aide de l’instrument à tester lors d’un geste nociceptif (une rotation latérale) et lors d’un geste non nociceptif (le repos ou la mesure de la pression artérielle). La validation convergente vérifie la similitude entre différentes mesures du même construit avec des instruments différents (Aubin, Giguere, Hadjistavropoulos, & Verreault, 2007; Fortin, 2010). Dans l’évaluation de la douleur, il s’agit de vérifier si différents instruments mesurant la douleur sont corrélés entre eux. Idéalement les mesures devraient être aussi différentes que possibles (Streiner & Norman, 2008). C’est-à-dire que l’on vérifiera de préférence si un instrument d’observation comportementale de la douleur est corrélé avec une évaluation numérique au lieu de tester sa corrélation avec un autre instrument d’observation comportementale. Un coefficient de corrélation supérieur à 0,7 est considéré comme une « forte » association (Waltz et al., 2010). La grille d’analyse des instruments de mesure (Herr et al., 2008) permet de pondérer chacun des critères considérer de 0 à 3, où 3 correspond à un niveau de preuve élevé, 2 correspond à des preuves disponibles devant encore être testées, 1 correspond à des preuves insuffisantes et 0 à une absence de preuves. La cotation s’étend donc de 0 à 15 points. 60 Résultats Un total de 196 résumés a été examiné pour évaluer leur pertinence en lien avec le sujet de cette revue critique des écrits. Cette recherche, détaillée dans la figure 6, a permis d’identifier 25 articles remplissant les critères d’inclusion et décrivant huit instruments d’évaluation de la douleur pour les patients adultes non communicants aux soins intensifs. Les instruments sont décrits ci-dessous avec leurs indicateurs de la douleur (tableau 2). L’analyse de chaque instrument, ainsi que leur cotation se trouve dans le tableau 3. Pain Assessment and Intervention Notation. Le Pain Assessment and Intervention Notation [PAIN]. (L’Evaluation de la douleur et la documentation de l’intervention, traduction libre) a été développé pour permettre la documentation des données dans le cadre d’un travail de recherche sur la douleur en soins intensifs (Puntillo et al., 1997). Il s’agit d’un guide destiné à assister les infirmières dans la gestion de la douleur. Il comprend trois étapes : l’évaluation de la douleur, l’évaluation des problèmes potentiels liés à l’administration d’un antalgique et la décision de traitement. L’étape « évaluation de la douleur » contient trois catégories comportementales avec 12 énoncés et une catégorie physiologique avec 8 énoncés. Aucune cotation numérique n’est associée aux énoncés. L’instrument a été développé par une démarche consultative auprès d’experts, mais il n’y a pas eu de validation de contenu formelle par des experts 61 Figure 7. Cheminement de la recension des écrits sur les instruments d’évaluation de la douleur disponibles pour les personnes non-communicantes aux soins intensifs indépendants. Dans une étude récente, réalisée par les mêmes auteurs, d’autres énoncés comportementaux ont été identifiés (Puntillo et al., 2004) ce qui suggère que le contenu de cet instrument reste à valider. Finalement, cet instrument a été jugé trop long et trop complexe pour un usage courant en clinique (Puntillo, Stannard, Miaskowski, Kehrle, & Gleeson, 2002). 62 Une cotation de 4/15 est attribuée à cet instrument essentiellement, parce qu’un travail conséquent a été réalisé pour sa conception. Il a cependant été testé uniquement auprès de patients post-chirurgicaux conscients, capables d’auto-évaluer leur douleur et les personnes cérébrolésées ont été exclues du collectif. Cet instrument a aussi été jugé comme complexe, sa fiabilité n’a pas été vérifiée et le processus de validation est insuffisant. Nonverbal Pain Assessment Tool. Le Nonverbal Pain Assessment Tool [NPAT] (Instrument d’évaluation non verbal de la douleur, traduction libre) a été développé en plusieurs étapes par une équipe américaine pour les personnes non communicantes en soins intensifs (Klein, Dumpe, Katz, & Bena, 2010). La dernière version de cet instrument a été étudiée dans un groupe de 60 patients en postopératoire et sa fiabilité inter juges évaluées lors de 39 mesures. Cet instrument comporte quatre catégories comportementales et existe en deux versions : une version pour les personnes incapables d’expression verbale et une version pour les personnes vocales. Aucune cotation numérique n’est associée aux énoncés. Il a été développé suite à une revue des écrits et trois experts ont été consultés. Sa faisabilité et son utilité clinique n’ont pas été formellement testées pour son usage en clinique. 63 Tableau 2. Description des instruments d’évaluation de la douleur Instruments PAIN (Puntillo et al., 2002) Catégorie Catégorie physiologique comportementale Catégorie Cotation FC Expressions du visage TA Mouvement/activité Pas de mention Pas de cotation numérique FR Posture Expressions du visage Cris/pleurs Mouvements/activité Gémissement Cotation de 0 à 10 Verbale Transpiration Pâleur NPAT (Klein et al., 2010) Pas de mention Palier variable de 0 à 2 ou 0 à 3 Posture Emotions PBAT (Puntillo et al., 2004) FLACC (Merkel, Voepel-Lewis, Shayevitz, & Malviya, 1997) Pas de mention Pas de mention Expressions du visage Cris/pleurs Mouvements/activités Gémissement Posture Plaintes Expressions du visage Cris/pleurs Mouvements/activité Expressions du visage Vocalisation Mouvement/activité Gémissement Réponse visuelle Cotation de 0 à 10 Palier de 0 à 2 par catégorie Posture Consolabilité Nociception Pas de Coma Scale mention (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010) Note. FC = Fréquence cardiaque TA = Tension artérielle Pas de cotation numérique Cotation de 0 à 12 Palier de 0 à 3 par catégorie FR = Fréquence respiratoire SpO2 = saturation en oxygène 64 Tableau 2 Description des instruments d’évaluation de la douleur (suite) Instruments Catégorie Catégorie physiologique comportementale Catégorie NVPS (Kabes, Graves, & Norris, 2009; Odhner, Wegman, Freeland, Steinmetz, & Ingersoll, 2003) TA Expressions du visage FC Mouvement/activité Pas de mention Dilatation pupilles Posture BPS (Chanques et al., 2009; Payen et al., 2001) Pas de mention CPOT (Gelinas, Fillion, Puntillo, Viens, & Fortier, 2006) Pas de mention Diaphorèse Cotation Verbale Cotation de 0 à 12 Palier de 0 à 3 par catégorie Tolérance à la ventilation mécanique SpO2 Expressions du visage Gémissement Mouvements/activité Hurlements Palier de 1 à 4 par catégorie Tolérance à la ventilation mécanique Expressions du visage Gémissement Mouvements/activité Pleurs Posture Tolérance à la ventilation mécanique Note. FC = Fréquence cardiaque TA = Tension artérielle Cotation de 3 à 12 Cotation de 0 à 8 Palier de 0 à 2 par catégories FR = Fréquence respiratoire SpO2 = saturation en oxygène Une cotation de 5/15 est attribuée à cet instrument. En effet, cet instrument est en voie de développement et les mesures psychométriques disponibles sont incomplètes. Il a uniquement été utilisé dans un contexte de recherche et aucun patient cérébrolésé n’a été inclus dans le collectif étudié. Il n’existe qu’en langue anglaise. 65 Pain Behavioral Assessment Tool. Le Pain Behavioral Assessment Tool [PBAT] (Instrument d’évaluation comportementale de la douleur, traduction libre) a été développé pour le projet Thunder II qui a évalué la douleur liée à six procédures courantes chez 5957 patients de soins intensifs capables d’auto-évaluer leur douleur (Puntillo et al., 2004). Cet instrument comprend trois catégories comportementales et un total de 38 énoncés. Aucune cotation numérique n’est associée aux énoncés. Cet instrument a été adapté du PAIN décrit ci-dessus et d’un instrument d’évaluation de la douleur destiné aux enfants : l’échelle CHEOPS (Mc Grath et al., 1985). Le contenu de cet instrument a été évalué auprès de dix experts et un pré-test a porté sur dix patients. Sa faisabilité et son utilité clinique n’ont pas été formellement testées pour son usage en clinique. Une cotation de 6/15 est attribuée à cet instrument essentiellement car il a été étudié dans un large échantillon et parce qu’un travail conséquent a été réalisé pour déterminer sa validité concomitante avec l’auto-évaluation du patient. Il a cependant été testé uniquement auprès de patients capables de fournir une auto-évaluation de leur douleur et les personnes cérébrolésées ont été exclues du collectif. Cet instrument a été utilisé dans un contexte de recherche et sa fiabilité doit être vérifiée. Cet instrument a aussi été jugé comme complexe, sa fiabilité n’a pas été vérifiée et le processus de validation est insuffisant. Echelle FLACC. L’Echelle FLACC, acronyme pour Face Legs Activity Cry et Consolability, est une échelle qui a été développée pour évaluer la douleur post-opératoire chez des enfants de 2 mois à 7 ans (Manworren & Hynan, 2003; Merkel et al., 1997; Willis, Merkel, Voepel-Lewis, & 66 Malviya, 2003). Elle est aussi validée pour un usage chez des enfants jusqu’à 18 ans avec un handicap cognitif (Malviya, Voepel-Lewis, Burke, Merkel, & Tait, 2006; Voepel-Lewis, Merkel, Tait, Trzcinka, & Malviya, 2002) et pour la douleur aiguë liée aux procédures jugées douloureuses (Nilsson, Finnstrom, & Kokinsky, 2008). Dernièrement cet instrument a été étudié auprès d’une population adulte de soins intensifs, dont des personnes cérébrolésées (Voepel-Lewis, Zanotti, Dammeyer, & Merkel, 2010). Il comprend cinq catégories comportementales avec chacune trois énoncés. Une traduction française est disponible (Pediadol, 2010). Sa faisabilité et son utilité clinique ont été formellement testées pour son usage chez des enfants, mais cette évaluation n’a pas été conduite pour un usage auprès des adultes (Voepel-Lewis et al., 2008). Une cotation de 7/15 est attribuée à cet instrument. La pertinence des catégories de cris et consolabilité (traduction Pédiadol) peut être questionnée pour un usage chez les adultes. Il n’y a pas d’énoncés spécifiques aux personnes cérébrolésées. De plus, le processus de développement est peu décrit par les auteurs et le nombre de sujets adultes étudiés insuffisant pour une mesure de la validité conceptuelle. Nociception Coma Scale. La Nociception Coma Scale (L’Echelle de nociception des comas, traduction libre) est destinée à évaluer la nociception des patients non-communicants cérébrolésés en phase aiguë et aux soins intensifs (Chatelle et al., 2008; Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010; Schnakers, Chatelle, Majerus, et al., 2010). La nociception est définie comme un dommage réel ou potentiel transmis et codé par des nocicepteurs (International Association for the Study of Pain (IASP), 1994). Cet instrument associe une observation neuro 67 comportementale à une observation des signes de douleur lors d’un stimulus nociceptif. Il comporte trois catégories comportementales et une catégorie vocale. La réponse à la nociception est testée en appliquant un stimulus nociceptif standardisé consistant en une pression au niveau du lit de l’ongle du majeur. Cet instrument a été conçu après une revue des écrits et des travaux de neuro-imageries sur la douleur chez des patients comateux (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010). Une cotation de 7/15 est attribuée à cet instrument. En effet, cet instrument est spécifiquement destiné aux personnes cérébrolésées, mais son objectif semble être l’évaluation de la capacité de la personne cérébrolésée à percevoir la douleur et non une évaluation des comportements douloureux. Les autres limites sont la catégorie de la réponse verbale laquelle est inadaptée pour les patients intubés, une absence de test de sa cohérence interne, ainsi que l’absence d’investigation concernant sa faisabilité et son utilité clinique. A l’heure actuelle, les propriétés psychométriques sont insuffisantes pour un usage en clinique. Nonverbal Pain Scale L’échelle Nonverbal Pain Scale [NVPS] (Echelle de la douleur non-verbale, traduction libre) a été conçue par une équipe d’infirmières pour évaluer la douleur de patients noncommunicants (Odhner et al., 2003). Deux études ont été publiées (Kabes et al., 2009; Odhner et al., 2003) avec des versions légèrement différentes de cet instrument. Il se compose de deux catégories physiologiques et de trois catégories comportementales non spécifiques aux personnes cérébrolésées. Dans la deuxième version de cette échelle, l’une des catégories physiologiques a été modifiée, afin d’intégrer des signes physiologiques respiratoires (Kabes et al., 2009). Certains énoncés posent des problèmes de validité manifeste, comme le souligne Li et collaborateurs (Li et al., 2008): l’immobilité ne peut pas 68 être associée à l’absence de douleur et la définition de la variabilité des signes physiologiques n’est pas cohérente avec la réponse physiologique à la douleur. Cet instrument a été utilisé auprès de patients cérébrolésés en soins intensifs dans le cadre d’une étude sur l’impact d’un instrument d’évaluation comportemental sur la gestion de la douleur (Topolovec-Vranic et al., 2010). A cette occasion, sa faisabilité et son utilité clinique ont été globalement évaluée comme bonne par les infirmières. Une cotation de 10/15 est attribuée à cet instrument. Les informations précises sur la faisabilité et l’utilité sont absentes. La fiabilité de l’instrument est bien documentée, mais pas auprès des personnes cérébrolésées. Seule la validité convergente a été testée et avec un instrument pédiatrique : le FLACC. Behavior Pain Scale La Behavior Pain Scale [BPS] (Payen et al., 2001), connue en France sous le nom d’Echelle de Grenoble ou de Payen, est le plus ancien instrument d’évaluation comportementale destiné aux patients non communicants aux soins intensifs. Il a été conçu en langue française et comporte trois catégories comportementales. Dernièrement, cet instrument a été adapté pour un usage auprès de personnes incapables de communiquer à propos de leur douleur en raison d’un état confusionnel avec une catégorie vocale qui se substitue à la catégorie liée à la ventilation artificielle (Chanques et al., 2009). L’utilité clinique et la faisabilité, documentées dans la première étude, sont jugées comme bonnes par les cliniciens (Payen et al., 2001). Il s’agit aussi d’un instrument qui est déjà implanté dans de nombreux services en France et un score à 5 est défini par ces concepteurs comme une douleur nécessitant un traitement (Payen et al., 2007). 69 Un total de 11/15 est attribué à cet instrument dont les propriétés psychométriques ont été bien étudiées et à plusieurs reprises par des équipes différentes (Ahlers, van der Veen, van Dijk, Tibboel, & Knibbe, 2010; Ahlers et al., 2008; Aissaoui, Zeggwagh, Zekraoui, Abidi, & Abouqal, 2005; Chanques et al., 2009; Payen et al., 2001; J. Young, Siffleet, Nikoletti, & Shaw, 2006). Cet instrument a toutefois été peu utilisé auprès de personnes cérébrolésées et ne comprend pas d’énoncés spécifiques à cette population. Critical-Care Pain Observation Tool Le Critical-Care Pain Observation Tool (CPOT), connu en français sous le nom de Grille d’Observation Comportementale de la Douleur, a été développée de façon structurée pour évaluer la douleur chez les personnes non-communicantes aux soins intensifs (Gelinas, 2004; Gelinas et al., 2006). L’instrument comporte quatre catégories comportementales et existe en deux versions : une version pour les personnes ventilées artificiellement et une version pour les personnes vocales. Il comprend des énoncés spécifiques aux personnes cérébrolésées : les mouvements traduisant une décortication et une décérébration. Un seuil de sensibilité à la douleur a été déterminé statistiquement avec un score >2 (Gelinas, Harel, et al., 2009) chez des patients en post-chirurgie cardiaque et un score >1 chez des volontaires sains (Tousignant-Laflamme, Bourgault, Gelinas, & Marchand, 2010). La cotation attribuée à cet instrument est de 12/15. Les points forts de cet instrument sont multiples. Il se base sur un modèle conceptuel de la douleur et existe en version originale en français. Il a été conçu de façon structurée (Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas, Viens, Fortier, & Fillion, 2005) en incluant des indicateurs pour les personnes cérébrolésées et des mesures psychométriques réalisées dans plusieurs contextes de soins avec des personnes cérébrolésées (Arbour, Gelinas, & Michaud, 2011; Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas, Fillion, & 70 Puntillo, 2009; Gelinas & Johnston, 2007; Keane, In press). Sa validité concomitante a été vérifiée à deux reprises (Gelinas et al., 2006; Tousignant-Laflamme et al., 2010). Il a été testé formellement pour sa faisabilité et son utilité clinique auprès des praticiens après son introduction (Gelinas, 2010), ainsi que pour sa fiabilité en milieu clinique (Gelinas, Arbour, Michaud, Vaillant, & Desjardins, 2011). Toutefois, l’analyse factorielle réalisée avec la version de la grille destinée aux personnes vocales suggère que les énoncés de cet instrument se regroupent autour de plusieurs facteurs, ce qui ne permet pas de conclure que la douleur soit le seul concept sous-jacent (Gelinas, 2004). Ceci pourrait être expliqué par le nombre insuffisant d’énoncés pour une analyse factorielle plutôt qu’un problème de validité de conceptuelle. Les valeurs pour la cohérence interne sont inférieures à la norme acceptable (Gelinas, 2004). Cependant il s’agit du seul instrument où cette mesure a été réalisée à un temps donné et non sur des mesures répétées. Tableau 3. Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs Echelle/ études P.A.I.N. (Puntillo et al., 2002) Conceptualisation Sujets Instrument pour les patients non communicants aux soins intensifs n= 31 patients en postchirurgie cardiaque. Développement de l’instrument par consultation d’experts. Evaluation comportementale associée à une évaluation du soignant du patient sur échelle numérique. Patients conscients capables d’auto évaluer leur douleur. Faisabilité/Utilité clinique Développé en anglais pas de traduction française. Pas de définition opérationnelle des indicateurs. Fiabilité Validité Commentaires Pas de vérification Validité convergente de la fiabilité. par une corrélation entre l’instrument et une échelle numérique de la douleur réalisée par les infirmières : r=0,24-0,77, p<0,05 pour les indicateurs comportementaux et r=0,20-0,69, p<0,05 pour les indicateurs physiologiques. Formation du personnel de deux heures. Jugé cliniquement utile, mais trop complexe pour un usage clinique (n=11). Pas d’indicateurs spécifiques aux cérébrolésés. Cotation 1 Petit échantillon, seul six patients sont restés intubés au cours de l’étude. Absence de définition opérationnelle des procédures et indicateurs. Pas de cotation numérique. Faisabilité clinique complexe. Pas de vérification de la fiabilité. Processus de validation réalisé avec un seul test. Pas de validation concomitante avec l’autoévaluation du patient. 1 1 0 1 Total = 4 Tableau 3. Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs (suite du tableau) Echelle/ études NPAT (Klein et al., 2010) Cotation Conceptualisation Instrument destiné aux patients de soins intensifs Développement par une recension des écrits. Pas d’indicateurs spécifiques aux cérébrolésés. 1 Sujets N=50 Patients en soins postopératoires capables de fournir une autoévaluation 1 Faisabilité/Utilité Fiabilité clinique Développé en anglais Fiabilité inter pas de traduction juges : française. Kappa = 0,72 Définition opérationnelle des indicateurs. Validité Commentaires Validité concomitante avec Echelle Verbale Instrument en voie de développement. r= 0,66 Peu d’informations fournies par les auteurs sur les propriétés psychométriques de l’instrument. Pas de détermination de la faisabilité ou de l’utilité clinique. 1 Patients cérébrolésés exclus de l’échantillon étudié. 1 1 Total = 5 Tableau 3 Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs (suite du tableau) Echelle/ études PBAT (Puntillo et al., 2004) Conceptualisation Instrument destiné aux patients de soins intensifs Validation par une consultation d’experts. Pré-test chez 10 patients. Pas d’indicateurs spécifiques aux cérébrolésés. Cotation 2 Sujets N=5957 Patients de soins intensifs capables de fournir une autoévaluation 1 Faisabilité/Utilité Fiabilité clinique Développé en anglais Pas de vérification pas de traduction de la fiabilité française. Définition opérationnelle des indicateurs. Pas de détermination de la faisabilité ou de l’utilité clinique. 1 0 Validité Commentaires Nombre de comportement significativement plus élevé lors de la réalisation de procédures [p <0,001]. Utilisation uniquement dans un contexte de recherche. Validité concomitante avec auto-évaluation du patient (VRS) et le nombre de comportements observés pour l’expression faciale (r=0,41), verbale (r=0,49) et les mouvements (r=0,37) [p<0,001]. Patients cérébrolésés exclus de l’échantillon étudié. 2 Pas de cotation numérique. Pas d’évaluation chez les patients non communicants. Total = 6 Tableau 3 Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs (suite du tableau) Echelle/ études Nociception Coma Scale (Chatelle et al., 2008; Schnakers, Chatelle, Vanhauden huyse, et al., 2010; Schnakers, Chatelle, Majerus, et al., 2010) Conceptualisation Instrument destiné aux personnes cérébrolésées non communicantes (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010). Conceptualisé comme une mesure de la nociception. Sujets n= 48 patients cérébrolésés comateux (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenh uyse, et al., 2010) Développement par recension des écrits et travaux de neuroimagerie des patients comateux. Faisabilité/Utilité clinique Existe en français. Instruction pour l’administration et définition opérationnelle disponible auprès de l’auteur Fiabilité Fiabilité inter juges : Kappa = 0,6 (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenh uyse, et al., Pas de test en clinique 2010) pour la faisabilité ou l’utilité clinique. Réalisée par des neuropsychologues. Score plus élevé lors de stimulus nociceptif que lors de stimuli tactiles [p<0,01] (Schnakers, Chatelle, Majerus, et al., 2010) Utilisation dans un contexte de recherche. Validité convergente avec instruments pour les enfants (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010) : FLACC r = 0,690,76, p<0,05 Instruments pour les personnes âgées démentes (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010): PAINAD r = 0,72-0,76, p<0,05 Pas de processus de validation de contenu décrit. 1 Commentaires NIPS r = 0,64,-0,71p<0,05 Indicateurs spécifiques à la personne cérébrolésée. Cotation Validité CNPI r =0,80- 0,86, p<0,05 2 2 1 1 Intégration d’une évaluation neuro-comportementale. Méthode inappropriée pour la vérification de la validité convergente Confusion conceptuelle entre évaluation de l’état de conscience et l’évaluation de la douleur. Différences en fonction de la réaction motrice à la douleur (p<0,0005) (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010) Les patients avec des réactions stéréotypées présentent moins de réactions nociceptives que ceux avec des réponses dirigées. Total = 7 Tableau 3 Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs (suite du tableau) Echelle/ études F.L.A.C.C. (Malviya et al., 2006; Merkel et al., 1997; VoepelLewis et al., 2008; VoepelLewis et al., 2010) Conceptualisation Sujets Instrument destiné à l’évaluation de la douleur aiguë des enfants de 2 mois à 7 ans (Merkel et al., 1997). N=29 dont 8 sujets cérébrolésés [8% des sujets] (VoepelLewis et al., 2010) Génération des indicateurs par une consultation des cliniciens (Merkel et al., 1997). Processus de validation de contenu non décrit. 1 Traduction française réalisée par traduction et contre-traduction, mais pas de vérification des propriétés psychométriques en français. Fiabilité Validité Commentaires Cohérence interne Validité convergente avec instrument pour les enfants (VoepelLewis et al., 2010) Instruments développés pour les enfants avec des indicateurs spécifiques à cette population. COMFORT r=0,849 p<0,01 Instrument non-adapté pour des adultes avec une ventilation artificielle. Cohen alpha : 0,88 Fiabilité inter juges : Coefficient ICC = 0,98 Pourcentage d’accord de 78 à 84% Instrument pour les personnes âgées (Voepel-Lewis et al., 2010) Nombre de sujets insuffisant pour une mesure de la validité conceptuelle. CNPI r=0,963 p<0,01 Faisabilité et utilité clinique évaluée uniquement pour les enfants (Voepel-Lewis et al., 2008). Instrument développé pour les enfants. Cotation Faisabilité/Utilité clinique Instruction d’administration disponible. Score plus élevé lors de stimulation nociceptive (VoepelLewis et al., 2010). Analyse en composante principale (ACP) : 1 composant explique 68,5% de la variance (Voepel-Lewis et al., 2010). 1 2 2 1 Total = 7 Tableau 3 Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs (suite du tableau) Echelle/ études NVPS (Kabes et al., 2009; Marmo & Fowler, 2010; Odhner et al., 2003; TopolovecVranic et al., 2010) Cotation Conceptualisation Sujets Faisabilité/Utilité clinique Fiabilité Instrument destiné aux personnes non communicantes aux soins intensifs (Odhner et al., 2003). Développement par une revue des écrits et une consultation d’expert (Odhner et al., 2003). Deux versions de cet instrument. Pas d’indicateurs spécifiques aux cérébrolésés. Pas de détermination de la validité de contenu. N=181 Développé en anglais pas de traduction française. Cohérence interne : Score plus élevé lors Cohen alpha : 0,88 de stimulus nociceptif [p<0,001] (Kabes et pour la version 1 al., 2009) (Odhner et al., 2 Patients avec des affections chirurgicales, traumatiques et brûlés (Kabes et al., 2009; Marmo & Fowler, 2010; Odhner et al., 2003) Patients cérébrolésés =33 2 Pas de définition opérationnelle des indicateurs. Testé en clinique auprès de 23 patients neurochirurgicaux et 9 traumatisés crâniens dans une unité de soins intensifs (Topolovec-Vranic et al., 2010). Enquête par questionnaire pour l’utilité clinique et la faisabilité : infirmières satisfaites (TopolovecVranic et al., 2010). 2 2003) Cohen alpha : 0,79 pour la version 2 (Kabes et al., 2009) Fiabilité inter juges Pourcentage d’accord : 94,7% (49) / 78 à 79% (Marmo & Fowler, 2010) pour la version 1 Validité Commentaires Pas de mention de patients cérébrolésés. Signes physiologiques hémodynamiques en cohérence avec les indicateurs comportementaux. Validité convergente réalisée avec un instrument destiné aux Indicateur physiologique enfants (FLACC) r = respiratoire peu sensible à la 0,86, p<0,05 (Odhner douleur. et al., 2003) Méthode inappropriée pour la vérification de la validité convergente avec un instrument pédiatrique non valide pour les adultes. 90,8% pour la version 2 (Kabes et al., 2009) 3 1 Total = 10 Tableau 3 Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs (suite du tableau) Echelle/ études BPS Conceptualisation Sujets n= 327 (Ahlers et al., 2010; (Ahlers et Ahlers et al., al., 2010; 2008; Aissaoui Ahlers et et al., 2005; al., 2008; Chanques et Aissaoui et al., 2009; al., 2005; Génération des Payen et al., Chanques indicateurs par et al., recension des écrits 2001; J. Young 2009; et consultation des et al., 2006) Payen et cliniciens. Trauma al., 2001; J. crânien= 16 Young et (137 Pas d’indicateurs al., 2006) observations) spécifiques à la [4,9 % des personne sujets] cérébrolésée. Cotation Instrument destiné aux personnes non communicantes aux soins intensifs (Payen et al., 2001). 2 2 Faisabilité/Utilité clinique En français Fiabilité Cohérence interne : : 0,64 à 0,74 Définition des version 1 (Ahlers et procédures al., 2008; Payen et opérationnelles et al., 2001) des énoncés : 0,79 version 2 variable selon les (Chanques et al., études. 2009) Réalisable en 2Fiabilité inter juges : 5min (Payen et al., Kappa = 0,76 à 0,74 2001). [p<0,01] (Payen et al., 2001) Enquête par questionnaire pour ICC = 0,95 (Aissaoui l’utilité clinique et la et al., 2005) faisabilité: cliniciens Pourcentage satisfaits (Payen et d’accord : 36% - 91% (J. Young et al., al., 2001). 2006) Présence d’un seuil Kappa patient de douleur définit vocaux= 0,89 [95% par les auteurs à 5 IC: 0,84-0,94] (Payen et al., (Chanques et al., 2007). 2009) 2 3 Validité Commentaires Score plus élevé lors de Test auprès de patients stimulus nociceptif [p cérébrolésés. <0,01] (Payen et al., 2001) Absence de définition Analyse en composante opérationnelle uniforme des principale (: 55% à 71% procédures et des de la variance expliquée indicateurs. par les trois Fiabilité inter juges diminue indicateurs.(Aissaoui et lorsque l’intensité de la al., 2005; Payen et al., douleur augmente. 2001) Méthode inappropriée pour Validité concomitante la vérification de la validité avec auto-évaluation du conceptuelle (réalisée avec patient (VRS) [r=0,67, le nombre d’observations p<0,001]. (Ahlers et al., comme unité d’analyse et 2010) non le nombre de patients). Validité divergente : entre Tests réalisés pour la le BPS et l’échelle de version patient ventilé et sédation Ramsay r=vocal. 0,432 ; p<0,001 (Aissaoui Etudes réalisées par des et al., 2005; J. Young et équipes différentes al., 2006) 2 Total = 11 Tableau 3 Evaluation des instruments de mesure de la douleur pour les patients non communicants aux soins intensifs (suite du tableau) Echelle/ études CPOT (Gelinas, 2004, 2010; Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas, Fillion, et al., 2009; Gelinas et al., 2006; Gelinas, Harel, et al., 2009; Gelinas & Johnston, 2007; Marmo & Fowler, 2010; TousignantLaflamme et al., 2010) Cotation Conceptualisation Sujets Instrument pour personnes non communicantes aux soins intensifs. n= 275 (Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas & Johnston, 2007) Construit de la douleur explicite Développement par recension des écrits, revue des dossiers et consultation d’expert (Gelinas, Fillion, et al., 2009; Gelinas et al., 2005) Patients cérébrolésés = 43 (15% des sujets) Instruction d’administration et description opérationnelle des indicateurs. (Gelinas, Fillion, et al., 2009) Jugé comme cliniquement utile et facile d’utilisation. (Gelinas, 2010) Détermination d’un seuil de douleur par une mesure statistique de la sensibilité et la spécificité. (Gelinas, Harel, et al., 2009; Tousignant-Laflamme et al., 2010) Indice IVC de 0,88 à 1 (Gelinas, 2004; Gelinas, Fillion, et al., 2009) 3 Faisabilité/Utilité clinique Version validée en anglais et français. 2 3 Fiabilité Validité Commentaires Cohérence interne Score significativement Cohen alpha 0,49 plus élevé lors de stimulus nociceptif. à 0,74 (Gelinas, (Gelinas & Arbour, 2009; 2004) Gelinas et al., 2006) Fiabilité inter Validité concomitante juges : avec auto-évaluation du Kappa = 0,52 à patient : r=0,71, p<0,05. 0,88 [p<0,01] (Gelinas et al., 2006) (Gelinas et al., Validité conceptuelle 2006) avec ACP ne permettant Coefficient de de mettre en évidence corrélation un seul facteur sousintraclasse = 0,8 à jacent (Gelinas, 2004) 0,93 (Gelinas, 2007) Processus de développement de l’échelle publié. Test auprès de patients cérébrolésés. Faisabilité et utilité clinique vérifiées. Cohérence interne à la limite inférieure. Validité concomitante vérifiée avec une autoévaluation du patient. Validité conceptuelle insuffisante. Pourcentage d’accord : 80 à 85% (Marmo & Fowler, 2010) 2 2 Total = 12 79 Discussion Le but de cette revue critique des écrits était d’évaluer la pertinence des instruments d’évaluation de la douleur pour les personnes non communicantes aux soins intensifs pour les personnes cérébrolésées. Huit instruments ont été identifiés et évalués à l’aide des cinq critères et des indicateurs décrit par Herr et al. (2006). Les résultats de cette analyse font ressortir deux instruments : le BPS et le CPOT. Ils viennent confirmer les conclusions tirées de deux revues récentes portant sur les instruments d’évaluation de la douleur chez les personnes non communicantes aux soins intensifs (Li et al., 2008; Pudas-Tähkä et al., 2009). Pudas-Tähka et al. (2009) ont réalisé une revue systématique dans laquelle le BPS a obtenu le meilleur résultat. Toutefois leurs critères d’évaluation ne considéraient pas les éléments liés à la conceptualisation, la faisabilité ou l’utilité clinique. De plus, cette revue ne s’intéressait pas spécifiquement aux personnes cérébrolésées. Le BPS et le CPOT comportent des catégories comportementales qui ont prouvé leur validité comme signes externes de douleur dont l’expression faciale (Prkachin, 2009; Simon, Craig, Gosselin, Belin, & Rainville, 2008) et les mouvements (Puntillo et al., 1997). Les mouvements corporels de décérébration et de décortication figurent dans les énoncés du CPOT. On peut pourtant s’interroger sur le choix de ces énoncés, car ces mouvements stéréotypés ne sont pas des signes d’une perception douloureuse consciente (Schnakers & Zasler, 2007). Les conceptrices de cet instrument ont démontré récemment que les patients présentant un traumatisme crânien avaient des expressions faciales différentes des autres 80 patients lors de stimuli nociceptifs (Gelinas & Arbour, 2009); suggérant une modification de l’instrument pour une utilisation auprès de personnes cérébrolésées. Le BPS et le CPOT sont les seuls instruments produits à l’origine en langue française. Ils existent en deux versions : une version adaptée aux personnes ventilées et une version pour les personnes capables de parler. C’est une difficulté dans l’évaluation des patients cérébrolésés, qui peuvent être intubés ou trachéotomisés en raison de troubles de la déglutition, pour protéger leurs voies aériennes, sans pour autant être ventilés mécaniquement. De plus, la tolérance à la ventilation artificielle ne semble pas contribuer de façon aussi significative que les autres catégories à l’évaluation de la douleur (Ahlers et al., 2008; Aissaoui et al., 2005; Gelinas, 2004; Gelinas & Arbour, 2009). Sa sensibilité varie en fonction des réglages du ventilateur et des soins réalisés. En effet, une aspiration endotrachéale ou une mobilisation du tube lors d’une latéralisation va modifier la mécanique ventilatoire et donc la tolérance à la ventilation artificielle. Ces éléments suggèrent que cette catégorie devrait être revue pour correspondre à l’ensemble des personnes non vocales quelque soit le mode de respiration et le réglage du ventilateur. Dans le cadre du développement de ces deux instruments, les signes physiologiques ont été étudiés, mais se sont avérés non spécifiques. Dans l’étude initiale du BPS (Payen et al., 2001), les patients subissant une stimulation nociceptive modifiaient leurs paramètres physiologiques (la fréquence cardiaque et la pression artérielle), mais aucune corrélation significative n’a été détectée avec la mesure de l’intensité de la douleur par le BPS (r2 <0,1). Gelinas et collaborateurs ont renoncé à inclure les signes physiologiques dans le CPOT, car il n’y avait pas de différences statistiquement significatives entre leurs modifications chez des patients avec une auto-évaluation de douleur et ceux avec une auto-évaluation d’absence de 81 douleur (Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas & Johnston, 2007). De plus les cliniciens ne les jugeaient pas assez spécifiques (Gelinas, Fillion, et al., 2009). Cependant, les patients avec un traumatisme crânien présentaient plus de modifications de leurs signes physiologiques que les autres patients étudiés (Gelinas & Arbour, 2009). Le NVPS comporte des catégories physiologiques, mais elles se sont avérées peu spécifiques et leur définition opérationnelle est problématique. Pourtant, chez les patients peu réactifs comme certaines personnes cérébrolésées, il s’agit parfois des seuls signes observables lors de stimulations (Gelinas & Arbour, 2009; Li et al., 2008). On peut donc se demander s’il ne faudrait pas étudier spécifiquement la pertinence des signes physiologiques pour les personnes cérébrolésées. Le CPOT est l’instrument qui a été étudié auprès du plus grand nombre de sujets cérébrolésés et ces auteures se sont intéressées aux spécificités des signes de douleur de cette population (Gelinas & Arbour, 2009). Cependant, le nombre de patients étudiés (n=43) était limité, 50% des participants aux diverses études étaient des patients en post-chirurgie cardiaque (Gelinas & Arbour, 2009). Il faut cependant relever que cet instrument a été utilisé auprès d’une population de patients neurochirurgicaux en soins intensifs et a permis d’améliorer la gestion de la douleur et la satisfaction des soignants (Arbour et al., 2011). Le CPOT a aussi démontré un pourcentage d’accord entre évaluateurs plus élevé que le NVPS (Marmo & Fowler, 2010), suggérant que cet instrument serait mieux adapté au milieu clinique où les soignants sont nombreux. Cela s’explique peut-être par le fait que les définitions opérationnelles pour chaque catégorie sont explicitées pour le CPOT et qu’il comprend moins de catégories, ce qui rend son utilisation plus facile. L’échelle de nociception des comas n’a pas été examinée dans les autres revues des écrits. Elle est spécifique aux personnes cérébrolésées, mais n’est pas réellement un outil 82 clinique d’évaluation de la douleur. Elle n’est pas adaptée à des personnes sous ventilation artificielle en milieu de soins intensifs, car elle comporte un critère lié à l’expression verbale. Cependant, ses auteurs ont constaté que les personnes dans un état végétatif persistant (donc un état de conscience très altéré) avaient significativement moins de réactions à la nociception que les personnes dans un état de conscience minimale [p <0,0005] (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010). Il serait donc peut-être opportun de pondérer la cotation de la douleur en fonction de l’état de conscience. L’échelle FLACC a été récemment étudiée auprès des adultes. Cette échelle a été développée spécifiquement pour des enfants avec des critères spécifiques à cette population. Les données actuelles ne permettent pas de recommander l’usage de cet instrument auprès d’adultes cérébrolésés non communicants aux soins intensifs. Il est de même pour le PBAT, le PAIN et le NPAT, qui en raison du peu d’information sur leurs propriétés psychométriques et de l’exclusion des patients cérébrolésés de l’échantillon étudié, obtiennent les moins bons résultats de cette revue critique. Cette revue critique a quelques limites. Il est possible que certains instruments n’aient pas été identifiés dans notre recherche et la littérature « grise » (comme les actes de colloques ou les revues professionnelles non référencées) n’a pas été consultée. Notre recherche s’est aussi limitée aux travaux publiés en langue anglaise ou française. De plus, l’évaluation d’un instrument, même avec des critères explicites, implique toujours une part d’interprétation de la part des évaluateurs. Une autre limite de ces instruments est potentiellement liée aux signes de douleurs considérés. En effet, un instrument fiable et valide se doit d’intégrer des catégories et des énoncés spécifiques à la population considérée. Dans la mesure où aucun de ces instruments 83 n’a été développé pour l’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées en soins intensifs, les énoncés ne sont pas spécifiques à cette population. Plusieurs études (Gelinas & Arbour, 2009; Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010; Schnakers, Chatelle, Majerus, et al., 2010) suggèrent que les signes de la douleur seraient différents chez les patients cérébrolésés au niveau de l’expression faciale, des signes physiologiques et de l’intensité des manifestations observées en fonction de l’état de conscience. Un travail d’identification des signes pertinents de la douleur pour les patients cérébrolésés est donc nécessaire. Finalement, Arif-Rahu et Graf (2010) ont souligné les incohérences qui existent entre les définitions des signes de douleur retrouvés dans les écrits et ceux retrouvés dans des instruments d’évaluation de la douleur. Il semble n’exister aucun consensus entre les auteurs au sujet du libellé des catégories et des énoncés. Selon les écrits, les termes sont utilisés de façon interchangeable. Par exemple, Payen et al. (2001) décrivent l’expression du visage comme un critère de douleur, alors que Gelinas (2004) décrit l’expression faciale comme un indicateur de la douleur. Dans le cadre de la présente étude, les termes d’indicateur et de descripteur sont choisis. Pour résumer les résultats de cette revue critique, plusieurs des instruments considérés sont très bien conçus et on fait l’objet de nombreuses études dans des contextes différents. Toutefois aucun des instruments n’a été spécifiquement conçu pour l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées aux soins intensifs et testés auprès de cette population. Il est donc normal qu’aucun d’entre-eux n’obtienne un résultat maximal. En effet, un instrument ne se valide pas pour lui-même, mais pour l’usage que l’on en fait (Waltz et al., 2010). Il doit parfois être modifié pour s’adapter aux caractéristiques d’un autre groupe de 84 patients (Waltz et al., 2010). D’autre part, les énoncés de ces instruments sont potentiellement inadaptés aux personnes cérébrolésées. Plusieurs études suggèrent certains indicateurs clefs, mais il n’existe aucun consensus quant aux descripteurs appropriés pour cette population. C’est pourquoi, un travail d’identification des signes de la douleur pertinents pour les patients cérébrolésés est une première étape indispensable avant l’adaptation d’un instrument d’évaluation pour cette population. 85 Résumé et conclusion de la recension des écrits L’évaluation de la douleur est une première étape au soulagement de la douleur devant permettre à la personne cérébrolésée de récupérer. Selon Swanson (1993), le but des soins infirmiers est de favoriser le bien-être des personnes par un processus de caring et donc le soin de la douleur est au cœur de la profession infirmière. Il est pertinent pour la discipline infirmière de chercher à développer des savoirs autour du soin de la douleur des personnes cérébrolésées. A la lumière de cette recension des écrits, il ressort que les personnes cérébrolésées aux soins intensifs sont susceptibles d’éprouver de la douleur. Des travaux récents suggèrent que la perception de la douleur varie en fonction de l’état de conscience. Chez les patients en état végétatif, l’intégration des stimulations nociceptives au niveau cérébral serait trop déficiente pour une perception consciente de la douleur. Cependant, des patients en état végétatif apparent à leur admission à l’hôpital peuvent récupérer un état fonctionnel après quelques mois. C’est pourquoi, il est important d’évaluer la présence de douleur chez les patients cérébrolésés, même dans un état végétatif apparent. A l’heure actuelle, les experts recommandent de solliciter une auto-évaluation de la douleur, et en l’absence de réponse, d’évaluer la réponse à l’aide d’un instrument validé pour la population considérée. Aucun instrument n’a été spécifiquement conçu pour les personnes cérébrolésées, alors que les études suggèrent que ces personnes ont des signes spécifiques de douleur. C’est pourquoi, un travail d’identification des indicateurs et des descripteurs pertinents pour les patients cérébrolésés est une étape nécessaire à l’adaptation d’un instrument d’évaluation de la douleur pour cette population. C’est l’objet de la première phase de cette étude. PREMIERE PHASE DE L’ETUDE 87 Ce chapitre présente le devis de recherche général de la présente étude, puis décrit plus spécifiquement le déroulement et le devis de la première phase de l’étude. Le déroulement et le devis de la deuxième phase seront décrits ultérieurement. Déroulement de cette étude Cette recherche a un double but : identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs ; décrire les descripteurs et les indicateurs pour différents états de conscience auprès d’une population de personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Le devis de recherche est mixte et multi phase avec une dominante quantitative. La première phase comprend un devis concurrent exploratoire de recherche mixte, elle est suivie d’une deuxième phase de recherche quantitative bâtie sur les résultats de la première phase (Creswell & Plano Clark, 2011, p.130). On peut décrire cette recherche avec un devis mixte multiphase comme [qual+qual+QUAN] → [QUAN→QUAN→QUAN], car elle combine une approche concurrente de méthode mixte dans la première phase dont les résultats servent à la deuxième phase quantitative (aspect séquentiel). Le déroulement de cette étude est illustré dans la figure 8. La présentation de cette recherche suit la méthode décrite par O’Cathain (2009) : la première phase mixte de l’étude et la deuxième phase quantitative sont décrites séparément et consécutivement, puisque les phases sont séquentielles. La section suivante décrit le devis de la première phase. 88 Figure 8. Déroulement des différentes phases de cette étude 89 Devis de la première phase La première phase utilise un devis exploratoire concurrent de méthodes mixtes [qual+qual+ QUAN] (Creswell & Plano Clark, 2011; Larue et al., 2009). Cela signifie que les données qualitatives et quantitatives ont été collectées simultanément et analysées séparément, puis comparées avant d’être combinées dans un deuxième temps (Larue et al., 2009). Dans le cadre de cette étude, les données proviennent de différentes sources: une recension des écrits, une démarche consultative auprès des infirmières et des médecins experts cliniques du domaine, ainsi que les résultats préliminaires d’une étude pilote mise à disposition par ses auteurs en automne 2010 (Le, Gelinas, Arbour, & Rodrigue, in press). Le chapitre suivant expose la méthode choisie pour la première phase de cette étude. METHODE : GENERATION DES INDICATEURS ET DESCRIPTEURS 91 Dans ce chapitre, les différentes méthodes utilisées pour collecter les données sont décrites, ainsi que les méthodes d’analyses. Les différentes considérations éthiques ayant guidé cette phase de l’étude sont exposées pour chaque collecte de données. Une méthode mixte a été choisie, car la recension des écrits a mis en lumière le manque d’information disponible à propos des indicateurs ou des descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées non-communicantes aux soins intensifs (Roulin et al., 2011). Un devis mixte combine dans une recherche des méthodes quantitative et qualitative avec des approches différentes (Bourgault, Gallagher, Michaud, & Saint-Cyr-Tribble, 2010). Ces méthodes permettent de combiner des données provenant de différentes sources (Larue et al., 2009). Dans le cadre de cette étude, les approches complémentaires ont permis d’étendre le champ des investigations. Les données ont été collectées auprès d’entités différentes (base de données bibliographiques, cliniciens et personnes cérébrolésées) représentant des perspectives différentes qui ont permis d’enrichir les résultats. Il est courant que diverses méthodes de collectes de données soient combinées dans la génération d’énoncés pour un instrument de mesure (Streiner & Norman, 2008). Les collectes de données sont décrites représentées dans la figure 9. 92 Figure 9. Schéma du devis exploratoire concurrent de méthode mixte de la première phase inspiré par Larue et al. (2009). Les trois collectes de données sont : 1. une recension intégrative des écrits, représentant la perspective des scientifiques du domaine (une approche qualitative), 2. une consultation de cliniciens expérimentés lors des entretiens dirigés, représentant la perspective des soignants (une approche qualitative), 93 3. une observation de 10 patients traumatisés crâniens dans le cadre d’une étude pilote observationnelle (une approche quantitative). Les trois collectes de données ont eu lieu simultanément et ont été analysées séparément. Les résultats de chacun des échantillons ont été résumés sous une forme tabulaire dans un premier temps, puis rassemblés pour permettre la comparaison et l’intégration des données (Creswell & Plano Clark, 2011). Ces données ont permis de créer la première version d’une liste d’indicateurs et descripteurs comportementaux et physiologiques de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Cette liste est ensuite utilisée dans la deuxième phase de la présente étude. Pour faciliter la compréhension, les méthodes utilisées pour ces trois collectes de données de la première phase sont décrites séparément et de façon consécutive. La recension intégrative des écrits décrivant des indicateurs et descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs Le but de cette recension était d’identifier dans les écrits les indicateurs et les descripteurs de la douleur, spécifiques aux personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Cette recension a été publiée (Roulin & Ramelet, 2012) et elle cherchait à répondre aux questions suivantes : Quels sont les indicateurs comportementaux et physiologiques de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs ? Quels sont les descripteurs de la douleur spécifiques aux personnes cérébrolésées aux soins intensifs ? 94 Méthode La méthode utilisée est celle d’une revue intégrative des écrits, c’est-à-dire une analyse systématique des écrits empiriques, théoriques et cliniques publiés sur le phénomène auquel on s’intéresse (Whittemore & Knafl, 2005). La démarche tend à être plus large dans sa description d’un phénomène qu’une revue systématique des écrits. Elle est considérée comme une revue qualitative des écrits dans la mesure où elle résume sous une forme narrative les résultats de recherche (Brown, 2012). Il s’agit d’une méthode comprenant plusieurs étapes : (a) la formulation du problème (décrite ci-dessus), (b) la recension des écrits, (c) une évaluation des données, (d) une analyse des données et (e) une présentation des données (Brown, 2012 ; Whitemore, 2005). Recension des écrits Deux stratégies de recherches ont été utilisées pour cette recension des écrits : une consultation des bases de données bibliographiques et une recherche manuelle des références des articles sélectionnés. Les bases de données bibliographiques consultées étaient Medline (via Ovid SP), CINAHL (via EBHOST) et EMBASE à la recherche de documents publiés entre janvier 1995 et juin 2011. En raison des différences entre les descripteurs des thésaurus des diverses bases de données, une liste de mots clefs a été développée pour chaque base de données. Une combinaison des termes suivants a été utilisées avec l’opérateur boléen OU : coma, coma/post head injury, consciousness disorders, critical care, pain indicator, pain sign. Ces termes ont été associés avec l’opérateur boléen ET aux mots clefs pain OU pain measurement et la recherche limitée aux adultes. 95 Les critères d’éligibilité étaient au nombre de quatre : (a) décrire des indicateurs comportementaux ou physiologiques de la douleur chez des patients de soins intensifs, (b) inclure des patients cérébrolésés dans l’échantillon étudié, (c) être publié en allemand, français ou anglais, (d) être publié dans une revue avec un comité d’évaluation par des pairs. Tous les écrits ont été évalués sur la base de leur titre et du résumé pour leur pertinence. Les articles correspondant aux critères d’éligibilité ont été récupérés. Evaluation des données Pour chaque article, les données pertinentes ont été extraites dans un formulaire. Il s’agissait des informations sur les auteurs, la date de publication, le devis de recherche, la taille et les caractéristiques cliniques de l’échantillon considéré, la méthode d’identification des indicateurs et des descripteurs, ainsi que les indicateurs et descripteurs identifiés. Deux des auteurs ont été contactés pour obtenir des informations supplémentaires. Dans la mesure où le but de cette revue intégrative est d’identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs, aucun article n’a été exclu de cette revue en raison du devis utilisé. La qualité méthodologique de chaque texte a été évaluée à l’aide de l’instrument d’évaluation: JBI Critical Appraisal Tool [Instrument d’évaluation critique du Joanna Briggs Institute, traduction libre] (Joanna Briggs Institute, 2008). Il s’agit d’un instrument qui permet d’évaluer à la fois des opinions d’experts, des études qualitatives et des études quantitatives. 96 Analyse et synthèse des données En raison de la confusion potentielle qui existe entre les différents termes utilisés, une définition précise est donnée dans le cadre de la présente étude pour les termes « indicateurs » et « descripteurs ». Un indicateur est défini comme une expression comportementale ou physiologique quantifiable, mesurable et observable (Fortin, 2010). Cela signifie qu’un indicateur se traduit par un nombre et qu’il doit être sensible au changement (DeVellis, 2003). Le changement au niveau d’un indicateur indique un changement du construit sous-jacent qu’il est censé mesurer. L’expression faciale peut être considérée comme un indicateur de la douleur, car il existe des manifestations faciales observables et caractéristiques de la douleur (Prkachin, 2009; Simon et al., 2008). Ces différentes expressions faciales peuvent être associées à une cotation sous la forme d’un chiffre. Par exemple, la contraction des muscles péri orbitaux peut se voir attribuer une cotation de 1, alors que la contraction des muscles péri orbitaux associée à un front plissé et un relèvement de la lèvre supérieur peut se voir attribuer une cotation de 2. Un indicateur est composé de plusieurs descripteurs. Un descripteur est défini comme les termes utilisés pour décrire et qualifier les indicateurs. Un descripteur de la douleur est la traduction en mot d’une expression comportementale ou physiologique précise (Haslam, Dale, Knechtel, & Rose, 2012). Il peut être directement observé comme présent ou absent. Par exemple, le descripteur serrer les poings qualifie précisément un comportement qui peut être associé à un indicateur lié au tonus musculaire. 97 Un signe de douleur peut être défini comme une manifestation observable de douleur. Ce terme est plus générique et comprend à la fois des indicateurs ou des descripteurs. Les descripteurs et les indicateurs issus des différents articles ont été rassemblés sous une forme tabulaire, tel que suggéré par Pope, Mays et Popay (2007), pour faciliter l’identification des différences et des points communs entre les articles. Les résultats ont ensuite été synthétisés sous une forme narrative. Une consultation auprès des experts cliniques du domaine Le but de cette démarche consultative était d’identifier les indicateurs et les descripteurs de la douleur utilisés par les cliniciens expérimentés qui seraient plus spécifiques aux patients cérébrolésés aux soins intensifs que ceux déjà présents dans le CPOT. Le CPOT est l’instrument qui a été le plus étudié auprès des personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs, c’est pourquoi il a semblé important d’avoir une approche dans cette collecte de données qui fait un lien direct avec cet instrument. Méthode La méthode utilisée est une approche qualitative descriptive utilisant la technique du groupe nominal. La technique du groupe nominal fait partie des méthodes de consensus, c’est-à-dire qu’elle recherche l’accord entre les membres d’un groupe tout en ne supprimant pas les différences (Bourrée, Michel, & Salmi, 2008). Cette méthode met l’accent sur les idées et les opinions des participants, tout en formalisant l’analyse. La technique du groupe nominal a été choisie, car elle permet de générer et de hiérarchiser des informations à propos d’une question précise par une méthode structurée et systématique (Bourree, et al., 2008 ; Delbecq, 98 van de Ven, & Gustafson, 1975). Cette approche a aussi l’avantage d’éviter les biais d’interprétation de la part du chercheur et des phénomènes de dominance au sein du groupe, comme par exemple entre divers corps professionnels (Aspinal, Hughes, Dunckley, & Addington-Hall, 2006; Bourree et al., 2008; Carney, McIntosh, & Worth, 1996). Cet aspect est important dans la mesure où des infirmières et des médecins ont été consultés simultanément. Sites de l’étude L’étude s’est déroulée dans les deux centres hospitaliers universitaires de Suisse Romande. Il a été décidé de réaliser l’étude sur deux sites différents afin de recueillir des données qui s’affranchissent des cultures locales et soient plus facilement généralisables à l’ensemble des personnes cérébrolésées en soins intensifs. Le premier centre hospitalier a un service polyvalent unique de soins intensifs de 36 lits accueillant l’ensemble des patients adultes. Il reçoit environ 450 patients par années avec des lésions cérébrales aiguës. Il est le centre de référence en Suisse Romande, le Tessin et la France voisine pour la neurochirurgie vasculaire. Le deuxième centre a un service de soins intensifs de 32 lits avec une unité plus spécialement dédiée aux personnes avec des affections neurochirurgicale et neurologique de 14 lits. Il reçoit environ 420 patients par années avec des lésions cérébrales aiguës. Il est le centre de référence de la région pour la neurochirurgie de type stéréotaxique et certaines chirurgies tumorales. Participants et recrutement Le choix des participants dans le cadre d’une méthode consensuelle, comme la technique du groupe nominal, doit viser à représenter des perspectives variées (Baker, Lovell, 99 & Harris, 2006; Keeney, Hasson, & McKenna, 2006). Pour ces raisons, une méthode d’échantillonnage par choix raisonné (choix des critères basé sur le jugement du chercheur), associée à une méthode d’échantillonnage par réseaux (consiste à demander à des participants de suggérer le nom d’autres personnes qui remplissent les critères recherchés), ont été adoptées (Fortin, 2010). Les critères de sélection étaient les suivants : Avoir une expérience d’au moins 3 ans à temps complet dans une unité de soins intensifs accueillant des patients cérébrolésés, Avoir plusieurs fois par semaine, un contact avec des patients de soins intensifs cérébrolésés soit en prodiguant des soins directs, soit en assurant un travail de supervision et de consultation auprès de ces patients, Avoir une connaissance spécifique de l’évaluation de la douleur de cette population de patients (attestée par une formation dans le domaine ou des travaux réalisés sur ce thème ou être reconnu comme expert dans ce domaine par ses pairs), Avoir une bonne connaissance du français parlé et écrit. Le profil des participants a été collecté via une fiche signalétique (Appendice E). La documentation du profil des participants avait pour but de déterminer leur expertise dans le domaine de l’évaluation de la douleur. Collecte des données La méthode de collecte de données est la technique du groupe nominal modifiée. Dans cette technique, un groupe de personnes, habituellement entre cinq et dix avec une bonne connaissance du domaine investigué, identifie des points saillants à propos d’une question précise (Bourree et al., 2008). Comme il se doit dans des études qualitatives, le 100 nombre de groupes est déterminé par la saturation des données, c’est-à-dire que le chercheur interrompt sa collecte de données lorsqu’il constate qu’aucune nouvelle information n’est fournie par les participants (Fortin, 2010). Dans le cadre de cette étude, deux réunions se sont déroulées, une dans chacun des centres hospitaliers universitaires. Ces groupes n’ont pas permis d’atteindre une saturation des données. C’est pourquoi, ils ont été complétés et enrichis dans un deuxième temps par des entretiens individuels avec des experts de terrain n’ayant pas pu prendre part aux groupes. En effet, il s’est avéré difficile en raison des rotations horaires du personnel médical et infirmier de réunir d’autres groupes. Les entretiens individuels ont permis d’éviter une sélection des participants en fonction de leur disponibilité et de pouvoir consulter les cliniciens les plus expérimentés dans l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées. La combinaison d’entretiens de groupe et d’entretiens individuels a déjà été utilisée par d’autres chercheurs pour des raisons pragmatiques (Lambert & Loiselle, 2008). Il s’agit d’une variante de la technique du groupe nominal. Dans la technique du groupe nominal, l’expertise du modérateur des rencontres est importante pour s’assurer que le processus se déroule de façon harmonieuse. L’investigatrice de cette étude a une expérience dans la conduite d’entretien de groupe (Roulin, Mouron, & Simon, 2004), d’autre part la technique du groupe nominal a été testée auprès d’un groupe de volontaires non experts du domaine étudié. Le déroulement d’une réunion d’un groupe nominal comprend habituellement cinq étapes bien structurées avec des variantes en fonction des participants et de la complexité de la question posée (Aspinal et al., 2006; Delbecq et al., 1975). Chaque étape est délimitée dans le temps et résumée dans la figure 10. Dans le cadre de cette étude, le déroulement a été le suivant : 101 1. La génération des indicateurs et descripteurs. Cette étape s’est réalisée de manière indépendante par chacun des participants. La question était distribuée à l’avance à chacun des participants, ainsi que le CPOT avec la définition opérationnelle de chacun des indicateurs. La question posée était: « Dans le cadre de l’évaluation de la douleur chez une personne cérébrolésée incapable de communiquer, quels seraient les indicateurs ou descripteurs comportementaux, vocaux ou physiologiques que vous modifieriez ou ajouteriez à la Grille d’observation comportementale de la douleur ? ». Chaque participant était invité à noter en début de réunion le plus grand nombre d’idées en rapport avec cette question dans un temps déterminé. Lorsque les participants éprouvaient des difficultés, le modérateur leur suggérait de penser à la dernière personne cérébrolésée qu’ils avaient soignée et aux indicateurs de la douleur qu’ils avaient alors observés. 2. L’énoncé des indicateurs et descripteurs. Le modérateur demandait à chaque participant, à tour de rôle, de communiquer le premier indicateur inscrit sur sa feuille. Chaque indicateur, ou descripteur, était relevé sur un tableau par une assistante de recherche en utilisant autant que possible les mots des participants, et numéroté. Il y a eu autant de tour de table que de réponses à exprimer, mais chaque participant n’exprimait qu’un indicateur, ou descripteur, à la fois. Si un participant considérait que son indicateur, ou descripteur, avait déjà été exprimé par un autre participant, il passait au suivant. Les indicateurs, ou descripteurs, n’étaient pas discutés, commentés ou critiqués. 3. La clarification de l’énoncé des indicateurs et descripteurs. Lorsque tous les indicateurs et descripteurs avaient été exprimés, le modérateur demandait à chaque participant de clarifier l’énoncé de ses indicateurs ou descripteurs pour le groupe, afin 102 de s’assurer de la logique qui sous-tendait chaque énoncé. Une définition plus précise ou un descriptif de l’indicateur étaient alors élaborés. A cette étape, le groupe pouvait décider que certains indicateurs énoncés représentaient la même idée et les combiner avec l’accord de leurs auteurs. Le groupe pouvait aussi décider que certains des indicateurs énoncés représentaient une idée déjà présente dans le CPOT. D’autres indicateurs pouvaient émerger lors de cette phase. Figure 10. Déroulement des réunions des groupes nominaux. 103 4. La hiérarchisation des indicateurs et descripteurs. Cette étape avait pour but de déterminer l’importance relative des indicateurs ou descripteurs en fonction de la question initialement posée. Il s’agissait à nouveau d’une étape de travail individuel qui se déroulait sans discussion entre les participants. Chaque participant recevait une fiche sur laquelle il notait les cinq indicateurs, ou descripteurs, les plus importants pour lui en les hiérarchisant. 5. Détermination des résultats. Le modérateur a additionné les scores de chacun des indicateurs : cinq points étaient attribués à un indicateur chaque fois que l’un des participants l’avait jugé le plus important et un point au moins important, quatre points chaque fois qu’il était classé en deuxième, trois points chaque fois qu’il était classé en troisième, deux points chaque fois qu’il était classé en quatrième et un point lorsqu’il était classé en cinquième. Les indicateurs ayant reçu le plus grand nombre de points ont été déterminés les plus importants. Les indicateurs et descripteurs identifiés par les groupes nominaux ont été rassemblés sur une liste globale et classés sans hiérarchisation, par thèmes : indicateurs comportementaux/vocaux et indicateurs physiologiques. Cette liste a ensuite été utilisée lors des entretiens individuels. Les entretiens individuels étaient conduits selon un canevas similaire à celui des groupes nominaux. Le déroulement est illustré dans la figure 11 et décrit ci-dessous : 1. La génération des indicateurs et descripteurs. La question était distribuée à l’avance à chacun des participants, ainsi que le CPOT avec la définition opérationnelle de 104 chacun des énoncés. La question posée était : « Dans le cadre de l’évaluation de la douleur chez une personne cérébrolésée incapable de communiquer, quels seraient les indicateurs ou descripteurs comportementaux, vocaux ou physiologiques que vous modifieriez ou ajouteriez à la Grille d’observation comportementale de la douleur ? ». Le participant était alors invité à noter dans un premier temps le plus grand nombre d’indicateurs ou descripteurs en rapport avec la question posée. Figure 11. Déroulement des entretiens. 105 2. L’énoncé des indicateurs et descripteurs. Chaque indicateur ou descripteur était inscrit sur une feuille et clarifié l’un après l’autre pour s’assurer de la logique qui soustendait chaque indicateur ou descripteur. 3. La confrontation avec les indicateurs et descripteurs générés lors des groupes nominaux. Le participant était ensuite confronté à la liste des indicateurs et descripteurs générés lors des groupes nominaux. A cette étape, il lui était demandé s’il estimait que certains des indicateurs ou descripteurs générés lors des groupes étaient similaires aux siens et pouvaient être regroupés. 4. Création de la liste des indicateurs et des descripteurs. Les indicateurs et descripteurs originaux du participant et ceux des deux groupes nominaux étaient rassemblés. 5. La hiérarchisation des indicateurs et descripteurs. Il était ensuite demandé au participant de choisir dans la liste finale les cinq indicateurs ou descripteurs jugés les plus importants pour lui et de les hiérarchiser. Les participants ont ajouté des commentaires méthodologiques sur l’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées et expliqué le choix des indicateurs qu’ils considéraient importants. Ces commentaires ont été relevés, car ils permettent de situer les résultats dans le contexte, de comprendre leur pertinence pour les cliniciens et d’intégrer ces éléments dans la formulation des indicateurs et descripteurs. Ils ont été transcrits par une assistante de recherche lors des entretiens de groupe ou par l’investigatrice lors des entretiens individuels. 106 Analyse des données Les caractéristiques des participants ont été analysées à partir des fiches signalétiques. Il s’agissait d’une analyse descriptive réalisée à l’aide du logiciel Predictive Analytics Software (PASW) 18.0 (SPSS.Inc, Chicago). Des analyses descriptives ont été calculées (fréquences, médiane et étendue). Les données issues des groupes nominaux ont été analysées à l’aide de statistiques descriptives. En effet, la particularité de cette technique est de récolter les données avec une méthode qualitative, mais de réaliser une analyse essentiellement quantitative. Les résultats pour chaque groupe nominal sont décrits et les entretiens individuels sont rassemblés pour former un troisième groupe lors de l’analyse. Cette analyse s’est réalisée selon la méthode décrite par Kulczycki & Shewdhuk (2008). Chaque participant a hiérarchisé les cinq indicateurs ou descripteurs considérés les plus importants pour lui. Cinq points ont été attribués à l’indicateur le plus important, quatre points au deuxième plus important, trois points au troisième plus important, deux points au quatrième plus important et un point au cinquième. Pour chaque groupe, les scores obtenus par chacun des indicateurs ou descripteurs ont été additionnés pour donner un score total. Par exemple, pour un groupe de cinq personnes, le total de points disponibles est de 75 (5+4+3+2+1=15 points pour chacun des 5 participants). Dans un deuxième temps, un score proportionnel a été calculé par rapport au nombre de points disponibles dans chaque groupe pour permettre une comparaison entre les groupes. Finalement, une synthèse globale a été réalisée en réalisant le nombre de votes et le détail des rangs obtenus par chaque indicateur ou descripteur. Les notes prises lors des entretiens ont été transcrites dans un logiciel de traitement de texte (Word 2007). Une analyse de contenu qualitative de type déductive (Elo & Kyngas, 107 2008) a été réalisée, c’est-à-dire que les catégories descriptives ont été déterminées dans un premier temps à l’aide d’une matrice de codage pré-établie. Dans cette étude, le contenu des notes a été organisé dans des catégories descriptives issues du modèle d’évaluation de la douleur de Snow et al. (2004). Au fur et à mesure que le codage des données progressait de nouveaux codes ont été nécessaires pour créer de nouvelles catégories et pour différencier des sous-catégories. L’ensemble des données a été agrégé ensuite dans un tableau matriciel dans le but de faciliter l’analyse et la comparaison (Miles et Huberman, 1994). Finalement, une synthèse narrative a été réalisée soulignant les thèmes récurrents et les différences entre les divers entretiens. Les résultats de cette analyse de contenu ont été utilisés pour rédiger des définitions opérationnelles les plus adaptées possibles. Considérations éthiques Les principes éthiques concernant la recherche sur l’être humain exigent que les participants aient le choix de participer ou non à la recherche (Académie Suisse des Sciences Médicales, 2009; Association Suisse des Infirmières, 2003). Ces principes requièrent que les participants donnent leur consentement éclairé et par écrit avant d’être inclus dans une étude. Les investigateurs ont le devoir d’informer les participants sur la recherche en leur fournissant des renseignements sur sa nature, son objectif, son déroulement, les risques potentiels et les bénéfices attendus (Académie Suisse des Sciences Médicales, 2009). Les commissions d’éthique de la recherche sur l’être humain du canton de Vaud et la commission d’éthique de la recherche des Hôpitaux Universitaires de Genève ont donné leur accord pour cette étude (Appendice B). Les participants potentiels aux groupes nominaux ont été identifiés par l’intermédiaire des cadres médicaux et infirmiers des services participant à cette étude. Les cadres leur ont 108 demandé leur accord pour participer à cette rencontre et l’autorisation de transmettre leur courriel professionnel à l’investigatrice. Les participants ont été invités par l’investigatrice à participer par courriel. Ce courriel contenait non seulement une feuille d’information expliquant la nature, le but et la méthode de récoltes de données, mais exposait aussi leur droit de se retirer à tout moment de cette étude sans avoir à se justifier, les inconvénients à participer, garantissait la confidentialité des données, ainsi que celle des participants (voir Appendice C). Tous les participants devaient signer un formulaire de consentement (Appendice D). Avant le début de chaque entretien ou réunion d’un groupe nominal, l’investigatrice ou l’assistante de recherche s’assuraient individuellement auprès de chaque participant que les informations avaient été comprises et que le formulaire de consentement était signé. Elles répondaient à toutes les questions des participants et s’assuraient qu’ils avaient eu l’opportunité de poser toutes celles qu’ils souhaitaient. Toutes les données ont été stockées dans une armoire fermée à clef. Elles ont été transcrites et stockées sous une forme codée dans des banques de données informatiques protégées par un mot de passe. Tous les documents en lien avec cette étude seront archivés pendant 10 ans en référence à la loi fédérale sur les médicaments et les dispositifs médicaux ("Loi fédérale sur les médicaments et les dispositifs médicaux-LPTh," 2000). L’étude pilote observationnelle Le but de cette étude observationnelle réalisée par Le et al. (in press), dont les résultats préliminaires ont été mis à disposition de l’investigatrice en 2010, est de décrire les réactions comportementales des traumatisés crâniens non-communicants aux soins intensifs lors d’un geste nociceptif (la rotation en position latérale) comparée à un geste non-nociceptif (la mesure non-invasive de la pression artérielle). Cette étude est décrite ci-dessous pour 109 permettre au lecteur de mieux comprendre le déroulement de la première phase du présent travail. Il faut toutefois préciser que seule la partie pertinente à ce travail est résumée, c’est-àdire l’observation des comportements des traumatisés crâniens. Méthode Le devis de recherche est celui d’une étude descriptive observationnelle avec des mesures répétées sur le même sujet. Participants et recrutements Les patients ont été recrutés dans un centre de traumatologie d’un hôpital au Canada. Il s’agissait d’un échantillon accidentel [consiste à sélectionner les participants les plus facilement accessibles] (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007). Les critères de sélection étaient les suivants : Avoir plus de 18 ans. Être admis aux soins intensifs depuis plus de 24h suite à un traumatisme crânien. Être ventilé mécaniquement depuis au moins 24h. Avoir un score de Glasgow supérieur ou égal à 4, donc présenter au moins une réaction à la stimulation nociceptive. Les critères d’exclusion étaient : Une paralysie motrice (y compris d’origine médicamenteuse) ou une lésion de la moelle épinière. 110 Une absence de réponse motrice à la stimulation non-nociceptive (score de sédation égal à -5) Une contre-indication à la rotation latérale. Une anamnèse d’abus de substance. Un déficit cognitif lié à un traumatisme crânien antérieur. Variables et instruments Une liste de 44 descripteurs issus du CPOT (Gelinas et al., 2006) et du PBAT [Pain Behavioral Assessment Tool, en français « Instrument d’évaluation comportementale de la douleur », traduction libre] (Puntillo et al., 2004) a été crée. Cette liste a été utilisée comme grille de codage des comportements. Un espace était laissé pour ajouter des comportements observés, mais non présents dans la liste, et ainsi enrichir la liste des comportements observés. L’observateur a été formé lors d’une session de 90 minutes par l’auteur du CPOT à l’aide de la description des indicateurs du PBAT et CPOT. Des vidéos développées pour la formation ont été utilisées pour permettre à l’observateur de s’entraîner à reconnaître les indicateurs. La conduite de la démarche Les patients ont été observés lors de deux gestes de soins : 1) une rotation latérale considérée comme une stimulation nociceptive, 2) une mesure non-invasive de la pression artérielle considérée comme une stimulation non-nociceptive. Pour chaque geste, le patient était observé au repos (avant le geste), pendant le geste et 20 minutes après le geste. Il y a donc un total de six observations par patient. La durée de l’observation était de 1 minute au repos et après le geste, mais allant jusqu’à 3 minutes pendant le geste pour pouvoir observer 111 toutes les manifestations comportementales. Durant les observations, les infirmières donnaient les soins comme à l’habitude, y compris pour l’administration d’antalgiques ou de sédatifs selon le protocole de gestion de la douleur en vigueur dans l’institution. Analyse des données La fréquence totale de chaque comportement a été calculée pour chaque moment d’évaluation pour identifier leur prévalence. Dans le cadre du présent travail, les comportements jamais observés lors de la rotation latérale, ainsi que les comportements observés plus fréquemment au repos que lors de la stimulation nociceptive n’ont pas été retenus. Considérations éthiques Cette étude a été approuvée par le comité d’éthique de la recherche de l’hôpital où elle s’est déroulée. Dans la mesure, où les patients ne pouvaient donner leur consentement, leurs représentants légaux ont donné leur assentiment à leur place. Combinaison des données Les trois sources de données (la recension intégrative des écrits, la consultation de cliniciens expérimentés et l’étude pilote observationnelle) ont permis d’identifier des indicateurs et des descripteurs pour l’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Les données ont été combinées en conservant les indicateurs et les descripteurs remplissant l’un des critères suivants: 1. Etre parmi les indicateurs ou descripteurs identifiés dans la revue intégrative des écrits. 112 2. Avoir été retenus comme un indicateur ou un descripteur lors de la démarche consultative auprès des cliniciens par au moins un tiers des participants (soit 6 votes au moins) aux groupes nominaux ou avoir obtenu un score de 12 points ou plus. 3. Avoir été observés chez les patients traumatisés crâniens lors d’une stimulation nociceptive. Pour chaque source de données, les indicateurs et les descripteurs ont été rassemblés sous une forme tabulaire tel que décrit par Creswell et Plano Clark (2011) permettant une comparaison «côte à côte» des données issues des trois approches. Il s’agit d’une approche qualitative, toutefois la nature descriptive des données recherchées dans la première phase de ce travail a permis d’utiliser une méthode matricielle simple pour réduire et analyser les données tel que décrite par Miles et Huberman (1994), sans réaliser d’analyse thématique (Morse, 2008). La matrice a permis d’identifier les indicateurs et descripteurs, ainsi que d’identifier des indicateurs ou descripteurs similaires, mais parfois énoncés différemment. Dans ce dernier cas, les résultats qualitatifs issus de la démarche consultative auprès des cliniciens ont guidé le choix de l’énoncé. Ce travail a permis d’élaborer une première version d’une liste d’indicateurs et de descripteurs potentiels pour les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs. Ce chapitre a exposé le devis détaillé de la première phase. Il a décrit les différentes étapes de la méthode de cette première phase. Le prochain chapitre présente les données collectées et leur analyse. RESULTATS : GENERATION DES INDICATEURS ET DESCRIPTEURS 114 Cette première phase avait pour but d’identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur des personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Elle utilise un devis exploratoire concurrent de méthodes mixtes avec une analyse de trois sources de données, puis dans un deuxième temps une intégration des résultats. Dans ce chapitre, les résultats de l’analyse des trois sources de données, c’est-à-dire la recension intégrative des écrits, la démarche consultative auprès des soignants et les résultats d’une étude observationnelle pilote, sont décrits consécutivement. Dans un deuxième temps, le résultat de l’intégration de ces trois sources de données est présenté avec les indicateurs et descripteurs sélectionnés, ainsi que leur définition opérationnelle. Résultats de la recension intégrative des écrits Les résultats de cette recension des écrits ont déjà fait l’objet d’une publication en langue anglaise (Roulin & Ramelet, 2012). Le cheminement de la recherche des écrits, détaillée dans la figure 12, a permis d’identifier 121 résumés et 65 ont été exclus, car il s’agissait de doublons. Trente-huit résumés ne remplissaient pas les critères d’éligibilité. Dixhuit articles ont été récupérés dont 11 ont été exclus soit parce que l’échantillon ne comprenait pas de personnes cérébrolésées ou de patients de soins intensifs, soit parce qu’aucun indicateur de la douleur n’était décrit. Finalement, un total de sept articles a été inclus dans cette revue : six études empiriques et une opinion d’expert. Trois études cherchaient à valider un instrument d’évaluation de la douleur pour les patients de soins intensifs (Payen et al., 2001; Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010; VoepelLewis et al., 2010) et 115 Figure 12. Cheminement de la recension des écrits sur les indicateurs de la douleur chez les patients cérébrolésés aux soins intensifs. comparaient les comportements lors de douleur versus les comportements lors d’absence de douleur auprès des mêmes sujets de recherche. Trois études cherchaient à identifier des indicateurs de la douleur chez les patients aux soins intensifs et utilisaient des statistiques descriptives (Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas, Fortier, Viens, Fillion, & Puntillo, 2004; Gelinas 116 et al., 2005). Un article discutait l’évaluation de la douleur chez les personnes avec des altérations de l’état de conscience (Schnakers & Zasler, 2007). A l’exception d’une des études (Gelinas & Arbour, 2009), les études avaient des échantillons qui variaient entre 29 (VoepelLewis et al., 2010) et 52 patients (Gelinas et al., 2004). Un total de 94 patients cérébrolésés était inclus dans les études considérées. Un résumé détaillé des études se trouve dans le tableau 4. Parmi les sept articles retenus, une étude comprenait 48 patients cérébrolésés incapables de donner une auto-évaluation, dont 31 étaient en phase aiguë. Cependant, même si certains patients étaient aux soins intensifs, aucun n’était ventilé (Chatelle et al., 2008). Cette étude avait pour but d’évaluer les propriétés psychométriques de la Nociception Coma Scale [échelle de nociception des comas, traduction libre] (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010), qui permet d’évaluer la réaction à une stimulation nociceptive chez des patients comateux. Les résultats de cette étude montrent que des comportements différents sont observés en fonction de l’état de conscience du patient. Les patients en état de conscience minimal avaient plus de réactions au stimulus nociceptif que les patients en état végétatif persistant (p<0,005). Toutefois, le détail des comportements observés lors du stimulus nociceptif ou leur fréquence ne sont pas décrits. Trois études observationnelles décrivaient des indicateurs de la douleur chez les patient non-communicants aux soins intensifs, y compris chez des personnes cérébrolésées (Gelinas & Arbour, 2009; Payen et al., 2001; Voepel-Lewis et al., 2010). Ces trois études Tableau 4. Caractéristiques méthodologiques des articles sélectionnés dans la revue intégrative des écrits (N=7) Auteurs/ date But Devis Echantillon (taille et Source des données caractéristique) Schnakers et Vérifier la validité, la fiabilité Descriptive, N= 48 personnes cérébrolésées Observation directe des patients à l’aide al., 2010 et la sensibilité du NCS corrélationnelle incapables d’auto-évaluer leur d’un instrument d’évaluation de la douleur, y compris 31 patients < 1 douleur pour les personnes comateuses: mois après la lésion. le NCS Gelinas et Décrire les réponses Descriptive, N=257 patients de soins intensifs, Observation directe à l’aide d’un Arbour, 2009 comportementales et corrélationnelle y compris 39 patients inconscients instrument d’évaluation de la douleur avec un traumatisme crânien. pour les patients de soins intensifs: le physiologiques lors d’un geste nociceptif Note. NCS= Nociceptive Coma Scale. CPOT= Critical-Care Pain Observation Tool CPOT Tableau 4. Caractéristiques méthodologiques des articles sélectionnés dans la revue intégrative des écrits (N=7) [suite] Auteurs/ date But Devis Echantillon (taille et Sources des données caractéristique) Payen et al., Tester la validité et la Descriptive, N= 30 patients sédatés et Observation directe à l’aide d’un 2001 fiabilité du BPS corrélationnelle intubés, y compris 16 patients instrument d’évaluation de la douleur avec un traumatisme crânien. pour les patients de soins intensifs : le BPS Voepel-Lewis Evaluer la fiabilité et la Descriptive, N= 29 patients adultes aux soins Observation directe à l’aide d’un et al., 2010 validité du FLACC chez les corrélationnelle intensifs, y compris 8 patients instrument d’évaluation de la douleur cérébrolésés. pour les patients de soins intensifs : le adultes FLACC Note. BPS = Behavioral Pain Scale ou échelle de Grenoble. FLACC = Face, Legs, Activity, Cry, Consolability behavioral tool. Table 4. Caractéristiques méthodologiques des articles sélectionnés dans la revue intégrative des écrits (N=7) [suite] Auteurs/ date But Devis Echantillon (taille et Sources des données caractéristique) Gelinas et al., Décrire les indicateurs de la Descriptive, n=48 infirmières aux soins 2005 douleur utilisés par les qualitative intensifs (9 focus groupes) cliniciens pour les patients n=12 médecins (entretien intubés. individuel) Schnakers et Examiner les connaissances Opinion Zasler , 2007 actuelles dans l’évaluation de d’expert la douleur des personnes avec des altérations de l’état de conscience. Non pertinent Entretiens semi-structurés Revue narrative non structurée. 120 décrivent des changements au niveau de l’expression faciale et des mouvements corporels lors de gestes douloureux. Dans deux de ces travaux (Gelinas & Arbour, 2009; Payen et al., 2001), les auteurs retrouvent des modifications au niveau des signes physiologiques et de la tolérance à la ventilation mécanique lors de stimuli nociceptif (voir le tableau 5 et 6). Gelinas et Arbour (2009) ont comparé les indicateurs physiologiques et comportementaux observés chez les patients conscients (n=144) et inconscients (n=133) avec une analyse séparée pour les patients avec un traumatisme crânien (n=39). Lors de stimuli nociceptifs, les traumatisés crâniens avaient un visage plus détendu et moins de tension musculaire que les patients dans les autres groupes diagnostiques. Les traumatisés crâniens avaient des réactions qui leur étaient spécifiques, comme une absence de plissement des sourcils ou des yeux fermés (69%), des larmes (14%) et une ouverture des yeux (16%). Ces mêmes patients avaient une plus grande variabilité au niveau de leurs réactions physiologiques lors de stimulation nociceptive (pression artérielle, fréquence cardiaque, fréquence respiratoire et saturation capillaire). Il faut souligner que les patients inconscients recevaient plus de sédatif et d’analgésique que les patients conscients, cependant le niveau de sédation des patients n’a pas été pris en considération dans les analyses (Gelinas & Arbour, 2009). Payen et al. (2001) ont étudié les indicateurs comportementaux et physiologiques dans une étude qui avait pour but de valider le BPS (ou échelle de Grenoble), un instrument d’évaluation de la douleur pour les personnes non-communicantes aux soins intensifs. Seize patients avec des traumatismes crâniens étaient inclus dans leur échantillon (N=30). Lors de stimuli nociceptifs, les traumatisés crâniens présentaient des mouvements des membres supérieurs, des changements dans l’expression faciale et une moins bonne tolérance à la 121 Tableau 5. Résumé des indicateurs et descripteurs comportementaux issus de la revue intégrative des écrits Indicateurs Descripteurs de la douleur Expression faciale Froncement et plissement des sourcils, plissement des (Gelinas et al.,2004; Gelinas et al., 2005; Gelinas et Arbour, 2009; Payen et al., 2001; Schnakers et Zasler, 2007; Schnakers et al., 2010; Voepel-Lewis et al., 2011) paupières, yeux fermés, relèvement de la lèvre supérieure et des joues, grimaces, yeux ouverts, larmes, serrement des dents, menton tremblant. Spécifiques aux personnes cérébrolésées: absence de plissement ou froncement des sourcils, bâillement, mouvement de langue, mouvement de mastication, fixation du regard, mouvement oculaire. Mouvements corporels Absence de mouvements corporels, mouvement lent et prudent, (Gelinas et al.,2004 ; Gelinas et al., 2005 ; Gelinas et Arbour, 2009 ; Payen et al., 2001 ; Schnakers et Zasler, 2007 ; Schnakers et al., 2010 ; Voepel-Lewis et al., 2011) mouvement de protection, flexion complète ou partielle des membres supérieurs, rétraction, mouvement constant, agitation, mouvements saccadés, mouvement de balancement de l’avant à l’arrière, coups de pieds. Spécifiques aux personnes cérébrolésées: localisation du stimulus nociceptif, flexion ou le retrait lors de stimulus nociceptif, absence de réponse à la stimulation. 122 Tableau 5. Résumé des indicateurs et descripteurs comportementaux issus de la revue intégrative des écrits (suite du tableau) Indicateurs Descripteurs de la douleur Tension musculaire Rigide, arche bouté, mouvements de surprise, résistance aux (Gelinas et al.,2004 ; Gelinas et al., 2005 ; Gelinas et Arbour, 2009 ; Voepel-Lewis et al., 2011) mouvements passifs, serrement des poings. Tolérance à la ventilation mécanique Toux, intolérance à la ventilation mécanique, lutte contre le (Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005; Gelinas et Arbour, 2009; Payen et al., 2001) ventilateur, asynchronie, morsure du tube endotrachéal, déclenchement ponctuel, non ventilable. Vocalisation Silence, plainte, grognement, gémissement, pleur, cri, sanglot, (Gelinas et Arbour, 2009; Schnakers et al., 2010; Voepel-Lewis et al., 2011) hurlement, plaintes fréquentes. Autres Non-coopérant, difficile à consoler, pouvant être distrait, replié sur (Gelinas et al., 2005 ; Voepel-Lewis et al., 2011) soi-même, sommeil de mauvaise qualité, cherche à communiquer ou attirer l’attention. ventilation mécanique. Les changements au niveau de l’hémodynamique n’étaient pas associés à des modifications au niveau du score total du BPS. Ceci pourrait signifier que les modifications hémodynamiques n’étaient pas associées à de la douleur. Les auteurs ont rapporté que le niveau de sédation influençait les réponses des patients à la nociception, mais le niveau de sédation n’était pas contrôlé par l’analyse statistique réalisée. 123 Voepel et al. (2010) ont étudié la validité de l’échelle FLACC dans un échantillon de 29 patients adultes non-communicants aux soins intensifs. Leur échantillon comprenait un sous-groupe de six patients neuro-chirurgicaux et deux patients neurologiques. Aucune analyse statistique spécifique n’a été réalisée au niveau de ce sous-groupe. Seules les modifications du score total de l’échelle FLACC sont rapportées, sans description de la nature des modifications observées. Deux autres articles décrivent les indicateurs de la douleur utilisés par les cliniciens pour évaluer la douleur chez les personnes non-communicantes aux soins intensifs (Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005). Dans une première étude Gelinas et al. (2004) ont décrit des indicateurs de la douleur documentés par les soignants dans le cadre d’une revue des dossiers médicaux de 52 patients intubés, dont 42% (n=22) présentaient une lésion cérébrale aiguë. Dans 35% des dossiers examinés, des mouvements corporels associés à un état d’agitation sont décrits comme un indicateur de la douleur. Dans 6% des dossiers, on retrouvait une intolérance à la ventilation mécanique, dans 5,7% une rigidité musculaire et dans 4,3% des efforts pour communiquer. Des modifications dans l’état hémodynamique (15%) et dans la clinique respiratoire étaient documentées par les infirmières comme des indicateurs de la douleur. L’élévation de la pression intracrânienne et une diminution de la perfusion cérébrale, lorsque mesurée, étaient aussi décrites comme des indicateurs de la douleur. 124 Tableau 6. Indicateurs et descripteurs physiologiques issus de la revue intégrative des écrits Indicateurs Descripteurs de la douleur Fréquence cardiaque Augmentation de la fréquence (Gelinas et al.,2004; Gelinas et al., 2005; Gelinas et Arbour, 2009; Payen et al., 2001; Schnakers et Zasler, 2007) cardiaque Pression artérielle Augmentation de la pression artérielle (Gelinas et al.,2004; Gelinas et al., 2005; Gelinas et Arbour, 2009; Payen et al., 2001; Schnakers et Zasler, 2007) Fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence (Gelinas et al., 2005; Gelinas et Arbour, 2009) respiratoire Saturation en oxygène mesurée par pulseoxymétrie Diminution de la saturation en (Gelinas et al., 2005; Gelinas et Arbour, 2009) oxygène mesurée par pulseoxymétrie CO2 expiré Augmentation du CO2 expiré (Gelinas et al., 2005) Diaphorèse (Gelinas et al., 2005; Schnakers et Zasler, 2007) Pas de descripteur disponible 125 Tableau 6 Indicateurs et descripteurs physiologiques issus de la revue intégrative des écrits (suite) Indicateurs Descripteurs de la douleur Pression intracrânienne Augmentation de la pression (Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005) intracrânienne Pression de perfusion cérébrale Diminution de la pression de (Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005) perfusion cérébrale Dans une deuxième étude, Gelinas et al. (2005) ont réalisé des entretiens individuels et de groupe auprès de 60 cliniciens. Les modifications de l’expression faciale ont été décrites par les participants comme l’indicateur le plus sensible et le plus spécifique. Les cliniciens ont aussi énumérés les modifications des signes physiologiques, y compris l’élévation de la pression intracrânienne, l’agitation et les mouvements corporels comme des indicateurs potentiels de douleur. Pour terminer, les signes de nociception et de douleur sont différenciés dans une revue narrative portant sur la gestion de la douleur des personnes cérébrolésées (Schnakers & Zasler, 2007). Pour ces auteurs, les mouvements dirigés vers la source de nociception, les mouvements de retrait et de flexion, les grimaces, les pleurs et la tension musculaire devraient être considérés comme des indicateurs de douleur. Par contre, les mouvements stéréotypés et les réactions physiologiques devraient être considérés que comme des signes de nociception et non de douleur. En effet, les mouvements stéréotypés peuvent être réflexes et n’impliquent pas une activité corticale. Toutefois, ces auteurs (Schnakers & Zasler, 2007) 126 recommandent que tous les signes de nociception ou de douleurs soient pris en compte dans une évaluation de la douleur en raison des importantes fluctuations de l’état de conscience observées chez les personnes cérébrolésées en phase aiguë. Indicateurs et descripteurs retenus dans la recension des écrits Cette revue intégrative des écrits a permis d’identifier divers indicateurs comportementaux et physiologiques. Les modifications de l’expression faciale, les mouvements corporels et la tension musculaire sont décrits dans l’ensemble des articles sélectionnés, même si parfois ils sont nommés autrement par les auteurs. Ils peuvent être considérés comme des indicateurs centraux pour cette population de patients. La tolérance à la ventilation mécanique est retrouvée dans les cinq articles s’intéressant aux personnes ventilées (Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005; Payen et al., 2001) et les signes vocaux dans les trois travaux centrés sur les personnes sans ventilation artificielle (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010; Schnakers & Zasler, 2007; Voepel-Lewis et al., 2010). L’indicateur sommeil de mauvaise qualité (Gelinas et al., 2005) n’a pas été retenu, car il ne peut pas être évalué avec une observation ponctuelle et en raison de l’absence de définition opérationnelle. Huit indicateurs physiologiques ont été retrouvés dans les divers écrits, cependant seul quatre sont retenus suite à cette recension des écrits. En effet, certains indicateurs physiologiques sont difficiles à observer, car ils nécessitent des instruments de mesure non disponibles chez l’ensemble des personnes cérébrolésées. C’est le cas de l’élévation de la pression intracrânienne, la diminution de la pression de perfusion cérébrale ou la mesure du CO2 expiré (Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005). La mesure de pression intracrânienne 127 et de la diminution de la pression de perfusion cérébrale demandent la mise en place d’un cathéter au niveau cérébral. La mesure du CO2 expiré peut se réaliser uniquement chez des patients en ventilation artificielle. Quant à la diaphorèse (Gelinas et al., 2005; Schnakers & Zasler, 2007), aucun descripteur ne qualifie cet indicateur et il n’y a pas de définition opérationnelle disponible. Les descripteurs sont nombreux et varient selon les textes considérés. Au niveau de l’expression faciale et des mouvements corporels des descripteurs spécifiques aux personnes cérébrolésées sont décrits. Le tableau 7 ci-dessous liste les indicateurs et les descripteurs retenus suite à l’analyse des résultats de cette recension des écrits. Ces indicateurs et descripteurs seront utilisés pour l’intégration des trois sources données de la première phase de cette étude. La recension des écrits a permis d’identifier sept articles décrivant 9 indicateurs et 47 descripteurs de la douleur chez des personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Ces indicateurs et descripteurs sont retenus pour être intégrés aux autres sources de données, afin de construire une première liste d’indicateurs et de descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées. 128 Tableau 7. Indicateurs et descripteurs de la douleur issus de la recension des écrits Indicateurs Expression faciale Descripteurs de la douleur Froncement et plissement des sourcils, plissement des paupières, yeux fermés, relèvement de la lèvre supérieure et des joues, grimaces, yeux ouverts, larmes, serrement des dents, absence de plissement ou froncement des sourcils, bâillement, mouvement de langue, mouvement de mastication, fixation du regard, mouvements oculaires. Mouvements corporels Absence de mouvements corporels, mouvement lent et prudent, mouvement de protection, flexion complète ou partielle des membres supérieurs, rétraction, mouvement constant, agitation, mouvements saccadés, localisation du stimulus nociceptif, flexion ou le retrait lors de stimulus nociceptif, absence de réponse à la stimulation, cherche à attirer l’attention. Tension musculaire Rigide, mouvements de surprise, résistance aux mouvements passifs, serrement des poings. Tolérance à la ventilation mécanique Toux, intolérance à la ventilation mécanique, asynchronie, morsure du tube endotrachéal, déclenchement ponctuel. Vocalisation Silence, plainte, grognement, gémissement, pleurs, cri, sanglot, hurlement, plaintes fréquentes. 129 Tableau 7. Indicateurs et descripteurs de la douleur issus de la recension des écrits (suite du tableau) Indicateurs Descripteurs de la douleur Fréquence cardiaque Augmentation de la fréquence cardiaque Pression artérielle Augmentation de la pression artérielle Fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire Saturation en oxygène mesurée par pulse-oxymétrie Diminution de la saturation en oxygène mesurée par pulseoxymétrie 130 Résultats de la consultation auprès des experts cliniques du domaine Les entretiens, auxquels ont participé 18 cliniciens, se sont déroulés entre juillet et septembre 2010. Un total de 26 participants potentiels ont été contacté. Certains n’ont jamais répondu à l’invitation (trois personnes) et les autres ne pouvaient pas se rendre disponibles. Le premier groupe réunissait six participants et a duré 35 minutes. Le deuxième groupe réunissait cinq participants et a duré 45 minutes. Le troisième groupe rassemblait les sept participants aux entretiens individuels qui ont duré de 25 à 45 minutes. L’échantillon est composé de 18 soignants (12 infirmières et 6 médecins) expérimentés travaillant dans les deux centres hospitaliers universitaires de Suisse romande (cf. tableau 8). Il faut relever que parmi les participants 47,1% (n=8) avaient réalisé un travail ou une étude sur la douleur. Les résultats des entretiens sont présentés en deux parties. La première partie présente les résultats quantitatifs et la deuxième partie les résultats qualitatifs. Résultats quantitatifs Le premier groupe a généré 14 éléments à considérer dans le cadre de l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs. Parmi ces éléments, 12 ont reçu l’ensemble des 90 points disponibles. Il faut cependant relever que quatre éléments (totalisant 56 points) ne sont pas à proprement parlé des indicateurs ou des descripteurs observables, mais des éléments à intégrer dans le jugement clinique à propos de la douleur. Ils étaient toutefois considérés comme tellement importants par les cliniciens qu’ils ont insisté pour les voir figurer sur la liste des indicateurs ou descripteurs. C’est pourquoi, ces quatre éléments sont indiqués dans le tableau 9 décrivant les résultats par groupe, mais ne sont pas repris lors de la comparaison inter-groupe. Ils seront par 131 Tableau 8. Description des participants à la consultation des experts cliniques (N=18) Caractéristiques Médiane Etendue [min-max] Age médian (années) 38 31-50 Années d’expérience professionnelles 15 7-25 Années d’expérience en soins intensifs 10 1-24 Années d’expérience avec des patients cérébrolésés 9,5 1-25 N % Femme 14 77,8 Homme 4 22,2 Infirmière en soins intensifsa 11 61,1 Infirmière 1 5,6 Infirmière clinicienne 2 11,1 Médecin 6 33,3 Soins intensifs 14 83,3 Anesthésie 3 16,6 Neurologie/neurochirurgie 2 11,1 Douleur (formation certifiante) 1 5,6 Douleur (formation permanente) 3 16,6 Genre Profession Formation Note. a En Suisse, les infirmières en soins intensifs suivent une formation certifiante de 2 ans en cours d’emploi après le diplôme de base pour travailler aux soins intensifs contre traités dans la section concernant les résultats qualitatifs. Le deuxième groupe a généré 17 indicateurs de douleurs spécifiques à la personne cérébrolésée. Parmi ces indicateurs, 11 ont reçu l’ensemble des 75 points disponibles. Le troisième groupe réunissait 132 les divers participants aux entretiens individuels et a généré deux nouveaux descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs : « mouvement de retrait à la stimulation » et « repousser les soignants par anticipation ». Les résultats par groupe sont présentés dans le tableau 9 avec le détail des votes reçus et la somme des points pour chaque indicateur ou descripteur. Les indicateurs et les descripteurs ne sont pas différenciés, car les cliniciens ne les ont pas distingués. Pour faciliter la comparaison entre les groupes, le rapport entre les points reçus par l’indicateur (ou descripteur) et le total des points disponibles au sein de chaque groupe est donné. La synthèse inter-groupe est présentée dans le tableau 10 avec la somme des points reçus, le nombre de votes reçus ainsi que le détail des rangs pour chacun des 21 indicateurs (ou descripteurs). Par exemple, « serre les dents » a obtenu un score de 18 points et 6 participants ont voté pour ce descripteur. Trois participants lui ont donné le 2e rang (soit 4 points), un participant le 3e rang (soit 3 points), un participant le 4e rang (soit 2 points) et un participant le 5e rang (soit 1 point) [Tableau 10]. 133 Tableau 9. Indicateurs ou descripteurs de la douleur issus de la consultation des experts Groupe (N=18) Indicateurs ou descripteurs Nombre de vote Détail des points Groupe nominal 1 (n=6) Hypertension artérielle non induite et tachycardie 6 5,5,4,4,3,1 Somme des points 22 % des points Nombre maximum de points disponibles 90 Tachypnée 3 4,3,1 8 8,8 Serre les dents (mord le tube) 2 4,3 7 7,8 Vomissement 3 2,2,2 6 6,6 Larmes 3 2,1,1 4 4,4 Photophobie 1 3 3 3,3 Absence de mouvement, Immobilité 1 2 2 2,2 Dilatation des pupilles 1 1 1 1,1 24,4 134 Tableau 9 Indicateurs ou descripteurs de la douleur issus de la consultation des experts (suite) Groupe (N=18) Groupe nominal 2 (n=5) Nombre maximum de points disponibles 75 Indicateurs ou descripteurs Nombre de vote Détail des points 5,5,4,3, 2 Somme des points 19 % des points Modification des paramètres vitaux : fréquence cardiaque, tension artérielle, fréquence respiratoire 5 25,3 Mouvements constants répétitifs non dirigés 4 5,3,1,1 10 13,3 Sudation 4 4,3,1,1 9 12 Tremor 2 5,4 9 12 Tachycardie 2 5,2 7 9,3 Mouvement de crispation (tressaillement) 3 3,2,2 7 9,3 Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules (mouvement de repli sur soi) 2 4,2 6 8,0 Agitation avec agressivité 1 5 5 6,7 Toute modification de l’expression faciale lors de la stimulation Fuite du regard 4 4 4 5,3 4 4 4 5,3 Immobilité figée 1 1 1 1,3 135 Tableau 9. Indicateurs ou descripteurs de la douleur issus de la consultation des experts (suite) Groupe (N=18) Indicateurs ou descripteurs Nombre de vote Détail des points 5,5,5,5, 4,1 Somme des points 20 % des points Groupe 3 (entretien individuel) (n = 7) Modification des signes physiologiques: fréquence cardiaque, tension artérielle, fréquence respiratoire. 6 Nombre maximum de points disponibles 105 Toute modification de l’expression faciale lors de la stimulation 5 3,3,1,1, 1 9 8,6 Serrement des dents 4 4,4,2,1 11 10,5 Mouvements de crispation (tressaillement) 4 4,3,2,1 10 9,5 Larmes 4 2,2,2,2 6 5,7 Dilatation pupillaire 2 1,5 6 5,7 Tachycardie 1 5 5 4.8 Agitation avec agressivité 1 5 5 4.8 Hypertension non induite associée à une tachycardie 1 4 4 3,8 Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules (mouvement de repli) 1 4 4 3,8 Tremor 1 4 4 3,8 Mouvement constant répétitif 1 3 3 2,9 Sudation 1 3 3 2,9 Mouvement de retrait lorsque stimulé 1 3 3 2,9 3 3 2,9 Immobilité figée 19,0 136 Tableau 9. Indicateurs ou descripteurs de la douleur issus de la consultation des experts (suite) Groupe (N=18) Groupe 3 (entretien individuel) (n = 7) Nombre maximum de points disponibles 105 Indicateurs ou descripteurs Nombre de vote Repousse les soins par anticipation 1 Détail des points 3 Hypertension artérielle 1 2 Somme des points 3 % des points 2 1,9 2,9 Tableau 10. Synthèse des résultats de la consultation des trois groupes d’experts Indicateurs Somme des points Nombre de votes Modification des signes physiologiques: fréquence cardiaque, tension artérielle, fréquence respiratoire 39 11 Hypertension artérielle non induite et tachycardie 26 7 Serre les dents 18 Mouvement de crispation, tressaillement Nombre de 1er rang 6 Nombre de 2e rang Nombre de 3e rang Nombre de 4e rang Nombre de 5e rang 2 1 1 1 2 3 1 0 1 6 0 3 1 1 1 17 7 0 1 2 3 1 Tremor 13 4 1 2 0 1 0 Activité motrice constante répétitive 13 7 1 0 2 0 2 Modification de l’expression faciale lors de la stimulation 13 6 0 1 2 0 3 Larmes 12 7 0 0 0 5 2 Tachycardie (seule) 12 3 2 0 0 1 0 Sudation 12 5 0 1 2 0 2 Tableau 10. Synthèse des résultats de la consultation des trois groupes d’experts (suite) Indicateurs Somme des points Nombre de votes Nombre de 1er rang Nombre de 2e rang Nombre de 3e rang Nombre de 4e rang Nombre de 5e rang Agitation avec agressivité 10 2 2 0 0 0 0 Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules (mouvement de repli sur soi) 10 4 0 2 0 2 0 Immobilité (immobilité figée) 10 4 0 1 1 1 1 Tachypnée (seule) 8 3 0 1 1 0 1 Dilatation pupillaire 7 3 1 0 0 0 2 Vomissement 6 3 0 0 0 3 0 Fuite du regard 4 1 0 1 0 0 0 Mouvement de retrait lorsque stimulé 3 1 0 0 1 0 0 Photophobie 3 1 0 0 1 0 0 Repousse les soins par anticipation 3 1 0 0 1 0 0 Hypertension artérielle (seule) 2 1 0 0 0 1 0 139 Résultats qualitatifs Les commentaires des soignants durant les entretiens ont pu être regroupés en deux catégories issues du modèle d’évaluation de la douleur de Snow et al. (2004): les facteurs méthodologiques et les signes de la douleur. Pour ces auteurs, les facteurs méthodologiques sont les éléments qui influencent la méthode d’évaluation de la douleur utilisée par les cliniciens (Snow et al., 2004). Les signes de la douleur sont des indicateurs et des descripteurs vocaux, non-vocaux ou physiologiques ; volontaires ou involontaires (Snow et al., 2004). Les catégories et sous-catégories sont résumées dans le tableau 11. La catégorie « facteurs méthodologiques » se divise en deux : la méthode de collecte des données et l’instrument d’évaluation. Les commentaires sur la méthode de collecte des données étaient d’ordre général. Le premier groupe a insisté sur la nécessité de considérer l’évaluation de la douleur dans le contexte du patient et de son problème de santé, ainsi que dans le contexte des gestes de soins en cours de réalisation. Pour ce même groupe, l’évaluation comportementale devrait être associée à d’autres méthodes d’évaluation de la douleur comme le test aux antalgiques ou l’évaluation subjective de la douleur de la personne par le soignant. Selon les membres de ce groupe, ces diverses méthodes combinées entre elles permettraient d’augmenter la fiabilité de l’évaluation de la douleur. Les participants ont aussi insisté sur la vision globale du patient, lorsqu’ils ont expliqué qu’il fallait des modifications au niveau de plusieurs indicateurs pour pouvoir interpréter les descripteurs observés comme de la douleur. Par exemple : la modification de la tolérance à la ventilation mécanique ne sera pas interprétée comme de la douleur, si elle n’est pas associée à une modification d’un autre indicateur comme l’expression faciale. 140 Au niveau des signes de la douleur du patient, les commentaires ont été nombreux. L’expression faciale a été relevée par plusieurs groupes comme un indicateur très fiable et la mimique douloureuse comme typique. Par contre, des descripteurs comme « serrer les dents » et « crisper la mâchoire » sont préférés au descripteur « mordre le tube », car cela implique que la personne soit intubée. En ce qui concerne les mouvements corporels, quatre participants estiment que les descripteurs sur les réactions stéréotypées à la douleur (« mouvement de décortication » ou « mouvement de décérébration ») ne devraient pas être inclus dans une grille d’évaluation de la douleur, car ce type de mouvement n’est pas une réaction à la douleur, mais une réaction à la nociception. L’un des participants au troisième groupe a expliqué que les réactions à la douleur sont différentes en fonction du niveau de la lésion cérébrale. On ne devrait pas parler d’évaluation de la douleur, chez des personnes avec des réactions stéréotypées (ou une absence de réactions) à la nociception. Il estimait que l’usage d’un instrument d’évaluation de la douleur n’avait pas de sens pour les personnes avec des réponses stéréotypées à la nociception. A son avis, ces personnes devaient être traitées pour la douleur par «extrapolation», comme si elles étaient non cérébrolésées. Ce participant a toutefois souligné l’importance de traiter la douleur même chez les personnes avec des réactions stéréotypées à la nociception, car la douleur peut avoir des conséquences sur leur pronostic et leur potentiel de récupération. Pour une infirmière du deuxième groupe, la posture antalgique devrait être explicitement décrite comme une position de défense avec une contraction des muscles abdominaux, des épaules remontées et une position anormale de la tête (tirée en avant ou en arrière). Finalement, le terme «agitation» est perçu dans les trois groupes comme peu précis englobant à la fois une activité motrice constante et une attitude oppositionnelle, voir agressive. Les énoncés tels que « l’absence de collaboration » ou « repousse le personnel », 141 ne doivent pas être retenus comme signe de douleur, car ils sont source d’interprétation. Il faut préférer des énoncés purement descriptifs. D’autre part pour plusieurs participants, l’«agitation» est un indicateur peu fiable pour la personne cérébrolésée, car souvent causée par la lésion cérébrale. Un participant explique que la non-collaboration et l’agitation sont la signature classique d’une lésion frontale. Pour une participante, la douleur est une cause parmi d’autres d’agitation, car l’agitation est fréquente lors d’un réveil de coma. Cinq participants ont relevé que « tenter de tirer sur les tubes » ne devait pas être considéré comme un signe de douleur, car cela pouvait simplement être le signe d’une gêne. Pour terminer, les descripteurs proposés dans les paliers du CPOT seraient non exclusifs: il pourrait par exemple y avoir des mouvements de protection chez une personne agitée. La tolérance à la ventilation artificielle est décrite comme aspécifique à la douleur. Un participant a expliqué que la mobilisation du tube endotrachéal, lors de latéralisation par exemple, est très « toussigène » et peu désadapter un patient du ventilateur. Une autre participante a mentionné que bon nombre de patients cérébrolésés sont intubés pour protection des voies aériennes, mais ne sont pas ventilés. Finalement, le choix des énoncés pour les descripteurs liés à la tolérance à la ventilation a été critiqué : une personne cérébrolésée peut montrer une intolérance à la ventilation artificielle avec des alarmes de «pression haute» ou de «volume non délivré» sans pour autant tousser. De plus, le déclenchement du ventilateur dans les modes de ventilation contrôlée doit être pris en compte comme un signe potentiel de douleur. En ce qui concerne les signes vocaux, seul un participant a mentionné que les plaintes et les gémissements, même lorsque incohérents, devaient être considérés comme des manifestations de la douleur. 142 Pour les participants, les signes physiologiques sont peu spécifiques, mais dans la mesure où ils sont constamment surveillés dans un milieu de soins intensifs, une modification est rapidement identifiée. C’est pourquoi cet indicateur a tout son sens comme signe d’alerte. Pour certains, les signes physiologiques sont à considérer comme un ensemble, c’est-à-dire que la modification d’un seul paramètre n’est pas significative. Par exemple, une élévation de la tension artérielle associée à une bradycardie peut être le signe d’une dégradation neurologique ou d’un mécanisme compensatoire, alors qu’une hypertension artérielle associée une tachycardie peut être un signe de douleur. D’autre part, une participante a relevé que les patients cérébrolésés pouvaient recevoir des traitements médicamenteux hypertenseurs pour maintenir une perfusion cérébrale adéquate. Une pression artérielle élevée pouvait donc être induite par les traitements et ne devait pas être considérée comme un signe de douleur. Pour le premier groupe, ce sont les modifications non expliquées des paramètres physiologiques qui doivent être considérées et non la valeur en elle-même. L’élévation de la pression intracrânienne est considérée comme un indicateur peu pertinent, car tous les patients cérébrolésés ne sont pas porteurs d’un système de monitorage de la pression intracrânienne. De plus, une participante souligne que les patients avec un tel monitorage bénéficient d’une analgo sédation importante pour éviter toute source de stress. Ces patients auraient donc peu de problème de douleur. La dilatation pupillaire est mentionnée comme un signe de douleur objectif qui serait facilement observable chez les patients cérébrolésés dont le réflexe pupillaire est constamment surveillé dans le cadre de l’évaluation de l’état neurologique. 143 Tableau 11. Catégories issues de l’analyse qualitative des entretiens avec les trois groupes d’experts cliniques Catégories Sous-catégories Exemples Facteurs méthodologiques : Evaluation contextualisée Il faut tenir compte du contexte du patient et des soins. (Groupe 1) méthode de collecte de données Confrontation intersubjective des évaluations Il faut associer l’évaluation comportementale aux évaluations subjectives des soignants et les confronter. (Groupe 1) Test aux antalgiques comme indicateur Chez les personnes avec des comportements atypiques, le test aux antalgiques est un indicateur fiable (Groupe 3, participant 5)) Modification dans plus d’un indicateur Il doit y avoir plusieurs catégories affectées pour conclure à la douleur. (Groupe 2) Pondération en fonction de l’antalgie On devrait pondérer le comportement observé en fonction de l’antalgie reçue. (Groupe 1) Fiabilité de l’indicateur Les modifications de l’expression faciale sont les signes les plus fiables (Groupe 3, participant 1,5 et 7) Crispation de la mâchoire La crispation de la mâchoire est typique (Groupe 3, participant 4) Serrement des dents Le terme mordre le tube sous-entend que tous les patients sont intubés, il faut préférer « serrer les dents » (Groupe 1) Illustration des visages L’illustration des visages est peu parlante et source de confusion (Groupe 1). Signes de douleur expression faciale L’illustration des visages est indispensable (Groupe 3, participant 7) 144 Tableau 11. Catégories issues de l’analyse qualitative des entretiens avec les trois groupes d’experts cliniques (suite) Catégories Sous-catégories Exemples Signes de douleur: mouvements corporels Réaction à l’examen neurocomportemental Les mouvements stéréotypés n’ont pas leur place dans une échelle de la douleur (Groupe 3, participant 7) Signes de douleur: mouvements corporels Il faut ajouter les réactions à la stimulation douloureuse comme les mouvements de retrait et de localisation (Groupe 3, participant 7) Mouvement de défense par anticipation Mouvements de défense par anticipation chez les patients qui craignent d’avoir mal. (Groupe 3, participant 6) Posture antalgique Il faut ajouter la posture antalgique (Groupe 2) Paliers non exclusifs Les paliers sont non-exclusifs dans la catégorie mouvements corporels (Groupe 3, participant 4) Agitation Pas un signe de douleur chez les personnes cérébrolésées, notamment car présent lors de lésions frontales (Groupe 2, participant 7) Indicateur peu fiable, car chez le patient neurologique fréquent (Groupe 3, participant 2) Parler de mouvements constants ou de repousser les soignants au lieu d’agitation (Groupe 2). Tirer sur les tubes peut être un signe que le tube gêne et pas un signe de douleurs (Groupe 3, participant 2) Absence de collaboration Descriptif portant à interprétation (Groupe 3, participant 4) 145 Tableau 11. Catégories issues de l’analyse qualitative des entretiens avec les trois groupes d’experts cliniques (suite) Catégories Sous-catégories Exemples Signes de douleur : ventilation Peu spécifique Ventilation est sensible à d’autres facteurs. (Groupe 3, participant 3) Toux La mobilisation est « toussigène » (Groupe 1) et il peut y avoir intolérance à la ventilation mécanique sans toux (Groupe 2 et Groupe 3, participant 4) Volume non délivré et Les volumes non-délivrés et les pressions hautes pression haute sont un signe de douleur et un message d’alarme sur les ventilateurs (Groupe 2, participant 2). Indicateurs: signes vocaux Indicateur : signes physiologiques Plaintes et gémissements pertinents (Groupe 3, participant 2) Peu spécifique Signes vitaux à considérer comme des signes de détresse. (Groupe 3, participant 1) Les soignants sont rapidement alertés par leur modification (Groupe 2). D’autres éléments que la douleur peuvent modifier les signes vitaux (Groupe 3, participant 7) Modification combinée Considérer les signes physiologiques en combinaison. (Groupe 1). Dilatation pupillaire Signe fiable de douleur, utilisable chez les patients cérébrolésés, (Groupe 3, participant 4) Signe fréquemment observé chez les patients cérébrolésé (Groupe 1, participant 1,2 et 4) Non fiable sans un pupillomètre (Groupe 3, participant 5) 146 Tableau 11. Catégories issues de l’analyse qualitative des entretiens avec les trois groupes d’experts cliniques (suite) Catégories Sous-catégories Exemples Indicateur : signes physiologiques Elévation de la PIC Signe peu utilisable, car peu de patients porteurs de PIC. (Groupe 3, participant 2) Chez les patients porteurs de PIC, peu de problèmes d’antalgie, (Groupe 3, participant 2) Toutefois, une autre participante affirme que ce paramètre est peu fiable en milieu de soins intensifs, car sa mesure est peu précise en clinique sans un pupillomètre. Indicateurs et descripteurs issus de la démarche consultative des cliniciens Cette consultation a permis d’identifier divers indicateurs et descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs. A l’exception des signes physiologiques, il n’existe pas de consensus entre les cliniciens quant aux descripteurs les plus pertinents. C’est pourquoi, un score seuil «bas» a été choisi pour retenir des indicateurs et des descripteurs issus de cette démarche consultative. Les indicateurs et les descripteurs avec des votes d’au moins un tiers des participants (n=6) ou une somme de points supérieur à 12 ont été retenus. Ils sont rassemblés dans le tableau 12. Il faut toutefois préciser que les cliniciens étaient invités à modifier ou compléter le CPOT. Les indicateurs et les descripteurs présents dans le CPOT sont donc implicitement inclus dans le tableau 16 qui présente les résultats de cette consultation des cliniciens. 147 Les résultats de l’analyse de contenu qualitative permettront d’affiner les énoncés des indicateurs et des descripteurs dans l’intégration des données. Ils permettront aussi d’élaborer des définitions opérationnelles adaptées au contexte suisse. Tableau 12. Indicateurs et descripteurs de la douleur issus de la démarche consultative auprès des cliniciens Indicateurs Descripteurs de la douleur Ajout des signes physiologiques Fréquence cardiaque, pression artérielle, fréquence respiratoire. Hypertension artérielle non induite et tachycardie associée, dilatation pupillaire. Modification de l’expression faciale Serre les dents, larmes. Modification des mouvements corporels Activité motrice constante. Modification de la tension musculaire Mouvements de crispation, tressaillement, tremor. Résultats de l’étude pilote observationnelle L’échantillon de l’étude observationnelle réalisée par Le et al. (in press) est composé de dix personnes. La majorité était des hommes (n= 9) avec un traumatisme crânien modéré à sévère et un âge moyen de 25,5 ans. Quatre patients étaient conscients avec un score de Glasgow entre 11 et 9 points. Six patients étaient inconscients avec un score de Glasgow entre 8 et 4. Le score médian de sédation était de -2 sur l’échelle de sédation Richmond 148 Agitation and Sedation Scale [un instrument d’évaluation du niveau de sédation] (Chanques et al., 2006), ce qui correspond à une diminution légère de la vigilance. Le résultat des statistiques descriptives des comportements observés avant, pendant et après les deux gestes de soins considérés est présenté dans le tableau ci-dessous (tableau 17). Au repos avant et après les deux gestes de soins, une proportion plus importante des patients avait un visage détendu, les yeux fermés, une bouche ouverte, une absence de mouvements, une tolérance à la ventilation mécanique avec une absence d’alarmes au niveau du ventilateur et une absence de résistance à la mobilisation passive (c’est-à-dire des muscles détendus lors de la flexion et extension passive des membres supérieurs). Par contre, lors de la stimulation nociceptive (la latéralisation du patient), plus de la moitié des patients fronçait les sourcils, contractait les muscles péri-orbitaux, avait des larmes, ouvrait les yeux, relevait les sourcils, activait les alarmes du ventilateur, toussait ou résistait au mouvement de rotation latérale. Tableau 13. Fréquence des comportements lors de chaque évaluation [N=10] (Le et al., in press) Indicateur Expression faciale Descripteur Description Fréquence PB1 PB2 PB3 RL1 RL2 RL3 Visage détendu Pas de contraction visible au niveau du visage 8 7 7 8 2 8 Froncement des sourcils Front plissé et abaissement des sourcils 1 2 2 2 5 2 Contraction des muscles Elévation des joues 0 1 1 0 7 0 Tension des muscles autour de l’orbite 0 0 0 0 7 0 Yeux fermés Paupières closes (pas fort) 8 7 6 7 3 7 Yeux fortement fermés Paupières bien fermées, des plis sont visibles 0 0 1 0 2 0 Larmoiement Larmes au niveau des yeux 0 1 0 0 5 0 zygomatiques Contraction des muscles orbiculaires Note . PB1= mesure de la pression artérielle non invasive, au repos avant la mesure RL1= rotation latérale, au repos avant le geste PB2= mesure de la pression artérielle non invasive, pendant la mesure RL3= rotation latérale, 20 minutes après le geste PB3= mesure de la pression artérielle non invasive, 20 minutes après la mesure RL2= rotation latérale, pendant le geste Tableau 13. Fréquence des comportements lors de chaque évaluation [N=10] (Le et al., in press)[suite] Indicateur Expression faciale Descripteur Description Fréquence PB1 PB2 PB3 RL1 RL2 RL3 Ouverture des yeux Les paupières passent de fermées à ouvertes ou partiellement ouvertes 0 0 2 0 5 0 Yeux partiellement ouverts Les paupières sont partiellement ouvertes 1 2 1 3 1 3 Yeux ouverts Les paupières sont complètement ouvertes 1 1 1 0 2 0 Ouverture de la bouche Les dents et la langue sont visibles 0 1 1 0 1 0 Bouche ouverte avec tube Bouche ouverte à cause du tube endotrachéal 6 5 5 6 4 6 Bouche ouverte La bouche est gardée ouverte 2 2 2 2 1 2 Mordre le tube endotrachéal Acte de serrer les dents autour du tube endotrachéal 0 0 0 0 1 0 Mastiquer le tube endotrachéal Mastication du tube endotrachéal 1 0 0 0 0 0 Note. PB1= mesure de la pression artérielle non invasive, au repos avant la mesure PB2= mesure de la pression artérielle non invasive, pendant la mesure PB3= mesure de la pression artérielle non invasive, 20 minutes après la mesure RL1= rotation latérale, au repos avant le geste RL2= rotation latérale, pendant le geste RL3= rotation latérale, 20 minutes après le geste Tableau 13. Fréquence des comportements lors de chaque évaluation [N=10] (Le et al., in press)[suite] Indicateur Expression faciale Mouvements corporels Descripteur Description Fréquence PB1 PB2 PB3 RL1 RL2 RL3 Dents serrées Acte de montrer les dents avec la bouche ouverte 0 0 0 0 1 0 Sourire Coins de la bouche relevés et les dents visibles 0 0 0 0 1 0 Soudaine rougeur du visage Soudaine rougeur du visage 0 0 0 0 3 0 Relèvement des sourcils Relèvement des sourcils avec plis sur le front 0 0 1 1 5 0 Clignement des paupières Fermeture ou ouverture rapide d’un ou des yeux 0 0 1 0 3 0 Mâchonnement Mastication sans tube endotrachéal 0 0 0 0 1 1 Absence de mouvements corporels Etre couché dans le lit en position normale, immobile 7 6 8 7 2 6 Mouvement lents précautionneux Mouvements lents 0 0 0 1 2 1 Note . PB1= mesure de la pression artérielle non invasive, au repos avant la mesure PB2= mesure de la pression artérielle non invasive, pendant la mesure PB3= mesure de la pression artérielle non invasive, 20 minutes après la mesure RL1= rotation latérale, au repos avant le geste RL2= rotation latérale, pendant le geste RL3= rotation latérale, 20 minutes après le geste Tableau 13. Fréquence des comportements lors de chaque évaluation [N=10] (Le et al., in press)[suite] Indicateur Mouvements corporels Descripteur Description Fréquence PB1 PB2 PB3 RL1 RL2 RL3 Mouvement répétitifs Mouvement rythmique de l’avant à l’arrière 0 0 0 0 0 1 Essai de toucher le site douloureux Tentative de toucher le site douloureux ou les tubes 1 1 1 1 2 1 Touche le site douloureux Acte de toucher le site douloureux 0 0 0 0 1 0 Mouvement de protection Acte de se protéger de la douleur 0 0 0 0 1 0 Massage du site douloureux Acte de frotter le site douloureux 0 0 0 0 0 0 Tirer un tube Acte de tirer sur le tube endotrachéal ou les cathéters 0 0 0 0 1 0 Agitation Mouvements constant avec des pauses de quelques secondes 1 1 1 0 1 0 Tremblements Mouvements saccadé d’avant en arrière 1 1 0 0 1 0 Note. PB1= mesure de la pression artérielle non invasive, au repos avant la mesure PB2= mesure de la pression artérielle non invasive, pendant la mesure PB3= mesure de la pression artérielle non invasive, 20 minutes après la mesure RL1= rotation latérale, au repos avant le geste RL2= rotation latérale, pendant le geste RL3= rotation latérale, 20 minutes après le geste Tableau 13. Fréquence des comportements lors de chaque évaluation [N=10] (Le et al., in press)[suite] Indicateur Mouvements corporels Tolérance à la ventilation Descripteur Description Fréquence PB1 PB2 PB3 RL1 RL2 RL3 Repousser Repousse le personnel 2 2 1 2 2 2 Tenter de saisir de façon défensive Acte de tenter saisir de façon défensive 0 0 0 0 1 0 Essaie de se retourner sur le dos Essaie d’obliger le personnel à le repositionner sur le dos 0 0 0 0 1 0 Mouvement de coopération Essai d’aider le personnel à réaliser les gestes de soins 0 0 0 0 2 0 Flexion Mouvements de flexion des membres supérieurs ou inférieurs au niveau des coudes ou des genoux 0 1 0 0 3 1 Alarmes non activées Tolérance à la ventilation mécanique, pas d’alarme 9 9 8 9 2 9 Note.: PB1= mesure de la pression artérielle non invasive, au repos avant la mesure PB2= mesure de la pression artérielle non invasive, pendant la mesure PB3= mesure de la pression artérielle non invasive, 20 minutes après la mesure RL1= rotation latérale, au repos avant le geste RL2= rotation latérale, pendant le geste RL3= rotation latérale, 20 minutes après le geste Tableau 13. Fréquence des comportements lors de chaque évaluation [N=10] (Le et al., in press)[suite] Indicateur Tolérance à la ventilation Tension musculaire Descripteur Description Fréquence PB1 PB2 PB3 RL1 RL2 RL3 Alarmes activées Les alarmes du ventilateur sont activées une fois et s’interrompent sans intervention externe 0 0 1 0 6 0 Toux Expiration soudaine et bruyante 0 0 0 0 7 0 Alarmes fréquentes Alarmes activées plus d’une fois et persistante 0 0 0 0 1 0 Pas de résistance Mouvement passif réalisé sans résistance 7 6 6 7 5 7 Résistance Mouvement possible mais le patient essaie de les contrôler 1 2 1 1 4 1 Forte résistance Incapacité à réaliser le mouvement passif 2 2 3 2 1 2 Serre les poings Serre les mains fortement 0 0 0 0 1 0 59 60 61 59 102 60 Total (44) Note. PB1= mesure de la pression artérielle non invasive, au repos avant la mesure PB2= mesure de la pression artérielle non invasive, pendant la mesure PB3= mesure de la pression artérielle non invasive, 20 minutes après la mesure RL1= rotation latérale, au repos avant le geste RL2= rotation latérale, pendant le geste RL3= rotation latérale, 20 minutes après le geste 155 Indicateurs et descripteurs issus de l’étude observationnelle Une sélection des descripteurs a été réalisée pour éliminer ceux qui n’étaient jamais observés lors de stimulation nociceptive ou plus fréquemment observés au repos que lors de la stimulation nociceptive. Trente-trois descripteurs sont retenus et présentés dans le tableau 14. Tableau 14. Descripteurs observés lors de la stimulation nociceptive Indicateurs Descripteurs Expression faciale Froncement des sourcils, contraction des muscles zygomatiques, contraction des muscles orbiculaires, yeux fortement fermés, larmoiement, ouverture des yeux, yeux ouverts, mouvements oculaires, ouverture de la bouche, morsure du tube endotrachéal, dents serrées, sourire, soudaine rougeur du visage, relèvement des sourcils, clignement des paupières, mâchonnement Mouvements corporels Mouvements précautionneux, essai de toucher le site douloureux, touche le site douloureux, mouvement de protection, tirer un tube, agitation, repousser les soignants, tenter de saisir de façon défensive, essai de se retourner sur le dos, mouvement de coopération, flexion Tolérance à la ventilation Alarmes activées, tousse, alarmes fréquentes Tension musculaire Résistance, forte résistance, serre les poings 156 Combinaison des trois sources de données La sélection des indicateurs et des descripteurs a été réalisée à partir des trois sources de données. Dans un premier temps, les résultats des trois sources de données ont été rassemblés sous une forme matricielle pour permettre la comparaison et l’identification des différences (en appendice F). L’ensemble des données a été synthétisé pour éviter les doublons et consolider les énoncés similaires. Cette opération a permis de créer une liste avec des indicateurs, des descripteurs associés aux indicateurs et une définition opérationnelle pour chaque descripteur. Ce chapitre a présenté les résultats de la première phase de cette étude qui a permis d’identifier des indicateurs et des descripteurs potentiels de la douleur chez les personnes cérébrolésées. Le prochain chapitre va permettre de mettre en perspective ces résultats en vue de la deuxième phase de cette étude. DISCUSSION : GENERATION DES INDICATEURS ET DESCRIPTEURS 158 La première phase de cette étude avait pour but d’identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs en utilisant un devis exploratoire concurrent de méthodes mixtes. Elle a permis d’intégrer des données en provenance de trois sources : une recension intégrative des écrits, une consultation des cliniciens et une observation de dix patients traumatisés crâniens aux soins intensifs. Ce chapitre propose une discussion des résultats de cette première phase de l’étude. Dans un premier temps, une synthèse des principaux résultats est présentée et mise en perspective avec les connaissances déjà établies. Dans un deuxième temps, les forces et les limites de cette première phase et de chacune des trois collectes de données sont abordées. Finalement, des considérations pour la poursuite de l’étude sont exposées avec une première liste d’indicateurs et de descripteurs. Cette liste servira de base pour l’étude des propriétés psychométriques des indicateurs et descripteurs dans la deuxième phase de cette étude. Synthèse et mise en perspective Les indicateurs Cette première phase a permis de identifier six indicateurs : l’expression faciale, les mouvements corporels, la tension musculaire, la tolérance à la ventilation artificielle, les signes vocaux et les signes physiologiques. L’expression faciale, les mouvements corporels et la tension musculaire sont retrouvés dans les trois sources de données : la recension 159 intégrative des écrits, la consultation des cliniciens et l’observation de dix patients traumatisés crâniens aux soins intensifs L’expression faciale est l’indicateur qui obtient le plus large consensus rejoignant ainsi les résultats d’autres travaux. L’expression faciale est décrite par les cliniciens comme l’indicateur principal de douleur. Dans la recension des écrits, Gelinas et al. (2005) ont retrouvé des résultats similaires auprès des cliniciens interrogés dans leur étude sur les indicateurs de la douleur en soins critiques. Au niveau de l’observation de dix patients traumatisés crânien, de nombreux descripteurs faciaux étaient présents lors de stimulation nociceptive (Le et al., in press). Ces résultats sont appuyés par des travaux récents qui montrent la pertinence de l’expression faciale comme signe de douleur pour les infirmières des soins intensifs (Connor, 2012; Rose et al., 2011). Finalement, la primauté de l’expression faciale comme signe externe de douleur a été démontrée par Prkachin (1992, 2009) qui a mis en évidence l’existence d’un langage facial universel de la douleur. Schnakers et al. (2010) ont décrit les mouvements oculaires séparément des autres expressions faciales, car ils les ont considérés comme permettant de déterminer le niveau de conscience de la personne cérébrolésées. Dans le cadre de la présente étude, les mouvements oculaires ont été regroupés sous l’expression faciale. En effet, le but de l’étude n’est pas d’évaluer le niveau de conscience, mais d’évaluer la douleur. Les mouvements corporels constituent un indicateur qui regroupe tous les descripteurs en lien avec le mouvement. Certains auteurs ont utilisé d’autres termes pour qualifier les mouvements corporels. Schnakers et al. (2010) parlent de réponse motrice et Payen et al.(2001) regroupent les mouvements corporels en un indicateur nommé « tonus des membres supérieurs ». Finalement, Voepel-Lewis et al. (2010) ont deux indicateurs liés aux 160 mouvements corporels dans leur échelle d’évaluation de la douleur : l’activité et les mouvements des jambes. Dans le cadre de la présente étude, l’énoncé « mouvement corporel » a été choisi, car il est représentatif des activités motrices observées. La tension musculaire est retrouvée comme indicateur dans les travaux de Gelinas et al. (2006) et Le et al. (in press). Voepel-Lewis et al. (2010) décrivent des comportements de type tension musculaire comme « rigide » ou « mouvements de surprise ». Les cliniciens ayant participé aux entretiens ont pour leur part décrit des tressaillements, de la crispation et le tremor qui peuvent aussi être assimilés à de la tension musculaire. La tolérance à la ventilation mécanique est spécifique au sous-groupe des patients ventilés mécaniquement. Elle est décrite dans cinq études centrées sur les personnes ventilées mécaniquement (Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005; Payen et al., 2001) et dans l’étude pilote de Le et al.(in press). Dans la présente étude, cet indicateur est toutefois considéré par les cliniciens comme peu spécifique, car sensible à d’autres facteurs comme un éventuel encombrement des voies aériennes. Les signes vocaux sont décrits dans les travaux centrés sur les personnes nonintubées (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010; Schnakers & Zasler, 2007; Voepel-Lewis et al., 2010). Dans cette étude, les experts cliniques ont estimé les signes vocaux comme « importants » lorsqu’ils étaient présents. Dans la mesure, où les personnes cérébrolésées en milieu de soins intensifs peuvent être sous ventilation artificielle ou capable d’émettre des sons, il est important d’avoir des indicateurs utilisables dans ces deux groupes de patients. Par contre, comme le soulignent divers auteurs (Bambi & Solaro, 2012; Roulin et al., 2011) et les cliniciens interrogés dans la présente étude, ni les descripteurs liés à la ventilation artificielle, ni les descripteurs vocaux ne sont adaptés aux patients intubés ou 161 trachéotomisés respirant spontanément sans ventilation artificielle. A notre connaissance, il n’existe pas à l’heure actuelle d’indicateur spécifique à cette population de patients. La modification des signes physiologiques est décrite dans la recension intégrative des écrits et par les cliniciens comme un indicateur de la douleur. Dans la recension des écrits, les enquêtes réalisées auprès de cliniciens décrivent les changements dans les paramètres physiologiques comme un indicateur de la douleur (Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005). Dans la présente étude, les cliniciens estiment que les modifications des signes physiologiques sont un indicateur potentiel de douleur facile à observer aux soins intensifs et qu’ils manquent à l’instrument du CPOT. Par exemple, l’indicateur « modification des signes physiologiques : fréquence cardiaque, tension artérielle, fréquence respiratoire » reçoit le nombre le plus élevés de votes et se retrouve classé au 1er rang cinq fois par les participants. Le descripteur « hypertension artérielle non induite et tachycardie » est classé à la deuxième place d’après le nombre de votes et du classement obtenu. Ces éléments soulignent l’importance des signes physiologiques pour les soignants. Pour les experts (Herr et al., 2011 ;Schnakers & Zasler, 2007), les signes physiologiques sont un signe de stress et non un signe de douleur et doivent être considérés en association avec des indicateurs comportementaux de la douleur. Plusieurs études récentes démontrent que les infirmières utilisent des indicateurs physiologiques dans le cadre de l’évaluation de la douleur (Connor, 2012; Gerber, 2012; Puntillo, Smith, Arai, & Stotts, 2008; Rose et al., 2011). Ces études renforcent l’importance des signes physiologiques comme un signe de douleur potentielle pour les cliniciens aux soins intensifs. L’un des participants aux groupes nominaux expliquait cela par le fait que les signes physiologiques sont constamment surveillés en milieu de soins intensifs et donc jouent un rôle comme signe d’alerte. 162 Finalement certains indicateurs décrits dans la recension intégrative des écrits, n’ont pas été retenus dans la présente étude. Soit par manque de données empiriques pour confirmer ou infirmer leur pertinence, soit qu’ils n’étaient mesurables que dans un sousgroupe particulier de patients cérébrolésés. Les indicateurs cherche à communiquer, qualité du sommeil ou diaphorèse (Gelinas et al., 2005) n’ont pas été évalués en clinique et il n’existe aucune donnée empirique à l’heure actuelle pour confirmer leur pertinence. Les indicateurs physiologiques élévation de la pression intracrânienne, diminution de la pression de perfusion cérébrale ou mesure du CO2 expiré ne peuvent être mesurés que chez des patients porteurs de dispositifs médicaux spécifiques (Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005). La mesure de pression intracrânienne et la mesure de la pression de perfusion cérébrale demandent la mise en place d’un cathéter au niveau cérébral. La mesure du CO2 expiré ne peut se réaliser que chez des patients en ventilation artificielle, à l’aide d’un capteur. Le but de la présente étude étant d’identifier des indicateurs et des descripteurs utilisables auprès de l’ensemble des personnes cérébrolésées aux soins intensifs, ces indicateurs et descripteurs n’ont pas été retenus. En résumé, dans le cadre de la première phase de cette étude six indicateurs ont été retenus. Ils ont tous été retrouvés dans deux au moins des trois sources de données. Des descripteurs ont pu être associés à chaque indicateur. La synthèse des résultats concernant les descripteurs est présentée dans la section suivante. Les descripteurs Au cours de la première phase de cette étude, 47 descripteurs potentiels ont pu être identifiés. Une absence de consensus a été constatée entre les mots choisis pour décrire un 163 même comportement dans les divers écrits et les propositions des cliniciens. L’absence de standardisation du langage a déjà été soulignée par d’autres auteurs comme étant problématique (Arif-Rahu & Grap, 2010; Haslam et al., 2012). Au niveau des écrits, ces différences peuvent éventuellement s’expliquer par des traductions d’une langue à l’autre, mais aussi par des spécificités régionales de la langue française. Il existe des différences entre la langue française du Québec, de la France, de la Belgique et du canton de Vaud et de celui de Genève. Les mêmes concepts peuvent être nommés différemment: on parlera de tolérance à la ventilation mécanique au Québec et en Suisse, mais d’adaptation au ventilateur en France (Gelinas, 2004; Thuong, 2008). Les processus d’adaptations culturelles sont importants pour favoriser la bonne compréhension d’un instrument de mesure, son acceptabilité et sa pertinence dans le contexte de soin (Endacott, Benbenishty, & Seha, 2010; Waltz et al., 2010). C’est pourquoi, il est important de choisir des mots qui ont du sens pour les cliniciens. Dans le cadre de cette étude, les termes utilisés par les cliniciens lors de la démarche consultative ont systématiquement été préférés aux termes retrouvés dans les écrits. Dans la présente étude, les cliniciens ont souligné l’importance d’utiliser des énoncés purement descriptifs pour éviter des interprétations possibles. Selon Streiner & Norman (2008), les énoncés avec des descripteurs ambigus ou vagues sont à éviter, car ils sont une source de biais dans les instruments de mesure. Dans cette étude, lorsque deux énoncés étaient similaires, c’est l’énoncé le plus explicatif qui a été retenu. Au sujet de l’expression faciale, les descriptions retrouvées se situent au niveau du haut front, des yeux, des joues et des plis naso labiaux, ainsi qu’au niveau de la bouche et des mâchoires. Plusieurs descripteurs ont été considérés comme synonymes, par exemple 164 pour l’expression «front plissé» (Payen et al., 2001) et «froncement et plissement des sourcils» (Gelinas et al., 2006). Des descripteurs spécifiques aux personnes cérébrolésées ont été retrouvés (Gelinas & Arbour, 2009; Le et al., in press). Les patients cérébrolésés présentaient, lors d’une stimulation nociceptive, un visage détendu, une ouverture des yeux, une élévation des sourcils et des larmes. Ces résultats contrastent avec les quatre descripteurs mentionnés par Prkachin (2002, 2009) comme étant centraux dans l’expression faciale de la douleur : abaissement des sourcils, contraction des muscles péri-orbitaux et fermeture des paupières et relèvement de la lèvre supérieur. Les cliniciens n’ont pas mentionnés de descripteurs faciaux de la douleur spécifiques aux patients cérébrolésés. Ils ont essentiellement souligné l’importance des modifications de l’expression faciale, sans la décrire plus précisément. Pour les mouvements corporels, la « rétraction » et la «flexion complète» ont été considérées comme synonymes, car ces termes se réfèrent tous les deux à la contraction musculaire et au raccourcissement. La recension des écrits a permis d’identifier que les mouvements de réaction à une stimulation nociceptive comme « les réactions stéréotypées », les «mouvements de flexion» ou de «localisation du site douloureux» étaient pertinents pour les personnes cérébrolésées (Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010; Schnakers & Zasler, 2007). L’intégration de ces descriptifs n’a pas été relevée comme importante par les cliniciens, pourtant un expert clinique a affirmé qu’à l’exception des «mouvements stéréotypés», ces descripteurs devraient être inclus dans un instrument d’évaluation de la douleur. Finalement, ces descripteurs n’ont pas été retrouvés dans l’étude observationnelle. Les cliniciens consultés ayant souligné l’importance d’utiliser des énoncés purement descriptifs pour éviter le risque d’interprétations divergentes, les descripteurs « agitation » (Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005; Payen et al., 2001) et 165 «tenter de saisir de façon défensive » (Le et al., in press) n’ont pas été retenus, mais le terme « activité motrice constante ou répétitive » leur a été préféré. Pour la tension musculaire, les descripteurs sont essentiellement issus des travaux de l’équipe de Gelinas et collaborateurs (2004, 2005, 2009 et in press) et impliquent une mobilisation passive du membre supérieur. Voepel-Lewis et al. (2010) ont mentionné les «mouvements de surprise» qui ont une définition très proche des «mouvements de crispation» identifiés par les cliniciens. Les réactions de tension musculaire comme la «crispation», les «tressaillements», les «tremblements» ou le «tremor» sont ressortis des entretiens avec les cliniciens, alors qu’ils ne sont pas décrits dans les écrits. Pour la tolérance à la ventilation artificielle, le descripteur « toux » est utilisé par l’équipe de Gelinas, alors que Payen et al. (2001) utilisent des termes en lien avec l’adaptation à la ventilation artificielle sans faire référence à la toux. Les cliniciens ont souligné le manque de spécificité du descripteur « toux » et l’intérêt d’inclure d’autres descripteurs comme signe d’intolérance à la ventilation : alarmes de pression haute ou de volume nondélivré. Les signes vocaux ont essentiellement été relevés dans la recension des écrits. Un clinicien a souligné leur importance dans l’évaluation de la douleur. Enfin, ils sont absents de l’étude pilote observationnelle, car dans cette étude seuls des patients ventilés étaient inclus. Au niveau des signes physiologiques, on retrouve dans les écrits des changements de valeurs des paramètres physiologiques : pression artérielle, fréquence cardiaque, fréquence respiratoire et saturation en oxygène mesurée par pulse-oxymétrie (Gelinas & Arbour, 2009; Gelinas et al., 2004; Gelinas et al., 2005; Payen et al., 2001; Schnakers & 166 Zasler, 2007). Cependant, seule la pression artérielle systémique (Gelinas & Arbour, 2009 ; Payen et al., 2001) et la fréquence cardiaque (Gelinas & Arbour, 2009) changent de façon statistiquement significative lors d’une stimulation nociceptive. Gelinas et Arbour (2009) ont mis en évidence une variabilité des paramètres physiologiques (pression artérielle, fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, saturation en oxygène mesurée par pulse-oxymétrie) plus importante chez les personnes cérébrolésées que dans la population générale des patients de soins intensifs, ce qui pourrait s’expliquer par l’état clinique instable des personnes cérébrolésées considérées dans leur étude. En raison du petit nombre de personnes cérébrolésées incluses dans cette étude (n=16), ces résultats sont non concluants (Gelinas & Arbour, 2009). Les cliniciens ont mentionné quatre descripteurs physiologiques : la tension artérielle, la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire et la dilatation pupillaire. Ce dernier descripteur n’a pas été considéré dans les articles retrouvés dans la recension intégrative des écrits, ni dans l’étude observationnelle. Cependant, une dilatation de 16% de la pupille lors de stimulation nociceptive a été mise en évidence à l’aide d’un pupillomètre dans une étude portant sur 48 patients post-chirurgie cardiaque aux soins intensifs (Li, Miaskowski, Burkhardt, & Puntillo, 2009). Ces résultats sont d’autant plus intéressants que la réaction de la pupille se produisait même lorsque les patients étaient fortement sédatés et ne manifestaient pas d’autres signes de douleur. Li et al. (2009) ont aussi trouvé une validité convergente entre la réaction pupillaire et l’auto-évaluation de la douleur par les patients, lorsqu’elle était disponible. La dilatation pupillaire est donc un descripteur de la douleur qui se doit d’être évalué de façon plus approfondie dans un contexte clinique. Certains descripteurs identifiés exclusivement dans l’étude de Voepel-Lewis et al. (2010) n’ont pas été retenus. En effet, le but de l’étude de Voepel-Lewis et al. (2010) était de valider l’échelle FLACC (un instrument utilisé pour évaluer la douleur chez les enfants de 2 167 mois à 7 ans) pour les adultes et l’on peut s’interroger sur la pertinence de la consolabilité, des mouvements arche bouté du dos, des mouvements de balancement de l’avant vers l’arrière et des tremblements du menton chez l’adulte. La recension des écrits a montré que les descripteurs de la douleur peuvent être différents selon l’état de conscience (Gelinas & Arbour, 2009; Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010). Cependant, Le et al. (in press) n’ont pas retrouvé de différences dans les comportements en fonction de l’état de conscience et les cliniciens n’ont pas mentionné l’état de conscience comme un facteur affectant les comportements douloureux. Ces divergences soulignent à nouveau l’importance qu’il y a à étudier de façon plus approfondie les descripteurs de la douleur dans un large échantillon de personnes cérébrolésées présentant divers niveaux de conscience. Forces et limites de la première phase L’une des forces de cette première phase est le devis exploratoire concurrent de méthode mixte choisi. L’intégration des trois sources de données a permis d’obtenir des données très riches et complémentaires. Pour assurer la rigueur et la véracité des données obtenues, le processus a été explicité, afin que le lecteur puisse en retracer les différentes étapes. Une vigilance toute particulière a été apportée à la combinaison et à la synthèse des données qui est considérée comme un élément clef dans une recherche avec un devis mixte (O'Cathain, 2009). Il faut cependant souligner que les démarches utilisées pour générer les données sont essentiellement de nature déductive, cependant la combinaison des trois sources de données s’est déroulée à l’aide d’un processus itératif permettant de synthétiser et consolider le tout. 168 L’une des limites de ce travail est liée à la prégnance des travaux de Gelinas et de son équipe. En effet, trois des sept articles considérés dans la recension intégrative émanent de cet auteur. De plus, lors de la démarche consultative, les cliniciens ont été invités à modifier et compléter la grille d’observation comportementale de la douleur (CPOT), conçue par cette même auteure. Enfin, les indicateurs et les descripteurs de l’étude pilote sont issus en partie des instruments PBAT et CPOT (Gelinas et al., 2006; Puntillo et al., 2004). Cependant, d’autres auteurs ont été considérés dans la recension intégrative des écrits et les cliniciens consultés n’avaient pas de lien avec l’équipe de recherche de Gelinas. Enfin, les cinq indicateurs comportementaux sont issus des travaux de Gelinas, mais ils sont aussi décrits par d’autres auteurs ce qui renforce leur pertinence dans l’évaluation de la douleur. Une autre limite est liée à la méthode choisie pour générer les descripteurs et les indicateurs. En effet, aucune observation directe des patients n’a été réalisée. Cependant, l’étude de Lee et al. (in press) est le résultat d’une observation directe des patients. Les forces et les limites de chacune des trois collectes de données sont présentées ci-dessous de façon consécutive. La recension intégrative des écrits Les résultats de la recension intégrative des écrits doivent être considérés avec prudence, car les preuves sont limitées. Elles sont basées sur l’observation de 63 patients ventilés et 31 patients non-ventilés avec des lésions cérébrales récentes, ainsi que sur les opinions d’experts et de cliniciens. Une autre limite de ce travail est liée à la stratégie de recherche documentaire qui s’est limitée aux textes publiés dans des revues en langue française, allemande et anglaise, dotées d’un comité de lecture. Ceci peut signifier que 169 certaines données pertinentes n’ont peut-être pas été prises en compte. De plus, il persiste toujours une part de subjectivité quant à l’évaluation de la qualité méthodologique des articles de la part de l’évaluateur comme dans toute évaluation. Malgré cela, l’approche systématique utilisée dans cette recension intégrative des écrits et l’évaluation des textes réalisée de manière indépendante par deux évaluateurs devraient limiter les biais de cette recension intégrative. D’autre part, la crédibilité des résultats de cette revue intégrative est soutenue de par les résultats très proches retrouvés dans une recension actuellement sous presse portant sur le même thème (Arbour & Gelinas, in press). La démarche consultative auprès des cliniciens L’une des forces de la démarche consultative auprès des cliniciens est d’avoir collecté des données en Suisse Romande dans deux sites hospitaliers et donc d’avoir des descriptions adaptées au contexte local des soins. De plus, les participants étaient des cliniciens expérimentés dans le domaine des soins intensifs et des soins aux personnes cérébrolésées. Cette collecte de données a plusieurs limites. Premièrement, les problèmes d’organisation liés aux groupes nominaux ont été sous-estimés, malgré le fait qu’ils soient décrits par plusieurs auteurs (Lambert & Loiselle, 2008; Shaha, Wenzel, & Hill, 2011). Il a cependant été possible de combiner les groupes nominaux avec les entretiens individuels. Cette combinaison est probablement bénéfique, car l’association entre entretien de groupes et une autre méthode de collecte de données est recommandée pour diminuer les biais liés aux interactions sociales au sein des groupes (Touré, 2010), enrichir les données et confirmer leur crédibilité (Lambert & Loiselle, 2008). 170 Deuxièmement, les participants ont éprouvé des difficultés à se centrer sur la description d’indicateurs ou de descripteurs sans contextualiser leur propos. En effet, ils ont estimé que la prise en compte du contexte clinique est essentielle à l’interprétation des signes de douleur et donc à son évaluation. Les cliniciens se rallient ainsi à l’opinion de divers chercheurs dans le domaine de la douleur qui affirment que l’évaluation de la douleur est un phénomène complexe ne pouvant pas être considéré isolément (Botti, Bucknall, & Manias, 2004; Connor, 2012). La considération du contexte de soins semble logique si l’on considère l’importance que la connaissance de la personne et de son contexte ont pour la profession infirmière (Swanson, 1993). Cependant, ce besoin de contextualisation explique pourquoi les données qualitatives issues des entretiens de groupes ont été plus abondantes que prévues. Cela constitue une limite à cette collecte de données, car seules des notes manuscrites ont été prises lors des entretiens, aucun enregistrement audio n’ayant été prévu. Une sélection des données due à la prise de notes par le chercheur et l’impossibilité de retourner à la source d’information primaire, c’est-à-dire aux propos des participants, nuit à la fiabilité des données qualitatives récoltées (Fortin, 2010). Finalement, les participants ont été invités à décrire des indicateurs et des descripteurs qu’ils estimaient importants de considérer en clinique. Ils ont pu omettre des signes de douleur qu’ils utilisent réellement en situation. A posteriori, il aurait sans doute été préférable de réaliser des entretiens individuels en situation, c’est-à-dire lorsque les cliniciens évaluaient la douleur d’un patient cérébrolésé pour identifier les indicateurs et les descripteurs utilisés. 171 L’étude pilote observationnelle L’étude pilote observationnelle a permis d’observer les signes de douleur chez dix patients traumatisés crâniens aux soins intensifs (Le et al., in press). Elle a montré que ces patients manifestaient plus de comportements lors de la stimulation nociceptive qu’au repos ou lors de la stimulation non-nociceptive. Une des forces de ce travail est la richesse de la grille d’observation qui a été créée sur la base de deux instruments d’évaluation de la douleur testé empiriquement auprès de patients de soins intensifs : le PBAT (Puntillo et al., 2004) et le CPOT (Gelinas et al., 2006). Elle a ensuite été enrichie par de nouveaux comportements au fur et à mesure que l’étude progressait. Les comportements observés sont ainsi finement décrits et de nombreux descripteurs sont présents. L’une des limites de cette étude est la petite taille de l’échantillon, non représentatif de la population des personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Les résultats ne peuvent donc pas être généralisés. Une autre limite est l’absence de signes vocaux chez les personnes observées. Enfin, les résultats de cette étude pilote observationnelle ont été gracieusement mis à disposition ; la connaissance de la procédure de collecte de données et l’identification des biais potentiels en sont rendues plus difficiles que s’il s’agissait de données primaires. Considérations pour la suite de cette étude L’identification des signes externes de douleur pertinents pour évaluer la douleur des personnes cérébrolésées aux soins intensifs est une étape préliminaire à l’adaptation à cette population spécifique d’un instrument d’évaluation de la douleur. La première phase de cette étude a permis d’identifier 6 indicateurs et 47 descripteurs potentiels de la douleur chez les 172 personnes cérébrolésées. Un devis exploratoire concurrent de méthodes mixtes a permis d’intégrer des données en provenance de trois sources : une recension intégrative des écrits, une consultation des cliniciens et une observation de dix patients traumatisés crâniens aux soins intensifs. Les résultats de cette première phase ont permis de créer une liste d’indicateurs et de descripteurs (tableau 15). Pour chaque descripteur une définition opérationnelle a été rattachée, afin de faciliter sa compréhension. Cette liste sert de base pour la deuxième phase de cette étude et pour la vérification des propriétés psychométriques des indicateurs et des descripteurs. Ce chapitre a présenté la mise en perspective, ainsi que les forces et limites de la première phase de cette étude. Le chapitre suivant explicite la méthode utilisée pour la deuxième phase. 173 Tableau 15. Première liste d’indicateurs et descripteurs de la douleur Indicateurs Expression faciale Descripteurs Description Front plissé et abaissement des sourcils Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Relèvement des sourcils Elévation des sourcils et plis sur le front Contraction des muscles péri-orbitaux Contraction des muscles autour des yeux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Ouverture des yeux Mouvement d’ouverture des yeux Clignement des paupières Mouvement rapide d’ouverture et de fermeture des paupières Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes Présence de larmes au niveau des yeux Relèvement de la lèvre supérieure Relèvement de la lèvre avec des plis naso labiaux Mouvements oraux réflexes Bâillement, mâchonnement ou mouvement de la langue Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Visage devenant rapidement rouge 174 Tableau 15. Première liste d’indicateurs et descripteurs de la douleur (suite) Indicateurs Descripteurs Description Mouvements corporels Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés Flexion réflexe ou extension réflexe des membres des membres supérieurs supérieurs Tension musculaire Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent de tension musculaire observable Tremor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou une partie du corps Tremblements Légers mouvements musculaires constants Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings 175 Tableau 15. Première liste d’indicateurs et descripteurs de la douleur (suite) Indicateurs Descripteurs Description Ventilation artificielle Déclenchement ponctuel du ventilateur Déclenchement ponctuel du ventilateur chez un patient en mode contrôlé Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivré, alarmes de haute pression. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume nondélivré ou de bas volume constant. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. Vocalisation 176 Tableau 15. Première liste d’indicateurs et descripteurs de la douleur (suite) Indicateurs Descripteurs Description Signes physiologiques Augmentation de la fréquence cardiaque Augmentation de la fréquence cardiaque de plus de 10 battements par minutes au moins Diminution de la fréquence cardiaque Diminution de la fréquence cardiaque de 10 battements par minutes au moins Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg au moins Diminution de la pression artérielle Diminution de la pression artérielle systolique de 10 mmHg au moins Augmentation de la fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire d’au moins 5 respirations par minute au moins Diminution de la fréquence respiratoire Diminution de la fréquence respiratoire d’au moins 5 respirations par minute au moins Augmentation de la SpO2 Augmentation de la saturation en oxygène par pulseoxymétrie (SpO2) de 2% au moins Diminution de la SpO2 Diminution de la saturation en oxygène par pulseoxymétrie (SpO2) de 2% au moins Dilatation de la pupille Dilatation de la pupille de 1mm au moins Contraction de la pupille Contraction de la pupille de 1mm au moins DEUXIEME PHASE DE L’ETUDE 178 Les précédents chapitres ont présenté la génération des indicateurs et des descripteurs de la douleur spécifiques aux personnes cérébrolésées. Le présent chapitre présente le déroulement de la deuxième phase, ainsi que le devis choisi. Déroulement de la deuxième phase La deuxième phase de cette étude est construite sur les résultats de la première phase et séquentielle. Elle se déroule en trois étapes. La première étape est une validation de contenu de la première version de la liste d’indicateurs4 et de descripteurs5 de la douleur pour les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs. La deuxième étape est une description et une sélection des indicateurs et des descripteurs. La troisième étape vérifie la validité de construit et la validité critériée de la liste d’indicateurs et de descripteurs auprès d’une population de personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Le déroulement de cette deuxième phase est rappelé dans la figure 13. L’indicateur est défini comme une expression comportementale ou physiologique quantifiable, mesurable et observable (Fortin, 2010). Un indicateur comprend de plusieurs descripteurs. 4 Le descripteur est défini comme les termes utilisés pour décrire et qualifier un indicateur. Il peut être directement observé comme présent ou absent. 5 179 Figure 13. Rappel du déroulement des différentes phases de cette étude 180 Devis de la deuxième phase La deuxième phase utilise un devis de recherche méthodologique appartenant au paradigme quantitatif (Fortin, 2010). Cette phase se base sur le modèle de la théorie de la mesure classique (De Vellis, 2003; Waltz et al., 2010). Selon cette théorie, les divers énoncés d’un instrument de mesure permettent de mesurer le construit sous-jacent non directement observable, car il existe une relation entre le construit, les indicateurs et les descripteurs. Par exemple, une modification de l’expression faciale est liée à une modification de la perception douloureuse. Un biais systématique de mesure influence le degré avec lequel les indicateurs mesurent réellement le construit sous-jacent et donc affecte la validité de la mesure (Waltz et al., 2010, p. 68). De plus, il existe dans chaque mesure une part d’erreur aléatoire, c’est pourquoi chaque score observé est la somme du score « vrai » et d’une « erreur » aléatoire présente au moment de la mesure (Waltz et al., 2010, p. 66). Ces erreurs aléatoires affectent la fiabilité d’une mesure. Un instrument valide et fiable minimise donc les erreurs systématiques et les erreurs aléatoires. Le développement d’un instrument de mesure suit diverses étapes recommandées par les experts du domaine: (1) l’énoncé du but de la mesure (DeVellis, 2003; Waltz et al., 2010), (2) la sélection des indicateurs et des descripteurs (DeVellis, 2003; Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010), (3) la sélection du format de l’instrument (DeVellis, 2003; Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010), (4) la vérification de la validité de contenu par un groupe d’experts (DeVellis, 2003; Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010), (5) la suppression des énoncés jugés non pertinents par les experts (Waltz et al., 2010), (6) le test de l’instrument de mesure auprès d’un échantillon (DeVellis, 2003; Waltz et al., 2010), (7) la sélection des 181 indicateurs et des descripteurs en fonction de leur performance (DeVellis, 2003; Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010), (8) la vérification de la fiabilité et de la validité de l’instrument (Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010). Dans le cadre du présent travail, l’opérationnalisation des diverses étapes est présentées ci-dessous. Le but de la mesure Le but de la mesure est l’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs par les cliniciens au lit du patient. Le contexte d’utilisation de l’instrument guide le choix des indicateurs et descripteurs qui doivent être observables en situation réelle ou détectables avec les instruments habituellement disponibles dans un service de soins intensifs, tel que par exemple le moniteur de chevet. Des descripteurs nécessitant une observation sur plusieurs jours ou utilisant des moyens sophistiqués, comme par exemple l’imagerie par résonance magnétique nucléaire, ne pourraient donc pas être inclus dans un tel instrument. La sélection des indicateurs et des descripteurs La sélection des indicateurs et des descripteurs a été réalisée dans la première phase de cette étude. Elle a permis de rassembler six indicateurs et 47 descripteurs pertinents pour la population de personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Le format de l’instrument Le format de l’instrument est déterminé par l’objectif de ce travail: identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur spécifique aux personnes cérébrolésées. C’est pourquoi, il s’agit d’un instrument d’observation permettant de déterminer si un descripteur est présent ou absent lors de douleur. L’instrument testé se présente sous la forme d’une liste de 182 descripteurs regroupés par indicateurs. Chaque descripteur a une définition opérationnelle permettant à l’observateur de déterminer précisément sa présence ou son absence. La vérification de la validation de contenu La validation de contenu cherche à déterminer si les indicateurs et les descripteurs d’un instrument sont représentatifs du concept à mesurer (Fortin, 2010). Pour évaluer la validité de contenu, on demande à un groupe d’experts du domaine de déterminer la pertinence de chaque descripteur et de se prononcer sur la clarté de son énoncé (DeVellis, 2003). Cette démarche permet d’affiner et de sélectionner les descripteurs. La validation de contenu constitue la première étape de la deuxième phase de la présente étude. Le test auprès d’un échantillon de personnes cérébrolésées Le test de la liste d’indicateurs et de descripteurs a pour but de vérifier la fiabilité et la validité des différents énoncés et de l’instrument dans son ensemble. Il s’agit d’administrer l’instrument à un échantillon de personnes représentatives de la population cible et d’une taille suffisante pour permettre des tests fiables (DeVellis, 2003). Dans cette étude, la liste est testée auprès d’un échantillon de 116 personnes cérébrolésées non-communicantes aux soins intensifs. La sélection des indicateurs et des descripteurs en fonction de leur performance La sélection des indicateurs et des descripteurs en fonction de leur performance a pour but de s’assurer de la pertinence de chacun des énoncés. Cette sélection se déroule en plusieurs étapes successives : (1) élimination des descripteurs qui sont soit rarement observés soit systématiquement présents (Fuchs-Lacelle & Hadjistavropoulos, 2004; B. Stevens, Johnston, Petryshen, & Taddio, 1996), (2) élimination des descripteurs observés plus fréquemment au repos que lors de douleurs (Fuchs-Lacelle & Hadjistavropoulos, 2004), 183 (3) élimination des descripteurs avec une corrélation interénoncé inférieure à 0,2 (DeVellis, 2003; Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010), (4) élimination des descripteurs dont l’observation est non-fiable (Gelinas, 2011; Streiner & Norman, 2008). La vérification de la fiabilité et validité de l’instrument La vérification de la fiabilité et de la validité d’un instrument de mesure est un processus complexe, car elle est déterminée pour un contexte donné (Fortin, 2010). Elle consiste en la vérification de plusieurs hypothèses (Waltz et al., 2010). Dans le présent travail, la validité critériée est examinée en testant la validité concomitante. La validité de construit est examinée en testant la validité convergente et la validité divergente. La démarche de recherche de la deuxième phase de ce travail est séquentielle avec une première étape de validation de contenu suivie d’une deuxième étape de description et sélection des indicateurs et descripteurs et se terminant par la vérification de la validité critériée et de construit. La validation de contenu utilise une approche descriptive quantitative. La deuxième étape est construite sur les résultats de la première. La deuxième étape utilise une approche quantitative avec des analyses descriptives. La troisième étape est construite sur les résultats de la deuxième étape. Elle utilise une approche corrélationnelle confirmatoire permettant de tester la validité des indicateurs et des descripteurs. Pour faciliter la lecture, la première étape est présentée séparément. La méthode, les résultats et la discussion de la validation de contenu sont exposés dans un premier chapitre. L’ensemble des tests psychométriques réalisés auprès des patients, soit la deuxième et la troisième étape, sont présentés ensemble après la validation de contenu. VALIDATION DE CONTENU 185 Ce chapitre présente la méthode et les résultats de la validation de contenu de la liste d’indicateurs et descripteurs issus de la première phase de cette étude. Méthode Participants Les 18 cliniciens sollicités lors de la consultation auprès des experts cliniques dans la première phase de ce travail et six experts scientifiques ont été invités à participer à la validation de contenu. Les experts scientifiques étaient francophones, médecins ou infirmiers, et connus pour leurs publications dans le domaine de l’évaluation de la douleur. La combinaison d’experts cliniques et scientifiques est recommandée par certains auteurs dans le cadre d’une validation de contenu, car ils représentent différentes perspectives et des expertises complémentaires (Beck & Gable, 2001; DeVellis, 2003; Haynes, Richard, & Kubany, 1995). Les experts scientifiques sont essentiels pour évaluer la valeur scientifique de l’instrument, notamment la représentativité, l’exhaustivité et la pertinence du contenu par rapport au construit étudié (Haynes et al., 1995; Waltz et al., 2010). Les cliniciens sont essentiels en tant que futurs utilisateurs de l’instrument pour évaluer sa clarté, son utilité clinique et sa faisabilité dans leur pratique quotidienne (Haynes et al., 1995). Il est actuellement recommandé d’avoir un groupe d’experts suffisamment grand (n = 8 à 12) pour éviter une concordance dans leur réponse due à la chance, ainsi qu’une incidence exagérée d’un éventuel biais lié à un expert trop indulgent ou trop sévère (Polit, Beck, & Owen, 2007). 186 Outil utilisé Un questionnaire sous forme électronique a été élaboré pour récolter les données destinées à la validation de contenu. Ce questionnaire comprenait deux parties. La première partie était composée de questions permettant de décrire le profil des participants. Elle était similaire à la fiche signalétique élaborée dans la première phase de cette étude et avait pour but de déterminer l’expertise des participants dans le domaine de l’évaluation de la douleur. La deuxième partie du questionnaire portait sur la validation de contenu à proprement parler. Elle a été développée selon les recommandations des écrits et basée sur l’outil déjà utilisé dans la validation du CPOT (Gelinas, Fillion, et al., 2009; Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010). Les participants étaient invités à évaluer la pertinence et la clarté/compréhensibilité de chaque descripteur généré dans la première phase de cette étude sur une échelle ordinale de type Likert en quatre paliers. Une cotation de « pas du tout » correspondait à un score de 1. Une cotation de « un peu » à un score de 2. Une cotation de « moyen » à un score de 3 et une cotation de « très » à un score de 4. Une version complète est disponible en appendice de ce travail (Appendice G). Un nombre pair de paliers a été choisi pour obliger les participants à se positionner et éviter un regroupement des cotations autour d’un score central (Lynn, 1986). Un espace à la fin du document était offert pour inscrire des commentaires éventuels. 187 Collectes des données Les participants potentiels ont été invités par courriel à répondre de façon anonyme au questionnaire. Le courriel comprenait un lien générique pour accéder au format électronique de cet instrument disponible via le site MonkeySurvey® (http://fr.surveymonkey.com/). Les participants potentiels pouvaient aussi demander une copie papier du questionnaire et le retourner par courrier postal. Une page de couverture expliquait le but de l’étude et garantissait la confidentialité des données recueillies. Des informations sur la structure du questionnaire et le temps nécessaire pour le remplir étaient données. Les participants ont été sollicités une première fois en décembre 2010, puis un rappel a été envoyé à tous 15 jours après. Analyse des données Le profil démographique des participants a été analysé à partir des fiches signalétiques. Il s’agissait d’une analyse descriptive réalisée à l’aide du logiciel Predictive Analytics Software (PASW) 18.0 (SPSS.Inc, Chicago). Des analyses descriptives ont été calculées (fréquences, pourcentages, médiane et étendue). Pour la grille de validation de contenu, la concordance des résultats entre les participants a été déterminée selon la méthode décrite par Polit et Beck (2006). Un indice de validité de contenu (IVC) a été calculé pour chaque descripteur par rapport à sa pertinence (D-IVC). L’indice de validité par descripteur correspond à la proportion des participants qui ont attribué une cotation de 3 et 4 au descripteur (Polit & Beck, 2006), c’est-à-dire le nombre d’expert qui ont considéré ce descripteur comme très pertinent (avec un score de 4) ou moyennement pertinent (avec un score de 3). Un indice de validité supérieur à 0,78 est 188 considéré comme acceptable lorsque le nombre d’expert est supérieur à six (Polit et al., 2007). Dans le cadre de cette étude, l’ensemble des descripteurs avec un D-IVC inférieur à 0,5 ont été supprimés. Cette valeur est plus basse que celle habituellement décrite dans la littérature (Waltz et al., 2010). Ce seuil a été choisi pour permettre d’éliminer des indicateurs non pertinents, sans être trop sélectif à cette étape de l’étude. Un indice de validité lié à la pertinence a été calculé pour chaque indicateur (I-IVC). Il a été déterminé en réalisant une moyenne des divers D-IVC (Polit & Beck, 2006). Pour terminer, un IVC global a été calculé en réalisant la moyenne des D-IVC. Lorsque cette méthode est utilisée pour déterminer un IVC, une valeur de 0,90 est considéré comme acceptable (Polit et al., 2007). Les participants ont été invités à coter les énoncés des descripteurs pour leur clarté/compréhensibilité de la même manière que pour la cotation de la pertinence. Les mêmes procédures de calcul ont été suivies pour déterminer les indices de clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (D-IC), chaque indicateur (I-IC) et un indice global (IC). A notre connaissance, il n’existe pas de valeur seuil standard déterminante pour la clarté/compréhensibilité. Dans le cadre de cette étude, l’ensemble des descripteurs avec un D-IC inférieur à 0,5 ont été supprimés. Aspects éthiques Les commissions d’éthique de la recherche sur l’être humain du canton de Vaud et de Genève ont approuvé le protocole de recherche. Un courriel envoyé informait les participants potentiels à propos du contexte de l’étude et des objectifs de l’instrument à évaluer. Cette étape de la recherche présentait peu de risque pour les participants. En effet, la validation de contenu a été réalisée chez des professionnels de la santé sans contact direct avec 189 l’investigateur. Il n’y avait pas d’enregistrement de l’adresse IP (internet protocol) de l’ordinateur utilisé pour répondre au questionnaire, donc pas de possibilité de retrouver le nom du participant via l’adresse IP. Dans la mesure où les participants complétaient un questionnaire, il n’y avait pas de formulaire de consentement. Le renvoi du questionnaire a été considéré comme signifiant le consentement. Les bases de données sont protégées par un mot de passe informatique connu uniquement par la chercheuse principale. 190 Résultats Description des participants à la validation de contenu Vingt-quatre experts francophones ont été contactés pour répondre au questionnaire de validation de contenu. Quatorze questionnaires (taux de réponse = 58,3%) entièrement complétés ont pu être exploités en provenance de la Suisse (n=10), de la France (n=3) et de la Belgique (n=1). Le Tableau 16 décrit les caractéristiques des participants à la validation de contenu. Les résultats montrent que les participants ont une expérience professionnelle médiane de 16 ans (E= 33) dont 9,5 années auprès de patients cérébrolésés (E=26). Quatre participants (28,6%) ont contribué au développement d’instruments d’évaluation de la douleur pour les personnes non-communicantes aux soins intensifs. On constate aussi que toutes les infirmières ont suivi une formation post-grade en soins intensifs, mais que les formations en antalgie sont plus rares (n=3, 21,4%). Au niveau du corps médical, tous les participants avaient une formation post-graduée en soins intensifs ou en anesthésie. 191 Tableau 16. Description des participants à la validation de contenu (N=14). Caractéristiques Médiane Etendue [min-max] Années d’expérience professionnelle 16 7-40 Années d’expérience en soins intensifs 13 3-27 Années d’expérience avec des patients cérébrolésés 9,5 1-27 n % Femme 11 78,6 Homme 3 21,4 Entre 30 et 39 ans 7 50 Entre 40 et 49 ans 5 35,7 Entre 50 et 59 ans 2 14,3 Infirmière 10 71,4 Médecin 4 28,6 Etude réalisée sur la douleura 4 28,6 Etude réalisée avec des personnes cérébroléséesa 2 14,3 Spécialisée en soins intensifs 10 100 Formation sur la douleur 2 20 Formation cadre 2 20 Formation en neurologie/neurochirurgie 1 10 Formation en soins intensifs 2 50 Formation en anesthésie 2 50 Formation en neurologie 1 25 Formation en antalgie 1 25 Genre Age Profession Formation des infirmièresb Formation des médecinsb Note. a Participants impliqués dans la conception ou la réalisation d’une étude. b Plusieurs formations sont possibles. 192 Validation de contenu pour chaque descripteur Le tableau 17 présente le détail des résultats de chaque descripteur aussi bien au niveau de sa pertinence (D-IVC) que de sa clarté (D-IC). Au niveau de l’expression faciale, quatre descripteurs obtiennent un D-IVC inférieur à 0,5. Il s’agit du relèvement des sourcils, mouvement d’ouverture des yeux, clignement des paupières et des mouvements oraux réflexes (bâillements, mâchonnement ou mouvement de la langue). Pour le mouvement d’ouverture des yeux et le clignement des paupières, les indices D-IVC étaient proches de zéro, ce qui signifie qu’ils n’ont pas été considérés comme pertinents par 13 des participants. Au niveau des mouvements corporels, deux descripteurs obtiennent un D-IVC inférieur à 0,5. Il s’agit de l’absence de mouvement observable et de mouvements lents. Seul un descripteur contenu dans l’indicateur tension musculaire obtient un score inférieur à 0,5, il s’agit de tremblements (légers mouvements musculaires constants). Concernant l’indicateur ventilation, le descripteur déclenchement ponctuel du ventilateur chez un patient en mode contrôlé est considéré comme non-pertinent par neuf participants et n’obtient pas le score de 0,5. Tous les descripteurs proposés dans l’indicateur signes vocaux obtiennent un D-IVC supérieur à 0,5. Parmi les descripteurs liés aux signes vocaux, trois ont un score égal à 1, il s’agit de gémissement, plaintes, cris et/ou hurlements et pleurs, ce qui signifie que tous les participants ont considéré ces indicateurs comme pertinents. Au niveau des signes physiologiques, six descripteurs n’obtiennent pas le score de 0,5. Il s’agit de diminution de la fréquence cardiaque de 10 battements/minute, diminution de la pression artérielle systolique de 10 mmHg, diminution de la fréquence respiratoire de 5 Tableau 17. Fréquences et indices de validité de contenu liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (N=14) Indicateurs/Descripteurs Pertinence Cotation D-IVC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) Front plissé et abaissement des paupières 0 (0) 3 (21) 2 (14) 9 (64) 0,79 Relèvement des sourcils 6 (43) 3 (21) 4 (29) 1 (7) Contraction des muscles péri-orbitaux 0 (0) 1 (7) 6 (43) Mouvement de fermeture des yeux 2 (14) 5 (36) Mouvement d’ouverture des yeux 4 (29) Clignement des paupières Clarté/compréhensibilité 1 n(%) D-IC 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) 0 (0) 0 (0) 3 (21) 11 (79) 1,0 0,36 0 (0) 3 (21) 3 (21) 8 (57) 0,79 7 (50) 0,93 1 (7) 1 (7) 2 (14) 10 (71) 0,86 4 (29) 3 (21) 0,50 1 (7) 2 (14) 4 (29) 7 (50) 0,79 9 (64) 0 (0) 1 (7) 0,07 1 (7) 3 (21) 2 (14) 8 (57) 0,71 6 (46) 6 (46) 1(7) 0 (0) 0,08 1 (7) 3 (21) 1 (7) 9 (63) 0,71 Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières 4 (29) 2 (14) 6 (46) 2(14) 0,57 1 (7) 3 (21) 2 (14) 8 (57) 0,71 Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux 1 (7) 43(21) 4 (29) 6 (43) 0,71 0 (0) 1 (7) 3 (21) 10 (71) 0,93 Larmes 0 (0) 2 (14) 7 (50) 1 (7) 0,86 0 (0) 1 (7) 2 (14) 11 (79) 0,86 Expression faciale Note. Les cotations sont : 1= pas du tout, 2= un peu, 3= moyen, 4= très. D-IVC= indicateur de validité de contenu du descripteur. D-IC= indicateur de clarté/compréhensibilité du descripteur. Les D-IVC <0,5 sont en gras. Tableau 17. Fréquences et indices de validité de contenu liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (N=14)[suite] Indicateurs/Descripteurs Pertinence Cotation D-IVC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) Relèvement de la lèvre supérieure 2 (14) 4 (29) 7 (50) 1 (7) Serrement des dents ou contraction de la mâchoire 0 (0) 0 (0) 3 (21) Mouvement oraux réflexes (bâillements, mâchonnement ou mouvement de la langue) 4 (29) 8 (57) Soudaine rougeur du visage 2 (14) Absence de mouvement observable Clarté/compréhensibilité D-IC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) 0,64 1 (7) 2 (14) 5 (36) 6 (43) 0,79 11 (79) 1,00 0 (0) 0 (0) 2 (14) 12 86) 1,0 2 (14) 0 (0) 0,14 1 (7) 2 (14) 3 (21) 8 (57) 0,79 5 (36) 5 (36) 2 (14) 0,50 0 (0) 1 (7) 1 (7) 12(86) 0,93 5 (36) 3 (21) 3 (21) 3 (21) 0,43 2 (14) 0 (0) 0 (0) 12(86) 0,86 Mouvements lents 5 (36) 7 (50) 2 (14) 0 (0) 0,14 2 (14) 1 (7) 6 (43) 5 (36) 0,79 Mouvement de protection avec flexion des bras et retrait de la tête dans les épaules 0 (0) 2 (14) 4 (29) 8 (52) 0,86 0 (0) 0 (0) 3 (21) 11 (79) 1,0 Expression faciale (suite) Mouvements corporels Note. Les cotations sont : 1= pas du tout, 2= un peu, 3= moyen, 4= très. D-IVC= indicateur de validité de contenu du descripteur. D-IC= indicateur de clarté/compréhensibilité du descripteur. Les D-IVC <0,5 sont en gras. Tableau 17. Fréquences et indices de validité de contenu liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (N=14)[suite] Indicateurs/Descripteurs Pertinence Cotation D-IVC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) Mouvement de localisation du site douloureux 0 (0) 1 (7) 1 (7) 12(86) 0,93 Mouvement de flexion complète ou partielle des bras 2 (14) 3 (21) 5 (36) 4 (29) Activité motrice constante ou répétitive 2 (14) 4 (29) 4 (29) Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) 1 (7) 1 (7) Mouvement pour s’asseoir ou se relever dans le lit 2 (14) 2 (14) Clarté/compréhensibilité 1n(%) D-IC 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) 0 (0) 0 (0) 1 (7) 13 (93) 1,0 0,64 1 (7) 0 (0) 4 (29) 9 (64) 0,93 4 (29) 0,57 1 (7) 0 (0) 3 (21) 10 (71) 0,93 3 (21) 9 (64) 0,93 0 (0) 0 (0) 0 (0) 14 (100) 1,0 2 (14) 6 (43) 4 (29) 0,71 0 (0) 1 (7) 0 (0) 13 (93) 0,93 2 (14) 6 (43) 4 (29) 0,71 0 (0) 1 (7) 5 (36) 8 (57) 0,93 Mouvements corporels (suite) Tension musculaire Rigidité musculaire observable lors de la mobilisation du membre supérieur Note. Les cotations sont : 1= pas du tout, 2= un peu, 3= moyen, 4= très. D-IVC= indicateur de validité de contenu du descripteur. D-IC= indicateur de clarté/compréhensibilité du descripteur. Les D-IVC <0,5 sont en gras. Tableau 17. Fréquences et indices de validité de contenu liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (N=14)[suite] Indicateurs/Descripteurs Pertinence Cotation D-IVC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) Résistance au mouvement avec incapacité pour le soignant de mobiliser le bras 2 (14) 3 (21) 7 (50) 2 (14) Mouvements intermittents de crispation, tressaillement 0 (0) 5 (36) 6 (43) Tremor (contraction musculaire rythmique de tout ou une partie du corps) 3 (21) 3 (21) Tremblements (légers mouvements musculaires constants) 3 (21) Serrer les poings Clarté/compréhensibilité D-IC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) 0,64 0 (0) 1 (7) 3 (21) 11 (79) 0,93 3 (21) 0,64 0 (0) 2 (14) 4(29) 8 (57) 0,86 7 (50) 1 (7) 0,57 1 (7) 0 (0) 4(29) 9 (64) 0,93 5 (36) 5 (36) 1 (7) 0,42 1 (7) 1 (7) 7(50) 5 (36) 0,86 0 (0) 1 (7) 9 (64) 4 (29) 0,93 0 (0) 0 (0) 3(21) 11 (79) 1,0 Déclenchement ponctuel du ventilateur chez un patient en mode contrôlé 2 (14) 7 (50) 5 (36) 0 (0) 0,36 0 (0) 1 (7) 2(14) 11 (79) 0,93 Lutte contre le ventilateur avec des alarmes de haute pression occasionnelle 1 (7) 3 (21) 7 (50) 3 (21) 0,71 0 (0) 0 (0) 1 (7) 13 (93) 1,0 Ventilation Note. Les cotations sont : 1= pas du tout, 2= un peu, 3= moyen, 4= très. D-IVC= indicateur de validité de contenu du descripteur. D-IC= indicateur de clarté/compréhensibilité du descripteur. Les D-IVC <0,5 sont en gras. Tableau 17. Fréquences et indices de validité de contenu liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (N=14)[suite] Indicateurs/Descripteurs Pertinence Cotation D-IVC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) Tousse 1 (7) 6 (43) 5 (36) 2 (14) Non ventilable (alarmes du ventilateur constantes) 2 (14) 2 (14) 5 (36) Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal 1 (7) 0 (0) Gémissement, plaintes 0 (0) Cris et/ou hurlements Clarté/compréhensibilité 3 n(%) D-IC 1 n(%) 2n(%) 4 n(%) 0,50 0 (0) 1 (7) 0 (0) 13 (93) 0,93 5 (36) 0,71 0 (0) 0 (0) 3 (21) 11 (79) 1,0 9 (64) 4 (29) 0,79 0 (0) 0 (0) 1 (7) 13 (93) 1,0 0 (0) 3 (21) 11(79) 1,0 0 (0) 0 (0) 1 (7) 13 (93) 1,0 0 (0) 0 (0) 5 (36) 9 (64) 1,0 0 (0) 0 (0) 0 (0) 14 (100) 1,0 Pleurs (larmes accompagnées de plaintes ou cris) 0 (0) 0 (0) 5 (36) 9 (64) 1,0 0 (0) 0 (0) 0 (0) 14 (100) 1,0 Soupir 4 (29) 3 (21) 6 (43) 1 (7) 0,50 1 (7) 0 (0) 1 (7) 12 (86) 0,93 Ventilation (suite) Signes vocaux Note. Les cotations sont : 1= pas du tout, 2= un peu, 3= moyen, 4= très. D-IVC= indicateur de validité de contenu du descripteur. D-IC= indicateur de clarté/compréhensibilité du descripteur. Les D-IVC <0,5 sont en gras. Tableau 17. Fréquences et indices de validité de contenu liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (N=14)[suite] Indicateurs/Descripteurs Pertinence Cotation D-IVC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) Augmentation de la fréquence cardiaque de 10 battements/minute 0 (0) 3 (21) 6 (43) 5 (36) Diminution de la fréquence cardiaque de 10 battements/minute 6 (43) 6 (43) 2 (14) Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg 0 (0) 3 (21) Diminution de la pression artérielle systolique de 10 mmHg 7 (50) Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations/minute Diminution de la fréquence respiratoire de 5 respirations/minute Clarté/compréhensibilité D-IC 1 n(%) 2 n(%) 3n(%) 4n(%) 0,79 0 (0) 0 (0) 1 (7) 13 (93) 1,0 0 (0) 0,14 3 (21) 0 (0) 0 (0) 11 (79) 0,79 4 (29) 7 (50) 0,79 0 (0) 0 (0) 1 (7) 13 (93) 1,0 4 (29) 3 (21) 0 (0) 0,21 3 (21) 0 (0) 0 (0) 11 (79) 0,79 0 (0) 4 (29) 3 (21) 7 (50) 0,71 0 (0) 0 (0) 1 (7) 13 (93) 1,0 8 (57) 3 (21) 3 (21) 0 (0) 0,21 3 (21) 0 (0) 0 (0) 11 (79) 0,79 Signes physiologiques Note. Les cotations sont : 1= pas du tout, 2= un peu, 3= moyen, 4= très. D-IVC= indicateur de validité de contenu du descripteur. D-IC= indicateur de clarté /compréhensibilité du descripteur. Les D-IVC <0,5 sont en gras. Tableau 17. Fréquences et indices de validité de contenu liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité pour chaque descripteur (N=14)[suite] Indicateurs/Descripteurs Pertinence Cotation D-IVC 1 n(%) 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) Augmentation de la SpO2 de 2% 7 (50) 6 (43) 1 (7) 0 (0) 0,07 Diminution de la SpO2 de 2% 4 (29) 5 (36) 2 (14) 3 (21) Dilatation de la pupille de 1mm 0 (0) 5 (36) 4 (29) Contraction de la pupille de 1mm 8 (57) 3 (21) 2 (14) Clarté/compréhensibilité 1 n(%) D-IC 2 n(%) 3 n(%) 4 n(%) 2 (14) 1 (7) 0 (0) 11 (79) 0,79 0,36 1 (7) 0 (0) 0 (0) 13 (93) 0,93 5 (36) 0,64 0 (0) 0 (0) 1 (7) 13 (93) 1,0 1 (7) 0,21 3 (21) 0 (0) 0 (0) 11 (79) 0,79 Signes physiologiques (suite) Note. Les cotations sont : 1= pas du tout, 2= un peu, 3= moyen, 4= très. D-IVC= indicateur de validité de contenu du descripteur. D-IC= indicateur de clarté/compréhensibilité du descripteur. Les D-IVC <0,5 sont en gras. 200 respirations/minute, augmentation de la SpO2 de 2%, diminution de la SpO2 de 2% et de contraction de la pupille de 1mm. Au niveau de l’indice de clarté/compréhensibilité, tous les descripteurs obtiennent un score compris entre 0,71 et 1. Pour les descripteurs avec un D-IVC supérieur à 0,5, les D-IC sont entre 0,79 et 1. Ceci a été considéré comme une valeur acceptable et il n’y a donc pas eu de modification de l’énoncé suite à cette validation de contenu. Deux participants ont ajouté un commentaire. Le premier participant a souligné que la majorité des descripteurs contenus dans la grille de validation de contenu pouvait être des signes de douleurs, mais aussi des signes de « découragement », de « réveil » ou d’encombrement bronchique. De plus pour ce participant, les descripteurs liés à la contraction pupillaire doivent être considérés avec prudence, car la majorité des patients en soins intensifs ont des dérivés morphiniques qui influencent la taille de la pupille. Pour le deuxième participant, il aurait été intéressant d’inclure la mesure du CO 2 expiré ou des mesures avec l’index bispectral. L’index bispectral Index (BIS) est un paramètre obtenu de manière non invasive par le traitement du signal EEG et il mesure directement les effets des agents hypnotiques sur le cerveau (Trouiller et al, 2010, Thuong, 2008). En résumé, les résultats montrent que 33 descripteurs sur les 47 inclus dans le questionnaire de validation de contenu, obtiennent un indice D-IVC supérieur ou égal à 0,5. Ce sont donc ces 33 descripteurs qui ont été retenus dans la deuxième liste d’observation des comportements testées dans la suite de cette étude auprès des patients cérébrolésés. 201 Validation de contenu par indicateur Les indices de validité de contenu pour les six indicateurs sont présentés dans le tableau 18 ci-dessous. Les signes vocaux obtiennent l’indice de validité de contenu lié à la pertinence le plus élevé et c’est le seul indicateur avec un résultat supérieur à 0,8. La ventilation obtient le score le plus bas. L’indice global de pertinence (IVC) obtenu pour l’ensemble des 33 descripteurs est de 0,75, ce qui est inférieur au seuil de 0,9 considéré comme acceptable (Polit et al., 2007). Les indices de validité de contenu lié à la clarté/compréhensibilité sont plus élevés que les indices de validité de contenu liés à la pertinence. Le score le plus élevé est obtenu par les signes physiologiques qui obtiennent un score de 1. L’indice global de clarté/compréhensibilité (IC) pour l’ensemble des trente descripteurs est de 0,95. Tableau 18. Validité des indicateurs liés à la pertinence et à la clarté/compréhensibilité Indicateur I-IVC I-IC Expression faciale 0,74 0,89 Mouvements corporels 0,77 0,96 Tension musculaire 0,70 0,93 Ventilation 0,67 0,98 Signes vocaux 0,87 0,98 Signes physiologiques 0,73 1,0 Notes. I-IVC = indice de validé de contenu lié à la pertinence de l’indicateur qui est une moyenne des descripteurs contenus dans l’indicateur considéré avec un score ≥ à 0,5. I-IC = indice de validité de contenu lié à la clarté/compréhensibilité de l’indicateur qui est une moyenne des descripteurs contenus dans l’indicateur considéré avec un score ≥ à 0,5. 202 Deuxième liste d’indicateurs et descripteurs La validation de contenu a permis d’identifier 33 descripteurs et six indicateurs qui ont été jugés comme pertinents et compréhensibles par les 14 experts consultés. La version initiale de la liste d’indicateurs et descripteurs est donc modifiée. La figure 14 présente la liste d’indicateurs et de descripteurs utilisée lors de l’observation des patients. La démarche de validation de contenu est discutée dans la section suivante. 203 Indicateurs Descripteurs Présent Absent Définitions opérationnelles Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles péri-orbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes Relèvement de la lèvre supérieure Relèvement de la lèvre avec des plis naso labiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique/sédatif Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se s’asseoir dans son lit Mouvements corporels Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Figure 14. Deuxième liste d’indicateurs et descripteurs après la validation de contenu relever ou 204 Indicateurs Descripteurs Présent Absent Définitions opérationnelles Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Tremor Mouvements de contraction musculaire rythmique affectant tout ou une partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivré, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constantes. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration prolongée. Augmentation de la fréquence cardiaque Augmentation de plus ou moins 10 battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de la fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Signes vocaux Signes physiologiques de ou tension expiration Figure14. Deuxième liste d’indicateurs et descripteurs après la validation de contenu (suite) 205 Discussion de la validation de contenu Cette étude cherche à identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur comportementaux, vocaux et physiologiques chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs qui pourraient être intégrés à un instrument d’évaluation de la douleur. Cette étape avait pour but de valider le contenu des indicateurs et des descripteurs de la douleur auprès d’un groupe d’expert. Cette section présente une discussion des résultats de cette validation de contenu avec une mise en perspective des résultats. Enfin, les forces et les limites de la démarche sont discutées. L’évaluation de la validité de contenu a permis de vérifier la pertinence et la clarté des indicateurs et descripteurs identifiés dans la première phase de cette étude. Parmi les 47 descripteurs évalués, 14 n’ont pas obtenus le score D-IVC de 0,5, ce qui signifie que plus de la moitié des évaluateurs les ont considéré comme pas du tout ou peu pertinents. Les résultats de cette validation de contenu soulignent l’importance des indicateurs et descripteurs comportementaux liés à l’expression faciale, les mouvements corporels, à la tension musculaire et aux signes vocaux. Les signes vocaux obtiennent le meilleur score de IIVC (I-IVC signes vocaux = 0,87). Les descripteurs gémissements/plaintes, cris/hurlements, pleurs ont obtenus un D-IVC de 1,0. Ces résultats sont d’autant plus intéressants que les signes vocaux sont peu étudiés chez les patients cérébrolésés aux soins intensifs, car la majorité des patients considérés étaient intubés (Gelinas et al., 2006; Payen et al., 2001). Parmi les treize descripteurs de l’expression faciale sur la liste de validation de contenu, quatre n’obtiennent pas un I-IVC de 0,5. Parmi ces quatre descripteurs, trois sont issus de l’étude pilote observationnelle (Le et al., in press): relèvement des sourcils, mouvements d’ouverture des yeux et clignement des paupières. Il semble que pour les experts, ces 206 expressions ne sont pas à considérer comme des descripteurs de la douleur. Quant aux mouvements corporels, les descripteurs en lien avec l’absence de mouvement ou les mouvements lents n’ont pas obtenu un D-IVC de 0,5. Par contre, la rigidité dans la tension musculaire obtient un D-IVC de 0,71. Ceci laisse à supposer que l’immobilité n’est pas considérée comme signe de douleurs, si elle n’est pas associée à une rigidité. La tolérance à la ventilation est l’indicateur qui obtient le moins bon résultat (I-IVC = 0,67) et le descripteur déclenchement ponctuel du ventilateur a été considéré comme nonpertinent. La pertinence de la tolérance à la ventilation comme indicateur de la douleur a déjà été remise en cause par d’autres, car il ne contribue pas autant que les autres indicateurs comportementaux à l’évaluation de la douleur (Ahlers et al., 2008; Gelinas, 2004). Malgré cela, il obtient un I-IVC supérieur à 0,5 et est inclus dans divers instruments d’évaluation de la douleur pour les patients de soins intensifs (Gelinas et al., 2006 ; Payen et al., 2001). Les signes physiologiques ont été considérés comme un indicateur pertinent avec un I-IVC de 0,73, ce qui est un meilleur résultat que la tolérance à la ventilation ou la tension musculaire. Ces résultats sont en contradiction avec les études empiriques (Aissaoui et al., 2005; Gelinas & Arbour, 2009; Payen et al., 2001), mais souligne à nouveau l’importance des signes vitaux pour les cliniciens comme cela a déjà été mis en évidence dans la première phase de cette étude et dans les écrits (Connor, 2012; Gerber, 2012; Puntillo et al., 2008; Rose et al., 2011). La diminution de la fréquence cardiaque, la diminution de la pression artérielle systolique, la diminution de la fréquence respiratoire, la contraction pupillaire et les modifications de la SpO2 ont obtenus un D-IVC inférieur à 0,4. Il semble que seules les modifications des signes physiologiques indiquant une stimulation neurovégétative sympathique soient considérées comme un signe de douleur. 207 Plusieurs auteurs ont décrit les résultats de la validation de contenu de leur instrument d’évaluation de la douleur pour des patients non-communicants aux soins intensifs (Gelinas, Fillion, et al., 2009; Jeitziner et al., 2012). Ils ont retrouvé des I-IVC supérieurs à ceux de la présente étude pour l’expression faciale, les mouvements corporels, la tension musculaire et les signes physiologiques. Gelinas et al. (2009) n’expliquent pas précisément la méthode utilisée pour calculer les I-IVC. Jeitziner et al. (2012) ont utilisé la même méthode que la présente étude, cependant les descripteurs physiologiques ne sont pas précisément définis. Ces deux études ont réalisé une validation de contenu au niveau des indicateurs et n’ont pas soumis les descripteurs au processus de validation, de plus la validité de contenu des signes vocaux n’a pas été réalisée. Il est donc difficile de comparer les résultats de la présente étude avec ceux de ces auteurs. Au niveau de la clarté des énoncés, dans la présente étude tous les indicateurs obtiennent un score I-IC supérieur à 0,88 et les signes physiologiques obtiennent un score de 1,0. Les mouvements des yeux avec ou sans ouvertures des paupières obtiennent le score le plus bas avec 0,71. Pour la suite de l’étude, une vigilance particulière a été apportée aux descripteurs avec un D-IC inférieur à 0,8. Les définitions opérationnelles de ces descripteurs ont été tout particulièrement discutées entre les observateurs, afin de s’assurer qu’ils étaient bien compris. Plusieurs limites sont à souligner dans cette démarche de validation de contenu. Premièrement le seuil de validité pour un D-IVC a été fixé à 0,5, ce qui est plus bas que la valeur recommandée à 0,78 par Polit et al. (2007). Ce choix a été justifié par la nature de cette étude, il s’agissait de ne pas éliminer des descripteurs qui pouvaient s’avérer pertinents lors du test auprès des patients cérébrolésées. Finalement, les cliniciens ayant participé aux 208 entretiens de groupes nominaux et aux entretiens individuels ont été invités à participer à la validation de contenu. Ceci peut avoir engendré un biais, car ces cliniciens avaient contribué à la génération des descripteurs, ce qui signifie qu’ils avaient nommé des descripteurs qu’ils jugeaient pertinents dans une première phase et ils étaient appelés à réévaluer leur pertinence dans un second temps. Pour diminuer ce biais, cet échantillon d’experts cliniques a été enrichi par des experts scientifiques externes, qui n’ont pas participé à la génération des indicateurs et des descripteurs. L’une des forces de cette démarche de validation de contenu est la rigueur de la définition de chaque descripteur limitant ainsi le risque d’interprétation de la part des participants. Deuxièmement, les experts consultés avaient à la fois une expertise clinique avérée auprès de la population des personnes cérébrolésées en soins intensifs, une qualification dans le domaine des soins intensifs et, pour un tiers d’entre eux, une activité de recherche sur la douleur aux soins intensifs. Troisièmement, le nombre des experts (N=14) était supérieur aux recommandations de certains auteurs (Polit et al., 2007). Cependant, il existe une controverse quant au nombre idéal d’experts, pour Beckstead (2009) un minimum de 35 experts est nécessaire pour éviter un accord dû à la chance. D’autre part, la méthode de calcul de l’IVC est critiquée, car elle dichotomise une variable ordinale en une variable binomiale, ce qui conduit à une perte d’information (Beckstead, 2009). Certains auteurs recommandent la réalisation d’une mesure de la concordance entre les évaluateurs (Beckstead, 2009) ou d’une mesure α de Cohen (Waltz et al., 2010). Cependant les mesures de concordance déterminent l’accord entre les évaluateurs, y compris l’accord à propos de la non-pertinence d’un énoncé. C’est pourquoi ces mesures ne sont pas appropriées pour la mesure d’un indice de validité de contenu qui cherche à déterminer la pertinence d’un énoncé pour la mesure d’un construit donné (Polit et al., 2007). Quant à la mesure α de Cohen, elle 209 ne peut pas être utilisée pour évaluer un seul énoncé, mais uniquement un groupe d’énoncés mesurant un construit identique (Waltz et al., 2010), cette méthode ne permet donc pas de calculer un D-IVC pour chaque descripteur. Dans la présente étude, la validité de contenu a été considérée comme une évaluation de la conceptualisation par des experts (Herr et al., 2008). Il s’agit d’une étape préliminaire avant des tests psychométriques portant sur les résultats obtenus et non sur les énoncés. Ce chapitre a exposé la méthode, le résultat et une discussion de la validation de contenu des indicateurs et des descripteurs de la douleur générés dans la première phase de cette étude. Les chapitres suivants présentent la suite des tests psychométriques réalisés auprès d’un échantillon de personnes cérébrolésées aux soins intensifs. METHODE: TESTS PSYCHOMETRIQUES AUPRES DES PATIENTS 211 Ce chapitre présente la méthode de collectes de données et d’analyses utilisée pour décrire le test des indicateurs et des descripteurs de la douleur auprès d’une population de personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Il opérationnalise les dernières étapes du développement d’un instrument de mesure décrit dans le devis de cette deuxième phase ; c’est-à-dire le test de l’instrument auprès d’un échantillon, la sélection des indicateurs et des descripteurs en fonction de leur performance, la vérification de la fiabilité et de la validité. Ce chapitre se termine par les considérations éthiques ayant guidé cette étape de l’étude. Sites de l’étude Cette étape s’est déroulée dans les deux centres hospitaliers universitaires de Suisse Romande, qui ont déjà participé à la première phase de cette recherche. Participants et échantillonnage La liste d’indicateurs et descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées non-communicantes aux soins intensifs, résultant de la validation de contenu, a été testée auprès d’un échantillon par convenance de 116 patients cérébrolésés. Un échantillon par convenance (ou accidentel) signifie que les participants ont été choisis en fonction de leur disponibilité lors des périodes de collectes de données sur les sites de cette étude (Fortin, 2010). Les participants répondaient aux critères d’inclusion décrits ci-dessous : être âgé de 18 ans ou plus, avoir une lésion cérébrale d’apparition récente (< 1 mois), 212 Les critères d’exclusion étaient : être en mort cérébrale ou suspecté d’être en mort cérébrale (Wijdicks, 2001), avoir une atteinte du système nerveux central, tel qu’une tétraplégie ou paraplégie, interférant avec la sensation de la stimulation nociceptive (Bassbaum et al., 2008), avoir un traitement pharmacologique aux curares (ou une curarisation résiduelle) en raison de la paralysie du système moteur engendrée par ces substances (Bowman, 2006; Martyn, Fagerlund, & Eriksson, 2009), être dépendant d’un stimulateur cardiaque, car cet appareillage influence la fréquence cardiaque (Woodruff & Prudente, 2005), souffrir d’une dysautonomie documentée (Baguley, 2008; Blackman, Patrick, Buck, & Rust, 2004), être hypotherme ou avoir bénéficié d’un traitement par hypothermie pendant les dernières 24h, car l’hypothermie modifie les signes physiologiques et la tension musculaire (Pitoni, Sinclair, & Andrews, 2011). Afin de s’assurer que les descripteurs et les indicateurs sont pertinents pour l’ensemble des patients cérébrolésés quelque soit leur niveau de conscience, le collectif des patients étudiés a été divisé en trois groupes. Ces groupes ont été déterminés en fonction des réactions du patient à une stimulation auditive, visuelle, tactile ou nociceptive (Schnakers & Zasler, 2007 ; Stevens & Bhardwaj, 2006). Le premier groupe comprend les patients cérébrolésés capables de communiquer à propos de leur douleur et répondant aux ordres simples lors d’une stimulation auditive et tactile. Ce premier groupe a été nommé: « patients communicants » et sert de groupe étalon dans la mesure où ces patients sont capables 213 d’auto-évaluer leur douleur. Le deuxième groupe comprend les patients avec des réponses dirigées lors d’une stimulation nociceptive. Ces réponses à une stimulation nociceptive sont décrites chez les patients avec un état de conscience minimale (Giacino et al., 2002). Ce deuxième groupe a été nommé: « patients avec des réponses dirigées ». Le troisième groupe comprend des patients avec des réponses stéréotypées en flexion ou extension, ou une absence de réponses à un stimulus nociceptif. Ces réponses à une stimulation nociceptive sont décrites chez les personnes en état végétatif et ne sont pas considérées comme des signes de perception de la douleur (Schnakers & Zasler, 2007). Ce troisième groupe a été nommé: « patients avec des réponses stéréotypées ». Les trois groupes de patients comprennent donc des patients avec des états de conscience différents et des réactions différentes à la nociception. Pour déterminer la taille de l’échantillon nécessaire à la conduite de test psychométrique fiable, deux hypothèses ont été considérées. Pour la première hypothèse, l’hypothèse nulle postulait qu’il n’y avait pas de différence entre la fréquence d’apparition d’un descripteur observé lors de douleur et un descripteur observé sans douleur. La taille de l’échantillon a été déterminée à priori avec un test de proportion bilatéral (test binomial) à l’aide du logiciel G*Power 3.1.2 (Erdfelder, Lang, & Buchner, 2007) avec un = 0,05, une puissance à 0,80 et un large effet (g=0,3). La taille de l’échantillon total obtenu était de 20 personnes (graphique en Appendice H). Dans le cadre de cette étude, une approche conservatrice a été adoptée avec un échantillon de 40 personnes dans la mesure, où les personnes cérébrolésées étaient susceptibles d’avoir moins de réaction que le reste de la population de patients en état critique (Schnakers, Chatelle, Majerus et al., 2010). 214 Pour formuler la deuxième hypothèse, l’étude de Gelinas et Arbour (2009) a été retenue. Ces auteurs ont testé un instrument d’évaluation comportemental de la douleur (le CPOT) chez des patients de soins intensifs et leur étude regroupe des participants avec des lésions cérébrales (n=43). L’hypothèse nulle considère qu’il n’y a pas de différence entre la moyenne de la somme des descripteurs observés au repos et la moyenne lors de stimulation nociceptive. Les moyennes d’intensité de la douleur mesurées avec le CPOT) au repos et lors d’un geste de soins nociceptif étaient de 0,72 (ÉT ± 0,99) et 2,92 (ÉT ± 1,51) respectivement avec un large effet (d=1,5). La taille de l’échantillon a été calculée pour un test nonparamétrique bilatéral avec des groupes appariés (test de Wilcoxon) avec = 0,05, une puissance à 0,80 et un effet à 1,5, à l’aide du logiciel G*Power 3.1.2 (Buchner, Erdfelder, Faul, & Lang, 2009). La taille de l’échantillon obtenu était de 6 personnes. Dans la mesure où les résultats de patients traumatisés crâniens sont inconnus, une approche plus conservatrice a été adoptée avec un effet modéré de 0,5 selon les critères de Cohen (1988), conduisant à un échantillon de 35 personnes. Il faut cependant relever que l’un des objectifs de cette étude est de s’assurer de la validité des descripteurs en fonction de l’état de conscience, raison pour laquelle trois groupes de patients ont été constitués. C’est pourquoi, la taille de l’échantillon total nécessaire est triplée, soit 105 personnes cérébrolésées avec 35 personnes dans chaque groupe. Variables et instruments de mesures Dans le cadre de cette étude divers instruments et appareillages ont été utilisés pour recueillir des données démographiques et cliniques, ainsi que pour mesurer le niveau de sédation et la douleur. 215 Variables démographiques et cliniques Des variables médicales ont été recueillies via les dossiers des patients, afin de pouvoir décrire le profil des patients. Il s’agit du genre, de l’âge en année, du poids, des diagnostics d’entrée et des problèmes de santé associés, du score de Glasgow à l’admission, du score de sévérité SAPS II [Simplified Acute Physiology Score, Index de Gravité Simplifié traduction Société Française d’Anesthésie Réanimation, (1999)] réalisé à l’admission, du mode de ventilation et de la médication reçue par le patient. Le formulaire permettant de documenter ces données se trouve en Appendice H et I. Le score de gravité SAPS II est couramment utilisé en Suisse et fait partie des données minimales exigées par la Société Suisse de Médecine Intensive (SGI Kommission Datensatz, 2008). Ce score permet d’évaluer la sévérité de la maladie des patients admis aux soins intensifs 24h après leur admission et son étendue va de 0 à 163. Il comprend 12 variables physiologiques, l’âge, le type d’admission aux soins intensifs et la présence de trois maladies chroniques [un cancer métastatique, une maladie hématologique maligne ou un syndrome d’immunodéficience acquis] (Le Gall, Lemeshow, & Saulnier, 1993). L’objectif de ce score est de prédire la mortalité du patient à son admission dans un service de soins intensifs, mais à l’heure actuelle il est essentiellement utilisé pour décrire la morbidité d’un groupe de patient comparé à un autre groupe (Vincent & Bruzzi de Carvalho, 2010). Le mode de ventilation du patient était documenté, car il peut influencer la tolérance à la ventilation et donc la mesure de l’indicateur tolérance à la ventilation. L’assistance ventilatoire ou la suppléance de la ventilation se réalise à l’aide d’un appareil nommé «ventilateur» à l’aide d’une interface entre le patient et l’appareil sous la forme d’un tube 216 endotrachéal, d’une trachéotomie ou d’un masque facial. L’interface était documenté, car il peut être une source d’inconfort (Patel & Kress, 2012). Les médicaments affectant le système cardiovasculaire étaient documentés, car ils peuvent modifier la fréquence cardiaque et la pression artérielle. De plus, certaines substances, comme les béta-bloquants, affectent la réaction physiologique de l’organisme au stress (Lüllmann, Mohr, & Lutz, 2010). Les médicaments sédatifs reçus ont été documentés, car ils peuvent modifier le niveau de vigilance et l’examen neuro-comportemental (Payen et al., 2009). Ces médicaments sont administrés pour mieux contrôler l’hémodynamique intracérébrale et la pression intracrânienne, améliorer le confort du patient, ainsi que la tolérance à la ventilation mécanique (Patel & Kress, 2012; Payen et al., 2009). Les traitements pharmacologiques sédatifs administrés aux soins intensifs sont essentiellement des benzodiazépines et du propofol [un hypnotique administré par voie intraveineuse exclusivement] (Patel & Kress, 2012; Payen et al., 2009). Il faut cependant relever que la réaction de chaque patient est variable et fonction de son âge, de la sévérité de son atteinte organique et de facteur génétique (Sessler & Wilhelm, 2008). Il n’y a pas toujours une corrélation entre la dose de médicament reçue et la profondeur de la sédation (Sessler & Varney, 2008), c’est pourquoi la posologie exacte de ces médicaments n’a pas été documentée dans le cadre de la présente étude. Le niveau de sédation a été évalué avec des instruments standardisés comme le RASS (Richmond Agitation Sedation Scale, échelle de vigilance et agitation de Richmond, traduction libre) décrit plus loin dans ce chapitre. Les antalgiques administrés ont été documentés, car ils affectent à la fois la vigilance et la perception de la douleur (Payen et al., 2009). Les antalgiques non opiacés, 217 principalement du paracétamol, sont administrés seuls ou comme co-analgésiques avec des dérivés opiacés. Les dérivés opiacés les plus couramment utilisés aux soins intensifs sont la morphine et le fentanyl administrés en perfusion continue ou par bolus (Patel & Kress, 2012; Payen et al., 2009). La réaction de chaque patient aux antalgiques est individuelle et variable en fonction de l’état de santé (Patel & Kress, 2012). Une tolérance aux opiacés peut se développer avec le temps et nécessiter des ajustements à la hausse des opiacés pour obtenir le même effet antalgique (Lee, Silverman, Patel, & Manchikanti, 2011). De plus, la douleur est une expérience subjective et sa perception propre à chaque individu, ceci indépendamment de l’antalgie administrée. C’est pourquoi, la posologie exacte de ces médicaments n’a pas été pas documentée dans le cadre de la présente étude. Variables mesurées Mesures de la douleur. La douleur a été évaluée à l’aide de la deuxième liste d’indicateurs et de descripteurs résultant de la démarche de validation de contenu. Cette liste regroupe six indicateurs: expression faciale, mouvements corporels, tension musculaire, signes vocaux, tolérance à la ventilation mécanique et signes physiologiques. La présence ou l’absence de chacun des 33 descripteurs a été documentée pour chaque temps d’observation. Une description opérationnelle de chaque descripteur figure sur la liste d’observation à disposition des observateurs. Une deuxième mesure de la douleur a été réalisée par l’infirmière en charge du patient à l’aide d’une échelle numérique verbale avec 0 représentant l’absence de douleur et 10 représentant la pire douleur imaginable (ENinf). L’infirmière devait coter l’intensité de la douleur du patient sans le consulter. Cette échelle a été choisie, car elle a été utilisée dans d’autres études (Ahlers et al., 2008; van Gulik et al., 2010) et qu’elle est utilisée dans les 218 unités de soins intensifs qui ont participé à cette étude et donc bien connue des soignants. La mesure de l’évaluation de la douleur par l’infirmière en charge du patient a été réalisée par Ahlers et al. (2008) dans son étude sur l’échelle d’évaluation de la douleur BPS réalisée auprès de 113 patients de soins intensifs. Une corrélation de Spearman positive significative a été détectée entre l’échelle numérique cotée par l’infirmière et le BPS (rs=0,55, p<0,001, n=75), ainsi qu’entre l’échelle numérique cotée par l’infirmière et l’auto-évaluation du patient sur la même échelle (rs=0,55, p<0,001, n=57). Deux instruments ont été utilisés pour collecter une auto-évaluation de la douleur chez les patients communicants. Une mesure de la présence ou l’absence de douleur a été réalisée à l’aide de la question: «Avez-vous mal? » à laquelle le patient peut répondre «oui ou non». Il s’agit d’une forme d’auto-évaluation de la douleur qui peut être réalisée avec des personnes intubées incapables de communiquer oralement, ainsi que chez des personnes avec une capacité de concentration limitée ou confuse (Puntillo, 2009). Cette procédure peut être une alternative à une auto-évaluation de la douleur à l’aide d’un instrument. Finalement la douleur a été mesurée à l’aide d’une échelle numérique verbale avec 0 représentant l’absence de douleur et 10 représentant la pire douleur imaginable (ENpat). Cette échelle est plus facile à utiliser et plus exacte qu’une échelle visuelle analogique chez des patients en phase aiguë (Ahlers et al., 2008; Chanques et al., 2010; Gagliese, Weizblit, Ellis, & Chan, 2005). D’autre part, l’utilisation d’une échelle visuelle analogique en soins intensifs est délicate, le soignant étant obligé de mobiliser le curseur à la place du patient (Gacouin et al., 2004) ce qui n’est pas une procédure validée. L’EN a démontré une corrélation significative avec l’échelle visuelle analogique [r=0,906, p<0,001] (Cork et al., 2004). 219 La mesure du niveau de sédation. Le niveau de sédation ou de vigilance des patients a été mesuré avec l’échelle de vigilance-agitation de Richmond ou RASS, qui était le seul instrument validé au moment de l’étude pour des patients ventilés et non ventilés (Ely et al., 2003; Sessler et al., 2002). De plus, une traduction française validée est disponible (Chanques et al., 2006). L’évaluation de la sédation avec le RASS fait partie des données minimales exigées par la Société Suisse de Médecine Intensive (SGI Kommission Datensatz, 2008), elle n’est toutefois pas utilisée de manière routinière dans les services de soins qui ont participé à cette étude. Cet instrument comprend un seul indicateur coté sur 10 paliers (de -5 correspondant à un patient non réveillable à + 5 correspondant à un patient avec une agitation dangereuse). Cet instrument a démontré une bonne fiabilité inter-juges entre infirmières (kappa pondéré KW = 0,91; IC 95% : 0,86-0,95), ainsi qu’entre infirmière et médecin intensiviste [kappa pondéré KW = 0,88 ; IC 95% : 0,76-0,94] (Ely et al., 2003). La validité convergente a été testée avec le score de sédation Ramsay (r = 0,78; p < 0,0001) et avec une échelle analogique visuelle [r = 0,93, p < 0,0001] (Sessler et al., 2002). Cet instrument se trouve dans sa version française dans le formulaire de recueil de données en Appendice I et J. Mesures de l’état de conscience. Deux instruments ont été utilisés pour mesurer l’état de conscience : le score de Glasgow et l’échelle Full Outline of UnResponsiveness [FOUR, le score d’absence complète de réponses, traduction libre]. Ces instruments sont dans le formulaire de recueil de données en Appendices I et J. Le score de Glasgow est considéré à l’heure actuelle comme la mesure standard et utilisé dans le monde entier pour évaluer l’état de conscience des personnes cérébrolésées (Sadaka, Patel, & Lakshmanan, 2012; Zuercher, Ummenhofer, Baltussen, & Walder, 2009). Il est inclus dans divers index de gravité de la maladie comme l’APACHE III (Knaus, Draper, Wagner, & Zimmerman, 1985) et le SAPS II 220 [Simplified Acute Physiology Score, Index de gravité simplifié traduction Société Française d’Anesthésie et Réanimation (1999)]. Le score de Glasgow est toutefois très controversé, notamment au niveau de sa composante verbale (Sternbach, 2000). En effet, cette composante suppose que la personne cérébrolésée est en mesure d’émettre des sons, ce qui n’est pas possible pour des personnes intubées. C’est pourquoi, une deuxième mesure de l’état de conscience a été associée dans le cadre de cette étude. Il s’agit du score FOUR décrit plus bas. Le score de Glasgow se compose de trois indicateurs : l’ouverture des yeux, la réponse verbale et la réponse motrice (Teasdale & Jennett, 1974, 1976). Pour chaque indicateur, les niveaux de réponse correspondent à une valeur numérique. Le score minimal de trois sur l’échelle de Glasgow indique une absence totale de réponse. Le score maximal de 15 indique que le patient est alerte. Un patient avec un score de Glasgow inférieur à 9 nécessite habituellement une intubation pour protection des voies aériennes et il est considéré comme inconscient (Nyquist et al., 2008; Sternbach, 2000). La fiabilité inter-juges du score de Glasgow en clinique est très variable selon les études, avec des résultats médiocres [kappa=0,32 ; IC 95% :0,25-0,38] (Gill, Martens, Lynch, Salih, & Green, 2007) et des valeurs excellentes [kappa pondéré KW = 0,76 ; IC 95% : 0,69-0,83] (Holdgate, Ching, & Angonese, 2006). Il semble que l’expérience des soignants à l’utilisation du score et leur formation améliorent grandement la fiabilité des résultats (Heron, Davie, Gillies, & Courtney, 2001; Namiki, Yamazaki, Funabiki, & Hori, 2011). Le score de Glasgow est utilisé par les cliniciens au quotidien dans les deux services de soins intensifs participants à l’étude et enseigné dans le cadre de la formation spécialisée des infirmières en soins intensifs. 221 Le score de FOUR est un instrument récent qui comporte des informations additionnelles sur les réflexes du tronc, la poursuite visuelle et le rythme respiratoire (Wijdicks, 2001). Il est adapté à l’évaluation de l’état de conscience des personnes intubées, car il n’inclut pas de composante vocale et permet de détecter des signes non verbaux de conscience avec sa composante «poursuite visuelle» (Bruno et al., 2011). Il est validé pour divers groupes de patients comateux (Iyer et al., 2009; Weiss et al., 2009; Wolf, Wijdicks, Bamlet, & McClelland, 2007). Le score de FOUR comporte quatre indicateurs : l’ouverture des yeux, la réponse motrice, les réflexes du tronc cérébral et la respiration. Chaque indicateur comporte 4 paliers avec une cotation de 1 à 4. Une cotation de 4 correspond à un fonctionnement normal. Le score total maximum est de 16 et le minimum de 0. Le FOUR est traduit et validé en langue française (Weiss et al., 2009). Il a démontré une bonne fiabilité inter-juges [kappa pondéré= 0,86 ; IC 95% : 0,83-0,89] (Weiss et al., 2009). Au niveau de sa capacité à prédire un mauvais devenir fonctionnel du patient, ses propriétés sont similaires à celles de l’échelle de Glasgow avec une aire sous la courbe de la fonction d’efficacité du récepteur de 0,76 pour l’échelle de Glasgow et 0,75 pour le FOUR (Iyer et al., 2009). Ce score n’est pas utilisé en clinique dans les services ayant participé à cette étude. Mesures des paramètres physiologiques. Divers paramètres physiologiques ont été documentés lors des différents temps de mesures par les observateurs. Il s’agit de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle systolique et de la fréquence respiratoire. Ces paramètres ont été consignés sur la liste d’observation par les observateurs et a posteriori récupérés sur les enregistrements continus réalisés par les moniteurs de chevet (Philips IntelliVue MP 70, version F.0.). Les observateurs notaient l’heure exacte indiquée sur le 222 moniteur de chevet pour chacune des observations pour permettre la récupération des données enregistrées au moment de l’observation. Les centrales d’enregistrement des données physiologiques, disponibles dans les services ayant participé à cette étude, conservent en mémoire les divers tracés affichés sur le moniteur de chevet pendant 48 heures et ces derniers peuvent être imprimés. Conformément à l’ordonnance fédérale sur les dispositifs médicaux [ODIM] (Confédération Suisse, 2010), la fiabilité de ces instruments de mesure utilisés en clinique est contrôlée tous les 12 mois et un programme de maintenance préventive existe dans les hôpitaux pour ce matériel (Swissmedic., 2005). Collectes de données et recrutement La collecte de données s’est déroulée les jours ouvrables durant la journée lorsque l’intensité des soins est la plus importante et que le personnel soignant est le plus nombreux. Lorsqu’un patient éligible était identifié, les critères d’inclusion étaient vérifiés par le coordinateur de chaque site. L’accord des soignants en charge du patient obtenu et le cas échant le consentement du patient requis. Les périodes d’observation étaient coordonnées avec l’infirmière en charge du patient. Les patients ont été observés à trois temps différents. Au repos (T1), lors de stimulation non-nociceptive (T2) et lors de stimulation nociceptive (T3). Une collecte des données en trois temps est la méthode préconisée par les chercheurs qui ont travaillé sur l’échelle de Grenoble (Chanques et al., 2009; Payen et al., 2001), car elle permet de différencier les comportements au repos, à la stimulation non-nociceptive et à la stimulation nociceptive. Il est important de distinguer la stimulation non-nociceptive de la stimulation 223 nociceptive, afin de différencier les comportements dus à la stimulation «simple» de ceux dus à la stimulation nociceptive. Des mesures plus fréquentes ou sur une période de temps plus étendue auraient été susceptibles d’être biaisées par des modifications du statut de patients aussi bien au niveau neurologique qu’au niveau de son traitement médicamenteux. Pour le groupe des patients communicants, il n’a pas été possible de réaliser les trois temps d’observation. En effet, dès que l’observateur sollicitait le patient pour obtenir une autoévaluation de sa douleur, il n’était plus possible de différencier entre une période de repos et une stimulation non-nociceptive. Dans la mesure, où l’auto-évaluation du patient est la mesure étalon de la douleur, il n’est pas nécessaire de pouvoir différencier entre la stimulation nonnociceptive et la stimulation nociceptive. Une séquence d’observation spécifique a été développée pour ce groupe. Séquence d’observation chez les patients non communicants Les données ont été récoltées en trois temps (T1 à T3) auprès de chaque participant par deux observateurs avec l’aide de l’infirmière en charge du patient (Figure 15). La première observation (T1) se déroulait au repos en l’absence de toute intervention ou stimulation même verbale, pendant une minute (Gelinas et al., 2006). A T1, la douleur était mesurée avec la deuxième liste de 6 indicateurs et de 33 descripteurs par les observateurs et par l’ENinf. Chacune des mesures était réalisée indépendamment par chacun des observateurs et par l’infirmière. La deuxième observation (T2) comportait une stimulation non-nociceptive (un appel du patient par son nom d’une voix forte ou d’une friction non-nociceptive du sternum) réalisée par l’un des observateurs. Ces procédures sont courantes en soins intensifs et font partie de 224 l’évaluation du niveau de sédation par le RASS. A T2, les deux observateurs mesuraient la douleur avec la deuxième liste d’indicateurs et de descripteurs de façon indépendante, l’état de conscience et le niveau de sédation, ainsi que les paramètres physiologiques. T1 T2 T3 Observation Au repos pendant 1 min Stimulation nonnociceptive Stimulation nociceptive, latéralisation du patient ou pression au niveau du lit de l’ongle. Mesures 2e liste d’indicateurs et de descripteurs 2e liste d’indicateurs et de descripteurs 2e liste d’indicateurs et de descripteurs ENinf RASS Paramètres physiologiques Score de Glasgow ENinf Paramètres physiologiques Score FOUR Paramètres physiologiques Observateurs 2 observateurs Infirmière en charge du patient 2 observateurs 2 observateurs Infirmière en charge du patient Figure 15. Illustration des trois temps de mesures pour les groupes de patients avec des réponses stéréotypées ou dirigées à la douleur La dernière observation (T3) était réalisée au moment de la latéralisation du patient pour des soins d’hygiène. Elle débutait lorsque la première rotation était initiée par les soignants. Cette procédure a été choisie, car il s’agit d’un geste de soins courant qui a été décrit comme engendrant le plus de nociception dans les soins intensifs (Puntillo et al., 2004; 225 Vazquez et al., 2011). A T3, la douleur était mesurée à l’aide de la deuxième liste d’indicateurs et de descripteurs de manière indépendante par les deux observateurs. L’infirmière en charge du patient évaluait simultanément la douleur du patient avec l’échelle numérique (ENinf). Pendant toute la séquence d’observation, l’un des observateurs documentait l’heure affichée sur le moniteur de chevet au début de chaque période d’observation et collectait les paramètres physiologiques enregistrés à ce moment par les moniteurs. Séquence d’observation chez les patients capables de communiquer Cette deuxième séquence comprenait une mesure de la douleur au repos (T1) et lors de stimulation nociceptive (T3). Elle est illustrée dans la figure 16. A T1, la douleur était mesurée à l’aide de la deuxième liste d’indicateurs et de descripteurs par les deux observateurs, par l’infirmière avec une ENinf. Dans ce groupe de patients communicants, le patient était invité à coter sa douleur sur une échelle numérique de 0-10 (ENpat) et il lui était demandé de répondre «oui ou non» à la question: «Avez-vous mal ? ». Ces mesures étaient réalisées de façon indépendante. Lorsque l’évaluation de la douleur était réalisée, les observateurs mesuraient l’état de conscience et le niveau de sédation. La dernière observation (T3) se déroulait au moment de la latéralisation du patient comme décrit précédemment. Le patient était à nouveau sollicité pour évaluer l’intensité de sa douleur (ENpat). 226 T1 T3 Observation Au repos pendant 1 min Stimulation nociceptive, latéralisation du patient Mesures 2e liste d’indicateurs et de descripteurs 2e liste d’indicateurs et de descripteurs ENinf ENinf ENpat et autoévaluation douleurs « oui-non » ENpat et auto-évaluation douleurs « oui-non » RASS Paramètres physiologiques Score de Glasgow Score FOUR Paramètres physiologiques Observateurs 2 observateurs 2 observateurs Infirmière en charge du patient Infirmière en charge du patient Patient Patient Figure 16. Illustration des deux temps de mesures pour les patients communicants Formation des observateurs Quatre observateurs, dont l’investigatrice principale, ont participé à la récolte des données. Il s’agit de quatre infirmières ayant une formation spécialisée en soins intensifs, ainsi qu’une expérience dans ce contexte de soins de plus de 10 ans. Tous les observateurs ont été formés par l’investigatrice principale (qui a assuré une partie des observations sur les deux sites de l’étude). La formation a consisté en une lecture attentive et commentée du formulaire de collecte de données, une explication des descripteurs et de leur définition 227 opérationnelle. La collecte de données des dix premiers patients de chaque observateur a été réalisée avec l’investigatrice principale. Les observations étaient réalisées simultanément, mais de façon aveugle. Elles étaient ensuite comparées et les désaccords discutés. A la fin des dix observations, il n’y avait plus de désaccord sur les descripteurs comportementaux qui ne pouvaient s’expliquer par un problème de position de l’observateur par rapport au patient. En effet, il n’était pas toujours possible pour les deux observateurs de se positionner afin de pouvoir tout observer sans gêner le personnel soignant. Lors de la latéralisation, le visage du patient pouvait être partiellement masqué par le ventilateur ou le corps du soignant qui le tenait. Par exemple, si l’observateur était placé à la tête du patient, il ne pouvait pas voir le moniteur de chevet qui était positionné de façon à permettre à l’infirmière en charge du patient de le visualiser pendant le déroulement du soin. L’investigatrice principale a aussi complété la formation des divers observateurs aux autres instruments utilisés dans la collecte de données tel que l’échelle de Glasgow, le FOUR ou le RASS, afin d’assurer une cohérence entre les divers observateurs. Les observateurs saisissaient immédiatement après la collecte de données, les données et les informations issues du dossier patient dans un tableur. L’investigatrice principale a saisi dans le tableur l’ensemble des données des dix premiers patients pour chaque observateur. Lien entre les objectifs, les procédures et les mesures réalisées Les objectifs de cette phase de l’étude sont de décrire les indicateurs et descripteurs au repos et lors de nociception, ainsi que chez des patients avec des niveaux de conscience différents ; de sélectionner les indicateurs et les descripteurs, enfin de vérifier leur validité. Le lien entre ces objectifs, les procédures et les données collectées est présenté dans le tableau 19 ci-dessous. Tableau 19 Lien entre objectifs, procédures et mesures dans la deuxième phase Objectifs Procédures Mesures Description des indicateurs et descripteurs au repos et lors de nociception Séquence d’observation à T1 et T3 Deuxième liste des indicateurs et descripteurs Description des indicateurs et descripteurs en fonction de l’état de conscience Trois groupes de patients définis par leur réponse motrice à la stimulation nociceptive. Deuxième liste des indicateurs et descripteurs Sélection des indicateurs et descripteurs 1. Elimination des descripteurs trop peu observés ou 1. Deuxième liste des indicateurs et descripteurs. 2. Elimination des descripteurs observés plus 2. Deuxième liste des indicateurs et descripteurs. 3. Elimination des descripteurs avec une corrélation 3. Deuxième liste des indicateurs et descripteurs. 4. Elimination des descripteurs dont l’observation 4. Fiabilité inter-juges avec deux observateurs. systématiquement présents lors de douleur. fréquemment au repos que lors de douleurs interénoncé inférieure à 0,2 est non fiable Vérification de la validité Variables descriptives permettant de caractériser les groupes : causes de lésion cérébrales, traitements médicamenteux, SAPS II, RASS, Score de Glasgow, FOUR Fiabilité des mesures physiologiques entre les observateurs et les moniteurs de chevet. 1. Validité concomitante 1. Troisième liste des indicateurs et descripteurs et ENpat 2. Validité convergente 2. Troisième liste des indicateurs et descripteurs et ENinf 3. Validité divergente 3. Séquence d’observation à T1 et T3 229 Analyses statistiques Les données ont été saisies dans une base de données sur Microsoft EXCEL 2010, puis transférées pour analyse dans le logiciel Predictive Analytics Software (PASW) 18.0 (SPSS.Inc, Chicago). Les données ont été saisies immédiatement après les observations et vérifiées, ce qui a permis de rapidement repérer les données manquantes et de les rechercher. Les données aberrantes ont été recherchées en analysant les minima et les maxima, ainsi qu’à l’aide d’une représentation graphique de différentes données. Description de l’échantillon Les données démographiques et cliniques des participants ont été décrites à l’aide de statistiques descriptives. Les analyses étaient adaptées au niveau de mesure. Pour les données nominales comme le genre, les traitements médicamenteux ou les descripteurs, des fréquences ont été utilisés. Pour les données continues avec une distribution non-gaussienne, la médiane et l’étendue ont été utilisées. Les données continues comme les scores de Glasgow, l’EN ou l’âge ont été résumées par la moyenne et l’écart-type. Pour les descripteurs physiologiques enregistrés via le moniteur de chevet, la variabilité a été calculée en réalisant la différence entre la valeur minimum et la valeur maximum mesurées lors de la période d’observation. Les données sont présentées pour l’ensemble du collectif, mais aussi pour chaque groupe: patients communicants, patients avec des réponses dirigées et patients avec des réponses stéréotypées. Des comparaisons ont été effectuées entre les groupes avec un test exact de Fisher lorsque les données étaient nominales, avec un test de Kruskal-Wallis par rang lorsque les données étaient ordinales et un test d’ANOVA pour les données continues. 230 Le seuil de signification α était fixé à 0,05, sauf si spécifié autrement. Pour les tests post-hoc, le seuil de signification a été corrigé avec la méthode de Bonferroni (Norman & Streiner, 2008). Description des descripteurs au repos et lors de stimulation nociceptive La fréquence des descripteurs présents lors de chacun des temps de mesures a été décrite pour l’ensemble de l’échantillon. La fréquence des descripteurs a été comparée entre le repos (en T1) et la stimulation non-nociceptive (en T2), ainsi qu’entre le repos (en T1) et la stimulation nociceptive (en T3) à l’aide du test exact de McNemar qui teste l’existence d’une différence significative entre les proportions de descripteurs présents dans chacun des groupes appariés. Le seuil de signification statistique a été ajusté à 0,025 avec une correction de Bonferroni en raison des mesures répétées sur le même échantillon (Norman & Streiner, 2008). Description des indicateurs et descripteurs en fonction de l’état de conscience Des analyses préliminaires ont été réalisées pour comparer les descripteurs présents à T3 entre les trois groupes de patients, soit les patients communicants, les patients avec des réponses dirigées et les patients avec des réponses stéréotypées. Des comparaisons intergroupes ont été effectuées à l’aide du test exact de Fischer pour les données nominales, car la fréquence théorique de l’un des groupes était inférieure à 5 pour près de la moitié des descripteurs étudiés (Field, 2009). Lorsque le résultat était significatif, des analyses a posteriori ont permis de réaliser des comparaison entre les groupes deux à deux avec un ajustement du seuil statistique de signification avec la méthode de Bonferroni (Norman & Streiner, 2008). 231 Sélection des descripteurs La sélection des descripteurs est l’une des étapes du développement d’un instrument de mesure, comme décrit dans le devis de la deuxième phase de cette étude. Cette étape a pour but de sélectionner les descripteurs en fonction de leur performance. Elle a été opérationnalisée sur la base des recommandation des experts : 1) éliminer les descripteurs trop rarement ou trop fréquemment observés (Streiner & Norman, 2008, ;Waltz et al., 2010), 2) éliminer les descripteurs statistiquement plus fréquemment observés au repos (absence de douleur) que lors de la stimulation nociceptive (Fuchs-Lacelle & Hadjistavropoulos, 2004), 3) vérifier la cohérence interne (Streiner & Norman, 2008 ; Waltz et al., 2010), 4) vérifier la fiabilité inter-juges des descripteurs (Gelinas, 2011). Elimination des descripteurs trop rarement ou trop fréquemment observés. Dans un premier temps, les descripteurs dont la fréquence d’apparition étaient inférieure à 5% ou supérieur à 95% lors de la stimulation nociceptive à T3, ont été supprimés comme recommandé par Streiner & Norman (2008). Ces descripteurs ont été considérés comme insuffisamment ou comme trop sensibles à la douleur. Ils ne permettaient donc pas de discriminer entre douleur et non douleur, c’est pourquoi ils ont été jugés comme non pertinents dans la détection de la douleur. Elimination des descripteurs plus fréquemment observés au repos que lors de stimulation nociceptive. Dans un deuxième temps, des descripteurs plus fréquemment observés à T1 qu’à T3 ont été recherchés et éliminés. Cette démarche est décrite par FuchsLacelle & Hadjistavropoulos (2004) dans leur étude sur le développement de leur grille d’observation comportementale des indicateurs de la douleur chez les personnes âgées présentant des troubles cognitifs. 232 Vérification de la cohérence interne. Dans un troisième temps, la cohérence interne entre les descripteurs a été vérifiée à T3 lors de stimulation nociceptive pour chacun des groupes de patients. La vérification de la cohérence interne cherche à déterminer jusqu’à quel point les descripteurs mesurent le même concept (Fortin, 2010; Waltz et al., 2010), c’est-àdire ici la douleur des patients cérébrolésés non-communicants aux soins intensifs. Ceci implique de mesurer : a) une corrélation interénoncé, b) une corrélation de chaque énoncé avec le score total, exprimée par un coefficient de corrélation (Streiner & Norman, 2008). La corrélation interénoncé permet d’établir le degré de corrélation entre chacun des énoncés et l’ensemble des énoncés (Fortin, 2010). On considère que l’énoncé doit être éliminé lorsque que la corrélation interénoncé est inférieure à 0,2 (Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010). Le coefficient de corrélation permet d’évaluer le degré d’homogénéité de l’ensemble des énoncés et doit se situer entre 0,7 et 0,9 (Streiner & Norman, 2008). Ce coefficient est influencé par le nombre total d’énoncés contenus dans une grille et par leur variance (Streiner & Norman, 2008; Waltz et al., 2010). Selon Streiner & Norman (2008), lorsque que la suppression d’un énoncé augmente de façon significative la valeur du coefficient de corrélation, alors cet énoncé devrait être éliminé de la liste. Dans le cadre de la présente étude, le test de Kuder-Richardson-20 a été choisi, car la liste d’observation des descripteurs est binomiale (Streiner & Norman, 2008). Les intervalles de confiance ont été calculés selon la formule proposée par Charter (1997). La cohérence interne a été calculée séparément pour chaque groupe de patients, car les descripteurs pouvaient différer entre les groupes en fonction de l’état de conscience (Arbour & Gelinas, in press; Roulin & Ramelet, 2012; Schnakers, Chatelle, Majerus, et al., 2010). Les corrélations interénoncé pouvaient donc être différentes entre les groupes de patients. Les descripteurs ont été éliminés si la corrélation interénoncé était inférieure à 0,2 dans les trois groupes de patients; dès que la corrélation 233 interénoncé était supérieure ou égale à 0,2 dans l’un au moins des trois groupes de patients, le descripteur était donc conservé). Vérification de la fiabilité inter-juges. Dans un quatrième temps, la fiabilité inter- juges a été mesurée. La fiabilité inter-juges correspond à la concordance des résultats retrouvés avec la liste d’observation entre divers observateurs indépendants au même moment pour un patient (Fortin, 2010). Si la concordance des résultats entre deux évaluateurs pour une même observation est faible, cela signifie que des erreurs sont survenues au cours de l’observation. Ceci peut être dû à un défaut de formation des évaluateurs, une définition opérationnelle insuffisante, ou la difficulté à observer un élément en situation clinique (Gelinas, 2011). D’autre part, lorsque les évaluateurs doivent observer de nombreux éléments dans un temps court, des données sont parfois manquantes ou difficilement observables de façon fiable. Un élément non fiable ne doit pas être conservé dans un instrument d’évaluation de la douleur destiné à être utilisé par de nombreux cliniciens, car il est source d’erreur de mesure. En pratique pour chaque descripteur, un pourcentage d’accord a été calculé ainsi qu’un coefficient kappa de Cohen. Le pourcentage d’accord se calcule en divisant le nombre d’accords par le nombre total d’observations (Fortin, 2010). Un pourcentage supérieur à 0,8 est considéré comme idéal (Landis & Koch, 1977). Le pourcentage d’accord est calculé pour chaque descripteur à chaque temps d’observation T1, T2, et T3. Il faut toutefois relever que le pourcentage d’accord ne tient pas compte du fait qu’une partie des accords entre les observateurs est due à la chance (Fortin, 2010). Le coefficient kappa permet de déterminer la concordance entre deux observateurs pour des données binomiales et tient compte de la proportion des accords dus à la chance (Gelinas, 2011; Streiner & Norman, 2008). Un coefficient kappa supérieur à 0,8 est considéré comme reflétant une concordance presque parfaite, cette concordance est considérée comme importante lorsque le coefficient kappa est 234 compris entre 0,8 et 0,6 et comme modéré si le coefficient kappa est compris entre 0,6 et 0,4 (Landis & Koch, 1977). Le coefficient kappa est toutefois très sensible lorsque certaines valeurs sont rarement observées (Pett, 1997) comme c’est le cas par exemple en T1 pour certains descripteurs. C’est pourquoi, le calcul du coefficient kappa a été associé dans le cadre de cette étude à la mesure du pourcentage d’accord. Les descripteurs, présentant à la fois, pour chacun des trois temps de mesure, un pourcentage d’accord inférieur à 0,8 et un coefficient kappa inférieur à 0,4 ont été supprimés de la liste d’observation. La fiabilité des mesures physiologiques (fréquence cardiaque, augmentation de la pression artérielle et augmentation de la fréquence respiratoire) a été évaluée plus finement en vérifiant la concordance entre les valeurs documentées par les investigateurs lors des observations et les valeurs mesurées par les moniteurs de chevet. La variabilité des valeurs enregistrées par les moniteurs de chevet a été déterminée en calculant la différence entre la valeur minimale et la valeur maximale relevées, ainsi qu’en déterminant le sens de la variation (augmentation ou diminution). Le résultat a ensuite été codé dans une nouvelle variable selon la définition établie dans la liste d’observation des descripteurs. Par exemple, si la valeur enregistrée par le moniteur de chevet correspondait à une augmentation de la fréquence cardiaque d’au moins 10 battements par minute, alors cette nouvelle variable est codée comme «présente ». Dans le cas contraire, elle est codée comme «absente». La concordance entre la variable codée à partir des mesures des moniteurs de chevet et la variable observée a été calculée à l’aide d’un coefficient kappa de Cohen. Les descripteurs physiologiques avec une concordance inférieure à 0,4 ont été éliminés de la liste d’indicateurs et de descripteurs (Pett, 1997). 235 La sélection des descripteurs est l’une des étapes importantes du développement d’un instrument de mesure. Elle a permis ici de supprimer les descripteurs dont les performances étaient faibles pour l’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées, constituant ainsi la troisième liste d’indicateurs et de descripteurs. Des analyses subséquentes ont été effectuées sur les indicateurs. Pour obtenir un score pour chaque indicateur, les résultats obtenus par tous les descripteurs de l’indicateur ont été additionnés. Une valeur de 1 a été attribuée lorsqu’un descripteur était «présent», 0 lorsqu’il était «absent». Le score de chaque indicateur a alors été défini comme la somme des valeurs de tous ses descripteurs. Par exemple pour l’indicateur « ventilation » composé de 4 descripteurs (lutte contre le ventilateur, tousse, non ventilable et mord le tube), chaque descripteur «présent» obtenait une valeur de 1 et le score maximal pour cet indicateur était donc de 4. Vérification de la validité La vérification de la validité d’un instrument constitue, selon les recommandations des experts exposées dans le devis de cette deuxième phase de l’étude, la dernière étape du développement d’un instrument. Dans la présente étude, les analyses statistiques testant la validité ont porté sur la troisième liste d’observation après la sélection des descripteurs (tableau 20). 236 Tableau 20. Test de validité réalisé Type de validité Procédure Validité concomitante Corrélation entre l’auto-évaluation de la douleur par les patients (ENpat) et le score total de la 3e liste d’indicateurs et de descripteurs. Validité convergente Corrélation entre l’évaluation de la douleur par l’infirmière en charge du patient (ENinf) et le score total de la 3e liste d’indicateurs et de descripteurs. Validité divergente Comparaison des scores totaux obtenus avec la 3e liste d’indicateurs et de descripteurs au repos et lors de stimulation nociceptive. Dans un premier temps, la validité critériée a été vérifiée avec un test de la validité concomitante. Le test de la validité concomitante compare l’instrument à valider avec un instrument servant de critère (Fortin, 2010). Dans le cadre de l’évaluation de la douleur, la mesure de critère est l’auto-évaluation de la douleur (Herr et al., 2011). La validité concomitante a été testée en comparant les résultats des deux mesures de l’auto-évaluation de la douleur : la réponse à la question « Avez-vous mal ? oui ou non » et l’évaluation de l’intensité de la douleur avec l’échelle numérique (ENpat). En préliminaire du test de la validité concomitante, les résultats des deux mesures de l’auto-évaluation de la douleur sont décrits à T1 et en T3. Le premier test de la validité concomitante a déterminé la corrélation en T1 et T3 entre les scores obtenus avec la liste d’observation et les évaluations avec l’ENpat des patients communicants. Le test statistique non paramétrique de corrélation de Spearman rho a été utilisé avec un seuil de signification statistique fixé à 0,025 en raison des mesures répétées (Hulley et al., 2001). Le deuxième test de la validité concomitante a comparé les résultats des scores obtenus sur la liste d’observation entre les patients ayant répondu 237 positivement à la question : «Avez-vous mal ? oui ou non» et ceux qui ont répondu négativement. Les comparaisons ont été réalisées à l’aide du test U de Mann-Whitney par rang à T1 et T3. Enfin, une comparaison intra-groupe a été calculée chez les patients douloureux et non-douloureux à T1 et T3 Dans un deuxième temps, la validité de construit a été examinée. La validité de construit cherche à déterminer si un instrument mesure le construit théoriquement défini (Fortin, 2010), c’est-à-dire si les indicateurs permettent de mesurer la douleur. Deux méthodes ont été utilisées pour examiner la validité de construit: le test de la validité convergente et le test de la validité divergente. Le test de la validité convergente compare deux instruments censés mesurer une même caractéristique. On considère qu’il y a validité convergente, lorsque les mesures sont corrélées positivement (Fortin, 2010). Dans le cadre de cette étude, la validité convergente a été testée en comparant les scores obtenus avec la liste d’observation et les évaluations de l’intensité de la douleur par les infirmières avec l’échelle numérique (ENinf). En préliminaire, les résultats obtenus avec l’ENinf sont décrits, de plus la concordance entre l’ENinf et l’ENpat est calculée à l’aide d’un coefficient intra-classe (ICC) en choisissant un modèle aléatoire et un accord absolu (Streiner & Norman, 2008). La validité convergente a été testée à l’aide d’un test statistique non paramétrique de corrélation de Spearman rho pour déterminer la corrélation en T1 et T3. Le seuil de signification statistique était fixé à 0,025 en raison des mesures répétées (Hulley et al., 2001). La validité convergente a été examinée pour chacun des groupes de patients. Le test de la validité divergente (aussi appelée validité discriminante) a pour but d’examiner la capacité de l’instrument à différencier entre deux situations différentes dans un 238 même groupe de patients comme par exemple la douleur et l’absence de douleur (Gelinas et al., 2008). Dans le cadre de cette étude, il s’agissait de vérifier si les scores obtenus lors de stimulations nociceptives (T3) étaient plus élevés que les scores obtenus au repos (T1) et lors de stimulations non-nociceptives (T2). Des scores plus élevés étaient attendus lors d’une stimulation nociceptive en T3 (Gelinas et al., 2008). La comparaison a été réalisée à l’aide du test statistique non-paramétrique de Wilcoxon pour la comparaison des groupes appariés, en raison de la distribution non-gaussienne des scores (Norman & Streiner, 2008). Le seuil de signification statistique a été ajusté à ≤ 0,025 avec la méthode de Bonferroni (Hulley et al., 2001), car un grand nombre de tests était planifié chez les mêmes participants. Afin de s’assurer de la pertinence des indicateurs pour les patients cérébrolésés quelque soit leur niveau de conscience, les analyses ont été effectuées séparément pour chaque groupe de patients. Considérations éthiques Selon les principes d’éthique de la recherche sur l’être humain, les investigateurs se doivent de tout mettre en œuvre pour éviter que la recherche nuise aux participants. Ceci est d’autant plus vrai que les participants sont des personnes vulnérables, c’est-à-dire incapables de se défendre face à une agression comme le sont les patients de soins intensifs (Lemaire et al., 2005). En raison de la nature de cette étude, elle ne pouvait pas être réalisée auprès d’une population moins vulnérable. La loi Suisse sur la recherche humaine ne s’appliquait qu’à des études portant sur des médicaments ("Loi fédérale sur les médicaments et les dispositifs médicaux-LPTh," 2000) lorsque cette étude s’est déroulée. Les études cliniques nonmédicamenteuses, n’étaitent pas réglementées dans la loi fédérale ni dans la loi genevoise sur la santé ("Loi genevoise sur la santé (K 1 03) ", 2006). Certains cantons, tel que le canton 239 de Vaud, avaient adopté dans leur lois cantonales les mêmes dispositions que la LPTh pour l’ensemble des études portant sur les patients ("Loi vaudoise sur la Santé Publique (LSP, 800.01)," 1985), et exigeaient le consentement des patients pour toutes les études. Les participants de la présente étude sont des personnes cérébrolésées incapables de donner leur consentement éclairé, en raison de leur état de conscience ou de difficultés cognitives liées à leur problème de santé. La loi prévoyaient que pour les patients incapables de discernement, le représentant légal du patient pouvait donner son consentement à la participation à une recherche ("Loi fédérale sur les médicaments et les dispositifs médicauxLPTh," 2000). Toutefois, à l’exception des mineurs et des personnes sous tutelles, peu de personnes possèdent un représentant légal désigné. Avant le 1er janvier 2013, les proches du patient n’étaient pas considérés comme les représentants du patient lorsqu’il était inconscient. Les écrits sur le consentement éclairé en milieu de soins intensifs sont rares. Dans une étude récente réalisée en Suisse Romande, parmi les patients sollicités pour donner leur consentement à une étude avant leur admission aux soins intensifs, 22% ne se souvenaient pas d’avoir participé à une étude et 25% n’avaient aucun souvenir de l’objectif ou des risques associés à cette étude (Chenaud, Merlani, Luyasu, & Ricou, 2006). D’autre part, décider de la participation d’un proche hospitalisé en soins intensifs à une étude n’est pas anodin et peut représenter une source d’angoisse supplémentaire (Dreyfuss, 2004; Pochard et al., 2001). La présente étude observationnelle ne comporte aucune intervention médicale, ou de modification des soins aux patients et elle est susceptible de contribuer au développement des savoirs dans le domaine des soins à ce groupe de patients vulnérables. En effet, la latéralisation des patients fait partie des soins de base et c’est durant ce soin que les différentes mesures de douleur non-invasive sont réalisées. Pour cette étude, les soignants 240 décident du meilleur moment pour tourner leur patient et ils peuvent interrompre le soin s’ils le jugent nécessaire. Les paramètres physiologiques sont documentés si disponibles. Il n’y a donc pas de risques liés à une intervention médicale ou infirmière dans cette étude. Considérant les deux points décrits ci-dessus, les commissions d’éthique de la recherche sur l’être humain des deux sites n’ont pas requis le consentement du patient, ni l’assentiment des proches lorsque le patient est inconscient ou confus. Il faut souligner qu’elles ont été consultées en janvier 2010. Toutefois la commission d’éthique de la recherche sur l’être humain du canton de Vaud a demandé, que dans la mesure du possible, un consentement rétrospectif soit demandé chez les patients retrouvant un état mental normal avant leur sortie des soins intensifs. Parmi ces patients, trois ont été en mesure de fournir un consentement écrit. Les patients capables de consentir ont été informés des buts, du déroulement de l’étude, des risques potentiels, des moyens mis en place pour protéger les données et de leur droit à ne pas participer. Ils ont reçu un feuillet d’information avec ces éléments, ainsi qu’une copie de leur consentement signé. Ces documents sont en Appendice K et L. Toutes les données recueillies ont été traitées confidentiellement et codées. Le nom des patients et la date ont été noircis sur les impressions des relevés des moniteurs de chevet. Les données sont soit stockées dans des banques de données informatiques protégées par des mots de passe et accessibles uniquement au chercheur principale. Les documents papiers sont stockés dans des armoires fermées à clefs. Conformément à la LPTh ("Loi fédérale sur les médicaments et les dispositifs médicaux-LPTh," 2000), tous les documents en lien avec cette étude seront archivés pendant 10 ans. 241 Ce chapitre a présenté les différentes étapes de la deuxième phase de cette étude en décrivant le devis, la méthode de collecte de données et les stratégies d’analyse. Le chapitre suivant présente les résultats du test de l’instrument qui fait partie de la deuxième phase de cette étude. RESULTATS : TESTS PSYCHOMETRIQUES AUPRES DES PATIENTS 243 La deuxième phase de cette étude a pour but de décrire et vérifier les propriétés psychométriques des indicateurs et des descripteurs générés dans la première phase de cette étude. La première étape a permis de vérifier la validité de contenu. La deuxième étape teste les indicateurs et les descripteurs en clinique auprès d’un échantillon de 116 patients cérébrolésés aux soins intensifs. Ce chapitre présente les résultats de cette deuxième étape. Recrutement Les données ont été collectées sur huit mois, du 1er mars au 31 octobre 2011. Au total 184 patients ont été considérés comme participants potentiels et 116 (63%) ont été inclus dans la présente étude (Figure 17). Les motifs d’exclusion étaient les suivants : 1) une atteinte du système nerveux central interférant avec la sensation nociceptive (n=26), 2) une absence de lésion cérébrale d’apparition récente documentée (n=13), 3) un processus de diagnostic de mort cérébrale en cours (n=4), 4) un âge inférieur à 18 ans (n=3), 5) un traitement pharmacologique aux curares (n=3), 6) un stimulateur cardiaque (n=3), 7) une dysautonomie documentée (n=2), 8) une hypothermie (n=2). De plus, neuf patients n’ont pas pu être observés pour des problèmes de logistique comme des départs en examens, la survenue d’une complication nécessitant l’interruption des observations ou la non-disponibilité de l’infirmière en charge du patient. Enfin, trois patients n’ont pas donné leur consentement. 244 Evalués pour éligibilité Exclus (n= 56) N= 184 Atteinte du système nerveux central (n=26) Absence de lésion cérébrale récente (n=13) Processus diagnostic de cérébrale en cours (n=4) mort Moins de 18 ans (n=3) Curares (n=3) Stimulateur cardiaque (n=3) Hypothermie (n=2) Dysautonomie documentée (n=2) Pertes N’ont pas pu être observé (n=9) Consentement N’ont pas donné leur consentement (n=3) Observés et analysés (N=116) Patients communicants : n=46 Patients avec réponses dirigées : n=33 Patients avec réponses stéréotypées : n=37 Figure 17. Diagramme de flux du recrutement 245 Description de l’échantillon Données démographiques et cliniques Les résultats sont présentés pour l’ensemble de l’échantillon (N=116) et pour chaque groupe. Pour mémoire, les groupes sont: 1) les patients capables de communiquer à propos de leur douleur (n=46, 39,7%), 2) les patients avec des réponses motrices dirigées à la douleur (n=33, 28,4%), 3) les patients avec des réponses stéréotypées (n=37, 31,9%). L’âge moyen des personnes inclues dans cette étude est de 56,2 ans (ÉT± 1,6) avec une majorité d’homme (n=66, 56,9%). Les participants sont hospitalisés en médiane depuis 2 jours (E=17) aux soins intensifs au moment de la collecte de données. L’index de gravité simplifié moyen à l’admission [SAPS II] est de 41,5 (ÉT±17,2). Il y a une différence statistiquement significative entre les différents groupes mesurés ( 2(2, N=116)=28,69, p<0,000). Les patients avec l’index de gravité le plus bas appartiennent au groupe des patients communicants (M=31,15, ÉT ±16,0). Les patients avec des réponses dirigées ont un score moyen de 46,16 (ÉT±14,63) et le groupe des patients avec des réponses stéréotypées a un score moyen de 50,49 (ÉT±13,68). Les analyses post-hoc montrent qu’il y a une différence statistiquement significative entre les groupes des patients communicants et des patients avec une réponse dirigée (Z=3,847, p<0,000, r=0,43), ainsi qu’entre les patients communicants et les patients avec des réponses stéréotypées (Z=4,895, p<0,000, r=0,54). Le tableau 21 ci-dessous présente les caractéristiques démographiques et cliniques de l’échantillon des personnes cérébrolésées. Les résultats montrent que la majorité des patients sont hospitalisés suite à une hémorragie cérébrale (n=66, 56,9%). Vingt-deux (19%) Tableau 21 Caractéristiques démographiques et cliniques des personnes observées en fonction de leur niveau conscience Communicant Réponses dirigées Réponses stéréotypées Total (n= 46) (n=33) (n=37) (N=116) n (%) n (%) n (%) N(%) Hémorragie cérébrale 29 (63,0) 18(54,5) 19 (48,6) 66 (56,9) 0,592 Anoxie post-arrêt cardio-respiratoire 4 (8,7)a 6 (18,2)ab 12 (32,4)b 22 (19,0) 0,026 Accident vasculaire cérébral non hémorragique 5 (10,9) 5 (15,2) 3 (8,1) 13 (11,2) 0,649 Processus tumoral 8 (17,4) 2 (6,1) 10 (8,6) 0,014 Caractéristiques Cause de lésion cérébrale Méningite p 2 (6,1) 3 (8,1) 5 (4,3) 0,171 27 (81,8)a 35 (94,6)a 73 (62,9) 0,000 2 (5,4) 3 (2,6) 0,354 Mode de respiration Tube endotrachéal 10 (21,7) Trachéotomie 1 (2,2) Ventilation Sans assistance 40 (87,0) 6 (18,2)a 2 (5,4)a 48 (41,4) 0,000 Traitement cardiovasculaire Vasopresseurs 3 (6,5) 10 (30,3)a 15 (40,5)a 28 (24,1) 0,001 Anti-hypertenseurs 16 (34,8) ab 17 (51,5)a 7 (18,9)b 40(34,5) 0,017 Note. Les valeurs en gras sont statistiquement significatives au seuil de 0,05. Les fréquences qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Il n’y pas de données mesurées pour la variable lorsque la cellule est vide. 247 sont admis aux soins intensifs suite à une anoxie cérébrale post-arrêt cardio-respiratoire. Les patients avec une anoxie cérébrale due à un arrêt cardio-respiratoire se retrouvent en plus grand nombre dans le groupe des patients avec une réponse stéréotypée où ils représentent 54,5% des patients avec ce diagnostic. Le diagnostic d’accident vasculaire non hémorragique est retrouvé chez 13 patients (11,2%) et il n’y a pas de différence statistiquement significative entre les groupes pour ce diagnostic. Il y a une différence statistiquement significative entre les groupes de patients pour le diagnostic de processus tumoral qui a été retrouvé uniquement chez les patients communicants et ceux avec une réponse dirigée. Seuls cinq patients (4,3%) sont admis avec un diagnostic de méningite. La majorité des patients sans assistance ventilatoire sont dans le groupe des patients communicants (n=40, 87%). 62,9% du collectif (n=73) a un tube endotrachéal et la proportion atteint 94,6% (n=35) dans le groupe des patients avec une réponse stéréotypée. Seul trois patients (2,6%) sont porteurs d’une trachéotomie. On constate que la majorité des patients communicants (n=35, 77,1%) n’ont pas de tube endotrachéal ou de trachéotomie, alors que tous les patients avec des réponses stéréotypées ont soit un tube endotrachéal (n=35, 94,6%) ou une trachéotomie (n=2, 5,4%). 58,6% (n=62) du collectif est sous assistance ventilatoire, cependant 87% (n=40) des patients communicants ne nécessitent pas d’assistance ventilatoire. Les proportions de patients sans assistance ventilatoire sont statistiquement différentes entre les groupes. Concernant les traitements agissant sur le système cardio-vasculaire, vingt-huit patients (24,1%) reçoivent des médicaments de la famille des vasopresseurs par voie intraveineuse et il s’agit majoritairement de patients avec des réponses stéréotypées (n=15, 248 40,5%). Quarante patients (34,5%) reçoivent un traitement médicamenteux anti-hypertenseur per os ou par voie intraveineuse. Analgésie et sédation Des antalgiques sont administrés chez 76,7% (n=89) des patients et 52,6% (n=61) de l’échantillon ont reçu un antalgique non-opiacé. Il s’agit essentiellement du paracétamol par voie digestive ou intraveineuse, sauf pour un patient qui a également reçu du métamizole (un antalgique avec une action spasmolytique et anti-pyrétique) par voie intraveineuse. Les antalgiques non-opiacés sont administrés plus fréquemment chez les patients communicants (n=31, 64,4%), que les patients avec des réponses dirigées (n=17, 51,5%) ou les patients avec des réponses stéréotypées (n=13, 35,1%). Le détail des analyses est présenté dans le tableau 22 à la fin de cette section. Il existe une grande disparité dans l’administration des opiacés avec de nombreuses molécules (morphine, fentanyl, sulfentanyl et tramadol), ainsi que des voies d’administration différentes (iv continu, en bolus ou per os). C’est pourquoi, l’ensemble de ces molécules a été regroupé sous le dénominatif opiacé. Trente patients (25,8%) reçoivent un antalgique non opiacé en association avec un opiacé. Le sédatif le plus fréquemment administré est le propofol, un agent hypnotique avec une action rapide. Neuf patients (7,8%) ont reçu du midazolam, une benzodiazépine avec un effet hypnotique. Cinq patients (4,3%) ont reçu du lorazépam, une benzodiazépine sédative avec un effet anxiolytique. Un patient (0,9%) a reçu de la clonidine, un agoniste des récepteurs α2 avec des propriétés sédatives et analgésiques, et un autre patient (0,9%) des bolus intraveineux d’halopéridol, un neuroleptique avec une action anti-psychotique. La 249 proportion des patients recevant un agent sédatif varie de façon statistiquement significative entre les groupes de patients. Les résultats montrent aussi que 25% (n=29) des patients reçoivent à la fois un sédatif et un opiacé. Seul 6% du collectif (n=7) reçoit un sédatif sans opiacés associés. Tableau 22. Antalgiques et sédatifs reçus selon les groupes de patients Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée Total (n= 46) (n=33) (n=37) (N=116) n(%) n(%) n(%) N(%) Nonopiacés 31(64,4)a 17(51,6)ab 13(31,5)b 61(52,6) 0,001 Opiacés 13(28,3) 20(60,6)a 25(67,8)a 58(50,0) 0,026 Sédatifs 2(4,3) 15(45,5)a 19(51,4)a 36(31) 0,000 Caractéristiques Antalgiques Sédatifs p Note. Test exact de Fisher. Les valeurs en gras sont statistiquement significatives au seuil de 0,05. Les fréquences qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,025). Mesures de la sédation et de l’état de conscience Le tableau 23 ci-dessous présente les caractéristiques de l’échantillon en fonction des groupes, du niveau de sédation et de l’état de conscience. La médiane du RASS est de -3 (E=8) pour l’ensemble du groupe, ce qui correspond à une diminution modérée de la vigilance. Il y a une différence statistiquement significative entre les groupes de patients avec un niveau de sédation plus élevé chez les patients avec des réponses stéréotypées et les patients avec des réponses dirigées. Les analyses post-hoc montrent une différence 250 statistiquement significative entre les patients communicants et les patients stéréotypés (Z=7,744, p<0,000, r=0,85), ainsi qu’entre les patients communicants et les patients avec des réponses dirigées (Z=5,763, p<0,000, r=0,65). Il y a aussi une différence statistiquement significative entre le groupe des patients avec des réponses dirigées et celui avec des réponses stéréotypées (Z=3,054, p=0,002, r=0,37). Concernant l’état de conscience à l’admission aux soins intensifs, le score de Glasgow révèle une altération importante de l’état de conscience de l’échantillon étudié (N=116) avec un score médian à 6 (E=13). Il y a une différence significative entre les groupes de patients avec un état de conscience plus altéré (Md=3, E=13) dans le groupe des patients avec des réponses stéréotypées. Les analyses post-hoc montrent une différence statistiquement significative entre les patients communicants et les patients stéréotypés (Z=4,319, p<0,000, r=0,45), ainsi qu’entre les patients communicants et les patients avec des réponses dirigées (Z=2,633, p=0,008, r=0,30). Il n’y a toutefois pas de différence statistiquement significative entre l’état de conscience des patients avec des réponses dirigées et celui des patients avec des réponses stéréotypées (Z=1,221, p=0,222, r=15), lorsque l’on considère les résultats avec une correction du seuil de signification de Bonferroni à 0,016 en raison des mesures répétées. Tableau 23. Niveau de sédation et de conscience pour chaque groupe de patients Communicants Réponses dirigées Réponses stéréotypées Total (n= 46) (n=33) (n=37) (N=116) Caractéristiques Md ( E ) Md ( E ) Md ( E ) Md ( E ) Score du RASS 0 (7) -4 (7) -4 (3) -3 (8) 69,50 0,000 Score de Glasgow à l’admission 9 (12) 5 (13)a 3 (13)a 6 (13) 86,07 0,000 Score de Glasgow lors des observations 14 (8) 7 (10) 3 (4) 8 (13) 18,974 0,000 Score de FOUR 16 (5) 10,5 (15) 6 (11) 12 (16) 77,25 0,000 2(2) p Note. Les comparaisons entre les trois groupes sont réalisées à l’aide du test de Kruskal-Wallis par rang pour les groupes non appariés. Les valeurs en gras sont statistiquement significatives au seuil de 0,05. Les médianes qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles au test U de Mann-Whitney (p<0,016). RASS =l’échelle de vigilance-agitation de Richmond (une mesure du niveau de sédation et d’agitation). FOUR = Full Outline of UnResponsiveness score (une mesure de l’état de conscience). 252 L’état de conscience mesuré lors des observations avec le score de Glasgow révèle un état de conscience plus altéré pour les patients avec des réponses stéréotypées (Md=3, E=4) que les autres patients étudiés. Il y a une différence significative entre les groupes de patients. Les analyses post-hoc montrent une différence statistiquement significative dans les scores de Glasgow entre les patients communicants et les patients stéréotypés (Z=7,917, p<0,000, r=0,87), entre les patients communicants et les patients avec des réponses dirigées (Z=6,960, p<0,000, r=0,78), ainsi qu’entre les patients avec des réponses dirigées et ceux avec des réponses stéréotypées (Z=4,671, p=0,000, r=0,56). L’état de conscience mesuré lors des observations avec le score de FOUR montre à nouveau que le groupe des patients avec des réponses stéréotypées a un état de conscience plus altéré que les autres patients avec une médiane à 6 (E=11). Il y a une différence significative entre les groupes de patients. Les analyses post-hoc révèlent des différences statistiquement significatives entre tous les groupes. Les résultats entre les patients communicants et les patients stéréotypés sont Z=7,994, p<0,000, r=0,88. Entre les patients communicants et ceux avec une réponse dirigée, les résultats sont Z=6,557, p<0,000, r=0,74. Enfin, entre les patients avec une réponse dirigée et ceux avec une réponse stéréotypée les résultats sont Z=3,225, p=0,001, r=0,38. Résultats des mesures physiologiques avec les moniteurs de chevet La variabilité de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle systolique et de la fréquence respiratoire sur une minute a été mesurée à l’aide des moniteurs de chevet. Les résultats sont présentés dans le tableau 24. On constate qu’il existe des différences statistiquement significatives entre le repos (T1), la stimulation non nociceptive (T2) et la stimulation nociceptive (T3) pour les trois descripteurs physiologiques. 253 Tableau 24. Variabilité des signes physiologiques mesurée à l’aide des moniteurs de chevet pour chaque temps de mesure. Descripteurs Fréquence cardiaque (batt/min) Pression artérielle systolique (mmHg) Fréquence respiratoire (resp/min) T1 T2 T3 Md(E) Md(E) Md(E) 2(2) P 1(10)a 1(28)ab 2(28)b 11,37 0,003 2(8) 3(48) 6 (160) 34,16 0,000 1(12)ab 1(7)a 2(17)b 9,138 0,010 Note. Les comparaisons entre les trois temps de mesures sont réalisées à l’aide du test de Friedman par rang pour les groupes appariés. Les médianes qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles au test de Wilcoxon par rang (p<0,016). batt/min= battement par minute. mmHg= millimètre de mercure. resp/min= respiration par minute. 254 Description des indicateurs et descripteurs au repos et lors de stimulation nociceptive Les résultats de cette section ont pour but de répondre au premier objectif de cette étape, c’est-à-dire décrire les indicateurs et descripteurs de la douleur au repos et lors de nociception. La fréquence de chaque descripteur est présentée dans le tableau 25 pour chacun des temps de mesures, ainsi que la comparaison des proportions observées entreT1 (repos) et T2 (stimulation non-nociceptive), ainsi qu’entre T1 (repos) et T3 (stimulation nociceptive). Les descripteurs « vocaux », soit plainte ou gémissement, cris ou hurlements, pleurs et soupir, sont décrits dans le tableau 26 qui compare les résultats à T1 (au repos) et à T3 (stimulation nociceptive). En effet, ces descripteurs vocaux n’ont été observés que chez des patients non-intubés ou sans trachéotomie, c’est-à-dire essentiellement chez les patients communicants qui ont été évalués uniquement à T1 et T3. L’analyse des données indique que la fréquence de neuf descripteurs ne s’est pas modifiée de façon significative entre les trois temps de mesures. Il s’agit des larmes, du relèvement de la lèvre supérieure, du mouvement de localisation, de l’activité motrice constante, de tire sur ses tubes, d’essaie de s’asseoir dans le lit, des mouvements de crispation/tressaillement, de tremor et de la dilatation pupillaire. Parmi ces neuf descripteurs, quatre ont été observés dans moins de 5% des observations, soit les larmes, tire sur ses tubes, essaie de s’asseoir dans le lit et dilatation de la pupille. Le descripteur tremor était seulement présent dans 5,2% des observations à T2 et T3. La dilatation de la pupille n’a pu être observée que chez 31 patients à T3, car il était parfois difficile d’observer la pupille lors de la rotation du patient, sans interférer avec le soin réalisé en raison de la position de la tête du patient dans le lit. Tableau 25. Comparaison de la fréquence des descripteurs au repos (T1), lors de stimulation non-nociceptive (T2) et lors de stimulation nociceptive (T3) Temps de mesure Indicateurs Expressions faciales Descripteurs T1-T2 T1-T3 p p T1 T2 T3 n(%) n(%) n(%) Front plissé et abaissement des paupières 25(21,5) 20(30,3) 58(50,0) 0,006 0,000 Contraction des muscles péri-orbitaux 13(11,2) 13(19,6) 47(40,5) 0,021 0,000 Fermeture des yeux 40(34,5) 23(37,5) 68(58,6) 0,007 0,000 Mouvements oculaires 46(39,7) 29(48,6) 67(57,8) 0,001 0,001 Fixation du regard 4(3,4) 6(5,2) 18(15,5) 0,219 0,003 Larmes 2(1,7) 3(4,5) 5(4,3) 0,500 0,250 Relèvement de la lèvre supérieure 3(2,6) 7(9,7) 12(10,3) 0,125 0,022 Serrement des dents ou contraction de la mâchoire 3(2,6) 8(13,9) 16(13,8) 0,039 0,001 Soudaine rougeur du visage 1(0,9) 4(5,6) 32(27,6) 0,375 0,000 Note. Les comparaisons sont réalisées avec un test exact en raison de l’asymétrie des valeurs. Le seuil de signification statistique est ajusté avec une correction de Bonferroni pour des mesures répétées à 0,025 et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Tableau 25. Comparaison de la fréquence des descripteurs au repos (T1), lors de stimulation non-nociceptive (T2) et lors de stimulation nociceptive (T3) [suite] Temps de mesure Indicateurs Mouvements corporels Tension musculaire Descripteurs T1-T2 T1 T2 T3 n(%) n(%) n(%) Mouvement de protection 2(1,7) 0 Mouvement de localisation 12(10,3) Mouvements de flexion T1-T3 p p 11(9,5) 1,000 0,012 3(4,2) 18(15,5) 0,500 0,307 13(11,2) 15(20,8) 22(10,3) 0,002 0,093 Mouvements stéréotypés 3(2,6) 12(16,7) 11(9,5) 0,004 0,021 Activité motrice constante 17(14,7) 10(13,9) 11(9,5) 1,000 0,180 Tire sur ses tubes 3(2,6) 1(1,4) 3(2,6) 1,000 1,000 Essaie de s’asseoir dans le lit 4(3,4) 3(2,6) 4(3,4) 0,500 1,000 Rigidité musculaire 15(12,9) 18(25,0) 44(37,9) 0,021 0,000 Résistance aux mouvements 12(10,3) 14(19,4) 24(20,7) 0,070 0,012 Mouvements de crispation, tressaillement 10(8,6) 1 (20,8) 17(14,7) 0,031 0,092 Tremor 3(2,6) 6(5,2) 6(5,2) 0,375 0,375 Serrer les poings 2(1,7) 4(5,6) 8(6,9) 0,500 0,031 Note. Les comparaisons sont réalisées avec un test exact en raison de l’asymétrie des valeurs. Le seuil de signification statistique est ajusté avec une correction de Bonferroni pour des mesures répétées à 0,025. et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Tableau 25. Comparaison de la fréquence des descripteurs au repos (T1), lors de stimulation non-nociceptive (T2) et lors de stimulation nociceptive (T3)[suite] Temps de mesure Indicateurs Ventilation Signes physiologiques Descripteurs T1-T2 T1-T3 p p T1 T2 T3 n(%) n(%) n(%) Lutte contre le ventilateura 4(5,9) 9(13,4) 37(55,2) 0,180 0,000 Toussea 8(11,8) 13(19,1) 31(45,6) 0,227 0,000 Non ventilablea 1(1,5) 1(1,5) 15 (22,4) 1,000 0,001 Mord le tubea 3(4,3) 6(8,8) 14(20,6) 0,375 0,001 Augmentation de la fréquence cardiaque 6(5,2) 13(18,1) 37(32,2) 0,021 0,000 Augmentation de la pression artérielle systolique 10(8,9) 20(27,8) 61(54,0) 0,003 0,000 Augmentation de la fréquence respiratoire 3(2,6) 6(8,3) 24(21,1) 0,219 0,000 Dilatation de la pupille 2(1,7) 1(2,9) 2(3,3) Note. Les comparaisons sont réalisées avec un test exact en raison de l’asymétrie des valeurs. Le seuil de signification statistique est ajusté avec une correction de Bonferroni pour des mesures répétées à 0,025 et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. a n=68 258 Deux descripteurs sont présents dans plus d’un tiers des patients au repos (T1). En effet, 34,1% (n=40) des patients ont un mouvement de fermeture des yeux lors de la minute d’observation et 39,7% (n=46) des mouvements oculaires. A T3, on note qu’au niveau de l’expression faciale plus de 50% des patients étudiés ont le front plissé avec un abaissement des paupières, ferment les yeux et présentent des mouvements oculaires. De plus, 55,2% des patients (n=37) luttent contre le ventilateur et 54% (n=61) augmentent leur pression artérielle systolique de plus de 10mmHg. La fréquence de onze descripteurs augmente de façon statistiquement significative uniquement entre le repos (T1) et la stimulation nociceptive (T3). Il s’agit de la fixation du regard, du relèvement de la lèvre supérieure, du serrement des dents ou contraction de la mâchoire, de la soudaine rougeur du visage, du mouvement de protection, de la résistance aux mouvements, la lutte contre le ventilateur, la toux, non ventilable, la morsure du tube et l’augmentation de la fréquence respiratoire. La fréquence de neuf descripteurs augmente de façon statistiquement significative entre le repos (T1) et la stimulation non-nociceptive (T2), ainsi qu’entre le repos (T1) et la stimulation nociceptive (T3). Il s’agit des descripteurs front plissé et abaissement des paupières, de la contraction des muscles péri-orbitaux, de la fermeture des yeux, des mouvements oculaires, des mouvements stéréotypés, de la rigidité musculaire, de l’augmentation de la fréquence cardiaque et de l’augmentation de la pression artérielle systolique. Quant au descripteur mouvement de flexion, il augmente de façon statistiquement significative uniquement entre le repos (T1) et la stimulation non-nociceptive (T2). 259 Pour les descripteurs vocaux, on n’observe aucune modification significative entre le repos (T1) et la stimulation nociceptive (T3). On constate que les pleurs n’ont jamais été observés dans l’échantillon étudié. Les résultats détaillés sont présentés dans le tableau 26. Tableau 26. Comparaison des fréquences des descripteurs vocaux à T1 et T3 (N=45) Temps de mesure Descripteurs T1-T3 T1 T3 n(%) n(%) 9 (20,0) 13 (28,3) 0,344 Cris ou hurlements 0 3 (6,5) 0,250 Pleurs 0 0 - Soupir 3 (6,7) 5 (10,9) 0,500 Gémissement ou plaintes p Note. Les fréquences sont comparées avec un test exact en raison de l’asymétrie des valeurs. Description des indicateurs et descripteurs entre chaque groupe de patients Les résultats de cette section répondent au deuxième objectif de cette étape, c’est-àdire décrire la fréquence des indicateurs et des descripteurs de la douleur en fonction de l’état de conscience. La fréquence de chaque descripteur en fonction du groupe de patient est présentée au repos (T1) et lors de stimulations nociceptives (T3). Des comparaisons sont réalisées entre les groupes. Il faut souligner que seuls quatre patients ventilés appartenant au groupe des communicants ont été observés et qu’il n’y avait aucun patient avec descripteurs vocaux dans le groupe des patients avec des réponses stéréotypées. 260 Description des indicateurs et descripteurs entre les groupes de patients à T1 Les résultats détaillés des analyses sont présentés dans le tableau 27. Cette analyse montre des différences statistiquement significatives entre les groupes pour sept descripteurs : fermeture des yeux, mouvements oculaires, mouvement de localisation, mouvements stéréotypés, mouvements de crispations/tressaillements, lutte contre le ventilateur et tousse (voir tableau 27). On constate que les différences les plus marquées au niveau des proportions se retrouvent entre les patients communicants et les autres groupes, ainsi qu’entre les patients avec des réponses stéréotypées et les autres groupes. En effet, 54,2% des patients communicants ont un mouvement de fermeture des yeux aux repos, alors que c’est le cas pour seulement 8,1% des patients avec une réponse stéréotypées. De même, les mouvements stéréotypés et serrer les poings ne se retrouvent que chez les patients avec des réponses stéréotypées. Tableau 27. Comparaison de la proportion des descripteurs présents au repos (T1) dans les groupes de patients (N=116) Groupe Indicateurs Expressions faciales Descripteurs Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée n(%) n(%) n(%) p Front plissé et abaissement des paupières 14 (29,1) 5 (16,1) 6 (16,2) 0.246 Contraction des muscles péri-orbitaux 5 (10,4) 2 (6,5) 6 (16,2) 0,454 Fermeture des yeux 26 (54,2)a 11 (35,5)a 3 (8,1) 0,000 Mouvements oculaires 26 (54,2)a 12 (38,7)ab 8 (21,6) b 0,011 Fixation du regard 2 (4,1) 2 (6,5) 0 0,296 Larmes 0 1 (3,2) 1 (2,7) 0,511 Relèvement de la lèvre supérieure 1 (2,1) 1 (3,2) 1 (2,7) 1,000 Serrement des dents ou contraction de la mâchoire 2 (4,1) 0 1 (2,7) 0,783 Soudaine rougeur du visage 1 (2,1) 0 0 1,000 Note. Fréquence comparée avec un test exact de Fischer et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Lorsque les fréquences sont significative, les valeurs qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Tableau 27. Comparaison de la proportion des descripteurs présents au repos (T1) dans les groupes de patients [N=116] (suite du tableau) Groupe Indicateurs Mouvements corporels Tension musculaire Descripteurs Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée n(%) n(%) n(%) p Mouvements de protection 1 (2,1) 1 (3,2) 0 0,734 Mouvement de localisation 11 (29,7)a 1 (3,2)b 0ab 0,001 Mouvements de flexion 8 (16,6) 3 (9,7) 2 (5,4) 0,296 Mouvements stéréotypés 0 0 3 (8,1) 0,048 Activité motrice constante 8 (16,6) 5 (16,1) 4 (10,8) 0,796 Tire sur ses tubes 1 (2,1) 2 (6,5) 0 0,354 Essaie de s’asseoir dans le lit 3 (6,3) 1 (3,2) 0 0,371 Rigidité musculaire 4 (8,3) 7 (22,6) 4 (10,8) 0,203 Résistance aux mouvements 4 (8,3) 4 (12,9) 4 (10,8) 0,803 Mouvements de crispation, tressaillement 2 (4,2) 1 (3,2) 7 (18,9) 0,037 Tremor 0 1 (3,2) 2 (5,4) 0,266 Serrer les poings 0 0 2 (5,4) 0,170 Note. Fréquence comparée avec un test exact de Fischer et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Lorsque les fréquences sont significative, les valeurs qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Tableau 27. Comparaison de la proportion des descripteurs présents au repos (T1) dans les groupes de patients [N=116] (suite du tableau) Groupe Indicateurs Descripteurs Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée n(%) n(%) n(%) p Ventilation Lutte contre le ventilateur 2 (50) 1 (3,6)a 1 (2,8)a 0,015 (n=68) Tousse 2 (50) 1 (3,6) 5 (13,5) 0,050 Non ventilable 0 0 1 (2,7) 1,000 Mord le tube 1 (25) 0 2 (5,4) 0,087 Gémissement ou plaintes 9 (21,4) 0 Cris ou hurlements 0 0 Pleurs 0 0 Soupir 3 (7,1) 0 Signes vocaux (n=45) 1,000 1,000 Note. Fréquence comparée avec un test exact de Fischer et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Lorsque les fréquences sont significative, les valeurs qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Tableau 27. Comparaison de la proportion des descripteurs présents au repos (T1) dans les groupes de patients [N=116] (suite du tableau) Groupe Indicateurs Signes physiologiques Descripteurs Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée p n(%) n(%) n(%) Augmentation de la fréquence cardiaque 4 (8,3) 0 2 (5,6) 0,280 Augmentation de la pression artérielle systolique 6 (13,3) 2 (6,5) 2 (5,6) 0,492 Augmentation de la fréquence respiratoire 1 (2,1) 1 (3,2) 1 (2,7) 1,000 Dilatation de la pupille 1 (3,3) 0 1 (16,7) 0,133 Note. Fréquence comparée avec un test exact de Fischer et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Lorsque les fréquences sont significative, les valeurs qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Le nombre de patient total est de 57 pour le descripteur Dilatation pupillaire. 265 Description des indicateurs et descripteurs entre les groupes de patients à T3 Les résultats détaillés des analyses sont présentés dans le tableau 28. L’analyse des données montre des différences statistiquement significatives entre les groupes de patients pour 11 descripteurs : front plissé et abaissement des paupières, fermeture des yeux, serrement des dents ou contraction de la mâchoire, mouvements de localisation, mouvements stéréotypés, tremor, lutte contre le ventilateur, tousse, non ventilable, mord le tube et soupir (voir tableau 28). Au niveau de l’expression faciale, le front plissé et l’abaissement des paupières, la fermeture des yeux et les mouvements oculaires sont présents dans plus de 50% des observations. A nouveau, les groupes des patients communicants et des patients stéréotypés semblent se distinguer des autres. Les patients avec des mouvements stéréotypés présentent plus de serrement des dents et de tremor que les autres patients. Ce même groupe manifeste plus de signes d’intolérance à la ventilation mécanique que les patients avec des mouvements dirigés. Il faut rappeler que seuls quatre patients communicants ventilés ont été observés. Finalement, au niveau des paramètres vocaux, sur 45 patients observés, 42 patients appartenaient au groupe des communicants. Les descripteurs vocaux n’ont été observés chez aucun patient avec des réponses stéréotypées. Tableau 28. Comparaison de la proportion des descripteurs présents lors de stimulation nociceptive (T3) dans les groupes de patients [N=116] Groupe Indicateurs Expressions faciales Descripteurs Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée p n(%) n(%) n(%) Front plissé et abaissement des paupières 30 (62,5)a 9 (29,0)b 19 (51,4)ab 0,015 Contraction des muscles péri-orbitaux 21 (43,8) 8 (25,8) 18 (48,6) 0,142 Fermeture des yeux 35 (72,9)a 20 (64,5)a 13 (35,1) 0,002 Mouvements oculaires 31 (64,6) 17 (54,8) 19 (51,4) 0,451 Fixation du regard 4 (8,3) 8 (25,8) 6 (16,2) 0,110 Larmes 1 (2,1) 2 (6,5) 2 (4,2) 0,610 Relèvement de la lèvre supérieure 3 (6,3) 2 (6,5) 3 (2,6) 0,583 Serrement dents ou contraction mâchoire 3 (6,3)a 2 (6,5)a 11 (29,7) 0,006 Soudaine rougeur du visage 10 (20,8) 6 (19,35) 16 (43,2) 0,041 Note. Fréquence comparée avec un test exact de Fischer et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Lorsque les fréquences sont significative, les valeurs qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Tableau 28 Comparaison de la proportion des descripteurs présents lors de stimulation nociceptive (T3) dans les groupes de patients [N=116] (suite du tableau) Groupe Indicateurs Mouvements corporels Tension musculaire Descripteurs Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée p n(%) n(%) n(%) Mouvements de protection 6 (12,6) 4 (12,9) 1 (2,7) 0,222 Mouvement de localisation 14 (29,2) 2 (6,5)a 2 (4,2)a 0,004 Mouvements de flexion 10 (20,8) 8 (25,8) 4 (10,8) 0,260 Mouvements stéréotypés 1 (2,1)a 0ab 10 (27,0)b 0,000 Activité motrice constante 8 (16,6) 1 (3,2) 2 (4,2) 0,115 Tire sur ses tubes 2 (4,2) 1 (3,2) 0 0,618 Essaie de s’asseoir dans le lit 3 (6,3) 1 (3,2) 0 0,321 Rigidité musculaire 17 (35,4) 15 (48,4) 12 (32,4) 0,364 Résistance aux mouvements 7 (14,6) 9 (29,0) 8 (21,6) 0,279 Mouvements de crispation, tressaillement 6 (12,6) 3 (9,7) 8 (21,6) 0,382 Tremor 0 0 6 0,001 Serrer les poings 3 (6,3) 1 (3,2) 4 (10,8) 0,589 Note. Fréquence comparée avec un test exact de Fischer et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Lorsque les fréquences sont significative, les valeurs qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Tableau 28. Comparaison de la proportion des descripteurs présents lors de stimulation nociceptive (T3) dans les groupes de patients [N=116] (suite du tableau) Groupe Indicateurs Ventilation (n=68) Descripteurs Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée n(%) n(%) n(%) Lutte contre le ventilateur 3 (75)ab 9 (32,1)a 25 (71,4)b 0,004 Tousse 3 (75)a 6 (21,4) ab 22 (61,1) b 0,002 Non ventilable 1 (25) 2 (7,1) a 12 (34,3) a 0,025 Mord le tube 3 (75) 2 (7,1) a 9 (25) a 0,007 12 (28,6) 1 (33,3) 1,000 3 (7,1) 0 1,000 Pleurs 0 0 Soupir 4 (9,5) 0 Signes vocaux Gémissement ou plaintes (n=45) Cris ou hurlements p 0,134 Note. Fréquence comparée avec un test exact de Fischer et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Lorsque les fréquences sont significative, les valeurs qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Tableau 28 Comparaison de la proportion des descripteurs présents lors de stimulation nociceptive (T3) dans les groupes de patients [N=116] (suite du tableau) Groupe Indicateurs Descripteurs Communicant Réponse dirigée Réponse stéréotypée n(%) n(%) n(%) 18(38,3) 6 (19,3) 13 (31,1) 0.197 22 (48,9) 14 (45,2) 25 (67,6) 0,139 Augmentation de la fréquence respiratoire 8 (17,0) 4 (12,9) 12 (33,3) 0,093 Dilatation de la pupille 1 (3,3) 0 1 (9,1) 0,397 Signes Augmentation de la fréquence cardiaque physiologiques Augmentation de la pression artérielle systolique p Note. Fréquence comparée avec un test exact de Fischer et les valeurs statistiquement significatives sont en gras. Lorsque les fréquences sont significative, les valeurs qui ne partagent pas la même lettre en indice supérieur sont significativement différentes entre elles (p<0,016). Le nombre de patient total est de 61 pour le descripteur Dilatation pupillaire. 270 Sélection des descripteurs et des indicateurs Les résultats présentés dans cette section visent à répondre au troisième objectif de cette étape, c’est-à-dire la sélection des indicateurs et des descripteurs en fonction de leur performance et correspond à l’une des étapes du développement d’un instrument. Le processus est séquentiel : 1) élimination des descripteurs trop rarement ou trop fréquemment observés, 2) élimination des descripteurs plus fréquemment observés au repos que lors de la stimulation nociceptive, 3) vérification de la cohérence interne, 4) vérification de la fiabilité inter-juges. Sélection des descripteurs en fonction de la fréquence d’observation La sélection des descripteurs en fonction de la fréquence observée a été réalisée sur l’ensemble de l’échantillon (N=116). Les analyses montrent que cinq descripteurs sont présents dans moins de 5% du total des observations lors de la stimulation nociceptive. Il s’agit des larmes, de tirer sur ses tubes, essaie de s’asseoir, pleurs et de la dilatation pupillaire. Ces cinq descripteurs ont été supprimés. Aucun descripteur n’est observé dans plus de 95% des patients lors de stimulation nociceptive. L’activité motrice constante est plus fréquemment présente au repos (n=17, 14,7%) que lors de stimulation nociceptive (n=11, 9,5%) [p= 0,180]. Le descripteur activité motrice constante a donc été supprimé pour la poursuite des analyses. La sélection des descripteurs en fonction de la fréquence observée a conduit à la suppression de six descripteurs. Il en reste donc vingt sept. 271 Sélection des descripteurs en fonction de la cohérence interne Les analyses de cohérence interne ont été réalisées pour chaque groupe de patients. Les valeurs du coefficient de corrélation KR-20 varient entre 0,839 pour les patients avec des réponses stéréotypées (Tableau 29), 0,837 pour les patients avec des réponses dirigées (tableau 30) et 0,777 pour les patients communicants (tableau 31). Chez les patients communicants, seuls les patients vocaux ont été considérés, soit 37 patients. Chez les patients avec des réponses dirigées et des réponses stéréotypées, seuls les patients ventilés ont été considéré. Au niveau de l’expression faciale, les corrélations interénoncé de la fermeture des yeux et des mouvements oculaires sont inférieures à 0,2 uniquement dans le groupe des patients communicants. La fixation du regard a une corrélation interénoncé inférieure à 0,2 dans le groupe des patients communicants et une corrélation interénoncé négative (-0,027 dans le groupe des patients avec une réponse dirigée, ce qui signifie que la relation entre cet énoncé et les autres est inverse. Le relèvement de la lèvre supérieure a une corrélation inter- énoncé inférieure à 0,2 dans les groupes des patients avec une réponse dirigée et les patients avec des réponses stéréotypées. Quant au serrement des dents ou contraction de la mâchoire, une corrélation interénoncé nulle est retrouvée uniquement dans le groupe des patients communicants. Au niveau des mouvements corporels, les mouvements de localisation et de flexion, ont une corrélation interénoncé inférieure à 0,2 uniquement dans le groupe des patients communicants. Quant à l’énoncé mouvements stéréotypés, il obtient une corrélation interénoncé inférieure à 0,2 dans les trois groupes de patients. Il a donc été éliminé et n’est plus considéré dans les analyses suivantes. 272 Tableau 29. Cohérence interne entre les descripteurs à T3 pour le groupe des patients avec une réponse stéréotypée (n=33) Indicateurs Descripteurs Corrélation interénoncé KR-20 si suppression de l’énoncé Expressions Front plissé et abaissement des paupières 0.534 0,825 faciales Contraction des muscles péri-orbitaux 0,504 0,827 Fermeture des yeux 0,352 0,834 Mouvements oculaires 0,338 0,835 Fixation du regard 0,449 0,830 Relèvement de la lèvre supérieure 0,188 0,838 Serrement dents ou contraction mâchoire 0,449 0,829 Soudaine rougeur du visage 0,421 0,831 Mouvements de protection 0,233 0,837 Mouvement de localisation 0,427 0,833 Mouvements de flexion 0,283 0,836 Mouvements stéréotypés 0,080 0,843 Tension Rigidité musculaire 0,532 0,826 musculaire Résistance aux mouvements 0,510 0,828 Mouvements de crispation, tressaillement 0,457 0,829 Tremor 0,231 0,837 Serrer les poings 0,233 0,837 Lutte contre le ventilateur 0,537 0,826 Tousse 0,626 0,821 Non ventilable 0,426 0,830 Mord le tube 0,459 0,829 Signes Augmentation fréquence cardiaque 0,549 0,825 physiologiques Augmentation pression artérielle systolique 0,172 0,841 Augmentation fréquence respiratoire 0,213 0,840 Mouvements corporels Ventilation Note. Coefficient KR-20 à T 3 pour les patients avec des réponses stéréotypées =0,838 [IC 95%:0,763-0,879]. 273 Tableau 30. Cohérence interne entre les descripteurs à T3 pour le groupe des patients avec une réponse dirigée (n= 28) Indicateurs Descripteurs Corrélation interénoncé KR-20 si suppression de l’énoncé Expression Front plissé et abaissement des paupières 0.539 0,824 Faciale Contraction des muscles péri-orbitaux 0,586 0,821 Fermeture des yeux 0,650 0,817 Mouvements oculaires 0,375 0,832 Fixation du regard -0.270 0,848 Relèvement de la lèvre supérieure 0,199 0,836 Serrement dents ou contraction mâchoire 0,527 0,827 Soudaine rougeur du visage 0,497 0,826 Mouvements Mouvements de protection 0,484 0,827 Corporels Mouvement de localisation 0,357 0,833 Mouvements de flexion 0,502 0,825 Mouvements stéréotypés 0,000 0,838 Tension Rigidité musculaire 0,569 0,822 Musculaire Résistance aux mouvements 0,539 0,824 Mouvements de crispation, tressaillement 0,119 0,839 Tremor 0,000 0,838 Serrer les poings 0,000 0,838 Lutte contre le ventilateur 0.323 0.834 Tousse 0.430 0.829 Non ventilable 0,416 0,830 Mord le tube 0,527 0,827 Signes Augmentation fréquence cardiaque 0,527 0,824 Physiologiques Augmentation pression artérielle systolique 0,286 0,837 Augmentation fréquence respiratoire 0,414 0,829 Ventilation Note. Coefficient KR-20 à T 1 pour les patients avec des réponses dirigées=0,837 [IC 95%: 0,762-0,899]. 274 Tableau 31. Cohérence interne entre les descripteurs à T3 pour le groupe des patients communicants (n= 37) KR-20 si suppression de l’énoncé Indicateurs Descripteurs Corrélation interénoncé Expression Front plissé et abaissement des paupières 0,610 0,730 Faciale Contraction des muscles péri-orbitaux 0,463 0,744 Fermeture des yeux 0,183 0,766 Mouvements oculaires 0,162 0,769 Fixation du regard 0,198 0,762 Relèvement de la lèvre supérieure 0,279 0,758 Serrement dents ou contraction mâchoire 0,000 0,766 Soudaine rougeur du visage 0,287 0,757 Mouvements Mouvements de protection 0,379 0,752 Corporels Mouvement de localisation 0,105 0,772 Mouvements de flexion 0,100 0,770 Mouvements stéréotypés -0,009 0,768 Tension Rigidité musculaire 0,463 0,744 Musculaire Résistance aux mouvements 0,354 0,753 Mouvements de crispation, tressaillement 0,106 0,766 Tremor 0,000 0,766 Serrer les poings 0,000 0,766 Gémissements ou plaintes 0,312 0,756 Cris ou hurlements 0,570 0,744 Soupir 0,361 0,753 Signes Augmentation fréquence cardiaque 0,543 0,736 Physiologiques Augmentation pression artérielle systolique 0,528 0,738 Augmentation fréquence respiratoire 0,740 Vocaux 0,541 Note. Coefficient KR-20 à T 3 pour les patients communicants=0,764 [IC 95%:0,672-0,844]. 275 Au niveau de la tension musculaire, les résultats montrent une corrélation interénoncé supérieure à 0,2 pour le tremor et serrer les poings uniquement dans le groupe des patients avec une réponse stéréotypée. Finalement c’est dans ce même groupe, que l’augmentation de la pression artérielle systolique a une corrélation interénoncé inférieure à 0,2. Sélection des descripteurs selon leur fiabilité inter-juges Dans un quatrième temps, la fiabilité inter-juges a été calculée pour chaque temps de mesure (T1, T2 et T3). Le tableau 32 ci-dessous présente les pourcentages d’accord et la concordance entre les observateurs pour chaque descripteur à chaque temps de mesure. Lorsque l’une des valeurs est une constante, c’est-à-dire que pour au moins l’un des observateurs le descripteur a toujours été considéré constant, alors le coefficient kappa n’a pas pu être calculé. Dans l’ensemble le pourcentage d’accord est supérieur à 85% avec un pourcentage global d’accord de 91,46% à T1 au repos, 94,46% à T2 lors de la stimulation non-nociceptive et 88,87% à T3 lors de la stimulation nociceptive. Les mouvements oculaires et la fermeture des yeux obtiennent des accords proches de 80% au repos et lors de la stimulation nociceptive. Le pourcentage d’accord pour les signes physiologiques est plus bas lors de la stimulation nociceptive que lors des autres temps d’observation avec des résultats inférieurs à 80% pour l’augmentation de la fréquence cardiaque (68,75%) et l’augmentation de la pression artérielle systolique (70,21%). Pour les calculs de concordance à l’aide du coefficient kappa, les indicateurs physiologiques ont un résultat inférieur à 0,4 à T1 et T2. A T3, l’augmentation de la pression artérielle systolique obtient un coefficient kappa modéré à 0,40 et l’augmentation de la fréquence respiratoire une valeur importante (kappa= 0,61). Tableau 32. Pourcentage d’accord et concordance entre les observateurs pour chaque descripteur et chaque indicateur Temps d’observation T1 Indicateurs et Descripteurs T2 T3 % kappa Z % kappa Z % kappa Z Front plissé et abaissement des paupières 89,13 0,555 3,76*** 82,35 0,512 3,02** 89,58 0,789 5,47*** Contraction des muscles péri-orbitaux 84,78 0,166 1,40 91,17 0,617 3,62*** 91,66 0,808 5,72*** Fermeture des yeux 69,56 0,329 2,23 94,12 0,879 5,12*** 80,85 0,615 4,31*** Mouvements oculaires 76,08 0,503 3,41** 94,18 0,881 5,17*** 79,16 0,519 3,66*** Fixation du regard 95,65 a 90,90 0,353 2,07 81,25 0,289 2,01 Relèvement de la lèvre supérieure 97,82 0,657 94,12 0.477 3,263* 95,34 0,143 0,997 Serrement dents ou contraction mâchoire 97,82 a 96,97 0,653 3,99*** 87,50 0,733 5,10*** Soudaine rougeur du visage 100 a 100 a 85,41 0,509 3,76*** 97,82 1,00 100 a 97,91 0,878 6,13*** Expressions faciales 4,742*** Mouvements corporels Mouvements de protection Note. *p< 0,01, **p<0,001, ***p<0,000 a L’une des valeurs considérées est une constante. 6,78**** Tableau 32. Pourcentage d’accord et concordance entre les observateurs pour chaque descripteur et chaque indicateur (suite) Temps d’observation T1 T2 T3 Indicateurs et Descripteurs % kappa Z % kappa Mouvement de localisation 95,65 0,646 4,68**** 94,12 a Mouvements de flexion 97,82 0,846 5,81**** 88,24 0,452 Activité motrice constante 86,96 0,495 3,354** 94,12 Rigidité musculaire 93,47 0,693 4,940*** Résistance aux mouvements 89,13 0,238 Mouvements de crispation, tressaillement 93,48 0,543 Tremor 97,82 Serrer les poings 100 Z % kappa Z 97,91 0,789 5,58*** 3,15* 87,50 0,342 2,64* 0,634 3,69*** 97,87 0,789 5,535*** 96,96 0,872 5,05*** 93,75 0,862 6,03*** 1,82 97,06 0,841 4,96*** 91,66 0,727 5,08*** 4,14**** 85,30 0,718 4,36*** 87,50 0,330 2,28 a 97,06 a 100 a a 100 a 100 1,00 Tension musculaire Note. *p< 0,01, **p<0,001, ***p<0,000. L’une des valeurs considérées est une constante. a 6,92*** Tableau 32. Pourcentage d’accord et concordance entre les observateurs pour chaque descripteur et chaque indicateur (suite) Temps d’observation T1 Indicateurs et Descripteurs T2 T3 % kappa Z % kappa Z % kappa Z Lutte contre le ventilateur 93,10 0,651 3,74*** 100 1,00 5,74*** 82,85 0,656 3,90*** Tousse 93,10 0,453 2,49 100 1,00 5,74*** 88,57 0,763 4,54**** Non ventilable 100 a 100 a 100 0,456 3,08* Mord le tube 96,55 a a 88,57 0,536 3,26** Plaintes, gémissements 75 0,308 b 84,61 0,435 1,90 Cris 100 a b 100 1,00 3,60*** Soupir 83,33 a b 92,30 0,755 2,81* Ventilation Signes vocaux 1,47 Note. *p< 0,01, **p<0,001, ***p<0,000 a L’une des valeurs considérées est une constante. b Seul un patient « vocal » a été observé par deux observateurs à T2. Tableau 32. Pourcentage d’accord et concordance entre les observateurs pour chaque descripteur et chaque indicateur (suite) Temps d’observation T1 Indicateurs et Descripteurs T2 T3 % Kappa Z % kappa Z % kappa Z Augmentation de la fréquence cardiaque 86,66 -0,063 0,45 79,41 0,248 2,19 68,75 0,286 1,98 Augmentation de la pression artérielle systolique 84,09 0,135 0,90 82,35 0,315 2,07 70,21 0,403 2,77* Augmentation de la fréquence respiratoire 93,33 -0,031 0,22 91,18 a 87,5 0,670 4,75*** Signes physiologiques Note. *p< 0,01, **p<0,001, ***p<0,000 Toutefois, la concordance entre les observateurs est la plus faible pour l’indicateur des signes physiologiques. Dans la mesure où aucun descripteur n’a un pourcentage d’accord inférieur à 80% lors des trois temps de mesure, associé à une valeur de coefficient kappa < 0,4, il n’y a pas de descripteur supprimé à cette étape. Concordance pour les descripteurs physiologiques entre les observateurs et les moniteurs de chevet Les résultats de la mesure de la concordance entre les observateurs et le moniteur de chevet sont présentés dans le tableau 33. Ils montrent un manque de concordance entre les observateurs et les moniteurs de chevet lors d’une stimulation nociceptive (T3) avec des pourcentages d’accord inférieurs à 80% et des coefficients kappa inférieur à 0,4. Les résultats pour les autres temps de mesure (T1 et T2) montrent des pourcentages d’accord supérieurs à 80%, mais les coefficients kappa sont inférieurs à 0,4. Dans la mesure où la concordance des valeurs mesurées avec les valeurs observées des signes physiologiques est faible, on peut considérer que les observations des signes physiologiques ne sont pas fiables. C’est pourquoi, elles ont été éliminées de la liste d’observation. 281 Tableau 33. Pourcentage d’accord entre les modes de mesure pour chaque descripteur Descripteurs Pourcentage d’accord Coefficient kappa Z p % Fréquence cardiaque T1 91,37 0,03 0,34 0,741 T2 86,58 0,22 2,09 0,004 T3 71,92 0,19 3,16 0,002 Pression artérielle systolique T1 100 T2 79,71 0,38 4,01 0,000 T3 53,63 0,15 2,12 0,034 T1 91,66 0,22 2,16 0,031 T2 88,88 0,14 1,24 0,215 T3 78,76 0,22 0,11 0,010 Fréquence respiratoire 282 Synthèse de la sélection des descripteurs et des indicateurs La sélection des descripteurs et des indicateurs a suivi un processus séquentiel et abouti à la suppression de dix descripteurs et d’un indicateur. Cinq descripteurs ont été supprimés car ils se sont manifestés dans moins de 5% des observations lors de la stimulation nociceptive. Il s’agit des larmes, de tirer sur ses tubes, essaie de s’asseoir, pleurs et de la dilatation pupillaire. Un descripteur a été éliminé, car il a été retrouvé plus fréquemment au repos que lors de la stimulation nociceptive. Il s’agit de l’activité motrice constante. Un descripteur a été supprimé, car une corrélation interénoncé inférieure à 0,2 a été calculée dans les trois groupes de patients à T3. Il s’agit des mouvements stéréotypés. Finalement, les trois descripteurs physiologiques ont été supprimés. Il s’agit de l’augmentation de la fréquence cardiaque, l’augmentation de la pression artérielle systolique et de l’augmentation de la fréquence respiratoire. Ils avaient une faible fiabilité inter-juges et la concordance avec les moniteurs de chevet obtenait des coefficients kappa inférieur à 0,4. L’ensemble du processus est illustré dans la figure 18. A la suite de la démarche de sélection des descripteurs et des indicateurs, une troisième liste d’indicateurs et de descripteurs a été élaborée. Cette troisième liste est utilisée pour la vérification de la validité. Cette liste comporte 23 descripteurs regroupés en cinq indicateurs : l’expression faciale, les mouvements corporels, la tension musculaire et la tolérance à la ventilation artificielle ou les signes vocaux (voir tableau 34). Le score total pour cette liste d’observation a une étendue de 0 à 20 points. 283 Processus séquentiel de sélection des descripteurs 1 2 3 4 Eliminer les descripteurs rarement observés (<5%) et fréquemment observés (>95%) Eliminer les descripteurs observés plus fréquemment lors d’absence de douleur que lors de douleur Eliminer les descripteurs avec une corrélation inter énoncé inférieure à 0,2 Eliminer les descripteurs avec un pourcentage d’accord inférieur à 0,8 et un coefficient kappa inférieur à 0,4 Résultats Suppression de 5 descripteurs : larmes, tirer sur ses tubes, essaie de s’asseoir, pleurs et dilatation pupillaire. N =28 Suppression d’un descripteur : activité motrice constante. N = 27 Suppression d’un descripteur : mouvement stéréotypés. N = 26 Suppression des descripteurs : augmentation de la fréquence cardiaque, augmentation de la pression artérielle systolique, augmentation de la fréquence respiratoire. N = 23 Figure 18. Synthèse des résultats du processus de sélection des descripteurs 284 Tableau 34. Troisième liste d’indicateurs et descripteurs pour les patients cérébrolésés Indicateurs Descripteurs Score présent absent Expression faciale Mouvements corporels Tension musculaire Front plissé et abaissement des paupières 1 0 Contraction des muscles péri-orbitaux 1 0 Fermeture des yeux 1 0 Mouvements oculaires 1 0 Fixation du regard 1 0 Relèvement de la lèvre supérieure 1 0 Serrement dents ou contraction mâchoire 1 0 Soudaine rougeur du visage 1 0 Mouvements de protection 1 0 Mouvements de localisation 1 0 Mouvements de flexion 1 0 Rigidité musculaire 1 0 Résistance aux mouvements 1 0 Mouvements de crispation, tressaillement 1 0 Tremor 1 0 Serrer les poings 1 0 1 0 1 0 Non ventilable 1 0 Mord le tube endotrachéal 1 0 Gémissement, plaintes 1 0 Cris ou hurlements 1 0 Soupir 1 0 Tolérance à la ventilation Lutte contre le ventilateur artificielle Tousse OU Signes vocaux Etendue du score 0-19 (ou 20) Note. Les indicateurs tolérance à la ventilation articificielle ou signes vocaux sont à choisir en fonction de la situation clinique du patient. 285 Vérification de la validité Les résultats présentés dans cette section visent à répondre au quatrième objectif de cette étape, c’est-à-dire vérifier la validité des indicateurs et des descripteurs de la douleur pour les personnes cérébrolésées. Dans un premier temps, la validité critériée est présentée avec l’examen de la validité concomitante. Dans un deuxième temps, les tests de la validité de construit sont exposés avec la vérification de la validité convergente et divergente. Vérification de la validité concomitante Dans le groupe des patients communicants, 18 (43,9%) disent avoir mal au repos (T1) lorsqu’on leur pose la question «Avez-vous mal ? oui ou non». Lors de stimulation nociceptive (T3), le nombre de patients douloureux augmente à 25 patients (61%). Lorsque l’on compare les résultats obtenus à T1 et T3, on obtient une différence statistiquement significative [ 2(1, N=40)=4,00, p=0,039]. Ce résultat signifie que les patients communicants ont plus fréquemment mal lors de stimulation nociceptive à T3 qu’au repos à T1. Parmi, les patients communicants capables de répondre à la question «Avez-vous mal ? oui ou non», seuls 27 (58,7%) d’entre eux ont pu mesurer l’intensité de leur douleur sur une échelle numérique verbale 0-10 (ENpat) au repos et 30 (65,2%) lors de la stimulation nociceptive. La comparaison des scores médians de l’ensemble du groupe des patients communicants entre le repos et la stimulation nociceptive ne montre pas de différence statistiquement significative entre T1 et T3 (Z=1,434, p=0,160, r=0,27). Cependant, lorsque l’on divise le groupe des patients communicants en douloureux et non-douloureux en fonction de leur réponse à la question « Avez-vous mal ? oui ou non », on constate une différence statistiquement significative entre les scores médians de douleur (ENpat) des patients 286 douloureux et non douloureux au repos (Z=4,544, p=0,000, r=0,84) et lors de stimulations nociceptives (Z=4,491, p=0,000, r=0,78). Ces résultats signifient que certains patients ont une source de douleur autre que la latéralisation et que la latéralisation réalisée en T3 n’a pas augmenté leur perception de la douleur. Il n’existe pas de corrélation significative entre le score total obtenu sur la troisième liste d’indicateurs et de descripteurs, et l’auto-évaluation du patient avec l’échelle numérique verbale (ENpat) au repos (rs=0,332, p=0,093, n=27). Toutefois lors de la stimulation nociceptive, la corrélation est statistiquement significative (rs=0,527, p=0,003, n=30). La comparaison entre les scores obtenus avec la troisième liste d’observation et les résultats de l’auto-évaluation de la douleur avec la question « Avez-vous mal ? oui ou non » est présentée dans le tableau 35. Il faut préciser que cette analyse a été réalisée uniquement chez les patients communicants et vocaux. Les scores sont plus élevés sur la liste d’observation lors de douleur que lors de non douleurs avec des différences statistiquement significatives. Cela signifie que la liste permet de différencier entre les patients communicants douloureux et non douloureux aussi bien au repos que lors de stimulation nociceptive. Tableau 35. Médiane, étendue et comparaison du score total de la liste d’observation chez les patients communicants vocaux avec une auto-évaluation de douleur présente ou absente à T1 et T3 Temps de mesures Douleur présente Douleur absente N n Md E Md Z E T1 (au repos) 17 5 7 22 1 7 2,614* T3 (stimulation nociceptive) 24 5 13 14 2,5 9 2,852* Note. * p<0,025 287 Vérification de la validité convergente Les infirmières ont attribué un score de douleur >3 à 15,5% (n=18) des patients au repos et à 26,7% (n=32) des patients lors de stimulations nociceptives. La comparaison des scores obtenus au niveau de l’hétéro-évaluation de l’infirmière avec l’échelle numérique verbale (ENinf) entre le repos (Md=0, E=0) et la stimulation nociceptive (Md=2, E=9) montre une différence statistiquement significative (Z=5,093, p<0,000, r= 0,47). La concordance entre l’ENinf et l’ENpat montre un ICC en T1 de 0,768 (CI 0,57-0,88) et en T3 de 0,743 (CI 0,54-0,86). Ces résultats indiquent un accord substantiel (Landis & Koch, 1977), ce qui signifie qu’il existe une concordance entre les évaluations des infirmières et les auto-évaluations du patient. Les valeurs des coefficients de corrélation de Spearman rho calculés au repos et lors de stimulations nociceptives entre le score total obtenus sur la liste d’observation et l’ENinf sont présentées dans le tableau 36. Les résultats montrent des relations statistiquement significatives dans le groupe des patients communicants à chacun des deux temps de mesures. Une corrélation significative est également retrouvée lors de la stimulation nociceptive chez les patients avec des réponses stéréotypées et une corrélation positive modérée (non significative) au repos. Cependant aucune corrélation significative n’est retrouvée dans le groupe des patients avec des réponses dirigées. Une corrélation négative est même retrouvée au repos dans ce groupe de patients. 288 Tableau 36. Corrélation entre ENinf et le score total des observations T1 T3 Groupes rs P rs P Patients avec réponse stéréotypée (n=37) 0,359 0,029 0,394 0,017 Patients avec réponse dirigée (n=31) -0,019 0,969 0,352 0,066 Patients communicants (n=42) 0,384 0,011 0,444 0,003 Note. Les valeurs statistiquement significatives sont en gras au seuil de signification ajusté à 0,025. Vérification de la validité divergente Description des indicateurs au repos, lors de stimulations non nociceptives et lors de stimulations nociceptives pour chaque groupe de patients Dans un premier temps, les résultats descriptifs sont présentés pour chaque groupe de patients dans le tableau 37. La médiane et l’étendue obtenues pour chacun des indicateurs sont présentées ainsi que le score total. Le score des indicateurs est calculé en faisant la somme des descripteurs présents lors de l’observation et le score total est la somme des scores des indicateurs. Il faut souligner que la tolérance à la ventilation artificielle a été mesurée uniquement chez les patients avec des réponses stéréotypées et pour ceux avec des réponses dirigées. Chez les patients communicants, les signes vocaux ont été considérés et les mesures réalisées au repos et lors de stimulation nociceptive. 289 Tableau 37. Médiane, étendue des indicateurs pour chaque temps de mesure et chaque groupe de patients Patients avec des réponses stéréotypées (n=37) T1 Indicateurs T2 T3 Md E Md E Md E Expression faciale 0 5 1 6 2 8 Mouvements corporels 0 1 0 1 0 2 Tension musculaire 0 5 0 5 0 5 Ventilation 0 4 0 4 2 4 Total 0 8 2 11 5,5 15 Patients avec des réponses dirigées (n=31) Indicateurs T1 T2 T3 Md E Md E Md E Expression faciale 0 5 2 6 2 6 Mouvements corporels 0 2 0 1 0 3 Tension musculaire 0 2 0 2 1 3 Tolérance à la ventilation 0 1 0 1 0 4 Total 1 9 3 8 4 12 Patients communicants (n=42) Indicateurs T1 Md T3 E Md E Expression faciale 2 5 3 7 Mouvement corporels 0 3 0 3 Tension musculaire 0 3 0 3 Signes vocaux 0 2 0 3 Total 2 7 4 12 Note. Md=médiane ; E= étendue 290 Les résultats montrent que l’expression faciale est l’indicateur qui se modifie avec le plus d’amplitude dans l’ensemble des groupes de patient. Cependant pour le groupe des patients avec des réponses dirigées, l’expression faciale se modifie essentiellement entre le repos (T1) et la stimulation non-nociceptive (T2). Chez le groupe des patients communicants, l’expression faciale est le seul indicateur dont la médiane se modifie entre les mesures. On constate également que la médiane de l’indicateur mouvements corporels se modifie dans aucun des groupes. Quant à la tension musculaire, elle augmente uniquement à T3 chez les patients avec des réponses dirigées. Dans le groupe des patients avec des réponses stéréotypées, le score des indicateurs expression faciale et ventilation augmente de façon linéaire entre T1 et T3. La tolérance à la ventilation artificielle se modifie uniquement dans le groupe des patients stéréotypés et à T3. Les scores totaux obtenus pour chaque temps de mesure sont illustrés dans la figure 19. On constate que dans les groupes des patients avec des réponses dirigées et stéréotypées, les scores augmentent à chaque temps de mesure. Le score le plus élevé est obtenu par le groupe des patients stéréotypés, les deux autres groupes étant très proche. Ce graphique permet de constater que les patients communicants ont le score total le plus élevé au repos (T1). Les patients avec des réponses stéréotypées ont un score total à 0 au repos, par contre ils ont le score le plus élevé lors de stimulations nociceptives à T3. 291 6 5 score total 4 stéréotypé 3 dirigé 2 communicant 1 0 T1 T2 T3 Figure 19. Scores médians totaux obtenus par chaque groupe de patients (N=110) Comparaison des scores entre les temps de mesures pour chaque groupe de patients Des comparaisons ont été réalisées pour chaque groupe de patients entre les scores obtenus au repos (T1) et lors de stimulations non nociceptives (T2), au repos (T1) et lors de stimulations nociceptives (T3), ainsi que les scores obtenus lors de stimulations non nociceptives (T2) et lors de stimulations nociceptives (T3). Ces comparaisons ont été réalisées pour chaque indicateur et pour le score total. Les résultats sont présentés dans le tableau 38 pour chaque groupe de patients. 292 Tableau 38. Comparaisons des scores entre les temps de mesures pour chaque groupe de patients Patients avec des réponses stéréotypées (n=37) T1 à T2 Indicateurs T1 à T3 T2 à T3 Z r Z r Z r Expression faciale 3,714** 0,43 4,822** 0,56 4,026** 0,46 Mouvements corporels 1,000 0,12 1,890 0,22 0,816 0,09 Tension musculaire 2,716* 0,44 2,622* 0,31 0,511 0,06 Ventilation 1,997 0,23 4,612** 0,54 4,459** 0,52 Score total 3,229* 0,38 5,023** 0,59 4,852** 0,56 Patients avec des réponses dirigées (n=31) Indicateurs T1 à T2 T1 à T3 T2 à T3 Z r Z r Expression faciale 2,647** 0,34 3,295** Mouvements corporels 2,530** 0,32 Tension musculaire 1,299 0,16 Ventilation 0,000 Score total 3,181* 0,43 Z r 0,42 1,187 0,24 1,511 0,19 0,643 0,08 2,005 0,25 1,492 0,19 2,488* 0,31 2,699* 0,34 3,033* 0,41 0,965 0,12 Patients communicants (n=42) Indicateurs Expression faciale Mouvements corporels Tension musculaire Signes vocaux Score total T1 à T3 Z r 3,745** 0,40 1,495 0,16 3,573** 0,39 1,604 0,18 3,812** 0,42 Note. Test de Wilcoxon pour les groupes appariés, seuil statistique de signification ajusté à 0,016. * p<0,016 ; ** p<0,000 293 Chez les patients avec des réponses stéréotypées, une différence statistiquement significative est trouvée entre T1-T2 et entre T1-T3. Ceci signifie que ces patients réagissent de façon statistiquement significative à une stimulation non-nociceptive. On remarque dans ce même groupe de patients que les mouvements corporels ne se modifient pas entre les temps de mesures, alors que l’expression faciale et la tension musculaire se modifient entre chaque temps de mesures. Quant à la ventilation, elle se modifie uniquement lors de la stimulation nociceptive. Chez les patients avec une réponse dirigée, les analyses montrent une différence statistiquement significative entre T1-T2, ainsi qu’entre T1-T3. Cependant il n’y a pas de différence statistiquement significative entre T2-T3, ce qui indique que les patients réagissent à la stimulation. Seule la ventilation se modifie entre T2-T3. Chez les patients communicants, on observe une différence statistiquement significative entre T1 et T3. Les modifications sont essentiellement observées au niveau de l’expression faciale et de la tension musculaire. Les mouvements corporels et les signes vocaux contribuent peu au changement de comportements observés. Ce chapitre a présenté l’analyse détaillée des résultats du test en clinique des indicateurs et des descripteurs de la douleur pour les personnes cérébrolésées. Dans le chapitre suivant, ces résultats seront mis en perspective. DISCUSSION 295 Cette étude avait pour but d’identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur comportementaux, vocaux et physiologiques chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs qui pourraient être intégrés à un instrument d’évaluation de la douleur. La première phase de cette étude a permis d’identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur. La deuxième phase avait pour but de vérifier les propriétés psychométriques des descripteurs et indicateurs en examinant de façon séquentielle: a) leur validité de contenu, b) la description des indicateurs et descripteurs au repos et lors de nociception, c) la description des indicateurs et descripteurs en fonction de l’état de conscience, d) la sélection des indicateurs et descripteurs en fonction de leur performance, e) la vérification de la validité de critère et de construit. La validité de contenu a déjà été présentée et discutée, c’est pourquoi ce chapitre se centre sur les résultats du test des indicateurs et des descripteurs auprès de 116 personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Dans un premier temps, les résultats de chaque séquence sont mis en perspective avec les connaissances déjà établies. Les forces et les limites de chaque séquence méthodologique sont brièvement discutées. Finalement, une discussion globale des résultats, des pistes pour la recherche et la pratique clinique terminent ce chapitre. 296 Synthèse et mise en perspective Le test de l’instrument a été réalisé auprès d’un échantillon de 116 personnes cérébrolésées avec des niveaux de conscience différents. Dans la mesure, où les réactions à la stimulation nociceptive sont différentes selon l’état de conscience, ce critère a été retenu pour classer les patients dans les groupes. Le groupe des patients « communicants » comprenait les patients cérébrolésés qui étaient capables de communiquer à propos de leur douleur verbalement ou avec des gestes. Il peut être considéré comme le groupe contrôle. Le groupe des patients avec des réponses dirigées comprenait des patients qui avaient des mouvements dirigés vers la source de nociception ou qui cherchait à s’en éloigner. Finalement, le groupe des patients avec des réponses stéréotypées comprenait des patients qui avaient des mouvements réflexes en flexion ou extension ou une absence de mouvements. Ce dernier groupe regroupait les patients dont l’état de conscience était le plus altéré aux moments des mesures. Description de l’échantillon Les caractéristiques des patients diffèrent en fonction des groupes de patients. Les patients communicants ont un index de sévérité de la maladie SAPS II statistiquement plus bas et un état de conscience meilleur que les autres groupes. A l’inverse, les patients avec des réponses stéréotypées ont des scores sur les échelles de conscience et de sédation statistiquement plus bas, ainsi qu’un score SAPS II plus élevé que les deux autres groupes. Ces différences ne sont pas surprenantes, car la sévérité de la lésion cérébrale va influencer le score de sévérité de la maladie et l’état de conscience. De plus, la sévérité de l’atteinte va nécessiter la mise en place d’une analgo-sédation pour prévenir la survenue d’une lésion 297 cérébrale secondaire (Beydon, 2005 ; Mirski 2007), ce qui va influer sur le score de sédation et diminuer artificiellement leur état de conscience. Les patients communicants appartiennent essentiellement au groupe de patients avec des signes vocaux, seul six patients communicants (13%) ont une assistance ventilatoire et onze (23,9%) sont intubés ou trachéotomisés. Chez les patients avec des réponses dirigées, seul cinq patients (15,2%) ne sont pas porteurs d’un tube endotrachéal et donc capable d’émettre des sons. Les patients avec des réponses stéréotypées sont tous soit intubés ou trachéotomisés, donc incapables d’émettre des sons. Cette répartition inégale des patients sous assistance ventilatoire dans les groupes s’expliquent par la différence de l’état de conscience entre les groupes. Elle va cependant influer sur les résultats, car les descripteurs liés aux signes vocaux n’ont pas pu être observés chez les patients avec des réponses stéréotypées. De plus, lors des comparaisons entre les groupes, il n’a pas été possible de considérer les patients sous assistance ventilatoire appartenant au groupe de patients communicants et les patients vocaux appartenant au groupe des patients avec des réponses dirigées en raison de la petite taille de ces sous-groupes de patients. Ces patients ont par contre été inclus dans les analyses portant sur l’ensemble de l’échantillon. Il existe donc des différences entre les groupes de patients liées à leur état de conscience différent. Dans la mesure, où l’état de conscience peut modifier les réponses à la douleur (Schnakers et al., 2010), il était important de les prendre en compte dans la présente étude. 298 Description des descripteurs au repos, lors de stimulations non nociceptives et lors de stimulations nociceptives. La description des descripteurs au repos et lors de stimulation nociceptive a été réalisée sur l’ensemble du collectif. Les descripteurs les plus observés lors de la stimulation nociceptive sont la fermeture des yeux (58,6%) et les mouvements oculaires (57,8%). Ces mêmes descripteurs sont retrouvés chez plus de 30% des patients au repos. Ceci pourrait indiquer qu’ils ne sont pas spécifiques à la douleur. Certains auteurs considèrent qu’un descripteur est non spécifique lorsqu’il est présent dans plus de 20% des cas en l’absence de stimulus nociceptif (B. Stevens et al., 1996). Cependant, dans le cadre de la présente étude, la fréquence de ces descripteurs augmente de façon statistiquement significative entre T1-T3, ce qui indique une réponse de ce descripteur à la stimulation nociceptive. Les descripteurs front plissé et abaissement des paupières et contraction des muscles périorbitaux sont retrouvés chez 50% (n=58) respectivement 40,5% (n=47) des patients lors de stimulation nociceptive (T3). Il faut relever que ces deux descripteurs sont décrits comme central dans l’expression faciale de la douleur, car ils ont été décrits comme présents lors de douleur à tous les âges de la vie (Prkachin, 2002, 2009). Il en est de même pour le descripteur relèvement de la lèvre supérieure qui cependant n’a été retrouvé que dans 10,3% (n=12) des patients de la présente étude lors de stimulations nociceptives. Dans la mesure où 62,9% (n=73) de la population étudiée était intubée, la fixation du tube endotrachéal peut avoir modifié l’expression faciale au niveau des lèvres. Ceci pourrait expliquer pourquoi le descripteur relèvement de la lèvre supérieure a été peu observé et remet en cause sa pertinence pour les personnes intubées. 299 Au niveau de la tension musculaire, la rigidité musculaire et la résistance aux mouvements sont observés plus fréquemment lors de stimulation nociceptive (37,9%, n= 44) qu’au repos (20,7%, n=24) avec des différences statistiquement significatives. Ces résultats concordent avec ceux des études antérieures (Gelinas & Arbour, 2009 ; Puntillo et al.,2004). Dans leur étude auprès de 257 patients de soins intensifs, Gelinas & Arbour (2009, décrivent 55,6% (n=143) de patients tendus/rigides lors de stimulations nociceptives versus 32,3% (n=83) au repos. Il en est de même pour Puntillo et al. (2004), qui dans leur étude multicentrique auprès de 5954 patients de soins intensifs ont observé de la rigidité chez 26,8% (n=1146) des patients algiques versus 6,4% (n= 100) chez les patients non algiques. La rigidité musculaire semble donc être un descripteur pertinent dans l’évaluation de la douleur chez les patients de soins intensifs et la présente étude confirme sa pertinence pour les personnes cérébrolésées aux soins intensifs. L’ensemble des descripteurs liés à la tolérance à la ventilation a été observé plus fréquemment lors de stimulations nociceptives qu’au repos, avec une différence statistiquement significative. Ces résultats sont comparables à d’autres travaux qui ont aussi constaté une augmentation de la fréquence de ces descripteurs lors de la latéralisation (Aissaoui et al.,2005 ; Gelinas & Arbour, 2009). Gelinas & Arbour (2009) ont également décrit pour ces descripteurs une fréquence plus élevée chez les patients (n=106) avec une autoévaluation positive de douleur versus les patients sans douleur (n=35) [ 2= 28,35, df=2, p≤ 0,001]. Dans la présente étude, les descripteurs vocaux ont été peu observés. La taille de l’échantillon des patients vocaux (n=45) explique peut-être qu’il n’y a pas de différence statistiquement significative entre les fréquences retrouvées au repos ou lors de stimulation 300 nociceptive. En effet, les résultats de la présente étude ne confirment pas ceux de Gelinas (2004) qui a retrouvé 35,2% (n=37) de gémissement/soupirs et 2,9% (n=3) de cris/pleurs lors de stimulations nociceptives dans son collectif de 105 patients en post-chirurgie cardiaque. Ces résultats sont similaires au niveau des pourcentages à ceux de la présente étude, mais différents au niveau de la taille de l’échantillon. De plus, chez les patients capables de fournir une auto-évaluation de leur douleur, les trois patients qui ont présenté des cris ou hurlements lors de la stimulation nociceptive ont tous auto-rapporté de la douleur. Concernant les gémissements ou les plaintes, sept patients gémissants (77,7%) ont auto-rapporté de la douleur au repos et dix (76,9%) lors de la stimulation nociceptive. Pour le descripteur soupir, deux ont auto-rapporté de la douleur au repos et trois lors de la stimulation nociceptive. La fréquence de dix descripteurs augmente de façon statistiquement significative entre le repos et la stimulation non nociceptive. Il s’agit des descripteurs front plissé et abaissement des paupières, de la contraction des muscles péri-orbitaux, de la fermeture des yeux, des mouvements oculaires, des mouvements de flexion, des mouvements stéréotypés, de la rigidité musculaire, de l’augmentation de la fréquence cardiaque et de l’augmentation de la pression artérielle systolique. Cela signifie que ces descripteurs sont sensibles à une stimulation non-nociceptive, soit l’appel du patient ou une friction du sternum. La réponse des indicateurs de la douleur à une stimulation non-nociceptive comme la mesure de la pression artérielle a déjà été observée avec le CPOT (Gelinas & Johnston, 2007) et le BPS (Payen et al., 2001), cependant l’intensité de la réponse augmente lors de la stimulation nociceptive. Dans la présente étude, tous les descripteurs avec une différence statistiquement significative entre T1-T2, ont également un écart de fréquences plus important entre T1-T3, que T1-T2, ce qui est donc comparable aux résultats décrits par Gelinas & Johnston (2007) et Payen et al. (2001). 301 Le point fort de cette description des indicateurs et descripteurs potentiels de la douleur est de porter sur un échantillon plus important de personnes cérébrolésées que les travaux antérieurs (Gelinas & Arbour, 2009; Le et al., in press). De plus, la fréquence de chaque descripteur est présentée et pas seulement un score global pour chaque indicateur. Ceci permet une évaluation plus précise, ainsi que d’identifier spécifiquement les indicateurs et les descripteurs pertinents pour la population des personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Description des indicateurs et descripteurs entre les groupes de patients. Trois groupes de patients ont été constitués pour ces analyses en fonction de leurs réponses à la stimulation nociceptive. Concernant les descripteurs liés à l’expression faciale, des différences sont présentes au niveau de la fermeture des yeux aussi bien au repos que lors de stimulations nociceptives: les patients avec des réponses stéréotypées ayant moins de mouvement de fermeture des yeux que les autres groupes. Ces mêmes patients ont moins de mouvements oculaires que les autres groupes au repos. Toutefois, lors de la stimulation nociceptive, la contraction de la mâchoire/serrement des dents et la soudaine rougeur du visage sont observées plus fréquemment de façon statistiquement significative chez les patients avec des réponses stéréotypées. A ce jour et à l’état de nos connaissances, ces deux descripteurs ne sont pas décrits comme étant spécifiques aux patients avec des réponses stéréotypées dans la littérature. Cependant Le et al. (in press), dans leur étude pilote observationnelle auprès de dix patients traumatisés crâniens, ont aussi retrouvé la rougeur soudaine du visage chez trois patients (30%) lors de stimulation de la latéralisation. De plus la contraction de la mâchoire a été décrite lors de la consultation des cliniciens dans la première phase de ce travail. 302 Au niveau des mouvements corporels, les proportions de mouvements de flexion et de mouvements stéréotypés sont différentes entre les groupes de patients. Ceci n’est pas étonnant dans la mesure où ce sont ces descripteurs qui ont été utilisés pour différencier les groupes en fonction des réactions motrices à un stimulus nociceptif. De plus, on retrouve plus fréquemment chez les patients stéréotypés, des mouvements de crispation/tressaillement au repos et du tremor lors de la stimulation nociceptive. Ces descripteurs n’ont pas été décrits par les autres auteurs comme étant typiques des patients cérébrolésés. Il est vrai que ces comportements ne sont observés que dans 14,7% (n=17) pour les mouvements de crispation/tressaillements et 5,2% (n=6) pour le tremor lors de stimulation nociceptive. Il est donc possible que Le et al. (in press) n’aient pas observé ces comportements en raison de la petite taille de leur échantillon. Il faut toutefois relever que dans l’étude de Le et al. (in press), la moitié des patients considérés présentait une augmentation de leur tonus musculaire. Les experts décrivent l’augmentation de la tension musculaire et la spasticité comme typiques des patients avec un traumatisme crânien modéré à sévère, c’est-à-dire avec un score de Glasgow inférieur à 12 (Ivanhoe & Hartman, 2004; J. A. Young, 2007). Les mouvements de crispation/tressaillement et le tremor, décrits dans la présente étude, peuvent être associés à des descripteurs liés à l’augmentation du tonus musculaire. Il faut cependant relever, que les patients avec des réponses dirigées et les patients avec des réponses stéréotypées avaient des scores de Glasgow inférieur à 12, alors que seuls les patients avec des réponses stéréotypées ont présenté une augmentation de leur spasticité. Au niveau de la tolérance à la ventilation, des différences existent entre les groupes de patients, elles sont cependant à considérer avec prudence. En effet, on peut se demander, si l’augmentation du tonus musculaire observée de façon plus importante chez les patients avec des réponses stéréotypées n’explique pas la fréquence plus importante des signes 303 d’intolérance à la ventilation mécanique retrouvée dans ce groupe lors de la latéralisation. En effet, la tension musculaire peut augmenter les pressions intra thoraciques et donc déclencher les alarmes de haute pression du ventilateur, ou peut diminuer le volume courant insufflé qui n’est donc pas délivré. Ces manifestations sont des signes de lutte contre le ventilateur et donc d’intolérance à la ventilation mécanique. Pour les signes vocaux, la majorité des patients appartenaient au groupe des patients communicants (91%, n=42), il est donc difficile de comparer les résultats entre les groupes, car la taille de l’échantillon des patients vocaux avec des réponses dirigées est trop petite. En résumé, il existe des différences entre les trois groupes de patients au niveau des descripteurs de la douleur. Le groupe des patients stéréotypés se distingue avec plus de contraction de la mâchoire/serrement des dents, de soudaine rougeur du visage, de mouvements stéréotypés, de mouvements de crispation/tressaillement et de tremor. Ces comportements peuvent être associés à une augmentation du tonus musculaire déjà décrite par d’autres auteurs chez les traumatisés crâniens (Ivanhoe & Hartman, 2004). Finalement, les mouvements oculaires et la fermeture des yeux sont essentiellement retrouvés chez les patients communicants. Dans le cadre de ce travail, les descripteurs sont présentés de façon détaillée en fonction des trois groupes de patients et donc en fonction de l’état de conscience, ce qui à notre connaissance n’a pas été réalisé par d’autres. Schnakers et al. (2010) ont décrit des différences dans l’intensité des réponses à la douleur liés à l’état de conscience en fonction du score obtenu avec leur instrument la Nociception Coma Scale, mais ces auteurs n’ont pas décrit les différences entre les descripteurs observés en fonction de l’état de conscience. 304 Sélection des indicateurs et des descripteurs en fonction de leur performance Sélection des descripteurs en fonction de la fréquence d’observation. La sélection des indicateurs et descripteurs a été séquentielle. Dans un premier temps, les descripteurs ont été supprimés, si leur fréquence était inférieure à 5% ou supérieure à 95% lors de la stimulation nociceptive. Cinq descripteurs ont une fréquence inférieure à 5% lors de stimulations nociceptives, aucun descripteur n’a une fréquence supérieure à 95%. Au niveau de l’expression faciale, les larmes ont été retrouvées dans moins de 5% (n=5) des observations. Ces résultats sont en contradiction avec l’étude pilote observationnelle où la moitié des traumatisés crâniens présentaient des larmes lors de la stimulation nociceptive (Le et al., in press). Cette différence s’explique peut-être par l’usage de pommade ophtalmique pour protéger la cornée chez les patients inconscients dans les deux services de soins intensifs inclus dans la présente étude. Selon C.Gelinas (communication personnelle, le 18 avril 2012), l’usage de pommade ophtalmique ne fait pas partie des standards de soins dans le service de soins intensifs ayant participé à l’étude observationnelle de Le et al. (in press). Au niveau des mouvements corporels, les descripteurs tire sur ses tubes et essaie de s’asseoir dans le lit sont observés dans moins de 5% des situations. Ces résultats concordent avec ceux déjà décrits dans la littérature. En effet, Gelinas & Arbour (2009) ont retrouvé des descripteurs liés à l’agitation chez seulement 9,7% (n=14) des patients conscients et 3,5 % (n=4) des patients inconscients lors de stimulation nociceptive. Dans l’étude d’Ahlers et al. (2010), les patients agités étaient rares, même lorsqu’ils avaient des scores supérieurs à 4 sur l’échelle numérique d’évaluation de la douleur de 0-10. L’agitation et ses manifestations 305 peuvent mettre le patient en danger, par exemple en favorisant les extubations accidentelles (Ely et al., 2004; Woods et al., 2004) ou en blessant le patient et les soignants (Haslam et al., 2012). C’est pourquoi, les soignants interviennent pour prévenir cette agitation notamment en administrant de la sédation (Aitken, Marshall, Elliott, & McKinley, 2009; Guttormson, Chlan, Weinert, & Savik, 2010), ce qui peut expliquer pourquoi ces descripteurs ont été peu observés dans la présente étude. Au niveau des signes vocaux, les pleurs n’ont jamais été observés dans l’échantillon étudié, alors qu’ils avaient été considérés comme pertinents par l’ensemble des experts lors de la validation de contenu. A noter que Gelinas (2004) a retrouvé seulement 2,9% (n=3) de cri/pleurs lors de stimulations nociceptives chez les patients en post-opératoire de chirurgie cardiaque. La faible prévalence de ce descripteur est donc confirmée dans la présente étude et rend son usage non pertinent dans l’évaluation de la douleur chez les adultes. Au niveau des signes physiologiques, la dilatation pupillaire a été observée dans moins de 5% (n=2) des cas. Il faut souligner que seules 31 observations ont été réalisées pour coter ce descripteur. En effet, la mesure est difficile à effectuer lorsque l’iris est de la même couleur que la pupille, lors de myosis serrée, lors de tuméfaction de la paupière ou lorsque le patient est en position latérale comme lors de la stimulation nociceptive réalisée dans cette étude. De plus, il existe de grandes variabilités dans les mesures du diamètre de la pupille réalisées par les cliniciens au lit du patient, rendant cette mesure peu fiable (Clark, Clarke, Gregson, Hooker, & Chambers, 2006). Des difficultés de mesures de la dilatation pupillaire sont aussi rapportées par Jeitziner et al. (2012) qui n’ont pas retrouvé de modification de la dilatation pupillaire entre le repos et la stimulation nociceptive lorsque les cliniciens mesuraient ce descripteur à l’aide d’une lampe de poche au lit du patient. Ces 306 auteurs ont émis l’hypothèse que leur méthode de mesure ne permettait pas de détecter une modification de la taille de la pupille (Jeitziner et al., 2012). Cependant divers travaux montrent que le réflexe de dilatation pupillaire est lié au stimulus douloureux et pourrait donc avoir son intérêt dans l’évaluation de la douleur lors de gestes douloureux (Li et al., 2009; Payen et al., 2012). Il faut toutefois préciser que ces études utilisent un pupillomètre fixé sur le visage avec un enregistrement en continu au niveau de la surface de la pupille. Ce type de mesure nécessite un appareillage spécifique et est malaisée en position latérale (Payen et al., 2012), ce qui ne rend pas son usage en clinique possible. De plus, la fiabilité de la mesure reste à prouver chez la personne cérébrolésée (Payen et al., 2012). Dans un deuxième temps, les descripteurs rencontrés plus fréquemment au repos que lors de la stimulation nociceptive ont été supprimés. Un seul descripteur correspond à ce cas de figure : l’activité motrice constante. Ceci n’a pas été décrit pas d’autres auteurs et s’explique difficilement. On peut supposer que la latéralisation d’un patient de soins intensifs (la stimulation nociceptive) implique qu’un soignant le prenne dans ses bras pour effectuer le geste, et qu’il en résulte une diminution des mouvements du patient. En résumé, la description des indicateurs et des descripteurs a permis d’éliminer six descripteurs : larmes, tire sur ses tubes, essaie de s’asseoir dans le lit, activité motrice constante, pleurs, dilatation pupillaire. Sélection des descripteurs en fonction de la cohérence interne. Les valeurs du coefficient de corrélation KR-20 sont supérieures à 0,7 pour les trois groupes de patients. Cependant, cette valeur est fortement influencée par le nombre total d’énoncés d’un instrument. Lorsque le nombre est supérieur à 14 (comme dans la présente 307 étude), il est rare que le coefficient de corrélation soit inférieur à 0,7 (Streiner & Norman, 2008). La valeur du coefficient de corrélation retrouvée dans la présente étude est donc une valeur acceptable pour un instrument en voie de développement. Au niveau de la corrélation interénoncé, elle varie selon les énoncés et entre les groupes. Ceci reflète les différences de fréquences des descripteurs observées en fonction des groupes de patients considérés. On retrouve des corrélations négatives pour certains descripteurs, notamment la fixation du regard chez les patients avec des réponses dirigées. Cependant, ces mêmes descripteurs ont des corrélations supérieures à 0,3 dans les autres groupes de patients indiquant à nouveau que les réactions sont différentes d’un groupe à l’autre. Une valeur de corrélation interénoncé inférieure à 0,2 a été retrouvée dans les trois groupes de patients pour un seul descripteur : mouvements stéréotypés. Ces résultats suggèrent que ce descripteur mesure un autre construit, c’est pourquoi il a été éliminé. Sélection des descripteurs selon leur fiabilité inter-juges. Dans l’ensemble, les pourcentages d’accord sont supérieurs à 85%, cependant les résultats montrent que les valeurs des coefficients kappa sont plus basses au repos à T1. Dans la mesure où les descripteurs ont été moins observés au repos que lors des autres temps de mesures, ces résultats peuvent s’expliquer par la grande sensibilité du coefficient kappa lors de fréquences basses (Pett, 1997). Cependant, certains descripteurs obtiennent des valeurs kappa inférieures à 0,4, alors qu’ils sont présents dans plus de 10% des observations. Au niveau de l’expression faciale, il s’agit de la contraction des muscles péri-orbitaux, la fermeture des yeux, les 308 mouvements oculaires, la fixation du regard et du relèvement de la lèvre supérieure. Au niveau des signes physiologiques, c’est le cas pour la majorité des observations, sauf la fréquence respiratoire et la pression artérielle systolique lors de stimulations nociceptives. Ces résultats semblent indiquer que les observateurs ont peut-être éprouvé des difficultés à coter ces descripteurs. Différents éléments peuvent expliquer ces résultats. Premièrement, certains des descripteurs au niveau de l’expression faciale, comme par exemple la fermeture des yeux ou les mouvements oculaires, nécessitent une observation attentive et leur intensité peut varier. De plus, il existe une part de subjectivité dans la décision concernant la présence d’un descripteur : quel est le critère minimal pour déterminer sa présence ou son absence (Prkachin, 2009). Il peut parfois être difficile de discriminer entre une contraction des muscles péri-orbitaux et des plis de la peau. Deuxièmement, en fonction du positionnement de l’observateur par rapport au patient, il est possible que certains signes n’aient pas pu être observés de façon optimale. Troisièmement, la liste des descripteurs était longue et demandait une observation simultanée des diverses parties du corps et du monitorage de chevet. Il est compréhensible que certains éléments aient pu être mal observés dans ce contexte. Finalement, en clinique les observations des modifications des signes vitaux sont réalisées au cours du temps et non limitées précisément à une minute. Cette contrainte inhabituelle pour les observateurs a pu nuire à la fiabilité de la mesure, même s’ils devaient documenter l’heure exacte indiquée sur le moniteur de chevet lorsqu’ils débutaient leur minute d’observation. La présente étude expose en détail la mesure de la fiabilité inter juge des descripteurs, alors que d’autres travaux ne présentent que les résultats au niveau des 309 indicateurs (Aissaoui et al., 2005; Gelinas et al., 2006; Payen et al., 2001). Il n’est donc pas surprenant que ces données mettent en évidence la difficulté qu’il y a à observer certains descripteurs. De plus, les observations ont été réalisées dans un contexte clinique et l’environnement peut influencer les mesures, notamment au niveau de l’éclairage ou des activités au lit du patient. Il est cependant important de réaliser des mesures dans le contexte dans lequel un instrument doit être utilisé, car c’est ainsi que sa faisabilité et sa fiabilité inter juges peuvent réellement être testées (Gelinas, 2011). Concordance des descripteurs physiologiques observés et mesurés avec les moniteurs de chevet. La concordance entre les mesures physiologiques réalisées lors des observations et par les moniteurs de chevet est insuffisante. Les observateurs surestiment l’intensité des modifications des descripteurs physiologiques. De plus, même si les différences entre le repos et la stimulation nociceptive au niveau de la variabilité des signes physiologiques sont statistiquement significatives pour la fréquence cardiaque et la pression artérielle systolique, elles n’ont pas de significations cliniques. En effet, l’importance de la variation est faible et ne nécessite pas une intervention de la part du clinicien pour la corriger. Au niveau de la pression artérielle systolique lors de la stimulation nociceptive, l’écart-type est important indiquant une grande fluctuation entre les patients. Des changements statistiquement significatifs (p<0,001) ont été retrouvés par Aissaoui et al. (2005) au niveau de la fréquence cardiaque avec une augmentation moyenne de 9 battements par minute entre le repos et la stimulation nociceptive. D’autres auteurs décrivent des différences statistiquement significatives uniquement au niveau de la pression artérielle avec des modifications moyennes variant entre 2 et 9,1mmHg qui n’ont pas 310 d’implication clinique (Gelinas & Arbour, 2009; Jeitziner et al., 2012; Payen et al., 2001). Ces résultats illustrent la différence qui existe entre le seuil de signification statistique et la signification clinique d’un changement (Streiner & Norman, 2008). A notre connaissance aucune étude n’a comparé la variabilité des descripteurs physiologiques cotée par des observateurs au lit du patient avec les valeurs mesurées via les moniteurs de chevet. Certains auteurs (Gelinas & Johnston, 2007; Jeitziner et al., 2012; Payen et al., 2001) ont analysé les données en provenance des moniteurs de chevet. D’autres chercheurs (Arbour & Gelinas, 2010; J. Young et al., 2006) ont considéré les données collectées manuellement par les investigateurs. De plus, il n’existe pas de méthode standardisée au niveau de la durée de l’observation qui peut varier entre quatre (Jeitziner et al., 2012) et une minute (Arbour & Gelinas, 2010; Gelinas & Johnston, 2007). Les fluctuations décrites dans ces études sont donc difficilement comparables, car les signes physiologiques sont susceptibles de varier de façon plus importante en quatre minutes qu’en une minute. Dans le cadre de la présente étude, les observateurs se trouvaient dans une situation similaire à celle d’un clinicien qui réaliserait une évaluation comportementale de la douleur auprès d’une personne cérébrolésée dont il a la charge. C’est pourquoi, les résultats présentés mettent en lumière les difficultés rencontrées par des cliniciens dans la cotation des descripteurs physiologiques, malgré le fait que les observateurs aient été formés et n’étaient pas actifs dans les soins aux patients. Plusieurs éléments peuvent expliquer ces résultats. Premièrement, les observateurs peuvent avoir rencontré des difficultés à se limiter à la définition opérationnelle des descripteurs et avoir coté toute augmentation des paramètres physiologiques comme présente, même si l’augmentation n’atteignait pas le seuil opérationnel défini. Deuxièmement, 311 la limite temporelle de l’observation fixée à une minute a peut-être été une source de biais. En effet, les cliniciens intègrent les comportements du patient et ses réactions tout au long de leur présence avec lui (Connor, 2012). Ils interprètent les signes en fonction de leur connaissance du patient et leur évaluation n’est donc pas limitée à un temps défini. Les observateurs dans cette étude étaient souvent au chevet du patient pour collecter les données pendant des périodes plus longues que les temps d’observation définis par cette étude, dans une situation proche de celle du clinicien. Ils ont peut-être, sans le vouloir, intégré des informations qui allaient au-delà de la minute d’observation. L’une des limites de cette mesure de la concordance entre les mesures des moniteurs de chevet et les observateurs se situe au niveau du non-calibrage par les investigateurs des moniteurs de chevet. Ces moniteurs étaient ceux utilisés en clinique et leur fonctionnement était contrôlé par les cliniciens en charge du patient. Il n’y avait pas d’évaluation de l’impédance de la courbe artérielle pour en vérifier la fiabilité, ni du positionnement des électrodes qui peuvent jouer un rôle dans la mesure de la fréquence respiratoire (Amidei, 2012). Cependant, la récolte de données a été réalisée par des personnes expérimentées et lorsque les données récoltées par les moniteurs de chevet étaient non fiables, comme par exemple des courbes artérielles amorties ou des artéfacts sur les tracés ECG, elles n’ont pas été considérées. 312 Vérification de la validité. Le dernier objectif de la présente étude visait à vérifier la validité des descripteurs et des indicateurs de la douleur sélectionnés selon l’état de conscience, en testant la validité de critère et de construit. Validité concomitante. Lorsque l’on compare les scores obtenus sur la liste d’observation entre les patients qui ont répondu positivement avec ceux qui ont répondu négativement à la question « Avezvous mal ? oui ou non », les scores totaux diffèrent de façon statistiquement significative. Ce qui signifie que la liste d’observation est sensible à la douleur. La corrélation entre les valeurs obtenues avec la liste d’observation et l’autoévaluation de la douleur du patient avec l’ENpat est faible et non significative au repos, ce qui est potentiellement dû à un problème de puissance liée à la petite taille de l’échantillon au repos (analyse de la puissance post hoc : 1- =0,137). En effet, seulement 27 patients ont pu auto évaluer leur douleur sur l’ENpat au repos, alors que ce chiffre est plus élevé lors de la stimulation nociceptive (n=30). Les résultats de la corrélation entre la liste d’observation et l’auto-évaluation de la douleur du patient avec l’ENpat lors de la stimulation nociceptive sont modérés, mais statistiquement significatifs (rs=0,527, p=0,003). Ces résultats concordent avec ceux décrits dans une étude portant sur des patients aux soins intensifs (n=43) après une craniotomie (Kapoustina et al., 2012). Dans cette étude, la corrélation trouvée entre le CPOT et l’auto-évaluation des patients étaient de rs=0,537 (p=0,001). Des coefficients de corrélation entre 0,40 et 0,60 sont considérés comme une valeur acceptable, car l’observation de comportements et l’auto-évaluation par les patients sont de nature différente (Gelinas et al., 313 2008). En effet, l’auto-évaluation intègre l’expérience subjective de la personne, c’est la dimension sensorielle de la douleur. L’observation des comportements se centre sur la dimension comportementale de la douleur. La validité concomitante n’a pu être testée que chez les patients communicants, c’està-dire ceux avec le niveau de conscience le plus élevé et dans un petit collectif. Ces résultats sont donc à considérer avec prudence, car ils auraient pu être différents, s’il avait été possible d’obtenir une forme d’auto-évaluation de la part des patients avec des réponses dirigées et ceux avec des réponses stéréotypées. En effet, on peut supposer que leur perception et sensation de la douleur diffèrent en raison de leur état de conscience. Malgré cela, les résultats de cette mesure soutiennent la validité de critère de la liste d’observation lors de stimulations nociceptives, même si cela n’a été vérifié que chez les patients communicants; car les indicateurs ont été testé pour leur concordance avec la mesure de référence de la douleur : l’auto-évaluation du patient (Herr et al., 2011). Validité convergente. Les infirmières en charge du patient ont évalué la douleur des patients comme plus importante lors de la stimulation nociceptive qu’au repos chez l’ensemble des patients. Un accord substantiel, selon les critères de Landis & Koch (1977), a été trouvé entre l’ENinf et l’ENpat. Ces résultats sont inattendus, car les écrits tendent à montrer que les soignants sous-évaluent la douleur des patients qu’ils ont en charge (Herr et al., 2011; Puntillo et al., 2012). Cependant, ces résultats concordent avec Ahlers et al. (2008) qui ont décrit un accord entre l’auto-évaluation du patient (n=75) sur une échelle numérique et l’hétéroévaluation de l’infirmière à 73% avec une corrélation modérée (r=0,55, p<0,001). Dans le cadre de cette même étude, les investigateurs avaient un accord avec l’auto-évaluation du 314 patient plus faible à 53% et une corrélation basse [r=0,38, p=0,009] (Ahlers et al., 2008). Ces résultats suggèrent que les soignants en charge du patient intègrent d’autres éléments dans leur évaluation de la douleur du patient que ceux qui sont simplement observables à un temps donné par un investigateur. Il est possible que dans la présente étude, la connaissance du patient et le contact prolongé expliquent cette concordance entre les évaluations des infirmières et du patient. La connaissance du patient et la présence sont des éléments clefs dans les soins infirmiers (Swanson, 1993) et influencent le jugement clinique (Tanner, 2006). Il est vrai que le ratio patient-infirmière est élevé dans les services de soins intensifs et le contact avec le patient constant (Piers et al., 2011). De plus, en Suisse, les infirmières travaillant aux soins intensifs bénéficient d’une formation post-grade de deux ans qui contribue à améliorer leurs connaissances des problèmes de santé des patients de soins intensifs et donc leur jugement clinique (Tanner, 2006). Ces facteurs influent certainement sur l’évaluation de la douleur réalisée par les infirmières en charge du patient dans cette étude. Toutefois, les infirmières ont pu être influencées dans leurs évaluations de la douleur, car elles savaient que la latéralisation est un soin douloureux et qu’il n’était pas possible de dissimuler le geste de soins réalisé. La corrélation entre les évaluations des infirmières et la liste d’observation est modérée pour les patients communicants et ceux avec des réponses stéréotypées, mais inexistantes pour les patients avec des réponses dirigées. Ce dernier groupe a un niveau de conscience plus bas avec un niveau de sédation plus profond que les patients communicants et ne présente pas de signes de tension musculaire comme ceux des patients avec des réponses stéréotypées. On peut donc supposer que les signes de douleur sont plus discrets et plus difficiles à percevoir par les infirmières en charge des patients avec des réponses dirigées à la nociception ou qu’il existe une grande variabilité entre les patients. 315 Validité divergente La validité divergente a été testée en vérifiant les changements au niveau des indicateurs et du score total au repos, lors de stimulations non nociceptives et lors de stimulations nociceptives dans les trois groupes de patients. Les résultats montrent des changements significatifs au niveau des scores totaux entre le repos et la stimulation nonnociceptive dans les groupes de patients avec des réponses dirigées et celui avec des réponses stéréotypées. Cependant, dans le groupe des patients avec des réponses dirigées, il n’y a pas de changement statistiquement significatif entre le score total de douleur lors de stimulations non-nociceptives et de stimulations nociceptives. Ces résultats sont discutés pour chaque indicateur ci-dessous. Au niveau des indicateurs, l’expression faciale s’est modifiée entre le repos et la stimulation nociceptive, cependant dans le groupe des patients avec des réponses dirigées, il n’y a pas de modification entre la stimulation non-nociceptive et la stimulation nociceptive. Ces résultats peuvent paraître surprenants dans la mesure où les modifications de l’expression faciale sont considérées comme centrales dans l’évaluation comportementale de la douleur (Arif-Rahu & Grap, 2010; Herr et al., 2011; Prkachin, 2009). Cependant, les descripteurs les plus observés lors de stimulations nociceptives chez les patients avec des réponses dirigées sont la fermeture des yeux (64,5%, n=20) et les mouvements oculaires (54,8%, n=17). Chatelle et al. (2012), dans une étude récente portant sur la Nociceptive Coma Scale (NCS), ont trouvé que l’indicateur portant sur la réponse visuelle à la nociception se modifiait lors de stimulations non nociceptives, mais pas entre une stimulation non nociceptive et une stimulation nociceptive. Dans la mesure, où les deux descripteurs retrouvés le plus fréquemment chez les patients avec des réponses dirigées sont issus de l’indicateur sur la 316 réponse visuelle de la NCS, on peut considérer que nous avons des résultats concordants avec cette étude (Chatelle et al., 2012). Pour les deux autres groupes de patients, d’autres descripteurs sont retrouvés au niveau de l’expression faciale, ce qui peut expliquer pourquoi le groupe des patients avec une réponse dirigée se comporte différemment que les autres au niveau de l’expression faciale. Les mouvements corporels ne se sont pas modifiés de façon significative entre le repos et la stimulation nociceptive dans les trois groupes de patients. Ces résultats sont en contradiction avec ceux d’autres travaux sur l’évaluation comportementale de la douleur (Gelinas et al., 2006; Payen et al., 2001; Voepel-Lewis et al., 2010). Toutefois, lorsque l’on examine attentivement les descripteurs compris dans les indicateurs de mouvements des différents instruments, on remarque qu’ils prennent en compte la tension musculaire (Payen et al., 2001) ou intègrent des éléments liés à l’agitation (Gelinas et al., 2006; Voepel-Lewis et al., 2010). Ces éléments ne sont pas compris dans l’indicateur mouvements corporels de la présente étude. Dans la mesure, où cet indicateur ne se modifie pas de façon significative lors de la stimulation nociceptive, sa pertinence dans le cadre de l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées aux soins intensifs est remise en question. Concernant l’indicateur tension musculaire, on retrouve une différence statistiquement significative chez les patients communicants et chez ceux avec des réponses stéréotypées entre le repos et la stimulation nociceptive. Pour les patients communicants, ces résultats concordent avec ceux décrits par Gelinas & Arbour (2009) qui ont retrouvé des manifestations de tension musculaire lors de nociception chez 72,2% (n=104) des patients conscients et capables de communiquer à propos de leur douleur. Pour le groupe des patients avec des réponses stéréotypées, la fréquence et l’intensité de la tension musculaire augmentent entre 317 la stimulation non nociceptive et la stimulation nociceptive. Ces résultats correspondent aux différences observées entre les groupes de patients au niveau des descripteurs de la tension musculaire, qui mettent en évidence une augmentation du tonus musculaire chez les patients avec des réponses stéréotypées. Cet indicateur semble donc pertinent pour l’évaluation de la douleur chez les personnes avec des réponses stéréotypées. Les résultats sont cependant en contradiction avec les résultats décrits par Gelinas & Arbour (2009) pour les patients avec un traumatisme crânien. En effet, ces auteurs ont trouvé moins de manifestations de tension musculaire chez les traumatisés crâniens (27,9%, n=43), ce qui tend à démontrer que ces patients auraient moins de réactions que les autres. La tolérance à la ventilation mécanique est le seul indicateur qui se modifie de façon significative entre la stimulation non nociceptive et la stimulation nociceptive dans l’ensemble des patients. Ces résultats sont cohérents avec ceux décrits par Payen et al. (2001), ainsi que Gelinas et al. (2006) qui ont retrouvé cet indicateur comme sensible lors de la stimulation nociceptive. Cependant, dans la présente recherche et dans les deux études mentionnées (Gelinas et al., 2006; Payen et al., 2001), la stimulation nociceptive a consisté en une latéralisation des patients. Chez des patients intubés, la latéralisation peut provoquer la toux, car la mobilisation du tube endotrachéal va provoquer ce réflexe. De plus, cet indicateur a été critiqué lors de la première phase de cette étude par les cliniciens qui estimaient les descripteurs liés à la tolérance à la ventilation comme non spécifiques à la douleur. Les signes vocaux ne se sont pas modifiés de façon significative entre le repos et la stimulation nociceptive chez les patients communicants, le seul groupe de patients où cet indicateur a été évalué. Ces résultats sont en contradiction avec ceux de Chanques et al. (2009) qui ont trouvé un large effet (d=3,64) pour l’indicateur lié aux signes vocaux entre le 318 repos et la stimulation nociceptive. Cependant, Chanques et al. (2009) n’ont pas étudié des patients cérébrolésés. En effet, dans leur collectif 84% (n=25) de leurs patients présentaient une confusion mentale, 14% (n=4) avaient une activité motrice constante et seulement 43,3% (n=13) avaient une altération de leur état de vigilance. Il est donc compréhensible que leurs résultats soient différents dans la mesure où les échantillons qui ne sont pas les mêmes. Quant à Gelinas (2004), elle a trouvé 35,2% (n=37) de gémissement, grognement et soupir lors de stimulations nociceptives chez des patients en post-chirurgie cardiaque (n=105). Les résultats de cette étude à l’échantillon important soutiennent ceux de la présente étude. Finalement, les résultats de la présente étude montrent que les patients avec des réponses stéréotypées ont plus de descripteurs présents lors de la stimulation nociceptive que les autres patients. Ces résultats sont en contradiction avec les travaux antérieurs réalisés. En effet, dans une étude portant sur 31 patients de soins intensifs cérébrolésés, les réactions au stimulus nociceptif mesurées avec le CPOT ont été moins importantes chez les patients dont l’état de conscience était le plus altéré (K. Lee, Oh, Suh, & Seo, in press). Des résultats similaires sont décrits par Schnakers et al. (2010) lorsque les réactions à la nociception sont mesurés avec le NCS. Les résultats contradictoires retrouvés entre la présente étude et ces écrits (K. Lee et al., in press; Schnakers, Chatelle, Vanhaudenhuyse, et al., 2010) peuvent s’expliquer par la différence de méthode dans la mesure. Le CPOT et la NCS attribuent un score aux comportements observés et donc tous les comportements n’obtiennent pas le même score. Dans la présente étude, la liste d’observation se présente comme une liste de comportements et chaque comportement observé obtient la même pondération. Les comportements observés chez les personnes avec des réponses stéréotypées ont reçu la même pondération que les comportements observés chez les personnes communicantes, ce qui n’est pas le cas dans les travaux considérés. 319 En résumé, ces analyses avaient pour but de tester la validité divergente des indicateurs. Les résultats font ressortir plusieurs éléments. Premièrement, les mouvements corporels peuvent être supprimés, car ils ne se modifient pas lors de stimulations nociceptives dans les trois groupes de patients. Deuxièmement, la tolérance à la ventilation se modifie entre la stimulation non nociceptive et la stimulation nociceptive. Troisièmement, chez les patients avec des réponses dirigées, le score total ne se modifie pas de façon significative entre la stimulation non nociceptive et la stimulation nociceptive, alors que ces patients ont un score médian de sédation similaire à celui des patients avec des réponses stéréotypées, mais un score pour l’état de conscience plus élevé que le groupe de patients avec des réponses stéréotypées. Ces résultats indiquent que le groupe de patients avec des réponses dirigées réagissaient simplement à la stimulation et non à la nociception. Plusieurs explications sont possibles : 1) ces patients n’ont pas ressenti de douleur lors de la latéralisation, 2) les descripteurs contenus dans la liste d’observation n’étaient pas pertinents pour ces patients, 3) le niveau de sédation de ces patients ne leur permettait pas de manifester des comportements de douleur. Il n’a malheureusement pas été possible de faire des analyses multivariées en contrôlant les résultats en fonction du niveau de sédation. En effet, le postulat de la sphéricité des données n’était pas rempli pour une analyse de la variance par mesures répétées (Field, 2009). Il faut toutefois préciser, que les patients avec des réponses dirigées ont réagi lors de la stimulation non-nociceptive, ce qui tend à infirmer l’hypothèse qu’ils étaient trop sédatés pour manifester des comportements douloureux. Quatrièmement, les patients avec des réponses stéréotypées présentent plus de manifestations de douleurs que les autres groupes de patients, ce qui ne concorde pas avec les résultats décrits par d’autres auteurs à propos des patients avec des atteintes neurologiques importantes. Pour terminer, l’expression 320 faciale est l’indicateur le plus pertinent chez les patients communicants et les patients avec des réponses stéréotypées. Plusieurs limites doivent être mentionnées. La séquence de stimulation était toujours la même et les observateurs savaient qu’elle était la stimulation réalisée. Ils ont pu observer plus de comportements de douleur lorsqu’ils savaient que la stimulation nociceptive était réalisée. De plus, la stimulation nociceptive choisie pouvait générer des biais notamment au niveau de l’indicateur lié à la tolérance à la ventilation artificielle. La majorité des études sur l’évaluation de la douleur aux soins intensifs ont considéré la latéralisation lors des soins comme une stimulation nociceptive (Gelinas et al., 2006, Payen et al., 2001, Chanques et al., 2009), car il s’agit du geste générant le plus de nociception chez les patients de soins intensifs et fréquemment réalisé (Puntillo et al., 2004). D’autres auteurs ont choisi les aspirations endotrachéales comme stimulation nociceptive (Arroyo-Novoa et al., 2008; Jeitziner et al., 2012), un geste qui modifie aussi la tolérance à la ventilation artificielle. Schnakers et al. (2010) ont réalisé une pression au niveau du lit de l’ongle comme stimulation nociceptive dans le cadre de leur étude. Cette procédure soulève une question éthique, car est-il acceptable de réaliser une stimulation nociceptive chez un patient de soins intensifs pour une étude ? Finalement, d’autres chercheurs (Ramelet, Rees, McDonald, Bulsara, & Huijer Abu-Saad, 2007) ont évalué la différence de comportement entre stimulation nociceptive et nonnociceptive lors d’un test aux analgésiques. Cette procédure exige du chercheur qu’il passe de longues heures auprès du participant à l’étude, afin d’être présent lors du test aux analgésiques. Ceci a des conséquences sur la taille de l’échantillon, ou nécessite des ressources importantes. Dans le cas de la présente étude, il était important d’avoir un échantillon permettant de comparer les patients en fonction de leur état de conscience. Le 321 choix de la stimulation nociceptive s’est porté sur le geste douloureux le plus courant aux soins intensifs et pertinent pour les patients sous ventilation mécanique ou vocaux. Une autre limite est liée à la présence de douleurs au repos chez certains patients. En effet, le repos a été associé à une période d’observation « sans douleur », alors que 44,2% (n=19) des patients capables de fournir une auto-évaluation disent avoir mal. La douleur au repos chez les patients de soins intensifs est décrite par d’autres auteurs. Chanques et al. (2007) ont retrouvé dans l’étude DOLOREA que 51% des patients médicaux et chirurgicaux aux soins intensifs (n=230) avaient mal au repos. Ces résultats sont comparables à ceux de Gelinas et al. (2009) qui ont décrit 56,4% de patients algiques au repos parmi des patients (n=99) en post-chirurgie cardiaque immédiate. Même si les résultats de la présente étude sont comparables à d’autres travaux, la présence de douleur au repos affecte la validité interne. Toutefois, le nombre de patients algiques est plus importants lors de la stimulation nociceptive (n=26, 61,9%) qu’au repos, ce qui confirme que la douleur est exacerbée lors de la stimulation nociceptive. Une dernière limite, liée à l’étendue des résultats trouvés, doit être mentionnée. Lors de stimulations nociceptives, les résultats s’étendent de 0 à 15 sur une liste avec une étendue de 0 à 20. La médiane est par contre de 5,5 pour les patients avec des réponses stéréotypées et 4 pour les patients avec des réponses dirigées et communicants. Les scores de cette liste d’observation de la douleur se retrouvent donc essentiellement dans les valeurs basses. Cette prépondérance de valeurs basses peut être problématique, car la fiabilité et la validité de cette liste ont été étudiés uniquement avec des scores bas, il est donc possible qu’avec des scores élevés les résultats eurent été différents (Streiner & Norman, 2008). Toutefois, les comportements sur la liste représentent l’éventail des comportements observables chez les 322 personnes cérébrolésées, il est donc normal que l’ensemble des comportements ne soit pas observé chez une personne donnée, mais spécifique à cette personne, son état de conscience et la nature de sa lésion cérébrale. Cette liste a donc une étendue clinique probablement inférieure à 0 à 20. 323 Synthèse des résultats Les principaux résultats de cette étude peuvent être résumés comme suit : Il y a de grandes variations dans les réponses comportementales à la stimulation nociceptive qui sont probablement dues à la grande hétérogénéité des patients cérébrolésés quant à leur niveau de conscience et quant à la localisation de leur lésion cérébrale. Le groupe des patients stéréotypés présente plus de réactions à la stimulation nociceptive que les autres groupes de patients, ce qui est en contradiction avec les résultats d’études antérieurs auprès de personnes cérébrolésées. Le groupe des patients avec des réponses dirigées réagit essentiellement à une stimulation non nociceptive. En effet, aucune différence statistiquement significative n’a été retrouvée pour les indicateurs de l’expression faciale, des mouvements corporels ou de la tension musculaire entre la stimulation non nociceptive et la stimulation nociceptive dans ce groupe de patients. Ceci laisse supposer que, soit ces patients n’avaient pas de douleur lors de la stimulation nociceptive, soit qu’il recevait une antalgie suffisante, soit que les descripteurs ne sont pas pertinents pour évaluer la douleur dans ce groupe de patients. Les descripteurs physiologiques sont considérés comme un indicateur de douleurs par les cliniciens, toutefois l’observation de ces descripteurs est non fiable et les modifications enregistrées sur les moniteurs de chevet n’ont pas de signification clinique. La liste d’observation des descripteurs testée auprès des patients montre une corrélation acceptable avec l’auto-évaluation des patients lors de stimulations 324 nociceptives. Des corrélations modérées existent entre l’évaluation réalisée par les infirmières en charge du patient et la liste d’observation chez les patients communicants et ceux avec des réponses stéréotypées à la stimulation nociceptive. Finalement, les résultats de la présente étude montrent qu’au repos, 43,9% des patients communicants (n=18) capables de fournir une auto-évaluation ont mal et 61% (n=25) lors de stimulations nociceptives. Le développement d’un savoir à propos de l’évaluation de la douleur fiable chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs a donc tout son sens. En effet, une évaluation fiable de la douleur est une prémisse indispensable à sa bonne gestion. Forces et limites. Cette étude apporte de nouvelles connaissances dans le domaine de l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées et c’est ce qui en fait sa force. La description détaillée des descripteurs auprès d’un échantillon de 116 patients a permis de montrer des différences entre les patients selon le niveau de conscience. D’autre part, la liste d’observation consistait en une liste de comportements et n’attribuait pas une cotation numérique plus élevée à certains comportements par rapport à d’autre. Plus le patient présentait de comportements, plus il obtenait un score élevé. Ce format a mis en évidence que les patients les plus atteints ne manifestaient pas moins de signes de douleurs comme le suggère Schnakers et al, (2010), mais d’autres signes de douleurs. Finalement, la comparaison entre la variation des signes physiologiques observés et les mesures enregistrées par les moniteurs de chevet a mis en lumière des problèmes de fiabilité de cette mesure par les soignants, non décrits précédemment. 325 Cette étude a aussi le mérite de mettre en lumière les grandes difficultés qui existent à l’heure actuelle dans l’étude des descripteurs de la douleur aux soins intensifs. D’une part, les descripteurs subtils et discrets, comme les mouvements oculaires, peuvent être difficiles à observer dans un contexte clinique. D’autre part, la majorité des patients cérébrolésés sont au bénéfice d’une analgo-sédation qui peut masquer les signes de douleur (Li et al., 2009). L’analgo-sédation fait partie intégrante du traitement des personnes cérébrolésées. Elle a pour but d’éviter les complications cérébrales secondaires (Beydon et al., 2005; Mirski & Hemstreet, 2007) et de permettre une meilleure tolérance des traitements tels que la ventilation non-invasive (Thuong, 2008). Il ne serait donc pas éthique d’interrompre ces traitements pour mieux étudier les manifestations de douleur. Plusieurs limites doivent être signalées à propos de ce travail. Premièrement, il a été possible d’obtenir une mesure de l’intensité de la douleur chez seulement 27 patients au repos et 30 lors de la stimulation nociceptive. Ces patients se trouvent dans le groupe des patients communicants et ne sont pas représentatifs de l’ensemble du collectif. Deuxièmement, les diagnostics des patients différaient entre les trois groupes. Troisièmement, l’échantillon total était important, mais lorsqu’il était divisé en trois groupes des problèmes de puissance statistique sont apparus pour certaines analyses. Troisièmement, la latéralisation (choisie comme stimulation nociceptive) peut avoir faussé les résultats des descripteurs liés à la ventilation mécanique. Quatrièmement, les scores obtenus avec la liste d’observation étaient bas et ne correspondaient pas à l’étendue des résultats possibles. Pour terminer, il est important de rappeler que pour avoir un instrument fiable, valide et cliniquement utile, de nombreuses études sont nécessaires avec des mesures répétées dans des contextes différents et avec d’autres observateurs (Waltz et al., 2010). 326 Recommandations pour la recherche L’étude des descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées devrait être poursuivie avec une taille d’échantillon appropriée et dans d’autres contextes pour s’assurer de la pertinence des résultats de la présente étude. Par ailleurs, la validité des descripteurs de la douleur devrait être testée à l’aide d’une mesure de référence adaptée pour les personnes cérébrolésées avec des réponses dirigées et stéréotypées. A l’heure actuelle, seul l’IRM peut permettre une mesure objective de la douleur des personnes cérébrolésées et servir de mesure de référence (Boly et al., 2008). En effet, les lésions cérébrales affectent la vascularisation et le métabolisme cérébral, ce qui a pour conséquence d’invalider les mesures réalisées avec un index bispectral, un spectroscope à infrarouge ou un pupillomètre (Payen et al., 2012; Ranger & Gelinas, in press; Thuong, 2008). Cependant, l’usage de l’IRM chez les personnes cérébrolésées en phase aiguë se répand et on peut imaginer qu’il sera possible dans un proche futur de tester la validité des descripteurs avec des mesures réalisées à l’aide d’un IRM. Au niveau méthodologique, cette étude suggère que l’usage d’une liste des descripteurs avec un choix binaire « présent » ou « absent » est préférable à l’usage d’une échelle d’évaluation graduée de la douleur, qui attribue un score à un indicateur en fonction des descripteurs observés. Le développement d’un instrument d’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées devrait donc tester ce format. Par ailleurs, il serait intéressant de comparer les résultats obtenus avec la liste des descripteurs de la douleur avec ceux obtenus avec des instruments d’évaluation de la douleur déjà validés comme le CPOT et la Nociception Coma Scale. Cela permettrait de vérifier si une liste est plus précise qu’une échelle et si les différences sont cliniquement importantes. 327 En ce qui concerne le choix du stimulus nociceptif permettant d’observer les réactions comportementales, il faudrait éviter des stimulations affectant la tolérance à la ventilation mécanique comme la latéralisation. Une stimulation nociceptive standardisée, sous la forme d’une pression au niveau du lit de l’ongle, telle que réalisée par Schnakers et al. (2010), peut être considérée chez les patients cérébrolésés en phase aiguë avec une réponse dirigée ou stéréotypée. En effet, l’état de conscience de ces patients est régulièrement testé avec une échelle d’évaluation neurocomportementale qui implique une telle stimulation nociceptive ; les observations pourraient donc être réalisées lors de ces évaluations. Cependant, cette procédure n’est pas adaptée aux patients communicants, car ils ne nécessitent pas une stimulation nociceptive pour évaluer leur état de conscience. Il ne serait donc pas éthique de leurs en infliger une. Une autre possibilité serait de tester les descripteurs lors d’un test à l’analgésie, c’est-à-dire évaluer la douleur avant l’administration d’un analgésique et après. Cette façon de faire à l’avantage d’éviter un stimulus nociceptif et d’être réalisée lorsque que le patient a mal ou que les soignants le considèrent comme algique. Elle nécessite cependant des ressources importantes, car la collecte de données dure plus longtemps. Il serait intéressant de mieux étudier l’usage des signes physiologiques comme indicateur de la douleur pour les soignants dans la mesure où ils sont décrits par ces derniers comme pertinents dans plusieurs écrits (Connor, 2012; Gerber, 2012; Gelinas et al., 2005) et dans la présente étude. En effet, une meilleure compréhension de la cinétique et de l’intensité du changement, considérés comme significatif pour les soignants, pourrait permettre de mieux intégrer les signes physiologiques dans l’évaluation de la douleur. 328 Recommandations pour la pratique et la formation La recherche infirmière est utile, si elle peut contribuer à guider la pratique des soins et améliorer la santé des personnes (Burns & Grove, 2009). Les résultats de la présente recherche ne peuvent pas être directement utilisés en clinique, mais contribuent au développement du savoir dans le domaine de l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées. Malgré cela plusieurs recommandations peuvent être formulées pour la pratique suite aux résultats de la présente étude. A l’heure actuelle, les cliniciens peuvent s’appuyer sur des instruments d’évaluation comportementale de la douleur comprenant des indicateurs liés à l’expression faciale, la tension musculaire et la ventilation ou des signes vocaux, même s’ils sont non spécifiques aux personnes cérébrolésées (Herr et al., 2011; Roulin et al., 2011). Les cliniciens doivent cependant rester prudents dans l’utilisation des signes physiologiques comme indicateurs de la douleur, dans la mesure où ils sont non-spécifiques (Herr et al., 2011). Les résultats de cette étude montrent que les patients cérébrolésés ont des douleurs au repos et lors des gestes de soins, c’est pourquoi des programmes de gestion de la douleur doivent être développés dans les milieux cliniques. Des programmes multidisciplinaires comprenant des interventions multimodales, c’est-à-dire avec plusieurs axes d’interventions, ont démontré leur efficacité en diminuant la mortalité (Radtke et al., in press) et l’intensité de la douleur des patients (Roulin, Magnard, & Pacini Menoud, 2012; van Gulik et al., 2010). Le développement de tels programmes est recommandé par les sociétés savantes (Herr et al., 2011; Sauder et al., 2008) et se doit d’être encouragé. Par ailleurs, la prévalence de la douleur augmente lors de la latéralisation, ce qui suggère que l’antalgie avant un soin 329 douloureux peut être améliorée. Des programmes de formation des soignants à ce propos se doivent d’être développés, aussi bien lors de la formation initiale qu’en cours d’emploi. Ce chapitre a permis de contextualiser les résultats de la présente étude avec les écrits déjà publiés. Les résultats essentiels ont été mis en évidence, ainsi que les forces et les limites. Des recommandations pour la recherche et la pratique des soins ont été proposées. Le chapitre suivant présente la conclusion de ce travail. CONCLUSION 331 Cette étude a porté sur l’évaluation de la douleur des personnes cérébrolésées aux soins intensifs. En effet, l’évaluation de la douleur reste problématique aux soins intensifs lorsque les patients présentent des troubles de conscience, comme c’est le cas chez les personnes cérébrolésées. L’absence d’instrument d’évaluation de la douleur adapté à cette population rend cette évaluation peu fiable. C’est pourquoi, cette étude visait à identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur chez les personnes cérébrolésées aux soins intensifs. La première phase de cette étude a permis d’identifier des indicateurs et des descripteurs de la douleur en combinant trois sources de données : une revue intégrative des écrits, une démarche de consultation de cliniciens expérimentés dans les soins des personnes cérébrolésées aux soins intensifs et l’intégration des résultats d’une étude pilote observationnelle. Les résultats ont permis d’identifier six indicateurs et 47 descripteurs susceptibles d’être inclus dans un instrument d’évaluation de la douleur destiné aux personnes cérébrolésées non-communicantes aux soins intensifs. La deuxième phase de cette étude a étudié les propriétés psychométriques des indicateurs et des descripteurs. Dans un premier temps, la validation de contenu a permis de sélectionner 33 descripteurs, dont les propriétés ont pu être étudiées auprès d’un échantillon de 116 personnes cérébrolésées aux soins intensifs. Un processus de sélection des descripteurs a permis d’éliminer ceux qui étaient observés dans moins de 5% des patients lors de la stimulation nociceptive, plus fréquent au repos que lors de la stimulation nociceptive ou qui n’étaient pas fiables. Une liste de 23 descripteurs a pu être testée pour sa validité critériée et de construit. Les résultats montrent de grandes variations entre les personnes 332 cérébrolésées. Les patients avec des réponses stéréotypées présentent, lors de stimulation nociceptive, plus de réactions que les autres patients ; alors que les patients avec des réponses dirigées présentent peu de réactions lors de stimulation nociceptive. Les descripteurs liés à l’expression faciale se modifient significativement chez les patients avec des réponses stéréotypées et les patients communicants lors de stimulation nociceptive. Par contre, chez les patients avec des réponses dirigées, il n’y a pas de différences statistiquement significatives entre la stimulation non nociceptive et la stimulation nociceptive. Par ailleurs, une corrélation modérée entre la liste des descripteurs et l’auto-évaluation par le patient a été mise en évidence, ainsi qu’entre la liste des descripteurs et les hétéroévaluations réalisées par les infirmières. Enfin, les résultats soulignent l’importance qu’il y a à s’intéresser aux descripteurs de la douleur et non seulement aux indicateurs en raison des variations dans les comportements liés à l’hétérogénéité des patients cérébrolésés. Le format d’un instrument d’évaluation de la douleur devra prendre en compte cette hétérogénéité. La mesure des descripteurs physiologiques s’est révélée non fiable et les variations cliniquement non significatives. Au niveau conceptuel, ces résultats sont en contradiction avec le modèle d’évaluation de la douleur de Snow et al. (2004) qui considère les signes physiologiques comme un signe externe de la douleur. Ces résultats affaiblissent donc la validité de ce modèle explicatif du processus de communication et d’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées non communicantes. Cette étude ne donne pas des résultats immédiatement utilisables en clinique. D’autres travaux sont nécessaires pour permettre une évaluation fiable et valide de la douleur des personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs. Les infirmières occupent une position stratégique face à l’évaluation et à la gestion de la douleur chez les 333 patients aux soins intensifs. Le développement de nouveaux savoirs dans ce domaine peut aider à mieux prendre soin des personnes cérébrolésées non communicantes, afin de préserver leur dignité et favoriser leur récupération. En effet, malgré les développements dans le domaine de l’évaluation de la douleur et des traitements, la gestion de la douleur reste problématique aux soins intensifs et chez les personnes cérébrolésées comme l’illustre cette étude. REFERENCES 335 Abdennour, L., & Puybasset, L. (2008). La sédation-analgésie du patient cérébrolésé. Annales Françaises d'Anesthésie et de Réanimation, 27(7-8), 596-603. Académie Suisse des Sciences Médicales. (2009). Forschung mit Menschen. Ein Leitfaden für die Praxis. Basel: SAMW. Agard, A. S., & Harder, I. (2007). Relatives' experiences in intensive care--finding a place in a world of uncertainty. Intensive and Critical Care Nursing, 23(3), 170-177. doi: 10.1016/j.iccn.2006.11.008 Ahlers, S. J., van der Veen, A. M., van Dijk, M., Tibboel, D., & Knibbe, C. A. (2010). The use of the Behavioral Pain Scale to assess pain in conscious sedated patients. Anesthesia Analgesia, 110(1), 127-133. doi: 10.1213/ANE.0b013e3181c3119e Ahlers, S. 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Ce groupe va contribuer à identifier les indicateurs spécifiques aux patients cérébrolésés. Cette fiche a pour but de récolter quelques informations sur votre expérience professionnelle, afin de pouvoir déterminer le profil de l’ensemble des personnes qui auront participés à ces groupes. Ces données seront traitées de façon confidentielle et une attention particulière sera apportée dans la rédaction des résultats globaux pour que des données individuelles ne puissent être isolées. Date de la rencontre : ________________ Quelle est votre année de naissance ? ________________ Quel est votre genre ? (encerclez le mot qui correspond à votre réponse) Feminin Masculin Profession (cochez la case correspondante) Infirmier (ère) Infirmière spécialisée Infirmière cadre Médecin interne Médecin chef de clinique Médecin adjoint Formation : Soins Intensifs Anesthésie Neurologie ou neurochirurgie Douleurs (formation certifiante) Douleurs (formation permanente) Expérience professionnelle Depuis combien d’années êtes-vous médecin ou infirmière ? ______ années Depuis combien de temps travaillez-vous en ______ années milieu de soins intensifs/réanimation ? Depuis combien de temps travaillez-vous auprès de patients cérébrolésés non communicants ? ______ années OUI NON Avez-vous réalisé déjà des travaux sur la douleur ? Si oui pourriez-vous brièvement dire de quoi il s’agissait (publication, étude, travail de formation, participation à un groupe de travail,…) et le thème. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de remplir ce document et je reste à disposition pour toutes questions ou compléments d’informations. Marie-José Roulin APPENDICE F : Matrice des indicateurs et descripteurs issus des trois sources de données Matrice des résultats de la première phase issue des trois sources de données Indicateurs Expression faciale Recension des écrits Froncement et plissement des sourcils, Consultation des cliniciens Serre les dents, larmes Etude observationnelle Froncement des sourcils, contraction plissement des paupières, yeux fermés, des muscles zygomatiques, contraction relèvement de la lèvre supérieure et des des muscles orbiculaire, yeux fortement joues, grimaces, yeux ouverts, larmes, fermés, larmoiement, ouverture des serrement des dents, absence de yeux, yeux ouvert, ouverture de la plissement ou froncement des sourcils, bouche, morsure du tube endotrachéal, bâillement, mouvement de langue, dents serrées, sourire, soudaine mouvement de mastication, fixation du rougeur du visage, relèvement des regard. sourcils, clignement des paupières, mâchonnement Matrice des résultats de la première phase issue des trois sources de données (suite) Indicateurs Mouvements corporels Recension des écrits Absence de mouvements corporels, Consultation des cliniciens activité motrice constante. Etude observationnelle Mouvements précautionneux, essai de mouvement lent et prudent, mouvement toucher le site douloureux, touche le de protection, flexion complète ou site douloureux, mouvement de partielle des membres supérieurs, protection, tirer un tube, agitation, rétraction, mouvement constant, repousser les soignants, tenter de saisir agitation, mouvements saccadés, de façon défensive, essai de retourner localisation du stimulus nociceptif, sur le dos, mouvement de coopération, flexion ou le retrait lors de stimulus flexion nociceptif, absence de réponse à la stimulation. Tension Rigide, mouvements de surprise, Mouvements de crispation, Resistance, forte résistance, serre les musculaire résistance aux mouvements passifs, tressaillement, trémor poings serrement des poings. Matrice des résultats de la première phase issue des trois sources de données (suite) Indicateurs Tolérance à la Recension des écrits Consultation des cliniciens Etude observationnelle Toux, intolérance à la ventilation Alarmes activées, tousse, alarmes ventilation mécanique, lutte contre le ventilateur, fréquentes artificielle asynchronie, morsure du tube endotrachéal déclenchement ponctuel, non ventilable Signes vocaux Silence, plainte, grognement, gémissement, pleur, cri, sanglot, hurlement, plaintes fréquentes. Signes Augmentation de la fréquence cardiaque, physiologiques Augmentation de la pression artérielle, Fréquence cardiaque, pression artérielle, fréquence respiratoire. Augmentation de la fréquence respiratoire, Hypertension artérielle non induite et Diminution de la saturation en oxygène tachycardie associée, dilatation mesurée par pulse-oxymétrie. pupillaire. APPENDICE G : Grille de validation de contenu APPENDICE H : Calcul de la taille de l’échantillon pour la deuxième phase (graphique) Détermination à priori de la taille de l’échantillon Première hypothèse : la fréquence du descripteur observé sera statistiquement plus élevée lorsque le patient est douloureux que non douloureux L’hypothèse nulle postule qu’il n’y a pas de différence entre la proportion du descripteur observé lors de douleur ou de non-douleur. Pour le présent travail, la taille de l’échantillon est déterminée à priori à l’aide d’un test de proportion bilatéral à l’aide du logiciel G*Power 3.1.2 (Erdfelder, Lang, & Buchner, 2007) avec avec = 0,05, une puissance à 0,80 et un large effet (g=0,3). On obtient un échantillon de 20 personnes. Figure 1. Représentation graphique de la puissance à priori du nombre de participant nécessaire pour déterminé une différence statistiquement significative entre un descripteur observé lors de douleur ou non-douleur. La deuxième hypothèse : La moyenne de la somme des descripteurs observés lors de la stimulation nociceptive sera statistiquement plus élévée que lors du repos. Pour déterminer la taille de l’échantillon nécessaire à cette vérification, l’hypothèse nulle postule qu’il n’y a pas de différence entre la moyenne de la somme des descripteurs observés au repos et la moyenne lors de stimulation nociceptives. L’étude de Gelinas et Arbour (2009) est retenue pour formuler cette hypothèse, car cette étude regroupe des participants avec des lésions cérébrales (n=43). Les moyennes d’intensité de la douleur mesurées avec la Grille d’Observation Comportementale de la Douleur (CPOT) au repos et lors d’un geste de soins nociceptif étaient de 0,72 (écart-type ± 0,99) et 2,92 (écart-type ± 1,51) respectivement avec un large effet (d=1,5). La taille de l’échantillon est calculée dans un premier temps, pour un test non-paramétrique bilatéral avec des groupes appariés (test de Wilcoxon) avec = 0,05 et une puissance à 0,80, à l’aide du logiciel G*Power 3.1.2 (Buchner, Erdfelder, Faul, & Lang, 2009). La taille de l’échantillon obtenu est de 6 personnes. Dans la mesure, où les résultats de patients traumatisés crâniens sont inconnus, une approche plus conservatrice est choisie avec un effet modéré de 0,5 selon les critères de Cohen (1988), conduisant à un échantillon de 35 personnes. Figure 2. Représentation graphique de la puissance à priori du nombre de participant nécessaire pour déterminé une différence statistiquement significative entre la somme moyenne des descripteurs observés au repos et lors de stimulation nociceptive. APPENDICE I : Formulaire de recueil de données pour la deuxième phase de l’étude « patient communicant » 1. DONNÉES MÉDICALES PATIENT COMMUNICANT Genre : homme femme Age en année : Poids : Nombre de jour depuis l’admission en soins intensifs : Causes de lésion cérébrale Accident vasculaire cérébral Hémorragie sous-arachnoïdienne Autre hémorragie cérébrale Lésion axonale diffuse Méningite Encéphalite Processus tumoral Arrêt cardio-respiratoire Diagnostic d’admission : Co-morbidités non présentes dans les diagnostics d’admission, mais documentée dans les problèmes du jour. Score de Glasgow à l’admission : SAPS II ou SAPS III (score de sévérité) à l’admission: SAS (échelle de sédation et agitation utilisée dans le service) dernière donnée documentée : Agent pharmacologique : Sédation et opiacés/ou autre antalgique Médication en DCI Voie d’administration Dose : Iv continu = mg ou mcg par kilo de poids Iv discontinu : Fentanyl dose reçue la dernière heure, Morphine dose reçue les dernières 4h, Midazolam dose reçue les dernières 3h, Propofol dose reçue la dernière heure. Per os : dose reçu les dernières 24h Médication agissant sur le système cardio-vasculaire (amines vaso-actives, antihypertenseur, arythmiques,…): Médication en DCI Voie d’administration Dose : Iv continu = mg ou mcg par kilo de poid Iv discontinu : Dose reçue les dernières 6h Per os : dose reçu les dernières 24h Mode de ventilation du patient/ interface OUI Intubé ou trachéotomisé Ventilation spontanée Ventilation assistée en aide inspiratoire Ventilation assistée (ventilation à deux niveaux de pression) Fréquence fixée : Ventilation assistée (ventilation à volume contrôlé ) Fréquence fixée : Fréquence propre au patient : Fréquence propre au patient : 2. DONNÉES AU TEMPS 1 (T1) : Indiquer exactement l’heure indiquée sur le moniteur de chevet du patient : _____h__________min. Echelle verbale numérique de la douleur (infirmière) : _____________________ Valeur de 010 Echelle verbale numérique de la douleur (patient) : _____________________ ou Patient douloureux : oui non Paramètres physiologiques sur une minute : Valeur minimale Fréquence cardiaque Fréquence respiratoire Pression artérielle systolique SpO2 PRINT DU SCOPE CENTRAL Echelle de Sédation RASS : entouré la bonne valeur Valeur maximale Augmentation diminution ou Echelle de Glasgow Echelle de Glasgow (entouré les valeurs) Catégorie Descriptif Ouverture des yeux Ouvre spontanément les yeux Ouvre les yeux à l’appel, au bruit Ouvre les yeux à la douleur Ouvre jamais les yeux Orientée Confuse Inappropriée Incompréhensible Pas de réponse Aux ordres Localisée Flexion Flexion stéréotypée Extension Aucune Réponse verbale (si patient extubé) ou indiquer 1 sinon Réponse motrice Score 4 3 2 1 5 4 3 2 1 6 5 4 3 2 1 TOTAL : Echelle FOUR évaluation de l’état de conscience Echelle Four (entouré les valeurs) Catégorie Descriptif Réponse visuelle Fermeture des yeux sur commande ou poursuite visuelle du doigt Yeux ouvert sans poursuite visuelle Ouvre les yeux au bruit Ouvre les yeux à la douleur Pas d’ouverture des yeux Signe du pouce, fermeture du poing Localisation de la douleur (compression articulation temporomand) Réponse en flexion à la douleur (compression du lit de l’ongle) Réponse en extension stéréotypée Pas de réponses motrices ou myoclonies Réflexes pupillaires et cornéens Mydriase fixe unilatérale Réflexes pupillaires ou cornéens absents Réflexes pupillaires et cornéens absents Réflexes pupillaires et cornéens et toux absents Respiration spontanée régulière Respiration spontanée Cheyne Stokes Respiration spontanée irrégulière Respiration assistée (déclenche le ventilateur) Respiration contrôlée ou apnée Réponse Motrice Réponse cérébral Respiration Tronc Score TOTAL : 4 3 2 1 0 4 3 2 1 0 4 3 2 1 0 4 3 2 1 0 Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées Indicateurs Descripteurs Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles périorbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes lèvre Relèvement de la lèvre avec des plis nasolabiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Relèvement supérieure Mouvements corporels Présent Absent Description de la Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées (suite) Indicateurs Descripteurs Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Trémor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivrée, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constante. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. la Augmentation de plus ou moins 10 battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Vocalisation Augmentation de Signes physiologiques fréquence cardiaque Dilatation de la pupille Présent Absent Description la de tension 3. DONNÉES AU TEMPS 2 (T3)CAR CORRESPOND À UNE STIMULATION NOCICEPTIVE : Indiquer exactement l’heure indiquée sur le moniteur de chevet du patient : _____h__________min. Echelle verbale numérique de la douleur (infirmière) : _____________________ Valeur de 010 Echelle verbale numérique de la douleur (patient) : _____________________ OU Patient douloureux : oui non Paramètres physiologiques sur une minute : Valeur minimale Fréquence cardiaque Fréquence respiratoire Pression artérielle systolique SpO2 PRINT DU SCOPE CENTRAL Valeur maximale Augmentation diminution ou Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées Indicateurs Descripteurs Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles périorbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes lèvre Relèvement de la lèvre avec des plis nasolabiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Relèvement supérieure Mouvements corporels Présent Absent Description de la Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées (suite) Indicateurs Descripteurs Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Trémor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivrée, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constante. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. la Augmentation de plus ou moins 10 battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Vocalisation Augmentation de Signes physiologiques fréquence cardiaque Dilatation de la pupille Présent Absent Description la de tension 2e observateur à T1 Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées Indicateurs Descripteurs Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles périorbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes lèvre Relèvement de la lèvre avec des plis nasolabiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Relèvement supérieure Mouvements corporels Présent Absent Description de la Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées (suite) Indicateurs Descripteurs Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Trémor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivrée, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constante. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. la Augmentation de plus ou moins 10 battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Vocalisation Augmentation de Signes physiologiques fréquence cardiaque Dilatation de la pupille Présent Absent Description la de tension 2e observateur à T3 Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées Indicateurs Descripteurs Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles périorbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes lèvre Relèvement de la lèvre avec des plis nasolabiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Relèvement supérieure Mouvements corporels Présent Absent Description de la Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées (suite) Indicateurs Descripteurs Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Trémor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivrée, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constante. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. la Augmentation de plus ou moins 10 battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Vocalisation Augmentation de Signes physiologiques fréquence cardiaque Dilatation de la pupille Présent Absent Description la de tension APPENDICE J : Formulaire de recueil de données pour la deuxième phase « patient non communicant » 4. DONNÉES MÉDICALES PATIENT COMMUNICANT Genre : homme femme Age en année : Poids : Nombre de jour depuis l’admission en soins intensifs : Causes de lésion cérébrale Accident vasculaire cérébral Hémorragie sous-arachnoïdienne Autre hémorragie cérébrale Lésion axonale diffuse Méningite Encéphalite Processus tumoral Arrêt cardio-respiratoire Diagnostic d’admission : Co-morbidités non présentes dans les diagnostics d’admission, mais documentée dans les problèmes du jour. Score de Glasgow à l’admission : SAPS II ou SAPS III (score de sévérité) à l’admission: SAS (échelle de sédation et agitation utilisée dans le service) dernière donnée documentée : Agent pharmacologique : Sédation et opiacés/ou autre antalgique Médication en DCI Voie d’administration Dose : Iv continu = mg ou mcg par kilo de poids Iv discontinu : Fentanyl dose reçue la dernière heure, Morphine dose reçue les dernières 4h, Midazolam dose reçue les dernières 3h, Propofol dose reçue la dernière heure. Per os : dose reçu les dernières 24h Médication agissant sur le système cardio-vasculaire (amines vaso-actives, antihypertenseur, arythmiques,…): Médication en DCI Voie d’administration Dose : Iv continu = mg ou mcg par kilo de poid Iv discontinu : Dose reçue les dernières 6h Per os : dose reçu les dernières 24h Mode de ventilation du patient/ interface OUI Intubé ou trachéotomisé Ventilation spontanée Ventilation assistée en aide inspiratoire Ventilation assistée (ventilation à deux niveaux de pression) Fréquence fixée : Ventilation assistée (ventilation à volume contrôlé ) Fréquence fixée : Fréquence propre au patient : Fréquence propre au patient : 5. DONNÉES AU TEMPS 1 (T1) : Indiquer exactement l’heure indiquée sur le moniteur de chevet du patient : _____h__________min. Echelle verbale numérique de la douleur (infirmière) : _____________________ Valeur de 010 Echelle verbale numérique de la douleur (patient) : _____________________ ou Patient douloureux : oui non Paramètres physiologiques sur une minute : Valeur minimale Fréquence cardiaque Fréquence respiratoire Pression artérielle systolique SpO2 PRINT DU SCOPE CENTRAL Echelle de Sédation RASS : entouré la bonne valeur Valeur maximale Augmentation diminution ou Echelle de Glasgow Echelle de Glasgow (entouré les valeurs) Catégorie Descriptif Ouverture des yeux Ouvre spontanément les yeux Ouvre les yeux à l’appel, au bruit Ouvre les yeux à la douleur Ouvre jamais les yeux Orientée Confuse Inappropriée Incompréhensible Pas de réponse Aux ordres Localisée Flexion Flexion stéréotypée Extension Aucune Réponse verbale (si patient extubé) ou indiquer 1 sinon Réponse motrice Score 4 3 2 1 5 4 3 2 1 6 5 4 3 2 1 TOTAL : Echelle FOUR évaluation de l’état de conscience (entouré les valeurs) Catégorie Descriptif Réponse visuelle Fermeture des yeux sur commande ou poursuite visuelle du doigt Yeux ouvert sans poursuite visuelle Ouvre les yeux au bruit Ouvre les yeux à la douleur Pas d’ouverture des yeux Signe du pouce, fermeture du poing Localisation de la douleur (compression articulation temporomand) Réponse en flexion à la douleur (compression du lit de l’ongle) Réponse en extension stéréotypée Pas de réponses motrices ou myoclonies Réflexes pupillaires et cornéens Mydriase fixe unilatérale Réflexes pupillaires ou cornéens absents Réflexes pupillaires et cornéens absents Réflexes pupillaires et cornéens et toux absents Respiration spontanée régulière Respiration spontanée Cheyne Stokes Respiration spontanée irrégulière Respiration assistée (déclenche le ventilateur) Respiration contrôlée ou apnée Réponse Motrice Réponse cérébral Respiration Tronc Score TOTAL : 4 3 2 1 0 4 3 2 1 0 4 3 2 1 0 4 3 2 1 0 Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées Indicateurs Descripteurs Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles périorbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes lèvre Relèvement de la lèvre avec des plis nasolabiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Relèvement supérieure Mouvements corporels Présent Absent Description de la Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées (suite) Indicateurs Descripteurs Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Trémor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivrée, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constante. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. la Augmentation de plus ou battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Vocalisation Augmentation de Signes physiologiques fréquence cardiaque Dilatation de la pupille Présent Absent Description la de tension moins 10 2e observateur à T1 Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées Indicateurs Descripteurs Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles périorbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes lèvre Relèvement de la lèvre avec des plis nasolabiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Relèvement supérieure Mouvements corporels Présent Absent Description de la Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées (suite) Indicateurs Descripteurs Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Trémor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivrée, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constante. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. la Augmentation de plus ou moins 10 battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Vocalisation Augmentation de Signes physiologiques fréquence cardiaque Dilatation de la pupille Présent Absent Description la de tension 6. DONNÉES AU TEMPS 2 (T3)CAR CORRESPOND À UNE STIMULATION DOULOUREUSE : Indiquer exactement l’heure indiquée sur le moniteur de chevet du patient : _____h__________min. Echelle verbale numérique de la douleur (infirmière) : _____________________ Valeur de 010 Echelle verbale numérique de la douleur (patient) : _____________________ OU Patient douloureux : oui non Paramètres physiologiques sur une minute : Valeur minimale Fréquence cardiaque Fréquence respiratoire Pression artérielle systolique SpO2 PRINT DU SCOPE CENTRAL Valeur maximale Augmentation diminution ou Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées Indicateurs Descripteurs Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles périorbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes lèvre Relèvement de la lèvre avec des plis nasolabiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Relèvement supérieure Mouvements corporels Présent Absent Description de la Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées (suite) Indicateurs Descripteurs Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Trémor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivrée, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constante. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. la Augmentation de plus ou moins 10 battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Vocalisation Augmentation de Signes physiologiques fréquence cardiaque Dilatation de la pupille Présent Absent Description la de tension 2e observateur à T3 Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées Indicateurs Descripteurs Expression faciale Front plissé et abaissement des paupières Contraction des muscles périorbitaux Fermeture des yeux Mouvement de fermeture des yeux Mouvements oculaires Mouvement des yeux avec ou sans ouverture des paupières Fixation du regard Fixation du regard sur le soignant ou le site douloureux Larmes lèvre Relèvement de la lèvre avec des plis nasolabiaux Serrement des dents ou contraction de la mâchoire Mouvement de contraction tonique du bas du visage Soudaine rougeur du visage Mouvements de protection Flexion des bras et des jambes avec retrait de la tête dans les épaules Mouvements de localisation Porter la (ou les) mains vers le site douloureux, frotter le site de douleur. Mouvements de flexion Mouvements de flexion partielle ou complète des membres supérieurs Mouvements stéréotypés des membres supérieurs Flexion réflexe ou extension réflexe des membres supérieurs Activité motrice constante Mouvements répétitifs constants pendant toute la durée de l’observation, ou jusqu’à l’administration d’un antalgique ou sédatif. Tire sur ses tubes Mouvement dirigé pour tenter de retirer un tube (sonde d’intubation, drain, cathéters,…) Essaie de s’asseoir dans le lit Mouvement pour se relever ou s’asseoir dans son lit Relèvement supérieure Mouvements corporels Présent Absent Description de la Front plissé avec l’abaissement des sourcils ou le froncement des sourcils Grille d’observation de la douleur chez les personnes cérébrolésées (suite) Indicateurs Descripteurs Tension musculaire Rigidité musculaire Raideur ou rigidité observable lors de la mobilisation du membre supérieur. Résistance aux mouvements Incapacité de mobiliser le membre supérieur en raison d’une contraction musculaire Mouvements de crispation, tressaillement Mouvement intermittent musculaire observable Trémor Mouvements de contraction musculaires rythmiques affectant tout ou partie du corps Serrer les poings Mouvement visible et tonique de serrer les poings Lutte contre le ventilateur Occasionnellement : volume non-délivrée, Alarmes de haute pression, désynchronisation. Tousse Mouvement de toux et bruit audible Non ventilable Alarmes de haute pression ou de volume non-délivré ou de bas volume constante. Mord le tube endotrachéal Mouvement visible de morsure du tube endotrachéal Gémissement, plaintes Son inarticulé assourdi Cris ou hurlements Son intense et prolongé Pleurs Larmes accompagnées de plaintes ou de cris Soupir Grande inspiration ou expiration prolongée. la Augmentation de plus ou moins 10 battements par minutes Augmentation de la pression artérielle Augmentation de la pression artérielle systolique de 10 mmHg Augmentation de fréquence respiratoire Augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute Dilatation de la pupille de 1mm Ventilation artificielle Vocalisation Augmentation de Signes physiologiques fréquence cardiaque Dilatation de la pupille Présent Absent Description la de tension APPENDICE K : Formation pour les patients de la deuxième phase de l’étude (canton de Vaud) IUFRS Institut Universitaire de Formation et de Recherche en Soins 2e étage Rue César-Roux 19 1005 Lausanne Lausanne, le 11 janvier 2010 INFORMATION à PROPOS DE L’ETUDE SUR L’EVALUATION DE LA DOULEUR CHEZ LES PERSONNES CEREBROLESEES NON COMMUNICANTES AUX SOINS INTENSIFS Information destinée aux proches et aux patients Madame, Monsieur, Vous avez été choisi pour participer à cette étude sur l’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées en soins intensifs, car vous avez récemment souffert d’une lésion cérébrale. But de cette étude : Cette étude a pour but de tester un instrument permettant de mesurer la douleur chez les personnes cérébrolésées en soins intensifs. En effet, il n’existe pas actuellement d’instrument fiable et adapté pour ces personnes. Contexte de cette étude : Cette étude est réalisée par l’Institut Universitaire de Formation et Recherche en Soins de la Faculté de Médecine et Biologie de l’Université de Lausanne. Une partie de ce travail constitue une thèse de doctorat en sciences infirmières. Elle se déroulera dans les deux centres hospitaliers universitaires de Suisse Romande : le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois et les Hôpitaux Universitaires Genevois. Environ 160 patients seront sollicités pour participer à cette étude. Description et déroulement: L’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS) est issu d’un partenariat entre le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l’Université de Lausanne, l’Université de Genève, la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), la Fondation La Source et l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) Une infirmière de recherche rencontrera vous et vos proches pour vous informer à propos de cette étude, ainsi que pour s’assurer que vous ne vous opposez pas à participer. Lors de votre séjour aux soins intensifs, votre douleur sera évaluée à l’aide d’une grille d’observation des comportements tel que l’expression du visage ou les mouvements. Plusieurs observations seront effectuées : au repos, lors d’une stimulation légère pour vous réveiller et lors des soins de votre installation au lit par les infirmières. Si vous êtes en mesure de répondre à des questions simples, nous vous demanderons d’évaluer votre propre douleur. Enfin, votre dossier sera consulté afin de recueillir des informations sur votre maladie et les médicaments que vous recevez. Aucun médicament particulier ne vous sera donné pour cette étude et aucun examen invasif ne sera réalisé. Les soins se dérouleront comme d’habitude et selon vos besoins. Avantages et inconvénients associés à l’étude : Votre participation à cette étude pourrait contribuer à améliorer la qualité de l’évaluation de la douleur chez les personnes avec une lésion cérébrale aux soins intensifs, ce qui est une étape indispensable au soulagement de la douleur. Votre engagement ne comporte aucun coût financier et aucun risque pour vous. Droit et confidentialité Votre participation à cette recherche est volontaire et vous pourrez à tout moment décider de ne pas participer sans avoir à vous justifier. Vous avez le droit de poser toutes les questions que vous souhaitez et aurez encore le droit de le faire ultérieurement. Le fait de participer à cette étude ne modifiera en rien votre prise en charge hospitalières. Toutefois le CHUV s’engage à réparer tout dommage éventuel que vous pourriez subir dans le cadre de cette étude, c’est pourquoi une assurance en votre faveur a été contractée en votre faveur auprès de la compagnie auprès de la…. Toute information recueillie dans le cadre de cette étude demeurera strictement confidentielle. Des données personnelles vous concernant sont recueillies pendant l’étude. Elles sont toutefois rendues anonymes par un L’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS) est issu d’un partenariat entre le Centre 436 hospitalier universitaire vaudois (CHUV), les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l’Université de Lausanne, l’Université de Genève, la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), la Fondation La Source et l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) processus de codage et ne sont accessibles qu’aux collaboratrices de cette étude. Le cas échéant : la Commission d’éthique du CHUV, qui a donné son accord pour ce protocole, pourra auditer cette étude et consulter les données brutes. Votre nom ne sera en aucun cas publié dans des rapports ou des publications qui découleraient de cette étude. Seule l’analyse des résultats de l’ensemble des données sera présentée. Questions Toutes les questions concernant cette étude pourront être adressées aux investigatrices dont les noms figurent au bas de ce document. Marie-José Roulin Doctorante en Sciences Infirmières Institut Universitaire de Formation et Recherche en Soins (IUFRS) Faculté de Médecine et Biologie, Université de Lausanne César Roux 19, 2e étage 1005 Lausanne Email : [email protected] Tel : 079/794 82 40 Christine Joseph Clinicienne SMIA Rue du Bugnon 46 BH/05/665 CH 1011 Lausanne Email : [email protected] Tel : 079 556 22 59 Anne-Sylvie Ramelet Professeure HES HECVSanté Avenue Beaumont 21 • 1011 Lausanne L’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS) est issu d’un partenariat entre le Centre 437 hospitalier universitaire vaudois (CHUV), les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l’Université de Lausanne, l’Université de Genève, la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), la Fondation La Source et l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) APPENDICE L : Formulaire de consentement pour les patients de la deuxième phase de l’étude (canton de Vaud) 438 IUFRS Institut Universitaire de Formation et de Recherche en Soins e 2 étage Rue César-Roux 19 1005 Lausanne Consentement éclairé écrit pour la participation à une étude clinique Veuillez lire attentivement ce formulaire. N’hésitez pas à poser des questions si certains aspects vous semblent peu clairs ou si vous souhaitez obtenir des précisions. Numéro de l’étude : 41/10 Titre de l’étude : Evaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées non-communicantes aux soins intensifs Lieu de réalisation Service des soins intensifs Investigatrice : Roulin Marie-José Doctorante à l’IUFRS Participant (ou représentant thérapeutique ou proches à préciser) : Nom et Prénom : Date de naissance : Homme : Femme : Je déclare avoir été informé(e), oralement et par écrit, par l’investigatrice signataire des objectifs et du déroulement de l’étude sur l’évaluation de la douleur chez les personnes cérébrolésées non communicantes aux soins intensifs, ainsi que des inconvénients possibles. Je certifie avoir lu et compris l’information écrite, datée du 11 mars 2010 qui m’a été remise sur l’étude précitée. J’ai reçu des réponses satisfaisantes aux questions que j’ai posées en relation avec la participation à cette étude. Je conserve l’information écrite et je reçois une copie de ma déclaration écrite de consentement. L’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS) est issu d’un partenariat entre le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l’Université de Lausanne, l’Université de Genève, la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), la Fondation La Source et l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) J’ai eu suffisamment de temps pour prendre ma décision en mon âme et conscience. Je suis informé(e) qu’une assurance a été souscrite pour couvrir les dommages éventuels découlant de l’étude. Je sais que les données personnelles ne seront transmises que sous une forme anonyme à des institutions externes à des fins de recherche. J’accepte que les spécialistes compétents du mandataire de l’étude, des autorités et de la commission cantonale (VD) de la recherche sur l’être humain puissent consulter les données brutes, afin de procéder à des examens et à des contrôles, à condition toutefois que leur confidentialité soit strictement assurée. Je donne mon consentement de façon volontaire à cette étude. Je peux, à tout moment et sans avoir à fournir de justification, révoquer mon consentement concernant la participation à cette étude, sans pour cela en subir quelque inconvénient que ce soit. Lieu et Date : Signature du participant ou du représentant thérapeutique: Attestation de l’investigatrice : J’atteste par ma signature avoir expliqué à ce soignant la nature, le but et la portée de cette étude. Je déclare satisfaire à toutes les obligations en relation avec cette étude. Si je devais prendre connaissance, à quelque moment que ce soit durant la réalisation de l’étude, d’informations susceptibles d’influer sur le consentement de ce soignant à participer à l’étude, je m’engage à l’en informer immédiatement. Lieu et Date : Signature de l’investigatrice: L’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS) est issu d’un partenariat entre le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l’Université de Lausanne, l’Université de Genève, la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), la Fondation La Source et l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) 440