BOLÉRO - Festival de Marseille
Transcription
BOLÉRO - Festival de Marseille
Festival de Marseille – danse et arts multiples LUNDI 18 JUILLET 22:00 DURÉE 50’ BNM Parc Henri Fabre 24 juin › 19 juillet 2016 BOLÉRO Emio Greco, P ieter C . Scholten , Ballet Nat ional de Marseille entrée libre France | Création 2015 CONCEPT ET CHORÉGRAPHIE LUMIÈRE Henk Danner COSTUMES Boléro, Maurice Ravel Pieter C. Scholten Emio Greco, Pieter C. Scholten Clifford Portier MUSIQUE MONTAGE MUSICAL ET DESIGN SONORE INTERPRÉTATION L’ensemble des danseurs du Ballet National de Marseille « Au fou ! Au fou ! » : voilà comment a été accueilli Maurice Ravel pour son Boléro, devenu un hit symphonique. Composée pour un ballet interprété par Ida Rubinstein, icône danse de la Belle Époque, la partition a depuis inspiré de nombreux chorégraphes. En s’attaquant à ce monstre sacré musical, Emio Greco et Pieter C. Scholten, directeurs du Ballet National de Marseille, ont décidé de se « concentrer sur la friction entre les corps et la musique ». Dans la droite ligne de leur recherche sur le corps en révolte, ils ont imaginé un combat entre les danseurs et la musique – transformée ici en un véritable personnage. Une création précédée par un programme composé d’extraits du répertoire du Ballet. PRODUCTION Ballet National de Marseille COLLABORATION ICKamsterdam Festival de Marseille – danse et arts multiples 24 juin › 19 juillet 2016 Boléro Emio Greco l Pieter C.Scholten parcours Emio Greco l Pieter C. Scholten Lorsque le premier – danseur, né dans le sud de l’Italie – et le second – à l’époque metteur en scène du théâtre alternatif néerlandais – réunissent leurs talents dans le courant des années 1990, ils font de leur double signature une aventure chorégraphique. Ils créent en 1995 leur première œuvre, Bianco, solo qui constitue la première partie de la trilogie Fra Cervello e Movimento (Entre Cerveau et Mouvement). La trilogie sera accompagnée d’un manifeste artistique qui se décline à partir du corps et de sa logique en sept nécessités et qui pose la base de leur nouveau langage. Pour qualifier leur travail, un nouveau terme est inventé : « extrêmalisme ». Emio Greco et Pieter C. Scholten, dès les débuts de leur compagnie, baptisée EG I PC, développent un univers et une écriture qui empruntent tant au vocabulaire classique qu’à la danse postmoderne. Parmi leurs créations les plus récentes : La Commedia (2011), Rocco (2011), Passione in Due (2012), Double Points: Extremalism (2012), Addio alla Fine (2012), Double Points: Verdi (2013), One Man without a Cause (2013), De Soprano’s (2014), Le Corps du Ballet National de Marseille et Extremalism (2015). Pour plusieurs de ces spectacles, Emio Greco et Pieter C. Scholten reçoivent de nombreux prix internationaux. Leurs créations sont régulièrement coproduites par d’importants festivals et lieux de spectacle et font l’objet de nombreuses tournées à travers le monde. En 2009, ils créent ICKamsterdam (Centre international d’arts chorégraphiques d’Amsterdam), plate-forme interdisciplinaire et internationale pour des talents émergents ainsi que confirmés. Ils sont nommés en 2014 à la direction du Ballet National de Marseille. Leur projet s’inscrit autour de la thématique du corps, sous deux angles : « le corps en révolte », ou la place de l’artiste dans la société, « le corps du ballet », ou la recherche d’une nouvelle forme de ballet contemporain. rencontre avec Emio Greco Ballet ou Centre Chorégraphique National ? Les deux directeurs du Ballet National de Marseille Emio Greco et Pieter C. Scholten font fi des cadres établis : c’est le corps qui dirige l’esprit du lieu. Vous avez été nommé il y a deux ans à la direction du Ballet National de Marseille. Peut-on dresser un premier bilan ? Quels sont les premiers changements que vous avez apportés ? Emio Greco : À notre arrivée, la première chose a été de redonner au Ballet de Marseille une identité, qui n’était plus vraiment reconnaissable au niveau de l’écriture chorégraphique et de l’engagement du danseur. Il a fallu restructurer aussi le côté administratif et technique, pour que tout le monde adhère au nouveau message, en essayant de créer des pôles autonomes mais interdépendants les uns des autres. Chaque pôle devient responsable de sa fonction, avec des marges de manœuvre libres, pour prendre des décisions, gérer ses énergies, en étant relié à l’idée totale du propos artistique. Celui-ci repose sur deux axes : le premier s’intitule « le corps du ballet », et l’autre « le corps en révolte ». Ces deux thèmes artistiques sont toujours la référence vers laquelle on revient pour diriger l’action artistique, et l’action vers le monde extérieur, pour être en contact et en recherche de chorégraphes invités ou d’artistes émergents en étant à l’écoute. C’était un travail très ambitieux, et, aujourd’hui, on peut dire que le Ballet a trouvé une nouvelle identité. On a aussi voulu lui redonner son rôle de Centre Chorégraphique National. Davantage perçu comme un ballet, sa fonction de CCN se réduisait aux tâches minimales comme les accueils-studios, de façon très traditionnelle. On a voulu reprendre ce rôle en choisissant des jeunes chorégraphes qui soient vraiment en résidence et soutenus par toute l’équipe du BNM en tant que pôle, centre de connexions, d’échanges, de l’intérieur vers l’extérieur.. Dans quel rapport à l’Europe impliquez-vous le BNM ? E. G. : Avec Pieter, nous avons créé en 2009 le centre international d’arts chorégraphiques d’Amsterdam. Notre projet fait en sorte que les deux structures collaborent de façon à avoir une dynamique nord-sud. C’est la possibilité de faire à la fois des échanges d’artistes pour amplifier l’écoute et le soutien aux jeunes chorégraphes, mais aussi des coproductions ensemble. Une grande production entre les deux compagnies a vu le jour, et nous allons partir en tournée aux Pays-Bas, ce qui est assez nouveau pour le ballet. Cela se traduit également au travers d’artistes invités, repérés là-bas et vice-versa, comme Arno Schuitemaker, ou Eric Minh Cuong Castaing. Avec la participation d’Amsterdam, le soutien devient plus costaud, plus cohérent. Cela n’aurait pas été possible sans Festival de Marseille – danse et arts multiples 24 juin › 19 juillet 2016 Boléro Emio Greco l Pieter C.Scholten cette collaboration. 1992. Roland Petit crée l’École nationale supérieure de danse. Vous qui arriviez d’une compagnie indépendante, comment s’est traduit votre rapport au groupe, au sein d’un ballet, avec tout ce que cela suppose comme relations hiérarchiques ? E. G. : Notre désir était de parler du corps comme élément essentiel, fondamental du projet, et cela se retrouve dans nos deux thèmes. C’est une référence au corps, c’est-à-dire à la personne, à l’individu. Quand on parle du corps, on parle du corps du danseur, mais aussi de tout ce qui fait la force et le patrimoine du BNM : ceux qui y travaillent, les techniciens, les administratifs… On a vraiment fait comprendre que chacun est ambassadeur du ballet. Pour nous, il n’y a pas de distinction entre corps de ballet et soliste, sachant que tout le monde est particulier, singulier. Tout le monde à sa façon est soliste, et tout le monde a la même responsabilité vis-à-vis de soi et du projet artistique. propos recueillis par Nathalie Yokel pour Journal La Terrasse - février 2016 en tournée 11 sept. - Rovereto (IT) / Festival Oriente Occidente - Teatro Zandonai le bNM en quElques dates 1972-1998. Roland Petit bâtit une stature internationale à la danse et à Marseille. 22 novembre 1972. Création de Pink Floyd Ballet, accompagné par le groupe lui-même. 1974. La Rose malade, costumes d’Yves Saint Laurent, dansé par Maïa Plissetskaïa. 1978. La Dame de pique, avec Mikhaïl Barychnikov. 1984. Le Ballet National de Marseille fait partie des premières compagnies à obtenir le label de Centre chorégraphique national (CCN). 1984. Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, décors de Keith Haring. 1996. Marie-Claude Pietragalla signe Corsica . 1998-2004. Marie-Claude Pietragalla prend la suite de Roland Petit à la tête du Ballet National de Marseille. 2004. Ni Dieu ni maître, hommage à Léo Ferré, dernière création de Marie-Claude Pietragalla pour le Ballet. 2004-2014. Frédéric Flamand prend les commandes du Ballet National de Marseille. 2005. La Cité radieuse, en collaboration avec Dominique P errault. 2006. Metapolis II, en collaboration avec Zaha Hadid. 2010. La Vérité 25 fois par seconde, en collaboration avec le plasticien chinois Ai Weiwei. 2013. Olivier Dubois, artiste invité, crée Élégie. 2014. Édouard Lock et Richard Siegal sont invités à chorégraphier pour la compagnie. Mars 2014. Emio Greco et Pieter C. Scholten sont nommés directeurs artistiques du Ballet. pour aller + loin... Aux sources d’un succès musical En 1927, Ida Rubinstein, ancienne égérie des Ballets russes de Diaghilev, amie et mécène de Maurice Ravel, lui passe commande d’un « ballet de caractère espagnol » qu’elle comptait représenter avec sa troupe de ballets. Il fut créé le 22 novembre 1928 au Théâtre national de l’Opéra par l’orchestre Straram, dans une chorégraphie signée Bronislava Nijinska. Le musicologue Henri de Curzon décrivit la première en ces termes : « Une posada, à peine éclairée. Le long des murs, dans l’ombre, des buveurs attablés, qui causent entre eux ; au centre, une grande table, sur laquelle la danseuse essaie un pas. Avec une certaine noblesse d’abord, ce pas s’affermit, répète un rythme… Les buveurs n’y prêtent aucune attention, mais, peu à peu, leurs oreilles se dressent, leurs yeux s’animent. Peu à peu, l’obsession du rythme les gagne ; ils se lèvent, ils s’approchent, ils entourent la table, ils s’enfièvrent autour de la danseuse… qui finit en apothéose. » La diffusion de l’œuvre atteint rapidement des proportions démesurées et Ravel en est le premier étonné, lui qui avait espéré que son œuvre serait, au moins, « un morceau dont ne s’empareraient pas les concerts du dimanche » : « Je souhaite vivement qu’il n’y ait pas de malentendu au sujet de cette œuvre. Elle représente une expérience dans une direction très spéciale et limitée, et il ne faut pas penser qu’elle cherche à atteindre plus ou autre chose qu’elle n’atteint vraiment. Avant la première exécution, j’avais fait paraître un avertissement disant que j’avais écrit une pièce qui durait dix-sept minutes et consistant entièrement en un tissu orchestral sans musique Festival de Marseille – danse et arts multiples 24 juin › 19 juillet 2016 Boléro Emio Greco l Pieter C.Scholten – en un long crescendo très progressif. Il n’y a pas de contraste et pratiquement pas d’invention à l’exception du plan et du mode d’exécution. Les thèmes sont dans l’ensemble impersonnels – des mélodies populaires de type arabo-espagnol habituel. Et (quoiqu’on ait pu prétendre le contraire) l’écriture orchestrale est simple et directe tout du long, sans la moindre tentative de virtuosité. (…) C’est peut-être en raison de ces singularités que pas un seul compositeur n’aime le Boléro – et de leur point de vue ils ont tout à fait raison. J’ai fait exactement ce que je voulais faire, et pour les auditeurs c’est à prendre ou à laisser. » Si l’œuvre est composée sous forme de ballet, cette suite de solos instrumentaux met en valeur les talents individuels mais aussi l’homogénéité collective de chaque pupitre, tous les membres de l’orchestre participant également à un accompagnement imperturbable ; c’est la définition même d’un genre naissant à l’époque : le concerto pour orchestre. Le musicologue Émile Vuillermoz avertit, à propos de l’œuvre, réputée facile, ou simplement répétitive, que si l’on peut siffler facilement les premières mesures, « peu de musiciens professionnels sont capables de reproduire de mémoire, sans une faute de solfège, la phrase entière qui obéit à de sournoises et savantes coquetteries. »