50 ans d`indépendance : quelle Renaissance pour les États africains

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50 ans d`indépendance : quelle Renaissance pour les États africains
50 ans d’indépendance : quelle Renaissance pour les États africains ?
Dr. Djibril DIOP
Chercheur associé au CÉRIUM - Université de Montréal (Québec)
[email protected]
« On a trop dansé en Afrique, on a trop chanté et on a trop rigolé ...Pour cette commémoration il n’y aura ni défilé
militaire pompeux, ni danses endiablées, mais un colloque. Un colloque auquel j’inviterais les représentants de tous les
pays africains qui ont acquis leur indépendance en 1960 afin que l’on réfléchisse sur ce demi-siècle passé et les
cinquante ans à venir », le Président Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, le 31 janvier 2010.
INTRODUCTION
En cette année de célébration des 50 ans d’indépendance pour nombre de pays africains1, au‐
delà de l’enthousiasme, c’est aussi le temps du bilan, surtout de l’introspection de ce qui est advenu de cette accession à la souveraineté internationale. Le premier constat que l’on observe est que, malgré ses multiples richesses, l’Afrique reste à la traine du développement. Aussi, si l’on peut déceler dans ses rapports déséquilibrés avec le reste du monde, notamment l’Occident, les dirigeants qui se sont succédés dans les différents pays du continent depuis les années 1960, à quelques exceptions près, ont plutôt manifesté une seule volonté, se maintenir au pouvoir contre vent et marrée dans une ambiance très souvent teintée de mauvaise gouvernance, de népotisme, de corruption, de manipulation des institutions et des règles démocratiques les plus élémentaires, qui ont permis certains d’entre eux, d’accéder au pourvoir. Parallèlement, les défis socioéconomiques se posent avec acuité et ne cessent de se complexifier chaque jour avec l’augmentation rapide de la population, notamment dans les centres urbains2 : plus de 2/3 de la population urbaine vivent dans un habitat précaire (72 %) sans services essentiels (seulement 36 % de la population disposent d’un système d’assainissement ; 44 % ont accès à une eau potable) ; 54 % de la population est jeune (moins de 20 ans) et 46 % vivent dans l’extrême pauvreté avec moins de 1 $ US/jour. Au chapitre sanitaire, la situation n’est guère reluisante. La pandémie du Sida continue de faire des ravages sur le continent, dont les enfants et les femmes sont plus exposés (70 % des 40 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde vivent en Afrique). Outre le Sida, la mortalité maternelle et infantile reste plus élevée en Afrique que partout au monde (916 femmes perdent la vie pour 100 000 naissances ; 30 000 enfants meurent chaque jour avant d’atteindre leur cinquième anniversaire); alors que le paludisme reste encore la première cause de mortalité sur le continent, détruisant des familles entières, auquel s’ajoute la poliomyélite, le choléra, la méningite, la bilharziose, etc., et la sous‐alimentation reste une équation insoluble (30 % des 1
En 1960, 17 pays francophones accèdent à la souvent internationale vis-à-vis de la métropole coloniale, la France.
Toutefois, auparavant, certains pays, notamment anglophones, avaient recouvré leur indépendance : Soudan, Égypte
Maroc, 1956, Ghana 1958…
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Avec 4 % de croissance annuelle, en 2000 la population urbaine du continent était estimée à 34,3 %, contre 23,3 % en
1980 et elle devra être de 46,2 % en 2020. À cette date, 37 % des Africains vivront dans une ville millionnaire, contre
22 % en 1990 et seulement 4 % en 1960.
1 enfants de moins de 5 ans sont malnutris, 40 % de la population survivent sous la menace d’une crise alimentaire)3 et la gestion des catastrophes naturelles un casse‐tête (glissements de terrain en Ouganda, inondations en Afrique de l’Ouest…). L’objet ici, n’est pas de mettre en cause l’héritage historique et culturel, ni de le piétiner comme un vulgaire papier à mouchoir après usage. Les valeureux et courageux ancêtres qui ont légué une richesse inestimable, tant du point de vue social, culturel et même philosophique, méritent un hommage mérité. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue le contexte actuel dans lequel l’Afrique et les Africains se débattent aujourd’hui et dans lequel vivront demain, les enfants d’Afrique. Ainsi, la vraie question n’est‐elle pas alors, comment faire en sorte que la situation de sous‐développement endémique dans laquelle vit l’écrasante majorité des peuples du continent et son corolaire de maux qui gangrènent leur quotidien et hypothèquent leur avenir, soit dépassée ? Comment faire en sorte que cette situation déplorable qui pousse des milliers de ses fils et filles valides à vers un exode suicidaire en bravant les dangers de la mer ou du désert pour une hypothétique meilleure condition de vie ? Or dans toutes les ressources rares et convoitées, l’Afrique fait figure de pool position ou au moins dans les dix premiers (cuivre, fer, or, cobalt, manganèse, phosphates, etc.). En outre, l’Afrique est aujourd’hui, le continent le mieux aidé (34 $ US par capital contre 4 pour l’Asie du Sud Est et le Pacifique, selon la Banque Mondiale). À partir de là, regardons froidement la réalité à travers un diagnostic rationnel des actes et comportements que posent les Africains comme leur participation « au rendez‐vous du donné et du recevoir » selon l’expression du Président Senghor. I. QUELLE GOUVERNANCE POLITIQUE EN AFRIQUE ?
1. 1. Pour quelle gouvernance ?
1960‐2010, cinquante ans de sueur, de larmes et de sang. Cinq décennies, un demi‐siècle d’indépendance est certes, un moment important pour plusieurs pays du continent, donc normal pour magnifier cet événement historique. Ainsi, des centaines de milliards FCFA sont mobilisés4 (dont une partie est allouée par les anciennes métropoles) serviront à marquer les « réjouissances ». Or aucun Africain n’ignore que l’ambiance sur le continent n’est pas à la fête, tant les défis restent énormes. Certes, l’accession des États africains à la souveraineté internationale, même si elle a été offerte pour la plupart, elle n’a pas été facilement obtenue. Elle a été une issue de luttes multiformes et de sacrifices d’hommes et de femmes de valeurs, pendant de très longues années. Ainsi, les premières années des « indépendances », sont marquées par des figures emblématiques, imbues de vraies valeurs panafricanistes, d’idées d’indépendance totale et de projets viables pour une Afrique unie et prospère : de Mamadou Dia à Nkwame Nkrumah en passant par Patrice Lumumba, Amilcar Cabral, Thomas Sankara entre autres. Malheureusement, ils ont tous, été éliminés, très souvent avec la complicité de l’ancienne puissance colonisatrice dans des conditions rocambolesques (la parenthèse de Bob Dinard sur le continent en témoigne de cette page noire). Or chacun de ces hommes et femmes avait posé des actes fondateurs qui ouvraient la voie à une vraie indépendance pour une Africaine unie et solidaire. Depuis, le sang n’a cessé de couler et continue encore de couler 3
World Development Indicators, World Bank, 2006.
Au Sénégal le budget de cette commémoration s’élève à 1,5 milliard F CFA, dont 800 millions F CFA pour le comité
d’organisation.
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2 partout sur le continent : au Darfour, au Tchad, en passant par la Centrafrique, l’Ouganda, le Niger, en RDC, en Casamance, dans les rues de Mogadiscio, au Zimbabwe, etc. Les élections sont violemment contestées au Togo, au Kenya, au Gabon... Les coups d’État se succèdent en Guinée‐Bissau, aux Îles Comores, au Niger en Mauritanie... La Guinée‐Conakry, la Côte d’Ivoire… s’enlisent pour l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques. Le Liberia, la Sierra Leone, l’Angola, le Burundi, le Rwanda, la République Démocratique du Congo, le Congo, la Centrafrique, l’Ouganda, le Zimbabwe, le Tchad… conservent encore les stigmates de plusieurs décennies de guerre civile et de génocide et vivent dans une fragilité manifeste. Par ailleurs, d’autres qui ont incarné l’espoir un moment ont fini par présenter leur vraie nature dictatoriale et monarchique. Par exemple, à l’issue de l’alternance historique intervenue le 19 mars 2000, le Président Wade du Sénégal avait déclaré que « le pays a besoin du génie de ses fils, où qu'ils se trouvent, pour l’aider à construire ce qui a été détruit par quarante années de gâchis »5. Ainsi, de nombreux cadres de la diaspora avaient quitté leur travail pour répondre à cet appel patriotique. Ce qui est advenu de l’exercice de son pouvoir n’encourage pas d’autres à imiter les premiers. De l’engouement suscité au départ, il ne reste que désarroi pour la majorité de son peuple6. Le cas du Président sénégalais est un cas d’école pour toute l’Afrique. À son arrivée au pouvoir, il prétendait, être le président le mieux élu de la planète, sinon de toute l’Afrique, qu’il ne se sentait aucunement lié à aucun « club de chef d’État », se présentant même, comme un pourfendeur des complaisances de certaines de ses paires qui se mêlassent dans un laxisme cynique contre leur peuple. Toute l’Afrique avait applaudi des deux mains, en se disait enfin, avoir trouvé le leader idéal et soucieux des aspirations de son peuple et digne de la représenter. Avec ses idées novatrices, il avait laissé planer l’idée d’une rupture d’avec ce que les présidents africains avaient habitué leurs peuples, jusque‐là. Son aura a eu des échos partout à travers le monde, même dans les Assemblées les plus prestigieuses (Davos, G8, etc.). Ainsi, devant l’océan de désespoirs, voilà enfin quelqu’un qui symbolisait l’espoir, qui émergeait du lot et qui, certainement fera tâche d’huile sur les autres pays du continent. Même les partenaires qui se résignaient dans l’afro‐pessimisme, trouvaient par‐là, des raisons de croire à un sursaut. Les idées et les idéologies, selon qui « l’Afrique n’était pas mûre pour la démocratie » et qui voudraient faire de l’Afrique un « cancer » de la planète et les Africains des « sacs à virus » pour l’humanité, trouvaient par‐là une réponse à la mesure de l’affront. Dans ce prolongement, pour la première fois (hormis le cas du Président Rwandais sur une autre question), un pays africain osait répondre par la réciprocité en expulsant des ressortissants français en réponse à la politique française des charters. Ces positions courageuses ont été saluées partout en Afrique et dans la diaspora. Mais les actes posés ces dernières années en matière de gestion du pouvoir ont démontré tout le contraire de ce que cet homme affirmait partout haut et fort. Par exemple, en tant qu’un des pairs fondateurs du NEPAD, le Président Wade qui s’est ouvert au Mécanisme d’Évaluation des Pairs (MEAP) depuis 2003, refuse à ce jour d’accueillir la mission d’évaluation. Le Président Wade qui s’est révélé parmi les défenseurs les plus acharnés du NEPAD se présente aussi parmi ses plus grands pourfendeurs. Combien d’intellectuels africains ont eu à subi ses foudres 5
Restrictions des libertés démocratiques, dérives autoritaires, gestion patrimoniale du pouvoir, manipulation des
institutions et de la Constitution, corruption à grande échelle...
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Le même discours a été tenu par le Président Kibabi du Kenya à son arrivée au pouvoir en 2003, là aussi, l’exercice
du pouvoir a conduit à des dérives, notamment aux émeutes électorales du printemps 2008.
3 lorsqu’ils ont osé, avoir une position critique vis‐à‐vis de ce plan sensé sortir l’Afrique de l’isolement et la mettre enfin, sur la voie du développement ? Il avait même nommé un ministre chargé du NEPAD. Ainsi, le Président Wade a fini par démontrer à la face du monde que rien ne le différencie des autres chefs d’État africains, qui ont habitué l’opinion, depuis les indépendances, à une gestion laxiste, clientéliste, teinté de népotisme, de corruption, de mal gouvernance, de « pouvoirisme » très souvent ensanglanté. 1. 2. Le retour des coups d'État
Si dans les années 1990, on a remarqué une régression des coups d’État, des rébellions, des guerres interétatiques ou internes sur le continent, depuis quelques années on note un retour marqué des coups d’État, notamment dans la partie occidentale du continent7. Après le Discours de François Mitterrand à La Baule en 1989, le vent de démocratisation avait suscité l’espoir, et dans la foulée, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), qui deviendra en 2002, Union Africaine (UA) proscrit, lors du Sommet d’Alger en juillet 1999, les « coups d’État ». Mais, ce que l’on constate c’est que les coups d’État militaires reviennent au goût du jour en Afrique, et de plus en plus avec le soutien moral des populations. Ce fut le cas au Niger, au lendemain du putsch du 18 février 2010 contre le Président Mamadou Tandja, en Mauritanie en 2006 avec la chute de Maouya, en Guinée lors de l'arrivée au pouvoir du capitaine Moussa Dadis Camara, en décembre 20088. À Madagascar, un chef de l'État démocratiquement élu, Marc Ravalomanana, a été chassé du pouvoir par l'armée avec le soutien de l'opinion. S’il ne faut pas manifester un enthousiasme débordant en vis‐à‐vis de ces phénomènes, néanmoins, il faut toutefois reconnaitre que ces scènes de liesse traduisent un malaise profond en matière de gouvernance politique sur le continent. Ainsi, l'ère des coups d'État qui paraissait révolue est bel et bien de retour sur le continent africain. Et contrairement au passé, dans la plupart des cas, ils recueillent l'assentiment d'une grande partie de l'opinion publique. N’y a‐t‐il pas lieu de s’interroger sur comment a‐t‐on pu en arriver là, alors que depuis la fin des années 1980, le mouvement de démocratisation semblait irréversible sur le continent ? La raison est que les leaders et les élites politiques africains sont devenus les véritables sources d'instabilité dans leurs pays, par leur violation récurrente des normes élémentaires de l'État de droit, par l'instrumentalisation de la Constitution et leur volonté cynique d'imposer à leur pays une succession dynastique. C’est là les véritables causes du retour des coups d'État militaires certainement, alors que d’autres chefs s'assurent de la loyauté et du soutien des forces armées pour se pérenniser au pouvoir. Ainsi, si certains pays commençaient à sortir des ténèbres, par contre d'autres sombrent dans de nouvelles crises interminables résultantes de processus autocratiques, notamment avec de l’organisation de simulacres élections, qui ne sont démocratiques que de nom, dans lesquelles, « le parti unique » au pouvoir, s’attribue un score confortable et attribue celui de ses opposants, selon leur degré de malléabilité (Gabon, Togo…). Ce qui ne aboutie à une instabilité chronique et compromet toute initiative de développement économique. 7
Depuis les indépendances, il y a eu sur le continent plus de 70 coups d’État militaire.
Avant qu’une folie meurtrière ne s’empare du régime avec le massacre, le 28 septembre 2009, des dizaines
d'opposants lors d’une manifestation pacifique à Conakry.
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4 II. QUEL DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE POUR L’AFRIQUE ?
2. 1. Sous-emploi et chômage chronique
Ces dernières années, les problèmes des pays africains se sont vus aggravés avec le sous‐emploi de la main‐d'œuvre qualifiée. Dans tous les pays, il y a paradoxalement un taux de chômage et de sous‐emploi élevé parmi les jeunes diplômés, notamment des universités, scientifiques et ingénieurs compris9. Ainsi, à la question de la pauvreté et du chômage, est venue se greffer celle du sous‐emploi. Par exemple, le diagnostic fait par la Banque mondiale sur la problématique de l’emploi au Sénégal donne un taux de chômage de 13 % et 27,5 % de sous‐emplois, dans un pays confronté à un manque de perspective pour l’écrasante majorité de sa jeunesse. Par ailleurs, si l’on note un manque criant de certaines qualifications sur le marché de l’emploi, au même moment, ils sont des milliers de jeunes sénégalais hautement qualifiés à travers le monde10. Si des initiatives sont mises en place par les autorités pour juguler le phénomène à travers l’Agence Nationale pour l’Emploi des Jeunes (ANEJ) depuis 2001, cependant la problématique de l’emploi des jeunes reste entière et se complexifie chaque jour un peu plus. Certes, dans de nombreux pays du continent, on s’emploie à augmenter le taux de scolarisation, en revanche les perspectives d’emploi des jeunes diplômés semblent assez réduites. En outre, on note une inadéquation entre les systèmes éducatifs qui forment les étudiants à des emplois de « col blanc » souvent inexistants. Ainsi, des milliers de jeunes sortants chaque année du système scolaire arrivent sur le marché du travail sans compétences adéquates en corrélation avec le contexte des pays. En l’absence de perspectives, nombre d’entre eux choisissent ainsi, l’exil. Ce qui est inquiétant dans cette émigration, c’est l’exode massif de la matière grise, alors que l’émigration clandestine se pose comme un autre défi majeur. Ce qui fait que le continent s’appauvrit, aussi bien de ses bras que de ses cerveaux, de sa jeunesse avec tout son dynamisme et toute sa créativité. 2. 2. Émigration et fuite des cerveaux
L’Éducation et particulièrement l’Enseignement supérieur est, sans nul doute, au cœur des débats en ce début de 21e siècle, au regard de la mondialisation, de la science et de l’économie. Or, le système éducatif des pays africains en général, est confronté à un sérieux problème qui en constitue l’un des facteurs bloquant à savoir la « fuite des cerveaux ». Chaque année depuis 1990, selon l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), ils sont environ 20 000 Africains hautement qualifiés, qui partent du continent vers les pays du Nord. La Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CÉA) et l’OIM estiment qu’entre 1960 et 1975, 27 000 Africains ont quitté le continent pour les pays de l’OCDE. De 1975 à 1984, ce chiffre est passé à 40 000. Les principaux domaines touchés sont la Santé et l'Éducation, des secteurs clés pour le développement durable. Alors que, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 2/3 des pays du continent ne disposent pas du taux minimal de 20 médecins pour 100 000 habitants. Avec la mondialisation, malgré les politiques migratoires restrictives, les Africains, à 9
Lalla Ben Barka, Secrétaire exécutive adjointe de la Commission Économique des Nations Unies pour l'Afrique.
Du 19 au 20 avril 2008, le Rassemblement Général des Sénégalais du Canada (RGSC) avait organisé à Montréal, un
colloque regroupant les ressources originaires de ce pays au Canada pendant lequel on a noté la présence de tous les
domaines de compétences notamment des sciences et des techniques.
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5 l’image des autres communautés, sont engagés sur la difficile, mais irréversible voie de la libre circulation des personnes et des services. S’il est vrai que l’émigration a toujours existé sous tous les cieux et à toutes les époques, alors comment espérer développer le continent où les défis du développement sont incommensurables, si une majorité de ses ressources qualifiées le quittent ? On indexe très souvent, la modicité du traitement, le statut social, l’environnement de travail et le manque de perspectives pour les jeunes diplômés, comme raisons de cet exode massif vers d’autres cieux plus cléments. Or un tel exode influe négativement sur le développement du continent et contribue à marginaliser l’Afrique dans les systèmes mondiaux du Savoir. Le continent ne réalise que 0,5 % des investissements mondiaux consacrés à la recherche‐développement, et ne représente que 0,8 % des dépenses mondiales consacrées aux publications scientifiques (Mutumé G., 2003)11. Avec 15 % de la population mondiale, on estime aujourd’hui que plus du tiers des intellectuels Africains vivent à l’étranger12, alors que les 20 000 scientifiques et ingénieurs que compte le continent ne représentent que 3,6 % de la population scientifique mondiale13. Enfin, ils seraient environ 30 à 40 000 d’Africains titulaires d’un doctorat à vivre hors du continent, et 2/3 des étudiants Africains restent dans les pays d’accueil après leur formation faute de perspectives dans leurs pays d’origine. Ainsi, si l'Afrique est à la traîne dans le domaine de la recherche scientifique et technique, c'est parce qu'il n'y a pas de centres disposant d'une masse critique indispensable d'enseignants‐chercheurs14. Le fait que les personnes qualifiées et compétentes ne retournent pas dans leur pays démontre l’impossibilité pour l’Afrique d’entrer dans l’arène mondiale de la Connaissance15. Comble du paradoxe, pour compenser ces pertes, les pays du continent font appel, non seulement, au personnel qualifié des pays occidentaux (+100 000 expatriés) mais également, déboursent, chaque année, plus de 4 milliards $ US (Djian J‐M., 2005). Par exemple au Burundi, le déficit de professeurs‐docteurs pousse l’université à recourir à l’expertise extérieure. Sur les 163 enseignants que comptait le pays, il ne reste que 70 ce qui génère un taux de dépendance de 48 %, et un million $ US pour le traitement des expatriés16. Face à l’accélération récente des flux, au‐delà des mots et des discours, qu’est‐ce que l’Afrique propose réellement à sa diaspora pour exercer sur elle, une attraction pour la faire revenir comme c’est le cas dans d’autres régions du monde ? Autrement dit, l’Afrique devra‐t‐elle rester passive ou dispose‐t‐elle de moyens pour y faire face à ce phénomène ? Si les pays du continent n’ont pas les moyens d’empêcher « la fuite des cerveaux », comment faire en sorte que sa diaspora puisse leur être utile ? 17 Il faut reconnaître que, ni la politique ni l'orientation économique des pays Africains ne permettent d'espérer des lendemains meilleurs. En effet, si des initiatives commençaient à voir le jour dans certains pays, les pratiques de gestion 11
Si des pays comme le Sénégal affirment consacrer 40 % de leur budget à l’Éducation, pourtant ceci ne se reflète pas
réalité de la gestion de ce secteur où l’on observe plutôt des grèves cycliques, hypothéquant l’avenir de la jeunesse.
12
Le sujet a fait l’objet d’un débat lors de la 12e Conférence de l’Association des Universités Africaines (AUA) à
Tripoli sur la fuite des cerveaux du 21 au 25 octobre 2007.
13
Selon le Pr Hatungimana de l’université du Burundi, lors de la 12e conférence de l’AUA.
14
Henri Hogbe Benlend, Fondateur et premier président de l'Union mathématique africaine, lors de la Conférence des
intellectuels d’Afrique et de la Diaspora à Dakar 6-9 octobre 2004
15
Conférence internationale sur l’Éducation « Global 2 », tenue les 11-12 décembre 2007 à Édimbourg en Écosse.
16
Pr. Hatungimana, op.cit.
17
Toutes ces questions étaient au rendez-vous lors de la 12e Conférence de l’AUA à Tripoli.
6 autocratique du pouvoir ont très vite freinées. Lors de la 12e Conférence de l’Association des Universités Africaines (AUA), à Tripoli en 2007, plusieurs recommandations avaient été formulées pour permettre de « freiner » ce phénomène. En 2003, pour la première fois, l'Union africaine avait demandé la diaspora africaine à prendre une part active au développement du continent18. Pour juguler ce phénomène, des problèmes structurels devront au préalable être résolus. Dans les années 1960‐1970, les intellectuels étaient considérés comme des éléments subversifs, dangereux à éliminer. Aujourd'hui encore, si des progrès significatifs ont été faits en matière de respect des droits humains, toutefois, des zones d’ombres restent encore compte tenu de « l'ambiance délétère » dans plusieurs pays du continent, notamment sur le plan politico‐économique. 2. 3 Quel modèle de développement ?
L’Afrique continue toujours d’occuper une place marginale dans l’économie mondiale (‐3 % des échanges économiques). Or les politiques nationales et internationales pour stimuler la croissance et le développement sur le continent peinent à porter leurs fruits. Ce qui fait que les pays africains sont presque tous classés dans les catégories les plus basses des pays sous‐
développés. Pour inverser la tendance, la CEDEAO entend lancer une réflexion à travers un symposium sur le développement du continent du 2 au 4 juin prochain à Ouagadougou, pendant lequel, universitaires, chercheurs, professionnels du développement, décideurs politiques, acteurs de l’intégration régionale, etc., vont réévaluer le concept du développement, 50 ans après les Indépendances et toutes ses implications à la fois économiques, sociales, culturelles et politiques pour proposer de nouvelles pistes pour ainsi rattraper « ces décennies perdues » pour le développement du continent. Car il faut cesser de répéter les modèles présentés par d’autres et parvenir à des stratèges propres, selon ses initiateurs. Les fondements de toutes les crises sociopolitiques ne se trouvent‐ils pas dans la mal gouvernance économique et politique, si l’on sait que 90 % des chefs d’État actuellement en place, sont soit, mal élu, soit se maintiennent au pouvoir contre la volonté de leur peuple? Du Zimbabwe au Sénégal en passant par le Burkina Faso, le Togo et le Gabon, cette réalité est partout la même. En même temps le continent est victime de la rapacité de ses dirigeants qui transfèrent d’importantes sommes d’argent pour les cacher dans des banques extérieures. Selon une étude de l'ONU en 2004, plus de 400 milliards $ US sont planqués par des Africains dans des paradis fiscaux hors du continent, dont plus 131 milliards $ US proviennent de la zone franc, et plus de 86 milliards pour les seuls pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest‐
Africaine (UEMOA). Cette fuite des capitaux représente 13 à 14 % du PIB de la zone franc, avec une pointe de 22 % au Sénégal et 19,5 % en Côte d’Ivoire19. En effet, selon The Financial Times (2004), sur les 500 milliards $ US qui sortent chaque année des pays pauvres, 400 milliards proviennent du continent africain, dont, 300 milliards issus de délits (la corruption pour 50 milliards et les activités criminelles pour 250 milliards)20. Une réduction de 40 % de l’épargne africaine expatriée ramenée au niveau des 3 % de fuite de capitaux des pays asiatiques 18
Notamment depuis l’adoption du concept de « 6e Région ou continent» par l’Union Africaine en février 2003 qui
stipulait que l’UA « invitera et encouragera la pleine participation de la diaspora en tant que partie prenante de notre
continent, à la construction de l’Union Africaine ».
19
Dieng A. S., 2007.
20
L’Afrique est devenue la plaque tournante de la drogue sud-américaine vers l’Europe et l’Amérique du nord.
7 permettrait une augmentation de 50 % du stock de capital en Afrique21. Ainsi, l’Afrique reste l’éternelle marginalisée de la mondialisation avec la mauvaise gouvernance de ses dirigeants. 2. 4. Le NEPAD, une initiative mort-née
Malgré l’engouement et l’espoir suscité par les pères fondateurs, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), une chance véritable pour enfin, faire décoller le continent, cette initiative comme celles qui l’ont précédée, se présente comme une initiative mort‐née. Or pour une fois, l’Afrique pouvait véritablement parler d’une seule voix face à ses partenaires à travers une stratégie « propre ». La vision du NEPAD s’articule autour de la conviction qu’il incombe aux Africains l’urgence de définir eux‐mêmes, les priorités de développement du continent, en plaçant leurs pays, individuellement et collectivement, sur la voie d’une croissance et d’un développement durables. Cette initiative est née de la jonction du plan OMEGA du Président Wade et celui porté par les Sud‐Africain Thabo Mbeki, l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, le Nigérian Olusegun Obasanjo et l’Égyptien Hosni Moubarak. Le projet a été placé sous la tutelle de l’Union africaine, au sommet de Lusaka en Zambie en juillet 2001. Depuis, le NEPAD administré par un secrétariat exécutif basé à Johannesburg en Afrique du Sud, tarde à concrétiser la construction des infrastructures, considérée comme l’une de ses priorités. Le Président Abdoulaye Wade lui‐même reconnait que le NEPAD n’a pas été ce qu’ils attendaient même si : « c’est une bonne Mercedes ayant besoin d’un bon chauffeur ». Ce plan n’était‐il pas voué à l’échec dès le départ, car les peuples africains n’y étaient pas du tout associés et ne s’y retrouvaient pas dans « un montage » destiné essentiellement à faire les yeux doux à des investisseurs étrangers au profit exclusif d’une élite de plus en plus déconnectée de ceux, au nom de qui, elle prétend parler et agir ? III. QUELS RAPPORTS AUX AUTRES, POUR QUELLE COOPÉRATION ?
3. 1. Après les PAS, les DRSP et après ?
Globalement, aucun pays africain ne peut se prévaloir d’une stratégie propre de sortie du sous‐
développement chronique, 50 ans après les indépendances. Avec la fin de « l’État‐providence », la chute du cours des matières premières à la fin des années 1970, le cycle de l’endettement et la mal‐gouvernance (détournements des deniers publics)22 ont fini par étouffer les maigres économies le plus souvent soutenues par un seul produit d’exportation. Ainsi, les pays africains, sous l’injonction des Institutions Financières Internationales (IFI) avec à leurs têtes les institutions de Bretton Woods (la Banque Mondiale et le FMI), à la suite du consensus de Washington, adoptent les Plans d’Ajustements Structurels (PAS), dont une des conditionnalités était la privatisation des secteurs rentables et de ne plus investir dans les secteurs sociaux (éducations, santé, notamment). Ce qui est advenu de ces plans on le connait. Même, les IFI ont reconnu leur nuisance sur les pauvres populations africaines, alors que les élites, qui se sont enrichies honteusement du malheur de leurs peuples, cantonnaient partout leur incapacité d’y trouver une alternative. 21
Haut Conseil Français de la coopération internationale «les priorités de la coopération pour l’Afrique Subsaharienne
et le NEPAD ».
22
Le Général Baba NGida au Nigéria, Moboutou Sessé Séko dans l’ex-Zaïre, se sont bien illustrés dans cette malgouvernance répugnante.
8 Pour soulager les pays pauvres d’une partie du fardeau de la dette qui plombait les économies, intervient l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) dont l’objectif est de ramener la datte des 41 pays les plus pauvres et surendettés à un niveau supportable par un effort conjugué de tous les créanciers, privés, publics et multilatéraux23. Ainsi, les économies dégagées par le non remboursement de la dette devaient désormais servir au financement de projets sociaux. Mais à travers les journaux télévisés, les populations voient tous les jours leurs dirigeants signer des contrats à coup de milliards sans jamais voir la couleur de l’argent ni son impact sur leur vécu. Dans ce prolongement, après les PAS, le constat de l’accroissement de la paupérisation dans les pays africains au début des années 1990 a conduit les IFI à imposer les Documents Stratégiques de Réduction de la Pauvreté (DSRP), comme seule « stratégie viable » pour arrêter cette spirale. Cadre unique de référence pour les interventions des partenaires au développement, cette initiative a pour objectif d’améliorer l’efficacité de l’Aide Publique au Développement (APD) par une meilleure harmonisation des interventions24. Et maintenant on parle d’Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à atteindre d’ici 2015. À vrai dire, dans toutes ces initiatives, aussi salutaires qu’elles soient, où se situe l’apport propre des Africains dans leur montage ? 3. 2. L'Afrique rejette les Accords de Partenariat Économique
Le 09 décembre 2007, les 52 pays membres de l’Union africaine plus le Maroc et les 27 pays européens ont adopté, au sommet de Lisbonne au Portugal, la « Déclaration de Lisbonne », pour une « stratégie conjointe » dans le cadre d’un partenariat « d’égal à égal » à travers un plan d’action sur trois ans. Si les pays africains ont réaffirmé leur volonté de voir évoluer leurs relations avec l’Europe, elles se sont opposées toutefois, à la nouvelle orientation que cette dernière veut elle, donner à celles‐ci, notamment à travers les Accords de Partenariat Économique (APE). Ces derniers étaient censés, à compter du 1er janvier 2008, consacrer l’ouverture progressive d'au moins, 80 % des marchés des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) aux produits européens, sur une période transitoire de 25 ans années, mettant ainsi fin, au régime préférentiel et se conformer aux règles édictées par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Les APE visent à terme, l’instauration du libre échange entre les pays ACP et l’UE, une situation que les Africains, mal préparés, ont manifesté leur désapprobation, compte tenu de leur niveau de développement et de la faible compétitivité de leurs économies. Ainsi, ces Accords qui se voulaient l’aube d’une nouvelle ère dans les relations Europe‐Afrique, ont été rejetés par une majorité de pays africains, opposition incarnée par le Président sénégalais, Abdoulaye Wade25. La véritable question qui se pose ici est pourquoi les États africains refusent d’être sevrés vis‐à‐vis de leurs anciens maîtres, 50 ans après les indépendances ? 3. 3. Départ des troupes françaises
23
Sur les 41 pays ciblés au départ, à ce jour 20 en ont bénéficiés dont 14 africains.
La France consacre 60 % de son APD à sa Zone de Solidarité Prioritaire (ZSP) dons 14 pays pauvres principalement
situés en Afrique subsaharienne francophone.
25
Seulement 15 pays ACP, dont 13 Africains sur 78, avaient conclu de tels accords.
24
9 Aux Accords secrets de défense en cours depuis 1974, la France a décidée, en cette année de célébration du cinquantième anniversaire des indépendances africaines, de mettre fin à l’idée de base à connotation colonialiste ou néocolonialiste. Au Sénégal, ce retrait traduit‐il la volonté de la France d’éviter de payer un « loyer » annuel de 30 millions d’Euros, agité naguère par le Président Abdoulaye Wade (somme que la France verse à Djibouti) ou d’une véritable question de « souveraineté » comme avancé par les autorités sénégalaises ? En tout cas, les Forces françaises du Cap‐Vert (FFCV), un dispositif permanent opérationnel de 1200 hommes, est très lourd et coûte cher à la France, même si les enjeux stratégiques, géopolitiques et économiques de son maintien sont considérables. Si du côté des autorités sénégalaises l’accent est mis sur une question de « souveraineté », du côté français, on évoque plutôt une volonté d’alléger cette force (passant de 1200 à 300 hommes) et de « responsabiliser les Africains pour leur sécurité », 50 ans après les indépendances. Ce qui se traduira par l’érection de Dakar en « un pôle de coopération régionale pour la montée en puissance de l’ensemble des forces africaines en attente, chargé du maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique »26. Ainsi, si en cette année de célébration des cinquante années de l’accession à la souveraineté internationale, le départ des forces françaises apporte du relief et de la valeur symbolique à cette célébration, néanmoins la perspective donnée par les autorités sénégalaises, et leur précipitation pour récupérer les 300 hectares de terre qu’occupaient gratuitement les FFCV, dénature la véritable connotation qu’aurait eue la fin de cette présence « colonisatrice » en contradiction totale avec l’indépendance célébrée avec faste, 50 années après. Encore une fois, on mélange l’important et l’accessoire, ce qui nous discrédite vis‐à‐vis de nos partenaires. 3. 4. La Chine un acteur de plus en plus présent
La Chine est un acteur très important et très actif sur le continent africain, aussi bien du point de vue géopolitique (crises au Darfour et au Zimbabwe) que commercial (30 % de son pétrole viennent d'Afrique). Alors qu’en 1980 les échanges commerciaux sino‐africains étaient inexistants, Pékin se classait, dès 2005, au troisième rang des partenaires commerciaux du continent après les États‐Unis et la France27. En 2007, ils étaient de 73,3 milliards $, soit un accroissement de 32 % par rapport à 2006. Les exportations de ressources naturelles de l’Afrique vers la Chine sont passées, quant à elles, de 3 milliards $ en 2001 à 22 milliards $ en 2006, dont 80 % pour le pétrole. En 2008, le volume des échanges entre la Chine et l’Afrique atteignait 100 milliards $, un objectif fixé en 2006 pour l’horizon 2010, alors qu’il se chiffrait à cette date à 55 milliards $. Ce qui place la Chine juste derrière les États‐Unis, comme second partenaire commercial du continent. Pour soutenir cette dynamique, les autorités chinoises ont mis en place une multitude de mécanismes, dont un « Fonds de développement Chine‐Afrique ». Malgré cet embellie et l’enthousiasme auprès des autorités africaines de cet échange, qu’apporte réellement en apport ce renouveau pour les pays du continent dans leur processus de développement sur la base d’une relation gagnant‐gagnant, comme l’aime à souligner les autorités de Pékin ? 26
Hervé Morin, ministre français des forces armées à Dakar, le lundi 22 Février 2010.
Le Golfe de Guinée, avec ses 4,5 millions de barils/jour, est le carrefour des influences européennes, américaines et
chinoises sur le continent africain.
27
10 Il est certain que la présence de la Chine en Afrique est de nature à renouveler l’intérêt du monde pour ce continent délaissé depuis la fin de la Guerre froide. Elle permet également de revoir ses rapports avec l’Occident en introduisant une compétition avec le modèle de développement et de coopération jusque‐là proposé par ses partenaires traditionnels. On pourrait s’interroger ainsi, si les conditionnalités des institutions financières internationales sont encore pertinentes avec une Chine comme joueur majeur évoluant en dehors de ce système ? Néanmoins, cette coopération profite‐t‐elle vraiment à l’Afrique comme partenaire dans un système gagnant‐gagnant ? Autrement dit, à côté de retombées immédiates, l’Afrique est‐elle en mesure de tirer davantage profit, d’une manière efficace et durable de cette coopération ? Ne contribue t‐elle pas à maintenir l’Afrique dans l’éternel cycle de la dépendance ? La Chine ne risque t‐elle pas de remplacer les anciennes puissances coloniales dans la logique domination ? Par ailleurs, les émeutes et les violences observées un peu partout en Afrique démontrent la nécessité d’un rééquilibrage des rapports, eu égard aux méthodes chinoises de pénétration et ou au laxisme des États africains, très peu vigilants sur la nature d’un partenariat qu’ils semblent plutôt subir, qui n’ont qu’une vision très immédiate au détriment de l’avenir de leur pays. 3. 5. L'Afrique dit « Non » à l’AFRICOM
Désormais, c’est l’ensemble du continent africain qui est pris en compte dans les plans de bataille des stratèges Américains. En effet, l’Afrique sujette à de multiples intrusions terroristes et tensions, interpelle les autorités américaines, qui y voient désormais, l’une de leurs frontières extérieures. Ainsi, après Djibouti, sur la Corne de l’Afrique, dans un premier temps, le Pentagone avait envisagé, l’installation dans plusieurs pays africains de bases de ravitaillement (Sénégal, Ouganda notamment), et l’implantation de centres périodiques de formation (Mali et en Algérie)28. Cette question figurerait dans l'agenda du Président Bush, lors de sa première tournée africaine, en juillet 2003. Cette option ne semblait pas aller vers une présence militaire permanente, mais plutôt vers des bases temporaires et tournantes. Par la suite, pour permettre une meilleure harmonisation de leurs programmes de sécurité et de développement sur le continent, les autorités américaines envisagent une présence plus pérenne à travers l'AFRICOM, qui est venue s’ajouter aux autres commandements militaires US dans le monde. Ce dernier‐né du dispositif militaire des États‐Unis dans le monde gère 52 des 53 pays du continent29. Ce commandement qui devait voir le jour à partir d’octobre 2008, avec le redéploiement des forces militaires et sécuritaires, peine à prendre pieds sur le continent. Si officiellement l’opération visait à « assurer un environnement stable pour le développement économique et social », il semble comporter d’autres objectifs inavoués, ce qui, dès le départ, a ouvert à des méfiances des leaders africains. Ainsi, si au départ certains pays comme le Libéria et le Sénégal, étaient favorables pour accueillir le siège de ce nouveau commandement, ils se sont rétractés face au refus catégorique de leurs voisins. Prenant acte de cette situation dans toutes les régions du continent, les autorités Américaines semblent avoir fait le deuil d’un « commandement impossible ». En effet, après différentes tentatives, elles n’ont pas réussi à faire accepter le transfert le siège de l'AFRICOM initialement à Stuttgart en Allemagne, vers un pays 28
L’armée américaine est présente au nord du Mali pour apporter un coup de main contre l’Al Qaida au Maghreb
Islamique (AQMI).
29
L’Égypte reste rattachée au Commandement Central (CENTCOM).
11 africain, et semblent finalement renoncer à ce projet30. Ainsi, lors de sa dernière tournée africaine, en février 2008, le Président Bush a disqualifié l’idée même d’une telle force, que certains stratèges américains présentaient pourtant, comme une option incontournable dans le nouveau déploiement des forces américaines dans le monde. Son successeur, le Président Obama, sans encore poser d’actes concrets sur le terrain dans ce sens, n’a toutefois pas, complément enterré l’idée, comme en témoigne son discours au Ghana. 3. 6. Sarkozy ou Obama, qui a le mieux parlé à l’Afrique ?
Au lendemain de l’allocution du Président des États‐Unis, on peut s’interroger sur le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar (Sénégal) et celui de Barack Obama à Accra (Ghana) et qui a le mieux parlé à l’Afrique ? Autrement dit, les deux interventions sont‐elles radicalement opposées ? Non, pas vraiment, et les thématiques semblent même, plutôt se rejoindre à plusieurs niveaux. Selon Sarkozy : « L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur », alors que pour Obama : « Dans de nombreux endroits, l’espoir de la génération de mon père a cédé le pas au cynisme, souvent au désespoir. Il est facile de pointer du doigt les autres et de les blâmer pour ces problèmes ». Ils s’adressent tous les deux à la jeunesse africaine, à qui il revient de relever les défis de demain : « La renaissance dont l’Afrique a besoin : vous seuls, jeunes d’Afrique, pouvez l’accomplir parce que vous seuls en aurez la force », selon le président français. Dans ce même ordre d’idées, Obama demande aux jeunes Africains d’assumer « la responsabilité de [leur] avenir » en évoquant dans le détail les « maux » du continent, qui vont de « la corruption policière à la rapacité des élites, de l’utilisation des enfants‐soldats dans les conflits à la complaisance envers les trafiquants de drogue ». Si les propos d’Obama ont été perçus de manière très positive sur le continent, par contre ceux du président français ont suscité une polémique jusqu’à la publication d’un «livre réponse à N. Sarkozy », «d’intellectuels africains ». Il faut avoir le courage de reconnaitre que cette grande différence d’accueil entre les deux discours ne se justifie pas, comme le reconnait avec nous Patrick Lozès, président du Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN). Certes, Sarkozy et Obama n’arrivent pas sur le continent avec les mêmes atouts. Obama, de père Kenya, est dépositaire d’une partie des souffrances des peuples d’Afrique, et est considéré comme « un enfant du pays », ce qui n’est pas le cas d’un Nicolas Sarkozy, considéré comme « ce petit blanc impérialiste », qui ose nous donner des leçons après « tout ce qu’ils ont fait subir ». Il faut toutefois, reconnaître que si Sarkozy et Obama tiennent dans le fond, le même discours, ils ne le font de la même manière : Obama a tenu à choisir une destination africaine difficilement contestable : le Ghana, alors que Nicolas Sarkozy, après son escale dakaroise, s’est vu obligé d’aller se prosterner devant l’indéboulonnable, Oumar Bongo Ondimba, symbole et l’incarnation d’une « Francafrique » répugnante. De plus, si chez Sarkozy, il s’agit du « paysan africain, qui, depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature », et qui « ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes, et des mêmes paroles. », par contre pour Obama, il s’agit de « braves Africains » qui sont du bon côté de l’histoire, anticipant même sur l’histoire d’une renaissance, dont les Africains seront les héros incontestablement. Néanmoins, ces deux 30
Le siège de l’AFRICOM est aujourd’hui installé au sud de l’Italie.
12 discours ne posent‐ils pas une question fondamentale : celle du renouvellement du regard de l’Occident sur une Afrique contemporaine, dont il s’agit de saisir le mouvement sans se perdre continuellement dans des détails d’une historicité révolue pour faire face au vécu concret de la majorité des peuples du continent ? V. POUR QUELLE INTÉGRATION ?
4. 1. Quelles relations entre les pays africains ?
Outre l’Union Africaine (UA), de nombreuses Organisations sous‐régionales ont été instituées dans toutes les régions du continent : CEDEAO, UEMOA, CEMAG, SADC, l’IGAD…. Si l’objectif premier visé à travers ces organisations est de renforcer l’intégration entre les pays d’Afrique, il est regrettable qu’on ne remarque que manière très marginale une solidarité agissante entre pays africains, aux destins pourtant liés. Quotidiennement, on observe plutôt des expulsions régulières (Gabon, en Côte d’Ivoire, São Tomé E principe), des chasses à l’homme contre des Africains (Afrique du Sud, en Lybie, en Égypte, etc.) et des querelles intempestives. Par exemple, depuis 2007, des soixante clandestins africains qui tentaient d'entrer en Israël par le désert du Sinaï ont été tués par la police égyptienne. Ce qui est regrettable surtout c’est le silence radio et la passivité des États africains face à ces violations flagrantes des droits humains par un des leurs. En effet, seule l’ONU à travers le Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay a exigé du Caire qu'il arrête de tirer contre les émigrants éthiopiens, érythréens et soudanais près de la frontière israélo‐égyptienne. Dans ce même d’ordre d’idées, le leader Libyen, Mouammar Kadhafi, qui s’autoproclame « président de l’Afrique », en complicité avec des pays européens, n’hésite pas jeter dans le désert, des milliers de jeunes Africains du sud du Sahara, candidats malheureux à l’immigration clandestine vers les côtes italiennes, de Lampedusa sans réaction aucune d’un pays africain. 4. 2. Pour quelle intégration et pour quel leadership ?
Les mutations qui ont conduit l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), créée en 1963 après les indépendances, à l’Union Africaines (UA), avaient suscité beaucoup d’espoirs sur l’intégration des pays africains. L’Acte constitutif de l’UA lancé à Syrte en Libye, en mars 2001 donnait le coup d’envoi à cette idée tant désirée par les fondateurs de l’OUA, la marche irréversible vers « les États‐Unis d’Afrique ». La transformation de la Commission de l’UA en une Autorité de l’Union, en février 2009 à Addis‐Abeba, renforçait également cette idée. Ce qui consacrerait la rupture d’avec l’ordre colonial et néocolonial. Toutefois, ce sujet d’un gouvernement continental a toujours été une pomme de discorde. Encore, lors du Sommet de 2009, une partie des États membres, avec à leur tête la Libye, principal initiateur du concept et le Sénégal, ont plaidé pour la création d’un « Gouvernement d’union africaine », alors dans l'autre camp, composé essentiellement des pays d’Afrique australe et de l’Est, dont le leadership était incarné par l’Afrique du Sud et l’Ouganda, jugeaient trop hâtive cette initiative, car il y a encore trop de disparités entre les États pour aller vers une fédération. Ces derniers prônaient plutôt, une intégration par étapes avec le renforcement des communautés sous‐régionales d’abord. Après une menace de scission de l’Union des « vingt », finalement un compromis est intervenu entre les deux parties, se traduisant par un renforcement du pouvoir de l’exécutif continental sur le plan de la coordination entre les États membres, notamment sur les dossiers majeurs et le remplacement de la Commission, par l’African Union authority (AUA). 13 Si dans ce processus, la question centrale reste le problème du leadership, mais les premiers adversaires de l’intégration ne sont‐ils pas les élites Africains elles‐mêmes ? Il faut également tenir compte du fait que, le plus souvent, les populations connaissent d’abord le village, le terroir, qui est la première entité sociale enracinée dans leur « habitus », alors la Nation reste, encore une entité trop abstraite et trop éloignée de leur vécu quotidien. Il en est de même de la Région à plus forte raison du continent. Comment en effet, comprendre que le fait de vouloir rallier Cotonou qui se trouve à 80 km de Lagos soit une épreuve risquée, du fait des innombrables et intempestifs contrôles de police et autres forces para militaire sur la route ? Comment, comprendre que le fait de vouloir rallier Praia (Îles du Cap‐Vert) à Yaoundé on est obligé de remonter jusqu’à Francfort en Allemagne ? En outre, le débat sur le fédéralisme a remis au goût du jour l’éternelle ligne de fracture entre pays francophones et pays anglophones. Ainsi, loin de contribuer à l’intégration, de telles pratiques nourrissent des frustrations diverses, en contradiction avec les actions initiées pour aller vers l’intégration du continent. Si la question des infrastructures figurait dans l’agenda du NÉPAD, dix ans après on attend toujours leur concrétisation. Sur un autre plan, l’élection du dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, « roi des rois traditionnels d'Afrique », en février 2009, à la tête de l'Union Africaine, pourtant défenseur farouche des États‐Unis d’Afrique, ne s’est traduite que comme une promotion de sa personne et par des actions maladroites à la place de vraies initiatives en la faveur de l’intégration. Si le choix du Président Bingu wa Mutharika du Malawi à la tête de l'Union africaine (UA), lors ainsi, lors du 14e sommet en janvier 2010 à Addis‐Abeba, contrecarrant les désires du numéro libyen qui souhaitait assumer un deuxième mandat d'un an en violation du principe de présidence tournante et permettant ainsi de tourner la page d'une année chaotique, avec des prises de position dissonantes qui ont brouillé l'image de l'institution, le défi de l’intégration reste. En effet, pendant tout son magistère, une parenthèse jugée « nuisible », le Guide de la Jamahiriya libyenne, a habitué l’opinion à des prises de positions très controversées, notamment vis‐à‐vis des crises politiques sur le continent comme en Mauritanie, à Madagascar ou encore en Guinée. Alors que l'UA condamnait ces régimes issus de changements anticonstitutionnels et prônait l'État de droit et la démocratie, Kadhafi lui, les soutenait et se prononçait même ouvertement contre des élections régulières, donnant ainsi l'impression de deux voix à l'UA : d'un côté Jean Ping suivant la ligne de l'Organisation, et de l'autre, Kadhafi, qui lui suit sa propre ligne, très souvent éloignée de celle de l’Institution. Or cette situation décrédibilise l’institution vis‐à‐vis de ces partenaires internationaux. CONCLUSION
Après 50 ans d’indépendance, la plupart des pays africains peinent à décoller et à se créer leur propre stratégie de sortie du sous‐développement ou de pauvreté chronique. Ils restent plutôt collés aux basques de leurs anciennes puissances coloniales et des institutions financières internationales31. Après 50 ans d’indépendance, l’heure n’est‐elle d’aborder un nouveau virage pour s’affranchir de la servitude néocoloniale ? En tout cas la situation observé un peu partout sur le continent, donne tristement raison aux arguments brandis par les afro‐pessimistes et les 31
À l’image des DSRP présentés partout sur le continent, comme la stratégie de sortie de crise, or ces documents ne
sont pas conçus par les Africains.
14 détracteurs des africains; qu’« ils sont tous pareils »; « ils sont tous corrompus »; « ils arrivent au pouvoir et ils ne veulent plus le quitter »; « ils ne sont pas entreprenants »; « ils ne sont que de pauvres consommateurs, jamais producteurs ». Ainsi, pour sauver l’humanité des conséquences catastrophiques annoncées, résultant notamment du réchauffement climatique, « il faut les laisser s’autodétruire par le VIH/SIDA et autres pandémies pour les enrayer de la surface de la Terre ». Par ailleurs, toutes les analyses concluent que, même avec un triplement de l’aide au développement, l’Afrique ne pourra pas faire face à ses besoins, alors que le vécu des populations au quotidien ne cesse de se dégrader. L’Africain au sud du Sahara, excepté l’Afrique du Sud, vivait mieux en 1972 qu’en 2005, selon la Banque Mondiale. Certes, les termes de l’échange ont toujours été défavorables aux jeunes économies africaines. Certes, les subventions que certains pays occidentaux accordent à leurs producteurs portent une concurrence déloyale aux productions africaines. Certes, la jeunesse de la population africaine fait que les besoins sont plus importants ici que nulle part ailleurs… Néanmoins, il faut aussi savoir se mettre en cause devant les échecs et les difficultés en 50 ans d’indépendance. C’est trop facile de chercher toujours du côté de l’autre les causes de son mal‐être. Est‐il logique qu’un Président se paie un bateau et un nouvel avion à coup de milliards, alors qu'une bonne partie de son pays est encore complètement enclavée ? Est‐il logique que l’on change de gouvernement tous les 6 mois alors que plus de 62 % de sa population ne mangent pas à sa faim ? Est‐il logique qu’un président organise des soirées mondaines sur la Côte d'Azur pour distribuer des enveloppent bourrées de billets de banque à ses hôtes au moment où les hôpitaux de son pays n’ont même pas de coton ? Est‐il logique qu’un président malade au bord de la mort, vote dans sa voiture et faisant fi de toutes les règles élémentaires de démocratie ? Quel partenariat avec les IFI et autres bailleurs, au‐delà des emprunts, des échelonnements et annulations de dettes habituels ? N’est‐il pas temps que l’Organisation panafricaine fasse son introspection en examinant les causes qui conduisent aux coups d’État et autres crises politico‐
institutionnelles à la place des condamnations tous azimuts après coup ? Autant de questionnements entre autres, que les Africains doivent se poser aujourd’hui à la place des fastes insouciants. Le développement de l’Afrique passe nécessairement par les Africains eux‐mêmes. Ça, c’est un fait ! Ainsi, le contexte actuel de l’Afrique interpelle tous Africains, diaspora comme populations de l’intérieur, même si les élites, notamment politiques, ont une responsabilité première de l’état du continent. En effet, le destin de l’Afrique est entre les mains des Africains, qui malheureusement, se sont plutôt présentés à ce jour, comme les véritables fossoyeurs tout en criant au loup. Il est tant de s’arrêter et de reconnaître que « les ennemies de l’Afrique sont les Africains » eux‐mêmes. C’est un peu trop facile de mettre tout sur le dos des autres, sans oser regarder avec responsabilité, les actes que l’on pose chaque jour, sa manière de faire et sa manière d’être dans un monde qui se complexifie chaque jour. Ce cinquantième anniversaire doit être fondamentalement, l’heure de l’introspection et sur comment faire pour sortir les peuples du continent du sou ‐ développement, de la pauvreté et du mal gouvernance chronique. La célébration de ces 50 ans d’indépendance, doit avant tout se décliner sous l’angle d’une nouvelle tonalité écartée de toute perspective victimaire, pour interroger la vraie réalité des pratiques de gouvernance sur le continent. 15 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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