Weis ép. Fisch Chantal Faculté des Sciences Techniques
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Weis ép. Fisch Chantal Faculté des Sciences Techniques
Weis ép. Fisch Chantal Faculté des Sciences Techniques – MIAS 2003-2004 Recherche documentaire, 1ère année Intitulé exact du sujet Les systèmes critiques auto-organisés - partie 2 : Introspection. Per Bak, dans son livre "Quand la nature s'organise" donne quelques explications sur la démarche et l'environnement scientifique à partir duquel s'est formalisé son concept de systèmes critiques auto-organisés. En "pistant" via le Web les références citées à partir de ce livre, essayez de comprendre et d'expliquer comment aujourd'hui peuvent s'élaborer des théories scientifiques par la convergence de travaux pluridisciplinaires. On procédera à l'image d'un détective pour rechercher les sources d'inspirations (nombreuses) qui ont permis la formalisation que propose P. Bak. Le Web permet de faire une très grande partie des recherches nécessaires. Index Intitulé exact du sujet ................................................................................. 2 Index .......................................................................................................... 3 1. Per Bak : How nature works................................................................... 4 2. Formalisation du concept ....................................................................... 4 2.1 Sources d’inspiration .........................................................................................4 2.2 L’environnement de travail ................................................................................4 2.3 Démarche scientifique utilisée ...........................................................................5 2.3.1 L’importance des métaphores simples...................................................................5 2.3.2 Approche systémique............................................................................................6 3. Une recherche pluridisciplinaire et systémique ...................................... 6 4. Elaboration de théories scientifiques ...................................................... 8 Bibliographie.............................................................................................. 9 « Quand la nature s’organise » - Introspection 1. Per Bak : How nature works Per Bak s’est posé la question s’il n’existe pas une théorie universelle, comme la deuxième loi de Newton en physique, pour les comportements complexes. Il est parvenu à la trouver : la théorie des systèmes critiques auto-organisés. L’exemple canonique de systèmes critiques autoorganisés est le tas de sable. Au début il présente des états d’équilibre ponctuels où des périodes de stase sont interrompues par des avalanches de sable provoquées par la chute d’un grain de sable qui par effet domino touche et bouge un ou plusieurs grains de sables qui alors interagissent avec d’autres grains de sable dans une réaction en chaîne. Son livre « How nature works » documente le processus d’élaboration de cette théorie, de même qu’il illustre diverses applications dans différents domaines. Je vais surtout me baser sur cette documentation du processus d’élaboration pour clarifier les sources d’inspiration, l’environnement de travail et la démarche scientifique de Per Bak. Ensuite, je vais clarifier les idées sur une recherche pluridisciplinaire et systémique. Finalement je vais montrer comment peuvent s’élaborer des théories scientifiques aujourd’hui. 2. Formalisation du concept 2.1 Sources d’inspiration Per Bak s’est inspiré de beaucoup de domaines et de chercheurs. Il s’est, entre autres, basé sur les travaux de Richter et Gutenberg concernant les tremblements de terre et s’est inspiré des travaux de Mandelbrot au sujet des variations des prix de coton en économie et de ceux parlant de la physiologie fractale de la côte norvégienne. Selon Traut plus de 30 individus ont fait des contributions à sa théorie et l’ont aidé. « (…) leading to a sense that when Bak is not on the road himself (…) » (TRAUT, 1998) En plus, Per Bak a collaboré avec des chercheurs de tous les domaines. « He (Bak) collaborated and published with economists, geologists, biologists, physicians, mathematicians and many others. » (JENSEN, 09/03/04). Il dit aussi que Bak a participé à des discussions lors de conférences et qu’il a également discuté ses recherches par courrier électronique avec d’autres chercheurs. L’échange d’idées était un point fondamental dans la recherche de Per Bak, ce qui va être illustré plus en détail par la suite. 2.2 L’environnement de travail Le Laboratoire National de Brookhaven, le lieu de travail de Bak, était connu pour des découvertes importantes en physique des particules. En ce qui concerne l’équipement technique, le laboratoire de physique est similaire à celui des grandes universités. En plus, il y a un environnement intellectuel important. Selon Bak, le succès de l’équipe de Brookhaven peut être attribué au climat de travail qui y régnait. Les chercheurs n’étaient pas sous pression de devoir découvrir quelque chose. À la limite ils auraient pu être assis là et tourner les pouces jusqu’à la retraite sans subir de conséquences financières. Chantal Weis ép. Fisch 4 « Quand la nature s’organise » - Introspection Les groupes de chercheurs étaient souvent constitués de peu de chercheurs et de quelques étudiants, ce qui fonctionnait bien. « Contrary to the general public perception, good science today very often comes from small groups consisting of one or two professors and a couple of young collaborators. (…) Good science is not necessarily expansive science. » (BAK, 1996) Beaucoup de discussions intéressantes ont eu lieu dans la cafétéria, le vrai centre intellectuel de Brookhaven. « There was a very playful atmosphere, which is crucial for innovative scientific thinking. » (BAK, 1996) Il y avait également beaucoup de gens qui étaient de passage et qui participaient aux discussions, ce qui a parfois apporté un point de vue différent. La communication entre chercheurs, respectivement l’échange d’idées, se situait donc à deux niveaux : primo par courrier électronique ou par l’intermédiaire de conférences avec des gens géographiquement loin de Brookhaven et secundo dans une atmosphère décontractante à l’intérieur de l’institut avec d’autres chercheurs qui y faisaient des recherches dans d’autres disciplines ou avec des gens, comme Susan Coppersmith, qui venaient chez Per Bak pour discuter de leurs travaux et qui ainsi l’inspiraient. 2.3 Démarche scientifique utilisée 2.3.1 L’importance des métaphores simples Per Bak insiste sur le fait essentiel des bonnes métaphores. Il est important de faire des modèles très simples. Il faut éliminer tous les petits détails qui ne sont pas important pour le fonctionnement du principe. Au début lui et son groupe avaient pris des pendules couplés pour étudier le concept des systèmes critiques auto-organisés. Or la métaphore des pendules n’était pas la bonne puisque les chercheurs ne voyaient pas très bien ce qui se passait. Il fallait encore simplifier, trouver une métaphore qui est plus facile à comprendre. Les chercheurs ont décidé de changer de registre. La rotation des pendules est remplacée par des grains de sable qui tombent sur un tas de sable. La fondation mathématique est la même que pour les pendules, or la métaphore est plus facile à comprendre. L’intuition physique basée sur le modèle du tas de sable conduit à une compréhension plus facile du comportement du modèle mathématique. L’ajout d’un grain de sable a transformé le système d’un état dans lequel chaque grain suit sa propre dynamique locale dans un état critique où la dynamique émergente est globale. L’état critique ne peut être gardé qu’à cause d’énergie provenant des grains de sable ajoutés en haut du tas (énergie potentielle) qui se transforme en énergie cinétique lors des chutes des avalanches. Figure 1 : Illustration du principe du tas de sable. (BAK, 1996) Chantal Weis ép. Fisch 5 « Quand la nature s’organise » - Introspection Bak illustre l’importance des métaphores simples par l’exemple d’un physicien qui devrait aider un fermier à élever des vaches pour que celles-ci donnent beaucoup de lait. Le physicien n’est revenu qu’après un bon bout de temps et voulait expliquer sa théorie. « Consider a spherical cow….. » (BAK, 1996) Mais il faut gérer la vache réelle. Il faut arriver à éliminer tous les détails qui n’interviennent pas dans le fonctionnement qu’on veut étudier, réduire au maximum et savoir s’arrêter au bon moment. « (…) to stop the process before we throw out the baby with the bathwater. » (BAK, 1996) 2.3.2 Approche systémique Selon Per Bak les propriétés globales de quelques systèmes composés, comme un tas de sable ou des tremblements de terre, ne peuvent pas être comprises en étudiant seulement les parties du système. Il faut avoir une vue globale ou holistique, respectivement considérer le système entier avec tous ses éléments et les relations entre ceux-là. On peut donc dire que Per Bak a utilisé un concept systémique ce qui est décrit par Bishop, qui applique cette vue sur la gestion d’une entreprise comme étant une conception d’un ensemble d’éléments qui ont des relations non linéaires entre eux et qui interagissent. Penser en matière de relation de cause à effet n’y fait donc pas de sens. Dans ce contexte on ne peut pas se baser sur des relations linéaires. (BISHOP, 29/04/04) Durand insiste sur le fait qu’un système est composé d’éléments, mais que la globalité n’est pas la somme de ces éléments, mais plus. En fait, « un système est un tout non réductible à ses parties. (…) il implique l’apparition de qualités émergentes que ne possédaient pas les parties. » (DURAND, 1979) C’est justement ces qualités émergentes qui coordonnent le système, comme le principe des avalanches chez Bak. 3. Une recherche pluridisciplinaire et systémique La science a longtemps essayé d’identifier et d’expliquer des entités ou processus élémentaires. Ainsi elle a départagé ces entités en différents domaines ce qui n’admet qu’une vision réductionniste du monde, de la vie et de leur fonctionnement complexe. Elle ne tient pas compte du système dans son intégralité mais uniquement des éléments retirés de leur contexte significatif. ([s,n], 29/04/04) En fait, durant trois siècles, du dix-septième au vingtième, les scientifiques voulaient découvrir la vérité sur la nature, perçue comme des mécanismes de causalité. (GOODWIN, 2003) Dans le vingtième siècle il y a eu quelques découvertes qui indiquaient qu’il faut une révision de ce concept de causalité. Une de ces découvertes était la théorie de relativité d’Einstein, une autre celle des quantas et la troisième la théorie du chaos. « A final development within science that transformed our view of nature came with the emergence of complexity theory in the eighties and nineties. » (GOODWIN, 2003) Les questions que la recherche se pose deviennent de plus en plus complexes à répondre et ne le sont parfois pas sans une vue globale de la matière à étudier, donc du système. En fait, les questions ne se laissent pas répondre à travers un domaine particulier, mais il faut une coopération de chercheurs des différentes disciplines, donc une convergence de travaux pluridisciplinaires. ([s,n], 29/04/04) Chantal Weis ép. Fisch 6 « Quand la nature s’organise » - Introspection Chaque discipline se caractérise par ses propres méthodes de travail. « Each area of scientific study required special ways of precise measurement and so the different 'disciplines' of science were born, fragmenting it into the various subjects that make up our university science departments today. » (GOODWIN, 2003) La méthode de travail ou recherche interdisciplinaire comprend plusieurs spécialités indépendantes qui suivent chacune une position du problème avec ses méthodes respectives. Ceci peut mener à un résultat riche de facettes, une vue d’ensemble plus globale et plus proche du phénomène étudié. ([s,n], 30/04/04) « L'approche systémique est une occasion de synthétiser les approches particulières. » (GENTILI, 03/05/04) À l’Université de Montréal se déroule une telle recherche pluridisciplinaire et ces travaux ont des importances dans plusieurs domaines. En fait, il s’agit d’un des premiers groupes de chercheurs pluridisciplinaires dont le début date des années 60’ et qui réunit un neurochimiste, deux neurophysiologistes, un ingénieur biomédical et un neuroatomiste. « On réunissait de la sorte les différentes disciplines liées à la compréhension du cerveau. » (LAFLEUR, 2004) Grâce à ces chercheurs issus de différents domaines, ce groupe a une vision plus complète du cerveau humain. Alors la recherche scientifique ne doit pas s’arrêter à une analyse des différents éléments isoloés, mais elle doit poser son regard sur les systèmes en entier. (INTERDIS, 04/05/04) « Instead of seeking solutions to individual problems I am interested in the tradeoffs that develop as one manipulates the system. To do this, my approach starts with modeling to understand how and why the components of the system interact and to identify gaps in our knowledge. » (STRICKLER, 30/04/04). Karen Strickler cherche à avoir une vue d’ensemble qui lui permet de résoudre le problème d’une manière efficace. Ainsi, elle voit la possibilité d’introduire des abeilles dans les champs de luzerne1 pour que la pollinisation se fasse rapidement et pour ainsi prévenir que d’autres insectes ne se posent sur les pollens des luzernes et causent ainsi une perte de celui-ci. D’autres chercheurs, qui ne tiennent pas compte du système, mais seulement du problème isolé, de la perte des pollens par des insectes, auraient développés un pesticide, ce qui aurait causé d’autres problèmes. Une telle recherche nécessite également d’expériences. Or, lorsqu’on travaille sur des systèmes, il est difficile de faire ces expériences en nature, car on ne sait pas d’avance comment va réagir le système entier. Ainsi, on fait des simulations sur ordinateur pour étudier des systèmes complexes et pour pouvoir facilement changer un paramètre et regarder ce qui se passe ensuite, sans devoir attendre beaucoup d’années et sans perturber par exemple l’écosystème étudié en question. La simulation est souvent mise en oeuvre à l’aide d’automates cellulaires qui interagissent avec le système et qui permettent ainsi la modélisation de systèmes complexes. Ceci implique qu’il faut un programmeur dans une équipe de chercheurs scientifiques pour que celui-ci puisse modéliser le système en question et préparer des simulations sur ordinateur. (MARSHALL, 1994) En effet, il est souvent difficile de simuler convenablement des phénomènes naturels, comme des tremblements de terre ou des changements possibles dans des écosystèmes, sans recours à l’informatique. Pour simuler des tremblements de terre en Californie, selon Per Bak, il faudrait un modèle à l’échelle 1:1. Or ceci n’est pas faisable, tandis qu’une simulation sur ordinateur est tout à fait possible. 1 En Anglais: alfalfa fields Chantal Weis ép. Fisch 7 « Quand la nature s’organise » - Introspection 4. Elaboration de théories scientifiques Aujourd’hui, étant donné la complexité des questions étudiées, les théories scientifiques devraient s’élaborer à l’aide d’une approche systémique. La science veut comprendre par exemple comment fonctionne le cerveau, ainsi il lui faut une vue globale du cerveau, riche en facettes. Pour obtenir une telle vue globale, il faut nécessairement des vues différentes sur une même chose. Alors des chercheurs de différents domaines, de différentes disciplines, avec leurs méthodologies différentes, permettent une telle approche diversifiée. En fait, la pluridisciplinarité est importante, étant donné que les relations entre les éléments du système ne respectent pas les limitations entre les disciplines comme elles existent académiquement. Un autre point important pour la recherche est l’échange d’idées et une bonne ambiance de travail. Comme Per Bak, les chercheurs devraient discuter leurs idées entre eux, ce qui leur permettra également d’avoir un autre regard sur leur sujet de recherche. La discussion et l’échange d’idées sont indispensables dans une approche pluridisciplinaire et systémique. Mais le lieu et l’atmosphère de travail doivent aussi promouvoir de tels échanges. Un dernier point concerne l’importance de simplifications du système et de la simulation sur ordinateur. Per Bak démontre bien qu’il faut des simplifications pour simuler l’expérience du tas de sable sur ordinateur. Mais il ne faut pas non plus simplifier à tel point que le concept étudié est dépourvu de sens. En recherche, comme dans tout autre domaine de la société moderne, il est nécessaire de collaborer, d’échanger des idées, de simplifier et d’avoir un regard global sur le système étudié. Plusieurs facteurs jouent un rôle important et non un seul. Ainsi, la recherche, qui s’inscrit dans le cadre du monde d’aujourd’hui doit, selon moi, tenir compte de ces différentes facettes et relations multiplies si elle veut être efficace et travailler pour la société et non dans un vide artificiel ! Chantal Weis ép. Fisch 8 « Quand la nature s’organise » - Introspection Bibliographie BAK, P. (1996). How nature works, the science of self-organized criticality. New York : Copernicus. 212p. BISCHOP, D. (page consultée le 29/04/04). Was kann Ihnen systemisches Denken praktisch bringen?. [en ligne], Adresse URL : http://www.conzendo.de/artikel/systemik/was-bringtsystemik.html. DURAND, D. (1979). La systémique. Que sais-je? Paris : puf. 121p. GENTILI, F. (page consultée le 03/05/04). La systémique. [en ligne], Adresse URL : http://www.lyon.iufm.fr/ais/us1.nsf/0/a4e5fd07231b1b12c1256a86005b4524?OpenDocument. GOODWIN, B. (2003). Patterns of wholeness – Introducing holistic science. Resurgence – issue 216 : January / February 2003. [en ligne], [consulté le 04/05/04] Adresse URL : http://resurgence.gn.apc.org/issues/goodwin216.htm. INTERDIS (Internationale Gesellschaft für interdisziplinare Wissenschaft e.V.). (page consultée le 04/05/04). Ganzheitliche Wissenschaft. [en ligne], Adresse URL : http://www.interdiswis.de/ganz_wiss.htm. JENSEN, M. H., (page consultée le 09/03/04). Obituary: Per Bak. [en ligne], Adresse URL : http://nbsi.nbi.dk/obituaryPB.html. LAFLEUR, C. (2004). Sciences neurologiques – A propos des cellules gliales : Les pionniers de la recherche scientifique pluridisciplinaire. Le devoir – Edition du samedi 10 et du dimanche 11 janvier 2004. [en ligne], [consulté le 04/05/04] Adresse URL : http://www.ledevoir.com/2004/01/10/44553.html?282. MARSHALL, P. (avril, 1994). Holistic Science. Foundation for Mind-Being Research. [en ligne], [consulté le 04/05/04] Adresse URL : http://www.epcomm.com/fmbr/editoral/holistic.htm STRICKLER, K. 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