histoire des arts a l`ecole
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LE CORPS LE XIXe SIÈCLE HISTOIRE DES ARTS À L’ÉCOLE LE XIXe SIÈCLE Un thème majeur, une époque cruciale, des œuvres de référence. Une approche pluridisciplinaire et transversale, pour susciter la curiosité, apprendre à voir et à regarder, entendre et écouter, observer, décrire et comprendre. Chaque ouvrage de la collection propose : Des textes de synthèse, écrits par des spécialistes, historiens de l’art et historiens, resituant le thème traité dans la vie artistique, intellectuelle et culturelle de la période abordée. Des œuvres décrites et décryptées, complétées ou confrontées à d’autres œuvres, d’autres artistes, dans tous les domaines artistiques, pour développer la formation culturelle et artistique des enfants à l’école. DANS LA MÊME COLLECTION SUR LE CÉDÉROM Toutes les œuvres en couleur, les extraits des textes littéraires et des œuvres musicales proposés dans le livre. LE CORPS DANS LE LIVRE La société française au XIXe siècle Le corps dans l’art du XIXe siècle Des œuvres, des artistes Le corps modèle Le corps allégorique Le corps mythologique Les images sociales du corps Le corps dans la vie moderne Le corps étrange Le corps imaginé Six parcours Une chronologie historique PEINTURE ARCHITECTURE PHOTOGRAPHIE MUSIQUE THÉÂTRE URBANISME SCULPTURE LITTÉRATURE CINÉMA ARTS GRAPHIQUES DESIGN… LE CORPS HISTOIRE DES ARTS A L’ECOLE www.hachette-education.com 17.1198.5 ISBN : 978-2-01-171198-4 9 782011 711984 LA PRÉHISTOIRE I L’ANTIQUITÉ I LE MOYEN ÂGE I LES TEMPS MODERNES I LE XIXe SIÈCLE I LE XXe SIÈCLE LE CORPS Philippe Thiébaut avec la participation de Rosa DJAOUD et Maurice Meuleau LIVRE-CORPS-DEF.indd 1 13/07/11 16:31 Les auteurs Philippe Thiébaut Historien de l’art, conservateur général au musée d’Orsay Maurice Meuleau Historien Avec la collaboration de Rosa Djaoud Enseignante, Service culturel et éducatif du musée d’Orsay Remerciements L’éditeur remercie pour leur aide précieuse Nacer Berri, Martine Kaufmann, Stéphane Meuleau, Clémence Roquefort et Patrice Schmidt. Couverture : Gustave Caillebotte, Raboteurs de parquet, 1875 Conception éditoriale : a dog. Conception graphique : lot49 © HACHETTE LIVRE 2011, 43 quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15 www.hachette-education.com ISBN : 978-2-01-171198-4 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L.122-4 et L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ». Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris) constitueraient donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. LIVRE-CORPS-DEF.indd 2 13/07/11 16:31 Avant-propos Aborder l’histoire des arts avec des enfants, c’est leur faire rencontrer des œuvres et des artistes afin de construire leur éducation culturelle et artistique. C’est aussi – et peut-être avant tout – leur apprendre à voir et regarder, à écouter et entendre, à observer, décrire et comparer, à confronter des œuvres dans tous les domaines de la création artistique, à s’interroger sur la démarche de l’artiste, ses visées, ses ambitions ou prétentions, ses techniques et procédés… C’est provoquer leur curiosité et leur faire accepter d’éprouver des sentiments à la vue, à la lecture ou à l’écoute d’une œuvre, les inviter à restituer et à partager des impressions, à intérioriser et à préserver jalousement des émotions pour se construire une sensibilité, un goût… Si certaines œuvres peuvent sembler d’un abord difficile, il faut considérer qu’elles viennent avant tout enrichir la mémoire des enfants de quelques noms d’artistes, de titres d’œuvres patrimoniales, de techniques utilisées diversifiées, de formes harmonieuses ou heurtées, de mots légers ou rudes, de phrases mélodieuses ou percutantes, de compositions convenues ou audacieuses, d’accords subtils ou étranges ; qu’elles stimulent leur créativité ; qu’elles les imprègnent d’une époque, des sensibilités d’une société, des courants artistiques, culturels et intellectuels qui l’ont animée, agitée, bouleversée, transformée… Si le xixe siècle a été particulièrement riche en mutations politiques, économiques et sociales, en innovations techniques et scientifiques, la vie culturelle et intellectuelle n’a pas été en reste de rebondissements, d’avancées, de mouvements, d’oppositions, d’évolutions… C’est dans cet esprit que le musée d’Orsay a opéré une sélection d’œuvres et rédigé les commentaires et analyses qui les accompagnent afin de permettre à l’adulte d’opérer des choix dans cette sélection, et de se préparer à aider les enfants qu’il encadre à appréhender, approcher au mieux, au plus juste, au plus sensible ces œuvres de notre patrimoine commun. Initier les enfants à l’histoire des arts, c’est les aider à se forger une sensibilité qui, si elle est entretenue, trouvera écho tout au long de leur vie d’adulte ; c’est une invitation perpétuelle à l’aventure des sens, un plaisir à saisir et à renouveler à toute occasion. C’est cet enthousiasme que celles et ceux qui ont conçu et participé à cette collection veulent partager avec chacun. LIVRE-CORPS-DEF.indd 3 13/07/11 16:31 Sommaire Une gare, un hôtel, un musée............................................................. 9 La société française au xixe siècle....................................... 11 Le corps dans l’art du xixe siècle............................................. 19 L’étude du corps dans l’enseignement artistique..................................... 19 Les modèles........................................................................................................................... 21 Une institution d’enseignement artistique : l’École des beaux-arts........................................................................................... 22 Le corps nu..................................................................................................................... 28 Le corps allégorique et mythologique............................................................... 29 La vie contemporaine...................................................................................................... 33 Le Salon au xixe siècle............................................................................................. 36 Des œuvres, des artistes Le corps modèle L’Âge d’airain, Auguste Rodin..................................................................................... 40 Les Quatre Âges, Ovide. .................................................................................................. 41 L’Atelier du peintre, Gustave Courbet................................................................... 42 Le Chef-d’œuvre inconnu, Honoré de Balzac................................................. 43 Homme nu sautant à la perche, Edward Muybridge.................................. 44 À la vitesse de l’instantané : Muybridge, précurseur des effets spéciaux au cinéma....................... 45 Le corps allégorique Les Quatre Parties du monde soutenant la sphère céleste, Jean-Baptiste Carpeaux............................................................................................... 46 L’haussmannisation de Paris.................................................................................... 47 Bibliothèque, François-Rupert Carabin............................................................. 48 Cours d’adultes, bibliothèques scolaires et lectures du soir, G. Bruno..................................................................................... 49 L’Âge d’or : Le Soir, Léon Frédéric. ......................................................................... 50 Le Familistère de Guise................................................................................................ 51 Le corps mythologique Naissance de Vénus, William Bouguereau. ..................................................... 52 Vénus, fille du ciel et de la mer. ............................................................................. 53 Héraklès tue les oiseaux du lac Stymphale, Antoine Bourdelle........ 54 Les Jeux olympiques de 1896................................................................................... 55 LIVRE-CORPS-DEF.indd 4 13/07/11 16:31 Les images sociales du corps Des glaneuses, Jean-François Millet. ................................................................. 56 Saison des semailles. Le soir, Victor Hugo....................................................... 57 La Semeuse, Oscar Roty................................................................................................ 57 Repasseuses, Edgar Degas......................................................................................... 58 Gervaise, Émile Zola......................................................................................................... 59 Grand Paysan, Aimé Jules Dalou............................................................................ 60 La Vie d’un simple, Émile Guillaumin.................................................................. 61 Raboteurs de parquet, Gustave Caillebotte..................................................... 62 Le Chant des canuts, Aristide Bruant.................................................................. 63 Un meeting, Marie Bashkirtseff ............................................................................. 64 Cosette, Victor Hugo......................................................................................................... 65 Le Petit Gavroche, Victor Hugo.................................................................................. 65 Le corps dans la vie moderne La Classe de danse, Edgar Degas........................................................................... 66 La Danseuse, Khalil Gibran......................................................................................... 67 Esmeralda, Victor Hugo................................................................................................. 67 Portrait du marquis et de la marquise de Miramon et de leurs enfants, James Tissot........................................................................... 68 Un mari idéal, Oscar Wilde. ......................................................................................... 69 Le Déjeuner sur l’herbe, Claude Monet.............................................................. 70 Une partie de campagne, Guy de Maupassant. ............................................. 71 Avant l’opération, Henri Gervex................................................................................ 72 Pasteur....................................................................................................................................... 73 Le corps étrange Achille Emperaire, Paul Cézanne............................................................................ 74 Henri de Toulouse-Lautrec, Jacques Tournier........................................... 75 Le corps imaginé Vairumati, Paul Gauguin................................................................................................ 76 Rarahu, Pierre Loti............................................................................................................ 77 Luxe, Calme et Volupté, Henri Matisse. .............................................................. 78 L’Invitation au voyage, Charles Baudelaire....................................................... 79 Six parcours............................................................................................................... 80 Chronologie............................................................................................................... 84 Bibliographie. ........................................................................................................... 89 Sommaire du cédérom.................................................................................. 94 LIVRE-CORPS-DEF.indd 5 13/07/11 16:31 1909 La dame avait une robe En ottoman violine Et sa tunique brodée d’or Était composée de deux panneaux S’attachant sur l’épaule Les yeux dansants comme des anges Elle riait elle riait Elle avait un visage aux couleurs de France Les yeux bleus les dents blanches et les lèvres très rouges Elle avait un visage aux couleurs de France Elle était décolletée en rond Et coiffée à la Récamier Avec de beaux bras nus N’entendra-t-on jamais sonner minuit La dame en robe d’ottoman violine Et en tunique brodée d’or Décolletée en rond Promenait ses boucles Son bandeau d’or Et traînait ses petits souliers à boucles Elle était si belle Que tu n’aurais pas osé l’aimer J’aimais les femmes atroces dans les quartiers énormes Où naissaient chaque jour quelques êtres nouveaux Le fer était leur sang la flamme leur cerveau J’aimais j’aimais le peuple habile des machines Le luxe et la beauté ne sont que son écume Cette femme était si belle Qu’elle me faisait peur Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 LIVRE-CORPS-DEF.indd 7 13/07/11 16:31 19 le corps Le corps dans l’art du xixe siecle Dans l’art occidental, la représentation du corps humain, nu ou vêtu, a de tout temps tenu une place capitale. Objet d’un enseignement spécifique, il peut aussi bien se plier aux règles du beau idéal que satisfaire une quête de la réalité ou de recherches plastiques originales. L’étude du corps dans l’enseignement artistique L’étude de la forme humaine n’a cessé d’être enseignée dans les académies d’art, essentiellement par la pratique du dessin d’après le modèle vivant, généralement nu. Le résultat le plus immédiat de cette coutume est l’utilisation du terme d’« académie » pour désigner toute œuvre dessinée, peinte ou sculptée d’après le nu. Cependant cette tradition séculaire n’explique pas à elle seule la surabondance de nudités dans l’art du xixe siècle. Surabondance paradoxale, cette période étant, comme on le sait, habituellement considérée comme le triomphe de la pudibonderie bourgeoise. Pour comprendre cet état des choses, il convient de remonter à la fin du xviiie siècle. À cette époque, notamment sous l’influence de l’écrivain et historien de l’art allemand Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), s’est développée la théorie selon laquelle l’idéal artistique était la représentation d’un corps nu parfaitement beau. Impressionné par les richesses de l’Antiquité LIVRE-CORPS-DEF.indd 19 13/07/11 16:31 20 le corps LE CORPS dans l’art du xixe siècle gréco-romaine qu’exhumaient les découvertes archéologiques contemporaines réalisées sur les sites de Pompéi et d’Herculanum, il fait de l’Antiquité grecque la référence par excellence. Sa démarche le conduit à développer une apologie de la beauté du corps masculin en prenant comme exemple de réussite parfaite une sculpture grecque de la seconde moitié du ive siècle avant Jésus-Christ, l’Apollon du Belvédère. La pratique du modèle nu prend donc encore plus de valeur en cette fin du xviiie siècle. Le prouve la refonte du règlement de l’Académie de France à Rome. Aux termes de ce règlement les lauréats du Prix de Rome qui séjournent à la Villa Médicis doivent pour les peintres fournir chaque année « une figure nue d’après le modèle vivant et de grandeur naturelle », pour les sculpteurs lors de leur dernière année d’études « une statue nue de grandeur naturelle ». En dépit de cette prescription on constate que bon nombre d’académies masculines, peintes ou dessinées en dehors de ces morceaux d’examens, sont coupées au niveau du bas-ventre. On pourrait croire que la pudeur est à l’origine d’une telle mise en page. Il n’en est rien dans la mesure où la toison pubienne est toujours suggérée et que la précision anatomique des organes génitaux n’est pas systématiquement éludée. La raison est en réalité à rechercher dans la difficulté, admise par les artistes eux-mêmes, qu’il y a à représenter les membres inférieurs de l’homme. Beaucoup d’élèves, désireux de faire de leur académie une œuvre d’art, prirent l’habitude d’ajouter des accessoires ou des attributs pour transformer leur étude en sujet historique ou mythologique. Cette tendance fut autorisée par les directeurs de l’institution à condition que la nudité du corps fût respectée. Cependant le débat s’instaure autour du détournement de la règle au point de diviser en 1872 l’Académie. Les puristes exigent une étude qui soit une figure d’homme nu et debout, tandis que la majeure partie des pensionnaires souhaitent une formule plus souple, à savoir une figure peinte ou sculptée d’après le modèle vivant, représentant un sujet emprunté soit à la mythologie, soit à l’histoire sacrée ou profane. C’est cette dernière solution qui fut officiellement retenue. Dans ce cadre imposé se mettent en place des archétypes transformant le corps du modèle masculin ou féminin en personnage historique (Spartacus, Clovis…), biblique (David, saint Jean-Baptiste, Caïn, Abel…) ou mythologique (Œdipe, Achille, Prométhée, Mercure, Orphée, Psyché, Diane, nymphe chasseresse, bacchante…) en héros anonyme prenant la forme d’un guerrier blessé ou d’un athlète mourant. LIVRE-CORPS-DEF.indd 20 Apollon du Belvédère, 2nde moitié du ive siècle av. J.-C., marbre, H. 224 cm, Rome, musées du Vatican 13/07/11 16:31 21 le corps Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), La Baigneuse, dit aussi Baigneuse de Valpinçon, 1808, huile sur toile, 146 × 97,5 cm, Paris, musée du Louvre Si dans ce cursus scolaire la représentation du corps masculin domine la période néoclassique, notamment dans l’entourage du peintre Jacques-Louis David (1748-1825), le corps féminin va peu à peu s’imposer comme l’emblème du beau avec notamment le peintre Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) qui en 1808 propose comme académie lors de son séjour à la Villa Médicis une Baigneuse. À l’époque romantique c’est dorénavant autour du nu féminin que s’organise le débat sur la création artistique. La littérature de l’époque se fait l’écho d’une telle évolution : Le Chef-d’œuvre inconnu, publié en 1832 par Honoré de Balzac (1799-1850), met en scène les affres du vieux peintre Frenhofer en quête d’un corps de femme parfait pour achever un nu, La Belle Noiseuse, qu’il ne parvient pas à terminer : « Il m’a manqué jusqu’à présent de rencontrer une femme irréprochable, un corps dont les contours soient d’une beauté parfaite […] Mais où est-elle vivante, dit-il en s’interrompant, cette introuvable Vénus des anciens, si souvent cherchée, et de qui nous rencontrons à peine quelques beautés éparses ? Oh, pour voir un moment, une seule fois, la nature divine, complète, l’idéal enfin, je donnerais toute ma fortune, mais j’irais te chercher dans tes limbes, beauté céleste ! Comme Orphée, je descendrais dans l’enfer de l’art pour en ramener la vie. » C’est dire l’importance du modèle dans la carrière de l’artiste ! Les modèles Les modèles posent dans divers ateliers, ceux de l’École des beaux-arts et des académies libres (Julian, Colarossi, Cormon) mais aussi dans ceux des cours privés ouverts par les peintres et sculpteurs « arrivés » intéressés par l’enseignement ou soucieux d’augmenter leurs revenus. Ils posent également chez les artistes eux-mêmes, dans leur atelier personnel. La pose à l’académie et la pose chez l’artiste diffèrent tant par le mode de recrutement du modèle que par le travail qui lui est demandé. La rémunération peut également varier. Nous savons qu’en 1850 les modèles sont payés quatre francs la pose de quatre heures. En 1875 la pose ordinaire est payée cinq francs dans les ateliers d’artiste, trois francs dans les académies. Signalons à titre de comparaison qu’à la même époque une ouvrière à domicile ne gagnait guère plus de un franc cinquante centimes par jour. LIVRE-CORPS-DEF.indd 21 13/07/11 16:31 22 le corps LE CORPS dans l’art du xixe siècle Une institution d’enseignement artistique : l’ecole des beaux-arts Du point de vue juridique, l’École des beauxarts n’existe que depuis 1796. En réalité, sa création remonte au milieu du xviie siècle, lorsque se trouve contestée par un groupe de jeunes gens la traditionnelle corporation des « maistres jurés peintres et sculpteurs » qui rassemblait sans distinction artistes et artisans. Ce groupe, qui prend le nom d’« Académie », est animé par la volonté de défendre les droits et les libertés des créateurs et organise un enseignement conçu de manière « moderne ». La première séance se tient en 1648. En 1793, la Révolution française supprime l’Académie, mais poursuit son enseignement en lui donnant plus d’ampleur au sein d’une institution rebaptisée École des beaux-arts. En 1816, l’École s’installe dans les locaux qu’elle possède encore face au musée du Louvre. Pour être admis à l’École des beaux-arts, il faut être âgé de moins de trente ans, fournir un certificat de bonnes mœurs et une attestation d’un professeur certifiant que son élève est d’un niveau suffisant pour se présenter à l’examen d’entrée. Cet examen consiste en l’exécution d’une figure dessinée d’après nature, à la lumière du jour. L’année scolaire est divisée en deux semestres, un durant lequel les élèves travaillent à la lumière naturelle, l’autre au cours duquel les études sont faites à la lumière des lampes. Les élèves travaillent d’après nature ou d’après l’antique. L’année scolaire est jalonnée de douze concours à l’issue desquels les élèves peuvent obtenir une récompense : première, deuxième ou troisième médaille. Par ailleurs, ils peuvent se présenter à quatre « concours LIVRE-CORPS-DEF.indd 22 spéciaux » – Anatomie, Perspective, Paysage historique, Composition historique – au terme desquels sont décernées médailles et mentions. Chaque artiste a la possibilité de participer au concours pour le Prix de Rome. Celui-ci se déroule en trois étapes. La première épreuve consiste à exécuter en une seule journée une esquisse dont le sujet est tiré de la mythologie ou de l’histoire. Deux semaines après la proclamation des lauréats se déroule la seconde épreuve consistant en une figure masculine nue d’après le modèle vivant. Une fois prononcé le jugement de cette épreuve, se met en place le concours définitif avec pour première étape le choix du sujet que devront traiter les dix candidats retenus. Ils sont alors consignés dans leur loge pendant douze heures consécutives avec interdiction de communiquer avec quiconque. Ensuite, les jeunes artistes disposent de soixantedouze jours pour travailler, toujours en loge et excepté les dimanches et jours fériés, à leur toile définitive dont les dimensions sont fixées par le règlement. Le vainqueur se voit décerner le Grand Prix. Le lauréat peut alors séjourner à l’Académie de France à Rome durant cinq années. Il est logé, nourri et perçoit une somme annuelle forfaitaire pour couvrir ses frais personnels. Le séjour est rythmé par une série d’épreuves assurant le passage à l’année supérieure. Cette institution remonte à Louis XIV. Elle s’installe en 1803, dans la Villa Médicis. Le Prix de Rome est supprimé en 1968 par André Malraux. L’Académie des Beaux-Arts perd alors la tutelle de la Villa Médicis au profit du Ministère de la Culture. 13/07/11 16:31 23 le corps À l’École des beaux-arts, les modèles se présentent spontanément devant les élèves qui, après les avoir fait se dévêtir, leur demandent d’évoluer dans l’espace et prendre des poses diverses. Le choix revient aux élèves les plus âgés et aux massiers, les étudiants chargés de recueillir les cotisations destinées à répondre aux dépenses communes. Ce choix est parfois l’objet de contestations et d’engueulades, auxquelles seul un vote peut mettre fin. La pose commence généralement le lundi, jour où les élèves retiennent leur place pour toute la semaine. Le modèle s’installe, nu, sur la table de pose, plus ou moins élevée, mais toujours placée de telle sorte que son corps reçoive la meilleure lumière possible et soit visible de tous. La pose est souvent simple afin que le modèle puisse la tenir sans trop de fatigue et la reprendre facilement après les périodes de repos de dix minutes qui leur sont accordées toutes les quarante minutes. Quelle que soit cette pose, elle demeure la même durant toute la semaine. Dans les mémoires d’un ancien élève de l’École des beaux-arts les séances de pose sont ainsi évoquées : « Le modèle arrive à 8 heures en hiver, à 7 heures en été. Les élèves décident eux-mêmes la pose. Les uns la veulent assise, les autres la veulent debout ; on discute le mouvement, on discute l’éclairage ; le modèle se tourne et se retourne, penché ou renversé, familier ou tragique : on lui demande une attitude, et une autre, et une autre encore, jusqu’à ce qu’enfin, on en trouve une qui satisfasse la majorité de l’atelier. On vote par mains levées, et ce sont des querelles et des réclamations de la minorité quand un élève peu scrupuleux cherche, cela s’est vu, à faire triompher son choix en levant les deux mains. » Dans les ateliers d’artistes, le travail est différent, de même que le choix du modèle qui dépend uniquement du peintre ou du sculpteur. Si l’artiste a une idée précise des figures qu’il entend créer, les modèles doivent correspondre aux types physiques qu’il a imaginés. Dans son roman publié en 1886, L’Œuvre, Émile Zola (1840-1902) s’attarde, à travers l’exemple de son personnage principal le peintre Claude Lantier, sur les difficultés que peut rencontrer un artiste à faire littéralement glisser le modèle dans son œuvre : « Mais, dès la semaine suivante, Claude redevint sombre. Il avait choisi Zoé Piédefer, pour poser le corps, et elle ne lui donnait pas ce qu’il voulait : la tête, si fine, disait-il, ne s’emmanchait point sur ces épaules canailles. Il s’obstina pourtant, gratta, recommença. LIVRE-CORPS-DEF.indd 23 13/07/11 16:31 46 le corps Le corps allégoriquesCULPTURE Les Quatre Parties du monde soutenant la sphère céleste Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) [6] Modèle en plâtre, 280 × 177 × 145 cm, 1872 Cette œuvre est le modèle en plâtre exécuté par Carpeaux suite à la commande qui fut passée en 1867 par la Ville de Paris à Gabriel Davioud (1823-1881), architecte des promenades et des fontaines de la capitale, d’une fontaine destinée au jardin de l’Observatoire. Le monument fut achevé en 1874. L’idée d’une sphère armillaire (globe formé d’anneaux et de cercles représentant le ciel et les astres en usage dans l’astronomie ancienne) revient à Davioud qui s’adresse alors à Carpeaux, son vieil ami de trente ans. A également collaboré à la fontaine le sculpteur Emmanuel Frémiet (18241910) qui réalisa les tortues, les dauphins et les chevaux marins, lanceurs d’eau disposés sur le pourtour du bassin. Carpeaux a réduit à quatre les parties du monde – il manque l’Océanie – représentées par des femmes nues dont le type physique suffit à identifier le continent dont elles constituent les allégories. Un tel parti revêt un caractère ethnologique qui fait écho aux recherches d’autres sculpteurs du Second Empire, parmi lesquels Charles Cordier (18271905) dont le musée d’Orsay possède deux célèbres bustes en bronze et onyx : Nègre du Soudan (1857) et Capresse des colonies (1861). Pour ce qui est des figures féminines de la fontaine, la taille fine, les attaches (poignets et chevilles) minces et la démarche légère de l’Europe répondent aux canons de l’élégance parisienne de l’époque. L’Asie est plus menue, a les yeux bridés et le dos légèrement voûté suggérant un comportement mêlant courtoisie et soumission. La poitrine généreuse et les larges hanches de l’Afrique à la chevelure crépue sont signes de fécondité et rappellent la fertilité et la richesse de la terre africaine. La femme la plus grande et la plus élancée, d’allure sportive, coiffée d’un bonnet de plumes symbolise l’Amérique. Malgré leurs différences physiques, les quatre femmes sont unies dans un même mouvement qui suggère la rotation de la Terre, magistralement obtenu par la science du sculpteur qui présente alternativement les corps de face, de profil, de troisquarts et à nouveau de face. Les quatre femmes sont unies dans un même mouvement qui suggère la rotation de la Terre. LIVRE-CORPS-DEF.indd 46 13/07/11 16:31 47 le corps L’haussmannisation de Paris Sous le Second Empire, Napoléon III entreprend une transformation en profondeur de Paris, mise en œuvre par Georges Eugène Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870. Cette révolution urbaine, prolongée sous la IIIe République, porte le nom d’haussmannisation. Les grands travaux d’Haussmann ont changé le visage de la capitale : percement des Grands Boulevards, assainissement par la création du réseau d’égouts, éclairage des rues au gaz, création de grands espaces verts et de places monumentales, édification de nombreux immeubles devenus symboles de Architecture/Urbanisme l’architecture parisienne. C’est également à cette époque que Paris se couvre de fontaines. Adossée à un bâtiment telle la fontaine Saint-Michel, de l’architecte Davioud, isolée au centre d’une place, comme la fontaine de Châtelet, appelée la fontaine du Palmier, toujours de Davioud et datant de 1856-1860, ou magnifiant l’entrée d’une avenue : les fontaines constituent depuis un élément essentiel du paysage urbain. À Paris, elles viennent adoucir l’aspect assez rigide de l’architecture haussmannienne, rompant la monotonie, occupant une perspective, servant de pivot à un espace ou apportant du mouvement par leurs jeux d’eau et par la prolifération de la sculpture. Paris : démolitions en vue du percement de l’avenue de l’Opéra, vers 1877. LIVRE-CORPS-DEF.indd 47 13/07/11 16:31 66 le corps Le corps dans la vie moderne Peinture La Classe de danse Edgar Degas (1834-1917) [28] Huile sur toile, 85 × 75 cm, vers 1873-1876 La Classe de danse est la première œuvre de grandes dimensions dans laquelle l’artiste a représenté un groupe de danseuses. Jusqu’alors, le thème de la danse, qui lui était très cher, n’avait été traité que dans des compositions de petit format montrant des figures isolées de danseuses évoluant sur scène. Au cours des années 1870, c’est dans les salles de répétitions que le peintre va désormais suivre leur travail. D’où un format plus important en accord, dans l’exemple présent, avec la majestueuse salle de répétition de l’Opéra de la rue Le Peletier. La leçon y est dirigée par Jules Perrot, ancien danseur et chorégraphe réputé. Près de vingt figures sont rassemblées dans cet espace. L’impression d’entassement est évitée par le vide ménagé autour du maître de ballet. La composition fourmille de détails narratifs, de gestes et d’attitudes qui traduisent la fatigue ou l’humeur vagabonde des danseuses au repos. Pratiquement aucune des jeunes filles, à l’exception de celle du milieu qui s’apprête à exécuter un pas ou un exercice sous l’œil vigilant du professeur, ne prête attention à celui-ci. Degas déploie ici tout son talent d’observateur attentif et sans concessions. À gauche, juchée sur le piano, une ballerine se gratte le dos, tandis que sa voisine, dans un geste qui exprime l’exaspération, rajuste son tour de cou noir et qu’à droite une autre remonte la bretelle de son tutu. Au fond de la classe, ce sont les papotages qui l’emportent, qu’il s’agisse des danseuses entre elles ou des filles avec les mères qui assistaient à la leçon. Montrer des élèves exténuées constituait assurément un choix beaucoup plus original que de mettre en scène des jeunes filles virevoltant comme des papillons. Par ailleurs, Degas n’hésite pas à suggérer la faible intelligence émanant de certaines physionomies ou le caractère disgracieux de certains gestes. De tels choix relevaient plus d’un souci de fidélité rigoureuse à la réalité que d’une certaine cruauté misogyne. Un talent d’observateur attentif et sans concessions, un souci de fidélité rigoureuse à la réalité. LIVRE-CORPS-DEF.indd 66 13/07/11 16:31 67 le corps La Danseuse Khalil Gibran (1883-1931) Littérature [29] Esmeralda Victor Hugo (1802-1885) [30] L’Errant, 1932 Notre-Dame de Paris, 1831 Le peintre et poète libanais Khalil Gibran, dont l’œuvre la plus connue est Le Prophète, publiée en 1923, séjourna en Europe et aux États-Unis. Il travailla notamment deux ans à Paris avec Rodin, en 1908. Il a dédié l’un de ses poèmes à la danseuse orientale. Au xve siècle, sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, danse une belle gitane, Esmeralda. « Par un jour, la cour du prince convia une danseuse Accompagnée de ses musiciens. Elle fut présentée à la cour, Puis elle dansa devant le prince Aux sons du luth, de la flûte et de la cithare. Elle dansa la danse des étoiles et celle de l’univers ; Puis elle dansa la danse des fleurs virevoltant dans le vent. Et le prince d’être subjugué. Il la pria de s’approcher. Elle se dirigea alors vers le trône Et s’inclina devant lui. Et le prince de demander : “Belle femme, fille de la Grâce et de la joie, d’où vient ton art ? Comment peux-tu maîtriser la terre et l’air dans tes pas, L’eau et le feu dans ta cadence ?” La danseuse s’inclina de nouveau devant le prince et dit : “Votre Altesse, je ne saurais vous répondre, mais je sais que : L’âme du philosophe veille dans sa tête. L’âme du poète vole dans son cœur. L’âme du chanteur vibre dans sa gorge. Mais l’âme de la danseuse vit dans son corps tout entier.” » LIVRE-CORPS-DEF.indd 67 « Dans un vaste espace laissé libre entre la foule et le feu, une jeune fille dansait. […] Elle n’était pas grande, mais elle le semblait, tant sa fine taille s’élançait hardiment. Elle était brune, mais on devinait que le jour sa peau devait avoir ce beau reflet doré des andalouses et des romaines. Son petit pied aussi était andalou, car il était tout ensemble à l’étroit et à l’aise dans sa gracieuse chaussure. Elle dansait, elle tournait, elle tourbillonnait sur un vieux tapis de Perse, jeté négligemment sous ses pieds ; et chaque fois qu’en tournoyant sa rayonnante figure passait devant vous, ses grands yeux noirs vous jetaient un éclair. Autour d’elle tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes ; et en effet, tandis qu’elle dansait ainsi, au bourdonnement du tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec son corsage d’or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par moments, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, c’était une surnaturelle créature. » À REDÉCOUVRIR Le Lac des cygnes, ballet en quatre actes de Piotr Ilitch Tchaïkovski, créé en 1877. 13/07/11 16:31 80 le corps six parcours Six parcours Différents parcours sont réalisables sur le thème du corps au musée d’Orsay. Nous vous suggérons six itinéraires que vous pouvez mener en autonomie avec votre classe. Pour préparer la présentation de chacune des œuvres du parcours que vous aurez retenu, consultez la rubrique « œuvres commentées » sur le site internet du musée : www.musee-orsay.fr/collections. Assurez-vous également que les œuvres sont bien présentes en salle le jour de votre visite en consultant le plan interactif du site. Chaque parcours compte dix œuvres, mais il est recommandé de se limiter à cinq œuvres pour une visite d’une heure, et à sept œuvres pour une visite d’une heure trente. Vous pouvez bien entendu vous inspirer de ces parcours pour préparer vos projets de classe si vous n’avez pas l’opportunité de visiter le musée. Pierre Auguste Renoir, Les Baigneuses, entre 1918 et 1919 LIVRE-CORPS-DEF.indd 80 13/07/11 16:31 81 le corps 1 le corps modèle Parcours Auguste Rodin, L’Âge d’airain, 1877 Jean Auguste Dominique Ingres, La Source, 1856 Fernand Cormon, Caïn, 1880 Jean-Baptiste Carpeaux, Le Prince impérial et son chien Néro, 1865 Paul Dubois, Chanteur florentin du xve siècle, 1865 Théodore Chassériau, Le Tepidarium, « salle où les femmes de Pompéi venaient se reposer et se sécher en sortant du bain », 1853 Gustave Courbet, L’Atelier du peintre, dit aussi L’Atelier du peintre, allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique, entre 1854 et 1855 Paul Cézanne, La Femme à la cafetière, entre 1890 et 1895 Georges Seurat, Poseuse de dos, 1887 Vincent van Gogh, L’Italienne, 1887 2 le corps allégorique Parcours Honoré Daumier, La République, dit aussi La République nourrit ses enfants et les instruit, 1848 Léon Frédéric, L’Âge d’or, 1901 Léon Frédéric, Les Âges de l’ouvrier, entre 1895 et 1897 Jules Desbois, La Misère, entre 1893 et 1894 Jean-Baptiste Carpeaux, Les Quatre Parties du monde soutenant la sphère céleste, 1872 Jules Lefebvre, La Vérité, 1870 Henri Rousseau, dit Le Douanier, La Guerre, dit aussi La Chevauchée de la Discorde, vers 1894 Camille Claudel, L’Âge mûr, vers 1902 Auguste Rodin, La Pensée, dit aussi Camille Claude au bonnet ; Contemplation ; La Pensée émergeant de la matière ; Petite Bretonne ; Sphinx moderne, vers 1895 François-Rupert Carabin, Bibliothèque, 1890 LIVRE-CORPS-DEF.indd 81 13/07/11 16:31 LE CORPS LE XIXe SIÈCLE HISTOIRE DES ARTS À L’ÉCOLE LE XIXe SIÈCLE Un thème majeur, une époque cruciale, des œuvres de référence. Une approche pluridisciplinaire et transversale, pour susciter la curiosité, apprendre à voir et à regarder, entendre et écouter, observer, décrire et comprendre. Chaque ouvrage de la collection propose : Des textes de synthèse, écrits par des spécialistes, historiens de l’art et historiens, resituant le thème traité dans la vie artistique, intellectuelle et culturelle de la période abordée. Des œuvres décrites et décryptées, complétées ou confrontées à d’autres œuvres, d’autres artistes, dans tous les domaines artistiques, pour développer la formation culturelle et artistique des enfants à l’école. DANS LA MÊME COLLECTION SUR LE CÉDÉROM Toutes les œuvres en couleur, les extraits des textes littéraires et des œuvres musicales proposés dans le livre. LE CORPS DANS LE LIVRE La société française au XIXe siècle Le corps dans l’art du XIXe siècle Des œuvres, des artistes Le corps modèle Le corps allégorique Le corps mythologique Les images sociales du corps Le corps dans la vie moderne Le corps étrange Le corps imaginé Six parcours Une chronologie historique PEINTURE ARCHITECTURE PHOTOGRAPHIE MUSIQUE THÉÂTRE URBANISME SCULPTURE LITTÉRATURE CINÉMA ARTS GRAPHIQUES DESIGN… LE CORPS HISTOIRE DES ARTS A L’ECOLE www.hachette-education.com 17.1198.5 ISBN : 978-2-01-171198-4 9 782011 711984 LA PRÉHISTOIRE I L’ANTIQUITÉ I LE MOYEN ÂGE I LES TEMPS MODERNES I LE XIXe SIÈCLE I LE XXe SIÈCLE