Perroquets, singes, écureuils, hamsters… les nouveaux animaux de

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Perroquets, singes, écureuils, hamsters… les nouveaux animaux de
Le Soir
d’Algérie
Société
Mardi 25 novembre 2008 - PAGE
11
Perroquets, singes, écureuils, hamsters…
les nouveaux animaux de compagnie
ANIMALERIES
Le plaisir
des enfants
C’est une petite animalerie
située en face de la place
Kennedy, à deux pas du marché
d’El-Biar, qui attirera notre attention. «Les pensionnaires» prennent l’air sur le trottoir, ce qui ne
manque pas d’attiser la curiosité
de tous les passants.
Un perroquet gabonais qui
baragouine quelques premiers
mots ; un écureuil grignotant une
noisette ; un cochon d’Inde
jouant à cache-cache avec un
lapin et des tortues piquant un
petit somme. Les hamsters,
quant à eux, tournent en rond
dans leur cage tandis que d’adorables chatons s’étirent paresseusement, nullement dérangés
par les gazouillis stridents des
canaris et chardonnerets...
Toutes ces petites espiègleries n’ont pas échappé aux
enfants qui sont aux premières
loges les yeux grands comme la
lune. «Maman, s’écrie une petite
fille, achète-moi un petit lapin»...
Cette animalerie très animée ne
désemplit jamais, au grand bonheur de son propriétaire, Hacène
(29 ans). «Avant d’investir ce créneau, je végétais car mon taxiphone tournait au ralenti. Depuis
ma reconversion, les affaires
marchent comme sur des roulettes. Les Algérois
adorent les animaux
de compagnie. Une
nouvelle tendance
est apparue ces dernières années. De
plus en plus de
clients sont à la
recherche d’animaux
plus exotiques tels
les perroquets, les
singes, les écureuils,
les hamsters...»
Photos : Samir Sid
Tortues
spécial grigris
S’il y a un animal
pour qui les Algériens
ont beaucoup d’affection (notamment les
enfants), c’est bien la
tortue (de mer ou de
terre). «Les petits son
amusés par cette
bête portant sa maison sur son dos. Les
adultes
l’achètent
plutôt par superstition
Photos : DR
Après avoir été pendant longtemps les bêtes de compagnie préférées de l’homme, ne voilà-t-il pas que chats et
chiens sont relégués en deuxième position.
La concurrence fait rage, avec l’arrivée, dans les animaleries de la capitale, d’une nouvelle race d’animaux
dont la place est normalement au zoo tels les écureuils,
perroquets, caméléons, singes, hamsters, cochons
d’Inde...
Les Algérois adorent les animaux de compagnie.
car on dit qu’une tortue dans la
maison éloigne le mauvais œil.
On m’en rapporte essentiellement de Mostaganem. J’en
vends environ 15 par jour.
Certaines personnes bizarres
m’ont même avoué les utiliser à
des fins de sorcellerie, au même
titre que les hérissons !» Hacène
poursuit : «Par ailleurs, les perroquets gabonais sont très recherchés, pas pour faire des grigris,
rassurez-vous (rires). Il y a
quelques mois, une maman m’en
a commandé un pour l’offrir à son
fils à l’occasion de sa réussite à
l’examen de 6e. Ces volatiles
sont très drôles. J’en avais un qui
était expert dans les youyous. Un
fêtard qui mettait une sacrée
ambiance. Leur rareté fait grimper leur prix, environ 40 000 DA
l’un.»
Dans cette animalerie, on
peut acheter des petits chats siamois (3 500 DA), des coqs (500
DA), des mini-poissons multicolores (70 DA pièce), des hérissons (700 DA), des petits écureuils (2 500 DA), des cochons
d’Inde (2 500 DA) et des lapins
blancs de race espagnole (2 500
DA). «Les lapins sont très appréciés surtout par les bambins. Les
blancs partent comme des petitspains», indique notre interlocuteur. Qu’en est-il du chardonneret, cet oiseau à la mélodie
envoûtante, qui est en voie de
disparition dans notre pays ?
«On éprouve de plus en plus de
mal à s’en procurer. Nos fournisseurs nous en ramènent spécialement de Jijel, de Béjaïa et des
frontières marocaines. Le chardonneret albinos peut se vendre
jusqu’à 10 millions de centimes.»
Les chardonnerets
en voie d’extinction
Dans des cages suspendues, quelques «bébés» de cette
espèce de volatile picorent des
graines.
«Celui-là,
indique
Hacène en pointant du doigt un
de ces oisillons, ne sait pas
encore chanter. Il a à peine 8
semaines. Il faut compter 7 à 8
mois avant de le voir à l’œuvre.
Pour l’y aider, des CD de dressage sont disponibles.»
Un coq pour
les superstitieux
Cages, aquariums, muselières... divers accessoires pour
animaux de compagnie sont également vendus. Des clients achètent croquettes, graines et vitamines. Ils n’hésitent pas à
demander conseil à Hacène
quand leur petite boule de poil ou
de plume a quelques bobos. Il y
a des gens qui commandent des
œufs de ferme pour retrouver
une santé en béton (15 DA l’unité). D’autres réservent un coq
comme cette dame qui tient à
«faire couler du sang» dans la
nouvelle villa qu’elle vient de
construire. «C’est pour conjurer
le mauvais sort», lance-t-elle.
Des singes vendus
sous le manteau
Le plus étonnant, c’est cette
nouvelle catégorie de clients qui
recherchent désespérément la
compagnie d'un quadrupède
dont la place est normalement au
zoo : le singe ! «Leur vente est
illicite et pourtant on peut s’en
procurer au marché des animaux
d’El-Harrach tous les dimanche
et vendredi entre 15 000 DA et
30 000 DA.»
Les autorités concernées
sont-elles au courant de ces transactions commerciales d’un nouveau genre ?
SabrinaL
Sabrinal_le [email protected]