Picasso Bleu

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Picasso Bleu
Le bleu symbolique et
la chaleur du rose
La période bleue est plutôt barcelonaise. Picasso fit un bref séjour à
Paris au début de l’hiver 1902-1903, où il vécut dans la misère avec son ami
Max Jacob et durant lequel il brûla nombre de toiles et de dessins pour se
chauffer. Le bleu envahit sa peinture, mais ne présente qu’une valeur
symbolique. On peut être bleu de peur ou de froid, bleu comme la mort.
L’utilisation du bleu – couleur froide – pour désigner l’ombre comme les
impressionnistes, Picasso passe à un autre système. La couleur prend un
sens indépendant libéré du contexte et de la forme qui la porte. Cet art va
de pair avec une nouvelle tendance évidente et non moins délibérée, la
simplification du dessin : la ligne du dessin : la ligne s’épure, devient plus
incisive, plus nerveuse. Aux Maternités qui n’ont rien de religieux ni de
mystique succèdent les Pauvres au bord de la mer, à la figure enveloppée
de la femme s’oppose la silhouette nerveuse de l’homme. Puis vienne la
Célestine et le Vieux Guitariste encore plus incisifs et troublants. Il n’est
pas abusif de dire que Picasso s’autorise de l’exemple de Greco pour aller
encore plus loin dans l’expression de la détresse humaine. Les figures de
Picasso d’une ressemblance frappante, les figures de Picasso dans cette
période symboliquement bleue demeurent des types plutôt que des
individus.
Avec ses œuvres de la période bleue, Picasso devient Picasso : c’est
sa première période personnelle. Déjà il manifeste concrètement sa
conception de l’art, expression d’un sentiment d’humanité et de beauté
dans la détresse, et cette réunion de qualités plastiques et de sens humain
dans une même œuvre justifie pleinement l’intérêt qui lui a toujours été
porté. Elle possède en soi sa propre justification et une valeur intemporelle.
Entre 1904 et 1905, les modèles ne changent guère, mais la palette
se réchauffe progressivement, passe du bleu froid à des gris bleutés,
presque métalliques qui font scintiller les figures des premiers Arlequins.
L’amélioration de sa situation matérielle et l’optimisme engendré par sa
rencontre avec Fernande Olivier et autres ont éclairé l’évolution de son
style. Parallèlement au réchauffement de la couleur, il faut signaler
l’arrondissement des figures qui perdent de leur caractère anguleux pour
s’adoucir en courbes. Comme la période bleue trouve son accomplissement
dans la Vie, la période rose aboutit à cette grande composition, la première
de cette taille dans l’œuvre de Picasso : les Bateleurs. Le voyage en
hollande de 1905 provoque en lui de nouveau élan. Il découvre un nouveau
type de femme, et une sensualité envers ce type qui était étrange pour lui.
Ce voyage pousse sa peinture vers de voie mouvementée, rapide qui va
l’entraîner dans une recherche perpétuelle sans repos.
Pendant l’été de 1906, il voyage et le séjour en Espagne à Gosol, un
petit village de l’autre côté des Pyrénées où l’on n’accède alors qu’à dos de
mulet. Non seulement sa palette change pour emprunter cette ocre rouge
qui est le reflet fidèle de la terre de cette contrée isolée, mais l’espace
aussi se modifie. Ses figures se confondent avec la surface de la toile, et
tout décor, tout arrière-plan disparaît. Seul certaines notions de forme et
de volume semblent désormais importer pour lui. Apparaissent
simultanément les premières déformations, allongement des membres,
épaississement de certaines parties du corps qui ne prétendent plus
exprimer un état d’esprit qui serait celui du modèle ou celui du peintre,
mais qui vise essentiellement à rendre le volume dans une peinture
strictement bidimensionnelle. C’est cette recherche qui va mener au
Cubisme.
A consulter les pages : - Pierreuse, la main sur l'épaule
- L’Enfant au Pigeon
- Les pauvres au bord de la mer
- La Vie
- Les Bateleurs
- Autoportrait à la palette
De la période bleue:
De la période rose :