pelvi~ périnéologie - sifud-pp
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PELVI~ PÉRINÉOLOGIE ÉDITORIAL B O A R D RÉDACTEUR EN CHEF G. Amarenco RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT J.-J. Labat RÉDACTEURS ASSOCIÉS J.-M. Buzelin, M. Perrigot, B. Jacquetin, P. Debodinance SECTION EDITORS Andrologie-Sexologie : P. Costa Colo-proctologie : L. Siproudhis, D. Soudan Infectiologie : J.-M. Bohbot Neuro-urologie : R. Opsomer, P. Denys Statique pelvienne : B. Fatton, A. Pigné Incontinence : Ph. Grise, M. Cosson Troubles fonctionnels : J.-J. Labat, F. Haab Basic science : B. Parratte, L. Mazières Explorations : L. Lenormand Imagerie : J.-F. Lapray Sciences paramédicales : G. Valancogne Revue de la littérature internationale : B. Deval, J.-F. Hermieu, J.-M. Soler, G. Robain Abonnements Le volume 1 (4 numéros) paraît en 2006, PELVI~ PÉRINÉOLOGIE COPYRIGHT Pelvi-périnéologie couvre l’ensemble de la pelvi-périnéologie et s’intéresse particulièrement à l’incontinence urinaire, aux troubles fonctionnels pelvi-périnéaux, aux explorations urodynamiques et plus généralement, aux explorations périnéales (imagerie, neurophysiologie, etc.), aux troubles ano-rectaux, et aux troubles génito-sexuels. Cette revue multidisciplinaire comprend des articles originaux faisant part des différentes avancées dans ces différents domaines et aussi des articles de synthèse, de formation, d’enseignement et de pratique. Pelvi-périnéologie est l’organe officiel de la société savante SIFUD PP ; la revue s’adresse en priorité aux médecins de médecine physique et de réadaptation s’intéressant aux explorations urodynamiques, aux urologues, gynécologues, chirurgiens viscéraux hysto-pelviens, coloproctologues, sexologues, infirmières impliquées dans les explorations périnéales, kinésithérapeutes, sages-femmes, aux gastro-entérologues et à l’industrie pharmaceutique. Copyright Ne peuvent être présentés au comité de rédaction que des manuscrits n’ayant pas été simultanément présentés ailleurs, n’ayant pas déjà été publiés ou n’étant pas en cours de publication. En présentant un manuscrit, les auteurs s’engagent à déléguer à la maison d’édition, à partir du moment où l’article est accepté, le copyright de celui-ci, les droits de reproduction photographique, en microforme ou par tout autre moyen, de traductions et de tirage à part compris. 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Rédacteur en chef de Pelvi-périnéologie Gérard Amarenco Hôpital Rothschild 33, boulevard de Picpus, 75271 Paris cedex 12 Contact et soumission des articles en ligne : Site web : http://springer.fontismedia.com/pel/ Édition – Promotion Springer-Verlag France Pelvi-périnéologie 22, rue de Palestro, F-75002 Paris, France Tél. : +33 (0)1 53 00 98 60, Fax : +33 (0)1 53 00 98 61 e-mail : [email protected] Directeur de publication Guido Zosimo-Landolfo Responsable d’édition : Méline Berthelot e-mail : [email protected] Secrétariat de rédaction : Anne Desmortier e-mail : [email protected] Publicité et partenariats : K. Pech assistée par I. Fauveau Tél. : +33 (0)1 53 00 98 73/74 e-mail : [email protected] e-mail : [email protected] Chef de projets partenariats : Sylvie Fillettaz e-mail : [email protected] Impression Jouve (Paris, France) D.L. 2006 - N° 63862 Ownership and Copyright © Springer-Verlag France 2006 Imprimé en France Numéro de revue : 11608 ISSN version papier : 1778-3712 ISSN version électronique : 1778-3720 Springer is a part of Springer Science+Business Media springeronline.com PELVI~ PÉRINÉOLOGIE S O M M A I R E ÉDITORIAUX Pelvi-périnéologie...................................1 Exploration électrophysiologique périnéale : mythes et réalités..................2 G. Amarenco FORMATION MÉDICALE FOCUS REVUE DE PRESSE B. Deval, G. Amarenco..........................86 Toxine botulique et périnéologie...........41 G. Amarenco DOSSIER THÉMATIQUE ARTICLES SCIENTIFIQUES ARTICLES ORIGINAUX Validation d’un questionnaire interculturel de qualité de vie spécifique des troubles urinaires dans la sclérose en plaques.....6 V. Bonniaud, B. Parratte Tests cardiovasculaires de la fonction autonome au cours des dysuries idiopathiques de la femme. Mise en évidence d’une dysautonomie vésicale primaire ..................................12 P. Raibaut, S. Sheikh Ismael, K. Hubeaux, M. Damphousse, G. Amarenco Pad test court versus pad test ultracourt. Étude prospective randomisée .............18 C. Ciofu, P. Levy, S. Léger, B. Gaibisso, F. Haab, G. Amarenco MISES AU POINT Biomatériaux de renfort pour le traitement des prolapsus urogénitaux....................23 P. Grise, G. Descargues CAS CLINIQUES Incontinence urinaire postmictionnelle et diverticule urétral.............................36 M. Demesmaeker, C. Ciofu Pandysautonomie aiguë pure (syndrome de Young et Adams) et troubles vésico-sphinctériens ...........38 D. Lagauche, F. Maurier Troubles du transit et de la défécation des maladies neurologiques coordonné par D. Soudan Troubles digestifs et ano-rectaux dans la sclérose en plaques .................45 L. Mailhan, A. Fontaine, I. Monteil Troubles du transit et de la défécation au cours de la maladie de Parkinson....49 D. Soudan, M. Ziegler Prise en charge des troubles colorectaux du blessé medullaire ............................53 J.-M. Soler Les troubles ano-rectaux des neuropathies périphériques ...........59 P. Raibaut, K. Hubeaux, M. Damphousse, M. Jousse, G. Amarenco Les troubles ano-rectaux au cours des accidents vasculaires cérébraux .............................................63 C. Jacq, M. Damphousse, M. Jousse, P. Raibaut, G. Amarenco PRATIQUE MÉDICALE Rétentions urinaires psychogènes ........66 J.-C. Colombel Traitement médical de l’éjaculation prématurée...........................................73 P. Lacroix, G. Amarenco RECOMMANDATIONS Les vessies neurologiques et leurs complications dans la sclérose en plaques : revue de la littérature ...........................77 M. de Sèze, A. Ruffion, P. Denys, P.-A. Joseph, B. Perrouin-Verbe Available online springerlink.com PELVI~ PÉRINÉOLOGIE INSTRUCTIONS A U X A U T E U R S Pelvi-périnéologie est l’organe officiel de la Société interdisciplinaire francophone d’urodynamique et de pelvi-périnéologie (SIFUD PP) Pelvi-périnéologie publie des articles essentiellement en langue française, se rapportant aux différentes thématiques de la discipline. Ces travaux peuvent être des articles de synthèse pour un dossier thématique, des articles originaux, des articles de mises au point, des cas cliniques, des comptes rendus de congrès et des revues de presse, dans les domaines de l’incontinence, la statique pelvienne, l’andrologie-sexologie, la colo-proctologie, l’infectiologie, la neuro-urologie, les troubles fonctionnels, les explorations et l’imagerie. Les sommaires et thèmes de chaque numéro sont déterminés par le comité de rédaction qui se réunit régulièrement et regroupe différents professionnels en pelvi-périnéologie. Les auteurs s’engagent à soumettre un article original, apportant un savoir, une pratique, des réflexions utiles à la discipline transversale qu’est la pelvi-périnéologie. Quelle que soit leur appartenance scientifique, les auteurs s’engagent à respecter l’éthique et la déontologie médicale, de même que le comité de rédaction et le comité scientifique s’engagent à la lecture critique de leurs articles avant acceptation. Cette lecture (par deux, voire trois experts) ne sera effectuée que si les manuscrits suivent les consignes suivantes : 1 - Le manuscrit Les articles sont rédigés en français ou en anglais. Ils sont proposés directement sur un site de soumission en ligne, à l’adresse suivante : http://springer.fontismedia.com/pel/ Les articles sont dactylographiés au format 21 X 29,7 cm, en police Times ou équivalente, corps 12, en double interligne (soit env. 1 600 caractères espaces inclus par page). Sur une page de garde séparée, les auteurs écrivent leurs noms, prénoms, qualité, institution et adresse, ainsi que les coordonnées (téléphonique et électronique) où ils peuvent être joints. La première page comporte le titre de l’article, en français et en anglais, suivi d’un résumé (500 caractères au maximum) et des mots clés (5 au maximum) en français et en anglais. L’auteur se charge de traduire le résumé et les mots clés en anglais (qui seront corrigés en cas de difficultés). Les articles ne devront pas dépasser : - pour les articles de synthèse (qui font partie du dossier thématique du fascicule), 20 pages dactylographiées et 50 références ; - pour les articles originaux, 15 pages dactylographiées et 30 références ; - pour les articles de mise au point, 15 pages dactylographiées et 20 références. À part quelques références essentielles, la littérature analysée est celle des cinq dernières années ; - pour les cas cliniques, 6 pages dactylographiées, 2 tableaux ou figures et 20 références ; - pour les recommandations, 15 pages dactylographiées et 30 références ; - pour les comptes rendus de congrès, qui ne comportent ni résumé ni références bibliographiques, 8 pages dactylographiées au maximum ; - pour les revues de presse (qui citent en référence la ou les publications analysées) 5 pages dactylographiées au maximum. Le titre est aussi bref et compréhensible que possible. Le texte peut suivre le mode de rédaction habituelle : introduction, méthodes et population, résultats, discussion, conclusion. Toutefois, il peut être également simplement articulé en chapitres, subdivisés en paragraphes par des sous-titres. Les schémas et dessins figurent sur des pages à part, avec titres et légendes, pour être téléchargés isolément du fichier texte (Word). Les numérotations sont en chiffres romains pour les tableaux et en chiffres arabes pour les figures. 2 - Les références bibliographiques L’ensemble comprend uniquement les références citées dans l’article. Les références sont classées suivant leur ordre d’apparition dans l’article, avec numérotation. L’appel bibliographique [cité entre crochets] se fait directement dans le texte. Les normes internationales sont utilisées de la façon suivante : - Pour un ouvrage : • Nom de l’auteur en minuscules suivi d’un espace et de l’initiale du prénom (Dupont J). Si la référence compte 2 à 4 auteurs, une virgule séparera l’initiale du prénom du premier, du nom du second. S’il y a plus de 4 auteurs, seuls les noms et initiales des 3 premiers auteurs seront indiqués et suivis alors de « et al. ». • Année de publication entre parenthèses. • Titre complet suivi par un point. Dans le cas d’un chapitre ou partie extrait(e) d’un ouvrage, indiquer à la suite du titre « In: » suivi de(s) nom(s) et initiale(s) du ou des auteurs principaux (suivi d’une virgule) et du titre de l’ouvrage suivi par un point. Éditeur (suivi d’une virgule), lieu de parution (suivi d’une virgule), et numéros des pages citées séparés par un tiret. Exemple : Le Normand L, Buzelin JM (2006) Anatomie et physiologie du sphincter urétral. In: Amarenco G, Chantraine A (eds), Les fonctions sphinctériennes. Springer, Paris, pp 7-28 - Pour un article : • Comme précédemment pour les noms et prénoms. • Année de publication. Titre complet de l’article. Titre de la revue (abrégée si possible, suivant la nomenclature internationale de l’Index Medicus). Volume suivi de deux points, sans espace avant les deux points, suivis des numéros des pages concernées séparés par un tiret. Exemple : Ciofu C, Levy P, Leger S, et al. (2006) Pad test court versus pad test ultracourt. Étude prospective randomisée. Pelv perineol 1: 52-93 Dans le corps du manuscrit peuvent apparaître des titres d’ouvrage ou d’article. 3 - Publication Après expertise, le texte est accepté avec ou sans corrections. Il peut également être refusé avec argumentation. L’expertise se déroule en ligne sur le site de soumission en ligne des manuscrits. Lorsque le manuscrit est accepté, il ne peut plus être publié dans une autre revue, sauf accord du comité de rédaction et de l’éditeur. Si le texte est à modifier, il doit être retourné au rédacteur en chef via Fontis dans les dix jours. Dans un deuxième temps, des épreuves seront retournées aux auteurs pour relecture. Attention ! Les textes soumis sur Fontis ne comportant pas la totalité des éléments énumérés ci-dessous vous seront systématiquement retournés pour mise en conformité, avant toute expertise. Une fois enrichis, ils devront être resoumis : • Titre, résumé et mots clés en français et en anglais • Affiliation et coordonnées complètes de chacun des auteurs, auteur correspondant et co-auteurs • Références numérotées par ordre d’apparition dans l’article • Appels dans le texte entre crochets des références citées Pelvi-périnéologie (2006) 1: 1 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0002-3 ÉDITORIAL / EDITORIAL Éditorial G. Amarenco Service de Rééducation neurologique et d’Explorations périnéales, Hôpital Rothschild, Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Inserm U731/Université Pierre-et-Marie-Curie ; e-mail : [email protected] Pelvi-périnéologie Un titre. Une promesse. Une nouvelle équipe rédactionnelle. Un nouveau comité éditorial. Mais aussi une société savante (SIFUD PP) qui s’engage, un nouveau concept, une vraie discipline, un credo. Un challenge. Pelvi-périnéologie est donc né et vous avez entre les mains le premier numéro. Nous sommes heureux et fiers, au comité de rédaction, de vous le présenter. Vous retrouverez, à chaque parution, naturellement des articles scientifiques, mémoires originaux et mises au point, dûment relus et validés par le comité de lecture. Vous retrouverez aussi des articles de formation continue avec des dossiers thématiques, des cas cliniques et des fiches pratiques. Cette revue sera celle que vous voulez qu’elle devienne. C’est votre revue et elle ne vivra que par vous et grâce à vous. Grâce aux articles que vous soumettrez, grâce à la publicité que vous en ferez. L’indexation Medline à court terme est un objectif raisonnable et indispensable à la fois. Aidez-nous et aidez-vous. La soumission des articles se fait par voie électronique sur le site http://springer.fontismedia.com/pel/, ou en cliquant sur le lien spécifique du site de la SIFUD PP (http://www.sifud-pp.org/). Vous y trouverez en téléchargement les conseils aux auteurs, et la manière de vous déclarer comme auteur en obtenant un login de connexion et un mot de passe auteur. Nous vous souhaitons une très agréable lecture. Gérard Amarenco Rédacteur en chef Pelvi-périnéologie (2006) 1: 2–5 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0003-2 ÉDITORIAL / EDITORIAL Exploration électrophysiologique périnéale : mythes et réalités G. Amarenco Service de Rééducation neurologique et d’Explorations périnéales, Hôpital Rothschild, Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Inserm U731/Université Pierre-et-Marie-Curie Les explorations électrophysiologiques périnéales sont régulièrement demandées dans l’évaluation diagnostique, pronostique, étiopathogénique et parfois physiopathologique de nombreux troubles vésico-sphinctériens (incontinence et dysurie), ano-rectaux (dyschésie et incontinence), génito-sexuels (dysérection) et périnéaux divers (névralgies pelvi-périnéales). Pourtant, leur réel apport dans l’expertise de tels troubles reste encore à démontrer. En effet, l’objectivité des explorations électrophysiologiques périnéales dans la détermination du diagnostic étiologique neurologique, du niveau lésionnel concerné et du pronostic de la lésion causale est contrebalancée par le manque de sensibilité et de spécificité de ces techniques. C’est dire que chaque examen devra être discuté dans son indication, réalisé en fonction de l’examen neurologique préalable, conduit pour répondre clairement à des questions précises et enfin, interprété en tenant compte des données anamnestiques, épidémiologiques, cliniques et des résultats des autres examens complémentaires, morphologiques ou fonctionnels. L’électromyographie de détection des muscles du plancher périnéal Si cette technique est la plus ancienne, elle demeure actuellement probablement l’un des examens les plus utiles. Grâce à l’analyse du recrutement temporel des unités motrices et à leur typage morphologique, la mise en évidence d’une dénervation peut être objectivement démontrée. L’accélération du tracé (plus de 20 unités motrices par seconde) est aisément mise en évidence, de même que la présence d’activités spontanées de dénervation (potentiels lents, fibrillation, rafales pseudo-myotoniques), tous éléments du syndrome neurogène périphérique. Ceci semble aisé à mesurer et donc à reproduire. C’est sans compter sur la nécessité de la contraction volontaire indispensable du patient qui peut être très variable, du bon positionnement de l’électrode aiguille dans un faisceau musculaire donné, du caractère focal de l’insertion, de la variabilité des conductions des différentes fibres notamment dénervées. L’absence d’évaluation objective de la force restituée et la difficulté à grader la contraction sur des rampes d’activation courtes rendent malaisée la détection des atteintes myogènes. C’est pour cela que des techniques de quantification de l’étude des unités motrices ont été développées pour permettre une meilleure objectivité, une meilleure reproductibilité de la mesure et donc des résultats. Ces nouvelles méthodes d’analyse automatisée du signal, comme l’étude du rapport turns-amplitude, ont été permises par la puissance de l’informatique embarquée des nouvelles générations d’appareils d’électromyographie. De même, l’appréciation du caractère polyphasique des unités motrices (UM) est devenue aisée grâce à des logiciels spécifiques d’analyse en 3 temps réel et/ou différé, permettant d’extraire manuellement ou de manière automatisée les UM et d’en étudier les caractéristiques morpho-temporelles. Si la mise en évidence d’une altération de type neurogène ne prête souvent guère à confusion (du moins dans les processus évolués ), la détermination de son caractère pathologique est beaucoup plus délicate. La répartition du processus neuropathique doit impérativement être prise en compte : une dénervation diffuse touchant l’ensemble de la musculature périnéale (muscles antérieurs bulbo-caverneux, muscles postérieurs sphincter anal) chez une femme est une quasi-certitude physiologique ! En effet, le moindre accouchement par voie basse (notamment s’il a été quelque peu difficile ou prolongé), les antécédents de constipation, des éléments de prolapsus même a minima sont autant de facteurs déterminant une banale et ô combien fréquente neuropathie pudendale d’étirement, dont la présence n’aura aucune signification dans l’analyse du symptôme considéré. Toutes aussi banales, certaines pathologies bien fréquentes qui, elles aussi, déterminent un syndrome neurogène frustre compliquant l’analyse électrophysiologique : arthrose rachidienne, antécédent d’hernie discale, de canal rachidien rétréci, d’intervention pelvienne antérieure, etc., tous d’une grande banalité surtout à partir d’un certain âge. Ce n’est que la répartition de la dénervation qui permettra d’évoquer certains diagnostics. Ainsi, une franche dénervation unilatérale au cours d’une névralgie périnéale constituera un argument électrophysiologique pour une atteinte mono-tronculaire distale, focale du nerf pudendal, évocatrice alors d’un syndrome du canal d’Alcock. Ailleurs, une prépondérance très marquée de la dénervation dans le sphincter anal au cours des incontinences fécales du postpartum pourra suggérer une participation neurogène à l’hypocontinence. L’étude des latences sacrées La stimulation de l’afférent sensitif (nerf dorsal de la verge, nerf clitoridien), avec recueil du potentiel dans l’un des muscles du plancher périnéal (muscle bulbo-caverneux, par exemple) permet en théorie de tester l’intégrité de l’arc réflexe sensitivo-moteur nerf pudendalmétamères S2S3S4. Mais, outre son absence de valeur très précise sur le plan topographique (bien que la latence sacrée soit le plus souvent altérée au cours des lésions proximales, radiculomédullaire ou plexiques sacrées, contrairement aux lésions distales), cet examen souffre d’un manque de reproductibilité et de sensibilité. La première raison est le fait du stimulus habituellement utilisé : la stimulation électrique ne permet d’explorer que les grosses fibres myélinisées, les neuropathies des petites fibres à l’origine des divers symptômes explorés (incontinence anale, dysérection, troubles urinaires ) restant méconnues. La deuxième raison est aussi inhérente à la technique et, plus précisément, au mode de recueil à l’aiguille, ce dernier étant focal et ne pouvant représenter qu’une des modalités de conduction (fibres à conduction les plus rapides ou les plus lentes) dans une même structure musculaire, avec ainsi une dispersion des valeurs. Le recueil en surface ne permet pas de s’affranchir de cet obstacle, en raison de la contamination par le muscle controlatéral, faussant le résultat. La troisième raison est d’ordre physiologique : le réflexe bulbo-caverneux est un réflexe polysynaptique et répond 4 donc à un certain nombre de lois précises en termes de modalité d’obtention des réponses réflexes. Il est bien établi que les latences de ces réflexes, contrairement au réflexes monosynaptiques, varient en fonction de l’intensité de stimulation. On observe ainsi un raccourcissement de latence lors de l’augmentation de l’intensité du stimulus électrique, jusqu’à une valeur seuil, mais qu’il est parfois bien difficile de déterminer lors de l’enregistrement du réflexe bulbo-caverneux en raison de la pénibilité de la stimulation périnéale. C’est dire qu’il faudra toujours interpréter avec une grande prudence les réponses réflexes sacrées. Enfin, au-delà de la simple valeur absolue de la latence, il faudra toujours prendre en compte la comparaison inter-latence en raison de la distribution homolatérale du réflexe, ce qui permet d’avoir des arguments diagnostiques et topographiques en cas de lésion unilatérale sur l’hémi-arc réflexe nerf pudendal - S2S3S4 (lésions radiculaires ou plexiques sacrées). Enfin, si la reproductibilité immédiate des latences réflexes sacrées a été bien évaluée, qu’il s’agisse de stimulation électrique de l’afférent ou de stimulation mécanique, en revanche, la reproductibilité à moyen et long terme n’a jamais été démontrée. Elle ne semble pas parfaite en raison de la possibilité de variation du lieu d’insertion et de localisation exacte de l’électrode aiguille. La vitesse de conduction de la fibre considérée étant très variable, notamment dans les cas de dénervation, la latence du réflexe bulbo-caverneux variera dans les mêmes proportions. L’étude des potentiels évoqués cérébraux par stimulation périnéale L’analyse des potentiels évoqués somesthésiques par stimulation des dermatomes sacrés permet en théorie l’analyse de l’ensemble des voies lemniscales à point de départ périnéal. Cet examen est certes reproductible, mais loin d’être sensible. Perturbé (parfois ) quel que soit le siège de la lésion (centrale ou périphérique, médullaire ou encéphalique, radiculo-plexique ou distale), il ne permet de plus aucune analyse discriminative droite-gauche. Son utilité dans l’évaluation des troubles neuro-périnéaux reste encore bien à démontrer. L’étude des latences distales du nerf pudendal Cette technique, initiée dans les années 1960, est largement rapportée dans les publications comme test de perte axonale dans les insuffisances sphinctériennes anales. La constatation d’une augmentation de la latence distale motrice du nerf pudendal sur sa branche anale (recueil dans le sphincter anal externe) ou périnéale (recueil dans le bulbo-caverneux) après stimulation de celui-ci par une électrode digitale au contact de l’épine sciatique a validé la notion de neuropathie périnéale d’étirement. Les limites de la méthode concernent l’aspect technique luimême. Lorsque le recueil s’effectue en surface, il est difficile de dissocier avec précision le début de la réponse de l’artéfact de stimulation quand on sait que les valeurs normales se situent aux alentours de 2 ms. Lorsque le recueil s’effectue à l’aiguille, le test a une faible valeur prédictive, toute normalité de la latence n’éliminant en rien la réorganisation d’une unité motrice de voisinage. Lorsque le seul critère d’analyse est la latence sans prise en compte de l’amplitude ou de l’aire du potentiel moteur, l’écart du normal au pathologique (quelques ms) n’est pas suffisant pour expliquer les défauts de recrutement de la musculature striée dans sa composante 5 phasique ni d’une évaluation objective de la perte axonale. Cette dissociation est ainsi illustrée par la normalité des latences distales avec signes de dénervation en EMG conventionnel dans plus d’un cas sur deux dans une population d’insuffisance sphinctérienne idiopathique. La mise en évidence d’une lésion focale tronculaire d’un nerf moteur par comparaison droite/gauche ne permet ici, compte tenu de l’intrication des territoires d’innervation droit et gauche des sphincters et des variantes anatomiques fréquentes, aucune conclusion quant à sa responsabilité dans la genèse d’une insuffisance sphinctérienne ou d’une névralgie périnéale. Conclusion Malgré leur large utilisation en pratique quotidienne, la reproductibilité, la sensibilité et la spécificité des explorations électrophysiologiques ne sont pas excellentes. Et pourtant, elles restent fort demandées dans l’appréciation objective, quantitative, topographique et évolutive de la dénervation. Mais pour rester utiles, voire dans certains cas, indispensables, elles ne doivent être analysées puis interprétées qu’avec beaucoup de recul, d’humilité, et en fonction des indispensables données cliniques, anamnestiques et d’examen. Elles restent un examen complémentaire, purement descriptif, sans aucune valeur fonctionnelle, contrairement aux explorations manométriques. Mais elles demeurent d’un incontestable intérêt dans le dépistage d’un facteur neurogène et dans l’appréciation de l’intégrité réflexe sacrée. Pelvi-périnéologie (2006) 1: 6–11 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0005-0 ARTICLE ORIGINAL / ORIGINAL ARTICLE Validation d’un questionnaire interculturel de qualité de vie spécifique des troubles urinaires dans la sclérose en plaques V. Bonniaud, B. Parratte Service de Médecine physique et de Réadaptation, Hôpital Minjoz, 3 boulevard Alexandre-Fleming, 25000 Besançon Résumé : Introduction : Qualiveen, questionnaire de qualité de vie (QdV), en langue française, spécifique des troubles urinaires (TU) a bénéficié d’une procédure rigoureuse de traduction en langue anglaise. Cependant cette première étape d’une adaptation culturelle d’un questionnaire ne garantit pas sa pertinence interculturelle. S’assurer de l’équivalence du concept mesuré par le questionnaire entre les cultures concernées est un prérequis nécessaire. Une adaptation culturelle est ainsi achevée quand les propriétés de mesures du questionnaire traduit ont été démontrées. Objectif : Prouver l’équivalence conceptuelle de la version anglaise de Qualiveen avec la version originale française, en analysant ses propriétés de mesures (validité de construction, fiabilité et sensibilité aux changements). Méthodes : Étude longitudinale chez 55 patients canadiens anglophones, atteints de SEP qui ont rempli à deux reprises Qualiveen en anglais, le Multiple Sclerosis Quality Of Life-54 et une auto-évaluation des TU. À l’inclusion, chaque patient a été inclus soit dans le groupe « stable par anticipation » (si les troubles urinaires étaient peu gênants, traités ou non), soit dans le groupe « amélioré par anticipation » (si un traitement était instauré et que nous présumions fortement que ce traitement les améliorerait). Résultats : La validité de construction longitudinale de Qualiveen repose sur la confirmation de prédictions faites a priori (Kappa = 0,71) avec des changements observés dans les scores de Qualiveen corrélés aux changements des autres questionnaires. Sa fiabilité est élevée (coefficient de corrélation intraclasse = 0,94). Tous les domaines de Qualiveen sont capables de détecter des changements chez les patients « améliorés par anticipation » (p < 0,0001) et de différencier ces patients de ceux restés « stables » (p < 0,0001). Conclusion : Les propriétés de mesures de Qualiveen en anglais sont similaires à celles de la version originale. Cette validation psychométrique permet l’utilisation d’un questionnaire de QdV équivalent dans l’évaluation des TU chez des patients atteints de SEP, de cultures différentes, au cours d’études internationales. Mots clés : Troubles urinaires – Qualité de vie – Questionnaire – Adaptation culturelle – Qualiveen Correspondance : [email protected] Validation of an intercultural urinary-disorder specific instrument in multiple sclerosis Abstract: The Qualiveen questionnaire is a urinary disorder (UD)-specific Health Related Quality of Life (HRQL) instrument. Developed in French, its translation into English was the first step of a process leading to an HRQL questionnaire that can be used in a different culture. However, the cultural adaptation of an HRQL questionnaire is only achieved when the psychometric properties of the translated questionnaire are documented. Aim: To develop an equivalent English version of the Qualiveen questionnaire, and to assess its following measurement properties : construct validity, reliability and responsiveness. Methods: A before-after study in which MS completed questionnaires (Qualiveen, MSQOL-54, urinary function assessment) twice at an interval of two to ten weeks. The study included 55 Canadian out-patients who, at enrollment, were classified as ‘‘stable’’ group if they had no troubling UD or ‘‘expected to improve’’ if they had troubling UD that mandated intensified treatment. Results: Consistent with a priori predictions (weighted kappa = 0.71), changes in Qualiveen score correlated with changes in other outcomes. Qualiveen proved test-retest reliable (intraclass correlation coefficient = 0.94). All Qualiveen domains detected changes in patients ‘‘expected to improve’’ (p < 0.001) and differentiated these patients from ‘‘stable’’ patients (p < 0.001). Conclusions: Valid, reliable, and responsive, both English and French versions are useful for MS studies addressing UD. Keywords: Urinary disorders – Cultural adaptation – Questionnaire – Quality of life – Qualiveen Introduction L’évaluation de la qualité de vie est difficile à appréhender, mais devient une nécessité dans la prise en charge des troubles vésico-sphinctériens des patients atteints de sclérose 7 en plaques (SEP) [1-3]. Un traitement est habituellement instauré après avoir exploré ces troubles urinaires au cours d’un bilan clinique et paraclinique relativement standardisé : interrogatoire, calendrier mictionnel, examen clinique neuro-périnéal et uro-génital, explorations urodynamique et électrophysiologique. Ces évaluations permettent de guider la prise en charge thérapeutique, mais ne renseignent pas sur le vécu des troubles par le patient, sur l’importance de leur gêne ou de leur amélioration après l’instauration d’un traitement. Améliorer la qualité de vie des patients atteints de SEP présentant des problèmes urinaires est devenu un objectif primordial. Les complications uro-néphrologiques sont en effet peu fréquentes [4, 5]. De plus, ces troubles vésico-sphictériens ont un impact psychologique majeur et représentent un des handicaps de la SEP qui a le plus de retentissement sur le domaine social [6, 7]. Le vécu des troubles urinaires chez les patients atteints de SEP n’est pas simple à évaluer, compte tenu de l’ensemble des symptômes ayant un possible retentissement sur leur vie quotidienne. Aussi, il doit être mesuré par l’intermédiaire de questionnaires de QdV spécifiques. Ces derniers permettent de répondre aux besoinx d’une meilleure approche des problèmes spécifiquement liés à une population définie. Ces questionnaires, pour pouvoir être utilisés, doivent avoir bénéficié d’une validation psychométrique avec analyse de trois propriétés de mesure clef : validité, fiabilité et sensibilité aux changements [8]. Cette validation permet de s’assurer que le questionnaire fonctionne comme attendu et apporte ainsi une garantie scientifique [9]. Aucun des questionnaires existants de QdV spécifiques de la SEP ou spécifiques des troubles urinaires développés pour la population générale ne sont appropriés à cette population [10, 11]. Les premiers, quand ils évaluent ce problème, ne comportent qu’un ou deux items. Les seconds sont généralement développés soit chez l’homme, soit chez la femme pour cibler un type de symptômes donné. Ils sont donc trop restrictifs, les troubles urinaires dans la SEP étant variés, souvent représentés par l’association de signes obstructifs et de signes irritatifs chez un même patient, majorés ou non par une incontinence. Le questionnaire Qualiveen est un instrument de QdV spécifique des troubles urinaires initialement développés chez les patients blessés médullaires [12]. Sa validation psychométrique a été ensuite étendue aux patients atteints de SEP [10]. Utiliser le même questionnaire, quel que soit le pays, représente des intérêts majeurs que la création d’un nouvel instrument n’aurait pas. Nous nous sommes ainsi intéressés à l’adaptation culturelle de Qualiveen en langue anglaise dans la population SEP. Ceci rend, en effet, possibles la comparaison de résultats et une interprétation commune à travers des langues et des cultures différentes. La réalisation d’études cliniques à une plus grande échelle est également facilitée par une participation internationale possible. Cependant, l’utilisation de questionnaire de QdV dans d’autres langues et cultures impose leur traduction puis la validation psychométrique de la version traduite afin de s’assurer de la pertinence interculturelle et de l’équivalence conceptuelle avec le questionnaire original [13, 14]. L’objectif de ce travail est de présenter la validation de la version anglaise de Qualiveen (analyse de la validité de construction longitudinale, fiabilité et sensibilité aux changements), ce qui a permis d’achever son adaptation culturelle en langue anglaise. Le questionnaire Qualiveen Qualiveen est un auto-questionnaire de QVLS spécifique. Il est composé de 30 items, qui mesurent le retentissement des troubles urinaires sur 4 domaines spécifiques de la qualité de vie : la gêne (9 items), les contraintes (8 items), la peur (8 items), et le vécu (5 items). Chaque item a une échelle de réponse en cinq points avec 0 indiquant l’absence d’impact des troubles urinaires sur la QVLS et 4 témoignant d’un retentissement très sévère. Le score de chaque domaine de Qualiveen correspond à la moyenne des scores pour chacun des items composant le domaine. Le score total représente la moyenne des scores des 4 domaines. Il était valide et fiable, sa sensibilité aux changements n’avait pas été analysée chez les blessés médullaires [12]. Chez les patients atteints de SEP, sa validité de construction discriminative reposait sur la confirmation d’hypothèses a priori, faites avant analyse, préjugeant de corrélations fortes avec le type de symptômes, le degré d’incontinence urinaire, de corrélations modérées avec le nombre de symptômes, de corrélations faibles avec le mode mictionnel, de corrélations faibles ou absentes avec la plupart des dimensions du questionnaire SEP-59 (questionnaire de QdV spécifique de la SEP) [10]. Sa validité de construction longitudinale a été établie sur la confirmation d’hypothèses a priori concernant des corrélations entre le changement des scores de Qualiveen et les changements observés pour les autres mesures (symptômes, mode mictionnel, questionnaire SEP-59) [2]. La fiabilité (test-retest) de Qualiveen était excellente pour tous les domaines et le score global de qualité de vie avec des coefficients de corrélation intraclasse compris entre 0,85 et 0,96 (résultats non publiés). La sensibilité aux changements a été étudiée en regroupant les patients canadiens anglophones et les patients français. Il a été traduit en anglais britannique par le groupe Mapi Value. Sa traduction, première étape de l’adaptation culturelle du questionnaire, répondait à une méthodologie bien définie en trois phases : traduction forward, traduction backward, étape pretest [15]. La seconde étape de l’adaptation culturelle de Qualiveen en langue anglaise n’avait pas été réalisée. Il s’agissait de validation des propriétés de mesure de la version anglaise de Qualiveen. Validation de la version anglaise de Qualiveen L’objectif de cette seconde étape de l’adaptation culturelle d’un questionnaire a été de s’assurer de l’équivalence du 8 concept mesuré et de la pertinence interculturelle entre la version anglaise de Qualiveen et sa version originale française. La population choisie fut celle de la SEP. Nous avons ainsi analysé la validité de construction longitudinale, la fiabilité et la sensibilité aux changements de la version anglaise de Qualiveen. Patients Entre janvier et juillet 2003, 78 patients canadiens anglophones, (Hamilton, Ontario), atteints d’une SEP, ont été impliqués dans une étude longitudinale pour la validation de Qualiveen. Ils bénéficiaient d’une consultation auprès d’un neurologue dans une clinique de la SEP à l’université de McMaster ou auprès d’un médecin de Médecine physique et de Réadaptation dans un centre de rééducation à l’hôpital Chedoke. Tous les patients avaient une SEP, définie selon les critères de Poser [16], et connaissaient leur diagnostic. Tous ont signé un consentement éclairé après approbation du protocole d’étude par le comité d’éthique des Sciences et de la Santé de l’université de McMaster. Ces patients anglais étaient soit « stables », soit « à améliorer ». Ils étaient considérés comme « stables » si leurs troubles urinaires n’entraı̂naient pas de gêne imposant un nouveau traitement. Les patients « à améliorer » avaient des symptômes urinaires gênants. Ils étaient inclus si nous prévoyions fortement que l’introduction d’un nouveau traitement les améliorerait. En effet, ces signes urinaires gênants avaient suffisamment d’impact sur la qualité de vie des patients pour leur permettre de souhaiter essayer un nouveau traitement, malgré la contrainte et le risque d’effets secondaires. Ainsi à l’inclusion, chaque patient a été inclus soit dans le groupe « stable par anticipation », soit dans le groupe « amélioré par anticipation ». La même étude fut menée chez des patients français afin d’augmenter le nombre de patients pour l’étude de la sensibilité aux changements. Auto-évaluation du statut urinaire Un auto-questionnaire pour collecter les informations concernant les symptômes urinaires, le mode mictionnel et le degré d’incontinence : incontinence légère (moins de quatre épisodes de fuites par mois) ; modérée (plusieurs épisodes par semaine) ; sévère (plusieurs épisodes par jour). Administration des questionnaires Les patients souhaitant participer à l’étude ont rempli chez eux les auto-questionnaires (Qualiveen, MSQOL-54, statut urinaire) à deux reprises, à quatre semaines d’intervalle. Tous les patients ont eu deux visites cliniques, la première se faisant à l’inclusion, c’est-à-dire juste avant la mise en route d’un traitement s’il était nécessaire, et la seconde 4 à 8 semaines plus tard. Méthode et résultats Parmi les 78 patients de l’étude, 19 ont refusé de participer et 4 autres n’ont renvoyé aucun de leurs questionnaires. 55 patients ont donc complété 2 fois l’ensemble des questionnaires. 51 patients avaient été inclus dans le groupe « stable » et 4 dans le groupe « amélioré par anticipation ». Parmi ces 55 patients, 86 % rapportaient des symptômes urinaires : symptômes obstructifs (58 %), symptômes irritatifs (78 %) et incontinence par impériosité (61 %). Parmi les 14 % sans plainte urinaire, seulement un des patients n’avait pas de sonde à demeure. Parmi l’ensemble des 55 patients, 46 % urinaient normalement, 22 % utilisaient des poussées abdominales ou des pressions manuelles sus-pubiennes, 14 % vidaient leur vessie par sondages intermittents, 13 % portaient une sonde à demeure et 5 % avaient une perte du contrôle vésical avec des mictions par fuites. Validité de construction longitudinale Autres questionnaires utilisés D’autres questionnaires ont été utilisés pour explorer la validité de construction évaluative de Qualiveen. MSQOL-54 Le MSQOL-54 (Multiple Sclerosis Quality Of Life-54 questionnaire [17]), questionnaire de QVLS spécifique de la sclérose en plaques, comportait 36 items provenant du SF-36 et 18 items supplémentaires spécifiques à la SEP, répartis en 14 domaines. Sa validité de construction et sa fiabilité ont bien été démontrées [17]. Sa sensibilité aux changements était faible (effect size < 0,50 pour chacun des domaines), testée chez des patients hospitalisés bénéficiant d’un programme de rééducation [18]. Il a bénéficié d’une adaptation culturelle en langue française, le questionnaire SEP-59 [19]. La validité examine l’aptitude d’un questionnaire à mesurer ce qu’il est supposé mesurer. Il existe plusieurs approches pour démontrer la validité d’un instrument [9]. L’approche la plus rigoureuse en l’absence de gold standard est appelée validité de construction (construct validity) [20]. Pour les questionnaires discriminatifs (conçus pour mesurer une différence de QdV entre patients), elle consiste à étudier les corrélations entre les scores du questionnaire étudié et d’autres mesures à un moment donné dans le temps (validité de construction discriminative) [9]. Pour les questionnaires évaluatifs (conçus pour détecter un changement de QDV chez un même patient), il s’agit d’analyser les corrélations entre les changements dans les scores du questionnaire étudié et les changements dans d’autres mesures 9 utilisées à travers le temps (validité de construction longitudinale) [9]. La validité de construction est de loin la plus forte, si les investigateurs établissent au préalable des hypothèses concernant les corrélations attendues entre le questionnaire testé et les autres mesures utilisées [8]. Cette validité est renforcée ou affaiblie, selon l’importance de la confirmation ou non des prédictions. Les validités de construction discriminative et longitudinale de la version anglaise de Qualiveen ont été examinées [2, 21]. Seule la validité de construction longitudinale est présentée ici. Ainsi, 85 hypothèses a priori ont été établies concernant les corrélations attendues entre les changements pour chacun des scores de Qualiveen (scores des quatre domaines et le score global) et les changements pour les autres questionnaires (nombres de symptômes, mode mictionnel, degré d’incontinence, et chacun des domaines du questionnaire MSQOL-54) [2]. Quatre niveaux statistiques de corrélation ont été établis : forte, r > 0,5 ; modérée, r = 0,36 à 0,5 ; pauvre, r = 0,20 à 0,35 ; absente, r < 0,2. Pour évaluer la force des associations, le coefficient de corrélation de Pearson fut utilisé pour les variables continues et le coefficient de Spearman pour les données ordinales. Un coefficient kappa de concordance a permis de mesurer l’ampleur de l’agrément entre les corrélations prédites et les corrélations observées après analyse [22]. Parmi les 85 hypothèses a priori, celles qui concernent le statut urinaire étaient les suivantes : Les changements dans le nombre de symptômes urinaires devraient être : – fortement corrélés avec les changements dans les domaines gêne et contrainte, – modérément corrélés avec les changements dans le score global, – pauvrement corrélés avec les changements dans les domaines peur et vécu. Les changements dans le degré d’incontinence urinaire devraient être – fortement corrélés avec les changements dans les domaines gêne et contrainte et dans le score global, – modérément corrélés avec les changements dans les domaines peur et vécu. Les changements dans le mode mictionnel devraient être : – modérément corrélés avec les changements dans les domaines gêne et contrainte, – pauvrement corrélés avec les changements dans les domaines peur et vécu et dans le score global. La validité de construction longitudinale de Qualiveen reposait sur la confirmation des prédictions faites a priori (Kappa = 0,71) [2]. Ainsi, les résultats ont confirmé qu’il existait : – de fortes corrélations entre les changements de score global de Qualiveen et les changements dans le nombre de symptômes (0,53, p < 0,001), les changements dans le degré d’incontinence (0,59, p < 0,0001), – des corrélations faibles entre les changements de score global de Qualiveen et les changements de mode mictionnel (0,29, p < 0,001), – des corrélations faibles ou absentes entre les changements de score global de Qualiveen et les changements dans les domaines du MSQOL-54. Fiabilité (test-retest) La fiabilité (reliability) examine ainsi la capacité d’un questionnaire à obtenir des résultats similaires quand la présence ou l’ampleur d’une caractéristique stable est déterminée de façon répétée, soit dans le temps [9]. La fiabilité test/retest consiste à faire remplir le questionnaire par des patients stables à deux reprises. La concordance des réponses est mesurée par un coefficient de corrélation intraclasse. La fiabilité (test-retest) de Qualiveen a été examinée chez les patients stables. Elle était excellente pour tous les domaines et le score global de qualité de vie avec des coefficients de corrélation intraclasse compris entre 0,80 et 0,92 (intervalle de confiance 95 %) [21]. Sensibilité aux changements La sensibilité aux changements (responsiveness) est l’aptitude d’un instrument à détecter tout changement important dans l’état de santé d’un patient, même si ces changements sont petits [23]. En pratique clinique ou dans des essais thérapeutiques, si l’objectif est de détecter un changement à travers le temps, le questionnaire doit avoir été démontré sensible aux changements. Il n’existe pas de consensus pour étudier la sensibilité aux changements d’un questionnaire. Son analyse consiste à rechercher des changements résultant d’une action thérapeutique sur une période donnée. De nombreuses approches sont proposées. Le plus souvent, plusieurs d’entre elles sont utilisées au cours d’une même étude [9]. La sensibilité aux changements de Qualiveen a été récemment étudiée au cours d’une étude longitudinale chez des patients atteints de SEP français et canadiens anglophones [2]. Elle a été étudiée de trois manières différentes : – en analysant son aptitude à détecter des changements statistiquement significatifs survenus chez les patients pour lesquels avaient été prédit qu’ils auraient un changement (groupe « amélioré par anticipation ») en utilisant un test t pair (paired t test) ; – en testant sa capacité à mesurer des différences significatives dans le changement de la qualité de vie entre le groupe « stable par anticipation » et le groupe « amélioré par anticipation » sur une période de 2 mois en utilisant un test t impair (unpaired t test) ; – en calculant la réponse moyenne standardisée (standardized response mean), soit la moyenne des changements dans les scores entre la visite de suivi et la visite d’inclusion divisée par l’écart-type des changements 10 individuels dans les scores dans le groupe « amélioré par anticipation ». La sensibilité aux changements de Qualiveen était très bonne, quelle que soit la méthode utilisée pour les 4 domaines et le score global. Les réponses standardisées moyennes s’élevaient de 0,76 à 1,44. Qualiveen a détecté des changements significatifs dans le groupe « amélioré par anticipation » (paired t test). Il a aussi montré des différences significatives entres les deux groupes « stable par anticipation » et « amélioré par anticipation » (unpaired t test) [2]. Discussion Si la traduction d’un questionnaire de QVLS nécessite une méthodologie rigoureuse, elle ne garantit pas l’équivalence et la pertinence interculturelle, sur le plan conceptuel, par rapport à la version originale. L’adaptation d’un questionnaire de QVLS dans une autre langue et une autre culture a comme objectif de produire un instrument avec des propriétés de mesure similaires voire supérieures à celles du questionnaire d’origine. La traduction en langue anglaise de Qualiveen, initialement développé en langue française, a été produite selon une méthodologie recommandée, rigoureuse et bien codifiée (forward-translation/back-translation). L’utilisation d’une traduction britannique chez une population canadienne aurait pu être un problème, puisque la langue anglaise parlée au Royaume-Uni est légèrement différente de celle parlée dans d’autres pays anglophones. Ce point a déjà été soulevé dans d’autres langues, notamment pour l’espagnol [24, 25]. Les Canadiens n’ont eu aucune difficulté avec la version britannique de Qualiveen, qui a montré des propriétés de mesure très satisfaisantes non seulement pour le questionnaire dans son ensemble, mais aussi pour chacun de ses items. Les résultats de cette étude montrent que la version anglaise de Qualiveen est aussi fiable et valide que sa version originale française. La validation de la version anglaise permet ainsi d’affirmer qu’il existe une équivalence satisfaisante de mesure de la santé perçue chez les patients atteints de SEP avec des troubles urinaires, qu’ils soient francophones ou anglophones. La validation psychométrique des versions française et anglaise de Qualiveen comme questionnaire évaluatif (conçu pour détecter un changement de QDV chez un même patient) n’avait pas été réaliseé dans la population blessée médullaire. Pour des objectifs évaluatifs, la validité de construction longitudinale reposait sur des corrélations significatives entre les changements dans le statut urinaire (nombre de symptômes urinaires, degré d’incontinence urinaire, mode mictionnel), sur des corrélations faibles ou absentes avec les changements dans les scores des dimensions du MSQOL-54 et les changements dans les scores de Qualiveen. Nos résultats ont montré une concordance élevée entre les corrélations prédites et les corrélations observées (kappa = 0,71). Lors d’essais thérapeutiques ou d’une utilisation en pratique clinique quotidienne, la sensibilité aux changements de Qualiveen, comme sa validité de construction longitudinale, nécessitait d’être démontrée. Elle a été analysée par plusieurs approches qui ont montré des résultats similaires et satisfaisants. La sensibilité aux changements pour tous les domaines était très bonne (réponse moyenne standardisée : SRM = 0,76 à 1,44). Qualiveen était capable de détecter des changements chez les patients « améliorés par anticipation » (p < 0,001) et de différencier ces patients de ceux restés « stables » (p < 0,001). Une limite de ce travail est le faible nombre de patients de langue anglaise pour lesquels nous avions anticipé une amélioration. Nous recommandons d’effectuer des études supplémentaires pour tester la sensibilité aux changements de la version anglaise afin de renforcer nos résultats. Cependant, nous retrouvons des performances identiques de façon constante entre les deux versions tout au long de ces études, ce qui laisse fortement présager que d’autres évaluations seront similaires avec nos données [2, 10, 21]. Ce travail s’intègre bien aux recommandations de la seconde Consultation internationale sur l’incontinence, qui préconise d’inclure des questionnaires de QVLS spécifiques des troubles urinaires dans tout essai clinique [26]. Plusieurs travaux ont en effet démontré l’existence de faibles corrélations entre le retentissement de l’incontinence urinaire dans la vie quotidienne vécue par le patient et les évaluations symptomatiques, cliniques et paracliniques habituellement utilisées pour évaluer ces troubles urinaires (calendrier mictionnel, pad test, échelles de symptômes, paramètres urodynamiques) [27-31]. Conclusion Cette étude démontre que la traduction anglaise de Qualiveen est hautement acceptable, compréhensible, facile à remplir par les patients canadiens. La validation des propriétés de mesure de la version anglaise certifie qu’elle est similaire à la version originale française. Qualiveen, questionnaire valide et fiable, peut donc être utilisé dans l’une ou l’autre langue pour mesurer l’impact des troubles vésico-sphinctériens sur la QVLS des patients atteints de SEP. Sa sensibilité aux changements, ayant été démontrée, autorise son utilisation au cours d’essais cliniques multicentriques et internationaux. Un travail est en cours pour la réduction d’items de Qualiveen, afin de permettre l’intégration de l’évaluation de la qualité de vie en pratique clinique quotidienne dans le suivi des patients. Remerciements Ce travail a reçu le soutien la Fondation Coloplast française (Bourse de la miction). Les auteurs remercient l’Institut de recherche MAPI pour la direction des 11 procédures d’Harmonisation internationale de la traduction anglaise de Qualiveen. Les versions française et anglaise de Qualiveen sont disponibles auprès des Laboratoires Coloplast. Références 1. The Canadian Burden of Illness Study Group (1998) Burden of illness of multiple sclerosis: Part II: Quality of life. Can J Neurol Sci 25: 31-8 2. Bonniaud V, Bryant D, Parratte B, Gallien P, Guyatt G (2005) Validation of a urinary-disorder specific instrument for use in clinical trials in multiple sclerosis. Arch Phys Med Rehabil submitted 3. Parratte B, Bonniaud V, Tatu L, et al. (2003) Detrusorsphincter dyssynergia and botulinum toxin. Ann Readapt Med Phys 46: 319-25 4. Amarenco G, Kerdraon J, Denys P (1995) Les troubles vésico-sphinctériens de la sclérose en plaques : étude clinique, urodynamique et neurophysiologique de 225 cas. Rev Neurol 151(12): 722-30 5. Gallien P, Robineau S, Nicolas B, et al. 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Matériel et Méthodes : Nous avons étudié 27 patientes présentant une dysurie associée ou non à une rétention urinaire incomplète sans que le bilan urologique (cystoscopie) ni neurologique (urodynamique, EMG périnéal, IRM encéphalique et médullaire) ne mettent en évidence de cause connue de dysurie. Chaque patiente a réalisé une batterie de tests végétatifs comprenant une recherche d’hypotension orthostatique, un test au froid, une analyse de la variabilité de l’espace RR lors de la manœuvre de Valsalva et lors de ventilations amples dirigées, et enfin un enregistrement des réflexes cutanéosympathiques. Résultats : La moyenne d’âge était de 46,2 ans avec une durée des symptômes de huit ans. Trois patientes étaient en rétention urinaire complète, 12 en rétention urinaire incomplète et 12 autres se plaignaient simplement de dysurie caractérisée par une dysurie d’attente, un jet diminué ou haché. Quatorze patientes pratiquaient le sondage intermittent. Parmi les 27 patientes, 18 avaient au moins deux tests végétatifs perturbés permettant d’affirmer l’existence d’une dysautonomie. Pour les 27 patientes les examens cliniques, neurologiques et urologiques étaient normaux et elles ne présentaient pas de symptôme évocateur d’une dysautonomie déclarée (pas de flou visuel, pas d’anomalie pupillaire, pas de manifestation d’hypotension orthostatique ni de trouble digestif). Les IRM cérébrales et médullaires, la cystoscopie, les échographies vésicorénales, l’électrophysiologie périnéale (latences sacrées et potentiels évoqués somesthésiques du nerf pudendal) étaient normales. Conclusion : Cette étude permet d’évoquer l’existence d’une dysautonomie à expression purement vésicale sous la forme d’une dysurie : dysautonomie vésicale primaire. Une telle anomalie du système nerveux autonome pourrait être recherché dans d’autres cadres syndromiques (syndrome de Clare Fowler, mégavessie congénitale ) ou d’autres troubles fonctionnels mictionnels (syndrome d’hyperactivité vésicale ). Mots clés : Dysurie – Dysautonomie vésicale primaire – Tests végétatifs cardiovasculaires Cardiovascular autonomic function test in female voiding phase dysfunction. Primary bladder dysautonomia revealed Abstract: We postulated that among the various causes of female voiding phase dysfunction (FVPD), (bladder outlet obstruction, post surgical conditions, neurological disorders, overdistension, pharmacological, psychogenic causes, learned voiding dysfunction, Fowler syndrome), a specific and limited impairment of the autonomic nervous system can be demonstrated and constitutes another possible etiology of FVPD. Material and Method: We prospectively investigated 27 women with voiding phase dysfunction, (straining to void, complete or incomplete retention) without any known etiologies, by means of urodynamic investigation, electromyographic examination, cystoscopy, brain and spinal cord MRI and cardiovascular autonomic function tests (heart rate variability to deep breathing, cold pressor test, Valsalva ratio, blood pressure response to standing and sympathetic skin responses) and by testing parasympathetic and sympathetic pathways. Results: The mean age was 46.2 years, the mean duration of symptoms was 8 years. Complete urinary retention Correspondance : Pr G. Amarenco, Service de Rééducation neurologique et d’Explorations périnéales, Hôpital Rothschild, 33 boulevard de Picpus, 75571 Paris Cedex 12; [email protected] 13 was noted in 3 patients, incomplete retention in 12 and the other 12 complained of straining to void, diminished stream and hesitancy. 14 patients were under intermittent self-catheterization. Among the 27 patients, 18 had two or more positive cardiovascular autonomic function tests and were considered as suffering from dysautonomia. In all the 27 cases, clinical neurologic and urologic examinations were normal and no clinical symptoms of dysautonomia were observed (blurred vision, pupil abnormalities, clinical manifestation of postural hypotension, gastro intestinal symptoms). Brain and spinal cord MRI, cystoscopy, bladder and kidney ultrasounds, electromyography, sacral evoked latencies and cortical evoked responses following pudendal nerve stimulation were normal. Conclusion: Our study clearly demonstrates a new possible etiology of FVPD: a localized dysautonomia with a pure, isolated bladder expression with only urinary manifestations as clinical symptom. We would call this syndrome ‘‘primary bladder dysautonomia’’ (PBD). Cardiovascular autonomic function tests are very useful to track down this syndrome. Overlaps can be imagined with other pathologies (Fowler syndrome, lazy bladder) and such a focal dysautonomia could possibly be present in other etiologies of various urinary symptoms (overactive bladder). Keywords: Female voiding phase dysfunction – Primary bladder dysautonomia – Cardiovascular autonomic function test Motif fréquent de consultation, la dysurie de la femme reste parfois de physiopathologie obscure. Sa sémiologie est protéiforme : dysurie d’attente, miction en plusieurs jets, jet haché ou diminué, sensation de vidange vésicale incomplète voire rétention urinaire [1, 2]. Les mécanismes élémentaires sont bien connus, la dysurie pouvant répondre à une obstruction urétrovésicale ou à un trouble de la contraction détrusorienne. Les étiologies en sont multiples : causes obstructives, dysurie postchirurgicale, atteinte neurologique, claquage vésical, myopathie du détrusor, étiologie iatrogène médicamenteuse, troubles comportementaux ou psychogènes. Fowler et al. ont décrit un syndrome de rétention urinaire chez la femme jeune associée à une hypertonie urétrale, des kystes ovariens et des rafales pseudomyotoniques à l’enregistrement électromyographique du sphincter strié urétral [3]. Nous avons voulu vérifier dans une population de femmes dysuriques sans étiologie retrouvée s’il pouvait exister une altération du système nerveux autonome au moyen de tests cardiovasculaires de la fonction autonome. Matériels et méthodes Vingt-sept patientes adressées pour dysurie ont été incluses dans cette étude. Les patientes présentaient toutes des troubles de la vidange vésicale avec dysurie d’attente, jet haché, diminution de la force du jet, sensation de résidu postmictionnel. Le trouble de la vidange vésicale était défini par un débit maximal urinaire inférieur à 15 ml/s à plusieurs reprises ou par la constatation d’un résidu postmictionnel d’au moins 150 ml [4]. L’interrogatoire a éliminé les prises médicamenteuses dysuriantes (médication atropinique, par exemple antidépresseur tricyclique) et ces patientes n’avaient pas d’antécédent de chirurgie pelvienne ni de trouble majeur de la statique pelvienne (exclusion des recto-cystocèles de grade supérieur ou égal à II). L’examen neurologique était également normal sans signe de neuropathie périphérique ni de syndrome pyramidal. Il n’y avait pas chez ces patientes d’antécédent de diabète, d’éthylisme ou d’autre pathologie classiquement en cause dans les neuropathies périphériques (amylose ). Une évaluation psychologique avec test de personnalité (MMPI et Rorschach) a été pratiquée afin d’éliminer les patientes présentant des troubles de la personnalité pouvant rendre compte d’une cause psychogène à leurs troubles mictionnels. Les explorations réalisées chez ces patientes étaient les suivantes : bilan urodynamique selon les recommandations de l’ICS [5] comprenant une débimétrie simple, une cystomanométrie à eau à 50 ml/mn avec enregistrement de la pression intrarectale et de l’électromyographie (EMG) périnéale, une profilométrie urétrale ; EMG périnéal de détection dans les muscles bulbocaverneux et électrostimulation (étude des latences sacrées et des potentiels évoqués somesthésiques à point de départ périnéal) ; cystoscopie et urétrocystographie permictionnelle ; échographie vésicorénale et manométrie anorectale (8 cas). Les tests végétatifs (Tableau I) ont été réalisés chez des sujets au repos depuis au moins ¼ d’heure et aucune patiente ne prenait de médicament susceptible d’interférer avec l’enregistrement des paramètres végétatifs : anticholinergiques, antidépresseurs tricycliques, cholinomimétiques, bétabloqueurs, alphastimulants, alpha 1 bloqueurs, alpha 2 agonistes (clonidine, prazosine, yohimbine). Les mesures de tension artérielle et d’électrocardiogramme (ECG) ont été enregistrées sur un logiciel BIOPAC MP30®. Le premier des tests végétatifs utilisés est une recherche d’hypotension orthostatique définie par une chute de la tension artérielle systolique au moins 20 mmHg et/ou de la diastolique d’au moins 10 mmHg à 1 minute, 3 minutes et 5 minutes après une mise en orthostatisme [6]. Le deuxième test réalisé est le test au froid et il explore également le système nerveux somatique. Il consiste à plonger la main du sujet pendant une minute dans une eau à 4˚C et à observer les réponses tensionnelles sur le bras controlatéral. En situation physiologique, il y a mise en jeu du système nerveux sympathique et réponse vasopressive. 14 Tableau I. Tests végétatifs cardiovasculaires utilisés Test Exploration du SNA Valeurs anormales Ventilation ample dirigée Parasympathique Test au froid Sympathique Manœuvre de Valsalva Sympathique et parasympathique Hypotension orthostatique Sympathique et parasympathique Réflexes cutanéo-sympathiques Sympathique Positif si la moyenne des espaces RR pendant l’expiration divisée par la moyenne des espaces RR pendant l’inspiration est inférieure à 1,20 (E/I ratio) Positif si la tension artérielle n’augmente pas après immersion de la main controlatérale dans de l’eau à 4˚C pendant 1 minute Positif si le rapport « RR le plus long après sur RR le plus court pendant » est inférieur à 1,10 Positif si 3 minutes après l’orthostatisme, la TA systolique décroı̂t de plus de 20 mmHg ou si la diastolique décroı̂t de plus de 10 mmHg Positif si la réponse cutanée est absente après 10 essais L’absence d’augmentation de la tension artérielle systolique sur le bras controlatéral après une minute d’immersion de la main dans l’eau froide est considérée comme anormale [7]. La variabilité de l’espace RR a été étudiée par enregistrement ECG continu au décours de deux manœuvres différentes : – la manœuvre de Valsalva, au décours de laquelle on demande au patient d’exsuffler dans une seringue reliée à un sphigomanomètre. L’exsufflation doit être suffisamment importante pour que l’aiguille du sphigomanomètre soit bloquée sur la valeur de 40 mmHg. L’enregistrement électrocardiographique continu, permet de déterminer la fréquence cardiaque et les espaces RR pendant toute la manœuvre. Le ratio Valsalva (RR le plus long après la manœuvre sur RR le plus court pendant la manœuvre) doit être supérieur à 1,10 [8], – lors de la manœuvre de ventilations amples dirigées, on demande à la patiente de réaliser une succession d’inspirations et d’expirations profondes de 5 secondes chacune et ce pendant une minute. L’ECG permet de déterminer les fréquences cardiaques et l’espace RR avec un ratio RR (moyenne des espaces RR expiratoires sur moyenne des espaces RR inspiratoires : rapport E/I) qui doit être supérieur à 1,2 [8]. Les potentiels évoqués cutanés sympathiques ont été enregistrés sur la paume de la main, la plante du pied, et au niveau périnéal [9]. Selon les critères d’Ewing [10] nous avons retenu le diagnostic de dysautonomie si deux tests cardiovasculaires de la fonction autonome étaient perturbés. Toutes les patientes ont été informées des objectifs de la recherche et ont donné leur consentement de participation par écrit. L’étude a été approuvée par le Comité d’éthique. Les tests du Chi2 est le T de Student ont été utilisés pour l’analyse statistique. Résultats La population comportait 27 patientes. Trois patientes avaient une rétention complète, 12 une rétention urinaire incomplète et les 12 restantes une dysurie sans résidu postmictionnel associant une dysurie d’attente, miction en plusieurs jets, diminution de la force du jet. Quatorze patientes pratiquaient le sondage intermittent. Huit patientes avaient une constipation associée (Tableau II). Dans tous les cas, aucune anomalie n’était notée lors de l’examen neurologique, ou urologique. À ce titre, les patientes n’avaient pas de signe d’irritation pyramidale ni d’anomalie des réflexes ostéotendineux ni de trouble sensitif et notamment la sensibilité périnéale était normale. Le tonus anal était préservé. Aucune n’avait de signe évocateur d’une altération du système nerveux autonome (anomalie des réflexes pupillaires, flou visuel, syndrome sec oculobuccal, hypotension orthostatique symptomatique, dysphagie, trouble digestif hormis constipation). Sur les 27 patientes, 18 avaient au moins deux tests végétatifs perturbés et ont été considérées comme Tableau II. Caractéristiques cliniques des 27 patientes dysuriques N˚patients Âge Durée moy. des symptômes Rétention complète Rétention incomplete Dysurie Sondage intermittent Constipation Patients avec dysautonomie Patients sans dysautonomie Total 18 46,5 (± 13,5) 8,4 (± 8,5) 2 6 10 7 7 9 45,5 (± 12,5) 7,2 (± 7,9) 1 6 2 7 1 27 46,2 (± 13) 8 (± 8,2) 3 12 12 14 8 P values 0,85 0,73 0,21 0,20 15 atteintes d’une dysautonomie selon les critères d’Ewing [10]. Dans ce groupe, la moyenne d’âge était de 46,5 ans et la durée moyenne des symptômes au moment du diagnostique de 8,4 ans (Tableau II). Il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre l’âge et la durée des symptômes entre ce sous-groupe et les patientes présentant une dysurie sans perturbation des tests végétatifs. Dans le groupe des patientes présentant une perturbation des tests végétatifs, deux patientes étaient en rétention complète, 6 en rétention incomplète et 10 avaient une dysurie sans rétention, 7 des 18 patientes de ce sous-groupe étaient constipé. Les 18 patientes avec tests végétatifs perturbés avaient la répartition suivante d’anomalies végétatives (Tableau III) : 18/18 avaient un ratio RR infraphysiologique lors de l’épreuve de ventilation ample dirigée ; 12/18 patientes n’avaient pas de réponse vasopressive lors du cold pressor test ; 6/18 patientes avaient des réflexes cutanéosympathiques abolis ; une hypotension orthostatique était décelée chez 2/18 patientes ; les ratio Valsalva étaient physiologiques chez les 18 patientes. Les 27 patientes avaient un examen clinique neurologique normal et l’imagerie (IRM encéphalique et médullaire) ne mettait pas en évidence de lésion du système nerveux. Les explorations urologiques (UCRM, cystoscopie) ne montraient pas d’obstacle. Les bilans urodynamiques retrouvaient des vessies stables. La débimétrie a été enregistrée simplement chez 16 patientes puisque dans les 11 autres cas, la faiblesse du jet mictionnel et le faible volume uriné n’a pas permis d’enregistrer le flux mictionnel. Le débit urinaire maximum moyen était de 12,9 ml/s (plus ou moins 5,9) et la pression détrusorienne permictionnelle maximale moyenne était de 65,8 cm d’eau (plus ou moins 34,2). Les manométries ano-rectales ont retrouvé 4 anismes et une hypertonie du sphincter anal dans 3 cas sur 8. Il n’y avait pas de processus neurogène périphérique ni de signe de dénervation périnéale en électrophysiologie, aucune rafale pseudomyotonique n’a été mise en évidence. En examen de stimulodétection, les latences sacrées et les potentiels évoqués somesthésiques à point de départ périnéal étaient tous préservés. Discussion Parmi les symptômes de dysfonctionnement du bas appareil urinaire, les symptômes concernant la phase de vidange vésicale sont moins connus, moins explorés et moins traités que ceux de la phase de remplissage (urgenturie, pollakiurie ou syndrome d’hyperactivité vésicale). La dysurie peut avoir plusieurs expressions : retard à l’initiation de la miction, jet haché, faiblesse du jet, sensation de résidu postmictionnel. La rétention urinaire complète ou incomplète en est au stade ultime [1, 2]. La qualité de la vidange vésicale dépend non seulement de l’ouverture de l’appareil sphinctérien urétral, mais nécessite aussi une contractilité détrusorienne de bonne qualité [11]. Les causes les plus fréquentes de dysurie sont l’hypoactivité détrusorienne neurogène et les obstructions sous-cervicales. Les causes neurologiques concernent les atteintes du système nerveux périphérique (neuropathies périphériques, lésion des racines sacrées, plexopathie sacrée, syndrome de la queue de cheval) ayant comme conséquence une hypoactivité détrusorienne. Les lésions du système nerveux central, par exemple les lésions médullaires hautes, peuvent également se compliquer de rétention urinaire par dyssynergie vésicosphinctérienne. Chez la femme, l’obstruction sous-cervicale peut être représentée soit par des sténoses urétrales, soit par des troubles de la statique pelvienne (prolapsus). Les causes neurogènes et obstructives sont faciles à mettre en évidence lorsque la pathologie est connue (sclérose en plaques, lésions médullaires, prolapsus de grade II ou III) ou s’il existe à l’examen clinique des anomalies évocatrices (signe d’irritation pyramidale, hyporéflexie ou aréflexie, trouble de la sensibilité périnéale, trouble de la statique pelvienne à l’examen gynécologique). La cystoscopie est réalisée de principe afin d’éliminer une lésion organique obstructive. Une chirurgie abdopelvienne récente, une cause iatrogène (médication anticholinergique, antidépresseurs tricycliques) sont systématiquement recherchés à l’interrogatoire [12]. Lorsque le bilan étiologique ne retrouve ni cause médicamenteuse, ni obstacle urologique, ni pathologie du système nerveux somatique, d’autres causes plus rares sont évoquées comme la dyssynergie vésicosphinctérienne fonctionnelle, dont la plus connue est le syndrome d’Hinman d’origine comportementale lors de l’acquisition de la propreté [13]. Des éléments peuvent suggérer cette dysfonction mictionnelle acquise : long passé de dysurie (retard à l’initiation de la miction, faible débit, sensation de résidu postmictionnel, rétention urinaire plus ou moins complète) contrastant avec des moments où le débit urinaire est décrit comme normal, absence d’obstacle urologique et négativité Tableau III. Résultats des tests végétatifs cardiovasculaires chez les 27 patientes présentant une dysurie sans étiologie retrouvée Test Ventilation ample dirigée Test au froid Manœuvre de Valsalva Hypotension orthostatique Réflexes cutanéo-sympathiques 2 tests positifs au moins Patients avec dysautonomie 18 12 0 2 6 18 (100 %) (66 %) (0 %) (11 %) (33 %) (100 %) Patients sans dysautonomie 5 4 0 0 0 0 (55 %) (44 %) (0 %) (0 %) (0 %) (0 %) Total (n = 27) 23 16 0 2 6 18 16 du bilan neurologique [14]. Le syndrome d’Hinman peut être responsable de complications infectieuses et d’altérations morphologiques à type d’urétéro-uronéphrose [15, 16]. Ce syndrome est observé chez les enfants et les adultes. Un diagnostique de certitude peut être apporté par la visualisation d’une contraction du sphincter strié urétral lors de la miction en vidéo urodynamique [17]. Les mécanismes physiopathologiques de la dyssynergie vésicosphinctérienne fonctionnelle restent sujet à discussion [18]. La dyssynergie vésicosphinctérienne peut être de nature comportementale en réponse à une inflammation, une infection (urétrite, cystite, vaginite ), une pathologie anorectale ou un traumatisme [19, 20]. Les efforts de retenue volontaire et répétés de mictions, la contraction volontaire du sphincter strié pour éviter une fuite en cas de vessie hyperactive avec impossibilité secondaire d’obtenir un relâchemen!t suffisant de la musculature pelvienne pour la miction, sont d’autres mécanismes possibles. Carlson et al. évoquent l’hypothèse d’une neuropathie occulte pour expliquer de telles dyssynergies [21]. Dans notre étude, aucune patiente n’avait des arguments pour un syndrome d’Hinman. En 1993, Fowler et al. ont décrit un nouveau syndrome chez la femme jeune associant une rétention urinaire, des rafales pseudomyotoniques à l’étude électromyographique analytique du sphincter strié urétral [3, 22, 23]. Ce syndrome pourrait être en rapport avec une incapacité au relâchement du sphincter urétral. Dans notre étude, le syndrome de Clare Fowler a été éliminé par l’absence de rafale pseudomyotonique du sphincter urétral ainsi que l’absence d’ovaire polykystique à l’échographie pelvienne. Ainsi dans certains cas lorsque l’exploration a permis d’éliminer une pathologie du système nerveux somatique, une obstruction, une pathologie psychiatrique, une origine iatrogène, un syndrome d’Hinman ou un syndrome de Clare Fowler, la dysurie reste inexpliquée. L’appareil vésicosphinctérien étant essentiellement sous le contrôle du système nerveux autonome, nous avons émis l’hypothèse qu’une atteinte spécifique de ce système pouvait s’exprimer de manière isolée par une dysurie. En effet, les perturbations du fonctionnement vésicosphinctérien lors des dysautonomies sont connues. Par exemple, la maladie de Parkinson ou les atrophies multisystématisées (syndrome de Shy-drager) s’accompagnent fréquemment de troubles mictionnels (incontinence urinaire, dysurie avec rétention urinaire plus ou moins complètes). De même, les neuropathies périphériques végétatives peuvent entraı̂ner des troubles urinaires. Ces neuropathies végétatives peuvent avoir différentes causes : diabète, éthylisme, amylose, syndrome d’Adie, syndrome de Sjögren, lupus érythémateux disséminé, connectivite et collagénose. Certaines neuropathies végétatives peuvent être évoquées : syndrome de Guillain-Barré, botulisme, porphyrie, dysautonomie transitoire, syndrome paranéoplasique, neuropathie toxique. Aucune de nos patientes n’avait d’argument en faveur de ces étiologies. Notre étude soutient l’existence d’un syndrome dysautonomique primaire s’exprimant cliniquement sur la sphère urinaire chez ces patientes présentant une dysurie avec bilan étiologique négatif hormis la perturbation de tests végétatifs (dysautonomie vésicale primaire). En effet, aucune de nos patientes n’avait de signe clinique ou radiologique d’une affection neurologique ni centrale ni périphérique. Nos patientes n’avaient pas non plus de manifestation clinique d’une dysautonomie diffuse (pas de trouble de l’accommodation, pas de syndrome sec oculobuccal, pas de trouble de la sudation ni de symptôme d’hypotension orthostatique. Nos patientes n’avaient pas non plus de pathologie s’accompagnant classiquement d’une dysautonomie (diabète sucré, amylose, atrophie multisystématisée, maladie de Parkinson ). Ainsi, chez nos patientes, la perturbation des tests cardiovasculaires de la fonction autonome est le témoin d’une altération du système nerveux autonome à expression purement vésicosphinctérienne. Ces manifestations infracliniques dépistées uniquement sur les tests végétatifs permettent d’envisager un continuum entre une dysautonomie vésicale primaire et d’autres altérations spécifiques du système nerveux autonome. Ce concept de dysautonomie localisée avec un organe cible spécifique (la vessie) pourrait être comparé avec d’autres syndromes dysautonomiques primitifs (hypotension orthostatique idiopathique, par exemple). D’autres dysautonomies primitives ont été décrites (pandysautonomie aiguë pure, dysautonomie cholinergique). Dans ces affections, le système nerveux somatique, central et périphérique, est préservé. Une cause inflammatoire limitée au système nerveux autonome a été envisagée. Ainsi, la proportion de dysurie essentielle chez la femme jeune se réduit d’autant plus que la recherche étiologique est complète. Néanmoins, dans cette étude en accord avec les critères d’Ewing, nous avons considéré qu’au moins deux tests végétatifs devaient être perturbés pour envisager le diagnostique de dysautonomie. Neuf de nos patientes présentaient seulement un test végétatif perturbé sur 5 et dans ce groupe de dysurie idiopathique, une dysautonomie vésicale débutante pourrait être discutée. Il pourrait être intéressant de réaliser d’autres études à la recherche d’altération infraclinique du système nerveux autonome dans d’autres symptomatologies périnéales qualifiées d’idiopathiques (syndrome pelvien douloureux chronique, syndrome d’hyperactivité vésicale, cystite interstitielle, syndrome de ClareFowler). Références 1. Abrams P, Cardozo L, Fall M, et al. (2002) The Standardisation of terminology of lower urinary tract function. Neurourology and Urodynamics 21: 167-8 2. 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Swinn MJ, Wiseman OJ, Lowe E, Fowler CJ (2002) The cause and natural history of isolated urinary retention in young women. J Urol 167(1): 151-6 Pelvi-périnéologie (2006) 1: 18–22 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0013-0 ARTICLE ORIGINAL / ORIGINAL ARTICLE Pad test court versus pad test ultracourt. Étude prospective randomisée C. Ciofu 1 , P. Levy 2 , S. Léger 1 , B. Gaibisso 3 , F. Haab 1 , G. Amarenco 3 1 Department d’Urologie ; 2 Unité Biostatistique, Hôpital Tenon, 4 rue de la Chine, 75020 Paris Service de Rééducation neurologique et d’Explorations périnéales, Hôpital Rothschild, Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Inserm U731/Université Pierre-et-Marie-Curie 3 Résumé : But : Le pad test court validé par l’ICS est comparé à un pad test rapide chez des patientes présentant une incontinence urinaire d’effort. Matériel et méthode : 36 patientes ont été incluses dans l’étude, de manière prospective. Elles avaient toutes un examen clinique non-concordant avec la symptomatologie : fuites non-constatées à l’examen clinique alors que la patiente s’en plaignait ou fuites de trop faible volume par rapport à l’anamnèse. Certaines patientes (groupe A) ont eu le pad test court (ICS) après remplissage de la vessie à un volume standardisé (300 ml). Puis, après vidange de la vessie un deuxième pad test (ultracourt). D’autres patientes (groupe B) ont subi les deux pad tests dans l’ordre inverse. L’attribution des patientes dans les groupes à été randomisée. Toutes les patientes ont rempli les questionnaires UDI et MHU. Résultats : Les deux groupes ont été comparables (17 patientes en groupe A et 19 en groupe B). Chez 24 patientes, les résultats des deux tests ont été qualitativement concordants (tous positifs chez 15 et tous négatifs chez 9), alors qu’ils ne l’ont pas été chez 11 d’entre elles (pad test court positif et ultracourt négatif chez 6 et l’inverse chez 5). Les volumes vésicaux comparés pour les deux tests ont été égaux, suggérant des conditions d’examen comparables. Il n’y a pas eu de corrélation entre les pertes objectivées par pad test et les questionnaires UDI ou MHU. Par ailleurs, sur le plan quantitatif, il existe une corrélation entre les deux pad tests, mais qui diminue quand le volume de la fuite est important. Discussion : L’absence de corrélation entre les différents types de pad tests et la variabilité du volume des fuites d’un examen à l’autre suggère l’absence de fiabilité du pad test en tant qu’outil d’évaluation, notamment dans le cadre de protocoles d’études thérapeutiques. Mots clés : Pad test – Incontinence urinaire d’effort Short pad test and ultra-short pad test. A prospective randomised study Abstract: The short 1-hour pad test (ICS) is compared to the ultra-short pad test (Persson-2001) in women with stress urinary incontinence (SUI) and having an indication for the test in our alldaypractice (result of clinical examination and/or urodynamics non concording with patients’ complaints). Patients and methods: 36 female patients were included in a prospective study. Every patient had both pad tests, their order being randomly selected. Group A had first the short then the ultra-short pad test, group B had first the ultra-short, then the short pad test. Each patient had to fill in an UDI and a MHU symptoms and quality of life questionnaire. Results: The patients and conditions (age, BMI, final bladder volume, time of the test) in both groups were similar thus making comparison possible. Seventeen patients were in group A and 19 were in group B. Tests were concording in 24 patients (both positive: 15; both negative: 9). Tests were not concording in 11 patients (positive short and negative ultra-short in 6 patients and the opposite in the other five). If the pad test were considered as a quantitative examination, a significant statistical correlation is found between the two tests for small leakage volumes. When there is considerable leakage the two tests no longer correlate, demonstrating that neither of them is ‘‘superior’’. Discussion: The two tests have different exercises and length. In patients with considerable leakages, the pad test (short or ultra-short) cannot be used in order to compare the volume of leakage. Conclusions: The two tests could be considered complementary in every day practice. In clinical trials the pad test is a poor indicator of leakage volume. Keywords: Pad test – Stress urinary incontinence Introduction La quantification de l’incontinence urinaire reste très difficile en pratique quotidienne. Parmi les méthodes d’évaluation proposées, le pad test permet d’une part une évaluation quantitative en mesurant le volume des fuites lors de certains exercices physiques standardisés et d’autre part une évaluation qualitative avec 19 mise en évidence d’une incontinence qui n’est parfois pas objectivée par l’examen clinique. De par son intérêt quantitatif, le pad test a été largement utilisé dans les protocoles pharmacocliniques en tant que critère objectif des résultats. De nombreux pad tests ont ainsi pu être proposés. Les conditions d’examen peuvent en effet varier (secteur hospitalier ou ambulatoire au domicile du patient) ; le volume de réplétion vésicale est parfois codifié ; la durée du test lui même, le type et l’intensité des exercices physiques peuvent être variables d’un test à l’autre. On distingue ainsi les pad tests en fonction de leur durée avec des tests ultracourts (20 minutes), courts (1 ou 2 heures) et longs (24 et 48 heures). Le but de cette étude a été de comparer sur le plan qualitatif et quantitatif deux pad tests : un pad test court et un pad test ultracourt. Patients et méthodes Trente six patientes ont été incluses dans l’étude et ce d’une manière prospective. Elles se plaignaient d’une incontinence urinaire d’effort ou mixte avec prédominance de fuites à l’effort. Toutes étaient adressées pour bilan urodynamique et il existait une indication de réaliser un pad test dans la mesure où les fuites rapportées par la patiente n’étaient pas constatées à l’examen clinique ou apparaissaient trop faibles par rapport à l’importance de la symptomatologie décrite. Ont été exclues de l’étude les patientes avec une hyperactivité détrusorienne dépistée par le bilan cystomanométrique ; les patientes avec résidu postmictionnel supérieur à 150 ml ; les patientes ne pouvant pas, en raison d’une altération physique, effectuer les exercices ; enfin, les patientes avec prolapsus de grade 3. Le protocole a reçu l’approbation du Comité d’éthique. Les patientes ont eu deux pad tests successifs dans un ordre randomisé. Le pad test court, tel que proposé par l’ICS dure environ 1 heure [1, 2] et comporte les temps suivants : 1. remplissage de la vessie à 300 ml, puis installation de la protection préalablement pesée ; 2. se promener activement pendant 30 minutes en incluant montée et descente de 100 marches ; 3. passer de la station assise à la station debout, 10 fois, 4. tousser 10 fois ; 5. courir sur place pendant 1 minute ; 6. se pencher (comme pour ramasser quelque chose par terre) 5 fois ; 7. se laver les mains dans l’eau froide pendant 1 minute ; 8. récupération et pesage de la protection ; 9. la patiente urine au niveau du débitmètre ; 10. mesure du résidu postmictionnel. Le pad test ultracourt tel que proposé par Persson [3] dure uniquement 20 minutes et consiste en moins d’exercices (Fig. 1) : 1. remplissage de la vessie à 300 ml, ablation de la sonde, puis installation de la protection préalablement pesée ; 2. sauter sur place, alternativement jambes jointes puis jambes écartées, pendant 20 secondes ; 3. courir sur place pendant 20 secondes ; 4. sauter sur place jambes jointes pendant 20 secondes ; 5. répéter les mêmes exercices au bout de 5-10 minutes ; 6. récupération et pesage de la protection. À la fin de chaque test, la patiente réalisait une débimétrie et le volume uriné était noté, ainsi que le résidu postmictionnel apprécié par sondage. Toutes les patientes ont eu un bilan urodynamique avec exploration cystomanométrique, profilométrie et une évaluation de leur symptôme par deux questionnaires (Urinary Distress Inventory – UDI, mesure du handicap urinaire – MHU). Sur le plan statistique, la comparaison des deux tests a été effectuée par la méthode des séries appariées. Résultats Trente-six patientes ont été incluses, 17 dans le groupe A et 19 dans le groupe B. L’âge moyen des patientes était de 55 ans (53 ans dans le premier groupe, 58 ans dans le deuxième groupe). L’indice de masse corporelle moyen était de 26,6 (26,9 versus 26,3). L’ordre des examens n’a pas eu d’influence sur le volume de la fuite quantifié par le pad test. Les fuites dépistées lors du premier test (quel que soit le type de pad test, court ou ultracourt) ont été globalement aussi importantes que celles retrouvées lors du deuxième pad test. Fig. 1. Les exercices du pad test ultracourt tels que proposés par Persson [3] 20 350 delta-pad test ultra-court 400 Volume total.2 350 300 250 200 150 100 50 0 -50 -100 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Volume total Fig. 2. Corrélation entre le volume total (volume uriné + résidu postmictionnel) en fin du premier test et volume total en fin du deuxième Pad test court Pad test ultracourt Nombre de patientes + + – – + – + – 15 6 6 9 Fig. 3. Pad test considéré en tant que test qualitatif : étude de 36 patientes L’heure à laquelle ont été effectués les tests n’a pas influé sur le volume des fuites. L’état de réplétion vésicale lors de la réalisation des pad tests ultracourts et courts était strictement identique dans les deux groupes témoignant ainsi de conditions d’examen comparables (Fig. 2). Sur le paramètre purement qualitatif, cette étude démontre qu’il n’existe pas une stricte corrélation entre le pad test court et le pad test ultracourt (Fig. 3). Ainsi, en prenant comme seuil de positivité 2 grammes pour chacun des tests, on constate que chez 6 patientes le pad test court a été négatif alors que le pad test ultracourt était positif. Chez 6 autres patientes, le résultat était inverse. Deux tiers seulement des patientes ont eu des tests cohérents entre eux (soit tous les deux positifs, soit tous les deux négatifs). Sur le plan quantitatif, il existe une corrélation significative (0,76 avec p < 0,0001). Néanmoins, cette corrélation est moins bonne lorsque l’on considère les grands volumes de fuites avec une variabilité beaucoup plus importante (Fig. 4). Nous n’avons pas retrouvé de corrélation entre la symptomatologie rapportée par la patiente et analysée par les questionnaires UDI et MHU et la positivité des pad tests, corroborant ainsi les données de la littérature [4, 5]. Discussion Le pad test (littéralement « test de pesée de la couche »), ou test d’incontinence, permet une mesure objective, qualitative et quantitative de la perte d’urines au cours 300 250 200 150 100 50 0 -50 -50 0 50 100 150 200 250 delta-pad test court 300 350 Fig. 4. Corrélation entre volume de la fuite par le pad test court et volume de la fuite par le pad test ultracourt d’une épreuve normalisée. Ce test comporte : une limite temporelle (test de 20 minutes, de 1 heure, de 24 heures par exemple) ; une épreuve normalisée de génération des fuites (exercices déterminés ou activités libres de la vie quotidienne) ; une caractérisation du degré de remplissage vésical (libre après une ingestion précise en termes de volume et de délai, ou forcée par remplissage rétrograde codifié de la vessie (en valeur absolue ou en pourcentage de la capacité maximale cystomanométrique). La réalisation de ce test implique de peser des garnitures avant et après les exercices imposés. La réponse est double : qualitative avec démonstration d’une incontinence (avec des limites de significativité, par exemple fuites supérieures à 1 gramme) ; quantitative avec mesure des fuites sur une échelle nominale (par exemple incontinence modérée quand les pertes sont comprises entre 11 et 50 grammes). Cette estimation quantitative de l’incontinence urinaire par des garnitures périnéales a été introduite par Sutherst en 1981 [6] et par Walsh et Mills [7]. Les tests n’étaient alors cependant pas standardisés. L’International Continence Society adopte en 1988 le test standardisé sur 1 heure. Ces tests, s’ils apportent a priori des éléments objectifs, posent en fait le problème de leur reproductibilité, cette dernière étant très dépendante du volume vésical et de l’importance (et parfois de la répétition) des efforts fournis. Deux améliorations ont pu être proposées, à savoir d’une part la sensibilisation qualitative par l’absorption de bleu de méthylène et d’autre part l’analyse de la variation de la conductance électrique, permettant un meilleur dépistage de la fuite. Plusieurs éléments peuvent influencer les résultats du pad test. Le type d’exercices (violents ou modérés) est bien évidemment un facteur important dans la mesure où l’augmentation de l’effort physique induit une hyperpression intravésicale plus importante, d’autant plus difficile à supporter par les résistances urétrales actives ou passives. La durée des exercices n’est pas non plus neutre, la répétition des efforts étant un facteur de fuites (fatigabilité 21 urétrale par exemple). Le volume intravésical est un indiscutable facteur, facteur de modification de la réflexologie urétrosphinctérienne, les mécanismes de clôture étant d’autant plus facilement débordés que la réplétion vésicale augmente. La diurèse pour les mêmes raisons intervient dans l’importance des fuites, le meilleur exemple étant donné par les femmes incontinentes qui volontairement restreignent leurs boissons pour tenter de diminuer la fréquence des pertes d’urine. Le problème du pad test n’est pas tant celui de l’existence de faux positif (sueurs et pertes vaginales étant reconnaissables et peu significatives), sauf en cas de trouble du comportement mictionnel ou de troubles psychiatriques (simulation, urination), que celui des faux négatifs, et c’est pour cela que plusieurs tests ont pu être décrits. Jakobsen décrit, en 1993, un test court durant 40 minutes, comportant un remplissage vésical initial à 75 % de la capacité cystomanométrique maximale [8]. Les efforts demandés à la patiente sont similaires à ceux décrits plus loin dans le test codifié de 1 heure. Quantitativement, les pertes d’urines s’avèrent plus importantes que lors du test d’1 heure, différence attribuée à un plus grand volume vésical pendant les activités physiques. Kinn, en 1987, décrit un pad test plus court (10 minutes), avec toujours un volume vésical fixe [9]. Hahn, en 1991, décrit un test durant 20 minutes, effectué avec un remplissage vésical à la moitié de la capacité cystomanométrique, test évitant les faux négatifs. Le facteur de corrélation entre deux tests s’avère être dans cette étude de 0,94 (P < 0,001). Le facteur de corrélation entre deux tests s’avère être dans cette étude de 0,94 (P < 0,001) [10]. En revanche, Kinn signale que le test de 10 minutes est peu reproductible (R = 0,74). Le test d’incontinence codifié sur 1 heure est le test habituellement recommandé de l’ICS. Il consiste à faire boire 500 ml à la patiente 15 minutes avant le test ; puis d’effectuer les exercices suivants : marcher et monter des escaliers pendant 30 minutes ; se mettre debout dix fois ; tousser dix fois; courir 1 minute ; se laver les mains 1 minute ; et enfin s’accroupir cinq fois. Ce test a pu être utilisé dans de nombreuses études. Chez les patients porteurs d’un sphincter artificiel urinaire il a été démontré que le test codifié de 1 heure n’était pas corrélé avec l’impression subjective de satisfaction du patient. Sur le plan purement qualitatif, dans une population gériatrique, le pad test de 1 heure se révèle insuffisant pour démontrer une incontinence chez près de 2/3 des patients qui se plaignent spontanément de fuites, insuffisance qui n’est pas retrouvée pour le test de 24 heures réalisé à domicile. Ce test codifié de 1 heure permet en fait de mettre en évidence une incontinence quotidienne chez seulement 48 % des patientes, chiffre à comparer aux 81 % de la population dépistée lors d’un pad test de longue durée (48 heures). En terme de faisabilité, Jorgensen note que 10 % des patients n’arrive pas à assurer les exercices demandés, et que 69 % seulement de la population exprime le fait que le test réalisé corrobore les fuites urinaires habituellement éprouvées dans la vie quotidienne [2]. Il a été démontré que le test devient plus sensible lorsque le volume vésical est fixé, avec un remplissage à 250 ml. Mouritsen et al. ont démontré que le pad test de 1 heure ne détectait pas les incontinences urinaires à l’effort de grade I dans près de 50 % des cas, celles de grade II dans 30 % des cas et enfin les incontinences de grade III dans 70 % des cas [11, 12]. Thind et Gerstenberg, comparant le pad test codifié de 1 heure et le pad test de 24 heures effectué à domicile, démontre que le premier a 36 % de faux négatif en comparaison avec le deuxième [13]. Le volume de la perte urinaire est significativement plus important au cours de l’instabilité détrusorienne que lors de l’incontinence urinaire à l’effort pure [14]. Cependant, l’importance des écarts types rend inutilisable ce test comme outil diagnostic dans l’incontinence par urgence mictionnelle. Un pad test de 2 heures a pu être proposé par Han et Haylen [15]. Le seul avantage est d’augmenter de manière assez significative le volume vésical et donc d’être un peu plus sensible. Jorgensen a démontré que le pad test de 24 heures, effectué pendant les activités de la vie quotidienne, était beaucoup plus sensible que le pad test codifié une heure, habituellement utilisé et standardisé par l’ICS. Ce test a été démontré aussi efficace que le pad test de 48 heures pour dépister et quantifier l’incontinence. Giffiths et al. ne trouve que 10 % de taux de faux négatif [16]. Il existe une différence significative avec le pad test de 1 heure. L’augmentation de la diurèse n’augmente pas le taux de sensibilité. Ce pad test de 24 heures est en fait le standard des tests d’incontinence, et ce pour plusieurs raisons : il est le plus reproductible ; il teste les vraies activités de la vie quotidienne de la femme ; il est indépendant de la mobilité de la patiente ; il n’est pas consommateur de temps médical ou paramédical ; et sa durée permet de dépister des épisodes d’incontinence ne se révélant que dans des moments particuliers de la journée (par exemple, nombre de femmes perdent à la fatigue, en fin d’après-midi). Il reste de plus indépendant du type d’activité (activités importantes versus activités modérées ou faibles), et n’est pas moins sensible ou reproductible que les tests de plus longue durée (48 ou 72 heures). Ses seuils de significativité sont bien établis (0-5 g : pas d’incontinence/5-40 g: incontinence légère/40-80 g : incontinence modérée/> 80 g incontinence sévère). Les seuls faux négatifs sont constitués par les événements circonstanciels non dépistés (comme des épisodes d’éternuement en période d’allergie non présente pendant le test, ou des fuites à des moments particuliers du cycle menstruel). Les résultats de notre étude confirment une corrélation entre les deux tests. Cependant, le faible degré de cette corrélation empêche l’utilisation indifférente de ces deux tests en pratique quotidienne. La définition d’une valeur seuil pourrait néanmoins être utile dans l’étude de l’efficacité d’un traitement, bien que la corrélation entre les deux tests diminue pour les grandes fuites. La nonconcordance parfaite pourrait être expliquée par le fait 22 que les exercices proposés par le pad test ultracourt paraissent plus sollicitants pour le périnée, et durent en revanche moins longtemps que ceux du pad test court. De plus, le pad test court présente un temps où la patiente doit se laver les mains sous l’eau froide pendant 1 minute, test non-représentatif de l’effort, mais de l’instabilité vésicale. Si on considère de plus le pad test comme un examen qualitatif dont on attend uniquement une réponse binaire (fuite – non fuite), on constate que les deux pad tests ne sont pas concordants, surtout pour les petits volumes. En effet, une différence d’un gramme transforme un pad test positif en négatif ou l’inverse. L’absence de corrélation entre score de symptômes et pad tests est aussi à souligner. Ceci rejoint les résultats de la littérature, car si pour le pad test ultracourt il existe une seule publication initiale qui démontre une corrélation test-retest significative [3], pour le pad test de 1 heure les avis sont plus partagés. Certains auteurs trouvent une corrélation test-retest significative [9, 14, 17], alors que d’autres ne le confirment pas [18–22]. En définitive, le seul vrai avantage du pad test ultracourt est sa durée, ce qui est important dans les études cliniques puisque la réalisation d’un pad test est une des raisons des patientes de refuser d’y participer [23]. Conclusion Bien que statistiquement corrélés, les résultats du pad test court et ceux du pad test ultracourt ne sont pas superposables. Le test d’incontinence demeure néanmoins un outil utile dans l’évaluation de routine de l’incontinence urinaire. Il se révèle fondamental dans les études cliniques et dans les protocoles de recherche. Références 1. 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Ryhammer AM, Laurberg S, Djurhuus JC, Hermann AP (1998) No relationship between subjective assessment of 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. urinary incontinence and pad test weight gain in a random population sample of menopausal women. J Urol 159(3): 800-3 Sutherst J, Brown M, Shawer M (1981) Assessing the severity of urinary incontinence in women by weighing perineal pads. Lancet 1(8230): 1128-30 Walsh JB, Mills GL (1981) Measurement of urinary loss in elderly incontinent patients. A simple and accurate method. Lancet 1(8230): 1130-1 Jakobsen H, Kramann-Andersen B, Nielsen KK, Maegaard E (1993) Pad weighing tests with 50% or 75% bladder filling. Does it matter? Acta Obstet Gynecol Scand 72(5): 377-81 Kinn AC, Larsson B (1987) Pad test with fixed bladder volume in urinary stress incontinence. 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Br J Urol 62(4): 331-3 Griffiths DJ, McCracken PN, Harrison GM (1991) Incontinence in the elderly: objective demonstration and quantitative assessment. Br J Urol 67(5): 467-71 Siltberg H, Victor A, Larsson G (1997) Pad weighing tests: the best way to quantify urine loss in patients with incontinence. Acta Obstet Gynecol Scand Suppl 166: 28-32 Abdel-fattah M, Barrington JW, Youssef M (2004) The standard 1-hour pad test: does it have any value in clinical practice? Eur Urol 46(3): 377-80 Lose G, Rosenkilde P, Gammelgaard J, Schroeder T (1988) Pad-weighing test performed with standardized bladder volume. Urology 32(1): 78-80 Paick JS, Ku JH, Skin JW (2005) Significance of pad test loss for the evaluation of women with urinary incontinence. Neurourol Urodyn 24(1): 39-43 Simons AM, Yoong WC, Buckland S, Moore KH (2001) Inadequate repeatability of the one-hour pad test: the need for a new incontinence outcome measure. 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L’objet de l’étude est d’apporter le rationnel justifiant l’usage et le choix d’un biomatériau dans le traitement des prolapsus urogénitaux, de guider les indications selon le type de prolapsus et la voie d’abord. Le but est l’efficacité clinique avec une faible morbidité dans cette chirurgie fonctionnelle. Méthodes : Les données des études cliniques et expérimentales ont été analysées pour justifier l’utilisation d’un biomatériau de renfort, et le type de biomatériau idéal et disponible. Les critères de choix ont été argumentés selon leurs natures physique, biologique, clinique. L’indication thérapeutique a pris en compte la stratégie opératoire du traitement du prolapsus et les critères de sélection du biomatériau. Résultats : La diminution des récidives et la médiocrité des tissus natifs plaident pour l’usage des biomatériaux. La voie abdominale et la voie vaginale sont possibles. La voie vaginale a l’avantage de la rapidité et d’un geste souspéritonéal, mais ceci doit être mis en balance avec une augmentation des risques septiques et d’érosion. La connaissance des propriétés des biomatériaux amène un choix plus critique et oriente entre les biomatériaux synthétiques et les biomatériaux naturels type collagène. L’usage d’un biomatériau dans le traitement des prolapsus urogénitaux doit être argumenté, ainsi que le type de prothèse et de voie d’abord. La malade doit toujours être informée des avantages et conséquences possibles de ce type de chirurgie et de l’utilisation d’un biomatériau. Une évaluation des résultats et de la morbidité par des registres prospectifs de suivi devrait idéalement être systématique. Mots clés : Biomatériaux – Prolapsus pelviens – Cystocèle – Chirurgie pelvienne – Prothèses Reinforcement biomaterials in the treatment of the urogenital prolapses Abstract: Purpose: Urogenital prolapse is frequent and many treatments are carried out. Nevertheless the choice of a Correspondance : [email protected] reinforcement material and when to use it is controversial. The purpose of the study is to present the rational for using a biomaterial and to discuss the indications related to the type of prolapse and the route of the surgery. The aim of this functional surgery is to achieve a clinical efficacy with a low morbidity. Methods: Clinical and experimental data were analysed to justify the use of a reinforcement biomaterial and the available biomaterials. Physical, biological, clinical criteria were discussed. The basis for choosing a biomaterial was discussed according to the type of surgery planned and to specific criteria of the biomaterial. Results: A lower recurrence rate of prolapse treated with biomaterials and the weakness of patient tissues advocate for the use of biomaterials in pelvic floor repair. Advantages of the vaginal route are a lower operative time duration and an extraperitoneal route, however the risks of infection or erosion are majored. Collagen meshes or synthetic meshes have respective advantages to be selected and argumented. The patient must be informed of the advantages and disadvantages of biomaterials and of the prolapse surgery. Prospective tracker study evaluations for results and morbidity are recommended. Keywords: Biomaterial – Pelvic prolapse – Cystocele – Pelvic surgery – Prostheses Introduction Les prolapsus urogénitaux sont une pathologie fréquente de la femme. La gêne directement occasionnée ou l’association à des symptômes urogénitaux ou fécaux conduisent à proposer le traitement chirurgical. De nombreuses techniques ont été utilisées, que ce soit par voie haute abdominale ou par voie basse vaginale, mais l’altération des tissus pelviens explique le risque de récidive. Le but des biomatériaux de renfort est de diminuer la fréquence des récidives. L’utilisation de biomatériaux sous forme de treillis date des années 1970 lors de la chirurgie du prolapsus par voie abdominale. Il s’agissait de tissus de suspension 24 U V R V ligaments utérosacrés muscle releveur doublé du fascia pelvien biomatériaux de renforcement d’un prolapsus antérieur et d’un prolapsus postérieur. Fig. 1. Vue schématique des organes pelviens avec la suspension du fond vaginal par les ligaments utérosacrés, le soutien et les angles des organes pelviens assurés par les muscles levator ani doublés du fascia pelvis. La faiblesse de la statique vaginale qui concourt aux prolapsus antérieur et/ou postérieur peut être renforcée par des biomatériaux représentés en pointillés pour l’intervention appelée promontofixation, rétablissant la suspension déficiente des ligaments utérosacrés et ramenant dans le pelvis les organes prolabés. Des prothèses de soutien sous forme de hamac plus ou moins étendues ont été progressivement associées. Ce n’est que depuis seulement à peine dix ans [2] que la voie vaginale est utilisée pour introduire des biomatériaux de renfort (Fig. 1). Cet essor est allé de pair avec un développement des techniques mini-invasives pour l’incontinence urinaire d’effort qui font appel à des bandelettes synthétique, type TVT. Toutefois, la problématique des biomatériaux dans le prolapsus est différente de celle de l’incontinence. En effet, les déficits sont multiples, touchant plusieurs organes pelviens, de plus le volume de matériel synthétique est beaucoup plus important que pour l’incontinence, et les contraintes physiques sont différentes. Une morbidité significative est apparue de pair avec l’usage de certains biomatériaux alors que le risque de récidive est pourtant diminué. Sans remettre en cause l’apport des biomatériaux dans les prolapsus urogénitaux, il importe que leur usage soit mieux évalué, ainsi que les effets secondaires. Le but de cette revue est d’apporter le rationnel justifiant leur usage et le choix du biomatériau, de guider les indications selon le type de prolapsus et la voie d’abord. Problématique du traitement des prolapsus Le prolapsus urogénital est une anomalie anatomique fréquente chez la femme, caractérisée par une dégradation de la statique et de la dynamique pelvienne. Les raisons en sont multiples, mais la physiopathologie est une pression excessive et répétée sur un périnée affaibli. Les raisons qui concourent à cette dégradation sont triples : – une modification de la pression abdominale (augmentation lors des efforts et orientation plus verticale des forces) ; – des lésions du plancher périnéal portant sur les tissus fibreux (hamac sous-vésical, fascia pelvis, ligaments utérosacrés) et les muscles (levator ani principalement avec lésions directes et indirectes par dénervation) ; – une fragilisation tissulaire (constitutionnelle, vieillissement, chirurgie). Une prévention ou une diminution des facteurs de dégradation sont possibles pour certains : surveillance de l’accouchement, amaigrissement, traitement d’une toux chronique, faire certaines phases de sport avec verrouillage périnéal. Dans la majorité des cas, une fois le dégât anatomique constitué, il sera irréversible et s’aggravera avec le temps de façon variable selon les facteurs de dégradation. Peu de données concernent la physiopathologie du prolapsus, encore moins son histoire naturelle, les moyens de sa détection à un stade infrapathologique et de sa prévention. La majorité des publications concernent la réparation du désordre anatomique instauré. L’incitation à sa correction peut être posée par l’inquiétude ou la gêne de la malade, ou en raison de symptômes pelviens non reliés au prolapsus, ou encore parce qu’une chirurgie concomitante pelvienne est envisagée. Les symptômes spécifiques du prolapsus sont souvent vagues (pesanteur, sensation de boule gênante, gêne urinaire obstructive ou irritative, constipation, gêne sexuelle) et il peut être difficile de les corréler avec le type de lésion anatomique et sa sévérité. Le traitement chirurgical du prolapsus fait partie des opérations pratiquées depuis des décennies, c’est une opération de pratique courante et fréquente. Pourtant le niveau d’évidence que la chirurgie améliore les symptômes est globalement faible, au moins pour les prolapsus qui ne sont pas franchement extériorisés. L’amélioration anatomique impose un consensus d’évaluation, la classification de Baden et Walker [3] reste encore fréquemment utilisée en pratique clinique, mais son imprécision incite fortement à adopter la classification [4] internationale POP-Q de l’International Continence Society, qui est maintenant recommandée pour les publications. L’évaluation postchirurgicale doit aussi prendre en compte l’analyse des symptômes et l’évaluation de la qualité de vie en utilisant des questionnaires validés, le PFDI et le PFIQ dont une traduction française [5] a été validée. La chirurgie du prolapsus est fréquente. Olsen [6] rapporte que l’éventualité d’avoir été opérée d’un prolapsus ou d’incontinence urinaire est de 11,1 % à 80 ans, la chirurgie du prolapsus seul intervient dans 41 % du total des interventions, associé à une cure d’incontinence dans 22 %. Plus de la moitié des interventions sur un prolapsus ont un autre geste (hystérectomie, cure d’incontinence) au cours de la même séance opératoire. L’estimation du nombre de femmes opérées pour prolapsus aux USA [7] 25 est entre 205 000 et 226 000 pour l’année 1997, dont plus de 80 % par voie vaginale. Bien que les données économiques soient rares, le coût direct de cette chirurgie est estimé à 1 012 millions de dollars aux États-Unis [8]. Toutefois il conviendrait d’ajouter à ces données actualisées, les coûts du traitement des récidives et les coûts induits par le développement de l’utilisation des biomatériaux. Les interventions sont très nombreuses, aussi nous ne mentionnerons que les plus couramment pratiquées dans leur principe sans détailler la technique chirurgicale. – Le compartiment antérieur constitué de la vessie et de la paroi vaginale antérieure peut être traité par voie vaginale (ou basse) avec repositionnement anatomique directe selon la technique de colporraphie qui consiste à inciser le vagin, à disséquer la vessie pour la refouler derrière la symphyse pubienne puis refermer la paroi vaginale antérieure en supprimant l’excès de tissus. Il peut être aussi traité par voie abdominale (ou haute) par la technique de promontofixation (sacrocolpopexie pour les Anglo-Saxons). C’est est un moyen indirect de remonter la vessie en retendant la paroi vaginale antérieure qui soutient la vessie et en fixant le fond vaginal au ligament lombosacré antérieur par des points ou une bandelette. Cette intervention peut être faite par voie ouverte ou par coelioscopie, les gestes restant identiques. Un biomatériau de renfort peut être placé en complément entre la paroi vaginale antérieure et la vessie (sa fixation latérale est réalisée sur le fascia pelvis, ou maintenant lors d’une voie basse par 2 à 4 bandelettes transobturatrices). – Le compartiment médian, fond vaginal ou utérus, peut être non seulement détendu, mais aussi prolabé. Le traitement est une suspension en arrière et en haut. Elle peut être réalisée par promontofixation abdominale (voie haute) c’est-à-dire fixation au fascia prévertébral lombosacré de la partie postérieure du promontoire. Elle peut aussi être réalisée par spinofixation (voie vaginale ou basse) c’est-à-dire fixation au ligament sacrospinal à proximité de l’épine sacrée. – Le compartiment postérieur ano-rectal sera vu ultérieurement. Pourquoi utiliser un biomatériau de renfort ? Fréquence des récidives Les séries rétrospectives des traitements des prolapsus antérieurs par voie basse seule (colporraphie) ont un taux proche de 60 % à 5 ans. Deux séries randomisées prospectives viennent à l’appui de cette estimation avec des taux de succès respectifs de 57 % pour Sand [10] à 1 an et de 37 % pour Weber [9] à 2 ans. À l’inverse, les taux de succès à 1 an pour les prolapsus traités avec prothèses de renfort non résorbables [11, 12] dépasse 90 %. La comparaison avec la voie abdominale Deux études [13, 14] randomisées versus voie vaginale révèlent que la voie abdominale donne un meilleur résultat anatomique à 2, 5 ans de recul par rapport à la voie vaginale. La correction est estimée comme optimale ou satisfaisante respectivement dans 84 % versus 67 % des cas pour Benson, mais toutefois la différence n’est pas si marquée car elle n’est pas significative ; de plus le groupe des voies vaginales est hétérogène avec des interventions abandonnées comme les suspensions à l’aiguille. Le choix de la voie d’abord doit aussi considérer la morbidité périopératoire, qui est inférieure par voie vaginale, ainsi que la rapidité du geste opératoire et la reprise d’activité qui sont meilleures. À l’inverse, les dyspareunies sont possibles par voie basse et un biomatériau ne devra pas aggraver ce risque. Le choix de la voie n’est pas que la préférence du malade ou du chirurgien, mais peut être imposé par les antécédents (ventre multiopéré) ou une chirurgie concomitante. Au total, la voie basse a l’avantage de la moindre morbidité et de la rapidité par rapport à la voie abdominale, mais il est souhaitable d’améliorer les résultats anatomiques des séries sans prothèse, argument pour un biomatériau de renfort. Médiocrité des tissus natifs L’altération des tissus natifs peut être constitutionnelle. Les sujets avec syndrome d’hyperlaxité ligamentaire familiale sont exposés aux cystocèles [15] avec un taux estimé de 89 % versus 58 % pour une population témoin ; l’augmentation porte aussi sur les taux de rectocèles et de prolapsus de fond vaginal. De façon individuelle, des femmes primipares sans prolapsus apparent peuvent avoir un défect paravaginal objectivé en IRM. Ce défect est plus fréquent après les grossesses. Des lésions musculaires, dénervations et une diminution du nombre des fibres musculaires ont été mises en évidence chez les sujets âgés et après les grossesses. Une diminution de la concentration en collagène du tissu para-urétral de 30 % chez des femmes avec prolapsus par rapport à un groupe témoin, a été mise en évidence [16], mais ceci n’est observé que chez la femme jeune de moins de 53 ans. Au-delà de 53 ans, la diminution du taux de collagène existe, mais sans différence avec ou sans prolapsus. La carence hormonale favorise les prolapsus vaginaux. Le traitement hormonal substitutif [17] évalué à 6 mois versus un groupe témoin stimule la dégradation du collagène mature et favorise la synthèse d’un collagène immature dont la valeur mécanique n’est pas connue. Ainsi, le renforcement des tissus peut être nécessaire, il ne peut être obtenu médicalement, il implique l’usage de biomatériaux. La cicatrisation au décours d’une intervention chirurgicale induit aussi une faiblesse en résistance tissulaire. Dans 26 les tissus riches en collagène comme le vagin et les fascias, elle diminue [18] à 50 à 60 % de la résistance des tissus normaux à un mois postopératoire. La chirurgie est en ellemême un facteur de faiblesse vaginale. L’appréhension des facteurs de risque d’apparition d’un prolapsus est mal connue, autant que l’appréciation des risques multiples qui prédisposent à une récidive. L’idée que les tissus des femmes âgées donnent un risque majoré de récidive ne se retrouve pas dans les études épidémiologiques. C’est un âge avant 60 ans [7] qui augmente le risque à 1 an de récidive postcorrection par voie vaginale. Parallèlement, la durée de vie et les contraintes pelviennes chez la femme jeune incitent à une correction solide au long terme. Il s’ajoute la persistance des facteurs de risque liés au terrain (intoxication tabagique, obésité) et au mode de vie que la femme ne veut pas changer. À ce titre, l’image sociétale de la femme active, sportive, avec un corps parfait, lui fait refuser de garder un prolapsus, mais impose la solidité de la réparation pour garder son mode de vie actif. La chirurgie doit s’adapter à la demande de la patiente en lui donnant la solidité sans la morbidité, elle ne souhaite pas adapter son mode de vie en le restreignant. Association de plusieurs lésions Pour le compartiment antérieur, une cystocèle peut être cliniquement médiane ou latérale ou mixte. En fait, la corrélation avec les dégâts anatomiques constatés lors de l’intervention, et surtout avec l’aspect IRM de défect latéral ou médian est imparfaite et peut expliquer les récidives d’interventions trop sélectives. Ceci incite à un renforcement large du compartiment antérieur. Un autre point clé est l’appréciation de la bonne tenue du fond vaginal (col utérin et ligaments utérosacrés), qui conditionne le maintien de la base vésicale. Une simple colporraphie peut être insuffisante, mais le complément de spinofixation n’est pas fait par certains, arguant de la difficulté et de la profondeur du geste. À l’inverse, le geste de fixation peut avoir été fait isolément, par promontofixation (sacrocolpopexie voie haute, ou par voie vaginale, spinofixation). Ceci induit un risque d’apparition secondaire de cystocèle qui aurait mérité d’associer un plus large renfort de la paroi vaginale antérieure. Ce risque de cystocèle secondaire est estimé à 20 % [19] pour la promontofixation et à 37 % [20] pour la spinofixation vaginale. Quel type de biomatériau ? Le cahier des charges Il est double, il porte sur le biomatériau en tant que renfort, mais aussi sur l’insertion du biomatériau dans son environnement pelvien. Il doit renforcer la paroi vaginale antérieure doublée de son fascia, y compris les zones paravaginales. Résorbtion rapide, faiblesse Intégration, tissu remodelé souple avec solidité renforcée Capsulation fine Encapsulation d’exclusion rigidité Fig. 2. Objectif du biomatériau de renfort pour les prolapsus Les forces transmises au périnée ne s’exercent pas sur un système rigide, mais au contraire il existe un effet d’amortisseur dû à la souplesse des tissus et leur déformation, dû aussi aux modifications d’angulation des organes qui se déplacent et peuvent venir s’appuyer entre eux et s’occlure. Il faut garder la dualité de souplesse et de résistance, aller au large des zones de pression directe à renforcer, individualiser les zones d’amarrage pour les rétablir, rétablir les angles favorisant la dynamique des appuis. La souplesse, l’absence de douleur vaginale conditionne la tolérance sexuelle. La septicité du vagin et du périnée impose une bonne résistance à l’infection. L’intégration du biomatériau aux tissus à renforcer, la tolérance de l’hôte face à ce matériel étranger déterminent l’acceptation, la solidité dans le temps, les effets adverses. Ces dernières données sont étudiées in vivo en expérimentation animale, les données concernant les propriétés physiques sont issues de mesures et tests in vitro. La prothèse idéale de renforcement des prolapsus reste encore à trouver, bien que de nombreux travaux aient permis de préciser les écueils et les objectifs. Elle doit éviter la faiblesse mécanique d’une résorption rapide ; à l’inverse, elle ne doit pas perdurer au prix d’une encapsulation d’exclusion des tissus de voisinage car c’est un risque septique et d’érosion. Le point important est une bonne incorporation au sein des tissus avec néovascularisation et formation de néocollagène (Fig. 2). La réaction collagénique au sein de la prothèse et en périphérie contribue à la solidité et doit se combiner avec l’évolution de la résistance du biomatériau dans le temps pour réaliser l’objectif de solidité fixé. La souplesse est un élément de tolérance, souplesse directement due aux caractéristiques du biomatériau d’emblée lors de la pose, mais aussi indirectement par la réaction inflammatoire et fibroblastique propre à chaque matériau. La résistance tissulaire L’objectif de solidité du vagin opéré par plaque de renforcement est d’être au moins égal ou supérieur à la solidité d’un vagin de trophicité normale et de toute façon plus solide que le vagin non renforcé. 27 Newton 140 120 100 mini moyenne max 80 60 40 20 0 Traction Il n’existe pas de données pour le vagin concernant les sujets sains. Les résistances maximales étudiées sur différents tissus de l’organisme [22] varient avec l’âge à partir de 20 ans (Tableau I) et donc raisonnablement aussi celle du vagin. Les résistances à la rupture des ligaments pelviens [21] sont aussi très variables selon les individus, avec des valeurs allant de 22 à 200 N, le ligament prévertébral a une valeur moyenne plus forte que celle du sacroépineux, respectivement 113 et 57 N. Les biomatériaux disponibles Flexion Fig. 3. Résistance du tissu vaginal. D’après Cosson [23], étude de prélèvements vaginaux de 2 cm sur 2, prélevés chez 20 femmes ménopausées, lors d’une intervention vaginale pour prolapsus extériorisé Les protéines de collagène, agencées en réseau, sont l’élément majeur de la constitution et de la solidité des tissus mous. La structure en réseau et l’association à des fibres d’élastine permet une certaine souplesse et élasticité. Les forces d’amarrage et les forces de rupture des ligaments doivent aussi être prises en compte dans la technique chirurgicale. D’un point de vue biomécanique, leur analyse doit en être séparée. Résistance du tissu vaginal Il existe peu de données dans la littérature. Cosson [21] a étudié des prélèvements vaginaux de 2 cm sur 2, prélevés chez 20 femmes ménopausées lors d’une intervention vaginale pour prolapsus extériorisé. Sur un prélèvement, était mesurée une force de traction progressive par un fil passé à 1 cm du bord de l’échantillon, de façon à évaluer la résistance à la rupture des fibres constitutives de la paroi. Sur un autre prélèvement, était mesurée une force de flexion progressive par un piston de 1 cm de diamètre appuyant sur la plaque, de façon à évaluer l’étirement des fibres entre elles. Les valeurs étaient enregistrées jusqu’au seuil de rupture du prélèvement. Il existe de grandes variations individuelles, la valeur (Fig. 3) moyenne de résistance à la traction est de 44,3 N (12 à 76), celle à la flexion est un peu plus élevée, soit 59 N (6 à 20). La traction par un fil offre donc une moindre résistance que la résistance à la poussée, ceci incite à des réparations couvrant largement le défect, de préférence à une réparation de surface limitée avec des fils en tension. Un bref historique révèle que les tissus de renfort ont été d’abord utilisés pour la réparation de la paroi abdominale et les cures de hernie. Un filet à mailles d’argent a été utilisé par Phels dès 1894, mais une corrosion survenait ; puis une plaque métallique de Tantale, mais apparurent des fragmentations, enfin de l’acier inoxidable par Babcock en 1952. Les premiers biomatériaux non métalliques n’ont pas été plus heureux, cellulose (Fortisan®) responsable d’infections et fistules, éponge de polyvinyl (Ivalon®) responsable de fragmentations et d’infections. Les biomatériaux utilisés pour la chirurgie du prolapsus sont apparus dans une période récente,mais rapidement deux types de biomatériaux ont été utilisés puis abandonnés. – Polytetrafluoroéthylène expansé PTFE (Gore-Tex®) sous forme de plaque non résorbable, pleine, non perforée. Il est responsable de réaction fibreuse, d’infections et surtout d’érosion des tissus de voisinage dans près de 30 % des cas lorsqu’il a été placé en sous-urétral. – Acide polyglycolique (Dexon®) sous forme de treillis à résorption rapide en 4 à 6 semaines. Le tissu cicatriciel fibrocollagène qui apparaı̂t pendant le temps de cicatrisation n’est pas assez solide pour pallier la disparition rapide du treillis. Il en résulte une faiblesse pariétale retrouvée lorsqu’il est utilisé pour les cures d’éventration adominale et pour les cures de cystocèle. Dans une série de cure de cystocèle par voie vaginale, Sand [10] rapporte un taux de récidives avec et sans prothèse, à 1 an, de respectivement 25 % et 43 % pour 161 patientes. Avec un recul de 2 ans, Weber [9] arrive à la même conclusion d’absence de bénéfice, ainsi pour 106 patientes les taux de récidives des 3 groupes : sans prothèse, avec prothèse, avec paletot des tissus propres, sont respectivement de 42 %, 30 %, 46 % de récidives. Tableau I. Variation de résistance des tissus par rapport à un âge de 20 ans (Duck 1990) Tissu/Âge 30-39 ans 40-49 50-59 60-69 70-79 Vessie Peau Tendons –17 % +26 % –1 % –17 % +26 % –1 % –30 % +8 % –1 % –30 % –4 % –6 % –30 % –23 % –18 % 28 Les biomatériaux d’utilisation actuelle On différencie deux types de biomatériaux : – les synthétiques non résorbables : polypropylène (PP), polyéthilène térephtalate (PET), polyester (PE) ; – les naturels résorbables, principalement le collagène dermique porcin. Les synthétiques (ou alloplastiques) purs, non résorbables, utilisés récemment dans le traitement des prolapsus ou de l’incontinence urinaire, sont à base de : – polypropylène (PP) : Marlex®, Atrium®, Biogyn®, Gynemesh®, Prolène®, Soft Prolène®, Ugytex®, Surgipro® ; – ou de polyéthylène téréphtalate (PET) : Parietex®, Swing®, et plus rarement de polyester (PE) : Mersilène®. La structure linéaire du fil est monofilament (Gynemesh®, Prolène®, Ugytex®) ou multifilament (Surgipro®, Pariétex®, Swing®). La majorité sont délivrés sous forme de treillis qui peut être réalisé soit par tricotage (avec des points différents selon les tissus), ce qui confère une bonne flexibilité et une élasticité variable, soit par tissage, ce qui optimise la stabilité mais manque d’élasticité. Les treillis de multifilaments ont plus de souplesse, moins de rigidité. Bien qu’il n’existe pas d’étude comparative randomisée, le polyester et le polypropylène sont des matériaux largement validés depuis des décennies comme implants pariétaux abdominaux. Plus que la nature des matériaux constitutifs, la porosité des treillis constitués, leur densité et leur souplesse sont des paramètres clefs dans l’appréciation des renforts de parois. Les mixtes ou composites : faits d’un synthétique et d’un enduit (coating) : – soit résorbable à type de : collagène (Parietex® composite), glucagon (Glucamesh®) pour isoler la cicatrisation des viscères,polyglactine (Vypro®) associant résorbable rapide et non-résorbable ; – soit enduit non-résorbable anti-adhérent : silicone (Europlak®), polyuréthane (Contex®) ; – soit enduit antiseptique type chlorhehidine (Mycromesh®, mais avec matériau synthétique Goretex® abandonné pour les prolapsus). Les naturels à base de collagène d’origine animale. À la différence des bandelettes pour l’incontinence urinaire, le choix des plaques de renfort a été d’emblée limité. Il n’y a pas de matériau autologue (derme ou fascia cadavérique sont interdits actuellement pour risque de transmission virale ou prion). Les seuls produits sont xénogéniques acellulaires venant de derme de porc. Il est à remarquer que des bandelettes utilisées pour l’incontinence urinaire peuvent provenir de la sous-muqueuse de porc, le SIS®, mais sont limitées à cet usage. Un traitement chimique et enzymatique, commun aux différents collagènes, permet de les rendre acellulaires sans agent transmissible. Leur mise en forme de plaque leur confère une meilleure architecture et surtout une solidité mécanique que n’a pas le collagène sous forme soluble. Par la suite, des traitements supplémentaires agissant sur les propriétés mécaniques les différencient : – procédé de réticulation par l’hexaméthylène diisocyanate qui crée des ponts disulfures entre les fibres de collagène (Pelvicol®) et renforce la solidité ; – procédé de création de macropores par multiples orifices de 2 mm de diamètre (Pelvisoft®) pour renforcer l’intégration tissulaire ; – absence de réticulation et d’orifices macroporeux (InteXen®). Comment orienter son choix ? Critères physiques Les caractéristiques principales sont la souplesse, l’élasticité, la résistance mécanique, la stabilité dans le temps, la porosité. Pour les tissus synthétiques – La souplesse est fonction de la fibre, du nombre de filaments, du grammage, de l’épaisseur de la plaque. Entre deux matériaux, les variations peuvent être notables, elles sont figurées sur le tableau II. Plus de souplesse diminue le risque d’érosion, mais la tenue est isolément moins bonne, ceci implique une fixation en complément. Une grande souplesse sans fixation explique les déplacements (risque de récidive latéralement), mais aussi les plissements (paquet fibreux palpable dans le vagin ou refoulant en saillie le trigone vésical). – L’élasticité complique le réglage de position et de tension qui est déjà une adaptation empirique aux contraintes individuelles. Elle peut ne pas être la même dans le sens longitudinal et dans le sens transversal, mais cela n’a pas d’incidence dans le cas des prolapsus, ainsi pour le Prolène®, elle est respectivement de 4,4 % et 5,6 % et pour le Vypro® de 3 % et 1 %. Au-delà de la phase initiale d’élasticité, l’allongement avant la rupture est proche de 80 % pour le Prolène® et le Vipro®. – Les résistances maximales sont globalement suffisantes pour leur utilisation en chirurgie de renfort de la statique pelvienne. Les variations peuvent toutefois être importantes Tableau II. Comparatif de poids au mètre carré et d’épaisseur de différents matériaux synthétiques Surgipro 3 Prolène 2 (Gynemesh) New Prolène Parietex Ugytex Gynemesh Soft Poids (g/m2) Épaisseur (mm) 97,6 96,6 77 60 38 42 0,59 0,64 0,53 0,40 0,4 0,42 29 selon les matériaux [23], ainsi dans le sens longitudinal puis transversal, elles sont respectivement pour le Prolène® de 78 N et 102 N, et pour le Vipro® de 67 N et 15 N. – La conformité tissulaire est meilleure pour les tricotés que les tissés. – La stabilité dans le temps en implantation humaine est malheureusement mal connue à long terme au niveau pelvien, toutefois les données concernant les réparations par plaque pour les hernies font état d’une très bonne solidité initiale et tardive. – Porosité d’un treillis Il faut différencier : – la microporosité, espace les plus petits entre les filaments. Elle doit être supérieure à 10 microns pour une réponse cellulaire à l’intérieur du biomatériau. Elle permet le passage des macrophages et contribue à lutter contre l’infection prothétique. La microporosité est évaluée selon la classification d’Amid (1997). Les matériaux synthétiques actuels de renfort sont de type I (treillis avec larges pores, pores > 75 microns) pour le Prolène® et Gynemesh®, ou type III (treillis avec larges pores mais multifilaments ou composante faiblement poreuse) pour Mersilène®, Surgipro®. – la macroporosité, espace entre les mailles. Elle doit être supérieure à 1,5 mm pour permettre une bonne intégration tissulaire. La porosité est de 87 à 89 % avec les matériaux actuels (Gynemesh®, Parietex®). D’autres caractéristiques physiques sont probablement utiles à prendre en compte pour l’intégration tissulaires et la colonisation bactérienne, mais peu de données sont disponibles. Ce sont : les charges électriques de surface, les forces électromagnétiques, l’hydrophobie, l’interaction collagène-récepteurs des bactéries. Pour le collagène – Souplesse et glisse : ces tissus sont très souples, glissants, sous forme de plaque d’environ 1 mm d’épaisseur. 20 Il y a très peu d’élasticité pour les formes macroporeuses (Pelvicol® et InteXen®). Pour Cosson [23], le Pelvicol® s’allonge moitié moins avant rupture que le Prolène®. La forme macroporeuse (Pelvisoft®) présente une meilleure résistance à l’étirement que la forme non macroporeuse. – Macroporosité En test ex vivo au laboratoire [24], l’augmentation progressive de la taille des orifices (0/0,7/1,2/2/2,5 mm de diamètre) montre que la résistance à l’étirement reste autour de 80 N/cm en augmentant la taille jusqu’à 2 mm, puis baisse de moitié à 2,5 mm. La taille retenue pour le meilleur compromis résistance/porosité est donc 2 mm. La résistance étudiée in vivo, en remplacement d’un fragment de paroi abdominale du rat, révèle à 30 et 90 jours une augmentation significative uniquement pour les trous de 2 mm. Plus intéressant est qu’à 30 jours de l’implantation (Fig. 4), les échantillons montrent que la forme macroporeuse a une résistance supérieure à la forme non poreuse et identique à celle du Prolène®. À 90 jours, les 3 formes ont une résistance identique. Il n’y a pas de données de résistance publiées pour InteXen®, mais les caractéristiques physiques et chimiques laissent penser qu’elle est inférieure au collagène réticulé. Critères de réaction cellulaire et tissulaire La réaction inflammatoire est un phénomène inévitable. On distingue (Fig. 5) une réponse inflammatoire (polynucléaires neutrophiles puis macrophages) prédominante du 2e au 21e jour suivie de peu d’une réaction fibroblastique jusqu’au 30e jour. Une réaction capillaire et collagénique apparaı̂t à partir du 5e jour et se poursuit sur plusieurs semaines. Le polyester est hydrophile et a une meilleure précocité de l’adhésion cellulaire que le polypropylène, qui est hydrophobe. La réaction inflammatoire initiale, de type cellulaire et antigénique, est un tiers à deux tiers plus faible pour le * P = 0.01 * P = 0.014 Collagène 15 Poly neutro non-pored 10 2.0 mm macrophages fibroblastes Prolene 5 fibrine capillaires 0 30 90 Days after implantation Fig. 4. Résistance à l’étirement (N/cm) d’un fragment de paroi abdominale chez le rat comparant 3 biomatériaux : Pelvicol®, Pelvisoft®, Prolène®. D’après Zheng [24], à 30 jours de l’implantation, les échantillons montrent que la forme macroporeuse a une résistance supérieure à la forme non poreuse et identique à celle du Prolène®, à 90 jours, les 3 formes ont une résistance identique 2 mm 1 2 5 10 Jours Fig. 5. Réponse inflammatoire à l’implantation d’un biomatériau. Elle est inévitable, participe à l’incorporation, mais ne doit pas être exagérée, en particulier pendant la phase initiale puis fibroblastique 30 Pelvicol® [25], que le Prolène® et décline pour devenir négligeable vers le 90e jour. Le marquage antigénique et leucocytaire révèle un effet de régulation inhibitrice pour le Pelvicol® alors que l’effet est pro-inflammatoire pour le Prolène®. Au total, la réaction inflammatoire initiale est moins marquée pour le Pelvicol®, ceci contribue à une meilleure acceptation prothétique et clinique initiale. L’intégration tissulaire versus l’encapsulation Les fibroblastes, les fibres de collagène, les néovaisseaux vont coloniser la prothèse. L’intégration de celle-ci avec les structures avoisinantes est favorisée par la circulation et la réhabitation au sein des orifices macroporeux. Le néocollagène participe à la solidité tissulaire. Toutefois, un espace macroporeux minimum de 75 microns est nécessaire à cette intégration. En deçà elle n’a pas lieu et le biomatériau reste au sein d’une coque d’encapsulation épaisse (cas du GoreTex® ou du silicone plein) l’excluant des tissus de voisinage. Les biomatériaux synthétiques actuels à base polypropylène ou de polyesther sont tous macroporeux, ainsi que le Pelvisoft®. Le Pelvicol® ne l’est pas, mais il existe une réaction d’encapsulation périphérique fine explicable probablement par la faible activité pro-inflammatoire de ce matériau. La résorption des matériaux synthétiques actuellement utilisés n’existe pas, compte tenu de leur nature. La résorption du Pelvicol® est mal connue, mais le matériau a été retrouvé dans des biopsies de prothèse implantées 1 an avant en prérectal [26], et Salomon [27] cite un cas de plaque vaginale retrouvée lors d’une explantation à 1 an pour intolérance sur le fil de fixation. À distance de l’implantation, chez l’homme, les propriétés mécaniques tenant compte de l’intégration tissulaire et de la réaction collagénique ne sont pas connues in vivo. Valeur de la correction anatomique Les critères de bon résultat anatomique ne sont pas homogènes, en particulier, la persistance d’une cystocèle de faible importance est parfois incluse dans les bons résultats. Ceci est logique d’un point de vue symptomatique mais non rigoureux pour l’évaluation objective anatomique qui est au mieux appréciée par la classification ICS, malheureusement peu mentionnée. Plus souvent, les séries font état du taux de récidive sans précision supplémentaire et le recul excède rarement 1 à 2 ans. – Matériaux synthétiques Par voie vaginale, la réparation du compartiment antérieur avec renforcement par plaque donne 2 % [28, 29] à 5 % [30] de récidives, voire jusqu’à 10 % [11], avec un recul de 1 à 2 ans. La réparation par voie haute est souvent limitée à une suspension du fond vaginal avec une prothèse qui ne double que la partie vaginale haute et médiane. Le chiffre de récidive de cystocèle est voisin de 20 % [19]. Le renforcement large du compartiment antérieur est rarement réalisé par voie haute, certains associent la suture des déchirures latérales du fascia pelvis. – Collagène Par voie vaginale, le taux de récidives de réparation du compartiment antérieur avec renforcement par plaque de Pelvicol® est de 6 % [31] à 19 % [27] en incluant les grade 1 à 2 asymptomatique, et avec 1 an de recul moyen. Une série avec 2 ans de recul moyen [32] de réparation par voie vaginale pure (20/70 cas) et de réparation associée à une promontofixation abdominale (50/70 cas) donne au total 19 % de récidive de cystocèles (grade III : 4,3 %, grade II : 8,6 %). Les données préliminaires avec le collagène réticulé macroporeux confirment les arguments expérimentaux de solidité, mais des publications avec un recul suffisant sont nécessaires. Rétraction fibroblastique Elle est fonction du matériau, du maillage, de l’importance de la réaction inflammatoire. Elle est surtout présente avec les synthétiques, très variable pouvant atteindre 20 % de la surface de la prothèse. Il est important d’en tenir compte lors de la pose, notamment de ne pas mettre la prothèse en forte traction. Données cliniques La majorité des études des biomatériaux implantés dans le pelvis se rapportent à l’incontinence urinaire. Celles concernant les prolapsus concernent en majorité les techniques de fixation du fond vaginal. Peu d’études concernent spécifiquement le renforcement des parois vaginales et plusieurs séries avec un recul court présentées en communications de congrès ne sont pas publiées par la suite. Impact sur les symptômes urinaires, fe´caux, sexuels L’impact sur les symptômes urinaires doit tenir compte des troubles préopératoires et des gestes associés sousurétraux. Les impériosités de novo sont améliorées, plus rarement des impériosités de novo peuvent survenir. Les résultats sur la continence d’effort sont plus contradictoires. Il existe des améliorations de la continence (en particulier avec la technique de fixation latérale par bandelette transobturatrice) et des aggravations (incontinence potentielle surtout après fixation du fond vaginal), cependant un traitement préventif n’est pas recommandé. L’impact sur symptômes fécaux n’est pas mentionné dans les réparations antérieures mais intervient dans les suspensions du fond vaginal et surtout lors d’association à une myorraphie des releveurs. 31 L’impact sexuel : la dyspareunie L’évaluation par une question globale ou une échelle globale n’est pas suffisante, il importe d’évaluer par des questionnaires validés le désir, l’excitation, la lubrification, l’orgasme, la satisfaction, la douleur. Une douleur du partenaire fait rechercher une érosion avec matériel exposé. – Les données concernant les bandelettes synthétiques pour l’incontinence montrent qu’elles n’altèrent pas la fonction sexuelle [33] et peuvent l’améliorer. De façon anatomique, la cure d’un prolapsus extériorisé peut permettre la reprise des rapports. Lors d’une série spécifique de prolapsus avec renfort par treillis de polypropylène [34] par voie vaginale, il est observé que le taux global de femmes sexuellement actives ne se modifie pas, que les femmes améliorées compensent les dyspareunies de novo. Bien que le taux de femmes sexuellement actives ne bouge pas, d’autres constatent une majoration du taux de dyspareunie [35]. – Dans la seule étude documentée avec collagène réticulé pour prolapsus antérieur par voie vaginale [27], il n’y a pas eu de modification de la sensibilité sexuelle ni dyspareunie pour les 14/66 femmes sexuellement actives. Cette série courte demande à être confirmée bien que la souplesse du matériau et la faible réaction inflammatoire rendent cohérents ces résultats. Tolérance clinique des matériaux synthétiques et complications La tolérance clinique des plaques synthétiques a permis leur utilisation par voie abdominale puis vaginale, toutefois le taux de complications est trop élevé dans certaines séries. Une meilleure compréhension et analyse prospective de ces complications et de leur cause a permis de nettement diminuer ce taux. L’information préalable des malades doit les mentionner. Les complications suivantes peuvent s’observer : antérieur et postérieur. La majorité des signes surviennent dans l’année de l’implantation. La réduction de la longueur de l’incision, l’usage d’un matériau de large macroporosité et faible grammage (Gynemesh Soft®) ont permis à Berocal et al. de descendre à un taux de 2,7 %. En cela, ils sont même en deçà des chiffres de 8,3 % de De Tayrac [29], 5 % d’Eglin [28] et Dwyer [34], 3,8 % de Adhoute [30] pour les cures de cystocèles seules. La physiopathologie concourant à l’érosion fait intervenir des phénomènes cellulaires, mécaniques, mais l’infection y participe aussi comme cofacteur causal ou d’entretien. Sur le plan clinique, elle peut être asymptomatique ou cause de douleur, de dyspareunie, de saignement et pertes. Une réaction septique généralisée est rare, mais les amarrages transobturateurs peut induire des complications septiques obturatrices [37] et de la racine de la cuisse à type de myosites et fascéites. Localement, la plaque est exposée avec parfois une réaction inflammatoire pseudopolypoı̈de de voisinage. Certains parlent d’extrusion vaginale en présence de phénomènes inflammatoires, et d’érosion vaginale en leur absence, mais il n’existe pas de consensus actuel sur la terminologie. Le traitement optimal est une ablation partielle, limitée à la zone exposée et sa périphérie, associée aux soins locaux de propreté. L’ablation complète est devenue rare depuis les treillis macroporeux par voie vaginale, toutefois une plaque abdominale érodée et infectée doit être retirée complètement avec reprise de la voie abdominale. L’intérêt de la voie vaginale sur la voie abdominale est que cette excision limitée est une intervention peu morbide. Elle est moins risquée et plus simple pour le compartiment antérieur, en revanche l’ablation d’un treillis postérieur peut se révéler une entreprise difficile sans plan de clivage et sans limite nette au sein de la paroi rectale. Infection aiguë Douleurs Elles sont attribuées précocement à la réaction inflammatoire, plus tardivement elles doivent faire rechercher une érosion et/ou une infection chronique. Rare, elle est prévenue par une préparation vaginale préopératoire systématique et un ECBU, par les règles de désinfection et aseptie peropératoire de toute prothèse, par une antibioprophylaxie peropératoire systématique. Érosions Infection chronique Elles sont favorisées par la faible porosité, la rigidité, l’épaisseur, l’étendue de la surface implantée, la longueur de la voie d’abord, les gestes associés (hystérectomie). Elle varie de 2 à 25 % avec une valeur moyenne que l’on peut estimer à 9 %. Les chiffres les plus élevés, respectivement 25 % et 17,5 %, ont été rapportés par Julian [2] avec une prothèse de Marlex® de renfort vaginal antérieur, et par Berrocal et al. [36] avec une prothèse de Prolène® standard implantée par une longue colpotomie en renforcement Elle est entretenue par un biofilm de glycocalyx (polysaccharide sécrété par bactéries) qui génère une gangue périprothétique et un exsudat « slime like » empêchant la pénétration des antibiotiques. La meilleure prévention est une colonisation tissulaire rapide et complète du biomatériau. Elle se manifeste par l’association à des degrés divers : douleurs, écoulement vaginal, saignement, défaut de cicatrisation, extériorisation de la prothèse, fistule. Le traitement est l’ablation partielle en cas d’érosion vaginale avec 32 infection localisée, ou l’ablation complète si la totalité de la plaque est intéressée par le processus. Fibrose vaginale L’aspect vaginal peut être la palpation d’une corde, la saillie d’un granulome, un bourrelet par une plaque partiellement roulée sur elle-même. Généralement asymptomatique, elle peut donner des douleurs et nécessite rarement une reprise par voie vaginale, sauf en cas de dyspareunie. Une rétraction vaginale interdisant les rapports a été observée avec les plaques totales visant à corriger les 3 compartiments par une incision vaginale large ; ce type d’intervention n’est pas à conseiller chez une femme jeune désirant des rapports et son consentement éclairé est indispensable. Certaines cordes vaginales à type de simple bride ne sont pas dues au matériel, mais à la cicatrisation vaginale seule. Tolérance clinique des biomatériaux de collagène L’utilisation humaine du Pelvicol® date de 1998 ; depuis aucun signe de rejet ni de réaction auto-immune n’ont été décrits. Le taux d’érosion est faible. Ceci est en concordance avec les autres matériaux biologiques en particulier dermiques. Une déhiscence de l’incision vaginale a été rapporté dans 17 % (21/127 cas) par Dell [38]. Un défaut d’incorporation peut être incriminé, car les mêmes auteurs rapportent une diminution du taux à 7 % (5/71 cas) avec le collagène macroporeux, qui doit être préféré pour cette raison. La très bonne tolérance à l’infection doit être soulignée, la cicatrisation dirigée de seconde intention est obtenue par des soins locaux sans ablation du matériel. Les prolapsus postérieurs Ils font l’objet d’une mise au point courte car n’intéressent pas directement l’appareil urogénital mais leur association possible mérite de les mentionner. Les données concernant leur analyse clinique sont multiples et souvent contradictoires. Les prolapsus suslévatoriens sont réparés préférentiellement par voie abdominale, avec un temps de promontofixation et de cloisonnement du cul-de-sac de Douglas. L’utilisation de prothèse [39] de renfort prérectal est proposée pour minimiser le risque de récidive sous forme de rectocèle basse. D’autres auteurs [40] insistent sur la nécessité de descendre cette prothèse jusqu’au périnée. Une rectocèle basse souslévatorienne isolée est préférentiellement réparée par voie basse et la conférence ICI 2005 établit (niveau d’évidence 1) que la voie vaginale apparaı̂t avoir un plus faible taux de récidive que la voie transanale. La technique de bandelette postérieure (introduite par Petros) latérorectale translévatorienne pour renforcer les ligaments utérosacrés a ouvert la voie aux biomatériaux par voie vaginale postérieure. L’association à une prothèse prérectale est le complément de renforcement de l’espace rectovaginal. Toutefois les données concernant ces prothèses sont récentes et ne permettent pas d’établir le bénéfice anatomique sur une durée suffisante ni surtout l’innocuité dans une région exposée aux complications septiques (infection de la prothèse, abcès pelvien). Le taux d’érosion semble plus important, 6 % à 9 % [34, 35] par voie vaginale pour le compartiment postérieur que pour l’antérieur. La voie mixte [42] abdominale et périnéale n’est pas recommandée en raison du risque élevé d’érosions. Au décours d’un renforcement par prothèse postérieure, l’évolution sur les symptômes retrouve globalement une amélioration des constipations et des incontinences anorectales. Le taux de dyspareunie préopératoire s’améliore [34] dans certaines séries, mais il est aggravé [35] dans d’autres ce qui fait suspecter le rôle néfaste de certaines prothèses et de la modalité chirurgicale. Les données sur les caractéristiques des biomatériaux, ex vivo et in vivo, s’appliquent de façon identique à celles exposées pour le compartiment antérieur et moyen. Les matériaux composites, collagène réticulé macroporeux et polypropylène/polyester, treillis synthétique avec un film de collagène, devraient trouvent un intérêt particulier dans les prolapsus postérieurs. Indications des biomatériaux de renfort et choix du biomatériau Stratégie opératoire L’indication est indissociable de l’indication de la voie d’abord et de la technique de réparation envisagée, de l’association à la correction d’autres désordres comme une incontinence urinaire. Une analyse clinique préopératoire est indispensable, ainsi que les informations recueillies auprès de la malade concernant ses objectifs de vie sexuelle. Malgré tout, le réexamen du trouble de la statique pelvienne sous anesthésie avant le temps opératoire peut révéler une faiblesse plus importante de certains composants. Il faudra en tenir compte pour la réparation et l’indication de biomatériau peut s’en trouver renforcée. La malade doit toujours être prévenue d’une utilisation possible ou probable de biomatériau lorsque l’indication de correction rend possible leur usage. La correction par voie mini-invasive doit se rapprocher de la qualité de ce que l’on obtient par les techniques classiques. Elle peut donner un avantage en permettant de corriger plus facilement une anomalie, donc d’étendre la correction à des anomalies moins graves mais identifiées. Ainsi pour la fixation du fond vaginal : elle est plus simple et rapide par bandelette par ponction périnéale postérieure que la spinofixation de Richter, elle pourra être plus facilement proposée. La correction d’anomalie potentielles 33 Tableau III. Les arguments physiques et biologiques pour orienter le choix du biomatériau de renfort pour un prolapsus Biomat. synthétique Biomat. naturel Polypropylène Collagène rét. expansé Réponse inflammatoire Colonisationintégration Remodelage Résistance Souplesse Risque érosion Risque infection Agent non identifié Coût ++ + + + 0 + +/– + + 0 + +/– + – – – < > doit être parfaitement documentée et utilisée avec prudence pour ne pas induire plus de morbidité que de bénéfice. Quelques règles générales Quel que soit le matériau, il faut se mettre dans les meilleures conditions pour éviter les hématomes, les désunions, les tissus fibreux mal vascularisés. À ce titre, il est préférable d’éviter une hystérectomie non indispensable, il faut limiter la longueur des incisions. En cas de chirurgie secondaire, il est préférable de réaliser une voie d’abord différente, voie vaginale si échec de voie abdominale et inversement. Critères de sélection du biomate´riau Il vont dépendre de facteurs multiples : expérience de l’opérateur avec un type de biomatériau, considérations économiques (taux de prise en charge), étendue de la réparation, risque septique, information de la malade. Les arguments mécaniques et biologiques ont été développés précédemment et sont résumés dans le Tableau III. Actuellement, il est licite d’utiliser : – un treillis de polypropylène ou de polyester, de préférence monofilament, de faible grammage et épaisseur, macroporeux, résistant ; – du collagène, à condition qu’il soit réticulé et macroporeux. Les données concernant les autres biomatériaux, en particulier les matériaux composites sont insuffisantes pour leur utilisation en dehors de protocoles d’évaluation. Quelle indication d’utilisation ? Les recommandations de la Consultation internationale sur l’incontinence de juin 2004 [43] ne plaident pas pour une utilisation large et systémique des biomatériaux de renfort dans le traitement des prolapsus. Les niveaux d’évidence de cette conférence sont, par importance décroissante : – Niveau d’évidence I (le plus fort) : la voie abdominale a une morbidité supérieure, au moins à court terme. La voie abdominale et la voie vaginale sont relativement équivalentes pour le suivi évolutif. – Niveau d’évidence II : les données actuelles plaident en faveur d’un avantage théorique pour l’utilisation des biomatériaux, mais ceci doit être mis en balance avec la morbidité potentielle (taux de complication inacceptable incluant érosion, infection, dyspareunie) et les coûts. – Niveau d’évidence III : il n’y a pas d’argument suffisant que le taux de récidive des prolapsus postérieurs soit réduit par les biomatériaux naturels mis par voie vaginale. Les recommandations de cette conférence sont : – Grade B : la mise en place par voie vaginale des prothèses permanentes pour la réparation des prolapsus a un faible rapport bénéfice/risque et donc l’utilisation de ces biomatériaux devrait seulement avoir lieu dans le cadre d’études cliniques avec approbation de comité d’éthique. – Grade D : l’usage en routine des biomatériaux synthétiques ou biologiques pour la réparation vaginale des prolapsus n’est pas suffisamment établi. Il faut comprendre que ces recommandations ne sont pas contre les biomatériaux de renfort, mais plaident pour une démarche scientifique et éthique. Il est regrettable de savoir que des femmes aient pu subir des complications sans être informées qu’elles faisaient l’objet de techniques non validées, sans évaluation préalable ni rigueur méthodologique. Ceci concerne autant les leaders débridés que les bricoleurs amateurs. Loin de freiner l’innovation, qui est un moteur fort en chirurgie, celle-ci devra avoir une démarche plus documentée, plus professionnelle. Une page nouvelle s’est ouverte dans le traitement des prolapsus par les biomatériaux, il faut y participer, mais correctement. Les indications préférentielles – Le renforcement tissulaire est préférentiel si les facteurs de pression vont persister (toux chronique, efforts sportifs, constipation opiniâtre) et/ou si la qualité tissulaire apparaı̂t déficiente (laxité et finesse vaginale de certains prolapsus largement extériorisés, récidive de cure sans renforcement, atrophie tissulaire de la sénescence). – La femme jeune est plus volontiers opérée par voie haute afin d’éviter une cicatrice vaginale mais les avantages de la voie vaginale doivent aussi être exposés. – Pour une cystocèle isolée voie basse: quel que soit le matériau, il doit recouvrir largement la paroi vaginale antérieure pour aller latéralement jusqu’au fascia pelvien, et au niveau médian aller de la région sous-cervicale au fond vaginal. Le maintien latéral doit être souple et orienté dans le plan du fascia, la voie transobturatrice est bien adaptée. Les arguments médicaux pour choisir entre un matériel synthétique ou biologique ne sont pas suffisamment établis, 34 les considérations économiques pèsent dans la décision. Toutefois, en cas de terrain exposé à des complications septiques, ou d’antécédent d’érosion ou d’infection vaginale, il est préférable d’opter pour le collagène. – Pour une correction large de plusieurs compartiments par voie basse : une grande plaque synthétique monobloc ou fragmentée a un coût nettement inférieur à celui d’un matériel biologique. La malade doit être informée du risque de rétraction fibreuse et d’érosion. – Pour la promontofixation voie haute, le risque septique et d’érosion est limité, le synthétique est le plus employé. Les arguments théoriques plaident autant pour le collagène que pour le synthétique. Perspectives Il est nécessaire d’obtenir des données sur l’efficacité et la morbidité avec un recul suffisant, si possible plus de 5 ans, idéalement sous forme d’études randomisées avec groupe contrôle, et sous forme d’évaluation suivie (registre d’une technique identique ou registre d’une technique évolutive type Tracker study). Bien que de réalisation difficile, il serait souhaitable de disposer aussi de données concernant le rapport coût/efficacité, y compris concernant la gestion des complications et récidives. La standardisation de la cotation anatomoclinique, un consensus sur les items d’évaluation des symptômes cliniques, sur les outils pour apprécier le retentissement fonctionnel et la qualité de vie doivent être développés. Il est souhaitable de déterminer la sélection la plus appropriée de patients et quel type de biomatériau utiliser. Pour cela les études doivent avoir une standardisation du geste chirurgical, dont les multiples variations nuisent à l’analyse de ce qui revient au biomatériau lui-même. En amont, une meilleure connaissance de la physiopathologie, des facteurs prédictifs de dégradation aiderait à élaborer un arbre de décision et à mieux informer les patients. La recherche de nouveaux biomatériaux dans le cahier des charges de la spécificité des prolapsus pelviens doit se poursuivre, ainsi que les travaux expérimentaux. Conclusion L’apport des biomatériaux de renfort pour le traitement des prolapsus urogénitaux est une possibilité pour diminuer la fréquence des récidives, mais son usage ne doit pas être systématique compte tenu de la morbidité à court terme de certains matériaux et de certaines voies d’abord. Des arguments permettent d’orienter les indications, mais la malade doit toujours être informée des avantages et conséquences possibles de ce type de chirurgie fonctionnelle. Il est important d’évaluer prospectivement le suivi des biomatériaux implantés et d’inciter au développement des registres qui idéalement devraient être systématiques. Une meilleure connaissance des facteurs prédictifs liés au malade et liés au matériau doit se poursuivre tout comme la recherche de nouveaux biomatériaux adaptés à la problématique du prolapsus. Références 1. Inglesia CB, Fenner DE, Brubacker L (1997) The use of mesh in gynecologic surgery. IntUrogynecol J 8: 105-15 2. Julian TM (1996) The efficacy of Marlex mesh in the repair of severe recurrent vaginalprolapse of the anterior midvaginal wall. Am J Obstet Gynecol 173: 1472-5 3. Baden WF, Walker TA (1972 Dec) Genesis of the vaginal profile: a correlated classification of vaginal relaxation. Clin Obstet Gynecol 15(4): 1048-54 4. Bump RC, Mattiasson A, Bo K, et al. (1996 Jul) The standardization of terminology of female pelvic organ prolapse and pelvic floor dysfunction. Am J Obstet Gynecol 175(1): 10-7 5. 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Mot clé : diverticule urétral Urethral diverticulum revealed by postmicturition incontinence Abstract: A case of urethral diverticulum revealed by postmicturition incontinence is reported. Transvaginal ultrasonography, cystography and pelvic MRI precise the diagnosis. Keyword: Urethral diverticulum Introduction Le diverticule de l’urètre est une pathologie rare de l’appareil urinaire féminin. Sa symptomatologie est polymorphe : incontinence urinaire, douleur périnéale, infections chroniques, dyspareunie ou signes urinaires irritatifs. Son diagnostic n’est donc pas toujours aisé et il y a souvent une longue errance diagnostique entre le début des troubles et le traitement du diverticule de l’urètre [1]. Beaucoup d’examens complémentaires peuvent aider le clinicien, mais tous n’ont pas la même rentabilité. Cette observation cherche à illustrer la difficulté du diagnostic du diverticule de l’urètre et à mettre en avant l’intérêt de l’IRM pelvienne dans le bilan de cette pathologie. Une bandelette sous-urétrale de type TVT a alors été mise en place. Dans les suites, aucune amélioration des symptômes, ce qui a amené la patiente a reconsulter sept mois plus tard. L’interrogatoire a alors retrouvé la présence des même fuites qu’avant l’intervention, qui semblent plutôt insensibles et prédominante en postmictionnel. L’examen clinique ne retrouve pas de défaut de la statique pelvienne, pas d’érosion de la bandelette mais la pression de l’urètre entraı̂ne une fuite d’urine. Le diagnostic évoqué est alors celui d’un diverticule de l’urètre. L’urétrocystoscopie est normale (pas d’érosion de la bandelette, pas de collet diverticulaire). L’échographie endovaginale montre une bandelette de TVT en place avec une image hydrique cloisonnée periurétrale. L’urètrocystographie rétrograde et mictionnelle montre la présence d’un diverticule postérieur de l’urètre dans sa partie moyenne (Fig. 1). Enfin, l’IRM pelvienne montre une formation kystique multicloisonnée de 21 mm siégeant sur la face postérieure de l’urètre confirmant ainsi le diagnostic de diverticule (Fig. 2-4). Présentation du cas Mme A, âgée de 56 ans, a consulté pour des fuites urinaires. Elle n’a pas d’antécédent particulier hormis deux accouchements par voie basse sans complication. Elle décrivait une incontinence urinaire d’effort survenant au décours des mictions. L’examen clinique a retrouvé une hyper mobilité cervico-urétrale avec une manœuvre d’Ulmsten positive et une manœuvre de Bonney négative. Le bilan urodynamique a montré une pression de clôture de 30 cm H2O, sans contraction détrusorienne désinhibée. Fig. 1. UCRM cliché postmictionnel 37 Discussion Fig. 2. IRM pelvienne. Coupe transversale pondérée en T2 Tout d’abord, on peut souligner ici l’intérêt de l’examen clinique et en particulier la palpation de l’urètre à la recherche d’une fuite d’urine pour le diagnostic positif de diverticule urétral. D’une part, on remarquera l’intérêt de l’imagerie et en particulier de l’IRM dans le diagnostic des pathologies urétrales et en particulier dans le diverticule de l’urètre [2, 4-6]. L’urétrocystographie rétrograde et mictionnelle sous-estime la taille ou la complexité des diverticules de l’urètre dans 52 % des cas. D’autre part, elle nécessite des manipulations qui peuvent être source de traumatisme urétral ou d’infection [2]. L’échographie transvaginale peut aussi être un examen rentable dans le diagnostic de pathologie urétrale [3]. L’IRM pelvienne est beaucoup plus performante pour définir l’anatomie et la complexité du diverticule, elle permet de préparer l’intervention chirurgicale d’autant plus que la reconstruction urétrale peut être difficile, en particulier en cas de diverticule circonférentiel [4]. L’IRM avec antenne endorectale ou endovaginale est plus performante en termes de détail que l’antenne externe [5] et doit être préférée. Conclusion Fig. 3. IRM pelvienne. Coupe transversale pondérée en T1 Le diverticule de l’urètre est une pathologie dont le diagnostic n’est pas simple. Méconnaı̂tre un diverticule de l’urètre chez une patiente se plaignant de fuite d’urine à l’effort peut conduire à réaliser des interventions chirurgicales inutiles voire dangereuses pour la patiente. Un bon examen clinique associé en cas de suspicion de diverticule à l’utilisation d’examens d’imagerie comme l’IRM pelvienne permettent de poser formellement le diagnostic et de préparer l’intervention chirurgicale avec tous les renseignements nécessaires. Références Fig. 4. IRM pelvienne. Coupe sagittale pondérée en T2 La patiente a ainsi pu bénéficier d’une résection de son diverticule postérieur de l’urètre, la bandelette sous-urétrale a été sectionnée lors de l’intervention. Les suites opératoires ont été sans problème. 1. Romanzi LJ, Groutz A, Blaivas JG (2000) Urethral diverticulum in women: Diverse presentations resulting in diagnostic delay and mismanagement. 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Obstet Gynecol 102(5 Pt 2): 1179-83 Pelvi-périnéologie (2006) 1: 38–40 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0004-1 CAS CLINIQUE / CLINICAL CASE Pandysautonomie aiguë pure (syndrome de Young et Adams) et troubles vésico-sphinctériens D. Lagauche 1 , F. Maurier 2 1 2 Service de Rééducation neurologique et d’Explorations périnéales, Hôpital Rotschild, 33, boulevard de Picpus, 75571 Paris cedex 12 Hôpital Sainte-Blandine, 3, rue Cambou, 57000 Metz Résumé : Nous rapportons le cas d’une jeune femme dont les troubles cardiovasculaires et urinaires font porter le diagnostic de pandysautonomie aiguë pure. Ceci est l’occasion de faire le point quant à la démarche diagnostique de cette pathologie et d’en décrire la symptomatologie urinaire. Mots clés : Dysautonomie – troubles vésico-sphinctériens Pure acute pandysautonomia and urinary symptomatology Abstract: We report the case of a young woman of which cardiovascular disorders and urinary makes carry the diagnosis of pure acute pandysautonomia. This is the occasion to take stock as for the diagnostic step of this pathology and to describe urinary symptomatology of it. Keywords: Pandysautonomy – urinary symptomatology Observation La patiente est âgée de 36 ans, enseignante ; elle a des antécédents : migraine, chirurgie de canal carpien et sur le plan familial, un frère schizophrène décédé brutalement en milieu hospitalier. Elle souffre depuis janvier 2005 d’une asthénie la confinant au lit. Le 24 mai 2005, elle est hospitalisée pour un tableau de tachycardie mesurée à 150 battements par minute avec discrète chute tensionnelle (100 mm/50 mm) de 15 mm par rapport à ses chiffres tensionnels habituels. L’examen clinique est sans anomalie tant sur le plan neurologique que cardiaque, digestif ou ORL à la recherche d’une compression du nerf vague. Le bilan biologique ne met en évidence aucun syndrome inflammatoire, aucune anomalie hépatique, rénale ou thyroı̈dienne. Le cortisol est mesuré dans les limites de la normale. L’imagerie cervico-thoracique, cérébrale ou abdominale est sans anomalie. Correspondance : [email protected] Un test d’inclinaison fait état d’une grande variabilité du rythme cardiaque qui passe de 80 à 162 battements par minute associée à une discrète chute tensionnelle, une asthénie intense et une sensation de froid (la température corporelle ne se modifie pas). Le test au froid met en évidence une inadaptation cardiovasculaire avec une baisse tensionnelle. La recherche de troubles vésico-sphinctériens met en évidence, chez cette patiente qui ne s’en plaignait pas, mais qui l’avait notée depuis quelques semaines, une dysurie majeure avec rétention incomplète bien confirmée par l’examen urodébimétrique (Fig. 1). L’exploration urodynamique réalisée sous monitoring tensionnel et rythmique ne met en évidence aucune modification cardiovasculaire tout au long du remplissage, aucune hyperactivité détrusorienne. Le besoin d’uriner est conservé (rapporté comme habituel pour 330 ml de remplissage) et la pression urétrale de clôture mesurée à 40 cm avec une grande variabilité lors de l’étude en capteur bloqué témoin d’une instabilité urétrale (Fig. 2). La recherche de xérophtalmie et xérostomie est positive. Une biopsie des glandes salivaires accessoires ne révèle aucune anomalie histologique. Le diagnostic de pandysautonomie aiguë pure ou syndrome de Young et Adams [1] est retenu. Aucun épisode viral précessif n’est retrouvé chez cette patiente où l’évolution semble plus subaiguë qu’aiguë. Le dosage des anticorps antirécepteurs nicotiniques ganglionnaires d’acétylcholine est négatif (positif dans 50 % des cas, surtout chez les patients souffrant d’une dysautonomie à médiation cholinergique prédominante [2]). Un traitement associant fludrocortisone, bétabloquant et tricyclique est débuté puis rapidement interrompu en raison d’une évolution favorable sur le plan cardiologique dès lors que seront pratiqués des autosondages urinaires. À quatre mois de cette hospitalisation, persiste un certain degré d’asthénie, une xérophtalmie et une dysurie (Fig. 3). 39 Débitmétrie Initiale#2 400 300 Vura ml 200 100 0 25 20 Qura ml/s 15 10 7,0 5 0 ST DM 25 s 01:15 QM FM 02:05 02:55 03:45 04:35 05:25 06:15 Fig. 1. Débimétrie urinaire chez une femme de 36 ans atteinte de dysautonomie aiguë Profilométrie Vessie 100 Pleine#2 80 Pura diff 60 cmH2O 40 20 0 80 60 Pura cmH2O 40 20 0 80 60 Pves cmH2O 40 20 0 40 mm ST Fig. 2. Étude sphinctérométrique urinaire chez une femme de 36 ans atteinte de dysautonomie aiguë. Instabilité urétrale lors de l’étude en capteur bloqué Discussion Les troubles vésico-sphinctériens sont connus au cours des dysautonomies, y compris au cours de la pandysautonomie aiguë pure ou syndrome de Young et Adams [1]. Ce sont le plus souvent des dysuries ou rétentions [3], comme ce que nous avons constaté chez notre patiente. Si la dysurie chez la femme pose toujours des problèmes diagnostiques étiologiques, dans cette observation, l’association de signes cardiovasculaires (tensionnels et rythmiques) et de signes ophtalmologiques (xérophtalmie) à une dysurie de survenue brutale évoque d’emblée une atteinte du système nerveux autonome. Dans ce cadre, chez une patiente jeune, l’apparition d’une dysautonomie subaiguë doit faire discuter plusieurs diagnostics. Une cause toxique médicamenteuse doit toujours être évoquée (cisplatine, vincristine, amiodarone, maléate de perhexiline) ou par des poisons industriels (thallium, mercure, hexacarbone). Le botulisme reste d’actualité, mais le mode de début subaigu, l’absence d’atteinte digestive ou de trouble de l’accommodation ne nous ont pas fait retenir ce diagnostic dans notre observation. La porphyrie aiguë peut être éliminée par le dosage de l’acide delta-aminolévulinique dans les urines. Une neuropathie autonome paranéoplasique (liée le plus souvent à un cancer bronchique à petites cellules) a pu être discutée chez notre patiente, mais la négativité de l’anticorps anti-Hu permet de ne pas retenir ce diagnostic. Enfin, un syndrome de Guillain-Barré n’a pas été retenu devant l’absence totale de signe neurologique périphérique. Sur le plan viral, les sérologies des mycoplasmes, chlamydiae, campylobacter, cytomégalovirus, mononucléose infectieuse étaient négatives. Seule est à noter une sérologie positive en IgG du virus Epstein Barr. Outre l’hypoactivité vésicale secondaire à une atteinte parasympathique, notre observation souligne l’implication du système nerveux autonome dans la régulation des pressions urétrales avec une instabilité manifeste du tonus sphinctérien. Ceci est à rapprocher de l’observation rapportée par Kirby [4], qui décrit une incompétence de l’urètre proximal chez un patient souffrant de pandysautonomie, alors qu’un patient souffrant de dysautonomie cholinergique pure en est indemne, faisant ainsi souligner aux auteurs l’influence sympathique dans le tonus urétral. Conclusion L’importance du système nerveux autonome dans le fonctionnement vésico-sphinctérien est bien souligné par cette observation où seul est impliqué le dysfonctionnement végétatif dans la genèse du trouble urinaire. Ces lésions végétatives pures responsables d’un dysfonctionnement urinaire (parfois méconnu par le patient, tel qu’une dysurie) demeurent rares. Le bilan en est nécessairement 40 Débitmétrie Initiale#2 600 500 400 Vura ml 300 200 100 0 25 20 Qura ml/s 16,3 15 10 5 0 7s ST DM 00:35 QM 00:49 01:03 01:17 FM 01:31 01:45 Fig. 3. Débimétrie urinaire chez une femme de 36 ans atteinte de dysautonomie aiguë, à 4 mois d’évolution complexe : bilans cardiovasculaire, ophtalmologique, neurologique, urologique et biologique. Les tests cardiovasculaires de la fonction autonome sont indispensables, de même que les explorations urodynamiques. Références 1. Young RR, Asbury AK, Adams RD, Corbett IL (1972) Pure autonomic neuropathy. Neurology 22: 251-5 2. Sandroni P, Vernino S, Klein CM, et al. (2004) idiopathic autonomic neuropathy: comparison of cases seropositive and seronegative for ganglionic acetylcholine receptor antibody. Arch Neurol 61: 44-8 3. Sakakibara R, Uchiyama T, Asahina M, et al. 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Désormais, elle est essayée dans d’autres troubles urologiques (instabilité vésicale idiopathique, dyssynergie fonctionnelle, hypertrophie bénigne de la prostate, cystite interstitielle) et périnéaux (anisme, vaginisme). Mots clés : Toxine botulique – Hyperactivité vésicale – Dyssynergie – Anisme Botulinum toxin and perineal disorders Abstract: Botulinum toxin (BT) is a novel and promising treatment for a variety of lower urinary tract dysfunctions and perineal disorders. Botulinum toxin was initially applied in the bladder of patients with spinal neurogenic detrusor overactivity and in cases of detrusor external sphincter dyssynergia. Now, application of botulinum toxin is extended to the treatment of other urological disorders including non-neurogenic detrusor overactivity, non-relaxing urethral sphincter, detrusor underactivity, benign prostatic hyperplasia, interstitial cystitis and other perineal disorders (anismus, vaginismus). Keywords: Botulinum toxin – Overactive bladder – Dyssynergia – Anismus Neurotoxines bactériennes produites par différentes espèces de bactéries anaérobies, le Clostridium, les toxines botuliques (TB) sont utilisées à des fins thérapeutiques depuis plusieurs années en tant que myorelaxants périphériques pour traiter de nombreuses affections liées à une hyperactivité musculaire (strabisme, blépharospasme, hémispasme facial, dystonie cervicale, spasticité, rides, hypersudation, bruxisme ). Leur utilisation est beaucoup plus récente en neuro-urologie, périnéologie et urologie : traitement des dyssynergies vésicosphinctériennes, désactivation des vessies hyperactives, traitement des fissures anales et de certaines dyschésies, vaginisme, hypertrophie bénigne prostatique, cystite interstitielle. TB et dyssynergies vesico-sphinctériennes La dyssynergie vésico-sphinctérienne (DVS) est un des troubles majeurs observés au cours des vessies neurogènes. Responsable d’un défaut de vidange vésicale, elle est définie comme une contraction involontaire (continue ou intermittente) du sphincter strié de l’urètre pendant la contraction du détrusor. La présence d’une DVS témoigne le plus souvent de lésions du système nerveux central de localisation subpontique et suprasacrée. Elle peut ainsi se rencontrer dans la plupart des atteintes médullaires ou du tronc cérébral. Extrêmement fréquente chez les blessés médullaires, elle est souvent observée dans la sclérose en plaques. Elle crée un obstacle fonctionnel à l’évacuation de l’urine, entraı̂nant cliniquement dysurie, rétention partielle ou totale et travail vésical excessif. L’excès de travail vésical anormal provoqué par les hyperpressions vésicales sur cet obstacle est source de complications du haut appareil urinaire : stases, dilatations urétérales, reflux vésico-rénal, déformations (trabéculations et diverticules) de la paroi vésicale. La rétention urinaire induite par cette mauvaise ouverture sphinctérienne favorise le développement d’infections du bas ou du haut appareil urinaire. Ces conséquences représentent une des causes importantes de morbidité et de mortalité chez les blessés médullaires et chez les patients atteints de sclérose en plaques. Son diagnostic est porté sur l’exploration urodynamique. Elle est caractérisée par la persistance ou le renforcement de l’activité électromyographique du sphincter strié de l’urètre lors de la contraction détrusorienne au cours d’une miction. Les traitements alpha-bloquants et antispastiques par voie orale ont souvent un effet modéré et décevant. L’autosondage intermittent est devenu le traitement de choix. Cette technique ne peut néanmoins être mise en place chez tous les patients tétraplégiques et chez certains patients atteints de sclérose en plaques en raison de l’existence de troubles moteurs, sensitifs ou de la coordination des membres supérieurs. Certains patients refusent également cette option thérapeutique et d’autres développent une 42 intolérance aux sondages à type d’hématurie ou de sténose urétrale. D’autres solutions ont été proposées : sphinctérotomie chirurgicale ou prothèse intra-urétrale. Plus récemment, une thérapeutique par la toxine botulique a été proposée [1-7]. L’utilisation princeps revient à Dykstra et al. [1, 2] qui, en 1988, ont injecté, chez onze patients blessés médullaires présentant une DVS, de la toxine botulique dans le sphincter strié urétral pour le dénerver et le relaxer. Depuis quinze ans, plusieurs travaux ont fait état de son utilisation et de son efficacité dans la DVS, avec diminution du résidu postmictionnel, diminution des pressions urétrales en urodynamique, diminution de la sévérité de la dyssynergie (diminution des pressions permictionelles). Seule la toxine botulique A a été pour l’instant utilisée. Le Botox® (Allergan) a été le plus souvent employé (100 UI Botox® dans 4 ml de solution saline à 0,9 %), l’injection se faisant préférentiellement sous repérage électromyographique du sphincter strié urétral. Les effets apparaissent en règle après quinze jours et durent trois à quatre mois. Peu d’effets indésirables ont été constatés (hématurie). TB et détrusor hyperactif Si la TB a été largement utilisée dans les muscles striés, peu d’indications existent concernant la musculature lisse. La première utilisation de la toxine dans le muscle lisse a été les achalasies du cardia et l’anisme. L’injection intradétrusorienne a été proposée par B. Schurch pour calmer les hyperactivités détrusoriennes rebelles aux anticholinergiques. En effet, nombre de vessies neurologiques, et tout particulièrement celles secondaires à une lésion médullaire ou à une sclérose en plaques, s’accompagnent d’une telle hyperactivité, définie par l’existence de contractions anarchiques non inhibées du détrusor pendant le remplissage vésical. Cette hyperactivité est secondaire d’une part à la libération de l’automatisme mictionnel par suppression de la volée inhibitrice encéphalique en raison de la lésion médullaire, et d’autre part à la réactivation de réflexes archaı̈ques médiés par des fibres non myélinisées de type C capsaı̈cine sensibles lors du traumatisme spinal. Caractérisée sur le plan urodynamique par des contractions non inhibées pendant la cystomanométrie, cette hyperactivité est souvent accessible à un traitement parasympathicolytique, les anticholinergiques permettant une stabilisation des contractions. Mais parfois ce traitement est inefficace ou le devient au fur et à mesure de l’évolution, faisant alors courir le risque d’hyperpression intravésicale, de reflux, de dégradation du haut appareil et, sur le plan fonctionnel, d’incontinence et de pollakiurie. La seule solution alternative reste alors soit la neuromodulation des racines sacrées, soit l’entérocystoplastie d’agrandissement. L’injection intradétrusorienne de toxine botulique (effectuée sous contrôle cystoscopique) permet de supprimer les contractions vésicales anarchiques, d’obtenir une désactivation pharmacologique de la vessie et, partant, de guérir les incontinences urinaires rebelles aux traitements usuels (anticholinergiques) [8, 9]. Sur le plan urodynamique, les contractions disparaissent, la capacité vésicale augmente et les pressions détrusoriennes diminuent. L’injection (3 x 100 UI Botox®) a pour effet d’entraı̂ner une rétention d’urines gérée alors par les autosondages. L’effet apparaı̂t en deux à trois semaines et dure de six à neuf mois. TB et autres indications périnéales Les injections de toxine botulique au niveau du périnée postérieur ont débuté vers la fin des années 1980. La première indication proposée fut la constipation terminale sévère liée à la contraction paradoxale du muscle pubo-rectal (anisme) lors des efforts de défécation [10-13]. Plusieurs autres études ont suivi, souvent ouvertes, parfois contre placebo, tant chez le malade fonctionnel que chez le patient porteur d’une sclérose en plaques ou d’une maladie de Parkinson [14], et récemment chez des patients combinant anisme et rectocèle [15]. L’efficacité de la toxine botulique dans le traitement des dyssynergies vésico-sphinctériennes et recto-anales (anisme) suggère son utilisation dans la prise en charge du vaginisme. En effet, celui ci est le fait d’une hypertonie musculaire rendant difficile ou impossible la pénétration. Récemment, deux études ont bien démontré l’excès d’activité musculaire tonique dans cette pathologie [16, 17]. Au cours d’une pénétration chez la femme atteinte de vaginisme, il existe une augmentation d’activité électromyographique des muscles bulbo-caverneux, pubo-rectaux, et des releveurs de l’anus, alors que chez la femme normale aucune modification du tonus de base n’est noté [18]. L’injection de TB dans les muscles bulbo-spongieux de sept femmes avec vaginisme a pu se montrer efficace. Désormais, la toxine botulique est aussi essayée dans le syndrome clinique d’hyperactivité vésicale non neurologique (instabilité vésicale idiopathique) en cas d’échec ou échappement aux traitements classiques que sont la rééducation périnéale, les anticholinergiques et la neuromodulation des racines sacrées. La première étude a été faite par Borkowski [19], avec de bons résultats illustrés par une augmentation de la capacité vésicale, une restauration de la continence et l’absence d’effets secondaires rapportés. Les études suivantes [20, 21] ont confirmé l’efficacité de cette technique dans cette indication, avec des doses moindres que dans les vessies neurogènes (200 UI Botox® en quarante sites) et avec environ 60 % d’amélioration (mais 20 % de rétention transitoire) évaluée sur des échelles de symptômes et de qualité de vie (UDI/IIQ). D’autres études sont désormais disponibles [22-25], faisant état de 80 % de succès clinique et urodynamique pour des doses allant de 100 à 300 UI Botox®, avec des taux de rétention de 5 %. 43 La toxine botulique est aussi utilisée dans les dyssynergies fonctionnelles [26, 27] avec des résultats contradictoires, qui témoignent parfois de peu d’efficacité [26] et d’un risque de fuites dans 50 % des cas, tandis que d’autres auteurs rapportent des succès [27-29] avec 94 % d’amélioration des rétentions pour des doses intrasphinctériennes de 80 à 100 UI Botox®. Mais les séries sont faibles (moins de douze patients) et nécessitent confirmation par de futures études. La toxine botulique commence aussi à être utilisée dans les hypertrophies prostatiques [29-32], avec comme rationnel physiopathologique une atrophie postinjection démontrée par les études histologiques [31]. En règle, les injections sont faites à l’aiguille, échoguidées, de 200 UI Botox® [29]. Les résultats [29] semblent probants, tant sur les scores cliniques (IPSS diminué de moitié) que sur les paramètres urodynamiques (augmentation du débit urinaire de 8,1 à 15,4 ml/s) et cliniques (diminution du résidu de 126 à 21 ml). Ces résultats ont pu être confirmés chez des patients résistants aux alpha-bloquants, auxquels ont été injectés 100 UI Botox® [30]. Enfin, un effet antinociceptif de la toxine botulique a pu être démontré [33], justifiant son essai dans les cas de cystite interstitielle rebelle aux traitements standard (hydrodistension). Les résultats sont bons (amélioration observée chez neuf patients sur treize) pour certains [33], moins évidents pour d’autres [34]. Chez des patients avec syndrome douloureux pelvien chronique (« prostatite chronique »), l’utilisation de toxine a pu déterminer une amélioration de la douleur et des troubles fonctionnels urinaires [32]. Sur le plan physiopathologique, le problème est posé du mécanisme d’action de la toxine, avec soit diminution d’une hypertonie musculaire génératrice d’un réflexe algogène, soit action antinociceptive par effet indirect sur les afférents sensitifs [33]. Conclusion L’utilisation de la toxine botulique a permis de renforcer l’arsenal thérapeutique en matière de prise en charge des hyperactivités vésicales rebelles et de traitement des dyssynergies urinaires ou anales. Reste désormais le problème de son utilisation à moyen et long terme, tant en terme d’efficacité que de coût. En dehors de ces indications princeps, bien reconnues et largement utilisées en pratique, reste aussi à connaı̂tre la place de la toxine botulique dans la prise en charge des hyperactivités vésicales idiopathiques, de l’hypertrophie prostatique et dans les syndromes douloureux pelviens et autres cystites interstitielles. Références 1. Dykstra DD, Sidi AA, Scott AB, et al. 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Si l’incontinence permanente, exceptionnelle, ou les fuites de selles sont les symptômes les plus invalidants pour les patients, le rétablissement d’un transit régulier permet le contrôle d’autres symptômes associés (spasticité des membres inférieurs, troubles urinaires). Les traitements sont symptomatiques, et calqués sur les médications proposées chez le blessé médullaire. Aucun de ces traitements n’a fait l’objet d’une étude montrant sa supériorité par rapport aux autres. Mots clés : Sclérose en plaques – Troubles du transit – Traitement Digestive and anorectal problems in multiple sclerosis Abstract: Digestive and anorectal problems are frequent among people with multiple sclerosis and are often under-estimated. Generally these problems consist in a slowing down of the bowel function or a rectal exoneration dysfunction. Permanent or exceptional incontinence or stool leakage are the symptoms that are the most disabling for patients and a recovery of a regular transit enables the control of other associated symptoms (urinary problems, spacticity of the lower limbs). Treatment is symptomatic and modelled on the proposed medication for medullary injury. None of these treatments studied have superiority over any other. Keywords: Multiple sclerosis – Bowel function – Treatment Les troubles digestifs et ano-rectaux chez les patients atteints de sclérose en plaques (SEP) n’ont fait l’objet que de très peu d’études dans la littérature [1-2]. En effet, leur symptomatologie est souvent non spécifique Correspondance : [email protected] (constipation), leurs complications vitales exceptionnelles et leur traitement limité. Leur dépistage est cependant indispensable car ils sont souvent liés aux troubles vésico-sphinctériens et ont un retentissement fonctionnel, psychologique et social majeur. Épidémiologie Les troubles de la fonction intestinale chez les patients atteints de SEP sont fréquents dans notre expérience. Chia et al. (1995) ont cependant rapporté que, parmi les 80 % de patients atteints de SEP et ayant des symptômes urinaires, seuls 2/3 présenteraient également un dysfonctionnement colique [3]. Il s’agissait d’incontinence fécale dans 51 % des cas et de constipation dans 43 % des cas pour Fowler [4], mais ces symptômes peuvent coexister [5]. Enfin, aucune corrélation n’était trouvée dans ces études entre l’existence des troubles digestifs et l’âge, le sexe ou la durée d’évolution de la SEP. Ces chiffres sont probablement sous-estimés, en tout cas en ce qui concerne la constipation. De nombreux patients relient en effet le ralentissement de leur transit à l’alimentation ou à leurs habitudes de vie, sans lien direct avec la maladie, et la plupart ne considère pas la constipation comme un dysfonctionnement, contrairement à l’incontinence, car moins gênante socialement. Dans notre expérience, les troubles digestifs et ano-rectaux ne sont jamais révélateurs de la SEP, ils sont toujours associés à une autre symptomatologie (troubles vésicosphinctériens et/ou moteurs) au premier plan. Il est cependant difficile de dater précisément le début de troubles digestifs comme la constipation, souvent décrite comme ancienne, voire « familiale », et dont l’origine peut être multiple (voir Physiopathologie). La survenue d’incontinence fécale est plus marquante et plus facile à dater, mais exceptionnellement rapportée de façon spontanée par le patient. Comme les troubles urinaires ou sexuels, les troubles digestifs et ano-rectaux restent un sujet « tabou » pour les patients comme pour les 46 médecins et seul un interrogatoire systématique peut éviter de les mésestimer. Physiopathologie La constipation peut être d’origine iatrogène, induite par les traitements symptomatiques de la maladie [6]. Citons, entre autres, les anticholinergiques pour les troubles urinaires (oxybutinine, chlorure de trospium) et certains antidépresseurs utilisés comme tels ou à visée antalgique (amitriptyline, clomipramine ). La restriction des apports hydriques, fréquente du fait des troubles urinaires associés, et la diminution d’exercice physique chez tous les patients aggravent les troubles. Le mécanisme principal est cependant la diminution de la motricité colique par atteinte du système nerveux autonome, avec une augmentation du temps de transit intestinal [6]. Elle peut être associée à des anomalies de la fonction rectale : troubles sensitifs du canal anal et de l’ampoule rectale, perturbations du contrôle volontaire de la défécation, dysfonctionnement par hypertonie des muscles du plancher pelvien et du sphincter externe [7], prolapsus sigmoı̈dorectal, hémorroı̈des, fissure anale. Enfin, des difficultés de transferts (passage du fauteuil roulant sur les toilettes) ou la peur des fuites fécales sous traitement peuvent être à l’origine d’une constipation « entretenue » par le patient. L’incontinence se manifeste le plus souvent par des fuites de selles incontrôlées, épisodiques, en rapport avec des troubles de l’exonération (défécation) s’apparentant à une constipation « permanente ». Elle est favorisée par l’hypoesthésie rectale [8]. L’incontinence fécale permanente n’est observée que chez des patients présentant une atteinte cognitive sévère, avec un comportement de type frontal (« urination »), les atteintes médullaires étant exceptionnellement complètes dans la SEP et n’occasionnant donc pas la « béance anale » classique de la paraplégie traumatique. Enfin, une dépendance importante pour les transferts (tierce personne) peut être à l’origine d’une incontinence, malgré une sensation de besoin et des possibilités de défécation volontaire conservées. Examen clinique L’interrogatoire est l’élément le plus important de l’examen. Il doit faire spécifier : les antécédents généraux et digestifs en particulier, le nombre de selles par semaine, l’existence d’une sensation de besoin (conservée, diminuée) et de fuites fécales, le port de couches ou la limitation des sorties en rapport avec les troubles, la quantification des apports hydriques journaliers, le régime alimentaire, les traitements médicamenteux passés et actuels (et leur échec ou réussite), les troubles associés (hémorroı̈des, fissures anale, urinaires, spasticité). Les troubles cognitifs, le statut fonctionnel (marche, verticalisation, transferts) et les conditions de vie (accessibilité des toilettes, tierce personne, vie en institution) doivent également être précisés. L’examen neurologique quantifie la spasticité éventuelle des membres inférieurs, et plus particulièrement des muscles adducteurs des cuisses. Les troubles urinaires et fécaux sont en effet une épine irritative de la spasticité, et leur traitement permet la plupart du temps le contrôle de la spasticité en dehors de toute autre prise en charge spécifique. La palpation abdominale recherche un météorisme abdominal, une masse abdominale, une sensibilité en cadre, une rétention urinaire (globe vésical). L’examen périnéal recherche des éléments attestant la préservation des centres sacrés : sensibilité périnéale (S2 : face postérieure de cuisse, S3 : fesse, S4 : marge anale, S5 : triangle post-anal), réflexes du cône médullaire (réflexe bulbo-anal, réflexe anal à la piqûre, à la toux et à l’étirement). Le toucher rectal précise le tonus anal, la vacuité ou non de l’ampoule rectale, et vérifie l’absence d’hémorroı̈des, de fissure anale, de prolapsus. Examens complémentaires Ils sont non spécifiques. La radiographie d’abdomen sans préparation de face et de profil debout (ou en décubitus latéral couché) est l’examen le plus courant : elle permet de visualiser un fécalome haut situé et d’éventuels niveaux hydro-aériques en faveur d’un syndrome occlusif (contreindiquant l’emploi de certains laxatifs). La manométrie intra-rectale est exceptionnellement réalisée et plutôt réservée aux troubles du transit réfractaires aux traitements classiques. De même, la coloscopie est réalisée en cas de suspicion de pathologie colique associée (hémorragie digestive, anémie ferriprive sans point d’appel). Traitements Il n’existe aucune étude spécifique publiée sur la prise en charge des troubles du transit dans la SEP [1-2]. Les pratiques cliniques habituelles sont symptomatiques, non spécifiques et limitées [9]. Aucune étude n’ayant comparé les différents produits disponibles entre eux, l’utilisation de ces produits reste empirique. Des apports hydriques minimaux de 1,5 litre par jour sont recommandés aux patient, associés à des mesures diététiques simples (verre d’eau glacée le matin à jeun, jus d’oranges, pruneaux, régime riche en fibres pour traiter la constipation). La réalisation régulière de massages en cadre (colon droit/transverse/colon gauche) permet une régularisation naturelle du transit. Pour les patients atteints de SEP et ne marchant plus, la verticalisation sur appareil de verticalisation de façon pluri-hebdomadaire permet une amélioration du transit (en plus de ses effets positifs sur les troubles urinaires, 47 l’ostéoporose et son effet psychologique). La régularisation du transit passe par la prise quotidienne de laxatifs : le lactulose occasionne des flatulences et on lui préfère les mucilages type laxatif de lest (ispaghul – Spagulax®) ou laxatif osmotique (macrogol – Forlax®), mais ils nécessitent pour être efficaces une diurèse abondante (sinon ils occasionnent des fécalomes). Les accélérateurs de transit type séné (X-prep®) ou cascara (Péristaltine®) sont réservés à un traitement occasionnel de la constipation opiniâtre et ne peuvent être administrés qu’après avoir éliminé une contre-indication (syndrome occlusif, pathologie cardiaque pour le cascara, laxatif stimulant anthroquinonique). Enfin, le cannabis n’a pas montré d’efficacité sur la régularisation du transit [10]. Pour éviter les épisodes d’incontinence, l’évacuation rectale est indispensable. À l’évacuation au doigt (traumatique, souvent à l’origine de lésions locales), on préfère l’utilisation d’un suppositoire à dégagement gazeux (type Eductyl®) à heure fixe, si possible après un repas (potentialisation de l’effet par le réflexe gastrocolique), qui permet une évacuation « mécanique » dix à trente minutes après la mise du suppositoire. Les minilavements (Microlax®, Norgalax®, Normacol®) peuvent également être utilisés, mais ils sont plus agressifs pour la muqueuse et ils doivent être d’utilisation limitée au traitement occasionnel d’une constipation opiniâtre. Les suppositoires de paraffine (et les produits huileux en général) sont peu utilisés car souvent mal tolérés du fait des risques de fuites fécales. De façon ponctuelle, la lopéramide ou les anticholinergiques peuvent être utilisés [11]. Chez des patients ayant un handicap modéré et une forme de maladie peu évolutive, Wiesel et al. (2000) rapportent un bénéfice d’une approche comportementaliste par biofeedback dans un groupe de treize patients [12]. L’utilisation de tampons obturateurs anaux doit être réservée à des situations exceptionnelles (piscine par exemple) et ils sont peu prescrits chez nos patients SEP ; il est en effet « tentant » de se satisfaire d’un tel système « anti-fuites » et de négliger la régulation indispensable du transit. Enfin, il ne faut pas négliger la prise en charge des hémorroı̈des (traitement local médicamenteux ou chirugical), des fissures anales, d’une éventuelle pathologie colique (néoplasie, maladie de Crohn) et des troubles vésicosphinctériens associés. L’amélioration des capacités fonctionnelles du patient (transferts autonomes), l’adaptation et la mise en place d’aides humaines au domicile peuvent également régler tout ou partie des troubles ano-rectaux et améliorer la qualité de vie des patients. Conclusion Les troubles digestifs et ano-rectaux sont fréquents dans la sclérose en plaques, mais souvent sous-estimés. Contrairement aux troubles urinaires, ils ont fait l’objet de très peu d’études, probablement du fait de leur habituelle absence de complications vitales. Leur impact psychologique, social et fonctionnel est cependant à prendre en compte par une écoute plus attentive des professionnels. Les traitements utilisés sont symptomatiques, empiriques, aucun n’ayant fait la preuve de sa supériorité par rapport aux autres. Des études cliniques, détaillant les troubles ano-rectaux présentés par ces patients, couplées à des explorations électrophysiologiques (manométrie, électromyogramme) pourraient permettre de mieux définir la physiologie de ces troubles et d’envisager de nouvelles approches thérapeutiques (neuro-stimulation). Références 1. Joseph PA, de Sèze M (2001) Les troubles génitosphinctériens. Rev Neurol 157, 8-9: 1051-9 2. Lebrun C (2001) Indications thérapeutiques à visée symptomatique des troubles vésico-sphinctériens dans la sclérose en plaques. Rev Neurol 157, 8-9: 1060-5 3. Chia YW, Fowler CJ, Kamm MA et al. (1995) Prevalence of bowel dysfunction in patients with multiple sclerosis and bladder dysfunction. J Neurol 242: 105-8 4. Fowler CJ (1997) The cause and management of bladder, sexual and bowel symptoms in multiple sclerosis. 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Soudan, M. Ziegler Résumé : La maladie de Parkinson est une maladie dégénérative de la voie dopaminergique nigro-striée. Les troubles du transit intestinal et les difficultés d’évacuation ont une prévalence pouvant aller jusqu’à 70 ou 80 % dans certaines séries. Classiquement, ils évoluent parallèlement à la sévérité du syndrome moteur, mais, longtemps méconnus, ils peuvent apparaitre précocement dans la maladie. Leur expression est modulée par le traitement de la maladie de Parkinson elle-même. La constipation de transit s’explique par une atteinte des plexus myentériques par le processus dégénératif (présence de corps de Lewy). Leur prise en charge fait appel aux modifications diététiques, aux laxatifs qui doivent être administrés précocement et dont l’usage améliore l’absorption de la DOPA et le contrôle du syndrome moteur. Des modificateurs de la motricité digestive ont un effet documenté de diminution du temps de transit, mais celui-ci s’estompe avec le temps. Les troubles de la défécation sont dominés par la dyschésie. Celle-ci s’explique par la disparition des contractions rectales, une poussée abdominale inefficace et une contraction musculaire sphinctérienne paradoxale lors de la poussée. La prise en charge de cette dyschésie est difficile, elle dépend essentiellement du traitement de fond de la maladie motrice (effet on/off ). Des succès ont été décrits après injection de toxine botulique dans le sphincter strié anal. Mots clés : Maladie de Parkinson – Constipation – Temps de transit colique – Dyschésie. Constipation and defecatory dysfunction in Parkinson’s disease Abstract: Parkinson’s Disease (PD) is a degeneration of the nigrostriated pathways. Prevalence of impaired colonic transit and defecatory dysfunction is as much as 70% in some surveys. These disorders usually develop parallel to the motor symptoms. Often misdiagnosed, they can appear early in the disease. Their clinical manifestations depend on the treatment of the PD itself. Transit constipation (slow colonic transit) is due to involvement of the myenteric plexus by the degenerative process (presence of Loewy Correspondance : [email protected] bodies). Dietetic rules and laxatives are to be used early in the course of PD and their use improves absorption of L.DOPA and the control of the motor symptoms. Digestive prokinetics agents have a proven effect on colonic transit time but their effectiveness decreases with time. Dyschesia is the most important feature of defecation impairment. Dyschsia is due to the loss of rectal contraction, impaired abdominal straining, and paradoxical contraction of the striated sphincter during straining. It is very difficult to treat and it depends mainly on the treatment of PD’s ‘‘On-Off’’ periods. An injection of botulinum toxin in the striated sphincter has been successful. Keywords: Parkinson’s disease – Constipation – Colonic transit time – Dyschesia Dès 1817, Parkinson avait décrit les troubles du transit et de la défécation dans l’observation princeps de la maladie qui porte son nom. Cependant, ces symptômes digestifs ne furent l’objet d’études plus précises qu’à partir des années 1980. Maladie de Parkinson : cadre nosologique Les signes moteurs caractéristiques de la maladie de Parkinson idiopathique (MPI), le tremblement, l’akinésie et l’hypertonie, sont sous la dépendance d’une atteinte progressive de la voie dopaminergique nigro-striée, située à la base du cerveau. Ceci se vérifie surtout au début de la maladie, car, en évoluant, la maladie de Parkinson s’enrichit de nouveaux symptômes, moteurs, comme l’instabilité posturale, et non moteurs. Ces derniers se regroupent en deux familles : des troubles psychiques (hallucinations, confusion, démence ) et des troubles neurovégétatifs (urinaires, digestifs, tensionnels, salivaires ). On explique leur survenue, généralement décalée de quelques années par rapport au début de la maladie, par la dissémination des lésions à d’autres structures du système nerveux central et périphérique (SNA). Des lésions histologiques, avec présence de corps de Lewy (inclusions intracytoplasmiques qui signent la MPI), sont retrouvées 50 dans l’hypothalamus, le locus coeruleus, le noyau dorsal du vague, la colonne intermédio-latéralis de la moelle, les ganglions sympathiques des plexus myentériques et bien d’autres structures. Par ailleurs, le déficit en dopamine, s’il prédomine largement, n’est pas seul en cause, car l’on retrouve dans certaines structures du système nerveux un déficit en acétylcholine, sérotonine, adrénaline, opioı̈de, vaso-intestinal peptide (VIP) Ainsi, la diversité des lésions, dans leur topographie et leur nature, induit la diversité clinique. La dysautonomie, qui touche la plupart des patients parkinsoniens, fait ainsi partie des signes tardifs, comme les chutes ou les troubles cognitifs, et reste presque toujours au second plan, après les signes moteurs. Elle contribue plus à l’inconfort qu’au handicap du patient. Ce n’est pas le cas des autres syndromes parkinsoniens dégénératifs, en particulier les multisystem atrophy (MSA), au cours desquelles la dysautonomie est précoce, voire inaugurale, et représente souvent le problème majeur, devançant les difficultés motrices. Ces syndromes parkinsoniens, qui représentent 20 à 25 % des patients parkinsoniens, connaissent une évolution plus rapide, car la sensibilité aux traitements est moindre, transitoire ou inexistante. Nous distinguerons les troubles du transit colique et les troubles de l’exonération, malgré leurs fréquentes association et interrelations : dans une étude prospective, 50 % des constipés ont des tests d’évacuation perturbés et 60 % des dyschésiques ont un temps de transit colique allongé [1]. La constipation de transit (< 1 selle tous les 3 jours) La première étude portant sur les symptômes digestifs au cours de la MPI rapporte une prévalence de 29 % pour la constipation et de 69 % pour les troubles de la défécation [2]. La constipation de transit toucherait jusqu’à 80 % des patients dans certaines séries et serait en règle deux à trois fois plus fréquente chez les patients que chez les témoins [3]. Les effets secondaires des traitements, les difficultés de mastication, la réduction de la mobilité ont longtemps été tenus pour seuls responsables de la constipation dans la MPI. La constipation de transit traduit également le dysfonctionnement du SNA, conséquence à la fois d’une atteinte centrale (hypothalamus, noyau du locus coeruleus, du nerf dorsal du vague, colonne intermedio-lateralis) et d’une atteinte périphérique. La présence de corps de Lewy dans le système nerveux entérique, plus précisément dans les plexus sous-muqueux, est bien documentée, signant l’atteinte organique digestive par le processus dégénératif [4]. Des études en immunohistochimie ont révélé la diminution importante des neurones dopaminergiques dans les plexus myentériques en cas de MPI [5]. Le transit colique global et le temps de transit segmentaire gauche mesurés par marqueurs radio opaques sont augmentés dans toutes les études [6, 7]. La sévérité de la constipation semble corrélée à la sévérité et à l’ancienneté de la MP [6]. Cependant, une étude prospective fait suspecter que la constipation pourrait précéder de longtemps l’apparition des signes moteurs [8]. Le traitement de la constipation doit commencer par le respect des principes diététiques. La ration d’eau et de fibres alimentaires doit être maintenue, malgré la dysphagie et les troubles de la vidange gastrique [2]. Il existe une relation entre l’amélioration de la constipation par un régime riche en fibres et l’augmentation de la biodisponibilité de la L-Dopa, laquelle améliore les troubles moteurs [9], autorisant ainsi une vidange rectale plus aisée. Le psyllium permet, sans modifier le TTC, d’augmenter la fréquence et le poids des selles [10]. Tous les laxatifs peuvent être utilisés, en particulier les polyéthylène glycols (PEG) [11], de même que des lavements évacuateurs. Cependant, l’effet de ces traitements symptomatiques est parfois insuffisant ou mal supporté s’ils coexistent avec des troubles de la défécation. Les prokinétiques, largement utilisés dans la gastroparésie de la MP, ont été testés dans la constipation. Le cisapride, contre-indiqué en cas de troubles du rythme cardiaque, prescrit à la dose de 5 mg deux fois par jour, permet une accélération objective du temps de transit colique [12]. Il optimise également la biodisponibilité des antiparkinsoniens par son action sur la vidange gastrique [13], mais son efficacité diminue avec le temps [14]. La pyridostigmine (60 mg : 2 à 3 fois par jour) peut également être utilisée. Plus récemment, le citrate de mosapride (agoniste 5-HT4 et antagoniste partiel 5-HT3) s’est révélé efficace dans le traitement de la constipation du parkinsonien [15]. Malheureusement, cette molécule de la famille du cisapride, comme le tegaserod, n’est pas disponible en France. La dyschésie La défécation est un acte qui fait appel à une activité volontaire et à une activité automatique. À ce titre, elle est très souvent perturbée au cours de la MPI. Les premières études manométriques ano-rectales identifiaient deux éléments différenciant les patients MPI des constipations idiopathiques et des contrôles : un déficit de contraction volontaire (qui est phasique, sans possibilité de maintenir une pression en plateau) et une réponse anormale à la distension rectale, où le réflexe recto-anal inhibiteur est remplacé par une contraction phasique du sphincter externe et/ou du pubo-rectal [16, 17]. Cette dernière anomalie peut expliquer la dyschésie. Non spécifique de la MPI, elle est retrouvée selon les études avec une fréquence de 20 % à 60 %. Elle peut être modifiée par les fluctuations d’efficacité du traitement [18], certains patients ne parvenant à vider leur rectum qu’en période on. En outre ont été retrouvées, en plus de la dyssynergie, une moindre efficacité de la manœuvre de Valsalva et de la toux sur l’augmentation de la pression rectale et une moindre amplitude des contractions rectales spontanées, avec pour conséquence la présence d’un résidu stercoral significatif chez tous chez les 51 patients atteints de MPI (vs témoins) [7]. En revanche, il n’est pas retrouvé de troubles de la sensibilité rectale à la distension, ni de troubles du tonus, ni de troubles de la compliance rectale chez les patients atteints de MPI (vs témoins) [1, 17]. La prise en charge des troubles de la défécation au cours de la MP est complexe : les laxatifs classiques ne résolvent pas la dyssynergie, mais ils peuvent en atténuer les conséquences. La rééducation de la dyssynergie parait ici illusoire en raison des difficultés de contrôle, cependant elle n’a jamais été évaluée. La dyssynergie est améliorée, dans une courte série, par l’injection d’apomorphine (agoniste dopaminergique) [19]. L’amélioration symptomatique [20] par une double injection de toxine botulique dans l’appareil sphinctérien anal est liée à l’ouverture de l’angle ano-rectal et à la diminution de la pression anale à la poussée [21]. Enfin, les troubles de la défécation, chez la majorité des patients, sont sensibles aux fluctuations on/off. L’optimisation du traitement des troubles moteurs fait donc partie du traitement de la dyschésie [18], car elle contribue à restaurer la qualité de vie. L’intervention de Malone (appendicostomie et lavements antérogrades) n’est mentionnée dans aucune publication sur la MPI. Une seule étude a comparé les performances manométriques des patients souffrant de MPI et de MSA [22] : il n’a pas été trouvé de différence significative, même si les signes ano-rectaux sont plus sévères, plus souvent associés à une incontinence fécale et à des signes urinaires dans la MSA que dans la MPI. Conclusion Les troubles du transit et de la défécation doivent être recherchés précocement dans la MPI, tant ils affectent la qualité de vie des patients [23]. Une surveillance clinique prospective des patients doit permettre, par une attitude préventive, d’éviter la constitution à bas bruit d’un mégacôlon ou d’un volvulus. L’utilisation des PEG (efficaces dans les constipations non organiques) doit être précoce. Les données de la littérature témoignent de l’efficacité modérée du psyllium et de l’efficacité temporaire du cisapride dans la constipation de transit de la MPI. La régularisation du transit permet en outre l’amélioration de la disponibilité du traitement de fond de la MPI. La prise en charge des troubles de la défécation passe par l’optimisation du traitement de fond de la maladie, la défécation n’étant possible le plus souvent qu’en période on. Le recours à la toxine botulique est exceptionnel. Références 1. Edwards LL, Quigley EM, Harned RK, et al. (1994) Characterization of swallowing and defecation in Parkinson’s disease. Am J Gastroenterol 89: 15-25 2. Edwards LL, Pfeiffer RF, Quigley EM, et al. (1991) Gastrointestinal symptoms in Parkinson’s disease. Mov Disord 6: 151-6 3. Pfeiffer RF (2003) Gastrointestinal dysfunction in Parkinson’s disease. Lancet Neurol 2: 107-16 4. Kupsky WJ, Grimes MM, Sweeting J, et al. (1987) Parkinson’s disease and megacolon: concentric hyaline inclusions (Lewy bodies) in enteric ganglion cells. Neurology 37: 1253-5 5. Singaram C, Ashraf W, Gaumnitz EA, et al. 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Mov Disord 15: 71-6 23. Sakakibara R, Shinotoh H, Uchiyama T, et al. (2001) Questionnaire-based assessment of pelvic organ dysfunction in Parkinson’s disease. Auton Neurosci 92: 76-85 16/02/06 9:43 FORMES et PRÉSENTATIONS : Gélule contenant des microgranules à libération prolongée. Boîte de 30. COMPOSITION : Métoclopramide (DCI) chlorhydrate : 15 mg par gélule. Excipient à effet notoire : saccharose. INDICATIONS : - Manifestations dyspeptiques pouvant être liées à un trouble de la motricité digestive. - Traitement symptomatique des nausées et vomissements. - Préparations à certaines explorations du tube digestif. POSOLOGIE et MODE D’ADMINISTRATION : RÉSERVÉ A L'ADULTE. 2 gélules par jour. Coût du traitement journalier : 0,295 e. CONTRE-INDICATIONS : Ce médicament NE DOIT PAS ÊTRE UTILISÉ dans les situations suivantes : - hypersensibilité au métoclopramide ou à l'un de ses composants, - lorsque la stimulation de la motricité gastro-intestinale présente un danger : en cas d’hémorragie gastrointestinale, d’obstruction mécanique ou de perforation digestive, - chez les personnes ayant présenté précédemment une dyskinésie aux neuroleptiques ou au métoclopramide, - chez les porteurs, connus ou suspectés, de phéochromocytome (sauf comme test d'épreuve) ; des accidents hypertensifs graves ayant été signalés chez ces patients avec des médicaments antidopaminergiques dont certains benzamides, - en association avec les médicaments contenant de la lévodopa ainsi que les agonistes dopaminergiques (cf. chapitre Interactions avec d'autres médicaments et autres formes d'interactions). Ce médicament EST GÉNERALEMENT DÉCONSEILLÉ en association avec l'alcool et médicaments en contenant (cf. chapitre Interactions avec d'autres médicaments et autres formes d'interactions). MISES EN GARDE et PRÉCAUTIONS D'EMPLOI : Des effets indésirables neurologiques peuvent apparaître. En cas de vomissements, respecter l'intervalle de prise. En cas de vomissements abondants, il faut prévenir le risque de déshydratation. Présence de saccharose. Ne pas utiliser ce médicament chez les sujets épileptiques. En cas d'insuffisance rénale ou hépatique réduire la posologie. INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES : Associations contre-indiquées : + Lévodopa ainsi que les agonistes dopaminergiques (amantadine, apomorphine, bromocriptine, cabergoline, entacapone, lisuride, pergolide, piribédil, pramipexole, quinagolide, ropinirole). Antagonisme réciproque de la lévodopa, des agonistes dopaminergiques et des neuroleptiques. Utiliser un antiémétique dénué d’effets extrapyramidaux. Associations déconseillées : + Alcool : Majoration par l’alcool de l’effet sédatif des neuroleptiques. L’altération de la vigilance peut rendre dangereuses la conduite de véhicules et l’utilisation de machines. Éviter la prise de boissons alcoolisées et de médicaments contenant de l’alcool. Associations à prendre en compte : + Antihypertenseurs : Effet antihypertenseur et risque d’hypotension orthostatique majoré (effet additif). + Autres dépresseurs du SNC : dérivés morphiniques (analgésiques, antitussifs et traitements de substitution) ; barbituriques ; benzodiazépines ; anxiolytiques autres que benzodiazépines ; hypnotiques ; antidépresseurs sédatifs ; antihistaminiques H1 sédatifs ; antihypertenseurs centraux ; baclofène ; thalidomide. Majoration de la dépression centrale. L’altération de la vigilance peut rendre dangereuses la conduite de véhicules et l’utilisation de machines. GROSSESSE et ALLAITEMENT : Grossesse : L'utilisation du métoclopramide ne doit être envisagée au cours de la grossesse que si nécessaire. Limiter les doses et les durées de prescription pendant la grossesse. En cas de traitement prolongé et/ou à doses élevées et/ou proche du terme, observer une période de surveillance des fonctions neurologiques du nouveau-né. Allaitement : L'allaitement est possible si la prise de ce médicament reste ponctuelle et que le nouveau-né est à terme et en bonne santé. CONDUITE et UTILISATION DE MACHINES : Risques de somnolence. EFFETS INDÉSIRABLES : Somnolence, lassitude, vertiges, plus rarement céphalées, insomnie, diarrhée et gaz intestinaux, hypotension, sudation modérée. Rares effets endocriniens (aménorrhée, galactorrhée), observés en traitement prolongé. Quelques cas de tendance dépressive ont été signalés. Symptômes extrapyramidaux pouvant survenir particulièrement chez l’enfant et l’adulte jeune : il s'agit de dystonies aiguës pouvant se manifester par des mouvements anormaux de la tête et du cou (spasmes faciaux, trismus, crises oculogyres, révulsion oculaire, protrusion de la langue, difficultés de déglutition, dysarthrie, torticolis), une hypertonie généralisée, voire un opisthotonos. Ces réactions surviennent, en général, en début de traitement, entre 1 à 3 heures après la dernière prise. Elles peuvent apparaître après une seule administration. En cas d'apparition de ces symptômes extrapyramidaux, il convient d'arrêter le métoclopramide. Ces effets sont, en général, complètement réversibles après l'arrêt du traitement, mais peuvent nécessiter un traitement symptomatique. Au cours de cures prolongées, en particulier chez le sujet âgé, des dyskinésies tardives peuvent être exceptionnellement observées. Chez le nouveau-né, des cas de méthémoglobinémie ont été signalés pour des posologies supérieures à 0,5 mg/kg/24 heures ou à 0,1 mg/kg/prise (voir Surdosage). SURDOSAGE : Troubles de conscience modérés ou un syndrome extrapyramidal peuvent s’observer. Conduite à tenir en cas de symptômes extra-pyramidaux et en cas de méthémoglobinémie : voir RCP. PHARMACODYNAMIE : Stimulant de la motricité intestinale. PHARMACOCINETIQUE : Le métoclopramide est largement distribué dans les tissus. Il se fixe peu aux protéines plasmatiques. Il passe à travers le placenta et dans le lait. Les microgranules à libération prolongée permettent par rapport à la forme galénique classique : - d'obtenir des concentrations maximales plus basses et atteintes en des temps plus tardifs ; - de maintenir 12 heures après la prise des concentrations plasmatiques de métoclopramide supérieures à 50 %. Le métoclopramide est peu métabolisé. Le métoclopramide est principalement éliminé dans les urines. La demi-vie d'élimination est de 5 à 6 heures. LISTE II. AMM 329 758.4 (1987). PRIX : 4,43 e. Remb. Séc. Soc. à 35 %. Collect. AUTRES INFORMATIONS : VOIR RCP. Laboratoires TECHNI-PHARMA, 7 rue de l’Industrie - BP 717 MC 98014 MONACO - Tél. : 00 377 92 05 75 10. Page 1 Prokinyl LP ® Métoclopramide DYSPEPSIE, NAUSÉES ET VOMISSEMENTS DIGESTION PROGRAMMÉE 10/2005 - Crédit photo : GettyImages AP Prokinyl 210x277 02-06 1 gélule à libération prolongée le matin 1 gélule à libération prolongée le soir Pelvi-périnéologie (2006) 1: 53–57 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0009-9 DOSSIER THÉMATIQUE / THEMATIC FILE Prise en charge des troubles colorectaux du blessé médullaire J.M. Soler Médecine physique et réadaptation, laboratoire d’urodynamique et de sexologie Centre Docteur Bouffard-Vercelli, Cap Peyrefite, 66290 Cerbère Résumé : Le traumatisme médullaire entraı̂ne inévitablement, à des degrés divers, des dysfonctionnements colorectaux, comme il génère des troubles vésico-sphinctériens et sexuels. La constipation de transit est fréquente et même constante pour la majorité des auteurs. Elle serait secondaire aux lésions neurologiques, à l’alitement prolongé et aux modifications du rythme de vie. L’incontinence intéresse 13 à 60 % des blessés médullaires selon les études. Les difficultés d’exonération sont quasiment constantes. Les dysfonctionnements colorectaux sont à l’origine de complications locales multiples (ballonnement du cadre colique, fécalomes, hémorroı̈des, prolapsus rectaux) qui contribuent à l’altération de la qualité de vie. L’évaluation des troubles colorectaux, essentiellement clinique (interrogatoire précis, catalogue d’exonération, examen neurologique), s’appuie sur deux examens complémentaires simples : l’étude du temps de transit colique et la manométrie ano-rectale. L’objectif principal de la prise en charge des troubles colorectaux est d’obtenir une continence anale fondée sur un transit colique équilibré et un rythme de défécation adapté, en évitant l’utilisation de traitements pharmacologiques agressifs. La réorganisation de l’équilibre colorectal est longue et difficile, les résultats sont cependant très satisfaisants si on instaure un équilibre du temps de transit colique et un rythme adapté d’exonération. Cette prise en charge est souvent longue et difficile, et elle nécessite une disponibilité, une formation et une information du personnel soignant et du patient. Mots clés : Blessés médullaires – Constipation de transit – Incontinence fécale – Difficultés d’exonération Anorectal disorders in spinal cord injury patients Abstract: Urinary, colorectal and sexual disorders are constant symptoms in spinal cord injury (SCI). Transit constipation is very common and due to specific neurologic lesion, confinement to bed and way of life modifications. Fecal incontinence is observed in 13 to 60% of SCI patients and distal constipation is constant. Correspondance : [email protected] Anorectal disorders can lead to various complications (swelling, stool impaction, fecaloma, hemorrhoids, rectal prolapse), contributing to an alteration of quality of life. Anorectal evaluation is founded on clinical examination, anorectal manometry and gastrointestinal transit time. The goal of anorectal disorders management in SCI patients is to obtain a complete continence with a wellbalanced gastrointestinal transit, a periodic feces evacuation without agressive drugs. The results of this treatment are good in many cases but require availability and specific formation of nursing team. Keywords: Spinal cord injury – Constipation – Fecal incontinence – Anorectal dyschesia Le traumatisme médullaire entraı̂ne inévitablement, à des degrés divers, des dysfonctionnements colorectaux, comme il génère des troubles vésico-sphinctériens et sexuels. Le fonctionnement de l’appareil colorectal est sous contrôle neurologique : les différents centres de l’organisation sont supraspinaux et spinaux. Les troubles colorectaux constituent une préoccupation majeure pour les blessés médullaires : ils sont à l’origine de nombreuses complications et peuvent détériorer considérablement leur qualité de vie. La restitution d’une continence anale implique le rétablissement de l’équilibre du transit colique associé à une technique d’exonération adaptée aux possibilités fonctionnelles du patient. Innervation : rappel (Fig. 1) L’innervation colique est double : intrinsèque et extrinsèque [22, 37]. L’innervation intrinsèque est constituée de plexus situés dans les couches musculaires et sous-muqueuses (Messmer et Auerbach), reliés entre eux par des filets de fibres sensitives et motrices. Ce système autonome assure à lui seul une partie de l’activité colique après section de l’innervation extrinsèque. L’innervation extrinsèque comprend un système supraspinal d’organisation et de coordination, localisé 54 essentiellement dans le tronc et le cortex cérébraux, l’hypothalamus et le système limbique. Les centres végétatifs et corticospinaux sont répartis dans la moelle et le tronc cérébral [18, 20, 39, 40]. L’innervation parasympathique est constituée de fibres afférentes et efférentes issues du noyau dorsal du vague. Elles assurent l’innervation des colons droit et transverse. Les fibres afférentes et efférentes issues des myélomères sacrés S2, S3 et S4 innervent le colon gauche, le sigmoı̈de et l’ampoule rectale. La stimulation des fibres parasympathiques entraı̂ne une augmentation de l’activité des fibres musculaires lisses du colon [15, 22]. L’innervation sympathique est issue des myélomères D10 à L2. Les fibres afférentes et efférentes innervent les colons droit, transverse, gauche, le sigmoı̈de et le sphincter anal interne. La stimulation des fibres sympathiques entraı̂ne une diminution de l’activité colique et une contraction du sphincter anal. L’innervation cérébro-spinale est constituée des fibres motrices et sensitives issues des myélomères S2, S3 et S4, qui assurent l’innervation du sphincter anal externe et des muscles du périnée [22]. Physiologie (Fig. 1) Le colon a un rôle de stockage qui permet la vacuité du rectum en dehors de la défécation, un rôle de brassage facilitant la réabsorption et un rôle de propulsion, par des mouvements péristaltiques et des contractions de masses, aboutissant à l’accumulation du contenu colique dans le sigmoı̈de. La ponte sigmoı̈dienne, qui a lieu une ou deux fois par jour, entraı̂ne une augmentation de la tension pariétale de l’ampoule rectale à l’origine du besoin de défécation, une relaxation du sphincter anal lisse et une fermeture réflexe du sphincter strié anal (le réflexe recto-anal inhibiteur). Ces différentes informations sont véhiculées jusqu’aux structures supraspinales. Le renforcement volontaire de l’activité du sphincter strié externe retarde l’exonération. Sa relaxation volontaire autorise la réalisation de la défécation. Fig. 1. Cette fonction est volontaire, aisée et complète [2, 4, 10, 17, 19, 22]. La section médullaire supprime le contrôle volontaire du sphincter anal externe et la coordination du fonctionnement ano-rectal ; elle interrompt également toutes les afférences d’origine colorectale. Les centres spinaux qui contrôlent l’activité colique et ano-rectale fonctionnent d’une façon autonome. La défécation ne sera plus volontaire, aisée et complète, mais réduite à un simple réflexe médullaire. La ponte sigmoı̈dienne entraı̂ne une distension du rectum qui peut entraı̂ner un équivalent de besoin et une contraction du rectum pour exonération sans relaxation préalable du sphincter anal. C’est la dyschésie ano-rectale. La destruction de la moelle sacrée occasionne une abolition du réflexe d’exonération et une insuffisance du sphincter externe anale. Les dysfonctionnements colorectaux du blessé médullaire Le traumatisme médullaire entraı̂ne de multiples modifications du fonctionnement colorectal. La constipation de transit est fréquente et même constante pour la majorité des auteurs. Pour certains, ce retard de transit intéresse essentiellement le colon gauche et le sigmoı̈de, et pour la majorité, il intéresse l’ensemble du cadre colique [3, 5, 6, 13, 16, 21, 23, 24, 28, 29, 31, 33, 34]. Pour certains auteurs, ces dysfonctionnements seraient liés à l’importance et au niveau de la lésion médullaire. Ils paraissent plus importants quand le déficit est complet et quand la lésion est située en dessous du myélomère D9. Il semble évident que la destruction des centres spinaux dorso-lombaires et sacrés qui contrôlent l’activité colique et ano-rectale majore les dysfonctionnements [5, 31, 33]. Les troubles du transit sont cependant indépendants de l’âge, du sexe et de la durée d’évolution depuis le traumatisme médullaire [29, 31, 33]. Ces retards de transit colique seraient secondaires aux lésions neurologiques, à l’alitement prolongé et aux modifications du rythme de vie. L’incontinence intéresse 13 à 69 % des blessés médullaires selon les études. L’incidence est liée au mode d’évaluation des fuites fécales, à leur rythme et leur importance [14, 16, 23, 24, 27, 29, 33]. Les difficultés d’exonération sont reconnues par tous les auteurs, elles sont dépendantes du niveau lésionnel. Une lésion médullaire suprasacrée préserve le réflexe de défécation et supprime la synergie et la dyskésie ano-rectales. La destruction de la moelle sacrée abolit le réflexe de défécation et entraı̂ne une insuffisance du sphincter anal externe. La difficulté d’exonération, l’augmentation du temps de la défécation (plus de 40 % des patients ont une exonération des selles qui dure plus de trente minutes, et chez 30 % elle est supérieure à une heure) ainsi que le retentissement sur la qualité de vie sont signalés par de nombreux auteurs [16, 21, 23, 24, 29, 33]. 55 Les dysfonctionnements colorectaux sont à l’origine de complications locales multiples, les plus importantes étant les ballonnements du cadre colique, qui sont à l’origine de douleurs et même de troubles respiratoires, de fécalomes entraı̂nant de fausses diarrhées, d’hémorroı̈des et de prolapsus rectaux [14, 16, 29, 33, 34]. Le bilan des troubles colorectaux L’évaluation des troubles colorectaux est avant tout clinique. L’interrogatoire permet de mettre en évidence l’existence d’une constipation de transit, d’une constipation terminale, d’une difficulté d’exonération, de complications. Il permet également d’apprécier la gêne occasionnée par ces dysfonctionnements. Le catalogue d’exonération utilisé dans de nombreuses unités de paraplégiques précise le rythme d’exonération, la qualité et la quantité des selles, les traitements utilisés et le mode de déclenchement. L’examen neurologique permet d’une part de déterminer le niveau fonctionnel du patient (il peut faire ses transferts, s’habiller, faire sa toilette, mettre un suppositoire), et d’autre part de situer la lésion médullaire par rapport aux centres spinaux qui contrôlent l’activité colique et ano-rectale. L’évaluation des troubles colorectaux s’appuie sur deux examens complémentaires en pratique quotidienne : – le temps de transit colique avec la technique de Bouchoucha qui est validée et rapide [1, 7, 8, 9] ; – la manométrie ano-rectale simplifiée, qui permet d’apprécier la compliance et le fonctionnement de l’ampoule rectale, la pression des sphincters anal interne et externe, l’existence d’un réflexe d’exonération et la mise en évidence d’une dyskésie ano-rectale [5, 33]. La prise en charge des troubles colorectaux L’objectif principal est d’obtenir une continence anale fondée sur un transit colique équilibré et un rythme de défécation adapté. Le principe est de modifier le volume et la consistance des selles, et de lubrifier le colon. Les moyens sont immuables : Il faut respecter les règles hygiéno-diététiques : alimentation variée, hydratation suffisante, augmentation de l’activité physique [3, 13] ; Il est souvent nécessaire de leur associer un traitement pharmacologique adapté aux circonstances, en respectant les modalités d’utilisation. Il est préférable d’utiliser des laxatifs de lest ou des laxatifs osmotiques, et des lubrifiants. La posologie doit être adaptée à chaque patient pour obtenir des selles moulées, éviter les cycles de constipation, les transits accélérés ou les selles pâteuses ; Les laxatifs stimulants et péristaltogènes sont réservés aux épisodes de constipation aiguë, sur une durée limitée, en raison de leurs nombreux effets secondaires ; Les traitements favorisant la motricité intestinale (domperidon et cisapride) sont efficaces, mais leur utilisation prolongée n’est pas recommandée [35] ; L’équilibre colique est précaire et une adaptation thérapeutique est souvent nécessaire ; Parallèlement, il est indispensable d’instaurer une programmation d’exonération régulière (une selle par jour ou une selle tous les deux jours), pour éviter les cycles de constipation, et d’établir les modalités de la défécation : position du patient de préférence sur les toilettes, massage abdominal préalable, mode de déclenchement par stimulation périanale, anale ou par toucher rectal, qui présente l’avantage de faciliter le réflexe de défécation, mais aussi de permettre l’évacuation totale de l’ampoule rectale, ce qui minimise le risque d’incontinence anale ; La défécation est facilitée par l’usage des suppositoires à la glycérine, qui lubrifient l’ampoule rectale et le canal anal. Les suppositoires d’Eductyl® sont les plus utilisés, car ils libèrent un gaz carbonique qui majore le réflexe de défécation ; Les microlavements, à effets plus rapides, sont souvent préférés par les patients malgré leurs effets secondaires locaux très gênants. Nous réservons leur utilisation aux épisodes de constipation aiguë ; Par sécurité, les palliatifs sont encore largement utilisés par les blessés médullaires. L’obturateur obtal proposé par le laboratoire Coloplast a fait la preuve de son efficacité chez les patients spina-bifida. Il diminue les fuites fécales et améliore la qualité de vie [32, 41]. Son utilisation par les blessés médullaires pourrait limiter les fuites fécales de petite quantité. Les traitements particuliers : il est rare de proposer en première intention les lavements antégrades ou rétrogrades très utilisés dans certains pays du Nord. La technique de Malone a fait la preuve de son efficacité essentiellement dans les populations de spina-bifida. Elle réduit de plus de 80 % l’incontinence anale de ces patients. Elle est cependant peu utilisée par les paraplégiques en France [25, 30] ; Les kits de lavements rétrogrades sont proposés actuellement et sont eux aussi très utilisés dans les pays du Nord. Ils permettent une vidange régulière du colon gauche et de l’ampoule rectale par un principe simple. Ils améliorent la continence fécale et le temps de défécation, et ils ne semblent pas entraı̂ner de complications gênantes [11, 12, 42] ; Il est décrit par plusieurs auteurs une amélioration du transit colique et de l’exonération des blessés médullaires par des modulations des racines S3 ou par des stimulations type Brindley. Il est certain que ces différents traitements peuvent être proposés aux patients en cas d’échec des techniques habituelles [6] ; Les colostomies sont généralement proposées aux patients très dépendants. Elle sont très efficaces et améliorent leur qualité de vie [26, 36, 38]. 56 L’équilibre colorectal est long et difficile à obtenir, il requiert du patient une participation dans un but d’autonomie et de réinsertion sociale. Les résultats sont cependant très satisfaisants quand on a réussi à obtenir un équilibre du temps de transit colique et un rythme adapté d’exonération. L’incidence des fuites anales est inférieure à 1 % sur notre population de blessés médullaires. Conclusion Les dysfonctionnements colorectaux sont fréquents, complexes et à l’origine de nombreuses complications locales. Ils ont un impact important sur la qualité de vie des blessés médullaires. L’équilibre du transit colique et un rythme d’exonération adapté aux patients sont les bases du traitement de l’incontinence anale du blessé médullaire. Cette prise en charge est difficile et nécessite une disponibilité, une formation, une information du personnel soignant et du patient. Les résultats sont souvent aléatoires. Ils dépendent de multiples facteurs externes et de la compliance des blessés médullaires. La surveillance des dysfonctionnements colorectaux est indispensable, même si nos moyens d’action et leur évaluation sont encore limités. Le traitement de l’incontinence anale reste un préalable à une réinsertion sociale satisfaisante. Références 1. Ahran P, Devroede G, Jehannin B, et al. (1981) Segmental colonic transit time. Dis Colon Rectum 24: 625-9 2. Ahran P, Maury M, Rault JJ (1981) La fonction intestinale. La Paraplégie. Flammarion 28: 385-403 3. Banwell JG, Creasey GH, Aggarwal AM, Mortimer JT (1993) Management of the neurogenic bowel in patients with spinal cord injury. Urol Clin North Am 20: 517-26 4. Beuret Blanquart F, Weber J, Denis P (1987) Physiopathologie de la motricité colique et de la défécation. Annales de réadaptation et de médecine physique 30: 313-28 5. Beuret Blanquart F, Weber J, Gouverneur JP, et al. 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PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES : Les principes actifs en milieu humide libèrent environ 100 ml (adultes) et 50 ml (enfants) de gaz carbonique au niveau du rectum. Le volume de gaz carbonique dégagé augmente la pression intrarectale sur les muqueuses sensibles et reproduit ainsi le mécanisme de déclenchement du réflexe exonérateur. INDICATIONS THERAPEUTIQUES : - Traitement symptomatique de la constipation, notamment en cas de dyschésie rectale, - Préparation aux examens endoscopiques du rectum. CONTRE-INDICATION : aucune. MISES EN GARDE : Une utilisation prolongée doit être déconseillée. Le traitement médicamenteux de la constipation n'est qu'un adjuvant au traitement hygiéno-diététique : - alimentation enrichie en fibres végétales et en boissons ; - conseils d'activité physique et de rééducation de l'exonération. PRECAUTIONS D'EMPLOI : Il est préférable de ne pas utiliser EDUCTYL dans les cas de poussées hémorroïdaires, de fissures anales, de rectocolite hémorragique. EFFETS INDESIRABLES : Un usage prolongé peut donner lieu à des sensations de brûlures anales et exceptionnellement à des rectites congestives. POSOLOGIE : Un suppositoire quelques minutes avant le moment choisi pour l'exonération. CONDITIONS PARTICULIERES DE CONSERVATION : A l'abri de la chaleur et de l'humidité. PRESENTATION ET PRIX : 12 suppositoires sous plaquettes thermoformées. Adultes : A.M.M. 303 484.4 - Prix : 2,17 €. Enfants : A.M.M. 303 486.7 - Prix : 1,98 €. Remb. Séc. Soc. à 35 % et Collect. C.T. J. : 0,165 € (enfant) à 0,181 € (adulte). Titulaire de l’A.M.M. : Laboratoires TECHNI-PHARMA, 7 rue de l'Industrie - BP 717 - MC 98014 MONACO - Tél. : 00 377 92 05 75 10. URO 02/2006 Préparation aux examens endoscopiques du rectum Pelvi-périnéologie (2006) 1: 59–62 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0010-3 DOSSIER THÉMATIQUE / THEMATIC FILE Les troubles ano-rectaux des neuropathies périphériques P. Raibaut, K. Hubeaux, M. Damphousse, M. Jousse, G. Amarenco Service de Rééducation neurologique et d’Explorations périnéales, Hôpital Rothschild, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Inserm U731/Université Pierre-et-Marie-Curie Résumé : Les troubles ano-rectaux sont fréquemment rencontrés dans les neuropathies périphériques, quelles que soient la cause et la distribution de la lésion (méningoradiculaire, plexique, tronculaire, somatique et/ou végétative). Ils restent peu étudiés en dehors du diabète et des complications obstétricales (neuropathie pudendale et lésions plexiques). Les plaintes sont dominées par l’incontinence fécale et la dyschésie ano-rectale. Ils n’entraı̂nent pas de complications médicales graves, mais ils grèvent considérablement la qualité de vie des patients. L’incontinence fécale est polyfactorielle : trouble de la sensibilité rectale entraı̂nant des urgences défécatoires, impaction des selles avec incontinence par « regorgement », défaillance des mécanismes de continence active volontaire. La dyschésie peut répondre également à plusieurs mécanismes : trouble de la motricité colorectale, trouble iatrogène, alimentation inadaptée La dyschésie ano-rectale doit être traitée car elle peut s’aggraver, une neuropathie pudendale d’étirement pouvant compliquer les efforts de poussée et entraı̂ner une incontinence fécale par constipation terminale. Même si la prise en charge repose sur la clinique, les examens complémentaires, manométries ano-rectales, EMG, défécographie, permettent l’évaluation des troubles et peuvent orienter les choix thérapeutiques. Mots clés : Neuropathie périphérique – Incontinence fécale – Dyschésie ano-rectale fecal impaction, defect of voluntary continence system with sphincter weakness. Dyschesia may be secondary to colorectal underactivity, iatrogenic factors, non adapted alimentation and must be treated because of risk of stretch pudendal neuropathy. Clinical evaluation is always necessary but anorectal manometry, electrophysiologic study, and defecography may be helpful. Keywords: Peripheric neuropathy – Fecal incontinence – Anorectal dyschesia La physiologie ano-rectale (besoin d’exonération, discrimination du contenu intrarectal, continence anale, défécation) nécessite l’intégrité de structures nerveuses complexes et variées : système nerveux volontaire (arc réflexe nerf pudendal-métamères sacrés S2, S3, S4), système orthosympathique (nerfs hypogastrique et splanchnique, plexus hypogastrique supérieur, métamères D10-L1), système parasympathique (nerf pelvien, plexus hypogastrique inférieur, métamères sacrés S2, S3, S4). Toute lésion du système nerveux périphérique lombo-sacré, quelle que soit sa nature, peut entraı̂ner des altérations des propriétés perceptives, capacitatives et résistives de l’unité ano-rectale. Ces troubles ano-rectaux des atteintes neurologiques périphériques ont été bien moins étudiés que les troubles urinaires souvent associés. Les troubles secondaires à un syndrome de la queue de cheval, traités dans le chapitre des lésions médullaires, ne seront pas abordés ici. Anorectal complications of peripheral neuropathies Abstract: Fecal incontinence and dyschesia are common complications in peripheral neuropathies whatever their etiology and topography (meningo-radiculitis, sacral plexopathy, pudendal lesion, autonomic alteration). Only diabete mellitus and obstetrical complications (pudendal neuropathy and lumbosacral plexopathy) are well documented. No serious medical complications are described, but fecal incontinence can altere quality of life of these patients. Pathophysiology of fecal incontinence is complex: sensory lesion of the rectoanal system with fecal urgency, Correspondance : [email protected] Physiopathologie Les troubles de la continence L’arrivée du bol fécal dans le rectum entraı̂ne un réflexe recto-anal inhibiteur avec distension rectale. La continence repose alors sur le réflexe recto-anal excitateur et la mise en jeu volontaire du sphincter anal externe. La contraction volontaire du sphincter externe peut élever la pression anale pendant une durée limitée, pour assurer la continence en cas de besoin urgent de défécation. Lors des atteintes 60 neurogènes périphériques, les troubles sensitifs entraı̂nent une altération de la plénitude rectale. Les études manométriques ont montré un seuil élevé de sensibilité rectale [1] en cas de neuropathies périphériques, pouvant induire une incontinence par urgence défécatoire, ce d’autant qu’il existe un défect associé de la commande volontaire du sphincter externe. Ces patients percevant mal la distension rectale, il se produit un enclavement des matières responsable d’incontinence par « regorgement ». L’altération des possibilités de discrimination du contenu intrarectal est aussi source d’incontinence par surprise du contenu lors de l’émission volontaire de gaz. Enfin, l’altération de la partie afférente des réflexes de continence à l’effort ou à la toux, déterminant un défaut de recrutement strié anal volontaire et/ou réflexe lors de l’élévation des pressions intrarectales, peut être source d’incontinence anale lors des efforts. Les causes de l’incontinence fécale sont multiples : trouble de la plénitude et des sensations ano-rectales, défaillance des systèmes sphinctériens ano-rectaux, impaction fécale sur constipation terminale favorisée par les médicaments (anticalciques, antalgiques opiacés, antidépresseurs ), diarrhée chronique motrice ou induite par les modifications endocrines de la flore digestive [4]. Les études manométriques chez les patients diabétiques incontinents, outre les anomalies de pression sphinctériennes, retrouvent d’ailleurs constamment des altérations des seuils de perception de la distension et du volume maximum tolérable. La constipation serait plus fréquente dans le diabète insulinodépendant, et la neuropathie végétative diabétique (gastroparésie, défect de l’activité électrique du colon lors de l’ingestion, altération de la motilité anorectale) en serait en partie responsable [5]. Les troubles ano-rectaux en cas de neuropathies éthyliques n’ont fait l’objet d’aucune publication. Les troubles de l’évacuation Même si l’interrogatoire des patients présentant une neuropathie retrouve fréquemment des éléments en faveur d’une dyschésie, le rôle des neuropathies périphériques reste peu étudié dans les altérations de la motricité rectale. Les paramètres manométriques altérés sont les pressions développées par l’appareil sphinctérien anal, tant à l’effort qu’au repos, ainsi que le réflexe recto-anal excitateur lors de la progression des selles [2]. Cependant, ces troubles de l’évacuation peuvent être aggravés par les efforts de poussée : la détermination d’une neuropathie pudendale par étirement chronique du nerf, secondaire à une dyschésie fonctionnelle prolongée ou à un prolapsus rectal, est une donnée bien validée sur les plans épidémiologique et physiopathologique. Description Neuropathie diabétique Les troubles ano-rectaux sont fréquents dans le diabète, particulièrement lors de mauvais équilibres glycémiques et après dix ans d’évolution, suggérant la participation de la neuropathie périphérique à la genèse des troubles. En comparant les données manométriques de trois groupes (sujets sains, diabétiques de moins de 10 ans et de plus de 10 ans), Epanomeritakis retrouve une altération des paramètres (diminution des pressions anales au repos et à la contraction volontaire, diminution de l’amplitude des ondes lentes, diminution des réflexes anaux d’autant plus significative que le diabète est ancien). Dans le groupe de diabétiques depuis 10 ans ou plus, la prévalence de l’incontinence anale est supérieure à 20 % [3]. La prévalence de l’incontinence anale est variable selon les études, mais les facteurs de risque semblent être d’une part la neuropathie périphérique (somatique ou végétative), d’autre part la diarrhée chronique des diabétiques. Neuropathie pudendale Les neuropathies pudendales d’étirement sont observées dans différentes situations : suite d’accouchement dystocique, périnée descendant, incontinence urinaire à l’effort, prolapsus génitaux, séquelle de chirurgie pelvienne, dyschésie ano-rectale. Lors de la délivrance, les facteurs de risque sont bien connus : macrosomie foetale, manœuvres instrumentales, allongement de la deuxième partie du travail. Dans le post-partum, leurs conséquences sont d’autant plus importantes qu’elles peuvent s’associer à des ruptures occultes du sphincter anal ou à des déchirures périnéales. Ainsi l’incontinence anale est-elle une des complications possibles des accouchements par voie basse, pouvant atteindre 10 % des patientes pour l’incontinence fécale et 20 % pour l’incontinence aux gaz [6]. Les neuropathies pudendales sont responsables d’incontinence fécale soit par hypotonie anale, soit par trouble sensitif rectal et du canal anal [7]. Ces symptômes ano-rectaux sont associés à une incontinence urinaire d’effort par diminution des résistances urétrales, et à des troubles génito-sexuels (hypo ou anorgasmie, dyspareunie). Le diagnostic est électrophysiologique, montrant des signes de dénervation périnéale à la détection des muscles du plancher périnéal, et un allongement bilatéral des latences distales du nerf pudendal. La manométrie ano-rectale montre d’une part des signes témoignant de la faiblesse du sphincter anal (diminution des pressions anales de repos et lors d’une contraction volontaire [8], avec même, pour JV Roig [9], une corrélation inverse entre les valeurs de la latence distale du nerf pudendal et la pression anale de repos), et d’autre part une altération des seuils de perception à la distension. Les lésions du plexus sacré Plus graves mais moins fréquentes, les atteintes plexiques sacrées sont en règle unilatérales et là encore 61 favorisées par des manœuvres instrumentales (forceps). Elles s’accompagnent dans la moitié des cas d’incontinence fécale et parfois de dyschésie. Les autres signes d’appel sont urinaires (incontinence à l’effort, altération du besoin mictionnel ou dysurie, voire résidu postmictionnel significatif) et sexuels (dysorgasmie). Cette présentation est en faveur d’une atteinte des racines S2, S3 et S4. Des troubles sensitivo-moteurs des membres inférieurs avec modification des réflexes ostéo-tendineux liés à l’atteinte des racines plus haut situées sont classiques, mais non systématiques. L’examen clinique note une hypoesthésie périnéale uni ou bilatérale, une hypotonie anale, et l’EMG périnéal confirme le diagnostic avec un allongement ou une abolition de la latence du réflexe bulbo-caverneux alors que l’innervation distale est préservée. La récupération spontanée en six mois est la règle, mais les troubles peuvent persister à un an [10]. La délivrance n’est bien évidement pas la seule étiologie des atteintes plexiques : celles-ci peuvent être posttraumatiques (fracture du bassin), postchirurgicales (hystérectomie élargie par exemple), postradiothérapiques. Dans ce dernier cas, le délai entre la radiothérapie et l’expression clinique de la plexopathie peut être de plus de dix ans [11]. Il n’y a pas d’étude sur les données de manométrie ano-rectale au cours des lésions plexiques. Polyradiculone´vrite et syndrome de Guillain-Barré Les troubles végétatifs cardio-vasculaires et respiratoires constituent les critères de gravité d’une polyradiculonévrite. Les troubles mictionnels à type de dysurie-rétention affecteraient 25 % des patients [12], en relation avec une hypoactivité détrusorienne. Les troubles digestifs et anorectaux (constipation, dyskésie) sont régulièrement rencontrés chez ces patients en phase de rééducation, suggérant une altération du système nerveux autonome, mais aucune étude ne leur a été consacrée. Méningo-radiculite Les méningo-radiculites peuvent se présenter par des signes périnéaux, comme par exemple la maladie de Lyme, ou la méningo-radiculite sacrée à HSV2 (syndrome d’Elsberg), ou encore au cours d’infection par le VIH. Les troubles anorectaux (dyschésie ou incontinence) accompagnent les troubles urinaires (à type de rétention initialement) et génito-sexuels (impuissance, sécheresse vaginale, dyspareunie). La notion de signes cutanés (rectite herpétique, érythème chronique migrant) et le syndrome infectieux orientent d’emblée le diagnostic [13]. Neuropathies végétatives Divers troubles digestifs ont été décrits dans les hypotensions orthostatiques idiopathiques, dont la constipation par gastroparésie et anomalies de la motilité colique, ainsi que des incontinences anales pour les gaz et les selles solides suggérant une atteinte diffuse du tonus orthosympathique. Les causes exactes de ces troubles digestifs restent largement méconnues [14]. La pratique clinique amène de manière non exceptionnelle à la prise en charge de patients atteints de troubles périnéaux dans le cadre d’une neuropathie végétative (neuropathies amyloı̈des, neuropathies toxiques : cisplatine et alcaloı̈des de la pervenche, neuropathies sensitives des petites fibres, etc.) : seules des études de cas sont disponibles sur les troubles ano-rectaux de ces patients. La prise en charge des troubles ano-rectaux en cas d’atteinte neurogène périphérique E´valuation L’anamnèse précisera le rythme des selles à la recherche d’une constipation ou d’une dyschésie ano-rectale (effort de poussée, nécessité de manœuvres pour déclencher la défécation ou d’extraction digitale des selles). L’interrogatoire recherchera une incontinence anale et précisera s’il s’agit d’une hypocontinence aux gaz ou d’une incontinence fécale avec émission involontaire de selles précédée ou non d’une urgence défécatoire. L’importance de l’incontinence sera évaluée par sa fréquence et le nombre de protections utilisées. Le retentissement des troubles digestifs sera au minimum évalué par le patient au moyen d’une échelle visuelle analogique. On demandera au sujet de préciser ses habitus digestifs (hydratation, consommation de fibres ) et de réaliser un catalogue des selles. La recherche de traitement médicamenteux ainsi que d’autres troubles neuro-périnéaux (troubles mictionnels et génito-sexuels) seront systématiques. L’examen clinique recherchera, à l’inspection de la marge anale, un prolapsus au repos puis à la poussée. Le toucher rectal éliminera un fécalome ou une tumeur et permettra d’apprécier le tonus anal en recherchant une hypotonie anale au retrait du doigt intrarectal. L’examen neuroproctologique recherchera une hypoesthésie périnéale et une abolition des réflexes bulbo-anaux et anaux à la toux, à la piqûre et à l’étirement. Chez la femme, l’examen urogynécologique systématique précisera les troubles de la statique pelvienne (rectocèle). Si l’incontinence fécale est au premier plan, surtout si elle est récente chez un patient auparavant équilibré, un examen recto-colonoscopique est souhaitable pour éliminer une lésion tumorale. L’EMG périnéal précisera le niveau de l’atteinte et son importance (uni ou bilatéralité, allongement ou abolition des latences réflexes). Les examens manométriques rechercheront les éléments sus-cités. Le temps de transit quantifiera le ralentissement du transit colique, la défécographie détectera des anomalies de la statique rectale, et notamment des formes mineures de prolapsus muqueux, afin de mieux apprécier les troubles de la vidange rectale. L’échographie endoscopique du sphincter anal recherchera, 62 notamment en cas d’antécédents obstétricaux des ruptures sphinctériennes occultes. Traitement Les mesures générales de traitement seront observées : enrichissement en fibres de la ration alimentaire, hydratation suffisante, mucilage, suppositoire exonérateur, massages abdominaux, exercice physique en cas de constipation et ou de dyschésie. On sera vigilant quant à la prescription de médicaments pouvant retentir sur la motilité ano-rectale : parasympatholytiques, antidépresseurs, anticalciques, bêtabloqueurs, neuroleptiques. La prévention de l’incontinence fécale passe souvent, chez les patients neurologiques, par le traitement de la constipation associée. La rééducation périnéale peut être proposée. Les obturateurs anaux seront utilisés à la demande. Conclusion Les troubles ano-rectaux sont une plainte fréquente des patients présentant une neuropathie périphérique. Pourtant, en dehors du diabète et des neuropathies pudendales, elles restent peu étudiées, tant d’un point de vue descriptif que physiopathologique. Références 1. 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La constipation est le plus souvent multifactorielle, d’étiopathogénie non spécifique (sujet alité, médications anticholinergiques, régime peu adapté) ou directement secondaire à l’AVC (paralysie motrice recto-anale, troubles sensitifs anorectaux, asynchronisme abdomino-pelvien). Son traitement est toujours nécessaire (régime, mucilages, suppositoires exonérateurs par distension volumétrique rectale, lavements évacuateurs, évacuation de fécalome) en raison des risques potentiels (incontinence fécale de regorgement, décompensation ou pérennisation de troubles vésico-sphinctériens). L’incontinence anale procède elle aussi de causes iatrogènes (sédatifs, fécalome ), mais aussi de lésions secondaires à l’AVC (paralysie sphinctérienne, troubles de la conscience initiaux, troubles psychocomportementaux séquellaires). La rééducation périnéale par biofeedback peut être efficace. Mots clés : Accident vasculaire cérébral – Incontinence fécale – Constipation Fecal incontinence and constipation in stroke Abstract: Fecal incontinence and constipation are common complications after stroke yet epidemiological research into this distressing condition is limited. Pathophysiology of constipation is complex with non specific (confinement to one’s bed, anticholinergic drugs, non adapted alimentation) and specific factors (rectum underactivity, sensory lesion of the anorectal system, anorectal dyssynergia). Treatment of constipation is always necessary (dietetic measure, suppository, laxative drugs, enema, digital feces evacuation) in order to avoid fecal incontinence and persistent urinary disorders (urinary retention or incontinence). Fecal incontinence may be secondary to constipation but also anticholinergic and anxiolitic drugs, or directly due to a specific brain lesion determining sphincter weakness and awareness alteration. Biofeedback therapy may be helpful. Keywords: Stroke – Fecal incontinence – Constipation Si les troubles vésico-sphinctériens ont été largement étudiés au cours des accidents vasculaires cérébraux (AVC), les troubles ano-rectaux (TAR) sont moins connus. Dominés par l’incontinence fécale et la constipation, ils sont en effet moins souvent au premier plan, contrairement à l’incontinence et à la rétention urinaires. Ils posent cependant toujours le problème de leur mécanisme physiopathologique et de leur traitement, car ils peuvent retentir sur l’équilibre vésico-sphinctérien à la phase initiale et sur la qualité de vie et l’état psychologique à la phase séquellaire. Physiopathologie des TAR au cours des AVC La multiplicité des centres régulateurs activateurs ou inhibiteurs et l’importance des voies de conduction étagées tout au long du névraxe expliquent la fréquence des troubles ano-rectaux dans la plupart des maladies du système nerveux, et tout particulièrement au cours des AVC. Cependant, ces troubles ano-rectaux (dyschésie, constipation, incontinence fécale) sont souvent au second plan par rapport aux troubles vésico-sphinctériens, avec lesquels ils partagent pourtant les mêmes systèmes régulateurs et les mêmes mécanismes physiopathologiques. Ceci est le fait, d’une part, de l’absence de complications organiques graves des troubles ano-rectaux qui, contrairement aux troubles urinaires, ne grèvent pas le pronostic vital (insuffisance rénale, troubles infectieux divers des vessies neurologiques) ; d’autre part, d’une physiologie différente. Ainsi, alors que la rétention d’urine est une urgence médicale en raison du risque rapide de détrusor claqué, les effets de la dyschésie ou de la constipation sont moins immédiats. De même, le défaut d’inhibition suprasacrée est immédiatement symptomatique sur le versant vésico-sphinctérien avec Correspondance : Pr G Amarenco ; Service de Rééducation neurologique et d’Explorations périnéales, Hôpital Rothschild, 33, bd de Picpus, 75571 Paris Cedex 12 ; [email protected] 64 apparition d’une hyperactivité vésicale responsable de mictions impérieuses avec fuites. Ce n’est pas le cas le plus fréquent en matière de motricité ano-rectale, l’incontinence fécale étant plus tardive, voire absente, en raison des plus grandes capacités de compliance du réservoir rectal, les fuites ne survenant en règle que lors de la défaillance des systèmes sphinctériens strié et lisse. L’implication des centres cérébraux dans la régulation ano-rectale explique donc en partie les troubles ano-rectaux constatés au cours ou au décours des AVC. Pourtant, la plupart des travaux effectués sur le contrôle neurologique supramédullaire des fonctions périnéales concernent l’appareil vésico-sphinctérien. Néanmoins, il existe des analogies entre les deux appareils. Comme pour l’appareil vésico-sphinctérien, le contrôle neurologique de la fonction ano-rectale présente une certaine organisation spinale segmentaire. Cette organisation est responsable de l’émission automatique de selles chez les patients paraplégiques. Cependant, chez le sujet sain, la continence et la défécation semblent être, comme la miction et la continence urinaire, sous le contrôle du cortex cérébral. Les différentes études utilisant le recueil des potentiels évoqués somesthésiques ou l’imagerie fonctionnelle ont montré, après stimulation de l’anus et du rectum, une activation des aires somesthésiques primaire et secondaire responsables de la discrimination spatiale [1, 2]. D’autres aires, telles que l’insula, le cortex cingulaire antérieur et le cortex préfrontal, impliquées dans l’affect et l’attention, sont également activées, en particulier après stimulation rectale [2]. Comme pour la miction, il semblerait qu’il existe un centre de la commande supraspinale situé dans le tronc cérébral, vraisemblablement dans une structure pontique à proximité du centre de la miction (centre M). Chez le chat, des voies provenant du cortex cérébral et effectuant un relais au niveau des zones de la substance réticulée du tronc cérébral (locus coeruleus), avant de se projeter sur les motoneurones innervant le sphincter anal externe, ont été identifiées [3]. Il a ainsi été montré que, dans le locus coeruleus, se trouve un véritable centre de la commande, capable de moduler le tonus sphinctérien [3]. Chez l’Homme, des modifications de la motricité ano-rectale ont été observées chez des patients présentant une lésion du tronc cérébral [4]. On peut supposer que ces centres situés dans le tronc cérébral (probablement le locus coeruleus) pourraient être, comme pour la miction, responsables de la coordination entre les systèmes sympathique, parasympathique et somatique innervant l’appareil ano-rectal. Ils permettraient d’obtenir une défécation « harmonieuse » (contraction rectale, relaxation des sphincters anaux interne et externe permettant l’ouverture du canal anal). Le rôle des relations entre le cortex et les centres protubérantiels impliqués dans le contrôle de la motricité ano-rectale reste méconnu. Le fonctionnement ano-rectal pourrait être contrôlé par les aires corticales du lobe frontal. En effet, des anomalies du fonctionnement ano-rectal ont été décrites chez des patients souffrant d’atteintes du lobe frontal [5]. Quoi qu’il en soit, le dépistage et le traitement des troubles ano-rectaux au cours des AVC sont indispensables, car, d’une part, ils peuvent retentir sur la qualité de vie du patient et, d’autre part, ils constituent une épine irritative importante pour les troubles urinaires en raison d’une innervation réciproque. C’est ainsi que, bien souvent, la régularisation d’une constipation ou le traitement d’une incontinence anale permet d’améliorer, voire de supprimer, les troubles urinaires. Épidémiologie des TAR au cours des AVC L’incontinence fécale (IF) est une complication fréquente au cours des AVC. Elle affecte 40 % des AVC immédiatement après l’accident, 10 à 19 % 6 mois après, 11 % à 1 an et 15 % à 3 ans [6]. La constipation, l’immobilité, la déshydratation, ladépendance, l’impossibilité d’utilisation des toilettes, l’utilisation de drogues anticholinergiques sont autant de facteurs causaux. Aucune étude n’a été spécifiquement consacrée aux corrélations éventuelles entre les TAR et la localisation des AVC. L’IF à 3 mois augmente le risque d’institutionnalisation à long terme (28 % vs 6 % dans l’étude de D Harari) et de décès au cours de la première année (20 % vs 8 %) [6]. Ceci rejoint les données classiques concernant le mauvais facteur prédictif qu’est l’incontinence urinaire à la phase initiale des AVC [7]. Les éléments du diagnostic des TAR au cours des AVC L’examen clinique reste bien évidemment un des éléments essentiels. L’interrogatoire précise la symptomatologie lorsque les troubles cognitifs et l’aphasie éventuelle le permettent : dyschésie avec difficulté d’expulsion des selles (parfois aidée par la prise de suppositoire, voire une évacuation au doigtier) ; constipation de progression avec émission rare de selles ; incontinence fécale (aux liquides, aux solides), incontinence aux gaz ; trouble sensitif rectal avec difficulté ou impossibilité de discriminer le contenu rectal (solide, liquide ou gaz) ; impériosité fécale avec risque de fuite par défaut de recrutement strié d’urgence par altération fonctionnelle du sphincter anal. L’existence de saignements, d’émissions de glaires, de douleurs, doit toujours faire suspecter une étiologie digestive associée. L’examen du périnée recherche un fécalome, une éventuelle hypertonie sphinctérienne lors de la poussée ou, à l’inverse, une hypotonie anale pouvant aller jusqu’à la béance, une insuffisance de contraction du sphincter anal. Les troubles urinaires associés (rétention, incontinence) sont systématiquement recherchés, ainsi que toute prise médicamenteuse susceptible de modifier le transit intestinal ou la motricité ano-rectale. Le degré de handicap général et de dépendance (déplacement aux toilettes) est à évaluer, en raison de son aspect prédictif dans la genèse et la persistance des troubles. L’état d’hydratation, le régime alimentaire doivent être contrôlés. 65 Parfois des examens complémentaires peuvent être utiles. Il s’agit essentiellement du temps de transit des marqueurs radio-opaques, qui permet de chiffrer le temps de progression du bol alimentaire et, en cas de constipation, d’en déterminer le siège lors des contrôles radiologiques successifs. Les autres examens, et tout particulièrement la manométrie ano-rectale, n’ont jamais été évalués dans les TAR des AVC, contrairement aux autres maladies neurologiques (blessés médullaires, scléroses en plaques, maladie de Parkinson, neuropathie périphérique). Pourtant, l’enregistrement des pressions dans le canal anal et dans le rectum, au repos et après stimulation, pourrait être utile, de même que l’étude du réflexe recto-anal inhibiteur (RRAI), de la synergie ano-rectale, de la contraction volontaire et de la contraction réflexe striée lors du RRAI. Le traitement de la constipation est classique : hydratation suffisante, régime adapté, mucilage, suppositoire exonérateur, évacuation de fécalome, massages abdominaux éventuels, mise au fauteuil, verticalisation, défécation imposée. Le traitement des fuites anales repose tout d’abord sur celui de la constipation. L’absence de macération périnéale et le traitement des troubles mictionnels associés sont indispensables. Au décours de la phase aiguë, éventuellement aidé par des examens complémentaires à la recherche de facteurs associés (échographie et électromyographie anale chez la femme), le traitement est conventionnel, reposant sur la rééducation périnéale, les obturateurs anaux à la demande et les ralentisseurs du transit (loperamide). Ce traitement s’avère toujours indispensable en raison de l’altération de la qualité de vie induite par les TAR, retentissement que l’on estimera par des échelles spécifiques. La prise en charge des TAR au cours des AVC L’incidence des TAR atteint près de 40 % lors de l’admission des patients dans les services de neurologie. La typologie clinique est dominée par la constipation, mais l’incidence de l’incontinence (par lésion des centres corticaux, protubérantiels et cérébelleux) ou des troubles mixtes est probablement assez élevée lorsque les troubles sont analysés de manière systématique. En raison d’une association fréquente aux troubles vésico-sphinctériens (de 80 à 98 % des cas) [7], la tenue d’un catalogue mictionnel par l’équipe soignante (mesure du volume uriné et du volume résiduel par sondage ou, mieux, par échographie) est systématique, de même que l’exclusion par l’examen clinique de tout problème urologique associé (palpation de la prostate chez l’homme, examen uro-gynécologique chez la femme). Pareillement, un catalogue des selles doit être tenu, et l’élimination de toute pathologie iatrogène (prise d’anticalciques, de tricycliques, de parasympathicolytiques) ou d’une infection urinaire est systématique. Références 1. Collet L, Meunier P, Duclaux R, et al. (1988) Cerebral evoked potentials after endorectal mechanical stimulation in humans. Am J Physiol 254 (4 Pt 1): G477-82 2. Hobday DI, Aziz Q, Thacker N, et al. (2001) A study of the cortical processing of anorectal sensation using functional MRI. Brain 124 (Pt 2): 361-8 3. 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Colombel Résumé : Les rétentions urinaires psychogènes sont fréquentes. Elles peuvent être secondaires à une anxiété aiguë, mais peuvent être aussi dues à différentes affections mentales (hystérie, hypocondrie, névroses obsessionnelles, psychoses chroniques). Une pathologie organique (blessés médullaires) peut aussi révéler des états limites responsables de rétention. Le diagnostic repose sur une analyse sémiologique soigneuse. Une prise en charge spécifique est indispensable. Mots clés : Rétention urinaire – Psychiatrie – Anxiété – Hypocondrie – Névrose Psychogenic urinary retention Abstract: Psychogenic urinary retentions are very common in clinical practice. They can be secondary to an acute anxiety state but also due to various mental diseases (hysteria, hypochondria, obsessive-compulsive personality disorder, chronic psychosis). Organic pathology such as spinal cord injury can mask psychogenic retention due to a borderline personality disorder. In all the cases, diagnosis based on semiologic analysis allows a specific treatment. Keywords: Urinary retention – Psychiatry – Anxiety – Hypochondria – Neurosis Présentation On connaı̂t la fréquence des situations de rétention urinaire sans cause organique. Chez un sujet normal, elles font partie de situations émotionnelles aiguës, et elles cèdent spontanément avec la résolution de la crise. En revanche, elles peuvent apparaı̂tre au cours de certaines affections mentales. Se pose alors la question de les distinguer en tant que symptôme possible d’une névrose ou d’une psychose d’une part, et d’autre part en tant que symptôme éventuellement révélateur ou précurseur d’une maladie neurologique non encore révélée. Cette double connivence justifie l’intérêt que l’on doit leur porter. Ainsi, l’hystérie peut trouver son équilibre au moyen d’épisodes souvent récurrents de type « spasmodique ». De Correspondance : [email protected] la crise dite de spasmophilie à tout ce qui peut concerner la motricité, la sensibilité ou la sensorialité, il y a place pour des rétentions urinaires paroxystiques, en général accompagnées d’un arrêt des matières. Mais il convient chaque fois d’être sur ses gardes, surtout lorsque ces accès surviennent à l’âge où peut commencer par exemple une sclérose en plaques. Tout le monde connaı̂t l’hypocondrie, avec ses craintes et ses plaintes aussi nombreuses que sincères et inépuisables. La peur d’une maladie grave peut très bien entraı̂ner un blocage sphinctérien de nature psychogène. Mais, une fois soulagé, le patient pensera que le traitement libérateur est passé à côté du diagnostic ou, au mieux, que l’on a prolongé son sursis. Le problème que pose parfois l’anorexie mentale n’a pas sa place dans les rétentions psychogènes, car il s’agit en général d’une anurie par restriction hydrique et alimentaire volontaire et méthodique. Cependant, il sera évoqué ici parce qu’il permet de mieux aborder les pathologies de type obsessionnel. En effet, dans les névroses obsessionnelles, tout peut aboutir de manière implacable à une rétention psychogène à la suite d’un faux pas dans le rituel que la maladie impose au malade. Dans certaines psychoses, on peut rencontrer aussi une rétention psychogène, mais elle est intégrée au processus délirant, dont elle constitue un élément qui soutient la signification que le malade donne à sa conception du monde. Tel est en particulier le cas dans les psychoses chroniques interprétatives. Ainsi, une rétention urinaire peut prendre place dans un processus délirant de persécution en tant que preuve concrète de la malveillance intentionnelle dont le patient se dit victime. Il est facile de constater que la conviction du malade réduit la rétention à un argument qui décentre son intérêt (et éventuellement son désir de vengeance) vers ses auteurs présumés. À côté de ces entités névrotiques ou psychotiques assez bien discernables, il faut penser aussi à des situations hybrides où la rétention, incontestablement psychogène, se développe dans le sillon d’une pathologie organique. Ainsi, on peut observer une rétention psychogène chez les personnes âgées, parce que l’éloignement des toilettes s’ajoute à leur difficulté à se déplacer. Mais le facteur déclenchant associé peut être aussi banal que la prise régulière de correcteurs de médicaments psychotropes. 67 De même, on rencontre assez souvent des patients paraplégiques et dont la personnalité doit être qualifiée d’état-limite, car leur impulsivité et leur personnalité instable marquent leurs relations d’une grande inconstance. Leur « jeu » constitue à retarder l’autosondage suivant jusqu’à obtenir une crise d’hyperréactivité autonome dont ils tirent certains avantages. Enfin, on peut s’interroger sur les significations affectives qui empêchent certains patients d’apprendre la technique de l’autosondage, ce qui les condamne à rester esclaves de l’automatisme médullaire alors que leurs capacités gestuelles et cognitives sont intactes. Mais si ces derniers exemples n’offrent guère de difficultés diagnostiques, le problème général demeure le plus souvent celui de la recherche de pathologies sousjacentes, puis de leur prise en charge, qui ne peut être qu’adaptée aux diverses situations que l’on va rencontrer dans la pratique. Ces situations peuvent être distribuées en trois groupes, qui sont les rétentions psychogènes d’origine émotionnelle, les rétentions qui surviennent dans le cadre de pathologies psychiatriques et les rétentions de genèse mixte. Mais d’une façon générale, on notera, dans la genèse de ces rétentions, le rôle prépondérant que joue l’anxiété, avec ses valeurs constrictives (du latin angere = serrer), que l’on retrouve exactement à la jonction du corps et de l’esprit. Les rétentions urinaires d’origine émotionnelle Comme avec un négatif photographique, on pourrait définir les rétentions urinaires psychogènes par ce qu’elles ne sont pas. Elles ne résultent pas directement de mécanismes organiques, mais dans certains cas elles peuvent s’y ajouter. Par contre, les rétentions psychogènes ont à voir avec le psychisme, c’est-à-dire avec la vie mentale, la vie affective, qu’elle soit consciente ou inconsciente, et surtout l’anxiété, qu’elle soit normale ou pathologique. C’est dire qu’elles peuvent occuper un vaste territoire, et qu’elles peuvent se rencontrer dans beaucoup de circonstances. Il ne faut pas oublier en effet que toutes nos émotions passent par le corps, qui en est l’instrument d’expression privilégié. Si l’émotion désigne l’ensemble des phénomènes qui caractérisent une réaction à une situation donnée, ce terme souligne aussi la simultanéité du vécu (ce qui est purement ressenti) et la mise en mouvement du système neurovégétatif (les réactions physiologiques). Alors, quoi de plus banal qu’une rétention urinaire d’origine émotionnelle ? Nous savons bien qu’un éclat de rire peut forcer le sphincter urétral dans certaines conditions. De même, une situation de saisissement émotionnel peut le verrouiller d’une manière infranchissable. Quelle situation par exemple ? L’attente difficile d’un résultat d’examen, un bouleversement affectif, comme celui que provoque une annonce brutale et grave, mais aussi bien une grande joie. Dans ce cas, l’intensité de l’état affectif est telle que le sujet peut se trouver incapable de la moindre réaction. Il est en état de sidération émotionnelle, il a littéralement « les jambes coupées », selon l’expression populaire. Ce qui caractérise ces rétentions urinaires peut se dire en trois points : – Elles sont toujours reliées de manière immédiate et visible à leur cause, et elles peuvent aisément être rattachées à des états de stress ou de crise psychologique ; – Leur cause dépasse les capacités de maı̂trise émotionnelle ou de contrôle affectif de celui qui les subit ; – Elles cèdent spontanément avec la résolution du problème. Elles sont donc aiguës et réversibles. Il n’y a pas de rétention d’urines psychogène chronique chez le sujet normal. Les rétentions sur fond psychopathologique Mais dès que l’on s’avance dans le domaine de la psychopathologie, on découvre qu’une rétention urinaire peut être provoquée ou accompagnée par de multiples affections mentales, ce qui pourrait donner un ensemble assez composite, pour ne pas dire hétéroclite. Sans vouloir en faire une revue exhaustive, il convient d’abord de signaler les configurations les plus caractéristiques, et ceci pour deux raisons : d’une part, elles sont celles que l’on risque de rencontrer le plus souvent dans la pratique clinique, d’autre part, nous savons bien qu’une rétention d’urines peut facilement nous abuser dans la mesure où un tel symptôme peut toujours être le révélateur d’une maladie sous-jacente. Dans ce domaine, en cas de rétention de cause non avérée, la première affection à laquelle il faut penser est l’hystérie, ne serait-ce qu’en raison de l’extraordinaire plasticité de ses modes d’expression et de la perfection de ce qui s’offre au clinicien. Il est vrai que nous ne voyons plus aujourd’hui la grande crise explosive, qui avait spectaculairement réussi à prendre Charcot en otage. Pour des raisons sans doute culturelles, l’hystérie s’est faite plus subtile. Elle mime volontiers des anomalies lésionnelles du système nerveux. Ces troubles concernent le plus souvent ce que nous appelons la vie de relation, par opposition aux fonctions végétatives, qui en général sont respectées. Pendant de longues années au cours de son existence, l’hystérique peut trouver son point d’équilibre grâce à des équivalents mineurs qui émergent de temps en temps et qui, globalement, ont tendance à s’inscrire dans un type d’expression relativement homogène. Ainsi, les accès peuvent être par exemple à dominante « spasmodique », et leur style finit par ne plus surprendre le médecin traitant. Bien sûr, nous avons à l’esprit cette jeune femme emmenée aux urgences avec un globe vésical impressionnant, auquel s’ajoute un arrêt des émissions de selles et un spasme douloureux du sphincter anal. Il n’est pas rare qu’elle ait déjà souffert de manifestations paroxystiques, par exemple des spasmes génitaux ou coliques, 68 des accès irrépressibles de hoquet, des crises de vomissements ou des phénomènes de dysphagie avec dyspnée aiguë. Mais ce n’est pas la règle. Elle a déjà pu intéresser les neurologues en raison de paresthésies transitoires dans les membres inférieurs ou d’une amaurose passagère. Aujourd’hui encore, si cette rétention d’urines est bien un trouble isolé et réversible, elle garde pour le moment son mystère étiologique. Les examens urodynamiques sont normaux, mais ils ne tarderont pas à montrer les effets destructeurs de ce que les spécialistes appellent un claquage détrusorien si des récidives se produisent trop souvent. À moins que l’on ne découvre, quelques mois ou quelques années plus tard, des signes d’atteinte médullaire bien plus précis (dans le liquide céphalo-rachidien, deux ou trois pics oligo-clonaux dans la bande gamma ; et à l’IRM un hypersignal en T2) à la suite d’un nouvel épisode atypique, mais qui vont faire évoquer, cette fois-ci, une atteinte lésionnelle bien réelle. Rappelons que l’hystérie se voit aussi chez l’homme dont la biographie mouvementée a généralement l’aspect chaotique du sujet caractériel et impulsif. Chez l’homme hystérique, la rétention urinaire aiguë n’est pas un symptôme exceptionnel, surtout pendant la phase active d’un conflit relationnel. Il faut prendre garde au fait que la douleur abdominale de la distension vésicale peut rejeter ce conflit à l’arrière-plan ou le masquer totalement, ce qui non seulement peut retarder le diagnostic, mais priver le patient d’une prise en charge qui serait mieux adaptée et fort utile. Il faut ajouter que, chez la femme comme chez l’homme, la crise hystérique n’a rien à voir avec une simulation : l’hystérie n’est pas « du cinéma ». Quels qu’ils soient, les troubles provoqués par une névrose hystérique s’imposent au patient, ils sont subis par lui. Il n’en a ni l’initiative ni la maı̂trise, même lorsque la conversion en symptômes somatiques efface toute l’angoisse que ces troubles pourraient engendrer. Rappelons enfin que les symptômes de conversion sont des manifestations somatiques réversibles. Les fonctions motrices, sensitives et sensorielles sont les plus concernées par ces phénomènes, qui sont capables de reproduire à gros traits une séméiologie lésionnelle du système nerveux1. Ils demeurent l’expression corporelle d’un conflit affectif inconscient, mais qui n’a rien d’affecté ou d’artificiel. Et ce n’est pas l’actuelle définition américaine de « troubles somatoformes pseudo-neurologiques » qui évitera de les confondre avec les troubles si maladroitement 1 qualifiés de « factices » dans la même classification des maladies mentales (DSM IV-RS). En voici un bref exemple avec ce patient blessé à la région inguinale par un morceau de ferraille dans l’explosion d’un silo à grains. Une plaie à l’artère fémorale est rapidement suturée, et les expertises concluent bientôt à une guérison sans séquelles. Mais il reste persuadé d’avoir été atteint plus profondément que ne le pensent les médecins : il dit qu’il a été « touché dans ses œuvres vives ». Un beau jour, il est adressé au service des urgences pour une rétention aiguë d’urines. Il est en arrêt de travail depuis six mois. Il se déclare incapable de reprendre une quelconque activité professionnelle. Il est asthénique, tourmenté, insomniaque, avec des troubles de mémoire, et il a peur d’être impuissant. Il fait des cauchemars dans lesquels reviennent sans cesse les images du silo jeté à terre, éventré et « flasque », selon ses propres termes. S’agit-il de troubles « factices » ? Aucun des examens ne montre d’anomalie particulière. En fait, il s’agit d’une névrose posttraumatique de décompensation : sa seule attente est que la gravité de son état soit enfin reconnue par une pension d’invalidité, car c’est un accident du travail. C’est un des éléments de ce que l’on appelle une sinistrose. On pourrait dire que la rétention d’urines est un équivalent de l’atteinte de ses œuvres vives, et que la dispersion des graines dans l’effondrement du silo en est la métaphore séminale. De l’hystérie et de la sinistrose à l’hypocondrie, il n’y a qu’un pas. Mais c’est un pas essentiel à reconnaı̂tre, parce que si l’hystérique est souvent décrit comme une personne sereine et détachée de son mal, tel n’est pas le cas de l’hypocondriaque. L’hypocondriaque est un homme traqué. Il court d’un cauchemar à l’autre, il vit jour et nuit sous la menace qui l’assiège, ou plutôt il survit dans la hantise nosophobique d’affections indécelables. Son existence douloureuse se consume pour déjouer, l’une après l’autre, les attaques redoublées qu’il subit2. Mais le plus souvent, le moindre inconfort physique est capable de réactiver instantanément son angoisse de la maladie et de la mort, et de la porter à son acmé. Un paroxysme d’anxiété peut très bien entraı̂ner un spasme vésico-sphinctérien, et conduire un tel sujet vers un service d’urgences lorsqu’il ne peut plus uriner depuis deux jours. Il arrive comme un condamné. Il vient avec des brassées de radios et des piles d’examens biologiques soigneusement répertoriés que porte son épouse, souvent Ce mimétisme fait partie de ce qu’il vaut mieux nommer « conversion somatique », plutôt qu’hystérie ou troubles factices, lorsque l’on parle avec les patients ou avec leur famille. Les phénomènes de conversion peuvent être des crises dites de lipothymie ou de spasmophilie (polypnée, hypersudation, tachycardie jusqu’à la perte de conscience), comme on en voit de temps en temps chez des jeunes filles hyperémotives, ou bien des épisodes d’amnésie, d’aphonie, de surdité, de cécité, de contractures, de paresthésies diverses, de douleurs paroxystiques, d’anesthésie d’un membre. On peut voir encore, mais plus rarement, une astasie-abasie soudaine, qui rend impossibles la marche et la station debout. 2 Dans l’hypocondrie, tous les intérêts du malade sont ramassés sur son corps, dans l’angoisse imaginaire d’une maladie qui n’existe pas. C’est un sujet toujours « égocentrique », pour lequel le monde extérieur est donc de peu d’importance, comme on peut le constater au cours de l’entretien. 69 entraı̂née elle-même depuis des années dans un marathon épuisant qui va d’une maladie à l’autre, et donc d’une urgence à l’autre. Malheureusement, et malgré des investigations attentives, multiples et diverses, son hypocondrie ne va pas passer aussi vite que sa rétention d’urines. On va découvrir, à travers les mille reproches qu’il fait aux médecins dont il est pourtant le très fidèle patient, la terreur que son corps ne l’ait trahi cette fois, pour sa fin dernière. L’hypocondrie est une forme de détresse accusatrice où le corps est toujours le premier inculpé. Toujours très proche du corps dans sa dimension psychosomatique, mais aux frontières de la psychose et de la perversion, l’anorexie mentale comporte, on le sait, un amaigrissement et une aménorrhée, qui est peut-être liée à la restriction alimentaire massive que s’impose la jeune patiente. Ce comportement de restriction alimentaire est mené avec une minutie rigoureuse et parfaitement organisée. Dans le cadre du désordre biologique qui témoigne de sa gravité, il peut aller jusqu’à une déshydratation considérable, pouvant entraı̂ner un arrêt des matières et une anurie. Bien sûr, l’anurie n’a de la rétention que les apparences, et nous sommes, pour ainsi dire, hors sujet. Pourtant, c’est ce symptôme que la famille va interpréter comme « un blocage complet » et qui va imposer la consultation d’urgence pour rétention d’urines. Mais, si le résultat est le même, il est impossible de se laisser abuser par cette pseudorétention. Par ailleurs, il existe un contexte affectif très caractéristique, profondément mêlé au développement de l’anorexie mentale et à ses divers épisodes3. Nous constatons le fonctionnement d’une configuration triangulaire mèrefille-père, dont les relations composent une sorte de trinité fusionnelle et où la place de chacun est rigoureusement complémentaire de celle des deux autres. Là aussi, le danger est l’existence d’une pathologie lésionnelle sous-jacente, ce qui exige des investigations rigoureuses. Faire ici mention de l’anorexie mentale avant de parler de certaines névroses se justifie, parce que leur point commun est précisément la rigueur et la méticulosité. Quoi de plus commun que le besoin de désordre ou la recherche d’ordre, qui sont des traits caractéristiques de l’être civilisé et des diverses formes que peut prendre sa jouissance à en disposer ? Mais, dans ces névroses de l’ordre, rien n’est librement choisi, rien n’est jamais suffisant, et la souffrance atteint une telle démesure qu’elle pourrait être qualifiée de souffrance métaphysique. La névrose obsessionnelle est la maladie du doute, elle s’épanouit dans l’univers de la faute et de la peur. Elle est l’inverse de la liberté. Cet univers n’occupe pas qu’un esprit malade. Il s’empare aussi du corps, soit pour le mettre en mouvement, soit pour le bloquer. La névrose obsessionnelle apparaı̂t sur un tempérament assez caractéristique. Il s’agit d’un sujet à l’allure un peu raide, au masque figé, aux gestes compassés, aux formules empruntées. Il a souvent l’esprit du collectionneur, obstiné, parcimonieux, craignant les changements, angoissé devant les pertes et les séparations. Ses déplacements, ses gestes ou ses moindres pensées l’occupent des heures entières, parfois davantage, car ils doivent être accomplis avec une perfection sans faille, comme le seraient des procédés magiques à valeur conjuratoire4. Naturellement, il retient ses émotions. Mais comment peut-il en arriver à une rétention urinaire psychogène ? Il suffit qu’il trébuche, même de manière infime, dans l’un des parcours auxquels il est asservi et la sanction est immédiate : tout le rituel est à reprendre intégralement, depuis le début, dans le même ordre et dans son entière complexité, avant que lui soit accordé, peut-être, le droit d’accomplir quelque chose qui nous paraı̂tra toujours ordinaire et dérisoire. Ainsi, certains malades sont contraints à un rituel complexe avant d’avoir le droit d’ouvrir une lettre, de sortir, de manger, d’aller à la selle ou d’uriner. Par conséquent, chacun de nous peut se trouver un jour devant un patient en état de rétention aiguë. Il faut comprendre que, chez de tels patients, toute intention de sondage libérateur va déclencher de la panique et même du désespoir. En effet, l’intervention thérapeutique est perçue comme une transgression, elle fait figure de sacrilège, car elle brise l’équation faute = punition, qui est l’équation à laquelle est soumise son existence entière. Mais derrière cette recherche désespérée de la perfection formelle, on trouve sans exception la peur démesurée de la faute, la peur de la souillure morale, laquelle est capable, on le sait, d’entraı̂ner des populations entières vers les rituels conjuratoires les plus invraisemblables. 3 Ainsi, on retrouvera l’auto-dénigrement, la dénégation du danger vital, l’agressivité feutrée et le retrait de toute vie sociale, tout cela contrastant avec un engagement scolaire ou universitaire souvent brillant. On retrouvera aussi une subtile manipulation d’autrui, à quoi répond une atmosphère familiale dramatique et bien particulière : une mère qui conduit la patiente en consultation et qui raconte son histoire, une mère intrusive, anxieuse, surprotectrice, mais tellement satisfaite d’avoir fait tout ce qu’il fallait faire. À côté d’elle et toujours dans l’ombre, un père indécis, ambigu, inquiétant, presque complice de sa fille, dépendant de ses propres parents, silencieux ou parlant le plus souvent à contretemps. 4 En fait, le doute a littéralement empoisonné ses moindres pensées, ses moindres paroles, ses moindres actes, au point de contaminer tous ses comportements et de transformer son existence entière en une lutte épuisante sous la menace de l’échec. Et l’obsédé est parfaitement conscient de la mise en pièces implacable de ses moindres certitudes. Dans certains troubles, que l’on qualifie d’obsessionnels compulsifs (les célèbres TOC des classifications américaines), les idées obsédantes ont pris une telle force qu’elles le contraignent à passer minutieusement par une succession de formules labyrinthiques d’autant plus redoutables que chacune donne seulement accès à la formule suivante. 70 On devine la puissance de destruction que détient cette névrose sur la vie personnelle, professionnelle, relationnelle et même spirituelle de tels patients. C’est pour cela que les premières descriptions avaient fait qualifier cette maladie de folie du doute ou de psychonévrose obsessionnelle, pour indiquer sa proximité avec ce que l’on appelle des psychoses. Nous ne sommes pas très loin en effet des ravages somatiques que l’on peut constater dans certaines psychoses. On qualifie de psychose un état mental caractérisé par des troubles graves et permanents qui altèrent la pensée, les réactions émotionnelles et le rapport au monde extérieur. Il y a longtemps qu’on ne voit plus cet état dépressif extrême que l’on qualifiait de mélancolie stuporeuse. Le malade demeurait silencieux, immobile des jours entiers, statufié dans son désespoir et, bien entendu, en état de rétention fécale et urinaire complète. Par contre, on peut avoir affaire avec les conséquences de ce que l’on appelle une psychose chronique interprétative. C’est l’exemple de ce patient, dont l’existence est apparemment tranquille, mais qui, à l’insu de tous, vit dans l’enfer, ainsi qu’il le confie. Les preuves ne manquent pas du harcèlement qu’il subit depuis des années. Ses voisins se conduisent depuis longtemps d’une manière non seulement discourtoise, mais malveillante. Ainsi, à intervalles calculés, ils jettent du papier froissé dans sa poubelle, surtout lorsqu’il vient de la placer devant sa porte, ce qui en dit long sur leurs intentions de l’éliminer par contamination microbienne. Malgré toutes ses précautions d’hygiène, un signe précis vient brusquement de lui faire comprendre qu’ils ont réussi à lui envoyer la maladie dont il risque de mourir. Désormais, il ne peut plus accepter les coı̈ncidences ou le hasard. Tout s’explique, et même ses souvenirs les plus anciens prennent sens : tout est devenu clair dans sa conscience. Non seulement il est persuadé que le changement de couleur de ses urines est la preuve irréfutable de la détermination des voisins, mais, surtout, il a senti le grouillement des germes à l’assaut de son corps quand il voulait uriner. Donc, il ne peut plus uriner, parce que ce serait ouvrir sa porte aux microbes, et nous sommes devant une rétention d’urines dont la cause est la persécution dont le patient fait l’objet. Ainsi, une rétention urinaire peut prendre place dans un processus délirant de persécution, en tant que preuve concrète de la malveillance intentionnelle dont un patient se dit victime. Pendant l’examen, il est facile de constater que la conviction du malade occupe tout le devant de la scène. La rétention ne le préoccupe pas en tant que telle. Elle n’est plus qu’un argument qui décentre tout l’intérêt du patient (et éventuellement son désir de vengeance) vers ses auteurs présumés. Toutefois, un examen complet s’impose, car un malade psychotique, interprétant sa rétention d’urines comme une maladie forcément provoquée par un persécuteur, pourrait entraı̂ner le médecin dans ses déductions « psychogènes » et le faire passer à côté d’une affection organique dont la rétention serait l’un des symptômes. Rétentions urinaires de genèse mixte Du sujet normal en allant vers les états névrotiques ou psychotiques, le problème de la rétention psychogène peut paraı̂tre relativement clair à résoudre, à la condition d’avoir connaissance de la situation émotionnelle ou de la pathologie psychiatrique du sujet en état de rétention. Cependant, certaines pathologies plus ambiguës situent la rétention urinaire aux confins du somatique et du psychique. Ces rétentions résultent d’une pathologie mentale et organique combinées, mais on ne peut les faire entrer dans les rétentions purement psychogènes. Dans un contexte psychologique particulier, la rétention « utilise » littéralement une lésion ou un déficit existant, et la superposition de deux situations différentes ne rend pas toujours les points de jonction faciles à repérer. Dans ces combinaisons, on constate que les déficits organiques font littéralement le lit de la rétention psychogène, ce qui rend la démarche diagnostique plus exigeante encore. Un premier exemple se trouve chez des personnes d’un certain âge qui vivent seules, lorsqu’au vieillissement normal des forces et de l’appareil urinaire s’ajoutent deux autres facteurs favorisants : l’un est tout simplement la disposition du logement et l’incommodité ou l’éloignement des toilettes, comme c’est souvent le cas à la campagne ou dans certains logements anciens ; l’autre, c’est la prise de traitements à effet anticholinergique, traitements que l’on donne si volontiers en tant que correcteurs de certains psychotropes (la liste en serait longue, mais on citera simplement les antidépresseurs tricycliques, les neuroleptiques en particulier) ou de certains médicaments de l’incontinence. En dehors de l’existence d’un fécalome, comme chez plus de 60 % des sujets au-delà de 80 ans, il s’agit en général de la combinaison d’une rétention et de fuites par regorgement. On évoque alors l’hypothèse d’une démence, avec les conséquences qui en résultent. On sait que l’incontinence urinaire est, aujourd’hui encore, le premier motif de placement en maison de retraite. Si on veut lui laisser la chance de rester encore à son domicile, le seul recours est de compléter les investigations urodynamiques par une évaluation précise du degré d’autonomie du patient et par la recherche d’aménagements adaptés. Chez la personne âgée, on peut aussi rencontrer un syndrome de rétention en situation postopératoire ou dans un contexte de troubles du comportement, par inhibition psychogène du détrusor. Mais nous rejoignons là toutes les rétentions des situations de crise et le diagnostic n’est pas trop malaisé, une fois éliminées les causes mécaniques ou neurologiques. 71 Un autre exemple est celui des syndromes frontaux, dans lesquels il est courant, comme on le sait, d’observer ce que l’on appelle une urination, au milieu de bien d’autres troubles du comportement assez caractéristiques. On discute beaucoup pour savoir si ces émissions d’urines, toujours inattendues et incongrues, sont volontaires ou si, au contraire, elles résultent de la lésion, à la face interne du cortex frontal, d’un hypothétique centre détrusorien, dont l’existence, je crois, est loin d’être admise par tous. Il est exceptionnel d’observer une symptomatologie périodique de dysurie ou même de rétention chez des traumatisés crâniens avec des localisations préfrontales au scanner. Mais, dans ce cas, serions-nous en droit de parler de rétention psychogène plutôt que de rétention lésionnelle ? Dans un tout autre domaine, celui de la pathologie médullaire traumatique, nous rencontrons assez souvent des sujets jeunes, paraplégiques, et que leur personnalité particulière fait classer dans ce qu’il est convenu d’appeler des pathologies narcissiques et plus précisément des étatslimite (ou borderline). Ils ont le goût du risque, ce qui les a bien souvent conduits à leur paraplégie traumatique. Ils sont aussi manipulateurs que charmeurs, impulsifs, imprévisibles, inconstants dans leurs relations et chroniquement incapables de tenir leurs engagements, qu’ils prennent pourtant avec détermination. Ce sont eux, lorsqu’ils ont appris la technique de l’autosondage, qui vont décaler le moment du sondage suivant jusqu’à provoquer une crise d’hyperréactivité autonome. Bien sûr, grâce à ces paroxysmes dangereux qu’ils poussent jusqu’au bord de la syncope, leur corps réapparaı̂t dans la douleur, ils connaissent l’émotion de redonner une silhouette concrète et même une chair à leur corps. Ils ont pour ainsi dire le pouvoir extraordinaire de recréer l’image sensible de leur corps. Retarder le moment du sondage est donc un moyen d’utiliser l’hypertonie sphinctérienne pour provoquer une rétention d’urines qui n’a rien de psychogène, mais qui n’en est pas moins calculée et qui révèle leur refus du handicap. Par ailleurs, leur état de malaise a tôt fait de les placer au point de convergence de mouvements de compassion ou de sympathie, ce qui les rassure quant au risque d’être abandonnés, qu’ils craignent par-dessus tout. Enfin, et comme en annexe à cette pathologie hybride, l’histoire d’une patiente paraplégique incapable d’apprendre la technique de l’autosondage illustre assez bien l’enchevêtrement de plusieurs facteurs favorisants. C’est une patiente âgée de 43 ans. Elle parle peu, elle est triste, elle ne recherche pas la compagnie des autres, elle sort très peu de sa chambre, dont elle ne veut pas allumer la lumière. Comme beaucoup de femmes paraplégiques qui cherchent à dissimuler leur culpabilité, elle nous a dit qu’elle est tombée de sa fenêtre en nettoyant les vitres. En fait, elle vient de perdre son mari dans des circonstances particulièrement impressionnantes. Il y a quinze ans, elle était vendeuse dans un grand magasin parisien et leurs regards s’étaient croisés alors qu’il était de passage. Quittant aussitôt son métier, elle l’avait suivi pour la vie. Il ne travaillait que de nuit, mais il avait droit à de longues pauses, précise-t-elle. Que faisait-il dans la vie ? « Braqueur ». Malheureusement, un braquage tourne mal, et il écope de dix ans de réclusion. Pour sa sortie, elle a préparé une grande fête. Trois de ses amis sont allés le chercher en voiture. Ils l’abattent devant sa porte, de trois balles dans la tête. Alors elle se jette par la fenêtre, pour le rejoindre, d’où sa paraplégie. Elle urine par percussion abdominale, mais pourquoi, maintenant, est-elle incapable d’apprendre l’autosondage ? Parce qu’elle l’aime toujours, et de la même passion. C’était un vrai homme. Alors, introduire quelque chose dans son corps, « vous voulez savoir, quelque chose d’aussi petit, quelque chose d’aussi minable, mais ce serait le tromper, ce serait le trahir », dit-elle avec une conviction désespérée. Il n’y a, dans cette histoire, aucune pathologie mentale chronique. On ne peut même pas dire que sa défenestration soit une tentative de suicide. C’est plutôt un passage à l’acte dont l’intensité a quelque chose de « romantique », tout en étant le premier signe d’un état dépressif, dans une personnalité dépendante ou peut-être trop fidèle, comme on voudra. Mais être en deuil et cultiver sa rétention grâce à l’automatisme médullaire, n’est-ce pas, dans le secret de son corps, faire vivre celui qui n’est plus ? Conclusion D’une façon générale, presque toutes ces pathologies se produisent dans des contextes psychopathologiques bien répertoriés, avec des mécanismes qui leur sont propres, dans lesquels la rétention d’urines est en quelque sorte un symptôme de convergence. Il faut insister sur la composante émotionnelle ou anxieuse qui est présente, on l’a vu, dans la plupart des situations que nous rencontrons. Mais nous ne serons en droit de qualifier de psychogène une rétention qu’après avoir écarté ses possibles effets de masque. Indépendamment de l’examen clinique, une anamnèse soigneuse ainsi que les renseignements apportés par la famille seront toujours de précieux appoints. Il faut se rappeler que les rétentions urinaires psychogènes se situent volontiers entre ces deux pôles que sont le corps et l’esprit, et jusque dans des pathologies parfaitement capables de s’y dissimuler : Premièrement, toute rétention urinaire psychogène peut s’installer en surimpression d’une affection neurologique en cours de constitution. Deuxièmement, dans sa qualité de symptôme aigu, même lorsqu’il y a des récidives, la rétention d’urines psychogène peut jouer le rôle de révélateur d’une pathologie mentale sous-jacente ou assez bien compensée, jusqu’au moment précis où l’angoisse déborde le secret de la vie psychique en bloquant un fonctionnement du corps. 72 On peut interpréter la maladie mentale de plusieurs manières, bien qu’il soit encore malaisé d’en donner une explication qui emporte l’adhésion de tout le monde. Mais il est une chose certaine, c’est que les rétentions psychogènes nous rappellent l’intimité du lien qui unit le corps et l’esprit, jusqu’à faire de l’un l’avocat de l’autre, son porte-parole en quelque sorte. D’où la difficulté de proposer un traitement qui, tout en ne brisant pas cette unité somato-psychique, serait capable simultanément d’atteindre les effets et les causes. Un tel traitement n’existe pas, sauf dans nos rêves de médecins. Alors, que choisir pour soulager le patient ? Selon la clarté névrotique ou psychotique de la pathologie psychiatrique, nous irons, si besoin, de l’anxiolytique par voie intraveineuse jusqu’à l’antipsychotique incisif ou sédatif. Nous pourrons aussi entreprendre avec le patient un parcours psychothérapique ou une thérapie cognitivo-comportementale conjuguée à la pharmacothérapie. Mais en aucun cas nous ne soignerons un patient en état de rétention en lui disant « qu’il n’a rien ». Il a forcément quelque chose, puisque sa rétention est qualifiée de psychogène, c’est-à-dire engendrée par l’esprit, et par l’un de ses innombrables dérapages possibles. Pelvi-périnéologie (2006) 1: 73–76 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0012-1 PRATIQUE MÉDICALE / MEDICAL PRACTICE Traitement médical de l’éjaculation prématurée P. Lacroix, G. Amarenco Service de Rééducation neurologique et d’Explorations périnéales, Hôpital Rothschild, 33, boulevard de Picpus, 75571 PARIS Cedex 12, Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Inserm U731/Université Pierre-et-Marie-Curie Résumé : L’éjaculation prématurée (EP) est un symptôme fréquent altérant la qualité de vie des patients qui en souffrent. L’évaluation clinique de ce symptôme est indispensable avant toute proposition thérapeutique. Les techniques comportementales et la psychothérapie ont été longtemps les seules thérapeutiques proposées, bien que leur efficacité à court terme soit limitée et que les études manquent quant à leur efficacité à long terme. Actuellement, il n’existe pas de médications spécifiquement commercialisées dans cette indication. L’utilisation hors AMM des anesthésiques locaux, des inhibiteurs de la phosphodiestérase et des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine a pu être proposée. Actuellement, ces derniers sont probablement les plus efficaces. Mots clés : Éjaculation prématurée – Temps de latence intravaginal – Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine Medical treatment of premature ejaculation Abstract: Premature ejaculation (PE) is a common condition associated with significant adverse effects on the sexual and overall quality of life of men with this condition. Behavioral therapies and psychotherapy have been the mainstay of PE management for many years. However, evidence of their short-term efficacy is limited while support for their longterm benefit is lacking. There are currently no medications licensed specifically for the treatment of EP. Current ‘‘offlabel’’ pharmacotherapeutic approaches include topical anesthetics, phosphodiesterase -5 inhibitors, and serotonin reuptake inhibitor. Of these, the serotonin reuptake inhibitors show the greatest efficacy. Keywords: Premature Ejaculation – Intravaginal ejaculatory latency time – Serotonine reuptake inhibitors Introduction L’éjaculation prématurée constitue le symptôme sexuel le plus souvent rencontré, avec une fréquence estimée à 30 % de la population masculine [2]. Son existence a un impact important sur la qualité de vie en général et sur la qualité de la vie sexuelle en particulier. De nombreux traitements ont été essayés pour sa prise en charge, avec des stratégies très diverses et des résultats pas toujours très bien évalués. Beaucoup de patients ignorent que l’éjaculation prématurée peut être traitée, et de nombreux médecins ne connaissent pas très bien les différentes approches thérapeutiques. Récemment, l’American Urological Association (AUA) à publié une guideline [1] de la prise en charge pharmacologique de l’EP. Nous proposons dans cet article une mise au point du traitement médical de l’EP. Évaluation de l’éjaculation prématurée L’évaluation de l’EP a toujours été difficile et le reste actuellement. Ces difficultés sont liées à l’absence de définition universellement admise et aux approches très diversifiées utilisées par les différents spécialistes susceptibles de traiter ce type de symptôme : médecins généralistes, urologues, psychiatres, sexologues... Certains de ces thérapeutes attendent que le patient se plaigne de la précocité de son éjaculation, d’autres la recherche systématiquement. Pour définir l’EP, on a mesuré le délai éjaculatoire, on a compté le nombre de mouvements intravaginaux possibles, et on a également étudié la satisfaction de l’homme et de sa partenaire. Actuellement la définition la plus utilisée pour l’EP est un contrôle éjaculatoire inadéquat, problème affectant la satisfaction sexuelle des deux partenaires. Il est possible de mesurer l’IVELT (intravaginal ejaculatory latency time), très utile pour évaluer objectivement les résultats des traitements médicaux. L’EP se définie alors par l’existence d’un délai éjaculatoire inférieur ou égal à 3 minutes, cette définition permettant de sélectionner les patients pour participer à des études protocolées. Cette mesure est néanmoins très réductrice. Elle ne tient pas compte du caractère primaire ou secondaire, de l’ancienneté de l’EP, ni de l’histoire sexuelle du patient, ni du contexte psychosocial dans lequel elle survient. Le niveau d’anxiété du patient et de sa partenaire, le retentissement psychoaffectif du symptôme chez l’homme et dans son couple ne sont pas pris en compte dans cette définition. Tous ces éléments sont pourtant très importants à considérer pour diagnostiquer, évaluer et traiter une EP. 74 La fiabilité de cette mesure n’est pas absolue, car il existe des différences significatives entre le temps mesuré par l’homme et l’estimation faite par sa partenaire. Lorsque l’on veut évaluer le dysfonctionnent éjaculatoire, il faut aussi le replacer dans son contexte médical et sexuel. L’EP peut être associée à une dysérection. Parfois, l’instabilité de l’érection constitue la raison pour laquelle l’éjaculation devient très rapide. Il a par ailleurs été établi des liens entre l’EP et certaines pathologies comme le diabète et d’autres atteintes neurologiques [3]. Enfin, l’existence d’une relation a été reconnue entre l’abus de drogues et l’EP, tout particulièrement dans la période de sevrage des opiacés [4]. Approches thérapeutiques de l’éjaculation prématurée Les traitements de l’EP peuvent être divisés en deux grandes catégories : psychocomportementaux et pharmacologiques. Les techniques de prise en charge comportementales qui ont été le plus largement utilisées sont le stop-start et le squeeze. Il n’y a pas actuellement d’agent pharmacologique qui ait reçu l’AMM dans le traitement de l’EP, mais un certain nombre de molécules ont été utilisées en dehors de leurs indications pour traiter ce problème. Il s’agit des anesthésiques locaux, des inhibiteurs de la phosphodiestérase-5 (IPDE5) et des inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine (ISRS). Traitements comportementaux et psychothérapeutiques Les traitements comportementaux ont été longtemps les traitements de référence de l’EP, et ils restent, en l’absence de mieux, l’approche la plus utilisée aujourd’hui. Semans a été le premier à décrire la technique du squeeze dans un rapport publié en 1956 [5]. Cette technique a été largement popularisée dans les années 1970 dans le rapport de Masters et Johnson [6]. Elle implique le retrait du pénis pendant le rapport sexuel juste avant la sensation d’imminence éjaculatoire, la partenaire devant réaliser alors une compression forte du gland pour « inhiber » le réflexe éjaculatoire. Un certain nombre de praticiens et de patients considèrent que cette technique est infaisable. La technique du stop-start, qui est utilisée depuis trente ans, a été particulièrement popularisée par Kaplan en 1983 [7]. Cette méthode demande à l’homme de se concentrer sur ses sensations préorgasmiques et de faire une pause durant la stimulation sexuelle juste avant l’éjaculation. Cette pause permet au patient de prendre conscience de la sensation prééjaculatoire et de se conditionner pour augmenter son contrôle de l’éjaculation. La psychothérapie peut être efficace chez certains hommes, en association ou non avec la thérapie compor- tementale, en leur apprenant à moduler leurs réponses psychosexuelles et à acquérir un contrôle conscient de leur réflexe éjaculatoire. L’ensemble de ces techniques demande une participation et une attitude compréhensive du conjoint, et elles donnent de meilleurs résultats quand la relation est stable. L’apprentissage de ces traitements nécessite du temps et une motivation particulière du patient et de sa partenaire. Les résultats sont souvent longs à obtenir, ce qui peut poser le problème du coût de ces prises en charges, et les abandons sont fréquents. Les études réalisées sur l’efficacité de ces techniques rapportent des résultats nuancés : Clarke et Parry ont montré que 60 % des patients utilisant le squeeze ont eu un bénéfice à court terme [8], alors que De Amicis et al. ont trouvé que les succès obtenus par les thérapies comportementales ne se prolongeaient pas au-delà d’un délai de trois ans [9]. Traitements pharmacologiques de l’éjaculation prématurée De nombreuses études ont montré l’efficacité des anesthésiques locaux dans le traitement de l’EP. Chez le rat, l’altération des efférences sensitives (chirurgicale ou par anesthésiant locaux) au niveau du pénis modifie les réponses réflexes, diminue ses capacités à achever une intromission et retarde donc son éjaculation [10]. En 1943, Schapiro a été le premier à décrire l’utilisation d’une crème anesthésiante locale pour retarder l’éjaculation. L’application sur le gland d’une association de lidocaı̈ne-prilocaı̈ne en gel, crème ou spray, ou bien des extraits d’herbes ayant des vertus anesthésiantes (SS-cream de production coréenne) permet de diminuer la sensibilité locale et retarde de façon significative l’éjaculation [11]. Cependant ces traitements ne constituent pas la solution idéale. Des irritations locales et une hypoesthésie gênante peuvent apparaı̂tre après leur utilisation, modifiant voire empêchant parfois l’orgasme. Par ailleurs, des études ont montré que les anesthésiques locaux peuvent induire une dysérection et une diminution de l’excitation sexuelle. L’absorption transvaginale de ses substances peut provoquer un engourdissement de la cavité vaginale et déterminer une hypoorgasmie chez la partenaire. Cet effet est prévenu par l’utilisation d’un préservatif. Les IPDE5 habituellement utilisés dans le traitement des dysfonctions érectiles ont été testés dans des études cliniques pour le traitement de l’EP. Une augmentation de l’IVELT a été rapportée avec le sildénafil, mais il s’agissait de protocoles non contrôlés, sans groupe placebo, avec une estimation initiale peu fiable de l’IVELT [12]. Une potentialisation des effets des ISRS par le sildénafil sur l’éjaculation a également été évoquée, mais pas prouvée. En fait, il n’y pas véritablement d’évidence quant à une éventuelle action directe des IPDE5 sur le délai éjaculatoire. En revanche, il est probable que ces médicaments améliorent indirectement le 75 contrôle de l’éjaculation lorsque l’EP est secondaire à une dysérection. De plus, on peut imaginer que les IPDE5, en améliorant la réponse érectile et le « confort » sexuel global, diminuent les facteurs anxiogènes constamment présents en cas d’EP, et sans doute déterminants dans la genèse de ce symptôme. La troisième classe de médicaments très utilisée dans le traitement de l’EP est celle des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Le premier rapport indiquant l’effet de la clomipramine sur l’éjaculation a été publié en 1973 [13]. L’efficacité des antidépresseurs sur l’EP a ensuite été suggérée par Ahlenius en 1979, qui montrait que la clomipramine (inhibiteur non sélectif de la sérotonine) augmentait la latence éjaculatoire chez le rat en bloquant la recapture centrale de la sérotonine [14]. L’efficacité de ce traitement (à une dose variant entre 10 et 50 mg), démontrée par de nombreuses études cliniques, était contrariée par des effets secondaires importants (effets anticholinergiques, réduction du désir sexuel, diminution des sensations sexuelles...), et actuellement cette molécule est très peu utilisée. L’arrivée des inhibiteurs spécifiques de la sérotonine (ISRS) dans les années 1980 (citalopram, fluoxétine, fluvoxamine, paroxétine et sertraline), dont les mécanismes d’action sont très proches, a complètement modifié l’approche thérapeutique de l’EP. De nombreuses études contrôlées effectuées chez l’homme ont démontré la capacité des ISRS à retarder l’éjaculation [15, 16]. Cependant, cette action diffère d’une molécule à l’autre. Une étude comparative réalisée par Waldinger et al. en 1998 [17] a montré une efficacité supérieure de la fluoxétine et de la paroxétine sur la sertraline, et l’absence d’effet de la fluvoxamine et du citalopram. L’activité inhibitrice équivalente de ces molécules sur la recapture de la sérotonine ne peut pas expliquer leurs effets différents pour retarder l’éjaculation. L’effet retardateur des ISRS sur l’éjaculation pourrait résulter d’un profil pharmacologique complexe, incluant peut-être une action directe sur certains sous-types de récepteurs sérotoninergiques, en plus de l’augmentation globale des taux extracellulaires de sérotonine. Il faut savoir que si l’augmentation globale de la transmission sérotoninergique retarde l’éjaculation, la stimulation spécifique de récepteurs sérotoninergiques a des effets différents suivant le sous-type considéré. Par exemple, chez le rat, la stimulation sélective des récepteurs 5-HT1A accélère la survenue de l’éjaculation, tandis que la stimulation des récepteurs 5-HT1B la retarde. La plupart des études sur les ISRS ont été réalisées sur un traitement journalier pendant plusieurs semaines, avec des mesures du IVELT faites après 4 ou 6 semaines de traitement avec des doses variables : 20-40 mg pour la paroxétine, 50-100 mg pour la sertraline et 20-40 mg pour la fluoxétine. L’étude comparative randomisée en double aveugle contre placebo de Waldinger montrait que la prise de paroxétine 50 mg par jour faisait passer l’IVELT de 30 secondes à 450 secondes après 6 semaines de traitement. L’utilisation des ISRS s’accompagne d’effets secondaires, le plus souvent mineurs et très variables selon les patients, à type de nausées, somnolence, asthénie, troubles cognitifs retentissant parfois sur la sexualité avec l’apparition d’une diminution de la libido, voire d’une dysérection. Ces effets secondaires sont surtout présents la première semaine de traitement et disparaissent progressivement en 2 à 3 semaines. Pour éviter ces effets, le traitement peut être prescrit à doses progressives. Par ailleurs, on conseille pour tous les ISRS sauf la fluoxétine un arrêt progressif du traitement. Si l’efficacité à court terme de ces médicaments est prouvée sur l’EP, en revanche, les effets positifs au long cours et après l’arrêt du traitement n’ont pas été correctement évalués. L’expérience clinique de ces traitements appelle une certaine réserve sur leur efficacité au long cours, et, à l’arrêt des traitements, les rechutes sont fréquentes. Quelques études ont été réalisées avec les ISRS sur une prise intermittente (avant un rapport sexuel). Les résultats obtenus, non contrôlés, ne permettent de dire si ce mode d’administration donne des résultats équivalents, mais les molécules actuelles ont des délais d’action assez longs, ce qui limite leur utilisation pour une prise à la demande. Récemment, des travaux ont été présentés sur l’action d’un nouvel ISRS, la dapoxétine [18], dont la rapidité d’action et l’élimination rapide permettrait une prise à la demande plus adéquate. L’efficacité de cette molécule est démontrée, mais reste à connaı̂tre la dose appropriée et les effets secondaires éventuels. Conclusion L’efficacité des traitements médicaux sur l’EP n’est plus à démontrer. Les résultats, toutes méthodes confondues, ne sont cependant pas véritablement évalués sur le long terme, et l’expérience clinique des différents thérapeutes prenant en charge ce problème met en évidence des rechutes fréquentes et des échecs des traitements. Il y a probablement des raisons multiples pour qu’un homme soit, ou devienne, un éjaculateur précoce, et la prise en charge doit s’adapter à chaque situation. Si on se limite aux différents traitements décrits dans cette mise au point, il est probable que les meilleurs résultats sur l’EP, au moins à court terme, soient obtenus en associant les différentes méthodes de traitement. Il faudra sans doute encore patienter pour qu’un traitement « miracle », susceptible de changer pour toujours la vie sexuelle de tous ces éjaculateurs précoces, soit disponible. Références 1. Montagu DK, Jarow J, Broderick GA, et al. (2004) AUA Erectile Dysfonction Guideline Update Panel. AUA guideline on the pharmacologic management of premature ejaculation. J Urol 172: 290-4 2. Read S, King M, Waston J (1997) Sexual dysfunction in primary medical care: prevalence, characteristics and detection by the general practitioner. J Public Health Med 19: 387-91 76 3. El-Sakka AI (2003) Premature ejaculation in non-insulin dependent diabetic patients. Int J Androl 26: 329-34 4. Clayton DO, Shen WW (1998) Psychotropic drug-induced sexual function disorders: Diagnosis, incidence and management. Drug Saf 19: 299-312 5. Semans JH (1956) Premature ejaculation; A new approach. South Med J 49: 353-8 6. Masters W, Johnson V (1970) Premature ejaculation. In: Masters W, Johnson V (eds) Human sexual inadequacy. Little Brown & Co, Boston, MA 7. Kaplan H (1983) The evaluation of sexual disorders: Psychological and medical aspects. New York, NY : Taylor Francis 8. Clarke M, Parry L (1973) Premature ejaculation treated by the dual sex team method of Masters and Johnson. Aust N Z J Psychiatry 7: 200-5 9. De Amicis LA, Goldberg DC, LoPiccolo J, et al. (1985) Clinical follow-up of couples treated for sexual dysfunction? Arch Sex Behav 14: 467-89 10. Stephanick ML, Smith ER, Davidson JM (1983) Penile reflexes in intact rats following anesthetization of the penis and ejaculation. Physiol Behav 31: 63-5 11. Xin Z, Choi Y, Lee S, Choi H (1997) Efficacy of a topical agent SS-cream in the treatment of premature ejaculation: Preliminary clinical studies. Yonsei Med J 38: 91-5 12. Abdel-Hamid IA (2004) Phosphodiesterase 5 inhibitors in rapide ejaculation: Potential use and possible mechanisms of action. Drugs 64: 13-26 13. Eaton H (1973) Clomipramine in the treatment of early ejaculation. J Int Med Res 1: 432 14. Ahlenius S, Heimann M, Larsson K (1979) Prolongation of ejaculation latency in the male rat by thioridazine and clorimipramine. Psychopharmacolgy (Berl) 65: 137-40 15. Kim SC, Seo KK (1998) Efficacy and safety of fluoxetine, sertraline and clomipramine in patients with premature ejaculation: A double-blind, placebo controlled study. J Urol 159: 425-7 16. Waldinger MD, Hengeveld MW, Zwinderman AH (1994) Paroxetine treatment of premature ejaculation: A doubleblind, randomized, placebo-controlled study. Am J Psychiatry 151: 1377-9 17. Waldinger MD, Hengeveld MW, Zwinderman AH, Olivier B (1998) Effect of SSRI antidepressants on ejaculation: A double-blind, randomized, placebo-controlled study with fluoxetine, fluvoxamine, paroxetine and sertraline. J Clin Psychopharmacol 18: 274-81 18. Modi N, Simon M, Lin D, et al. (2006) Dapoxetine, a new on-demand treatment for premature ejaculation, exhibits rapid single and multiple-dose pharmacokinetics. J Sex Med abstract p-02-162: 56 Pelvi-périnéologie (2006) 1: 77–85 © Springer 2006 DOI 10.1007/s11608-006-0017-9 ARTICLE ORIGINAL / ORIGINAL ARTICLE Les vessies neurologiques et leurs complications dans la sclérose en plaques : revue de la littérature M. de Sèze 1 , A. Ruffion 2 , P. Denys 3 , P.A. Joseph 4 , B. Perrouin-Verbe 5 1 Unité d’Évaluation et de Traitement du handicap urinaire, Service de Médecine physique et de réadaptation, CHU Pellegrin, 33076 Bordeaux Cedex, France 2 Service d’Urologie, Hôpital Henri-Gabriel, CHU Lyon, 69003 Lyon Cedex, France 3 Service de Rééducation neurologique, Hôpital Raymond-Poincaré, 92380 Garches Cedex, France 4 Service de Médecine physique et de réadaptation, CHU Pellegrin, 33076 Bordeaux Cedex, France 5 Service de Médecine physique et de réadaptation, Hôpital Saint-Jacques, CHU de Nantes, 44093 Nantes Cedex, France Résumé : Les troubles vésico-sphinctériens sont extrêmement fréquents dans la SEP, et ils sont responsables d’un retentissement fonctionnel lié aux conséquences des désordres mictionnels sur la qualité de vie quotidienne et organique, secondaire aux complications des neurovessies sur l’appareil urinaire. Si l’impact fonctionnel et ses modes de prise en charge sont bien documentés dans la littérature, l’impact organique reste sous-évalué, et il n’existe pas de guide consensuel de prise en charge pratique visant à dépister et à prévenir les complications uro-néphrologiques des neurovessies de la SEP. La première partie de notre travail avait pour objectif d’identifier, par une analyse exhaustive de la littérature, les facteurs influençant le pronostic des complications uronéphrologiques dans la SEP. La seconde partie, réalisée conjointement avec le GENULF (Groupe d’étude neurourologique de langue française) et rapportée ultérieurement, proposera des recommandations éclairées pour la surveillance à moyen et long terme des neurovessies dans la SEP conformément à la méthodologie préconisée par l’ANAES. Mots clés : Vessie neurologique – Sclérose en plaques – Pronostic uro-néphrologique Neurogenic bladder in Multiple Sclerosis: Review and proposal of management guidelines Abstract: Micturitional disorders are very frequent in multiple sclerosis, leading to functional repercussion on daily life activity and to morphologic damage on upper urinary tract. The functional impact of bladder disorders and its management is widely documented but the organic consequence remained underestimated and there is none consensual proposal for practical follow-up. Our purpose Correspondance : marianne.de-seze@chu-bordeaux-fr was to perform a detailed review on the literature concerning the neurogenic bladder in multiple sclerosis, analysing the risk factor for upper tract deterioration, in order to be helpfull for the proposal of a documented guidelines for comprehensive management in the middle and long term. Keywords: Neurogenic bladder – Multiple sclerosis – Upper urinary tract abnormalities Introduction Si la fréquence des troubles vésico-sphinctériens (TVS) dans la sclérose en plaques (SEP) est reconnue par tous, leur morbidité uro-néphrologique est classiquement réputée modeste, et l’on considère que leur retentissement fonctionnel supplante largement leur retentissement organique. Cette revue de la littérature, qui s’attache à identifier les facteurs de risque de complication uro-néphrologique dans la SEP, a pour objectif de proposer une base de réflexion éclairée aidant à la définition ultérieure d’un guide de recommandations pour le suivi des neurovessies dans la SEP, afin d’en améliorer la prévention et la prise en charge thérapeutique. Matériels et méthodes Notre recherche documentaire a reposé sur une interrogation systématique des banques de données Medline, Embase et Pascal, dont l’indexation comprenait un ou plusieurs des mots clefs neurogenic bladder, multiple sclerosis, upper urinary tract abnormalities, bladder dysfunction. Elle a été complétée par une analyse de la « littérature grise », représentée par les ouvrages et rapports de congrès ou symposiums spécifiques des neurovessies et les conférences 78 de consensus de l’ANAES sur la SEP et les infections urinaires nosocomiales. Conformément au guide d’analyse de la littérature et de gradation des recommandations de l’ANAES [1], les publications ont été catégorisées en fonction de leur niveau de preuve (NP) scientifique : – le niveau 1, dit de preuve scientifique établie (NP1), comprenait les essais comparatifs randomisés de grande puissance, les métaanalyses et les analyses de décisions fondées sur des études bien menées. Il autorisait la formulation de recommandations de grade A ; – le niveau 2, dit de présomption scientifique (NP2), reposait sur les essais comparatifs randomisés de faible puissance, les études comparatives non randomisées bien menées et les études de cohortes. Il autorisait la formulation de recommandations de grade B ; – Les niveaux 3 et 4, dits de faibles niveaux de preuves scientifiques, comprenaient respectivement les études castémoins (NP3), puis les études comparatives comportant des biais importants, les études rétrospectives, les séries de cas et les études épidémiologiques descriptives (NP4). Ils autorisaient la formulation de recommandations de grade C. Analyse de la littérature Sur les deux cent deux références indexées ces trente dernières années dans les banques de données et la littérature grise abordant les neurovessies des SEP, cinquante-deux ont fourni des informations descriptives ou analytiques exploitables pour la rédaction du présent document. Parmi elles, vingt-deux intégraient la classification de l’ANAES de niveau 1, et quinze celle de niveau 2 (Tableaux I-III). Les troubles vésico-sphinctériens dans la sclérose en plaques E´pidémiologie Les troubles vésico-sphinctériens (TVS) sont quasi inéluctables au cours de l’évolution d’une SEP, et les fluctuations de leur taux de prévalence, rapportées entre 32 % et 96,8 %, reflètent davantage une estimation à un temps d’évolution différent de la maladie qu’une hétérogénéité d’incidence (Tableau I) [2-20]. Apparaissant en moyenne 6 ans après le début de la maladie (5 à 9,5 ans) [2, 9, 13, 14, 16, 21, 23], ces troubles peuvent affecter un patient sur dix dès la première poussée [24-28]. Ce caractère inaugural a été corrélé avec la sévérité du tableau clinique et urodynamique vésicosphinctérien ultérieur, et il pourrait majorer la morbidité vésico-sphinctérienne [29] (NP1). Typologie clinique et facteur d’influence (Tableau I) La prédominance des TVS irritatifs, caractérisés par une impériosité, une pollakiurie et/ou une incontinence par impériosité, est constamment rapportée avec une prévalence de 37 à 99 % des patients [2-22]. Les symptômes obstructifs arrivent en second plan, affectant 34 à 79 % des patients, et ils mènent dans 25 % des cas à une rétention urinaire chronique [2-22]. Symptômes irritatifs et obstructifs sont souvent associés, pouvant affecter conjointement jusqu’à 59 % des hommes et 51 % des femmes [15]. La symptomatologie clinique est polymorphe au cours du temps, et l’apparition de nouveaux symptômes, majoritairement irritatifs, peut concerner jusqu’à un tiers des patients en 42 mois [30]. La typologie clinique Tableau I. Typologie clinique des symptômes vésico-sphinctériens dans la SEP Auteur Niveau preuve (NP) Amarenco, 1995 NP1 Andersen, 1976 NP2 Awad, 1984 NP2 Bemelmans, 1991 NP2 Betts, 1993 NP1 Bradley, 1978 NP4 De Ridder, 1998 NP2 Eardley, 1991 NP2 Gallien, 1998 NP1 Giannantoni, 1998 NP1 Goldstein, 1983 NP4 Gonor, 1985 NP2 Hennessey, 1999 NP1 Kasabian, 1995 NP2 Koldewijn, 1995 NP1 Philp, 1981 NP2 Porru, 1997 NP1 Nombre de patients Durée moyenne d’évolution de la SEP 225 62 47 40 170 90 30 24 149 116 86 64 221 32 211 52 120 13,3 ans 12,2 ans 16 ans 5,4 ans 12 ans NC NC 11 ans 13 ans 14,5 ans NC 13 ans NC 18 ans 6,5 ans 10 ans 1 à > 109 mois Délai Prévalence Prévalence Prévalence Prévalence Prévalence apparition impériosité pollakiurie incontinence dysurie rétention TVS /impériosité urinaire 7,8 ans 4,9 ans NC NC 6 ans NC NC NC 6 ans 7,1 ans NC 4,6 ans NC NC NC 5 ans NC 72 % 71 % 85 % 85 % 86 % 36,6 % 41,6 69,1 % 32 70 71 44 % % % % 61 % 42 38,5 65 25 82 60 36,6 % % % % % % % 67,7 99 32 48 76 66 38 59 36 % % % % % % % % % 63 % 50 % 72 % 63 % 80 % 41,6 % 69,1 % 49 56 19 66 % % % % 46 12 36 17,5 49 28 % % % % % % 24 % 32,7 % 25 % 8,3 % 79,5 % 52 % 30 48 6 26 % % % % 34 % 20 % 73,8 % 27 % 47 % 49 % NP : niveau de preuve ANAES [1], NC : non connu, SEP : sclérose en plaques, TVS : troubles vésico-sphinctériens 49 % 79 Tableau II. Typologie urodynamique des symptômes vésico-sphinctériens dans la SEP Auteur niveau de preuve NP Amarenco, 1995-96 NP1 Anderson, 1976 NP2 Araki, 2003 NP2 Awad, 1984 NP2 Barbalias, 1998 NP2 Bemelmans, 1991 NP2 Betts, 1993 NP1 Blaivas, 1979 NP2 Bradley, 1978 NP4 Cianco, 2001 NP2 De Ridder, 1998 NP2 Eardley, 1991 NP2 Gallien, 1998 NP1 Giannantoni, 1998 NP1 Goldstein, 1982 NP4 Gonor, 1985 NP2 Hinson, 1993 NP2 Kasabian, 1995 NP2 Koldewijn, 1995 (NP1) Mayo, 1992 NP2 Petersen, 1984 NP2 Philp, 1981 NP2 Piazza, 1979 NP4 Schoenberg, 1979 NP2 Sirls, 1994 NP4 Summers, 1978 NP4 Nombre de patients 225 52 32 57 90 40 170 41 302 22 30 24 149 116 86 64 70 32 212 89 88 52 31 39 113 50 Durée d’évolution moyenne de la SEP (et TVS) 13,3 12,2 11,8 16 5 5,4 12 12 11 13 14,5 13 18 6,5 12 15 10 9,9 1-6 ans ans ans ans ans ans ans ans (7,8 ans) (4,9 ans) (NC) (NC) (NC) (NC) (6 ans) (7 ans) NC (NC) NC (NC) ans (NC) ans (6 ans) ans (7,1 ans) NC ans (4,6 ans) NC (NC) ans (NC) ans (NC) ans (4 ans) ans (NC) ans (5 ans) NC (NC) NC (NC) ans (NC) ans (NC) Hyperactivité Hypoactivité Normo-activité Défaut de du détrusor du détrusor vésicale compliance 70 63,5 43,7 66 57,7 22,5 91 56 62 68 43 63 41 81 76 78 63 56 34 78 83 99 74 69 70 52 vésico-sphinctérienne apparaı̂t globalement peu informative du type et de la sévérité des TVS [2, 9, 20]. Il existe peu de corrélations entre la symptomatologie clinique et urodynamique, et si une association entre symptômes irritatifs et hyperactivité du détrusor est parfois rapportée [8-9], elle n’est pas objectivée par la majorité des études de méthodologie satisfaisante [2, 13, 21, 25, 30, 31]. Parmi les facteurs susceptibles d’influencer la typologie clinique des TVS dans la SEP, deux facteurs, dont l’indépendance n’est pas affirmée, bénéficient d’un niveau de preuve établie : la durée d’évolution de la SEP et la sévérité des déficiences et incapacités neurologiques. La durée d’évolution de la SEP apparaı̂t significativement corrélée avec la présence et la sévérité des TVS cliniques, mais pas avec leur type [5, 6, 20, 22, 29, 32]. La prévalence des TVS cliniques apparaı̂t corrélée avec la sévérité des déficiences globales (score EDSS, échelle de Kurtzke) [5, 6, 9, 20, 32, 33], et celle des symptômes irritatifs est également corrélée avec la sévérité de l’atteinte pyramidale (signe de Babinski, score pyramidal de l’EDSS) [5, 9, 20]. La corrélation entre la rétention urinaire et le statut neurologique reste débattue [34, 35]. Il n’existe pas de preuve scientifique de l’influence de la forme évolutive de la SEP sur la typologie clinique VS, excepté une présomption de preuve entre poussée de SEP et syndrome obstructif [20]. % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % 9 32,7 37,5 21 16,6 12,5 0 40 34 14 % % % % % % % % % % 21 3,8 3,1 12 % % % % 32 9 4 24 14 % % % % % 13 25 24,1 19 20 28 31 8 6 16 0 6 5 15 12 % % % % % % % % % % % % % % % 25 34 10,3 6 2 9 13 34 12 1 1 9 15 6 18 % % % % % % % % % % % % % % % 2% 3,1 % 5,5 % Dyssynergie vésicosphinctérienne 82 30,8 40,6 52 30 % % % % % 30 % 10,3 % 23 % 36,6 % 27 % 59,7 % 42,2 % 66 % 12 % 21 % 5% 13 % 6% 41 % 37 % 47 % 50 % 28 % (15/54) 12 % Sur le plan démographique, l’âge n’exerce pas d’influence directe, mais le genre pourrait, comme dans la population générale, prédisposer les femmes à l’incontinence urinaire et aux symptômes irritatifs, et les hommes aux symptômes obstructifs [3, 6, 10, 15, 20, 23, 27, 28]. Typologie urodynamique et facteur d’influence [2, 3, 5, 8-17, 19-21, 23, 27, 30-33, 36-38, 41-44] La faible spécificité des symptômes cliniques dans les TVS de la SEP justifie de recourir aux explorations urodynamiques pour en satisfaire l’expertise. Le tableau cystomanométrique le plus fréquent est l’hyperactivité du détrusor (médiane de survenue : 65 % ; extrêmes : 34 à 99 %), suivi par l’hypoactivité du détrusor (médiane de survenue : 25 % ; extrêmes : 0 à 40 %) et le défaut de compliance (2 à 10 %) (Tableau II). La dyssynergie vésico-sphinctérienne (DVS) est inconstamment et diversement estimée, avec une prévalence comprise entre 5 et 83 % et une médiane de 35 %. La cystomanométrie peut être considérée comme normale chez 1 à 34 % des patients symptomatiques [25-26]. L’association des tableaux urodynamiques est fréquente : l’hyperactivité du détrusor peut s’associer à une DVS chez 43 à 80 % [2, 25, 44-45] des patients et à une acontractilité vésicale chez 5 à 9 % d’entre eux [29-30]. Les 225 13,4 ans 52 12,2 ans 90 5 ans 40 4,6 ans 170 12 (0,5-48) 41 12 (2-39) 149 13 ans 116 14,5 ans 64 13 (0,5-40) 221 NC 32 18 ans 212 6,5 ans 89 12 ans 88 15 ans 120 1 mois à > 9 ans 113 9,9 ans 48 13,4 ans Amarenco, 1995-96 (NP1) Andersen, 1976 (NP2) Barbalias, 1999 (NP2) Bemelmans, 1991 (NP2) Betts, 1992 (NP1) Blaivas, 1979 (NP2) Gallien, 1994-1998 (NP1) Giannantoni, 1998 (NP1) Gonor, 1885 (NP2) Henessey, 1998 (NP1) Kasabian, 1995 (NP2) Koldewijn, 1995 (NP1) Mayo, 1992 (NP2) Petersen, 1984 (NP) Porru, 1997 (NP1) Sirls, 1994 (NP4) Sliwa, 1996 (NP1) Durée évolution SEP N Auteur (niveau preuve NP) 7,8 ans 4,9 ans NC NC 6 ans 7 ans 6 ans 7,1 ans 4,6 ans NC NC NC 4 ans NC NC NC NC Durée évolution TVS Tableau III. Complications uro-néphrologiques dans la SEP NC 3,3 % 4% 21 % 20 % 3,8 % (1/26) 0% NC 15 % NC NC 56 % 0% 36,6 % 17,3 % 13,3 % 0% NC NC 32,8 % NC 74 % 30 % NC 11,8 % 19 % 27 % NC 21 % 54 % 49,4 % NC 16,6 % NC NC NC NC 30,1 % 75 % 4% NC NC 12 % NC NC NC 29 % Prévalence Infections Détérioration globale urinaires bas appareil basses Reflux vésicourétéral 15,5 % 3,3 % 0% 0% 2,2 % 6,6 % 0% 0% NC 0% 0% 15 % (n = 6) 22,8 % NC NC 5,2 % 3 % (n = 2/64) 5 % (1/20) NC NC NC 0% 11 % 3% NC 3,4 % 9 % (6/66) 14 %(6/57) NC NC NC 1,9 % NC 4,2 % Infections urinaires hautes Insuffisance rénale Lithiase urinaire 3,8 % 0% 3,8 % 0% 0% NC 15,5 % NC 10 % 0% 0% 0% 3,6 % (2/56) 0% 0% NC NC NC 2 % (3/149) 2 % (3/149) 6% 0% 6% 2,8 % (1/35) 0 % (n = 64) NC 11 % (6/54) 3% 3% 3,8 % (1/26) NC 0 % (rénal) 0,9 % NC NC 2,2 % NC 2,2 % NC NC NC 3,3 % NC NC 6,6 % 0% 4,7 % 1,8 % 0% 10,8 % Dilatation haut appareil 80 81 tableaux cystomanométriques peuvent se modifier au cours du temps indépendamment de la stabilité clinique, neurologique et mictionnelle [16, 30, 46]. Dans la série de Cianco, 55 % des vingt-deux patients évalués par cystomanométries répétées présentaient des modifications de leur capacité vésicale, contractilité, pressions ou compliance du détrusor en 42 mois [30]. Seule la DVS apparaı̂t stable dans le temps, se maintenant chez 60 % des patients [16, 30, 46]. Il n’existe pas d’argument suffisant pour retenir une influence directe de l’âge sur la typologie urodynamique des TVS de la SEP. Le sexe pourrait en revanche être un facteur indépendant d’influence avec une augmentation significative de l’amplitude maximum des contractions désinhibées du detrusor leak point pressure et de la pression maximum du détrusor chez l’homme par rapport à la femme [15] (NP1). La durée d’évolution de la SEP n’influence la typologie urodynamique des TVS que pour la DVS, dont la prévalence augmente au fil du temps, probablement en raison de son faible taux de régression après apparition [16, 23, 30, 46] et de son incidence croissante avec le temps [22]. Présente chez 13 % des patients à 48 mois d’évolution de SEP, une DVS est notée chez 15 % d’entre eux entre 48 et 109 mois d’évolution et chez 48 % d’entre eux après 109 mois [22]. Il n’existe pas de typologie urodynamique spécifique des formes rémittentes ou progressives de SEP, mais un lien a été rapporté entre l’activité de la SEP (taux de basic protein dans le LCR) et la présence d’une DVS et/ou d’une hyperactivité du détrusor [20]. Des corrélations entre les statuts neurologique et cystomanométrique ont été rapportées : la corrélation entre l’hyperactivité du détrusor et la sévérité des déficiences sensitivo-motrices (EDSS) ou de l’atteinte pyramidale apparaı̂t probable [9, 15, 29] ; celle entre la DVS et l’atteinte pyramidale ou le degré d’incapacité est possible [11, 15, 29] ; mais celle entre hypocontractilité du détrusor et statut neurologique n’est pas définie [20]. Enfin, l’existence de corrélations entre certains sites lésionnels et les données cystomanométriques demeure débattue [33, 47, 48] : la présence de plaques encéphaliques ou suprasacrées pourrait prédisposer à la DVS, et celles du tronc cérébral à l’hypocontractilité du détrusor [33, 41, 45]. Les complications uro-néphrologiques des troubles vésico-sphinctériens dans la sclérose en plaques E´pidémiologie et typologie Toutes études confondues, la prévalence globale des complications uro-néphrologiques dans la SEP est comprise entre 0 et 40 % dans les dix-huit premières années d’évolution de la SEP [3, 8-9, 13-15, 17-20, 22-23, 27-29, 3132, 43-44, 50]. Complications du bas appareil urinaire Les infections urinaires basses, dont la définition (outil et seuil diagnostiques, caractère symptomatique) n’est pas systématiquement précisée, sont rapportées chez 30 % des patients en moyenne (extrêmes : 13 à 80 %) [3, 8-9, 13, 17-18, 27, 31-32, 43-44]. Seule une étude clinique consacrée au facteur de risque infectieux urinaire bas dans la SEP a été retrouvée. Elle souligne l’influence délétère du volume du résidu postmictionnel (180 ml versus 119 ml de résidu moyen chez les patients présentant ou non des infections urinaires) et du sexe féminin (42 % d’infection urinaire chez les femmes versus 17 % chez les hommes) [14]. Il n’a pas été retrouvé d’étude consacrée aux facteurs de risque potentiels spécifiques de la population SEP, tels que l’exposition aux traitements immunosuppresseurs ou cysto-néphrotoxiques. Par analogie avec les autres pathologies neurologiques, et notamment médullaires, il est considéré que le port d’une sonde à demeure, les pressions vésicales élevées et, chez le patient ne se sondant pas, l’existence d’un résidu postmictionnel supérieur à 300 ml peuvent favoriser leur occurrence [39-40, 49]. Les altérations morphologiques du bas appareil urinaire sont rapportées chez 30 % des patients en moyenne (extrêmes : 4 à 49 %), et elles comprennent des diverticules vésicaux, des trabéculations et des épaississement pariétaux dont l’importance relative n’est pas précisée [3, 8-9, 13-15, 17-20, 22-23, 27-29, 31-32, 43-44]. Trois travaux, dont une étude rétrospective de niveau de preuve 1, suggèrent que le risque de cancer vésical serait plus important dans la SEP que dans la population générale, et ce particulièrement pour les patients en sondage chronique (sonde à demeure SAD ou cathéter sus-pubien KT) ayant été traités par immunosuppresseurs [51-53]. Outre deux castémoins de condylomes chez deux patientes SEP traitées par immunosuppresseurs pendant 13 ans [51-52], De Ridder rapporte la survenue de sept cancers vésicaux, six carcinomes à cellules transitionnelles et un carcinome épidermoı̈de dans une population de 2 351 patients évalués sur une période de 31 ans [53]. Dans cette série, les 1 271 patients porteurs d’une SAD ou d’un KT ont bénéficié d’une surveillance cystoscopique annuelle avec biopsies à la pince devant tout aspect macroscopique douteux. Six des sept cancers vésicaux sont survenus chez des patients en SAD/KT depuis 3,3 ans, et le dernier chez un patient en autosondage intermittent (ASI) depuis 4 ans. Le principal signe d’appel était une hématurie. Les sept patients avaient été préalablement traités par cyclophosphamide (dose cumulée moyenne de 60,8 g), interrompu depuis 5,8 ans en moyenne. L’incidence globale des cancers vésicaux dans cette population SEP était de 0,29 %, supérieure à celle de la population générale (0,018 chez l’homme, 0,004 chez la femme) et proche de celle de la population médullaire traumatique (0,27 et 9,6 %). Le risque de cancers vésicaux apparaissait plus important chez les patients en SAD/KT (incidence de 0,7 %) et chez ceux en ASI (incidence de 0,23 %), avec un risque maximal dans la sous-population de patients en sondages chroniques ayant été traités par immunosuppresseurs (incidence de 5,7 %) [53]. 82 Nombre cumulé de sujets SEP 1330 1320 1310 1300 1290 1280 14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 x Reflux en fonction du début de maladie (ans) Fig. 1. Incidence cumulée des reflux vésico-urétéraux en fonction de la durée d’évolution de la SEP (Données de 1 348 sujets issues de 14 études – 60 reflux identifiés) ,6 ,5 ,4 Reflux incidents annuels Dix-sept études cliniques fournissent des données exploitables sur la prévalence des complications uronéphrologiques dans la SEP [3, 8-9, 13-15, 17-20, 22-23, 2729, 31-32, 43-44, 54]. Il s’agit majoritairement d’études rétrospectives, précisant les durées moyennes d’évolution de la SEP et de suivi des patients. Le calcul des incidences cumulées des évènements morbides survenus au cours du temps dans ces études, exposé dans les figures 1 à 4, illustre un taux de prévalence croissant des complications au fil du temps. Ces études ne précisant pas le délai d’apparition des évènements uro-néphrologiques depuis le début de la maladie, il est difficile de définir avec précision les périodes à risque de complications sur le bas et le haut appareil urinaire des TVS dans la SEP. La 1340 lu ef Influence de la durée d’évolution de la SEP 1350 2 1 Facteurs de risque des complications uro-néphrologiques dans la SEP 1360 0 sr n Sa Complications du haut appareil urinaire Elles sont rapportées chez 12 % des patients en moyenne (extrêmes de 0 à 25 % ) [3, 8-9, 13-15, 17-20, 22-23, 27-29, 31-32, 43-44, 50]. Elles comprennent, par ordre de fréquence, les infections urinaires hautes, avec une incidence médiane de 8 % (0 à 23 %), les dilatations du haut appareil urinaire, objectivées chez 8 % des patients (0 à 25 %) et les reflux vésico-urétéraux, retrouvés chez 5 % des patients (0 à 15 %). La prévalence des lithiases urinaires est diversement appréciée (2 à 11 %), et leur localisation sur l’arbre urinaire rarement précisée. Enfin, la majorité des études rapporte le caractère exceptionnel de l’insuffisance rénale dans la SEP et il n’a pas été mis en évidence d’augmentation de risque d’insuffisance rénale dans la population SEP par rapport à la population générale anglaise, à la différence des populations de patients présentant une lésion médullaire traumatique ou malformative, chez lesquelles le risque de développement d’une insuffisance rénale sévère est accru respectivement d’un facteur 5 et 8 [54]. Mortalité uro-néphrologique Elle reste sous-évaluée dans la SEP : deux études mentionnent le taux de décès lié à une cause urologique, affectant respectivement 55 % de vingt décès pour l’une et 5 % de soixante-quinze décès pour l’autre [55-56]. Une étude épidémiologique hollandaise évaluant les facteurs influençant la durée de vie de deux cent seize patients SEP n’objective aucun décès par cause urologique, mais rapporte un taux de survie après 40 ans d’évolution de SEP significativement inférieur chez les patients dont les TVS ont débuté durant les dix premières années d’évolution de la SEP (6,4 % de survivants), par rapport aux patients dont les TVS sont apparus après 10 ans (29,2 % de survivants) [24] (NP1). L’ancienneté des troubles vésico-sphinctériens pourrait ainsi avoir une incidence négative sur la mortalité dans la SEP, mais l’indépendance de ce facteur n’est pas affirmée, et l’influence de leur prise en charge n’est pas documentée. ,3 ,2 ,1 0,0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 Délai début SEP (ans) Fig. 2. Incidence annuelle cumulée des reflux vésico-urétéraux en fonction de la durée d’évolution de la SEP (hypothèse linéaire). Données de 1 348 sujets issues de 14 études – 60 reflux identifiés) pente des incidences cumulées (Figs. 1-4) suggère cependant que le risque de survenue de complications uronéphrologiques s’accentue dès une période comprise entre la sixième et la huitième année de suivi. Deux études 83 980 Nombre cumulé de sujets SEP 960 940 920 900 880 860 15 14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 n io 2 ct fe 1 s In n Sa Infections haut appareil / début maladie (ans) Fig. 3. Incidence annuelle cumulée des infections du haut appareil en fonction de la durée d’évolution de la SEP (hypothèse linéaire). (Données de 961 sujets issues de 9 études – 95 sujets infectés identifiés) 1210 Nombre cumulé de sujets SEP 1200 1190 1180 1170 1160 1150 1140 14 12 11 10 9 8 6 7 4 5 3 2 tio ta la 1 di ns Sa n Dilatation haut appareil / début maladie (ans) Fig. 4. Incidence annuelle cumulée des dilatations du haut appareil en fonction de la durée d’évolution de la SEP (hypothèse linéaire). (Données de 1 200 sujets issues de 11 études – 52 sujets avec dilatations identifiés) prennent en compte la prévalence globale des complications du haut appareil urinaire en fonction de la durée d’évolution de la maladie [15, 43] : elles mentionnent que cette dernière est plus élevée dans les sous-populations de patients présentant des complications du haut appareil urinaire que chez les patients indemnes de complications, avec des valeurs respectives de 15,2 ans versus 11 ans [43] et de 17,8 ans versus 13,4 ans [15]. Une corrélation entre la durée d’évolution de la SEP et le risque de pyélonéphrite [13-14] ou d’altérations du bas appareil urinaire [15] a également été rapportée. – Influence du genre : il n’a pas été retrouvé de corrélation directe entre le sexe et les complications uronéphrologiques [15, 43]. Le genre masculin pourrait constituer un facteur de risque indirect par la fréquence accrue chez l’homme de caractéristiques urodynamiques prédisposant aux altérations du haut appareil urinaire (pression du détrusor et amplitude des contractions non inhibées du détrusor) [15] (NP1). Un risque accru de pyélonéphrite a également été rapporté chez l’homme souffrant d’infections urinaires basses [13-14]. – Influence de l’âge : deux études de haut niveau de preuve objectivent un âge moyen plus élevé dans la population de patients présentant des complications hautes que dans celle n’en présentant pas (respectivement de 50,6 versus 46 ans [2] et 53,1 ans versus 45,5 ans [15]). L’influence néfaste de l’âge pourrait cependant traduire celle d’une durée d’évolution prolongée de la SEP. – L’influence des formes évolutives de SEP : sur le pronostic uro-néphrologique, elle n’est pas démontrée [9, 15]. – Une corrélation entre la sévérité de l’atteinte pyramidale et la prévalence des complications du haut appareil urinaire a été rapportée [14-15, 45], avec un score pyramidal moyen d’EDSS de 4,1 versus 3,1 respectivement chez les patients présentant ou non une atteinte du haut appareil urinaire [15]. Cette donnée n’est cependant pas systématiquement rapportée et peut, comme l’âge, refléter un risque inhérent à la durée d’évolution prolongée de la maladie. – L’influence du statut clinique vésico-sphinctérien sur le pronostic uro-néphrologique est modeste [15, 43], et seule une fréquence accrue de pyélonéphrite chez les patients présentant un résidu postmictionnel > à 30 % de la capacité vésicale a pu être rapportée [14]. Sur le plan urodynamique, des corrélations ont été rapportées entre la prévalence des complications du haut appareil urinaire et la forte amplitude des contractions non inhibées du détrusor [4, 15], ainsi qu’entre les altérations morphologiques du bas appareil urinaire et les pressions vésicales maximales élevées (corrélation positive) ou l’hypocontractilité du détrusor (corrélation négative) [15]. L’influence de la DVS sur le pronostic uro-néphrologique dans la SEP est débattue. Plusieurs travaux de bon niveau de preuve n’objectivent pas de corrélations entre les prévalences de la DVS et des complications urinaires [2, 15, 29, 43], mais une métaanalyse rapporte que les 7 des 2 076 patients ayant présenté une complication du haut appareil avaient une DVS [20], et une corrélation entre présence d’une DVS et incidence des pyélonéphrites a été soulignée [45]. Des arguments existent également en faveur d’une influence indirecte de la DVS sur les complications du haut appareil 84 urinaire, dans la mesure où la présence d’une DVS a été corrélée avec la sévérité du tableau neurologique, celle-ci ayant elle-même une influence négative sur le pronostic uronéphrologique [11, 16, 20]. La dangerosité respective des différents types de DVS reste méconnue [7]. – Influence du mode de drainage urinaire : le port d’une SAD constitue un facteur de risque reconnu de détérioration du haut appareil urinaire et d’infection urinaire haute et basse [10, 13, 15, 25, 39-41, 45], et il favorise le risque de survenue d’un cancer vésical chez les patients SEP ayant été traités par immunosuppresseurs [51]. Il n’a pas été trouvé d’étude spécifique consacrée à l’influence des autres modes mictionnels sur le pronostic uro-néphrologique dans la SEP. Par analogie avec les autres pathologies neurologiques, notamment les affections traumatiques et congénitales de la moelle épinière, il est considéré que la prévalence des complications uro-néphrologiques décroı̂t successivement selon que le mode mictionnel repose sur la sonde à demeure, l’hétérosondage, le cathéter sus-pubien, l’autosondage intermittent et la miction volontaire [39-40, 49]. – Enfin, l’influence du type de prise en charge thérapeutique, pharmacologique, fonctionnelle ou chirurgicale et celle de l’exposition à des traitements cysto ou néphrotoxiques sur le pronostic uro-néphrologique dans la SEP ne sont pas documentées. Synthèse sur les facteurs de risque des complications uro-néphrologiques dans la SEP Au total, quatre principaux facteurs de risque d’altération du haut et du bas appareil urinaire bénéficient d’un niveau de preuve établi (NP1), car relevant d’études de bonne qualité métrologique et/ou reconnues par la majorité des auteurs : la durée d’évolution de la maladie neurologique, particulièrement au-delà de la quinzième année d’évolution, le port d’une sonde à demeure, l’amplitude maximale élevée des contractions non inhibées du détrusor et l’existence de pressions élevées du détrusor au cours du remplissage (seuil >40 cmH20 pour [4], NP1). Trois autres facteurs bénéficient d’une présomption de preuve (NP2), car ils sont reconnus par au moins une étude de bonne qualité métrologique mais demeurent débattus dans la littérature. Il s’agit de : la dyssynergie vésico-sphinctérienne et l’âge supérieur à 50 ans, dont l’indépendance avec la durée d’évolution de la maladie n’est pas établie, et le sexe masculin via la présence d’indices urodynamiques péjoratifs. Il semble ainsi possible de concevoir deux types de situations uro-néphrologiques chez les patients SEP : les patients sans risque, ne présentant aucun des facteurs de risques NP1 et pas plus d’un facteur NP2, et les patients à risques, possédant au moins un facteur de risques NP1 ou plus d’un facteur NP2. Établies selon les modalités préconisées par l’ANAES, des recommandations pour le suivi neuro-urologique à moyen et long terme, qui prennent en compte les risques spécifiques de ces deux populations, sont en cours de validation par le Groupe d’étude neurourologique de langue française. Elles feront l’objet d’une prochaine publication. Conclusion Cette revue de littérature suggère qu’il faut reconsidérer le pronostic uro-néphrologique, communément réputé satisfaisant, des neurovessies dans la sclérose en plaques. Plus d’un patient sur dix est susceptible de développer une complication du haut appareil urinaire durant les dix-huit premières années d’évolution de la maladie. La meilleure connaissance des facteurs de risques de retentissement uronéphrologique des neurovessies de la SEP et de leur profil évolutif, conduisant à une utilisation raisonnée et consensuelle des examens de surveillance, pourra favoriser l’adoption de mesures thérapeutiques préventives et curatives qui amélioreront la qualité de soins et de vie des patients sclérosés en plaques, et auront un impact socioéconomique favorable pour la santé publique. Références 1. ANAES (Janvier 2000) Guide d’analyse de la littérature et gradation des recommandations. http//www.anaes.fr 2. 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European Urology, 2005 L’obésité féminine est souvent associée à une incontinence urinaire et vessie hyperactive, autrefois facteurs de risques d’échec de la chirurgie de l’incontinence urinaire d’effort. L’avènement des bandelettes sous-urétrales semble actuellement être la solution à la prise en charge de ce désordre fonctionnel. À propos d’une série rétrospective cas contrôle, Kriapas et al. ont comparé les résultats anatomiques et fonctionnels de 31 patientes de BMI > 40 kg/m2 à 52 patientes de BM < 30 kg/m2. Il s’agit de la première publication s’intéressant aux patientes dont l’obésité est classée morbide et dont l’efficacité après TVT est étudiée à moyen terme (18 mois). Les deux groupes sont comparés et n’offrent aucune différence en termes de caractéristiques cliniques. Le nombre de plaies vésicales est plus élevé dans le groupe de poids normal. Le nombre de complications postopératoires apparaissant plus élevé dans le groupe d’étude (complications thrombo-emboliques (2), défaillances cardio-pulmonaires (1) et pneumopathies(1)). L’étude des résultats objectifs et subjectifs n’offre aucune différence entre les deux groupes. L’étude des paramètres urodynamiques met en évidence une augmentation de la LFU et des pressions de clôture urétrale en postopératoire quel que soit le poids des patientes. Il s’agit de la cinquième publication concernant l’incontinence de la femme obèse (Mukherjee K, BJU Int 2001 ; Chung, JLSL Jan 2002 ; Rafii A, Eur Urol 2003 ; Lovatsis D, Am j Obstet Gynecol 2003), mais la première publication individualisant un groupe d’obèses morbides (BMI > 40 kg/m2), l’étude clinique est limitée par son suivi, sa méthodologie et par le faible nombre de patientes incluses même s’il nous conforte dans notre impression première : l’incontinence urinaire de l’obèse semble être résolue par la mise en place de bandelette sous-urétrales par voie rétro-pubienne. Toutefois, l’obésité est un facteur de surmorbidité postopératoire ; la défaillance cardio-respiratoire semble y être plus fréquente, les complications thromboemboliques également. De plus, le seul cas publié de cellulite pelvienne deux jours après la mise en place d’une bandelette de TVT l’a été chez une patiente obèse (Conolly, Obstet Gynecol, 2004). L’obésité ne doit donc plus être retenue comme facteur d’échec, mais comme facteur nécessitant une attention postopératoire soutenue, au même titre que le sujet âgé (Gordon D, Urology, 2005). B.D. Schraffordt Koops S, Bisseling T, Heintz A, Vervest H Prospective analysis of complications of tension-free vaginal tape from The Netherlands Tension-free Vaginal Tape study. American Journal of Obstetrics and Gynecology, 193(1): 45-52 Les complications du TVT sont anatomiques (plaies vasculaire, vésicale, digestive, nerveuse) ou fonctionnelles (impériosité, difficultés mictionnelles). Koops et al., à propos d’une série prospective multicentrique de 806 patientes intéressant 41 centres (28 centres de formation, 13 centres hospitaliers régionaux), ont étudié la morbidité du TVT sur un suivi de 2 ans. Les plaies de vessie sont rapportées dans 28 cas (3,5 %) ; aucune complication urétrale, nerveuse ou digestive n’a été décrite dans cette série ; un saignement supérieur à 300 ml a été rapporté dans 10 cas ainsi qu’un cas de plaie vasculaire (veine hypogastrique), ayant nécessité une laparoconversion. Sont rapportés des complication à type d’hématome pré ou rétropubien dans 28 cas (3,4 %), une température supérieure à 38˚ dans 1 cas, 2 cas d’érosion vaginale, 13 cas de difficultés mictionnelles nécessitant une section de bandelette, l’un de ces cas étant compliqué de fistule urétro-vaginale. Centres de formation, anesthésies générale et locorégionale, antécédents chirurgicaux, statut ménopausique ont été retrouvés comme étant facteurs de risque individualisés. Il s’agit très probablement de la publication référence sur la morbidité du TVT. Du fait de la méthodologie utilisée et du nombre de centres et de patientes inclus. Antérieurement, A Agostini (Eur J Obstet Gyneco, 2005), Abouassalay 87 (BJU int, 2004), M Karram (Obstet Gynecol, 2003) ont publié sur le sujet, mais les nombres de centres et de patientes étaient inférieurs. Cette étude, combinée à la publication de Nilsson et al. (Obstet Gynecol, 2004), permet de valider les indications et les limites du TVT dans la chirurgie de l’incontinence urinaire d’effort de la femme. B.D. Deval B, Ferchaux J, Berry R, Gambino S, Ciofu C, Rafii A, Haab F Objective and Subjective Cure Rates after Trans-Obturator Tape (OBTAPE®) Treatment of Female Urinary Incontinence. European Urology 49(2): 373-7, 2006 Cent vingt-neuf patientes incontinentes ont bénéficié, dans deux centres universitaires, de la mise en place d’une bandelette de polypropylène thermosoudée sous-urétrale par voie transobturatrice type OBTAPE®. Les résultats anatomiques et fonctionnels sont revus à moyen terme (17,2 mois) et décrivent un taux de succès respectivement de 89,9 et 77,5 %. Les complications sont essentiellement marquées par le taux d’érosion vaginale de 6,2 % et d’infection pelvienne profonde de 3,1 %. Il s’agit de la seconde publication évaluant rétrospectivement les résultats bruts de la bandelette OBTAPE® (la première étude étant celle de Spinosa et al. (Eur J Obstet Gynecol, 2005) ; les études de Costa et al. (Eur Urol, 2003), de Roumeguere et al. (Eur Urol, 2003), de Delorme et al. (Eur Urol, 2003), associant dans leurs résultats les bandelettes URATAPE® et OBTAPE®). Les survenues d’érosion vaginale et d’abcès profonds après URATAPE® et OBTAPE® ont été décrites dans les publications de Babola et al. (Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct, 2005), Domingo et al. (J Urol, 2005), Mahajan et al. (Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct, 2006), Goldmann et al. ((Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct, 2006), Game et al. (J Urol, 2004), Caquant et al. (Eur Urol, 2004). Cette série confirme donc la nécessité d’une surveillance à long terme des patientes ayant bénéficié de la mise en place de bandelettes sous-urétrales thermosoudées, du fait du risque d’érosion et d’infection profonde. B.D. Burgio KL, Goode PS, Urban DA, Umlauf MG, Locher JL, Bueschen A, Redden DT Preoperative biofeedback assisted behavioral training to decrease post-prostatectomy incontinence: a randomized, controlled trial. J Urol 175(1): 196-201, 2006 Jan 125 patients, âgés de 53 à 68 ans, qui devaient bénéficier d’une prostatectomie radicale pour cancer ont été randomisés en deux groupes, appareillés selon l’âge et le stade tumoral. Le premier groupe avait en préopératoire des séances de rééducation périnéale par biofeedback, un reconditionnement mictionnel et des exercices à domicile ; le second des simples instructions en postopératoire de stopper le jet pendant la miction. Les critères de jugement étaient le temps pour obtenir une continence, la sévérité de l’incontinence, l’Incontinence Impact Questionnaire, une échelle de qualité de vie (Medical Outcomes Study Short Form Health Survey) et de troubles psychologiques (Hopkins Symptom Checklist). Les résultats sont sans équivoque : le groupe 1 (avec rééducation préopératoire) a un temps plus court de récupération de la continence (p = 0,03) et une moins grande proportion de patients avec sévère ou permanente incontinence à 6 mois (5,9 % versus 19,6 %, p = 0,04). Il existe aussi une différence significative entre les groupes, se rapportant à la fréquence des fuites rapportées en ce qui concerne la toux (22 % versus 51,1 %, p = 0,003), l’éternuement (26 % versus 48,9 %, p = 0,02), la mise en orthostatisme (14 % versus 31,9 %, p = 0,04). En revanche, aucune différence n’a été mise en évidence pour le retour au travail, les activité quotidiennes et, très paradoxalement, les échelles de qualité de vie. Ceci peut être dû à la faible sensibilité et spécificité de l’échelle utilisée. Il est donc intéressant de proposer une rééducation systématique en préopératoire avant une prostatectomie radicale. Cependant l’inconvénient majeur de cette étude est de ne porter que sur 6 mois. Il est tout à fait possible, quand on connaı̂t la difficulté et la lenteur de la récupération d’une continence lorsqu’une insuffisance périnéosphinctérienne est en cause, que les chiffres dans les deux groupes soient tout autres (et probablement similaires) 12 à 18 mois après la chirurgie. Mais au moins, les patients souffrent moins longtemps de leur incontinence du moins ceux qui en guérissent. G.A. pagefontis 22/02/06 10:33 Page 1 Chers abonnés, chers auteurs, Pour soumettre vos articles à la revue Pelvi-périnéologie, connectez-vous à l’adresse suivante : http://springer.fontismedia.com/pel/