Ni hérisson, ni paillasson (ou comment être dans le monde sans
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Ni hérisson, ni paillasson (ou comment être dans le monde sans
Ni hérisson, ni paillasson (ou comment être dans le monde sans être du monde?) 1 Jésus nous invitait ouvertement, dans l’Évangile de Jean, à être dans le monde sans être du monde. Il ne s'agissait , à l'évidence, en rien d'un simple boutade, ou d'un jeu de mot ; l'affaire était plus sérieuse. Un avertissement ? Oui, et plus encore : une manière de vivre la foi dans sa pleine différence. Le monde sans dieu n'est-il pas habité par des quêtes et valeurs spécifiques peu compatibles avec celles prônées par la foi? Les croyants y seront confrontés, au risque de se trouver tiraillés constamment ou encore envahis et aliénés. Jésus nous recommande d'être du Ciel et non du monde. Est-ce si simple ? Ne faut-il pas naître une seconde fois, d’eau et d'esprit, comme Jésus le dira à Nicodème ? Une naissance semble bien incontournable. Alors, essayons de la dire dans ses enjeux majeurs. La nouveauté de la Théorie de la Double Causalité (TDC) Et si le Big Bang était en réalité une explosion d'Amour? Avec le livre de Philippe Guillemant intitulé "La Route du Temps" (www.doublecause.net) une telle approche devient pensable. Une aventure nouvelle et passionnante se dessine, car elle réhabilite, à titre d'hypothèse crédible, la nature transcendante de l’Amour comme source de toute création en lui attribuant une réalité physique fondamentale, et même première, ayant pour propriété de régir l’évolution de nos «trajectoires de vies » au même titre que les lois de la gravitation régissent les mouvements de la matière. Cette approche novatrice ouvre de nouvelles perspectives spirituelles. Tout est à repenser! Quelle heure est-il à l'horloge de l'évolution humaine? Il est l'heure d'en finir avec les représentations étroites du déterminisme et du matérialisme! D'oser utiliser la Théorie de la Double Causalité comme référence symbolique, philosophique, méta-empirique - certes provisoire et révisable - pour définir les contours d'une nouvelle spiritualité issue du libre arbitre. Que faut-il entendre par là ? Voici ce qu'en dit Philippe Guillemant : « Le coup le plus fatal à la causalité a été porté par la physique en 1982 par l’expérience fameuse d’Alain Aspect, qui a démontré que l’indéterminisme prévalait à l’échelle microscopique des particules. Il est depuis lors avéré qu’aucune cause ne permet de déterminer certains évènements observés à cette échelle, c'est-à-dire qu’aucune variable cachée (issue du passé) ne permet d’en expliquer les résultats. Plus fort encore, des améliorations plus récentes de cette expérience ont montré que le passé de certaines particules ne se forme que lorsque le futur de ces particules a été observé, comme si ce passé « attendait » un événement issu de son futur pour se déterminer dans un sens ou dans l’autre. Il s’agit là d’une véritable constatation du fait qu’une cause inverse, c’està-dire issue du futur (l’effet précédant ici la cause), peut déterminer le cours de certains évènements, sauf si (car il faut bien envisager une alternative) on abandonnait le principe de réalité en physique pour une science abstraite ne s’intéressant qu’à la prévision des observables, à défaut d’une réalité indépendante de l’observateur. Interloqués par l’étrangeté de l’évolution de la physique moderne, des mathématiciens (ConWay & Kochen) ont publié en 2006 un article qui démontre que si l’on admet deux de ses conclusions les plus indiscutables, et si l’on interdit à un événement futur d’influer sur un événement passé pour préserver la causalité – et avec elle le hasard –, alors on est obligé d’accepter le « théorème du libre arbitre » qui énonce que si le libre arbitre existe pour l’homme, alors il doit obligatoirement exister pour toutes les particules élémentaires ! Démonstration d’autant plus imparable que mathématique, et de quoi faire réfléchir les partisans du hasard – roi dans l’interprétation de l’indéterminisme causal – car nous touchons là un point sensible de l’être humain : son libre arbitre. Autant traduire sans façon ce théorème par l’énoncé suivant : le maintien envers et contre tout de la causalité en physique fait faire à la science une plongée dans l’ésotérisme le plus complet, et voilà donc où nous en sommes rendus aujourd’hui. Fort heureusement, de plus en plus de physiciens n’hésitent plus à abandonner ce vieux principe de causalité devenu trop fragile et deux d’entre eux (Nielsen & Ninomiya), hautement réputés pour leurs travaux sur la théorie des cordes, Ni hérisson, ni paillasson (ou comment être dans le monde sans être du monde?) 2 ont même développé une théorie dans laquelle le futur peut, enfin, commencer à jouer un rôle pour déterminer le cours de notre présent, par rétrocausalité (causalité dans le sens inverse du temps). Forts de la réversibilité des équations de la physique, qui sont valables dans les deux sens du temps, ils commencent en 2006 par publier un article dans lequel ils réfutent un autre principe trop fragile de la physique constitué par la flèche du temps (ou irréversibilité) pour pouvoir ensuite élaborer des modèles d’évolution contenant des conditions finales en plus des conditions initiales. (…) Une porte est maintenant ouverte quant à la respectabilité de l’idée d’une seconde causalité qui remonte le temps. Dans mon livre intitulé « La Route du Temps – Théorie de la Double Causalité », paru en 2010, les conséquences d’une telle seconde causalité, qualifiable de « rétrocausalité macroscopique », sont analysées en profondeur pour en déduire comment le libre arbitre de l’homme pourrait s’exercer dans un futur déjà réalisé (quoique non figé). En ce sens, il s’agit d’une théorie métaphysique car, pour qu’elle soit recevable en physique moderne, elle exige d’ouvrir une autre porte qui ne soit pas des moindres : rendre acceptable l’hypothèse que le libre arbitre pourrait s’exercer au moyen d’une influence de nos intentions sur les probabilités d’occurrence de certains futurs plutôt que d’autres ! Tous nos futurs existeraient ainsi à l’état de potentiels latents, c’est-à-dire déjà déployés, mais non encore vécus, et ils seraient directement modelables au niveau de leurs probabilités par le biais de nos intentions libres. Considérée d’un point de vue logique, si effectivement nos futurs probables sont déjà actuels, alors cette idée est imparable : si nous décidons aujourd’hui de changer d’orientation pour notre avenir, les probabilités d’occurrence de l’avenir que nous privilégions seront instantanément augmentées au moment même où notre libre arbitre s’exerce, donc bien avant que cet avenir ne commence vraiment à se préparer, ne serait-ce que par « hasard ». Le problème est que nous avons du mal à imaginer par quel biais notre changement d’intention pourrait se traduire instantanément en modifications physiques de la structure probabiliste de nos avenirs potentiels déjà déployés. Mais dans une physique moderne en pleine mutation, où la théorie des univers parallèles apparaît comme la plus cohérente pour expliquer les observations, et où l’on est forcé d’introduire des dimensions supplémentaires à l’espace pour y parvenir (qui plus est, des dimensions qualifiables d’« intérieures » car extrêmement petites et repliées sur elles-mêmes), n’y aurait-il pas enfin une place pour héberger cette structure intemporelle de notre esprit que l’on appelle l’âme, et qui se définirait fort justement comme cette partie de nous-mêmes douée du libre arbitre authentique, c’est-à-dire capable de privilégier certains futurs indépendamment de tout conditionnement causal ? » Quelle heure est-il à l'horloge de l'évolution humaine? Il est l'heure de s'éveiller à cette dimension nouvelle, au merveilleux pouvoir de notre Âme-Esprit qui réhabilite l'existence d'une transcendance, d'au au-delà accessible au divin. Cette révolution culturelle et spirituelle est en marche assurément. Mais elle nécessite une refonte de nos conceptions du monde antiques ou modernes, et plus particulièrement d'en finir avec certaines représentations d'un Dieu interventionniste (Grand Marionnettiste ou Sadique) ou celle encore du Grand Absent appelé aussi le Tout Autre. Soyons clairs : si la nature transcendante de l’Amour est réhabilitée comme source de toute création, si elle a bien une réalité physique fondamentale, et même première, ayant pour propriété de régir l’évolution de nos «trajectoires de vies » au même titre que les lois de la gravitation régissent les mouvements de la matière – ce qui est pour l'heure supposé sans être prouvé -, alors Dieu n'est plus une simple métaphore. Il est profondément lié à cette énergie bienfaisante dont nous disons qu'elle nous vient du futur parce qu'elle n'est pas conditionnée par les lois connues de notre univers. Elle sera par la force des choses universelle et « impersonnelle », plus vaste en somme qu'une simple projection anthropomorphique au ciel, bien plus grande même qu'une super Personne. Elle dépassera largement ce dont nos religions ont pu en dire. Par contre, elle devra être Ni hérisson, ni paillasson (ou comment être dans le monde sans être du monde?) 3 « expérimentable ». Pas simple en vérité, car nous avons envers le divin une inimitié profonde : nous sommes déçus, tristes, fâchés, ou pire quand nous nourrissons envers lui carrément de la haine. Dieu est l'objet de toutes les attentes comme de tous les reproches, voire de toutes les déceptions. Sa création ne nous semble-t-elle pas mal fichue ? La nature bien trop hostile et complexe ? Pourquoi tant de souffrances ? Pourquoi laisse-t-Il le mal et le malheur nous meurtrir ? Nos prières et nos attentes de progrès inexaucées ? Pourquoi tous ces mystères au sujet de l'après vie ? La liste de nos questions et reproches serait sans fin. En réalité, nous devons tous déchanter : Dieu n'est décidément pas comme les humains le souhaiteraient ! Avec le postulat incontournable du libre arbitre, la TDC parachève le mouvement amorcé depuis la nuit des temps qui vient exclure du ciel toute référence à un démiurge forcément interventionniste. Si l'Amour est principe d'harmonie et d'équilibre de tout, s'il est la signature du divin, c'est en ces qualités spécifiques que nous sommes appelés à le rencontrer, à le vivre toujours plus consciemment, tout en bénéficiant de son Aide. Sortir du cadre Pour que l'esprit puisse parvenir à la pleine conscience, il faut sortir du cadre : du pilotage automatique de l'ego, par la double intentionnalité du corps-propre et celle de la conscience, qui nous situe en permanence dans le passé-présent, à la recherche du contentement, à vouloir éviter la douleur, en nous préservant une solution de fuite, en évitant surtout d'être échec et mat. Là, tout est lu, interprété, analysé, orienté en fonction de nos souvenirs positifs et négatifs les plus marquants qui servent de mesure à tout ce qui se présente; nous le faisons la plupart du temps en mode automatique mais souvent aussi en écoutant ce que nous disent nos prédictions, de sorte que nous ne sommes que rarement dans le présent, dans la potentialité qu'il contient vraiment. Parfois, nous osons désobéir, nous lancer dans l'aventure de la nouveauté par un choix irréfléchi qui nous fait sortir du mode causal. Mais cela reste exceptionnel. Dès lors, le mode causal s'impose : nous sommes et restons sur les rails de notre passé-présent qui conditionne l'avenir à travers la répétition. Il n'y a là aucun libre arbitre. Notre passé est maintenu et il conditionne l'avenir. Si nous voulons nous ouvrir au futur, à l'Aide de Dieu, il va falloir apprendre à quitter le mode causal issu du passé-présent ; cela veut dire, bien sûr, observer notre fonctionnement automatique et le mécanisme de nos prédictions, en prendre distance si possible amusée, et développer l'écoute de l'intuition par laquelle notre Âme-Esprit nous parle. Mais, nous aurons aussi à être proactif, à définir un futur en choisissant Qui nous voulons être, Ce dont nous voulons faire l'expérience ; plus ces nouvelles orientations seront claires et mieux nous pourrons bénéficier de l'Aide de Dieu, car ce sont des dépôts d'intentions, des demandes adressées au futur. Si nos intentions ne sont pas violentes, si elles sont généreuses et désintéressées, elles pourront être plus facilement favorisées par notre Âme-Esprit. Nous pouvons également prendre les devant, nous comporter déjà en fonction de ce dont nous voulons faire l'expérience, prendre des risques, suivre nos intuitions, nous lancer à l'eau en pleine confiance et conscience sachant que le libre arbitre régit tout, tout en nous informant de ce qui est possible compte tenu de notre environnement. L'exaucement, ne l'oublions pas, dépend aussi de cette règle fondamentale. Il ne nous sera pas donné ce que nous ne pensons pas pouvoir recevoir ni ce qui signifierait la violation du libre arbitre d'autrui ! Il est préférable dès lors de lâcher la volonté de maîtrise pour se risquer en confiance, en émotion ou par un choix abrupte par exemple dans ce que nous désirons. Les réponses dépendront du libre arbitre divin. Cette approche, disons-le ouvertement, constitue une révolution copernicienne dont il convient de prendre la pleine mesure. La vie en cadeau Le libre arbitre signifie en réalité – dans la Seconde causalité - qu'il n'y a rien à faire, que Ni hérisson, ni paillasson (ou comment être dans le monde sans être du monde?) 4 rien n'est exigé et qu'il n'y a nulle part où aller. Nous avons reçu le droit d'expérimenter Qui nous voulons être et Ce dont nous voulons faire l'expérience. Et ce droit ne nous sera pas retiré, pas plus qu'il ne sera entravé ! Le divin tout au plus ne favorisera pas des intentions néfastes, mauvaises ou malsaines, ni ce qui dans l'environnement immédiat violerait le principe du libre arbitre. Pour le reste, nous savons pouvoir compter sur notre Âme-Esprit ajusté complètement à Qui nous sommes. Il s'agit en vérité de nous éveiller à cette présence bienveillante permanente ; elle est notre futur non encore accompli de qui va dépendre toute matérialisation dispensée sous formes d'intuition, de prémonition, d'inspiration, de heureux hasards et de synchronicité. La vie est dès lors notre terrain de jeux, avec pour loi essentielle le libre arbitre. Celui de Dieu s'exprime dans les lois de l'univers, dans la vie qui cherche son chemin vers la conscience, dans la répartition et l'interaction entre l'énergie, la matière et l'Information pure en surcroît, dont nous pouvons présupposer l'existence (il faut bien qu'il y ait l'ensemble de tous les possibles!). La logique nous conduit à postuler ensuite notre libre arbitre et celui des autres qui seront pour une part en interactions volontaires ou « inconscientes ». Notre Âme-Esprit a le pouvoir de favoriser des rencontres ou des synergies pour autant qu'elles soient ajustées à Qui nous sommes comme à l'environnement. Rien ne nous sera imposé contre notre volonté profonde, ni sans notre accord. L'Aide divine est une constante. Mais si nous ignorons cette mécanique céleste, les possibilités de matérialisation diminuent forcément, surtout si nous avons la prétention de tout maîtriser, de tout vouloir régir et définir dans notre vie. Là, pas de miracle : nous restons prisonniers de nos illusions et tributaires des affrontements humains. Le libre arbitre est vraiment au cœur de tout, une loi que nous peinons pourtant à vouloir reconnaître. Elle n'a rien à voir avec cette maxime bien connue : vivre et laisser vivre. Pas plus qu'elle ne suppose une tolérance relativiste. Quand elle fait de la vie notre terrain de jeux, elle nous incite à définir Qui nous voulons être et Ce dont nous voulons faire l'expérience en toute liberté mais aussi en toute responsabilité. Nos choix seront-ils mondains, dans l'avoir et le paraître ? Seront-ils plus spirituels ? Plus fraternels, généreux ou désintéressés ? À nous de le définir souverainement, de les vivre et d'en tirer des conclusions. Si la vie cherche son chemin vers plus de conscience, il est une voie qui tend à l'utilisation de cette « mécanique divine » qui serait l'aboutissement ultime, la finalité dernière de cette aventure pour atteindre le plus humain de l'humain. Elle ira ou non à son accomplissement ; nous gardons la liberté de nous y engager. Elle contiendra toutefois nécessairement la pacification librement consentie de l'humain et une avancée significative dans l'ouverture à l'Aide divine, ce merveilleux pouvoir de « magicien » dont nous parle Philippe Guillemant. Comment se sentir et se savoir aimé d'en-haut ? Une parole libératrice est à entendre et à ressentir avec émotion :la honte, la haine et la peur où tu habites, tout ce qui te restreint, te réduit, t'avilit, et ce qui te fait te sentir moindre ou inadapté, tout cela n'est pas ta vraie demeure. « Toute la bassesse où tu crois sombrer n'est qu'un mirage de mort, celui qui naît en toi naît ailleurs. Cette parole-là, la très grande parole humaine et plus qu'humaine, elle circule parmi nous, perdue et retrouvée, inouïe et déjà dite, d'une simplicité nue et d'une richesse inépuisable1. » Il nous la faut, car l'en-bas campe toujours dans la tristesse d'être, d'être là, qui je suis, de subsister sans remède. L'Ordre du chaos installe alors la coupure entre la dynamique de l'en-bas et le don, la simple joie fragile d'être né, un parmi les vivants. Il nous maintient dans ce feu dévorant et destructeur qui fait de la mort un aiguillon. Douleurs et tristesse d'être soi ; rêves d'amour et de grandeurs ; pourquoi ne pas s'y risquer à les vivre ? Facile à dire. Même si tout vaut mieux, même se tromper en 1. Maurice Bellet : La traversée de l'en-bas, Bayard 2013, p.64. Ni hérisson, ni paillasson (ou comment être dans le monde sans être du monde?) 5 route, plutôt que de rester englué dans l'impuissance. Ce qu'il faudrait : ne pas désespérer de soimême, ne juger ni ne condamner personne et faire au jour le jour selon le meilleur désir de son cœur. L'auteur inconnu du Nuage d'inconnaissance disait déjà au XIVe s. : « Ce n'est point ce que tu es ou ce que tu as été, que Dieu regarde avec les yeux de la miséricorde, mais ce que tu as désir d'être. » Toutefois, pour accomplir le meilleur désir de son cœur, encore faut-il dépasser les douleurs et tristesses d'être soi ou nos quêtes compulsives d'amour et de grandeurs ; un exode hors du cadre habituel de nos souvenirs ou de nos automatismes est nécessaire ; il faut donc une transcendance, un au-delà vers lequel nous orienter pour trouver la sécurité et le contentement. Dans l'approche chrétienne, cette fonction est présente dans le pardon offert dans le sacrifice de Jésus, lui qui a affronté tout l'en-bas et qui en triomphé ; quelque chose est demeuré intact. Comment le nommer ? Il n'a pas été dévoré par la haine, il est resté fidèle, attentif aux autres humains, amant de la vérité malgré les déceptions, cherchant encore la lumière du commencement, la lumière de la miséricorde. Dès lors, son Amour-compassion nous redonne vie ; Il est toujours notre futur à rejoindre et à conjuguer au présent. En somme, un désir d'être spécifique venant contester l'inhumain de la violence sous toutes ses formes. L'amour réclame bien en effet la fin de toute prétention à saisir, posséder, faire le maître en autrui ou en soi-même. C'est l'Interdit suprême, la Loi des lois. L’Évolution spirituelle attendue et espérée, celle qui fera de nous les enfants de Dieu. Ce que je puis, c'est entendre intensément ce qui donne réalité à cette espérance particulière seule à même de surmonter le vertige du néant: je peux me déprendre, avec joie et même soulagement, de toute prétention à saisir, posséder, faire le maître en autrui ou en soi-même de sorte que la vie ait un goût d'éternité. Quand cette écoute intense fait sens, je suis alors capable ne pas désespérer de moimême, de ne juger ni ne condamner personne et de faire au jour le jour selon le meilleur désir de mon cœur. Une véritable pro-vocation en vérité, à la fois vocation pour une humanité différente, et protestation contre l'Ordre du chaos - le non-amour et l'inhumain – qui nous fait oublier la simple joie fragile d'être né, un parmi les vivants. Ici, tout vaut mieux, même se tromper en route, plutôt que de croupir dans l'absence de soins et de délicatesse les uns envers les autres, devenue la loi du monde. Nous ne la combattrons pas en faisant le hérisson, mais en nous en dégageant dans la certitude que nous ne mangeons pas de ce pain-là. Et de même, inutile de la laisser nous meurtrir ou nous piétiner comme si nous étions des paillassons. Le pur respect, le respect de tendresse, n'est-il pas ce qui bienheureusement ignore l'art de détruire tout autant que celui d'être détruit? Une distance est à trouver face à l'amour meurtri mêlé de réclamation, revendication, exigence, ressentiment, prétention d'avoir des droits... ; à nous d'éviter aussi la haine qui renvoie à la nonexistence ou pire, haine perverse qui prend les apparences de l'amour pour détruire plus sûrement. Cela se fera par élévation de notre niveau de conscience. L'Ordre du chaos, qu'il s'exprime sous forme de violence relationnelle, d'imposition, de déni, de vantardise, de jouissances morbides ou perverses, ou qu'il se cache derrière la réussite sociale (celle qui justifie les addictions au pouvoir, au sexe, à l'argent et à la gloire), ne nous fascinera plus ; au contraire, nous serons infiniment tristes d'en constater – même autour de nous - la banalité. Il y a dans cette conscience aiguë un potentiel de guérison ou, pour le dire autrement, un nouveau désir d'être que nous avons tout intérêt à porter devant Dieu. En visualisant la sortie de l'Ordre du chaos. En rêvant d'un autre monde. En demandant la guérison, la force de cette tendresse-amour qui est fin de toute prétention à saisir, posséder, faire le maître en autrui ou en soi-même. En réaffirmant la simple joie fragile d'être né, un parmi les vivants. Ni hérisson, ni paillasson en somme ! C'est en remplissant notre Âme-Esprit de cette tendresse-amour que nous aurons part à l'évolution spirituelle en marche, celle qui invite toute personne à devenir un éveilleur-témoin de tout ce qu'il y a de plus humain en nous tous. Le reste nous sera donné de surcroît (ou comme par magie...). (Philippe Nussbaum, pasteur, janvier 2014)