Assassinat d`une modiste

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Assassinat d`une modiste
GRAND FORMAT
Assassinat
d’une modiste
(1940 – 1943)
Un film documentaire de Catherine Bernstein
Coproduction : ARTE France, IO Production (2005 - 82’)
Lundi 29 mai 2006 à 22.20
Assassinat d’une modiste
(1940 - 1943)
Le destin tragique de Fanny Berger, jeune femme, libre et moderne, qui avait fondé à
Paris sa propre maison de mode. A travers le récit exemplaire de la spoliation dont
elle a été victime, une enquête minutieuse et bouleversante sur le processus d’aryanisation des entreprises juives en France, prélude à la Solution Finale.
Avant-guerre, Fanny Berger avait son atelier de modiste, rue Balzac, près des ChampsÉlysées. Après-guerre, Fanny Berger n’est plus là.
Daté du 27 février 1946, un « acte de disparition » à en tête du ministère français des Anciens Combattants, porte les informations suivantes :
« Bernstein Odette, Fanny. Arrêté le 20 mai 1942. Interné à Beaune-la-Rolande puis à Drancy.
Déporté à Auschwitz (Pologne) par le convoi parti de Drancy le 18 juillet 1943. » Pas de « e »
a arrêté, interné, déporté qui permette de savoir qu’il s’agit bien d’une femme.
Les archives de l’administration française sous l’Occupation permettent de découvrir ce
qui lui est arrivé. Le film éclaire d’un jour cru et détaillé le processus de spoliation des
biens Juifs en France. Petit à petit, le destin de cette jeune femme volontaire se mêle à
celui de tous ceux qui l’ont accompagnée dans l’enfer de la machine à anéantir, mise en
place par les Nazis.
Comme à la lumière d’une braise, quelques secondes réanimée, Catherine Bernstein croit
percevoir un instant le visage de Fanny, sa grand-tante. Plus elle s’acharne à vouloir lui
redonner vie, plus elle lui échappe pour retourner dans le néant.
note d’intention
Odette-Fanny Bernstein (dite Berger) était la sœur de mon grand-père.
Elle a fortement marqué ma famille, ceux qui l’ont connue mais aussi
ceux qui ne l’ont pas connue. Je ne sais pas si c’est grâce à sa réussite
professionnelle (ses chapeaux connaissaient un grand succès), ou à
cause de son assassinat. Probablement un peu des deux. Toujours est-il
que cette absente est devenue omniprésente, au point que je réalise
aujourd’hui qu’elle m’a toujours accompagnée, voire même hantée. Il y a probablement dans chaque famille un aïeul qui, lorsque l’on est
enfant frappe notre imagination. Cet héritage m’est pourtant un jour
devenu pesant. J’ai alors ressenti le besoin de partir sur les traces de
cette grand-tante à jamais disparue.
Catherine Bernstein
Fanny Berger
Fanny naît le 2 juillet 1901 à Neuilly sur Seine. Paul Bernstein la
déclare sous le nom d’Odette Fanny Bernstein. Elle a deux frères, Serge et Daniel.
Originaire de Kichinev en Biélorussie, Paul Bernstein s’installe
en France et devient liquidateur dans les procès internationaux.
La mère de Fanny, Alix Neuburger vient d’une famille bourgeoise
installée depuis longtemps au Palais-Royal. Elle et son mari sont
juifs. Mais ils ne sont ni croyants, ni pratiquants.
Fanny vit entre une mère autoritaire et de surcroît extrêmement
misogyne et un père bon mais faible. Fanny quitte le foyer familial
pour ne plus revoir sa mère. Toutefois, à l’insu de celle-ci, Fanny
continuera de voir régulièrement son père.
Il faut attendre ses 30 ans pour retrouver sa trace. A cette époque, elle ouvre un salon de modiste rue de Richelieu puis avenue
de Wagram. Les chapeaux qu’elle crée sont rapidement remarqués.
En 1932, elle enregistre son salon de mode sous le nom de Fanny Berger, au registre de
commerce. Il est situé au 4, rue Balzac près des Champs-Élysées.
Entre 1932 et 1939, elle rencontre Raymond de Sonis, grand séducteur, avec qui elle a
une relation suivie.
Au moment de l’invasion allemande puis de l’armistice, Fanny a 39 ans et ses chapeaux
connaissent un succès certain. Elle voit de nombreux Juifs de Hollande, de Belgique et
du Luxembourg affluer, tandis que d’autres de Paris se réfugient dans le sud de la France.
Des actes antisémites sont perpétrés de plus en plus ouvertement dans la capitale ; ce
que Fanny ne peut ignorer. Le 2 octobre, Fanny apprend par le journal qu’elle doit se faire
recenser en tant que juive. « Est regardé comme juif toute personne issue de trois grandsparents de race juive… ». Fanny a quatre grands-parents juifs.
Le 4 octobre, elle se rend au commissariat du VIIIème arrondissement pour se faire recenser. Ce jour-là, on lui donne un matricule qui figurera dans son « dossier juif ». C’est le
numéro 20 900.
Quelques jours plus tard, Fanny doit coller sur la vitrine de sa boutique une affiche jaune
indiquant qu’il s’agit d’une entreprise juive.
Elle apprend que son père ne peut plus exercer son métier.
En novembre 1940, elle est à nouveau convoquée à son commissariat, mais cette fois
individuellement. Sa carte d’alimentation est tamponnée avec la mention « Juive » et on lui
remet sa première carte d’identité.
Le 26 avril 1941, Fanny n’a plus le droit d’être en contact avec sa clientèle. Elle doit se
mettre à l’écart dans sa boutique, ne pas être visible de ses clientes.
Le 28 mai 1941, Fanny apprend qu’elle ne peut plus accéder à son compte en banque, ni
à son livret de caisse d’épargne.
Le 5 juillet 1941, elle est informée que l’administrateur de biens, Monsieur Georges Nérot,
est chargé de vendre son salon de mode. Si elle refuse, son entreprise sera liquidée. Elle
n’a donc pas le choix.
Entre le 13 août et le 1er septembre, elle se rend à nouveau à son commissariat pour
déposer son poste de TSF.
C’est l’une de ses anciennes employées, Mademoiselle Martin, qui fait une offre de rachat
de l’entreprise Fanny Berger auprès de l’administrateur de biens.
Fin septembre, Monsieur Nérot informe le Service du Contrôle des administrateurs-provisoires que : « Mademoiselle Fanny Bernstein, propriétaire israélite, est prête à signer
l’acte de vente. »
Le 29 novembre 1941, Fanny est obligée de s’affilier à l’UGIF, Union Générale des Israélites de France, organisme ambigu créé à l’initiative des Allemands et de Vichy.
Le 8 décembre 1941, Fanny signe chez Maître Faroux l’acte de vente de son salon de
mode. Fanny ne perçoit rien de cette vente.
Le 10 février 1940, Fanny Berger redevient Odette Bernstein car elle n’a plus le droit d’utiliser le prénom et le nom qu’elle s’était choisis.
Fanny n’a plus le droit de sortir de 20 heures à 6 heures du matin.
Lors des bombardements, elle n’a pas le droit de se réfugier dans les abris du quartier.
Fanny apprend, durant ce printemps 42, l’arrestation de son frère aîné, Serge puis celle
de son second frère, Daniel, suite à une dénonciation.
Le 2 juin, Fanny va chercher à son commissariat trois étoiles jaunes. Elle doit les coudre
« solidement et bien visible sur le côté gauche de son vêtement ».
Fanny n’a désormais plus le droit de posséder un téléphone, ni de se rendre dans une
cabine téléphonique.
Durant cet été 42, Fanny n’a plus le droit de pénétrer dans un jardin public, ni dans une
piscine, ni dans les bains douches.
Elle n’a pas le droit d’aller au cinéma, au théâtre, à un concert, dans un musée, une bibliothèque, une exposition. Les concours sportifs, les champs de courses et les campings lui
sont interdits comme entrer dans une auberge ou un café.
Elle n’a pas le droit de se rendre sur les marchés, dans les grands magasins, les magasins de détails et artisanaux pour y faire ses achats. Elle ne peut faire ses courses que de
15 à 16 heures, heure où la majorité des magasins d’alimentation sont fermés.
Elle n’a pas le droit pour se déplacer, de posséder une bicyclette.
Elle peut utiliser le métro mais uniquement dans le dernier wagon des rames.
Le 19 septembre 1942, Fanny qui tentait de franchir la ligne de démarcation, est arrêtée
sur le pont de Moulins. Elle est enfermée dans la seule prison totalement allemande sur
le sol français. Il s’agit d’une ancienne bâtisse en plein cœur de Moulins, équipée de cachots du XIVe siècle. Un mois plus tard, le 19 octobre, elle voyage en train, de Moulins à
Beaune-La-Rollande dans le Loiret.
Durant exactement huit mois, elle est internée dans le camp de Beaune-La-Rolande.
Le 19 juin 1943, elle est emmenée au camp de Drancy dont Aloïs Brunner vient de prendre la direction.
Le 20 juin, Fanny est interrogée par Brunner qui cherche à savoir si elle a de la famille à
Paris et où elle se trouve. Ses parents n’ont pas été inquiétés. Fanny a répondu qu’elle
n’avait plus de famille à Paris.
Le 1er juillet, Fanny est tenue de déposer ce qui lui reste dans un compte qui lui est ouvert
dans le camp. Elle y dépose 85 francs.
Le 15 juillet, Fanny est désignée par Aloïs Brunner pour le prochain convoi.
A l’aube du 18 juillet 1943, Fanny est délestée de ses derniers effets. Elle est ensuite
emmenée en bus avec 1000 autres Juifs à la gare de Bobigny située non loin du camp
de Drancy.
Elle est ensuite enfermée avec d’autres dans un train de marchandises qui quitte la gare
de Bobigny à 9h30. Elle voyage durant trois jours en pleine canicule entassée dans un
wagon.
Le 21 juillet, Fanny arrive dans le camp d’Auschwitz en Pologne.
Quelques heures plus tard, elle est gazée.
Les intervenants
Monique Bernstein..........................................................La nièce de Fanny
Michel Bernstein...............................................................Le neveu de Fanny
Fabienne Falluel...............................................................Musée de la Mode
de la ville de Paris
Caroline Piketty.................................................................Archives Nationales
Jean-Marc Dreyfus..........................................................Historien
Maître Frédéric Bonnart. ...............................................Notaire
Louis Geoffre de Chabrignac.....................................Témoin de la vente
de l’atelier de Fanny
Patrice Marcilloux. ...........................................................Archives Départementales du Loiret
Les sœurs Nowodworskyi ...........................................Raymonde, Suzanne
et Flora internées
au camp de Beaune-la-Rolande
Henri Bulawko. ..................................................................Le déporté revenu
et
Claude Charlot..................................................................Musée de la Préfecture
de Police de Paris
Fiche technique
Un film de............................................................................Catherine Bernstein
Avec la collaboration de...............................................Nico Di Biase
Image....................................................................................Jérôme Colin
Son.........................................................................................Nicolas Zwarg
Montage...............................................................................Stefan Richter
Musique. ..............................................................................Christophe Chevalier
Mixage..................................................................................Pierre Cordellier
Documentalistes...............................................................Marie-Nicole Feret
Christina Varady
Direction de production. ...............................................Jacquie Chavance
Production déléguée......................................................IO Production
Dominique Pailler
En coproduction avec....................................................ARTE France
Unité de programme
Thierry Garrel
Pierrette Ominetti
Avec la participation.......................................................du CNC
Avec le soutien de...........................................................la PROCIREP
L’Angoa-Agicoa
de La Mairie de Beaune-La-Rolande
de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Contact presse : Céline Chevalier – Nadia Refsi – Rima Matta 01 55 00 70 41 / 23 /40
[email protected] [email protected] [email protected]

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