ACL - Govaert S. - 2016 - La VRT et le monde politque flamand, des

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ACL - Govaert S. - 2016 - La VRT et le monde politque flamand, des
La VRT et le monde politique flamand :
des liaisons dangereuses ?
Serge Govaert
A
u début de l’année 2016, Paul Lembrechts a été désigné à la tête de la Vlaamse
Radio en Televisie (VRT). Issu du monde bancaire, le nouvel administrateur
délégué a été étiqueté N-VA, peut-être un peu rapidement. Les relations entre
la chaîne publique flamande de radio-télévision et ce parti, et plus largement avec le
monde politique flamand, sont complexes et délicates, en particulier dans un contexte
de restrictions budgétaires. Un retour en arrière sur la position qu’occupe la VRT dans
le panorama flamand permet de situer les enjeux de ces relations.
La VRT, « bastion rouge »
Jusqu’à la naissance, le 1er février 1989, de la Vlaamse Televisie Maatschappij (VTM,
la première chaîne de télévision privée flamande), la Belgische Radio en Televisie (BRT),
devenue VRT en 1991, a bénéficié d’un monopole sur les ondes en Flandre.
Depuis la scission, en 1960, de l’Institut national de radiodiffusion (INR-NIR) en BRT
et RTB (RTBF à partir des années 1970), la mission de l’institution publique flamande
s’est inscrite dans le cadre de la construction d’une identité flamande. La révision
constitutionnelle de 1970-1971 a mis en place l’autonomie culturelle, et a créé une
Communauté culturelle à même de faire des choix spécifiques. Dans ce cadre, l’objectif
premier de la BRT puis de la VRT a été de contribuer à une forme d’émancipation de
la Communauté flamande dans une Belgique remodelée. La télévision, en particulier,
était convaincue de pouvoir être un véritable levier pour l’édification politique et culturelle
de la Flandre. Cette conviction a été soutenue par le pouvoir politique qui, à travers
la désignation des membres du conseil d’administration de la VRT, en fixe la stratégie
générale. Les sociaux-chrétiens du CVP (l’ancêtre du CD&V) étaient bien représentés dans
le personnel dirigeant de la BRT puis de la VRT, tout comme les socialistes flamands,
qui détenaient des postes-clés dans le secteur de l’information.
L’avènement des chaînes privées à la fin des années 1980 a changé la donne. Il a contraint
la radio-télévision publique à programmer des émissions susceptibles de drainer un public
suffisamment large pour ne pas voir son audience se réduire comme peau de chagrin.
Curieusement, et peut-être aussi paradoxalement vu les ambitions qu’elles affichaient,
la BRT puis la VRT sont passées pendant toutes ces années et au-delà pour un « bastion
rouge » aux yeux des partis de la droite flamande et de leur électorat. Ainsi, le Vlaams
Belang écrivait sur son site le 11 avril 2005 que « la VRT est une chaîne gauchiste qui fait
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quotidiennement de la propagande pour les amis du SP.A et crache sur tout ce qui est
flamand ». La VRT elle-même admettait l’existence de cette perception : en octobre 2015,
le président de son conseil d’administration a rendu publiques les conclusions d’études
externes démontrant l’impartialité de ses émissions, en précisant que « la chaîne de
télévision publique est régulièrement présentée comme un bastion rouge ; c’est pourquoi
1
elle a fait effectuer ces analyses » . L’actuel président de la Chambre des représentants,
Siegfried Bracke (N-VA), qui fut – avant d’entamer une carrière politique – l’un des
journalistes vedettes de la VRT, enfonçait ce clou dans un entretien avec un journaliste
en décembre 2014 : pour lui, la VRT est « une petite usine où l’on ne conteste pas les
positions de gauche. J’en ai fait les frais moi-même quand j’étais rédacteur en chef.
Karel Dillen (le président-fondateur du Vlaams Blok) était décédé, et la rédaction avait
décidé, dans sa grande sagesse, de n’en rien faire. Alors que Dillen a fondé un parti qui,
à un moment donné, était parmi les plus importants de Flandre, qui a aussi mis le couteau
dans la plaie tout en empêchant qu’on soigne la plaie. Il n’y a pas là matière à récit,
2
affirmaient mes rédacteurs. Et ils se donnaient raison l’un l’autre » .
Dans les années 1990, l’essor du Vlaams Blok pose effectivement problème aux journalistes
de la VRT. Ceux-ci sont tenus, dans leurs émissions d’information, de permettre
l’expression de toutes les sensibilités politiques, mais il leur est aussi interdit de
diffuser des programmes qui incitent au racisme et à la xénophobie. Une note rédigée
à l’automne 2001 sous le titre De VRT en de democratische samenleving (La VRT et la société
démocratique) mène à la conclusion que le Vlaams Blok « n’est pas un parti comme un
autre » et qu’il se justifie donc de le traiter en tant que tel, c’est-à-dire, par exemple,
de ne pas l’inviter systématiquement à participer à des débats sur antenne.
On peut évidemment s’interroger sur l’impact réel de la télévision dans l’opinion publique,
a fortiori dès lors que les réseaux sociaux y exercent une influence grandissante. Il n’en
reste pas moins que l’action politique est, de plus en plus, fortement médiatisée et que
la présence des chaînes commerciales, soustraites aux obligations qui s’imposent au
secteur public et soucieuses avant tout d’audiences susceptibles de générer des recettes
publicitaires, font peser sur les chaînes de télévision publiques une pression sans précédent.
Le monde politique, quant à lui, s’est adapté à cette évolution et sa relation avec les médias,
en particulier les médias publics sur lesquels il peut exercer un certain contrôle, en devient
délicate.
L’affaire Delefortrie
Fin 2015, ce dossier connaît un nouveau développement à l’occasion de l’interview,
par un journaliste de la VRT (Bart Schols), d’un jeune Flamand converti à l’islam, parti
combattre en Syrie aux côtés des djihadistes de l’État islamique. Michael Younes Delefortrie
est l’invité du programme « De Afspraak » (« Le rendez-vous »), le 12 octobre 2015. Il s’y
emploie à affirmer sa foi dans la justesse de sa cause, précisant qu’il ne regrette pas les
combats menés en Syrie, proclamant son admiration pour Oussama Ben Laden et pour
Fouad Belkacem (le leader de Sharia4Belgium), selon lui injustement détenu en prison,
et se refusant à condamner les vidéos sanglantes de l’État islamique. Diffusée en direct,
l’émission est retirée le jour même de toutes les plates-formes numériques de la VRT :
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2
De Tijd, 8 octobre 2015. Toutes les citations en néerlandais sont traduites par l’auteur.
De Morgen, 20 décembre 2014.
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selon le rédacteur en chef du service d’information de la VRT et directeur de l’info, Fons
3
Rademakers, il s’agit en l’occurrence d’un « faux pas » (en français dans le texte) . La VRT
elle-même souligne dans un communiqué de presse que « lors de la discussion en studio,
la personne interrogée a fait un certain nombre de déclarations qui vont à l’encontre
des valeurs démocratiques et qui ont insuffisamment été mises en discussion ».
Ce « faux pas » n’est pas le premier du genre. De manière similaire, le 22 août 2014,
le programme télévisé « Terzake » de la VRT avait interviewé Anjem Choudary, l’un
des dirigeants de Sharia4UK, une organisation islamiste britannique. A. Choudary avait
notamment déclaré à cette occasion que « la charia est un meilleur système que le régime
juridique que vous pratiquez », sans être autrement mis sur la sellette par la journaliste
de la VRT à propos de cette assertion. À l’époque, le seul parti à avoir interpellé Sven Gatz
(Open VLD), le ministre flamand de la Culture, des Médias, de la Jeunesse et des Affaires
bruxelloises, avait été le Vlaams Belang : le 2 octobre 2014, un de ses députés flamands,
Stefaan Sintobin, lui demandait s’il considérait qu’il y avait eu infraction aux règles
déontologiques et s’il avait rappelé la VRT à ses devoirs. Un autre député flamand,
Wilfried Vandaele (N-VA), s’était montré plus réservé. Il avait évoqué une « erreur
d’appréciation », insistant sur le fait que la VRT doit pouvoir informer sur des questions
qui, pour le téléspectateur, « ne sont pas évidentes » mais qu’elle doit le faire « en veillant
à (...) aborder le message de façon critique » 4. Quant au ministre, il avait rappelé
l’importance de l’indépendance rédactionnelle de la VRT et souligné que les atteintes
éventuelles au décret sur les médias 5 ou au contrat de gestion signé avec la VRT devaient
être constatées et sanctionnées par un organe ad hoc, le Vlaams Regulator voor de Media
(VRM). Face à la réaction insatisfaite de l’interpellateur, il avait résumé sa position comme
suit : « Un : je condamne les propos de M. Choudary. Deux : je ne condamne pas le
reportage. Trois : néanmoins, la VRT doit se montrer plus vigilante » 6.
Bref, l’incident tenait un peu du pétard mouillé, mais le ministre était amené, malgré
sa volonté affichée de ne pas s’immiscer dans le fonctionnement de la VRT, à adresser
à celle-ci une mise en garde plus ou moins implicite.
Après l’entretien avec M. Y. Delefortrie en octobre 2015, la N-VA remonte au créneau,
plus fermement cette fois. Le 15 octobre, en séance plénière du Parlement flamand,
W. Vandaele fait savoir qu’après deux incidents, il est clair que quelque chose « ne va pas ».
Il ne peut s’agir à ses yeux que d’« erreurs structurelles » auxquelles il faut porter remède.
Lui emboîtant le pas, le député Chris Janssens (VB) regrette que la VRT pratique une
« double morale » : complaisance pour les islamistes, critiques impitoyables envers le
nationalisme flamand. Dans sa réponse, le ministre S. Gatz rappelle une fois encore
qu’il n’a pas pour habitude d’intervenir systématiquement dans le travail de la VRT mais
qu’il lui semble qu’en l’espèce, il a été porté atteinte au moins partiellement à la « trilogie »
3
4
5
6
De Morgen, 13 octobre 2015.
Dans une tribune libre publiée le 26 août 2014 par le journal De Standaard, les députés N-VA Matthias
Diependale et Wilfried Van Daele avaient cependant été plus explicites, notant en particulier que si
« une radio-télévision publique a évidemment pour tâche d’informer aussi dans le détail les téléspectateurs
sur ce point (...), il faut se demander comment. Peut-on donner un forum à quelqu’un qui se détourne
publiquement du respect des droits de l’homme ? » Les parlementaires s’offusquaient en particulier
du cadre : A. Choudary était filmé avec, en arrière-plan, Westminster – « le cœur de la démocratie
britannique » – ce qui « donnait à la personne interviewée une autorité qu’elle ne mérite pas ».
Decreet betreffende radio-omroep en televisie, 27 mars 2009, Moniteur belge, 30 avril 2009. Ce décret
a été modifié à plusieurs reprises depuis lors.
Vlaams Parlement, Commissie voor Cultuur, Jeugd, Sport en Media, Handelingen, C6, 2 octobre 2014.
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qui doit fonder ce travail, à savoir informatie, duiding en opiniëring (information, éclairage,
expression d’une opinion). Il précise que les choses seront mises au point dans le nouveau
contrat de gestion qui liera la VRT au gouvernement flamand.
Renégocier le contrat de gestion
Dès le 12 février 2015, S. Gatz avait été interrogé dans la commission du Parlement flamand
compétente, notamment, en matière de médias à propos de la renégociation de ce contrat
de gestion. C’est que, en 2015, le gouvernement flamand a décidé de diminuer la dotation
à la VRT, dans le cadre des restrictions qu’il entend imprimer à son budget. Ce que
le gouvernement flamand appelle « un parcours d’économies » (« besparingstraject »)
commence par une réduction de la dotation de 15 millions d’euros en 2015, ramenée
à une diminution de 5,5 millions en 2016 et chaque année, ensuite et jusqu’en 2019
(date des prochaines élections régionales et communautaires), à une baisse de 3 millions.
L’impact pour la VRT est accru par le fait qu’il n’y aura pas d’adaptation de la dotation
de fonctionnement à l’indice santé, et que les crédits qu’elle recevait dans le cadre du
budget consacré à la recherche et au développement sont eux aussi revus à la baisse.
Ces mesures ne frappent pas que la radio-télévision publique. L’ensemble du secteur
culturel et du secteur de l’éducation permanente doit faire face, en Flandre, à des
diminutions sensibles des aides gouvernementales. Cette situation est d’ailleurs à l’origine
de la création du mouvement Hart boven hard, devenu au fil des mois un mouvement
citoyen pluriforme 7.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement flamand a jugé nécessaire de revoir, suite à ces
décisions budgétaires, le contrat de gestion de la VRT qui, en principe, courait jusqu’en
2016. Il s’agissait, pour reprendre les termes utilisés par le ministre lui-même lors de la
réunion de la commission du 12 février 2015, d’« adapter les accords en matière de
financement public de la VRT et d’en expliciter les conséquences pour l’exécution des
missions de service public de l’institut de radiodiffusion ». Il ajoutait cependant aussitôt
« que la majorité des dispositions du contrat de gestion actuel restent, sans réserves,
d’application ».
Une résolution qui trace le chemin
Le 8 juillet 2015, six parlementaires membres des partis de la majorité flamande (Lionel
Bajart et Manuela Van Werde pour l’Open VLD, Karin Brouwers et Joris Poschet pour le
CD&V, Wilfried Vandaele et Marius Meremans pour la N-VA) déposent une proposition
de résolution qui fait l’objet d’un examen dans l’urgence en séance plénière et est adoptée
le jour même de son dépôt. Ce texte en 44 points 8 est approuvé avec les voix du CD&V,
de l’Open VLD et de la N-VA, contre celles du SP.A, de Groen et de l’unique élu
francophone ; les députés VB s’abstiennent.
La résolution contient une série de recommandations adressées au gouvernement
flamand dans le cadre de la renégociation du contrat de gestion avec la VRT. Fruit d’un
7
8
Cf. S. GOVAERT, « Hart boven hard et Tout autre chose », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2262, 2015.
Vlaams Parlement, Voorstel van resolutie betreffende de nieuwe beheersovereenkomst tussen de Vlaamse
Radio- en Televisieomroeporganisatie (VRT) en de Vlaamse Gemeenschap, STUK 426-1, 8 juillet 2015.
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compromis entre les trois partis de la majorité, elle aborde la matière sous plusieurs
angles – celui de l’information n’étant d’ailleurs pas le plus important. Les signataires
entendent surtout rendre la VRT, selon leur propre expression, « plus compacte ».
Ses missions prioritaires doivent être l’information, l’éclairage (duiding), la culture et
l’éducation et, dans ce cadre, le pluralisme et la neutralité continuent de jouer un rôle
essentiel.
Rien de très original à première vue. Ce qui l’est plus, et que la résolution souligne de
manière claire, c’est le refus d’une VRT qui fasse concurrence aux chaînes privées dans
le domaine du divertissement ou du sport, par exemple. De la même manière, le texte
pose que « l’offre en matière de divertissement et de sport ne doit pas être sans but
(vrijblijvend), mais partir d’un rôle social de reliance (verbindend) ». En d’autres termes :
la VRT ne doit pas être active sur le terrain que se réserve le secteur privé, qui est aussi
la partie la plus lucrative de l’activité des chaînes de radio et de télévision. De surcroît, la
VRT doit « se repositionner et jouer un rôle de renforcement du marché », notamment
en collaborant plus intensément avec des partenaires extérieurs.
Pour ces députés appartenant à la majorité flamande, la VRT n’a pas pour vocation de
« perturber le marché ». Sur son site web, W. Vandaele est particulièrement clair sur
ce point : « La VRT doit rester en dehors du terrain de la presse écrite, les contrats avec
des sponsors ou des entreprises du secteur audiovisuel doivent se conformer aux lois
du marché et les acteurs commerciaux doivent avoir la possibilité d’accéder de façon
9
équitable aux événements sportifs qui présentent un aspect commercialement attractif » .
Le contrat de gestion lui-même, signé fin décembre 2015 par l’administrateur général de
la VRT de l’époque, Leo Hellemans, et par le ministre Gatz, répond dans ses grandes lignes
aux préoccupations exprimées par la résolution.
Le contrat de gestion : de grands principes
En préambule, ce nouveau contrat de gestion indique que la VRT entend « informer,
inspirer et relier tous les Flamands, et renforcer ainsi la société flamande ». Rappel, donc,
d’une mission historique. La VRT, par ailleurs, se veut indépendante, fiable et recourant
à l’excellence en matière d’impartialité, d’éthique professionnelle et d’intégrité » ; elle
« contribue au rayonnement de l’identité flamande dans toute sa diversité ». Ses priorités
se situent dans les domaines de l’information, de la culture et de l’éducation ; pour ce
qui est du sport et du divertissement, elle doit apporter une « plus-value publique »
(le contrat souligne cependant la valeur du sport et du divertissement dans le cadre,
notamment, de la cohésion sociale).
La VRT doit garantir, souligne encore le contrat de gestion, une information et des
éclairages (duiding) impartiaux, indépendants et fiables. À cet effet, elle doit notamment
aider les auditeurs et téléspectateurs à « comprendre les faits et à en saisir l’impact »,
à notre époque de « flux d’information surabondants et d’informations non vérifiées ».
Elle « veille à l’impartialité de son offre en matière d’information et d’interprétation »
et « traite de façon consciente et responsable toutes les opinions existant dans l’espace
public flamand » en les plaçant dans le « contexte qui s’impose » et en leur donnant
« le poids nécessaire ». La VRT doit encore, entre autres tâches, « nourrir le débat public »
9
www.wilfriedvandaele.be.
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et mettre les usagers des médias « en contact avec les différentes opinions, conceptions
et idéologies qui vivent dans la société ».
Bref, le contrat de gestion est surtout un accord-cadre dont la portée est davantage
financière que déontologique : il contient des principes auxquels, à vrai dire, tout un
chacun pourrait souscrire. En plaçant l’information, la culture et l’éducation en tête
des missions de la VRT (avant le divertissement et l’offre sportive), il indique néanmoins
assez clairement quelle place les autorités flamandes réservent à l’institution publique
de radiodiffusion dans un paysage médiatique où la concurrence fait rage. Cela n’empêche
toutefois pas le contrat d’imposer à la VRT de toucher, sur une base hebdomadaire,
à partir de 2016, 85 % au moins de la population flamande et 75 % au moins de différents
« groupes-cibles » tels les différentes tranches d’âge, niveaux de formation ou encore
origines.
La « charte des programmes » (programmacharter) élaborée par la VRT fin 2009 (et adaptée
en 2014) contient des directives déontologiques plus précises, mais celles-ci ne s’appliquent
pas aux émissions d’information (nieuwsdienst). Cette charte insiste sur l’impartialité
des programmes, sur le souci de « l’impact social » des émissions, sur la défense de
l’indépendance des rédactions ; elle impose, dans le cas de sujets « controversés », que
des opinions diverses s’expriment sans que ce soit nécessairement au cours d’un même
programme. Elle réaffirme le refus de toute discrimination ou racisme et d’« incitation
à la discrimination ou au racisme ». La charte des programmes prévoit la mise en place
d’un « conseil » (programmacharterraad) dont les membres sont élus par les membres
du personnel auquel s’applique le texte, chargé de donner des avis et de traiter, en première
instance, des plaintes relatives à l’application de la charte. Elle instaure également une
commission d’appel et un poste de « manager d’éthique professionnelle » (manager
beroepsethiek) servant d’interface.
Par contre, le décret sur les médias du 27 mars 2009 prévoit, lui, l’élaboration d’un « code
de déontologie » et d’un « statut de la rédaction », tous deux en vigueur depuis le 1er mars
2012. Ces deux documents s’appliquent aux émissions d’information. Ils définissent
notamment ce qu’il faut entendre par « impartialité » : les journalistes ne peuvent prendre
parti, les interviews ne peuvent inclure des questions partisanes mais doivent être
« critiques », sans esquiver des sujets controversés ; il importe de faire s’exprimer les
différentes positions, le cas échéant dans plusieurs émissions successives (mais d’autant
plus rapprochées que le sujet est controversé). Le texte admet qu’il doit y avoir place, dans
les programmes du service d’information, pour « une analyse ou évaluation journalistique
critique », sans éluder des sujets délicats, mais le journaliste doit éviter de « donner
l’impression qu’il a un lien ou une préférence pour un parti, une idéologie, des intérêts,
un groupe d’intérêts ou une organisation » déterminés. Là aussi, des organes de contrôle
et/ou d’avis sont créés : un « conseil de rédaction » élu par les journalistes, chargé de
donner des avis à la rédaction en chef sur « l’évolution et l’exécution des lignes directrices
de la politique rédactionnelle au sein du service d’information », ainsi qu’un « conseil
consultatif déontologique » élu lui aussi par les journalistes et un « collège d’appel
déontologique », qui interviennent en cas de conflit sur l’application des règles de
déontologie définies dans le code.
Bref, les documents relatifs aux questions de neutralité, d’impartialité et de déontologie
dans l’exercice des fonctions de journaliste ne manquent pas à la VRT. C’est dire que
ces questions sont délicates.
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Un peu d’histoire
Il n’est pas inutile de rappeler ici que Geert Bourgeois (N-VA), l’actuel ministreprésident flamand, n’est pas un novice en matière de médias. Il a fait partie du précédent
gouvernement flamand (gouvernement Peeters II – CD&V/SP.A/N-VA), entre 2009 et
2014. Plus encore, il a été ministre des Médias des gouvernements Leterme et Peeters I
(CD&V/VLD/SP.A/Spirit/N-VA) entre 2004 et 2008, année où son parti (qui s’était
présenté aux élections de 2004 en cartel avec le CD&V) a décidé de quitter l’exécutif
flamand.
Ses relations avec l’administrateur délégué de l’époque, Tony Mary, étaient notoirement
détestables. Le gouvernement flamand finira d’ailleurs par suspendre T. Mary de ses
fonctions. Dans plusieurs interviews données après sa suspension, T. Mary ira jusqu’à
affirmer que « Bourgeois est le clou du cercueil de la VRT, et qu’il l’est uniquement pour
servir les intérêts d’une autre entreprise du secteur des médias, à Vilvorde » (lire : la
Vlaamse Media Maatschappij, propriétaire de la chaîne VTM) 10. G. Bourgeois, de son
côté, s’est défendu de ces accusations, non sans préciser que l’accord de gouvernement
de 2004 prévoyait de « limiter les activités commerciales de la VRT : plafonds très stricts
pour les ressources publicitaires, et fin des émissions sponsorisées », et accusant par
ailleurs T. Mary d’avoir continuellement joué cavalier seul, sans l’aval de son conseil
d’administration 11.
En février 2011, S. Bracke, alors député fédéral N-VA, déplorait quant à lui que la
VRT s’obstine à promouvoir l’identité belge. « C’est ce qu’on appelle dans le jargon
professionnel le framing, c’est-à-dire le cadre dans lequel “on”’ décide de ce qu’il faut
penser ». Certes, concédait S. Bracke, les médias flamands ont contribué considérablement,
ces dernières décennies, à la formation d’une communauté flamande (Vlaamse
gemeenschapsvorming), mais pour ce qui est de la VRT, elle a joué ce rôle « contre son
gré ». Exemples, cités par S. Bracke : une série sur Canvas (la deuxième chaîne télévisée de
la VRT) consacrée à des personnalités scientifiques se donne pour titre « des scientifiques
belges » alors qu’il s’agit exclusivement de Flamands ; un programme sur des personnalités
du monde culinaire est intitulé « made in Belgium ». « Les stations de télévision
commerciales font beaucoup mieux dans ce domaine », conclut S. Bracke, car « la Flandre
y est omniprésente » 12.
La N-VA se frotte à la VRT
Les tensions entre le monde politique flamand, singulièrement dans sa composante
nationaliste, et la VRT ne sont donc pas récentes. Elles se sont pourtant aiguisées depuis
la formation du gouvernement Bourgeois, vraisemblablement en raison des économies
décrétées par la coalition et du poids qu’y pèse la N-VA. Dans son programme, le parti
se borne à souligner la fonction « identitaire » de la radio-télévision publique, et à plaider
pour une « saine concurrence » avec les radios et télévisions privées (c’est-à-dire, le cas
échéant, en limitant l’accès de la VRT aux ressources publicitaires). Mais il ne manque
10
11
12
Het Nieuwsblad, 16 septembre 2006.
Sur sa page web : www.geertbourgeois.be/nieuws/de-versloffing-van-de-publieke-omroep, 24 mars 2010.
Het Laatste Nieuws, 22 février 2011.
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pas, dans la pratique, de tester les limites de l’indépendance journalistique de l’institution
publique de radio-télévision, sans d’ailleurs être le seul parti flamand à le faire.
En témoignent d’autres incidents survenus depuis l’interview contestée de
M. Y. Delefortrie. En premier lieu, un incident a impliqué le CD&V. Dans l’émission
« De Afspraak », le comédien Wouter Deprez accuse, le 21 octobre 2015, la ministre de
l’Environnement, Joke Schauvliege (CD&V), de ne pas avoir, comme elle le prétend,
présenté au gouvernement flamand de propositions concrètes d’utilisation du fonds
de compensation créé pour combattre le déboisement. La ministre fait alors savoir
qu’en laissant W. Deprez lancer cette accusation, la VRT agit « en contradiction
avec toutes les règles du jeu démocratique et avec la mission de l’institut public de
radiodiffusion ». La ministre ajoute que « le journaliste de la VRT (B. Schols) n’a pas
demandé de réplique à la ministre et n’a posé aucune question critique ». Le rédacteur
en chef des programmes d’actualité à la VRT, Carl Voet, prend alors la défense de son
journaliste en précisant que « le choix du ton des programmes relève de l’autonomie
rédactionnelle » et que la « réplique » ne doit pas nécessairement intervenir dans le
même programme que la déclaration contestée. L’incident amène le ministre-président
Bourgeois à souligner que « le gouvernement flamand soutient entièrement l’indépendance
des rédactions. On demande aux journalistes d’être critiques et non partisans. Si l’on
n’est pas d’accord avec leur façon de faire, il y a la possibilité d’entamer certaines
procédures. Il y a la procédure déontologique interne à la VRT et aussi la procédure
13
auprès du Conseil du journalisme. Ces instruments suffisent » .
Quelque temps après, un petit film diffusé le 7 janvier 2016, lui aussi dans l’émission
« De Afspraak », évoque la volonté du secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Theo
Francken (N-VA), de créer des cours de « respect de la femme » destinés aux candidats
réfugiés. Le journaliste, à nouveau B. Schols, rappelle dans ce cadre qu’en 2012, le sénateur
Pol Van den Driessche (CD&V, passé à la N-VA) avait renoncé à se présenter aux
élections communales à Bruges en raison d’accusations de harcèlement sexuel. Aussitôt,
le président de la N-VA, Bart De Wever, envoie un courriel à la rédaction et à
l’administrateur délégué de la VRT, ainsi qu’à B. Schols, en indiquant que ce « framing »
est « à vomir ». « Comment peut-on être à ce point stupide/incompétent/dégoûtant/
ignoble ? ». P. Van den Driessche lui-même embraie en parlant d’une « attaque en dessous
de la ceinture ». Des tweets critiques sont lancés par le président de la Chambre, S. Bracke,
et par Dirk Van den Bogaert, journaliste à VTM (une des chaînes commerciales
flamandes). Cette fois cependant, C. Voet, se contente d’un « nous avons répondu à
Bart De Wever et expliqué notre choix rédactionnel. Chacun a le droit de protester, nous
avons notre indépendance journalistique. En ce qui nous concerne : l’affaire est close ».
Le porte-parole de la N-VA, Joachim Pohlmann, s’est employé depuis lors à déminer
le conflit. Selon lui, « De Wever ne voulait pas, en envoyant ce courriel, s’immiscer
dans ce que fait la rédaction de la VRT ». Mais « un homme politique ne peut-il faire
savoir ce qu’il pense d’un programme ? Et peut-il décider lui-même de sa participation,
ou non, à un programme ? » (B. De Wever avait fait savoir qu’il ne viendrait plus à
« De Afspraak »). Bien qu’insatisfait par la réponse de la VRT (« hypocrite et lâche »,
selon lui), P. Van den Driessche a précisé quant à lui qu’il ne porterait pas plainte, tout
en ajoutant qu’il ne participerait plus, lui non plus, à « un programme de cette nature
et avec de tels chiffres d’audience ».
13
De Standaard, 24 octobre 2015.
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Toujours en janvier 2016, le secrétaire d’État Francken demande dans un tweet à la VRT
d’« adapter » la terminologie utilisée à propos du parti vainqueur des élections en
Pologne, que la télévision publique flamande avait qualifié de « populiste ». Face à la
réaction courroucée de Walter Pauli, journaliste de Knack, il s’empresse néanmoins de
préciser qu’il n’entend « donner d’ordres » à personne.
Fin janvier 2016, c’est le directeur de cabinet du ministre-président Bourgeois, Jeroen
Overmeer, qui s’indigne sur son compte Facebook parce que la VRT n’a pas fait état
d’une initiative du ministre flamand de l’Emploi, Philippe Muyters (N-VA) : « La VRT
nous a habitués à pas mal de choses, mais là c’est trop. C’est dégoûtant. Je me suis
longtemps tu, mais là, il faut vraiment que je parle ». Significativement, ce post sur
Facebook est suivi de plusieurs « j’aime » (likes), dont l’un émane de Rudi De Kerpel,
commissaire du gouvernement flamand auprès de la VRT, membre de la N-VA (après
avoir été administrateur libéral de la VRT puis trésorier national de la Lijst Dedecker).
Le rapport entre la N-VA, et notamment le ministre-président flamand, et la VRT
oscille donc entre frictions et mise au point. La volonté de G. Bourgeois de rappeler
l’indépendance des rédactions de la VRT est vraisemblablement d’autant plus impérieuse
que les pressions sur le média existent et qu’elles se font de plus en plus fortes.
La N-VA voit surtout la VRT en concurrente des stations privées et de la presse écrite.
Sur son site, le député W. Vandaele, le « spécialiste médias » de la N-VA, estime qu’avec
ses interviews écrites, « le site web de la VRT fausse la concurrence. Il faudrait clarifier
les règles ». Il y souligne également que la VRT affecte des moyens considérables à son
pôle digital, alors que son offre est gratuite. Ces positions sont conformes au programme
du parti évoquées ci-dessus.
En outre, la N-VA est convaincue – comme l’était auparavant le Vlaams Belang 14 –
qu’elle fait l’objet, de la part de la VRT, d’un traitement de défaveur. Alors qu’il n’était
pas encore ministre-président mais seulement membre du gouvernement flamand,
G. Bourgeois avait fait ses calculs : lors de la campagne électorale de 2012, « la VRT n’a
fait aucune tentative pour répartir objectivement le temps d’antenne entre les partis et
les têtes de liste. Non que tout doive être pesé sur une balance d’apothicaire, mais une
répartition un peu plus équilibrée et donc proportionnelle eût été préférable ». « Le premier
parti de Flandre [la N-VA, donc], avec quelque 30 % des voix en 2010, n’a eu que 16 %
du temps d’antenne à la télévision. Et le résultat est encore davantage biaisé si on regarde
les têtes de liste (...). Enfin, les élections (...) concernent aussi les communes et les
provinces, deux niveaux de pouvoir pour lesquels le ministre de l’Intérieur est compétent.
La VRT a organisé des débats sur la politique du ministre, mais pas avec lui [c’est-à-dire
15
Geert Bourgeois lui-même] » .
Une nomination partisane ?
C’est donc dans un contexte de tensions entre la VRT et les partis de la majorité
gouvernementale, en particulier la N-VA, que s’inscrit la question de la succession au
14
15
Voir notamment à ce propos la question d’actualité du député (Vlaams Belang) Filip Dewinter au
ministre Bourgeois « sur la nouvelle note de la VRT quant à la politique de la radiodiffusion publique
à l’égard du Vlaams Belang » (Vlaams Parlement, Handelingen, 34, 20 avril 2005).
Voir www.n-va.be/nieuws/en-nu-ter-zake, 12 octobre 2012.
LES @NALYSES DU CRISP EN LIGNE – 11 OCTOBRE 2016
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poste de CEO (« administrateur délégué ») de la VRT de Leo Hellemans. Le 16 octobre
2015, le processus qui devait déboucher sur la désignation du nouveau CEO a été lancé
par la publication d’une vacance publique et, en parallèle, par une mission confiée au
bureau de consultance Accord Group. Ce bureau a commencé par dresser en décembre
2015 une liste de candidats possibles remise au kernkabinet flamand (à savoir le ministreprésident Bourgeois, les vice-ministres-présidentes Liesbeth Homans [N-VA], Hilde
Crevits [CD&V] et Annemie Turtelboom [Open VLD]), auquel s’était joint le ministre
des Médias, S. Gatz. De là a découlé, après une série d’entretiens menés par le bureau
Accord, une shortlist de cinq noms présentée au gouvernement flamand le 20 janvier 2016.
La N-VA s’estimait fondée à avoir la main sur cette désignation, puisque le ministre de
tutelle appartient à l’Open VLD et que le président du conseil d’administration (Luc
Van den Brande) est, lui, membre du CD&V (et a été ministre-président flamand de
1992 à 1999). Le parti nationaliste était donc le seul des partis de la majorité flamande
à ne pas disposer d’un relais fiable dans ce secteur.
Par ailleurs, l’objectif affiché était de recruter une personne ayant plus spécifiquement
des qualités de manager. Le profil demandé était en effet, comme le spécifiait le
document relatif à l’ouverture du poste, celui de quelqu’un ayant « au moins cinq années
d’expérience de management général à haut niveau dans les dix dernières années, dans
un environnement comparable, en termes de complexité, de diversité et d’ampleur,
16
à la VRT » . L. Van den Brande aurait ensuite insisté pour que la liste contienne au
moins un candidat issu de la VRT même : ce sera Peter Claes, directeur médias et
production de la VRT.
C’est finalement P. Lembrechts qui sera choisi, sur une liste réduite en dernière instance
à trois noms : le sien et ceux de Koen Clement et de Bruno Verbergt. Vétérinaire de
formation (il a commencé sa carrière chez Master Foods Belgique), P. Lembrechts est
passé ensuite au secteur bancaire, à la Générale de Banque, chez ABN Amro puis à la
BKCP, dont il a démissionné à l’automne 2015. P. Lembrechts n’a qu’une expérience
réduite des médias (il a travaillé pour la BRT lorsqu’il était étudiant et a écrit des scénarios
pour la télévision), mais dispose manifestement du profil de manager souhaité. Comme
l’a titré avec humour le journal Het Nieuwsblad le 8 février 2016, P. Lembrechts est « le
vétérinaire qui va mettre la VRT à la diète ».
Plusieurs journaux francophones ont cru pouvoir annoncer que P. Lembrechts était
« étiqueté N-VA » 17. Le ministre-président Bourgeois a regretté qu’on lui ait accolé
cette étiquette : « On n’en a tenu compte d’aucune façon. Je trouve dommage qu’on
essaie ainsi de placer les gens dans une case. Personne n’a eu de piston en l’occurrence ;
d’ailleurs, ça n’aurait pas fonctionné ». Le ministre Gatz a indiqué pour sa part que « la
couleur politique des candidats n’avait joué aucun rôle » dans le choix du gouvernement.
P. Lembrechts est-il ou non le candidat de la N-VA ? En réalité, la question est secondaire :
c’est le profil du nouvel administrateur délégué qui est intéressant. Venu du secteur
bancaire, il sera en effet sans doute l’homme des choix financiers, ce qui est manifestement
la ligne que suit le gouvernement flamand.
16
17
Voir à ce sujet De Morgen, 8 janvier 2016.
Ainsi La Libre Belgique, 5 février 2016.
LES @NALYSES DU CRISP EN LIGNE – 11 OCTOBRE 2016
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Conclusion
Après avoir constitué, durant les années 1970, un élément d’une stratégie de construction
et de développement de l’identité flamande, la BRT s’est trouvée placée vers la fin des
années 1980 dans une situation de concurrence avec les chaînes de radio-télévision privées.
Par ailleurs, l’essor des partis nationalistes a entraîné des pressions grandissantes sur
l’autonomie journalistique de la chaîne. La participation d’un de ces partis au pouvoir,
la N-VA, n’a pas réellement allégé ces pressions. Enfin, la volonté de baliser les activités
commerciales de l’institution publique de radiodiffusion – dans le contexte de concurrence
visé plus haut – et les mesures d’austérité décidées par le gouvernement flamand entré
en fonction en 2014 placent la VRT dans une position financière moins confortable
qu’auparavant. La désignation récente d’un administrateur délégué issu du secteur bancaire
pourrait confirmer cette analyse.
L’ensemble de ces facteurs ne peut que rendre plus délicate la concrétisation de l’autonomie
rédactionnelle d’un média qui reste extrêmement populaire en termes d’audience :
son journal télévisé est suivi par plus d’un million de téléspectateurs (contre 680 000
environ pour celui de VTM) et, depuis le début de 2016, sur les dix émissions les plus
regardées par le public flamand au cours d’un mois, huit au moins étaient produites par
la VRT 18.
Pour citer cet article : Serge GOVAERT, « La VRT et le monde politique flamand : des liaisons
dangereuses ? », Les @nalyses du CRISP en ligne, 11 octobre 2016, www.crisp.be.
18
Source : www.cim.be/nl/televisie/openbare-resultaten.

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