Scénario CENT CINQUANTE ANS Une trilogie cyrilienne Ier volet

Transcription

Scénario CENT CINQUANTE ANS Une trilogie cyrilienne Ier volet
Scénario
CENT CINQUANTE ANS
Une trilogie cyrilienne
Ier volet : « La Couronne des Roitelets » / « Kronéén Archonntoylis »
D’après le chef-d’œuvre de Morisyùs Dérùon Suprématie / Sùpérmattya
561. Odilon d’Ehlaas, douze ans, vient de perdre son père, le puissant Prince Périkélès V de
la longue dynastie des Sékropès, dont le territoire couvre tout le Massif Primaire, une région
montagneuse au climat aussi dur que ses terres sont riches. Sa mère, Escargonde, devient
régente, écartant son oncle Aténays.
Ce 26 juin, un carrosse quitte la forteresse de Biosse. Il est en direction de la Principauté de la
Pilière : Escargonde a l’intention de marier sa fille au très âgé Rodebert III Dartois ; Odilon,
qui est très croyante, ne comprend pas sa mère et lui reproche de la faire entrer en
contradiction avec la religion du Panthéon d’Ehlaas, la hiérodoxie, qui interdit de marier des
enfants en deuil. Mais Escargonde la rabroue sèchement et se moque de sa piété envers une
religion démodée qui subsiste dans une Principauté agnostique. Elle relit le contrat conclu
avec le Prince de la Pilière : si Odilon hérite de la Pilière, Escargonde aura le pouvoir sur la
plus puissante principauté de la région. Sur un chemin de sous-bois, soudain, c’est
l’embuscade : une quinzaine d’hommes fond sur l’escorte. Parmi eux, Apaùlon VI, Prince de
Mémorie, vingt-six ans. Le sénéchal de Biosse, Roger-Bernard de Montchaïoux, traître à la
couronne ehlaasienne, est son complice. Ils parviennent ensemble à massacrer l’escorte, et à
enlever Odilon, sa suivante et confidente Chrutilde, et Escargonde. Odilon est horrifiée,
révoltée, et séparée de sa mère. Pendant la fuite, Apaùlon se confie à Odilon : il veut se marier
avec elle, obtenir ses terres en dot, et échanger la Régente contre rançon. Mais il leur faut
rejoindre la Mémorie, et pour ce faire, traverser l’immense Massif Primaire. C’est alors une
longue fuite : il leur faut semer les hommes de Rodebert III qui ont découvert l’enlèvement,
alors que dans le dangereux défilé rocheux des Balarites, un torrent grossi par un orage violent
emporte montures et bagages. Le désastre continue : l’ascension du Massif est longue,
éprouvante, et l’hiver arrive. Entre chutes mortelles, avalanches, assauts des Piliérois à leur
poursuite, troupes ehlaasiennes à leur recherche, l’escouade d’Apaùlon se réduit. En outre,
malgré les efforts d’Apaùlon, qui a sauvé Odilon d’une avalanche et qui la prend en affection,
s’étonnant lui-même, la jeune princesse est pleine d’animosité envers lui. Elle s’en explique
un soir : elle hait son ravisseur pour des raisons religieuses (pas de mariage même politique
durant une période de deuil), parce qu’on lui a appris à détester les Mémoriens, et parce qu’on
lui interdit de voir sa mère. Cependant, en dépit de la froideur d’Odilon, une relation de timide
confiance s’établit dans ce milieu naturel hostile. La fuite dure ainsi six mois, jusqu’à un
matin de janvier 562, où Apaùlon et ses captifs rentre au château de Lévroucques, capitale de
la Mémorie. Le lendemain, le mariage est célébré en toute hâte, dans la chambre princière,
devant le sénéchal de Montchaïoux. A l’extérieur, les prêtres hiérodoxes, dont le premier
d’entre eux Jacques Demauley, invectivent le Prince et le mettent en garde contre la colère des
dieux. Lorsque contrainte et forcée Odilon accepte l’union, la foudre frappe le toit de la salle,
provoquant un début d’incendie. Odilon est persuadée d’être frappée de malédiction divine.
Le soir, comme il lui a été promis, elle peut enfin aller voir sa mère dans les geôles du
château. Mais Escargonde ne montre que du mépris pour sa fille, allant jusqu’à lui reprocher
de ne pas s’être tuée plutôt que d’épouser le Prince de Mémorie. La jeune Princesse, en proie
à la colère, maudit sa mère et retourne attendre son époux dans la couche nuptiale, sans
larmes. Lorsqu’Apaùlon s’immisce dans les draps, elle lui entaille la poitrine près du cœur :
par ce geste, elle lui jure qu’elle n’honorera ce mariage que lorsque son mari aura la
suprématie sur Ehlaas.
Le printemps 562 apparaît, et le nouveau Prince d’Ehlaas, Aténays II « Le Tors », l’oncle
d’Odilon, s’apprête à faire la guerre avec son allié le Prince de Laapi, contre la Mémorie et
son Prince Apaùlon VI qui lui a enlevé sa sœur et sa nièce, et contre la Pilière et son Prince
Rodebert III Dartois qui accuse la Mémorie et l’Ehlaas de comploter contre lui. Odilon a
accompagné Apaùlon et le sieur de Montchaïoux venus prêter main-forte à la forteresse de
Biosse : sa ville natale s’est en effet révoltée contre Aténays II. Mais depuis deux mois, ils
sont pris au piège : Aténays II, momentanément allié à Rodebert III, assiège Biosse. Odilon ne
déteste plus Apaùlon, et dans cette situation de détresse, arrive à éprouver de la compassion
pour lui, et même de la reconnaissance, Apaùlon n’ayant pas hésité une seconde à porter
secours à la ville natale d’Odilon. Mais elle n’ose aller plus loin, incombant tous ses malheurs
à la malédiction qu’elle porte en elle. Du côté des assiégeants, les relations sont plus tendues :
les deux armées, ehlassiennes et piliéroises, ne s’apprécient pas, et les barons des deux
Principautés veulent faire valoir leur droit au butin en cas de victoire. Un matin, c’est
l’assaut du fort de Biosse : après de rudes combats, et une sortie héroïque mais vaine des
chevaliers biossois, menée par Apaùlon et Montchaïoux, les assiégeants réussissent à pénétrer
dans la première enceinte. Le soir, Aténays II récompense ses vassaux : mais le premier
d’entre eux, Lùkas Ier de Loguirie, déjà au bord de la fronde, est lésé. Aténays lui refuse
Chrutilde, la suivante et confidente d’Odilon qui a été capturée. Lùkas Ier rompt son lien
vassalique : avec ses troupes, il quitte le fort, et l’assiège. Aténays II, pris au piège entre
Apaùlon VI et Lùkas Ier, doit capituler et donner Chrutilde, révoltée et éperdue, à Lùkas. Le
lendemain, les assiégeants s’en vont. Dans la joie générale, Odilon fait des aveux de passion
amoureuse à Apaùlon. Les mains se serrent, puis se séparent : Apaùlon montre son cœur et
rappelle la promesse d’Odilon, de ne donner son amour qu’une fois Ehlaas conquise. En
quittant la salle après ses aveux, encore perdue dans son sentiment amoureux et juvénile,
Odilon s’approche d’une fenêtre : elle suit des yeux le vol d’un corbeau, qui vient se poser sur
un corps nu étendu sur le chemin. Révulsée, Odilon reconnaît Chrutilde, qui a été violée et
égorgée.
Vingt-cinq ans plus tard. Lùùvik IV « Le Fort » est devenu Prince d’Ehlaas, mettant fin à la
dynastie séculaire des Sékropès. Ce baron ambitieux et violent a réussi seize ans plus tôt à
arracher Odilon à Apaùlon, et l’a épousée. Elle lui a donné des triplés, trois fils : Hérakilès,
l’aîné, violent et emporté comme son père ; Jossuin, fourbe et rusé ; Gwir, le benjamin,
sensible et pieux comme sa mère. Odilon est avec Lùùvik ce 13 avril 587, sur les rives de la
Dourvaise, aux frontières de la Pilière. Le Prince va livrer l’une des plus grandes batailles
rangées de l’histoire de la chevalerie. Le combat reste longtemps indécis, et les manœuvres se
sont fondues en une mêlée générale, mais qui finit par tourner à l’avantage de Lùùvik IV, au
désespoir d’Odilon : elle qui ne souhaitait que retrouver son fief ne désire plus que retrouver
son ancien ravisseur Apaùlon, qui se bat dans le camp adverse. A la fin de la bataille, Odilon
doit à son plus grand dégoût supporter les assauts violents de son mari victorieux tandis que
dans la pièce d’à côté, les stratèges ehlaasiens récupèrent la moitié de la Loguirie, dépècent le
Laapi qui se désagrège, et rançonnent la Pilière et la Mémorie : de riches familles de
négociants assis à la place de chevaliers morts au combat sont autour de la table et
marchandent des terres, des gens, des bêtes, dans un brouhaha vrombissant, pendant que les
cris de douleur d’Odilon sont à peine perceptibles. Après ce énième viol, Odilon craque : elle
parvient, avec Roger-Bernard de Montchaïoux, revenu en grâce, à fomenter un
empoisonnement contre Lùùvik. Ainsi, par amour, et malgré les avertissements du sénéchal,
elle est prête à braver un autre interdit religieux hiérodoxe : qu’une femme commette le
meurtre de son époux. Celui-ci meurt sous les yeux de ses fils en buvant une douceur
empoisonnée : le verre tombé à terre, les chiens lapent le liquide, et meurent aussitôt. Les
trois fils démasquent leur mère, alors qu’elle s’apprêtait à fuir. Le sieur de Montchaïoux les
retient, et se fait tuer, le temps pour Odilon de s’enfuir.
Quelques jours plus tard, dans la plaine de Lévroucques : Odilon chevauche au grand galop
avec ses gens fidèles. Apaùlon, qui chassait dans un bois, l’aperçoit et commence à la
rejoindre. Odilon revoit l’homme qu’elle a fini par aimer, et l’appelle. C’est alors que de
toutes parts surgissent des mercenaires galattois, commandés par les trois fils d’Odilon.
Apaùlon croit à une trahison : il retire son surcot et sa chemise, et se plante un poignard en
plein cœur, là où vingt-cinq ans auparavant, Odilon l’avait mutilé. Horrifiée, Odilon se jette
sur le corps de son ancien époux, qu’elle a haï autant qu’aimé. Dans un dernier spasme de
chagrin, elle expire. Les trois épées de ses fils transpercent alors les deux amants, liés par le
fer et le sang. Une nuée de corbeaux s’envole du sous-bois en direction du soleil, passant pardessus les matricides.

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