L`Humanité peut-elle vivre en paix

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L`Humanité peut-elle vivre en paix
L’Humanité peut-elle vivre en paix ?
Hannah Gelblat Laugier
Les êtres humains ont vécu et vivent encore avec l’utopie omniprésente de la paix
universelle. Un monde sans conflits, sans guerre, dans le respect de chacun. Pourtant, la paix
dans le monde n’a jamais été atteinte. Aussi ce rêve engendre une interrogation cruciale : les
Hommes sont-ils capables de cohabiter durablement en paix les uns avec les autres ?
Je vous propose d’étudier en premier les aspects qui laissent penser que la paix serait
possible, et ensuite ceux qui permettent d’en douter.
Tout d’abord, l’Homme n’est-il pas l’être vivant le plus intelligent de cette planète ? Malgré
ses défauts, il est capable d’apprendre de ses erreurs passées et d’éviter de les reproduire.
Ainsi, l’erreur d’une paix mal construite, celle de l’entre-deux-guerres, n’a pas été reproduite
après la Seconde Guerre Mondiale et des pays comme l’Allemagne et la France ont réussi à
s’allier malgré leurs anciens différends.
A cette époque, après les conflits les plus meurtriers de l’histoire de l’Humanité, les Hommes
ont également commencé à prendre des mesures pour aider les différentes nations à vivre
ensemble : des règles ont été définies pour que chaque pays respecte le peuple, le territoire,
les valeurs de l’autre. C’est le but de l’Organisation des Nations Unies, créée en 1945 : ses
membres s’engagent à régler pacifiquement leurs conflits. D’ailleurs, chaque membre doit
obtenir l’accord de l’ONU pour intervenir militairement où que ce soit. En somme, des règles
ont été posées pour ordonner les relations entre pays et que la paix s’installe.
Ensuite, on peut nettement observer une amélioration dans notre tolérance. Prenons par
exemple la ségrégation raciale, qui après avoir sévi pendant 43 ans en Afrique du Sud, ou
encore aux Etats-Unis, a été abolie. Ces exemples montrent que l’égalité entre tous a
progressé et que des progrès sont toujours possibles. La paix serait donc un résultat de
nombreuses améliorations dans le comportement humain et dans nos lois.
Enfin, la paix n’est-elle pas avant tout un choix ? Il est évident que si nous décidions tous au
même moment de vivre pacifiquement à tout prix, la paix universelle serait acquise. Par
exemple au niveau des nations, l’Union Européenne est un ensemble de pays qui ont choisi
de vivre en paix les uns avec les autres, et qui représente la réconciliation. Il est aujourd’hui
très difficile d’imaginer un pays membre en attaquer un autre, tout cela grâce à cette décision
qu’ils ont prise. On peut aussi citer comme exemple la Suisse qui n’a pas été en guerre depuis
1847 (guerre du Sonderbund), par choix de neutralité. La paix ne semble donc pas
inatteignable : elle est simplement une décision à prendre avec ses voisins.
Cependant, les cas que nous venons de citer sont des exemples de paix entre nations. Or,
comment envisager une paix mondiale si celle-ci ne règne même pas entre les individus ?
Premièrement, l’épanouissement d’un être humain dans la société peut empêcher celui d’un
autre. Le philosophe Thomas Hobbes a dit que « la lutte de chacun pour sa survie met
incessamment en danger la vie de tous ». Il est évident que ce que quelqu’un a – que ce soit
un poste, un objet matériel, ou même l’amour d’une personne – n’est plus « disponible »
pour un autre. Ceci explique les désaccords et frictions entre les individus : jalousie,
sentiment d’injustice, tout cela entrainera toujours des conflits. Cela explique également les
tensions actuelles au sujet des migrants. Beaucoup ont peur de voir le chômage augmenter
ou leur pauvreté accroître en les accueillant : les Hommes ont peur de manquer.
En outre, les Hommes se sont toujours battus entre eux car il est dans leur instinct primitif
d’utiliser la force pour remédier aux conflits. D’ailleurs, la plus importante menace pour
l’Homme est l’Homme lui-même. Le célèbre dicton « Homo homini lupus est », de Plaute (2ème
s. av. J.-C), en français « l’Homme est un loup pour l’Homme » reflète cette idée.
Ensuite, la paix, comme dit précédemment, est un choix. Seulement, il ne peut être fait qu’à
plusieurs, comme le dit ce vers du poète Schiller : « L’homme le plus doux ne peut vivre en
paix si un mauvais voisin l’en empêche ». Pour le cas de la Suisse, elle est consciente d’avoir
pris seule le choix de rester neutre lors des conflits et continue donc à entretenir ses forces
armées (service militaire obligatoire), si besoin d’une intervention militaire. « Si vis pacem,
para bellum » ou « qui veut la paix prépare la guerre » (Végèce). Cela montre que la guerre se
cache même derrière toute paix, et que celle-ci est très fragile et s’enfuit dès lors qu’un seul
pays ou individu décide de la troubler. Alors, comment espérer la fin de la guerre dans un
monde où environ 7 milliards d’individus doivent cohabiter ?
Par ailleurs, prenons en compte la description que Hannah Arendt fait du phénomène
suivant : la banalité du mal. Philosophe du XXème siècle, elle a expliqué que les plus grandes
atrocités peuvent être exécutées non pas par quelqu’un d’extrêmement cruel mais
simplement par une personne banale. Quelqu’un qui, à force d’exécuter les ordres – quels
qu’ils soient -, et de vouloir accomplir un devoir, aura cessé de penser à ses actes, à leurs
conséquences et à l’aspect moral de ses actions.
Adolf Eichmann était son exemple. Un nazi responsable de la mort de nombreux juifs, qu’elle
décrivait comme un simple bureaucrate. Ainsi, malgré une potentielle évolution de
l’Homme, les individus « banals » feront toujours partie de ce monde, et toutes les horreurs
demeureront réalisables.
Pour finir, le plus grand défi pour l’Humanité est la diversité humaine. En effet, au-delà de
notre apparence, chacun aura toujours son avis, ses croyances, ses valeurs et aujourd’hui,
même des valeurs comme la liberté d’opinion et d’expression sont réprouvées par certains,
malgré le fait qu’elles soient souhaitables à tous.
On peut s’imaginer alors que toujours les humains seront en désaccord les uns avec les
autres, et en déduire que même la nécessité de régler nos différends pacifiquement sera niée
par certains.
Pour conclure, il est irréfutable que les Hommes ont progressé dans leur façon de vivre les
uns avec les autres. Néanmoins, nous ne voulons pas tous la même chose, n’avons pas les
mêmes valeurs, n’avons pas la même vision du monde, comme le montre l’actualité de cette
année 2015. Notre challenge est alors d’apprendre à surmonter nos différences pour vivre en
paix, peut-être grâce à l’éducation. On pourrait alors s’interroger : pourrait-on espérer une
progression de l’être humain dans un environnement totalement paisible et pacifique ?
Hannah Gelblat Laugier - Classe de 2nde B
Concours d’éloquence mars 2015 - Ecole française Lausanne-Valmont

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