Action odorante du thurifère Chasse Brebis Tourisme Symbole

Transcription

Action odorante du thurifère Chasse Brebis Tourisme Symbole
Ethnologie du Genévrier thurifère - 2
Chasse
Action odorante du thurifère
Tourisme
« Avant, moi il m’est même
arrivé à l’époque de ramasser des
graines de genévrier thurifère,
à Jubeo, parce qu’elles étaient
beaucoup plus grosses, alors j’ai
dit ça sera encore plus attractif ,
bien sûr parce que les grives
elles voient ça, beaucoup plus
gros, alors forcément elles y
vont. (Savournon 05)
« A la grande peste de 1630,
y a eu beaucoup de morts à
Guillestre. Pour désinfecter on
a parfumé la ville, on est venu
chercher des genévriers thurifères ici. On en a ramassé également à Eygliers, y en avait, à
Gros… Et on a brûlé dans les
rues du genévrier thurifère pendant des jours et des jours. On
rentrait dans les maisons avec
des flambeaux de genévriers
pour désinfecter les maisons ».
(Saint-Crépin 05)
Espèce patrimoniale suscitant un vif intérêt tant chez
les scientifiques que parmi
les amateurs de nature, le
tourisme devient une nouvelle fonction du thurifère.
Parallèlement à une meilleure
connaissance de cet arbre son
image de longévité, de rareté
s’est renforcée.
Joli témoignage de la chasse aux lecques,
pièges composés de deux pierres plates en
équilibre, très fortement pratiquée dans
les Alpes-de-Haute-Provence et le sud des
Hautes-Alpes jusque dans les années 1970.
Carte postale ancienne.
Une famille de chasseurs a planté dans sa
propriété trois superbes thurifères femelles,
un petit affût témoigne des longues attentes
au pied des hauts genévriers où les grives
étaient attirées par les grosses baies bleues.
(Veynes 05)
Brebis
Dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes la plupart
des thuriféraies étaient ou sont encore pâturées par les brebis.
Seule une partie de la forêt de Saint-Crépin, qui est en Réserve
forestière, est interdite au pacage.
« On dit que les bêtes qui mangent le tchaï, avortent. » (SaintCrépin 05). On dit plutôt que le genévrier thurifère est toxique
et que les bêtes ne le mangent pas…
Mur de la peste - 84 Fontaine de Vaucluse
Les «enterre-morts», vétus de noir, mettaient
des herbes odoriférantes dans leur grand nez
pour se parer des miasmes.
Encore aujourd’hui « On met des morceaux de thurifère dans les
armoires pour parfumer. » (Saint-Crépin 05)
Le thurifère est appelé «genévrier porte-encens». Le seul témoignage que nous avons recueilli, rapportant une utilisation à la
place de l’encens, vient d’un berger corse de la région du Niolu :
« Le curé il prenait les baies noires dont les grives sont si friandes
pour l’encensoir. A chaque village y avait un curé et par le curé qui
était du village c’est d’après lui que j’ai su que dans le temps ils
faisaient ça. Maintenant on fait venir du Liban l’encens mais avant
on le faisait sur place. Les baies quand elles étaient sèches, on les
écrasait, on les passait à la moulinette, on les brûlait et ça faisait
un parfum comme l’encens. »
« En mettant le coup de projecteur sur les
thurifères, ces arbres se retrouvent en concurrence ; autrefois c’était avec les troupeaux,
aujourd’hui c’est avec les touristes. »
(Saint-Crépin 05)
Usage contemporain
Le magnifique bois rouge du
thurifère plaît aux tourneurs.
Un morceau de bois sec rencontré devient dans les doigts
habiles des amateurs pomme,
stylo ou sculpture.
« La crèche de Noël à l’église, on la faisait avec un chaï. Il est très
parfumé. C’était lié à Noël, quoi, Noël, c’était l’odeur du chaï et
après quand on démontait la crèche vers le 15 janvier, et on les
mettait au pied du clocher. Alors quand on a refait le clocher y
a quatre ou cinq ans il y en avait ! On sortait les arbres pour les
brûler mais… les aiguilles tombaient ! On n’en voyait plus la fin,
c’est incroyable ! Et ça sentait oh là là ! ça sentait terrible ! »
Pâturage à Revuaire, Saint-Genis 05.
Symbole
« Il y avait une tradition importante, pour les mariages il y avait
une cérémonie, on mettait deux genévriers, un de chaque côté
de l’entrée de la porte de l’église de Saint-Crépin. Voilà. Ça ne se
fait plus. Depuis que c’est interdit, j’allais dire… Dans l’esprit des
gens d’ici, même si ça a pas été perçu comme une interdiction
généralisée... ce thurifère c’est un arbre protégé, en fait ! » (SaintCrépin 05)
« J’en ai mis dans le cimetière parce que, c’est un arbre noble hein !
A mes parents j’en ai planté un et puis moi, avec un arbre à côté…
ça me ferait rien, d’y être… au cimetière ». (Saint-Crépin 05)
« A la crèche de l’église y a toujours eu deux genévriers de chaque
côté. Ah oui mais ils y sont plus, on le fait plus depuis 30 ans
parce qu’on fait plus de crèche. » (Saint-Crépin 05)
« Alors pour la messe de minuit, je mets du chaï dans la cheminée
un petit peu et puis quand ils sortent de l’église…ça sent dans
tout le village ! Ils savent pas d’où ça vient ! Dans ma famille on
faisait ça.» « Quand il y avait une fête… on en mettait dans la cheminée »
LES GENÉVRIERS, USAGES ET TOURMENTS
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