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Entrée libre. Programme et renseignements : Patrick Schmoll 03 88 41 63 27 <[email protected]>
Laboratoire Cultures et sociétés en Europe (UMR du CNRS n° 7043)
Université Marc Bloch, Strasbourg
2ème Journée d'études sur la “Société Terminale”
Dispositifs spec[tac]ulaires
Vendredi 14 novembre 2008
Salle des conférences
Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme d’Alsace
5 allée du Gal Rouvillois, 67083 Strasbourg Cedex
Blogs, webcams, pornographie, vidéosurveillance, téléréalité... Comment les nouveaux médias contribuentils, par la mise en spectacle et les jeux de miroirs, à une reconfiguration du lien social et des formes de la
subjectivité ?
Cette Journée d'études s'inscrit dans la continuité des recherches de l'UMR 7043 “Cultures et sociétés en
Europe” sur les “impacts et usages des nouvelles technologies”. Le fil rouge de cette réflexion collective
nous est fourni par une figure récurrente de la littérature d'anticipation, que nous proposons depuis le début
de nos travaux sous l'intitulé de “société terminale” : une société dans laquelle le médium technique, tout en
interposant ses terminaux de plus en plus quotidiennement comme ce qui permet aux individus de
communiquer, les isole paradoxalement les uns des autres.
Pourtant, les personnages cyberpunks du “geek” rivé à l'écran de son ordinateur, ou du “no-life” fuyant les
contacts directs, s'avèrent dans la réalité ne concerner qu'une minorité. L'un des effets remarquables de ce
recours généralisé à l'outil de communication est au contraire la mise en spectacle de soi. L'épaisseur que le
médium introduit entre les interlocuteurs, en occultant leur visibilité l'un à l'autre, en autorisant l'anonymat,
en privilégiant dans de nombreux cas l'écrit sur l'oral, suscite tout un jeu de vitrines, de masques et de
miroirs, dans des pratiques sociales dont l'extension sociale est d'autant plus importante qu'elles sont
largement médiatisées : blogs publiant les cahiers intimes et les photos de leurs rédacteurs, sites Internet de
particuliers qui proposent à leurs visiteurs la vision de leur domicile en continu par webcam, espaces de
rencontres et de jeux en ligne, talk-shows télévisés, émissions de téléréalité filmant la vie quotidienne et les
confidences d'un groupe en confinement, mise en scène de la sexualité dans une pornographie dont les prises
de vues sont de plus en plus invasives.
Plus passivement et plus insidieusement, les êtres humains s'habituent depuis quelques années à être
observés, sur leur lieu de travail, dans les magasins, dans l'espace public, voire à leur domicile, au travers de
dispositifs de surveillance de leurs échanges téléinformatiques et de vidéosurveillance de leurs faits et gestes.
Des bracelets, des implants, ou simplement nos téléphones portables, permettent de suivre nos déplacements
par GPS. La miniaturisation, et demain les nanotechnologies, améliorent les techniques d'imagerie médicale
et permettent d'implanter à l'intérieur de l'organisme des systèmes de diagnostic et d'alerte à distance,
modifiant ainsi notre rapport intime à notre propre corps.
Cette mise sous le regard d'autrui de ce qui nous est le plus intérieur est de mieux en mieux acceptée,
socialement et individuellement, sous la pression d'un discours de prévention des risques. La sécurité des
personnes et des biens, davantage que le respect de la vie privée, est devenue une condition de la vie en
société, voire de la démocratie et de la civilisation.
Les figures du Big Brother de George Orwell, ou du Panopticon de Bentham popularisé par Michel
Foucault, ne suffisent donc plus à rendre compte d'un phénomène qui ne relève pas que du contrôle terroriste
par un pouvoir totalitaire. Big Brother est devenu le titre d'une émission de téléréalité (dont Loft Story est la
transposition française) dans laquelle les participants ont fait librement le choix de leur exhibition. La
valorisation sociale et professionnelle qui peut en résulter rend la participation à ce type d'émission
potentiellement désirable pour le public. De même, la pornographie est devenue un “star system”, les blogs
permettent à des inconnus d'accéder à une notoriété que le monde traditionnel de la production artistique et
de l'édition leur interdisait.
Le terme de dispositif, repris ici de Foucault pour être appliqué à un univers fortement reconfiguré par les
nouvelles technologies, appelle un travail conceptuel. Les dispositifs formatent les relations sociales et
intersubjectives jusque dans la construction psychologique du soi et de l'autre. En cela, la mise en spectacle
de soi a des effets en retour spéculaires : elle transforme le sujet en profondeur, elle le moule à ses
dispositifs, mais elle l'incite aussi à s'y adapter activement, voire à les subvertir, pour en tirer bénéfice.
Si les dispositifs sont bien au service de quelque pouvoir, on doit alors souligner l'essence paradoxale de ce
dernier. Car si la société requiert des individus qu'ils participent au contrôle social en intériorisant ses
instances, c'est bien qu'il y a quelque chose à contrôler, un espace en eux de liberté et d'ombre qui nécessite
ce contrôle. On s'intéressera donc aux façons dont le sujet, qui sollicite ainsi le regard d'autrui pour se
construire, réorganise aussi sa résistance aux effets potentiellement délétères de ce regard, en arrivant
toujours à y soustraire une part de lui-même.
Programme
8h30 Accueil des participants à la salle de conférence de la MISHA
8h45 Ouverture de la Journée par Patrick SCHMOLL, Docteur en psychologie et anthropologue, Laboratoire
“Cultures et sociétés en Europe”, UMR 7043 CNRS/Université Marc Bloch Strasbourg 1
9h00 Mourir sous surveillance médicale : un accident quantique ?
Thierry JANDROK, Psychologue, Établissement Public de Santé Alsace Nord
9h30 Blogs avec vue : une fenêtre sur le monde privé des “femmes au foyer”
Florence MAILLOCHON, Chargée de recherche, Centre Maurice Halbwachs, UMR 8097
CNRS/EHESS/ENS/Université de Caen
10h00 Les mises en scène de l’extrême chez les jeunes générations
Jocelyn LACHANCE, Doctorant en sociologie, Laboratoire “Cultures et sociétés en Europe”, UMR 7043
CNRS/Université Marc Bloch Strasbourg 1
10h30 Discussion
10h45 Pause
11h00 L’usage des TIC par les migrants, entre valorisation de soi et évitement des contrôles
Ibrahima Amadou DIA, Doctorant en sociologie, Département de sociologie de l’Université de Genève
11h30 L’espace urbain sous vidéosurveillance et l’acceptation sociale de la transparence
Murielle ORY, Doctorante en sociologie, Laboratoire “Cultures et sociétés en Europe”, UMR 7043
CNRS/Université Marc Bloch Strasbourg 1
12h00 Discussion
12h30 à 14h00 Pause déjeuner
14h00 L’exposition de soi face au tracking : la socialisation numérique sous haute surveillance
Yannick ESTIENNE, Docteur en science de l’information et de la communication, CRAPE, UMR 6051
CNRS/Université de Rennes 1
14h30 L'intervention policière sous vidéo : sécurité, contrôle et libertés
Thierry NOVARESE, Doctorant en sociologie, CERReV, Université de Caen
15h00 Organisation du travail et contrôle social : la mobilisation des agents comme sujets et objets du pouvoir
Laetitia SCHWEITZER, Doctorante en sciences de l’information et de la communication à l’Université de
Grenoble 3, Laboratoire Médias et Identités, EA 1858 Université Lyon 2
15h30 Discussion
15h45 Pause
16h00 La fabrique du mensonge dans le cinéma-vérité
Julien MATHIS, Documentariste, Strasbourg
16h30 La médiatisation de l'image de soi : entre narcissisme et aliénation
Marc MICHEL Professeur de philosophie, Directeur du Service Commun d’Enseignement à Distance,
Université Marc Bloch Strasbourg 1
17h00 Discussion et synthèse