Mots contre maux : difficultés de lecture, des pistes pour agir

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Mots contre maux : difficultés de lecture, des pistes pour agir
© Ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche
Direction de l’Enseignement scolaire – 30 août 2002
EduSCOL - Innovations en action
SOS Lecture
Que faire pour répondre aux très grandes difficultés de lecture de certains élèves ? Comment faire reculer l'illettrisme ?
Comment l'apprentissage de la lecture peut-il prendre un sens pour des enfants qui baignent dans un milieu étranger à la
culture de l'écrit ? Comment développer la lecture plaisir en même temps que les apprentissages instrumentaux ?
Comment reprendre ou continuer l'apprentissage de la lecture pour des élèves installés dans l'échec ? Des équipes
innovantes confrontées à ces questions ont imaginé des réponses, elles vous proposent des comptes rendus de leur
expérience.
Mots contre maux : difficultés de lecture, des pistes pour agir ..................................................................................3
De maux décrits en mots d’écrits ...................................................................................................................................6
Un projet lecture gratiné.................................................................................................................................................6
Je cours, je parle, je lis... ................................................................................................................................................7
La Segpa au secours des non-lecteurs ............................................................................................................................8
Un orthophoniste en classe.............................................................................................................................................8
Lectures plurielles ..........................................................................................................................................................9
Dix ateliers pour mieux lire............................................................................................................................................9
Des albums de vie en grande section de maternelle .....................................................................................................10
Quand les grands lisent des histoires aux petits............................................................................................................10
La lecture, ça s'apprivoise... .........................................................................................................................................11
Un défi lecture pour le cycle 2 .....................................................................................................................................12
La littérature pour faire reculer l’illettrisme .................................................................................................................12
Lecture pour tous et par tous ........................................................................................................................................13
La lecture des consignes, c'est l'affaire de tous. ...........................................................................................................13
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Mots contre maux :
difficultés de lecture, des pistes pour agir
Le dossier SOS lecture présente des actions mises en œuvre par des équipes enseignantes confrontées aux très grandes
difficultés de lecture de leurs élèves. Ce dossier est tourné vers l'action, il vise à donner aux enseignants des pistes pour
agir. L'analyse qui suit n'a pas pour ambition de faire un point théorique sur la didactique ou la pédagogie de la lecture
mais de dégager des tendances fortes des actions proposées.
Difficultés de lecture : de quoi s'agit -il ?
Les symptômes qui alertent en priorité les enseignants, de l'école primaire au lycée, concernent la lecture à haute voix :
déchiffrement incertain, lent ou hésitant, confusions récurrentes, ânonnement syllabique qui rompent la fluidité
indispensable à la compréhension. Pour ces déchiffreurs laborieux, les difficultés instrumentales sont telles qu'elles
occultent complètement la question du sens. Mais ces signaux particulièrement visibles ne pointent qu'un type de
difficultés, de nombreux enfants restent en fait complètement extérieurs à tout écrit, même si, en apparence, ils
semblent mieux armés parce qu'ils sont capables d'une lecture à voix haute fluide. Pour ces élèves, c'est souvent la
difficulté de compréhension de consignes qui sert de révélateur et les cahiers d'évaluation de CE2 et de 6ème ont sur ce
point permis d'affiner le repérage.
Un point fort des projets proposés dans ce dossier est de montrer qu'une réponse pédagogique satisfaisante ne peut
travailler seulement sur les symptômes et qu'une action lecture sera d'autant plus efficace qu'elle s'inscrira dans un
projet global sur la communication. Plusieurs équipes évoquent l'historique de leur projet et soulignent qu'ayant voulu
dans un premier temps s'engager dans des actions de "remédiation" très pointues, elles avaient très vite mesuré n'avoir
pris en compte que la partie émergente de l'iceberg et réorienté l'action en articulant toujours l'indispensable travail sur
la maîtrise du code avec un travail de fond sur la communication. Une telle démarche pousse les équipes à s'interroger
sur les causes.
Des causes profondes à prendre en compte
De façon récurrente, c'est l'absence totale d'appétence pour l'écrit et sa culture qui est pointée comme explication
majeure à la difficulté pour apprendre à lire. Dès la maternelle, des enseignants constatent une forme "d'imperméabilité
à l'écrit" chez certains enfants dont les pratiques langagières se sont construites sans aucune référence à des pratiques
écrites - qu'il s'agisse de lecture ou d'écriture - totalement absentes de leurs foyers et de leur environnement social. C'est
alors à l'école que revient entièrement la mission de faire découvrir et comprendre l'enjeu social de l'écrit sans lequel
l'apprentissage de la lecture ne peut prendre sens.
Le développement des compétences langagières est aussi fortement marqué psychologiquement et affectivement.
L'enfant non lecteur est souvent un enfant blessé, "un mal entendu", auquel il faut redonner l'envie et le plaisir de
communiquer. Il peut aussi être installé dans l'échec scolaire et son image de mauvais lecteur, qui s'est souvent
constituée très tôt et sur la base de mauvaises performances en lecture à haute voix, est un obstacle fort aux
apprentissages.
Enfin, en amont même des apprentissages, il s'agit, dans certains établissements particulièrement difficiles, de restaurer
les conditions mêmes de l'apprentissage afin que celui-ci devienne possible, de travailler sur les représentations des
tâches et des objets, le respect de l'objet livre, de celui qui lit et de l'activité lecture elle-même.
Des ressources à exploiter
Deux types de ressources peuvent être mobilisées. La formation continue offre une palette variée, la didactique de la
lecture propose des entrées diversifiées. Les formations Fle (français langue étrangère) apportent d'utiles éléments car
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le français est langue seconde pour de nombreux enfants non- lecteurs, ce qui est loin d'être l'apanage des
établissements scolaires de banlieue, le témoignage de départements d'outre-mer est de ce point de vue éclairant. Ni
soumises à une école de pensée particulière, ni détentrices d'outils miracles, les équipes puisent à des sources variées.
Plusieurs d'entre elles ont planifié un programme de formation sur plusieurs années pour construire un projet
personnalisé, nourri d'influences diverses.
La seconde ressource est humaine. Les enseignants de Segpa (section d'enseignement général et professionnel adapté
intégrée dans certains collèges), des professeurs d'école de classes spécialisées ont développé des compétences
particulières pour prendre en charge des élèves en détresse en lecture. Des orthophonistes impliqués dans les Rased
(réseaux d'aide et de soutien aux élèves en difficulté) ou les centres de rééducation psychopédagogique, des personnels
du monde médical également impliqués, sont porteurs d'une expérience différente. Plusieurs projets proposent des
collaborations et des échanges de proximité originaux au service d'une efficacité plus grande. Si, dans un collège, un
enseignant de Segpa ou un professeur d'école, prend en charge, seul ou en collaboration avec un professeur de la classe,
un atelier pour non lecteurs ; si, au lieu "d'envoyer" des élèves chez un orthophoniste, ce dernier est associé à certains
cours, à certaines activités, c'est l'approche de tous qui change et de nouvelles compétences professionnelles qui se
développent dans ce croisement de regards. Au sein des collèges et lycées, c'est l'équipe des professeurs de toutes
disciplines qui peut prendre en charge les difficultés de lecture. C'est ainsi l'ensemble de la communauté scolaire qui
s'enrichit en même temps que se construit un moyen de lutte efficace contre les ruptures et les exclusions générées par
un cloisonnement excessif au sein même du système.
La question du sens
Pour que la lecture prenne sens comme pratique sociale et comme formidable outil de connaissance de soi et du monde,
plusieurs pistes sont développées. Si l'école est, pour certains enfants, le lieu unique où l'écrit ait une place, une
contradiction difficilement surmontable risque de s'installer entre l'environnement social de l'enfant et l'école, vécue
alors comme un monde à part. Des équipes ont donc imaginé d'apprivoiser la lecture en prenant en compte
l'environnement de l'enfant hors de l'école, d'associer les parents et d'autres structures fréquentées par les enfants (par
exemple les centres de loisirs). Ce travail peut être concrétisé par un lieu (voir par exemple "le club des lecteurs") ou un
objet ("l'album de vie") à la fois hors et dans l'école.
Une deuxième piste consiste à mettre en place d'authentiques situations de communication ayant un véritable enjeu.
Lorsque des élèves en difficulté deviennent un moment des "professeurs" pour leurs camarades ou des conteurs pour de
plus jeunes, ils découvrent l'incontournable fonction de la lecture dans la transmission des savoirs. L'idée est de faire
ressentir le plaisir d'être celui qui sait, celui qui a un savoir à donner, pour susciter le désir de s'en donner les moyens.
Enfin, lire des histoires pour donner l'envie d'être capable d'en lire à son tour, est un moyen de former des lecteurs, de la
maternelle au lycée. Dès le cycle 2, l'apprentissage peut inclure la lecture d'œuvres intégrales ; au lycée, c'est en faisant
redécouvrir le plaisir d'écouter des contes qu'une équipe réamorce l'envie de mieux lire.
Rompre avec l'échec et l'image du mauvais lecteur
Encore faut-il à tout prix éviter des situations renvoyant les élèves à l'échec et à l'image destructrice qu'elle génère. Or,
lorsque les difficultés sont très grandes, tout écrit, quel qu'il soit, pose problème. De là l'idée de s'appuyer sur ce que
l'enfant sait faire, c'est ainsi que, dans un collège, le cours d'éducation physique est au cœur d'un apprentissage du
français langue seconde et qu'une recette de cuisine réalisée avec succès par des élèves de Segpa est le point de départ
d'un projet lecture.
Dédramatiser l'erreur et éviter l'étiquetage des élèves en fonction de manques relèvent de la même démarche. Des
équipes organisent des ateliers autour de la notion de "besoins" et non de "manques". Tous les élèves, quel que soit leur
niveau, ont des besoins en lecture, l'organisation d'ateliers diversifiés est une façon d’y répondre, une rotation souple
permet d'éviter d'enfermer certains élèves dans des activités de soutien.
Et le travail sur le code ?
Reste le difficile apprentissage du code et en particulier l'articulation grapho-phonologique, ni préalable, ni décalé, il
est lié étroitement avec le travail sur le sens. C'est sur ce point que les équipes sollicitent les sources les plus diverses.
Les idées forces sont de placer les enfants, le plus souvent possible et par des moyens diversifiés, en situation de travail
sur le code, d'intégrer cet entraînement à tous types d'activités, et d'éviter de répéter des situations d'apprentissage qui
se sont avérées antérieurement inefficaces pour eux. L'outil informatique peut être un adjuvant précieux. Des actions
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proposent des travaux originaux à partir de l'oral. Les activités prennent des formes variées : travaux sur la structure, les
répétitions, les ruptures et continuités de la chaîne parlée et écrite ; exercices destinés à améliorer les performances de
mémorisation, le repérage dans l'espace-temps, l'enrichissement du lexique... Imprégnation, immersion, imitation,
substitution,... en fin de compte, il s'agit de développer les interactions les plus nombreuses et diversifiées possibles
entre lire, écrire et parler.
Pour en savoir +
Naviguer dans les rubriques Maîtrise des langages sur les sites des rectorats et des inspections académiques (IA) des
académies de :
Créteil : www.ac-creteil.fr/langages/
Lille : www2.ac-lille.fr/mdl/
voir aussi l'IA du Nord (http://netia59.ac-lille.fr/www/bd/indexmaitrise.htm)
Montpellier : www.ac-montpellier.fr/Pedagogie/Actions/mdl/index.htm
voir aussi Les écoles de l'Aude (http://maitrise.langue.aude.free.fr/fichiers),
les IA de l'Hérault (www.ac-montpellier.fr/ia34/ppm.htm) et
de la Lozère (www.ac-montpellier.fr/rectorat/ia-48/laclasse/lire/index.html)
Nantes : www.ac-nantes.fr/peda/interdisc/mdl/index.htm
voir aussi son Tournoi-lecture (www.ac-nantes.fr/peda/disc/tourlec/tourlect.htm),
l'IA des Alpes Maritimes (Nice) :(www.ac-nice.fr/ia06/espensei/CL n9/index.htm)
l'IA du Cher (Orléans-Tours) : (www.ac-orleans-tours.fr/ia18/ressources/Maitrise_langue/sommaire.htm)
La Réunion : http://www.ac-reunion.fr/lecture/default.htm
Versailles : http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/langages/default.asp
Lire les actes du séminaire national L'exploitation de l'évaluation nationale en CE2 : la lecture
organisé à Paris les 9 et 10 octobre 2000
www.eduscol.education.fr/D0033/lecture_acte.htm
Accéder à la rubrique Maîtrise de la langue dans le thème École sur ÉduSCOL :
www.eduscol.education.fr/D0102/default.htm
Consulter l'agenda de l'éducation pour connaître les événements créés autour du thème "Lecture, écriture" :
www.education.gouv.fr/actu/agenda/lecture.htm
Visiter le site de l'association Lire et faire lire : www.lireetfairelire.org/
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De maux décrits en mots d’écrits
Institut de rééducation Les eaux vives, Grigny, académie de Lyon
Ces enfants de cycle 2 et 3 ne présentent pas de retard intellectuel particulier mais manifestent des troubles du
comportement massifs et ont de très grandes difficultés de lecture : difficulté à identifier et segmenter correctement les
mots, à différencier phrases, mots, syllabes, lettres, manque global d'intérêt pour l'écrit. Les difficultés de déchiffrage
occultent complètement la question du sens. L'enjeu est de faire redécouvrir à ces enfants le plaisir de communiquer par
la lecture et l'écriture, la priorité consistant à réassurer ces enfants. Le fil conducteur du travail est donc de toujours
articuler le travail sur le code et le travail sur le sens. Une composante essentielle est le temps, forcément long pour le
travail d'étayage au cœur de la démarche.
Puisant à des sources variées, l'équipe propose des entrées multiples pour prendre en charge les difficultés. Elle analyse
dans le détail les référents théoriques et les outils sur lesquels elle s'appuie montrant comment leur appropriation les
rend opérationnels.
Pour en savoir plus
Consulter l'écrit original de l'équipe sur le site académique :
http://hpwww.ec-lyon.fr/hpserv/safci/safci2/pni3/monographies/4a/02_19_les_eaux_vives.html
Accéder au site de l'institut : http://www.slea.asso.fr/eaux.htm
Un projet lecture gratiné
Segpa du collège M. Dargent, Lyon, académie de Lyon
Les Segpa accueillent des élèves présentant des troubles importants de la lecture et de l'écriture souvent désignés par le
terme "dyslexie". Les enseignants ont donc développé des compétences spécifiques qui croisent des apports de la
didactique et la pédagogie de la lecture ainsi que ceux d'orthophonistes ou de personnel médical intervenant dans la
prise en charge de ces jeunes. L'idée est de faire bénéficier d'autres élèves des compétences ainsi développées et du
même coup de rompre l'isolement, voire l'exclusion dont souffrent souvent les Segpa au sein d'un établissement.
Les actions s'appuient sur des situations concrètes gratifiantes et donc motivantes. L'équipe présente en détail un
exemple parmi d'autres. Les élèves de 4ème Segpa confectionnent un gratin dauphinois en atelier cuisine. Ils écrivent
ensuite la recette à l'intention des élèves de 6ème, afin que ceux-ci puissent la réaliser et la réussir à leur tour. Les textes
produits font un va et vient entre les 4ème et les 6ème jusqu'à ce qu'ils soient jugés satisfaisants par tous, la réalisation
du plat par les 6ème n'ayant lieu qu'une fois cette condition remplie. Les textes circulent, des élèves étonnés de savoir
pointer les erreurs ou oublis commis par d'autres découvrent tout à coup qu'ils ne sont pas nuls". Un souci de fignolage,
inespéré de la part d'élèves si difficiles à mobiliser sur les tâches, se manifeste. Grâce à cette situation de lecture et
d'écriture authentique et valorisante, ces élèves en difficulté découvrent et s'approprient des règles fondamentales de la
communication par écrit, une étape essentielle si l'on veut réveiller chez ces élèves en souffrance le désir de
perfectionner leurs compétences. Dernière étape, les 6ème cuisinent le gratin, supervisés par les 4ème Segpa. Une
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évaluation immédiate de l'efficacité des compétences mises en œuvre tient à la réussite du plat, mais à plus long terme
ce sont l'intérêt de la communication écrite et son enjeu social qui ont été posés.
Pour en savoir +
Consulter les écrits originaux de l'équipe sur le site académique
http://hpwww.ec-lyon.fr/hpserv/safci/safci2/pni3/monographies/sommairepole4.html#gratin
et découvrir la recette du gâteau à la patate douce écrite par les élèves
http://hpwww.ec-lyon.fr/hpserv/safci/safci2/pni3/monographies/4a/d15_langages_segpa.html#gateau
Je cours, je parle, je lis...
Collège Albius, Le Port, académie de La Réunion
Les classes de l'île de la Réunion accueillent de nombreux enfants dont la langue maternelle est le créole et pour qui le
français est langue seconde. Il existe dans les collèges des structures particulières : classes de consolidation, 6ème nonlecteurs, 6ème primo- arrivants ou français langue étrangère pour des élèves en très grande difficulté. Ces classes
impliquent la mise en œuvre de projets spécifiques d'apprentissage de la lecture. Au collège Albius, un projet concerne
des classes d'enfants non lecteurs et de consolidation mais aussi deux classes hétérogènes. A partir d'un travail sur le
geste et le corps sont créées des situations propices à la parole et à la lecture pour une appropriation progressive de la
langue française. Lecteurs on non, tous les élèves peuvent être en situation de réussite dans les activités sportives et
c'est cet atout qui place le cours d'Eps au cœur du projet.
La première étape consiste à faire parler, à faire verbaliser les actions effectuées par les élèves. En effet, ceux-ci, parce
qu'ils ne maîtrisent pas le français, utilisent beaucoup plus le mime que la parole. L'idée est donc de placer le plus
souvent possible les élèves en situation de "professeur" pour leurs camarades, en veillant à une rotation constante des
rôles. En cours d'Eps, les élèves prennent donc en charge l'échauffement, reformulent les consignes données à certains
d'entre eux pour l'ensemble du groupe. L'arbitrage confié aux élèves fournit des occasions vivantes de décrire
précisément les actions fautives. Faire nommer les actions, les parties du corps, répéter puis produire des consignes
simples, sont les premiers points d'appui. Les élèves se familiarisent avec un vocabulaire de base et construisent des
phrases correctes. Un travail interdiscipinaire relaie ce travail. D'autres professeurs s'appuient sur les structures
syntaxiques mises en place, s'efforcent d'assurer la réutilisation du vocabulaire acquis, d'en décliner d'autres emplois
spécifiquement disciplinaires.
Très vite, ce travail s'articule avec des activités de lecture. Les fiches à lire, à remplir ou à élaborer fournissent un
support de lecture adapté et évolutif en fonction des progrès individuels des élèves. D'autres jeux sont inventés qui
combinent les activités physiques et les apprentissages en lecture.
Pour en savoir +
Consulter l'écrit original de l'équipe (document Acrobat) sur le site académique :
http://www.ac-reunion.fr/inno/monos/bout.pdf
et accéder au site du collège : http://www.ac-reunion.fr/pedagogie/coalbiup/
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La Segpa au secours des non-lecteurs
Collège Paul Fort, Reims, académie de Reims
Dans cet établissement classé en Zep, des professeurs se sentaient démunis face aux très grandes difficultés de lecture
de certains élèves. Or, les enseignants de Segpa sont habitués à accueillir des enfants en très grande difficulté de
lecture. Pourquoi ne pas faire bénéficier l'ensemble du collège de ces précieuses compétences ? De là est née l'idée
d'ateliers diversifiés. Une fois par semaine, selon un horaire aligné dans l'emploi du temps, les élèves de sixième sont
répartis en quatre ateliers lecture. L'un d'entre eux, regroupant les élèves en difficulté au niveau du déchiffrage et
incapables de produire du sens à partir de ce qu'ils lisent, sont pris en charge par un enseignant de Segpa. Le projet, à
l'origine centré sur les aspects instrumentaux de la lecture, a très vite évolué. En effet, il est apparu que pour réconcilier
ces enfants avec l'envie de lire, il fallait d'abord leur redonner l'envie de communiquer, qu'un mauvais lecteur souffrait
souvent d'avoir été au moment de son apprentissage un "mal entendu". Le projet propose donc un travail global dans
lequel les remédiations instrumentales prennent place dans un travail global sur l'écoute et le plaisir de lire.
Pour en savoir +
Consulter l'écrit original de l'équipe (document Acrobat) sur le site académique :
http://www.ac-reims.fr/INNOVALO/docsPNI3/marne/P1fort51.PDF
Un orthophoniste en classe
Collège de la côte Vermeille, Port-Vendres, académie de Montpellier
Pour prendre en charge plus efficacement les difficultés langagières de ces enfants que l'on dit "dyslexiques", l'idée est
d'établir une véritable collaboration entre les enseignants et l'orthophoniste. Son regard différent éclaire autrement les
problèmes des enfants : l’orthophoniste peut assister à certains cours ou participer à leur préparation, aider à l'analyse
des résultats des évaluations à l'entrée en 6ème, travailler sur les consignes, animer des ateliers de langage à l'intention
des professeurs.
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Lectures plurielles
Collège Dillon 2, Fort-de-France, académie de la Martinique
Dans ce collège classé Zep, près de la moitié des élèves a de très graves difficultés en lecture : déchiffrage pénible,
lecture hésitante, compréhension lente d'un texte très simple. Pour répondre à ces difficultés sans pour autant ralentir le
rythme des lecteurs plus expérimentés, l'idée est d'aligner deux heures de français pour plusieurs classes et de
redistribuer les élèves selon leurs compétences. Pour répartir les élèves dans les ateliers, des tests prennent en compte la
lecture silencieuse et la lecture à voix haute. Un atelier s'adresse spécifiquement les élèves qui déchiffrent péniblement
les textes, il est pris en charge conjointement par un professeur de lettres et un professeur d'école. Un deuxième atelier
vise les difficultés de compréhension non liées aux difficultés de déchiffrement, le troisième, atelier de lecture suivie
est destiné aux meilleurs lecteurs.
Dix ateliers pour mieux lire
École élémentaire J.F. Blade, Lectoure, académie de Toulouse
Dans cette école, les évaluations nationales CE2 et 6ème ont servi à mettre en place un programme individualisé d'aide
et de progrès en lecture. Un stage a permis de tracer les grandes lignes d'une réflexion commune à l'équipe, de
s'accorder sur les compétences de base et d'en préciser un certain nombre relevant de l'approfondissement.
En début d'après-midi, chaque jour, sur une plage horaire d'une demi-heure banalisée, les 85 élèves des classes de Ce1,
Ce2, Cm1, Cm2 et Clis sont répartis en dix ateliers dont les activités relèvent, soit des compétences de base, soit de
l'approfondissement. Une rotation souple permet à chaque enfant un itinéraire personnalisé en fonction de son
cheminement personnel. Les enseignants assurent la préparation des activités et, pour la mise en œuvre, sont aidés par
les animatrices du centre de loisirs associé à l'école. Les cahiers d'évaluation nationaux servent au diagnostic pour aider
à répartir les enfants dans les ateliers en fonction de leurs besoins, ils inspirent aussi les outils que l'équipe a construit
pour l'évaluation en fin de module.
Pour en savoir +
Consulter l'écrit original de l'équipe sur le site académique :
http://biblio.ac-toulouse.fr/Document.htm&numrec=031910157919290
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Des albums de vie en grande section de maternelle
Écoles Charles Perrault et Jacques Prévert, Lillers, académie de Lille
Dans ces deux écoles situées dans une zone urbaine sensible, un même constat : de nombreux enfants présentent des
comportements instables et manifestent une forme "d'imperméabilité à l'écrit". Comment, dans ces conditions,
l'apprentissage de la lecture peut-il avoir du sens pour eux ? De là l'idée de croiser des objectifs d'éducation à la
citoyenneté et de sensibilisation à l'intérêt de l'écrit.
A la charnière du cycle 1 et du cycle 2, des "albums de vie" individuels proposent de suivre un personnage principal et
sa famille tout au long d'une année. Chaque enfant peut y décrire et y représenter son vécu, son histoire, ses
impressions et ainsi mesurer son évolution. En grande section de maternelle, ces albums permettent d'aborder la lecture
à partir de situations impliquant directement les enfants qui s'investissent par une démarche d'identification et de
comparaison. Ce sont aussi de précieux instruments de liaison avec les familles et des outils d'éducation au sens le plus
large du terme. Au cours préparatoire, ils sont un lien concret avec le travail effectué antérieurement et servent de point
d'appui pour une réelle continuité des apprentissages.
Pour en savoir +
Consulter l'écrit original de l'équipe sur le site académique :
www.lille.iufm.fr/drd/recinn/Les_travaux/PNI3__19992001_/Acces_par_types_d_etablissemen/Fiches_descriptives/Fiche8/fiche8.html
Quand les grands lisent des histoires aux petits
Collège Jules Verne, Saint-Hilaire du Harcouët, académie de Caen
Donner du sens à l'apprentissage de la lecture en cycle 2 en entretenant le plaisir de lire, le plaisir du contact avec le
livre; faire découvrir ou redécouvrir le plaisir de lire aux élèves de sixième, leur donner envie de perfectionner leurs
compétences de lecture; tels sont les enjeux de ce projet. Les élèves de sixième vont lire des histoires aux élèves de
cours préparatoire. L'idée est simple et redoutablement efficace si l'on en croit l'enthousiasme suscité pour tous par
cette initiative.
Pour en savoir +
Consulter l'écrit original de l'équipe sur le site académique :
www.pedagogie.ac-caen.fr/transversaux/innovalojuin 2002/pages/actions/resume/PNI3/lect6_sthilaire.html
Accéder au site du collège : http://www.etab.ac-caen.fr/clg-st-hilaire/
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La lecture, ça s'apprivoise...
École maternelle Jeanne Hachette, Perpignan, académie de Montpellier
Cette école maternelle est située en Zep, elle accueille 50% d'enfants d'origine étrangère, le tiers appartient à des
familles non francophones.
L'école a connu une crise il y a plusieurs années : climat tendu, rapports difficiles avec les familles, de nombreux
enfants ne respectant aucune règle, aucun adulte, aucun objet, ne se sentant aucunement concernés par les livres
complètement absents des foyers. En amont même de l'apprentissage de la lecture, il fallait en restaurer les conditions.
Il était nécessaire d'éveiller chez les enfants le goût du livre, de développer le respect de l'objet et de celui qui l'utilise.
Mais pour cela il fallait aussi sensibiliser les familles à l'importance de la vie scolaire de leur enfant, responsabiliser les
parents, les mettre en confiance pour les aider à trouver leur place de co-éducateurs dans un projet d'école
Ainsi est née l'idée d'une structure nouvelle "le Club de lecteurs" au sein de laquelle le livre trouverait un sens, où les
enfants découvriraient que plaisir et respect des règles ne sont pas incompatibles et à laquelle les familles pourraient
être associées. Un centre de loisirs accueillant de nombreux enfants de l'école hors temps scolaire dans les mêmes
locaux bénéficiait auprès des familles d'une image moins effrayante que l’école. Un partenariat avec cette structure a
permis de faciliter la venue des parents. Dans le cadre du plan d'aide à la réussite et à l'insertion, un animateur du centre
de loisirs partenaire a accueilli, trois soirs de chaque semaine, de 17h à 18h30, un groupe de huit à neuf enfants autour
d'un goûter, puis dans la bibliothèque de l'école, pour une action ciblée autour du livre. Le quatrième soir était réservé à
un prêt de livres ouvert à tous.
L'inscription au Club n'est obligatoire pour personne, c'est un choix. La participation au Club implique le respect des
livres et celui des autres lecteurs. Le calme est de rigueur et l'accès à la bibliothèque de l'école nécessite de se
déchausser au préalable. Au terme d'une séance, chaque enfant emprunte un livre qu'il emporte chez lui. L'inscription
au Club nécessite la signature d'un contrat par un adulte référent (pouvant être aussi un grand frère, par exemple) qui
s'engage à raconter à l'enfant l'histoire du livre emprunté lors des séances du Club (même dispositif pour l'inscription à
la bibliothèque de prêt). Les familles sont invitées à partager les vingt dernières minutes de la séance. Elles doivent
également se déchausser avant de fouler la moquette de la bibliothèque. Les parents qui le désirent peuvent accueillir
chez eux un groupe d'enfants avec l'animateur pour une séance autour d'un gâteau.
Le respect des règles a été immédiat. Mieux, les enfants se sont révélés les meilleurs garants de leur application, en
rappelant à l'ordre, par exemple, les adultes qui ne se déchaussaient pas en entrant dans la bibliothèque. Des
changements décisifs ont été observés dans le rapport à l'objet "livre", ce qui a permis son utilisation à l'école en tant
que vecteur de plaisir aussi bien qu'en tant qu'outil de pédagogie, ce qui était bien difficile auparavant. Les rapports
avec les familles se sont améliorés, liés manifestement à une perception différente de l'école, et les enfants qui ne se
sentent plus en porte-à-faux entre leurs parents et les enseignants, retrouvent une image positive de l'école.
Pour en savoir +
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Un défi lecture pour le cycle 2
École élémentaire Berlioz, Behren-lès-Forbach, académie de Nancy-Metz
Comment réussir l'apprentissage de la lecture si celui-ci n'a pas de sens pour les élèves ? Comment, en cycle 2,
développer la lecture plaisir tout en assurant les apprentissages instrumentaux ? Dans cette école classée en Zep, un défi
lecture est organisé en cycle 2, dès le cours préparatoire. Les élèves de deux classes partenaires lisent la même série de
livres, élaborent des questionnaires qu'ils soumettent à l'autre classe, un grand jeu conçu à partir des livres lus peut
couronner le tout. Les livres supports sont choisis de manière à être accessibles à des lecteurs débutants : structures
simples ou répétitives, illustrations nombreuses, longueur adaptée... La lecture des livres est intégrée aux séances
quotidiennes d'apprentissage et les enseignants ont imaginé des activités diversifiées pour conjuguer les apprentissages
de base et la lecture plaisir.
La littérature pour faire reculer l’illettrisme
Lycée Joliot Curie, Sète, académie de Montpellier
Pour ces élèves de seconde CECM (chaudronnerie - ensemble chaudronné - métalliers), le monde des livres était un
monde étranger et chaque syllabe lue un accouchement douloureux. Il fallait ramener ces élèves vers l'écrit et le livre
pour recommencer une autre manière d'apprendre à lire. L'idée a été de renouer avec le plaisir infantile des histoires
pour réduire la distance entre les livres et les élèves. Les professeurs ont dans un premier temps lu à haute voix des
contes. Ce travail patient sur le plaisir de l'écoute a permis dans un second temps d'amener les élèves à franchir la porte
du Cdi pour choisir des textes. Des activités d'illustration et d'enregistrement de fragments de textes lus par les élèves
leur ont permis de s'approprier progressivement leur contenu.
Pour en savoir +
Accéder au site du lycée : http://perso.wanadoo.fr/lycee.jc34/
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EduSCOL - Innovations en action
Lecture pour tous et par tous
Collège Paul Claudel, Wassy, académie de Reims
La lecture est une activité fondamentale qui concerne tous les domaines. Pourquoi, à l'école, serait-elle le domaine
réservé du professeur de français ? Toute activité peut être prétexte à développer les compétences de lecture. Faire
prendre en charge l'apprentissage continué de la lecture par toutes les disciplines, telle est l'ambition qui fait naître le
"cabinet de lecture" dans ce collège. Chaque enseignant apporte ainsi un éclairage particulier ou propose une entrée
différente. Les activités lecture sont déclinées sous de multiples aspects. Tous les moyens sont bons. Les supports de
lecture sont aussi variés que possible et permettent de croiser plusieurs disciplines : comédie musicale, textes de
théâtre, textes illustrés, textes à énigme, textes lus à l'écran de l'ordinateur...
Une heure est banalisée en fin de journée une fois par semaine et les élèves répartis dans différents modules. Une
attention particulière est accordée aux élèves en très grande difficulté et un groupe spécialisé leur est réservé. On y
travaille la voix, l'articulation, la diction, la vitesse de lecture pour obtenir une fluidité indispensable à une lecture
performante. Les autres élèves bénéficient d'activités variées en groupes, la rotation étant différente selon les activités
proposées et les besoins ou envies des élèves.
La lecture des consignes, c'est l'affaire de tous.
Collège Honoré de Balzac, Alençon, académie de Caen
"Ils ne comprennent rien à ce qu'on leur demande"; "ils ne savent pas lire les consignes". Pour dépasser ce constat, c'est
toute une équipe qui prend en charge les difficultés de lecture des énoncés. Le projet prévoit des activités communes
mais laisse aussi une grande place à des activités au sein de la discipline parce que la lecture d'énoncés ne peut passer
par un apprentissage décontextualisé. Des pistes précises sont proposées pour rendre chaque élève capable d'adapter
son mode de lecture à la situation.
© Ministère de la Jeunesse, de l'Éducation nationale et de la Recherche – Desco – Bureau de la Valorisation des innovations pédagogiques
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