Inside Llewyn Davis

Transcription

Inside Llewyn Davis
Inside Llewyn Davis
Ethan & Joel Coen
Oscar Isaac Llewyn Davis
Carey Mulligan Jean Berkey
Justin Timberlake Jim Berkey
Ethan Phillips Mitch Gorfein
Inside Llewyn Davis raconte une semaine de la vie d’un jeune chanteur de folk dans l’univers
musical de Greenwich Village en 1961.
Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu’un hiver rigoureux sévit sur New York,
le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien, et affronte
des obstacles qui semblent insurmontables -- à commencer par ceux qu’il se crée lui-même.
Il ne survit que grâce à l’aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n’importe quel petit boulot. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le
conduisent jusqu’à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman -- avant de retourner là d’où il vient...
ETHAN COEN ET JOEL COEN
Source : Huffington Post
DU 20 AU 26 novembre 2013
2013 . ÉTATS-UNIS . VOSTF . 1H45
Casting
1984 : Sang pour sang
1987 : Arizona Junior
1990 : Miller’s Crossing
1991 : Barton Fink
1994 : Le Grand Saut
1996 : Fargo
1998 : The Big Lebowski
2000 : O’Brother
2001 : The Barber : l’homme qui n’était pas là
2003 : Intolérable Cruauté
2004 : Ladykillers
2007 : No Country for Old Men
2008 : Burn After Reading
2009 : A Serious Man
2010 : True Grit
2013 : Inside Llewyn Davis
ENTRETIEn avec oscar isaac
Vous sentez-vous plus musicien qu’acteur?
J’ai eu de la chance de pouvoir combiner deux aspects du travail que je maîtrise. Dans les films
10 Years et Sucker Punch, j’ai l’occasion de chanter alors que j’avais pris la décision d’écarter la
musique pour me concentrer sur le jeu. Je me suis posé des questions.
Je savais que le film portait sur la folk, le New York des années 1960 et qu’il était inspiré des mémoires de Dave Van Ronk. J’ai envoyé des enregistrements et été auditionné par les Coen avant
d’être choisi. Qu’aurais-je fait si j’avais vécu dans le Greenwich Village à l’époque? Ici, la musique
est l’expression d’un personnage. J’ai donc essayé de transmettre ma voix de musicien à travers
Llewyn.
Avez-vous révisé votre folk avant de tourner?
J’ai grandi en écoutant Bob Dylan, Simon & Garfunkel ou Cat Stevens mais c’était vraiment un
nouveau monde pour moi. Je ne m’étais pas encore intéressé à cette scène même si j’avais déjà
écouté du Pete Seeger. Le style que j’utilise pour jouer de la guitare était aussi très différent,
j’ai duapprendre le «travis picking» - technique qui nécessite un entraînement quotidien et qui
consiste à utiliser tous tes doigts.
Vous partagez l’affiche avec des pointures de la musique...
C’était particulièrement intimidant de jouer avec des artistes comme Justin Timberlake ou Mumford
& Sons. Ce sont les meilleurs musiciens de la planète. T-Bone Burnett qui supervisait l’ensemble
de la bande ressemble à M. Miyagi. Il est très mystérieux et ne donne quasiment pas de directives
mais m’a offert quelques conseils. Il m’a par exemple demandé de jouer comme si j’étais seul
dans une pièce au moment des prises.
Il a insisté sur le fait d’être honnête vis-à-vis de la musique et de soi-même. Avec Llewyn, on a essayé de réinventer la musique avec notre savoir actuel. On ne voulait pas faire de pièce de musée.
J’ai pas mal de chansons en stock avec ou sans mon groupe NightLab et j’aimerais beaucoup
en jouer. Je vais probablement en enregistrer quelques unes mais je ne veux pas sembler trop
opportuniste.
Qu’est ce que ça change un rôle avec les Coen?
Il y a une méthode de travail qui est très différente. Les frères Coen ont une patte caractéristique,
mais ils ne l’appliquent que par minuscules touches. Je m’attendais à des dictateurs et je me suis
retrouvé face à des cuisiniers minutieux qui ne discutent jamais symbolisme, thèmes ou idées.
J’ai eu beaucoup de chance dans ma carrière, juste après l’école j’ai trouvé du travail rapidement.
J’ai connu aussi quelques échecs mais ils font vraiment partie de la vie d’acteur. Depuis Inside
Llewyn Davis, j’ai eu beaucoup de propositions. J’ai tourné quatre films depuis les Coen dont
Therese, adaptation britannique du roman de Zola.
Votre parcours hollywoodien est plutôt classique...
Je viens du Guatemala mais cela ne m’a jamais posé de problème. On ne m’a pas cantonné à des
rôles stéréotypés. J’ai été le roi d’Angleterre dans Robin des Bois, je suis un grec dans Agora, un
garde d’Europe de l’Est dans W.E. de Madonna. Je n’ai pas souffert de discrimination particulière.
C’est la deuxième fois que je partage l’affiche avec Carey Mulligan après Drive et c’est agréable
de jouer avec des personnes en qui vous avez confiance. Il y a un sentiment de sécurité plus fort.
On veut probablement poursuivre notre amour dysfonctionnel.
L’esprit un peu nomade de Llewyn Davis aujourd’hui ça donnerait quoi?
Un chanteur engagé peut-être. Je ne le vois pas trop dans le mouvement Occupy Wall Street. J’aurais aimé être un artiste à cette époque mais
seul Llewyn peut réchauffer le film. Il a une couche supplémentaire d’héroïsme qui lui confère une dimension tragique. Il sacrifie pour essayer
d’être authentique et honnête envers lui-même. Quelque chose que je ne pourrais pas faire moi-même. C’est son triomphe personnel. Ce n’est
pas un vendu.
Joel et Ethan Coen : «Nos films sont des collages»
Propos recueillis par Aureliano Tonet - LE MONDE.FR
« On se sent un peu à la maison ici », concèdent Joel et Ethan Coen, dont trois des quatre derniers films ont été coproduits par une firme
tricolore. De fait, à chaque fois que les frangins foulent le sol hexagonal, la France leur déroule le tapis rouge. Cette année, cela a commencé
à Cannes, où leur nouveau long-métrage, Inside Llewyn Davis, a raflé le Grand Prix du jury. Cela s’est poursuivi à l’automne, avec hommage
rétrospectif à la Cinémathèque française et décoration par la ministre (« Filippetti, cela sonne un peu comme Philippe Petit, le type qui a escaladé le World Trade Center, non ? », tente Ethan). Cela s’est fini dans un palace de la capitale, où les frères recevaient une presse aussi profuse
qu’enthousiaste, en amont de la sortie en salles dudit Davis, le 6 novembre. Morceaux choisis.
Vos films sont truffés de boîtes, boîtiers, mallettes, urnes, cercueils, coffres...… A l’intérieur de quoi pénétrez-vous, cette fois-ci ?
Ethan Coen : Du cerveau de Llewyn Davis, le personnage principal. Le titre du film fait référence à l’album Inside Dave Van Ronk.
Joel Coen : Van Ronk était un musicien de la scène folk new-yorkaise, dont nous nous sommes en partie inspirés. Mais, à bien y réfléchir, tous
nos films pourraient s’appeler « Inside bla bla bla ».
Vous avez aussi pioché dans les mémoires de Bob Dylan : comme lui, votre héros porte un nom gallois, déménage beaucoup, fouille dans
les étagères de ses hôtes…...
E. C. : Un peu, oui. Nous avons lu ses Chroniques.
J. C. : Nos films sont des collages. Cormac McCarthy disait : « Les livres sont faits d’autres livres. »
Dans le livre de Dylan, il fait très froid. Dans votre film aussi…...
E. C. : Difficile d’imaginer le Greenwich Village de 1961 avec du soleil…... Et puis, la pochette enneigée de The Freewheelin’ Bob Dylan n’est
pas pour rien dans cette mythologie d’une scène folk luttant contre un monde hostile, météo comprise.
En parlant de mythologie, treize ans après O Brother, Where Art Thou ?, vous renommez un de vos personnages Ulysse…...
E. C. : Inside Llewyn Davis est une sorte d’odyssée. Mais, cette fois, le héros n’aboutit nulle part.
Quel était le point de départ ?
E. C. : Un jour, Joel m’a dit : « Pourquoi ne pas commencer un film avec Dave Van Ronk se faisant tabasser à la sortie d’un club ? » On a laissé
cette idée de côté pendant des années. C’est finalement devenu le début d’Inside Llewyn Davis.
C’en est aussi la fin…...
J. C. : On n’est pas tout le temps obligé de réinventer la roue. (regard malicieux vers son frère, qui pouffe en sourdine) Le film gravite davantage
autour du personnage principal, de son intériorité, que de l’intrigue. Les films de genre, comme Miller’s Crossing, permettent d’allier des personnages consistants et une intrigue forte. Ce n’est pas le cas ici.
Contrairement à O Brother, les chansons sont interprétées en direct et en intégralité…...
J. C. : La musique est le cœur battant du film, on ne pouvait pas tricher. Il n’y a qu’une seule scène en play-back, celle du quartet. Il fallait que
le comédien principal sache jouer et chanter. Avant qu’on dégote Oscar Isaac, nous pensions que le film ne se ferait tout simplement pas.
Tous vos films sont ancrés dans le passé. Pourquoi ?
J. C. : On lit peu de science-fiction, et beaucoup de livres d’histoire. On prend plus de plaisir à recréer un monde qui n’existe plus, qu’à inventer un monde qui n’a jamais existé. Y compris lorsqu’on remonte le temps de quelques années seulement, comme dans Fargo ou The Big
Lebowski. Rendre avec justesse les moindres détails, essayer d’imposer un point de vue original... Le passé nous semble plus exotique que le
présent ou le futur.
Ceci dit, deux des acteurs d’Inside Llewyn Davis, Adam Driver et Alex Karpovsky, jouent dans la série Girls. Comme si le Village de 1961
préfigurait le Brooklyn de 2013…...
E. C. : Pas faux. Lorsqu’on s’est documenté avant le tournage, on a été frappé par la ressemblance entre les fringues et les coupes de l’époque
et celles que portent les jeunes à Brooklyn, aujourd’hui.
Sur l’affiche française du film, figure le mot « caricature ». Dans votre usage minutieux des détails, votre manière d’accentuer certains traits
et travers, vous sentez-vous caricaturistes ?
J. C. : J’admire Honoré Daumier, mais cela n’a aucun rapport. The Caricature était le nom d’une salle de concert de Greenwich Village. Vous
savez, parfois, un cigare est juste un cigare. (coup d’oeil furtif vers son frère, qui semble approuver)
Vous filmez régulièrement les idiots, les perdants, les marginaux. Dans quelle mesure Llewyn Davis est-il un héros positif, d’après vous ?
J. C. : C’est un personnages admirable par certains aspects : il a du talent, ce n’est pas une mauvaise personne. D’autres facettes de lui sont
plus difficiles à apprécier. En un sens, il est son pire ennemi. Lorsqu’on l’a décrit pour la première fois à Oscar, on lui a dit : c’est un personnage
qui se comporte comme un connard mais qui, dix minutes plus tard, s’en repent.
E. C. : Il fait montre d’une certaine complaisance vis-à-vis de lui-même. Par exemple, il rattache son manque de succès à sa trop grande intégrité, sans prendre en compte d’autres facteurs, comme ses difficultés à intéragir avec autrui.
Le succès fuit Llewyn Davis, comme le chat après lequel il court. C’est loin d’être votre cas.
J. C. : On a eu de la chance. Lorsqu’on est du bon côté de la pièce, on se demande qui l’a jetée, comment, et pourquoi elle est tombée sur
pile, et non sur face.