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ÉDITORIAL de Paul Kroll Des pécheurs dans les bras d’un Dieu bienveillant Qu’est-ce que l’enfer ? Y a-t-il des gens qui s’y retrouveront ? Et si oui, pourquoi ? e monde sera probablement transformé en […] un vaste océan de feu, où les méchants seront affligés […] leur tête, leurs yeux, leur langue, leurs mains, leurs pieds, leurs reins et leurs organes vitaux seront pour toujours remplis d’un feu rougeoyant et fondant […] ils seront éternellement […] tourmentés […] sans fin, et sans jamais, jamais en «L les mains d’un Dieu en colère », Edwards enseignait que celui qui était impénitent et négligent spirituellement finirait dans le feu d’un enfer qui brûle toujours. On peut comprendre pourquoi les gens qui écoutaient Edwards et d’autres prédicateurs qui transmettaient un message semblable pouvaient, comme certains l’ont fait, gémir et hurler d’horreur, se tordre dans une hystérie épouvantable et même devenir fous. être délivrés. »1 Ce genre de sermons sur le feu de l’enfer a été une pression répandue et de longue date, tissée dans l’étoffe de l’Église au cours de la plupart de son histoire jusqu’à tout récemment. Cependant, vous n’entendrez probablement pas un sermon sur le feu et le souffre de l’enfer dans l’Église aujourd’hui. Cette description effrayante d’un enfer qui brûle toujours a été écrite par Jonathan Edwards (1703-1758), le théologien chrétien le plus influent de l’Amérique coloniale et l’un de ses prédicateurs les plus puissants. Dans ses sermons, comme « Des pécheurs dans 6 Doit-on prêcher ou ne pas prêcher sur l’enfer ? Un nombre croissant d’érudits évangéliques – y compris F. F. Bruce (19101990), Michael Green, John Stott, John W. Wenham, pour n’en nommer que quelques-uns – ont exprimé leur opposition à la vision traditionnelle de l’enfer. Clark Pinnock, théologien et érudit biblique canadien, n’a pas mâché ses mots dans le livre Four Views on Hell (Quatre visions sur l’enfer). Il écrit : « La torture éternelle est intolérable d’un point de vue moral parce qu’elle représente Dieu agissant comme un monstre assoiffé de sang qui maintient un Auschwitz éternel pour ses ennemis qu’il ne laisse même pas mourir. »2 NORTHERN LIGHT ÉDITORIAL Bien que Pinnock ait provoqué la colère de certains de ses collègues les plus conservateurs, son opinion sur les prédications d’un enfer de feu est partagée par beaucoup d’enseignants et d’érudits chrétiens, même s’ils n’exposent pas leurs objections en des termes aussi clairs. À l’instar de Pinnock et d’un nombre croissant de personnes, ils « considèrent que le concept de l’enfer défini comme un tourment sans fin du corps et de l’esprit, est une doctrine outrageante et un crime théologique et moral. »3 Un crime moral peut être un terme faible quand nous considérons le fait que certains, qui enseignent un enfer dont le feu brûle toujours, enseignent également que Dieu n’a choisi arbitrairement qu’une toute petite minorité de gens pour vivre au ciel et qu’il a automatiquement, de toute éternité, confié tous les autres à une destinée effroyable en enfer pour toujours. Ce ne sont pas tous les enseignants et tous les théologiens chrétiens qui sont d’accord avec l’idée qu’enseigner sur un enfer qui brûle toujours comme une chambre de torture, soit terrible. Certains insistent pour dire que nous avons besoin de plus de sermons sur l’enfer. Le théologien Larry Dixon, qui a écrit il y a quelques années dans le magazine Moody, décriait le manque de sermons sur le feu de l’enfer. « À quand remonte la dernière fois où vous avez entendu un sermon sur l’enfer ? a-t-il demandé. Dans votre témoignage pour Christ, avez-vous récemment averti quelqu’un du jugement éternel ? »4 Les théologiens Christopher W. Morgan et J U L Y / A U G U S T / S E P T E M B E R 2 0 0 8 7 ÉDITORIAL Robert A. Peterson disent que nous devons « proclamer tout le conseil de Dieu – oui, y compris l’enfer – aux chrétiens autant qu’aux non-chrétiens ».5 Comme certains enseignants chrétiens aujourd’hui et d’autres au cours de l’histoire de l’Église, Dixon croit que les gens ont besoin d’un coup de peur pour s’engager envers Christ. Il insiste pour dire que « les Nord-Américains autosuffisants n’écouteront jamais vraiment l’Évangile à moins de les avertir à un moment donné du jugement. » Son opinion est la suivante : « Si nous ne parlons que d’amour et d’affirmation, les païens confortables nous écouteront poliment pendant un certain temps, diront qu’ils sont contents pour nous et poursuivront leur chemin. » Il conclut en disant : « À moins de craindre le jugement de Dieu, beaucoup ne rechercheront pas son amour. »6 Cette approche semble présumer que les Américains ne croient pas au fond d’eux qu’il existe un certain « enfer ». Il semble que ce soit une supposition erronée. Dans presque chaque sondage mené au cours des dernières années, une majorité d’Américains disent croire en un véritable enfer. Selon un sondage Gallup mené au milieu de l’an 2007, 69 pour cent des répondants ont affirmé croire à l’enfer. Dans certains sondages, le pourcentage de personnes disant croire à l’enfer était même plus élevé.7 Toutefois, s’ils n’ont pas entendu parler de l’enfer dans l’Église, d’où la croyance d’une personne sur l’enfer vient-elle ? En fin de compte, de la Bible, puisque la Bible est la principale source d’information sur l’enfer. Le problème, c’est que beaucoup de mauvais renseignements ont été mêlés à l’enseignement biblique sur l’enfer. Dieu a été trop souvent représenté comme un juge en colère, prêt à jeter des gens dans les tourments de l’enfer à la moindre provocation. 8 Mais c’est incontestablement un point de vue non biblique, à la fois sur Dieu et sur l’enfer. Le Nouveau Testament témoigne que Dieu n’a aucune intention de condamner immédiatement des gens à l’ « enfer ». Son but est de nous libérer de la condamnation que nous méritons à cause de nos péchés et de nous guérir de notre état de brisement spirituel. Beaucoup de chrétiens ont une vision légaliste de la relation entre Dieu et les êtres humains. Ils perçoivent Dieu comme un juge prêt à condamner, qui est en colère contre le monde, qui jette les « méchants » dans les flammes de l’enfer pour l’éternité et qui n’emmènera avec lui que les « bons » dans une félicité céleste et éternelle. Développer une nouvelle perspective sur l’enfer Dieu est pour nous, et non contre nous En lisant le Nouveau Testament, vous constatez que l’enfer est indubitablement une motivation mineure. On peut littéralement compter sur les doigts de la main les passages qui parlent directement de l’enfer. Cependant, il est vrai que chaque auteur du Nouveau Testament a quelque chose à dire indirectement sur l’enfer en parlant d’un jugement futur sur toute personne qui rejette volontairement la grâce bienveillante de Dieu et la bonne vie que Dieu s’est proposé de toute éternité de donner à ses enfants. Le témoignage de l’Écriture nous donne une image entièrement différente de l’enfer. Elle dit que le Dieu trinitaire a ouvert la porte de son amour pour tout le monde. Dieu, qui est amour (1 Jn 4.8), veut tellement sauver l’humanité de la destruction du péché qu’il s’est luimême fait homme. Il est entré dans sa création en tant qu’être humain dans la personne de son Fils. Voici un passage en Matthieu 25.41 – de Jésus lui-même – qui parle de toute personne qui refuse de croire : « […] Retirez-vous loin de moi, vous que Dieu a maudits, et allez dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges ». En Marc 9.43, il parle de ceux qui peuvent « être jeté[s] en enfer dans le feu qui ne s’éteint jamais ». L’épître aux Hébreux parle de « l’attente terrifiante du jugement et [du] feu ardent qui consumera tous ceux qui se révolteront contre Dieu » (10.27). L’enfer est donc une question importante, et c’est pourquoi nous ne voulons pas la négliger, parce que le témoignage de l’Écriture ne le fait pas. Si nous croyons le témoignage de la Bible, nous devons penser sérieusement au fait qu’un genre d’enfer existe, quelle que soit sa nature. La question demeure : Quel genre d’enfer la Bible enseigne-t-elle vraiment et qui en réalité s’y retrouvera ? Jésus, Dieu fait chair, a pris notre nature humaine déchue et l’a transformée à son image parfaite et juste, pardonnant et détruisant ainsi le péché de l’humanité. Paul a écrit qu’en Christ, nous pouvons nous « revêtir de l’homme nouveau, créé conformément à la pensée de Dieu, pour mener la vie juste et sainte que produit la vérité », ce qui signifie que nous sommes son œuvre, créée en Christ à son image (Ép 4.24). Tout cela est le revêtement de Dieu pour nous et en nous, à travers Christ et par l’Esprit. Robert Farrar Capon, prêtre retraité d’une paroisse épiscopale et auteur de plusieurs livres sur des thèmes chrétiens importants, a écrit : « Toutes les idioties sur le ciel qui est réservé pour les bons et sur l’enfer qui est réservé pour les méchants sont totalement fausses. Le ciel est entièrement peuplé de pécheurs pardonnés […] et l’enfer est entièrement peuplé de pécheurs pardonnés. La seule différence entre les deux groupes est que ceux qui sont au ciel acceptent le pardon de Dieu et ceux qui sont en enfer le rejettent. »8 NORTHERN LIGHT ÉDITORIAL Les paroles de Capon retentissent avec celles de l’Écriture. En Christ, Dieu a réconcilié le monde avec lui-même même quand les gens étaient encore ses ennemis et dans les ténèbres spirituelles. Paul l’exprime ainsi : « Alors que nous étions encore des pécheurs, le Christ est mort pour nous » (Ro 5.8). Paul dit encore que même lorsque les gens haïssaient Dieu dans leur cœur et qu’ils étaient complètement ignorants de sa promesse éternelle pour toute l’humanité, ils ont été « réconciliés avec lui par la mort de son Fils » (v. 10). ressembler l’enfer, nous devons d’une manière ou d’une autre dire que Jésus accepte notre choix d’y aller sans nous y forcer d’aucune manière déterministe. »9 Dieu veut que tout le monde soit sauvé pour connaître à jamais la joie de communier avec lui. Mais l’amour n’est pas l’amour s’il est forcé. À la fin, Dieu nous laissera avoir ce que nous voulons réellement. Comme C. S. Lewis l’a écrit : « Il y aura deux sortes de gens à la fin : ceux qui diront à Dieu : “Ainsi soit-il” et ceux à qui Dieu dira, à la fin : “Ainsi soitil”.»10 Ceux qui sont en enfer y sont parce qu’ils ne veulent aucune communion avec le Dieu qui les a créés et qui les aime. Paul insiste pour dire que ce don de la grâce et de l’amour de Dieu est universel – c’est-à-dire destiné à tout le monde ! « En effet, Dieu était en Christ, réconciliant les hommes avec lui-même, sans tenir compte de leurs fautes […] » (2 Co 5.19). C’est ainsi que Paul exprime l’amour miséricordieux de Dieu pour nous. Il dit en fait que tout dans le ciel et sur la terre a été réconcilié avec Dieu en Christ (Col 1.19,20). Quand nous le comprenons de manière théologique, l’enfer n’est pas une prison ni un endroit où Dieu jette les gens qu’il déteste. L’enfer, c’est nier qui est Dieu et qui nous sommes censés devenir selon son plan : réconciliés en Christ, dans une relation éternelle avec lui pour partager sa vie. L’enfer, c’est refuser d’accepter l’amour de Dieu, préférant plutôt le monde égoïste que nous nous sommes fabriqué. Qu’est-ce que cela a à voir avec l’enfer ? Si nous voulons parler de la raison pour laquelle une personne pourrait se retrouver en enfer, séparée de Dieu, nous devons d’abord comprendre que cela est totalement contraire à ce que Dieu désire pour tout le monde. C’est pourquoi il a déjà accompli une œuvre pour sauver tous les hommes. Aucun être humain n’a à aller en enfer, sauf s’il le choisit à cause d’un esprit récalcitrant. Ceux qui sont en enfer y sont parce qu’ils ne veulent aucune communion avec le Dieu qui les a créés et qui les aime. Ceux qui sont au ciel y sont parce qu’ils unissent leur destinée à celle de Christ, l’acceptent comme Sauveur, le suivent comme Seigneur et croient au don de sa grâce bienveillante. Lewis a écrit : « Aucune âme qui désire sérieusement et constamment la joie n’en sera jamais privée. Ceux qui cherchent trouvent. À ceux qui frappent, la porte est Qui se retrouvera en enfer et pourquoi ouverte. »11 « Tout ce que nous disons sur l’enfer doit être dit sous la rubrique d’une réconciliation universelle et véritable de toutes choses en Christ, dit Capon. Si nous choisissons d’expliquer à quoi peut J U L Y / A U G U S T / S E P T E M B E R Les gens en enfer s’y retrouvent malgré la volonté de Dieu pour eux, et non à cause d’elle. Ils ont ce qu’ils désirent, et non ce que Dieu désire pour eux. 2 0 0 8 Dieu ne condamne personne à l’enfer par un décret prédéterminé. Le témoignage de l’Écriture nous annonce la Bonne Nouvelle glorieuse que Dieu notre Sauveur « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2.4). Il ne « veut pas qu’un seul périsse. Il voudrait, au contraire, que tous parviennent à se convertir » (2 Pierre 3.9). L’enfer est un désastre funeste, tragique, lugubre et non nécessaire. Il est en contradiction totale avec tout ce que Dieu veut pour nous. Un pasteur chrétien a un jour résumé ce que cela signifie être avec Dieu, par opposition à choisir d’être sans lui en enfer. Il a simplement dit : « Le ciel, c’est trèèès bon. L’enfer, c’est trèèès mauvais. » Il a tout à fait raison !NL Notes: 1. Jonathan Edwards, The Works of President Edwards, vol. 7 (Worcester, Mass.: Isaiah Thomas, 1809), p. 486 à 502. 2. William Crockett, éditeur, Four Views on Hell (Zondervan, 1992), p. 149. 3. Christopher W. Morgan et Robert A Peterson, Hell Under Fire (Zondervan, 2004), p. 34. 4. Larry Dixon, « Whatever Happened to Hell? » édition juin 1993 du magazine Moody, p. 26. 5. Morgan et Peterson, p. 240. 6. Ibid., extraits des pages 28 et 29. 7. Sondage Gallup mené du 10 au 13 mai 2007. 8. Robert Farrar Capon, The Mystery of Christ… And Why We Don’t Get It (Eerdmans, 1993) p. 10. 9. Robert Farrar Capon, Between Noon and Three (Eerdmans, 1997), p. 269. 10. C.S. Lewis, The Great Divorce (Simon et Schuster, édition 1996), p. 72. 11. Ibid.