Regard sur le passé – Le respect
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Regard sur le passé – Le respect
Regard sur le passé – Le respect Publié en 1890, le livre In Darkest England and the Way Out de William Booth, très populaire à son époque, figure maintenant comme lecture obligatoire dans le corpus scolaire des programmes de sciences sociales partout dans le monde. D’ailleurs, en Angleterre, ces écrits ont encore de l’influence sur l’élaboration de politiques relatives à la sécurité sociale. Le respect repose au cœur même de la proposition de William Booth – traiter chaque personne avec respect, et ce, quelque soit sa situation. L’article suivant, extrait du numéro printemps-été 2015 du bulletin d’information Develop du Salvation Army’s International Development du RoyaumeUni, est une excellente introduction à ce moment marquant de notre histoire. LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ ET L’INJUSTICE DEPUIS 1865 Beaucoup de choses ont changé en 150 ans depuis que l’Armée du Salut a entrepris sa mission, comme le dit le général John Gowans, « de sauver des âmes, de grandir en sainteté et de servir l’humanité souffrante ». Dans le présent article, Carl Jobson jette un regard sur cet héritage et la façon qu’il continue à façonner notre ministère. Au début, la mission et le ministère de l’Armée du Salut étaient définis par une vérité découlant d’un énoncé de la bible : Dieu est là pour les pauvres. William Booth qui, avec sa femme Catherine, a fondé l’organisme qui est devenu l’Armée du Salut, a commencé à exercer son ministère en prêchant l’Évangile à tous ceux qui étaient laissés de côté par les églises traditionnelles. Cependant, au fil du temps, il est devenu évident que les mots ne suffisaient plus. William Booth s’est rendu compte qu’une réforme sociale s’imposait afin qu’il puisse accomplir la mission que Dieu lui avait confiée. Tout au début, l’Armée du Salut ne se limitait pas à exercer un ministère auprès des pauvres et à faire l’aumône, elle tissait aussi des liens. Ainsi, alcooliques, criminels et prostitués désespérés et sans emploi se sont métamorphosés en fantassins de Dieu appelés à combattre les problèmes de l’Angleterre victorienne.1 Dans le East End, quartier de Londres où tout a commencé pour l’Armée du Salut, environ quarante pour cent de la population vivait sous le seuil de la pauvreté.2 Ces gens ne souffraient pas uniquement de pauvreté matérielle, mais aussi de pauvreté sur le plan de l’estime de soi, et ce, en raison du mépris que le reste de la société avait à leur égard. Tous ou presque les craignaient, les rejetaient et les jugeaient, sauf l’Armée du Salut. L’Armée ne cherchait pas uniquement à les aider, mais à les accueillir dans son sein. L’Armée du Salut était sans contredit la mieux placée pour tendre la main à ces personnes, car un grand nombre des premiers salutistes provenaient de ces milieux. De nos jours, l’histoire se 1 2 Extrait de REVOLUTION, par Aaron White et Stephen Court, p. 71 [Traduction libre] Extrait de REVOLUTION, par Aaron White et Stephen Court, p. 72 [Traduction libre] répète dans la plupart de nos actions de développement communautaire. Nos projets sont soit administrés par un poste local de l’Armée du Salut (église) soit par un organe de la collectivité avec lequel ce poste a établi des liens. Il y a donc un débordement naturel de notre ministère dans ces endroits, et les projets n’en sont que plus forts étant donné que ces liens peuvent se perpétuer même si le projet a pris fin et que les objectifs ont été atteints. En 1890, William Booth a publié son manifeste social intitulé In Darkest England and the Way Out. Bien entendu, William Booth écrivait au 19e siècle, à l’époque victorienne, dans un contexte très éloigné de notre travail de développement communautaire à l’ère de la mondialisation. Il était, après tout, un général qui communiquait par télégramme et non par « gazouillis ». Beaucoup de choses ont changé depuis. Quelques-unes de ses idées sont maintenant désuètes, mais notre travail demeure fidèle à plusieurs des principes qu’il a énoncés. L’élément fascinant qui transparaît de ses écrits est que l’être humain est au cœur de tout. Il reconnaît que l’on ne peut pas imposer le changement aux gens, il faut que le changement touche les gens, qu’il les concerne. Dans tous nos projets de développement, nous cherchons à atteindre ce but, en épaulant et en soutenant les gens dans l’atteinte de leur objectif de changement. William Booth a également su reconnaître les effets de l’environnement sur la situation d’un individu et en quoi cela peut limiter son désir de changement. Ceci est vrai dans le monde entier, après tout, il n’y a qu’une poignée de gens qui vivent dans une extrême pauvreté en raison de leurs actions. La pauvreté est plutôt liée au lieu de naissance et à des facteurs environnementaux, politiques, sociaux et économiques. Certains de ces facteurs sont inéluctables tandis que d’autres sont entièrement l’œuvre de l’homme. Il est facile d’accuser les pauvres de vouloir rester pauvres, mais plus souvent qu’autrement la responsabilité de la situation ne dépend pas d’eux. Habituellement, eux ou leurs ancêtres ont été exploités ou dominés par des êtres qui n’étaient qu’en quête de leur propre richesse. Cette croyance en la valeur intrinsèque d’une personne, peu importe sa situation (qu’elle ait commis des fautes ou non), est renforcée par l’approche de William Booth de servir les autres avec dignité : Les résultats indirects de nos gestes ne doivent en rien blesser la personne que nous cherchons à aider. La simple charité, par exemple, bien qu’elle soulage les morsures de la faim, démoralise la personne qui la reçoit. Nous devons donc nous assurer d’utiliser les bons outils pour faire le bien sans faire simultanément le mal. Il ne sert à rien de rendre un service à un homme, si notre don le blesse davantage.3 3 Extrait de In Darkest England and the Way Out, par le général William Booth [Traduction libre] Page 2 de 3 J’ai mentionné dans cet article toute l’importance de s’assurer que l’aide que nous donnons est faite de manière à aider son prochain sans le blesser4. William Booth souligne, dans l’extrait précédent, la nécessité de donner de manière respectueuse et réfléchie. Nous y croyons aussi. Dans le cadre de notre mission, nous devons veiller au maintien de la dignité des individus et nous attaquer aux vrais problèmes et non aux symptômes. Aujourd’hui, 150 ans plus tard, la dignité demeure un principe fondamental de notre vision, et elle est toujours au cœur de tous les changements que nous apportons. Il reste beaucoup à dire sur l’héritage de William Booth et des premiers combattants de l’Armée, mais l’important est que leur héritage demeure toujours bien vivant. L’Armée du Salut, cet organisation vaste, diversifiée et établie dans 126 pays, répond aux injustices et tisse des liens avec les laissées pour compte de la planète encore aujourd’hui. Finalement, et selon les mots de William Booth, puisse chacun continuer à « faire quelque chose » pour combattre les injustices qui existent dans le monde avec son argent, son temps et sa voix. Carl Jobson est responsable de l’information et des ressources pour le service du développement international de l’Armée du Salut au Royaume-Uni. Dévoué à sa famille, artisan de la justice et amateur de cinéma et de musique, Carl Jobson vit à Londres. 4 Voir DEVELOP, numéro automne/hiver 2013 http://issuu.com/saiduk/docs/develop_ss15 Page 3 de 3