le combat aérien rapproché : archaïsme ou nécessité
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le combat aérien rapproché : archaïsme ou nécessité
LE COMBAT AÉRIEN RAPPROCHÉ : ARCHAÏSME OU NÉCESSITÉ ? PAR LE CDT THOMAS VINÇOTTE Résumé : Contrairement aux idées reçues, la technologie n’a pas transformé les pilotes de chasse en gestionnaires de systèmes d’armes. Ils sont souvent amenés à accepter le combat rapproché. Cette situation peut paraître paradoxale car l’armement dont ils disposent leur permet, en théorie, de rester à distance de la menace. Le décalage actuel entre systèmes d’identification et performances des missiles explique en partie ce paradoxe. Cette situation n’est pas satisfaisante, mais est révélatrice de la valeur ajoutée de l’homme dans le vecteur aérien. Le métier de pilote de chasse fait souvent l’objet d’une curiosité spontanée qui vaut à ceux qui l’exercent l’estime de beaucoup de leurs contemporains. Mais cette estime s’accompagne souvent de préjugés qui ont la vie dure. L’un de ceux-ci est que le pilote de combat moderne n’est plus qu’un gestionnaire de systèmes, intellectuellement sollicité mais physiquement préservé, qui pratique une guerre aseptisée, sans sentiment ni émotion, car il n’observe pas les effets de ses armes sur ses adversaires. Cette vision ne correspond pas à la réalité du combat entre avions, car chaque mission peut conduire à un engagement total dans un combat rapproché. Ce malentendu vient d’un discours trop technique, qui confond possibilités technologiques et réalités tactiques. Si l’on considère les performances impressionnantes des missiles de combat modernes, cette situation peut paraître paradoxale. Mais si l’on étudie de plus près les conditions d’emploi de ces missiles, on comprend les raisons de ce paradoxe. Les missiles modernes Jusqu’au début des années quatre-vingt, un pilote ne pouvait combattre un adversaire sans le voir, car les missiles d’interception avaient tous des portées limitées, inférieures à la portée visuelle. Avec l’avènement des missiles air-air modernes, les distances de tir se sont accrues considérablement, au point qu’il est devenu possible de tirer sur une cible bien avant de l’apercevoir. Ces progrès importants n’ont été que très progressivement assimilés par la communauté aéronautique, mais ils ont rapidement conduit à sous-estimer la probabilité d’un engagement rapproché. Les pilotes ont souhaité préserver l’idéal chevaleresque du combat au « corps à corps », incarné par les grands as des deux guerres mondiales, mais ils ont fini par admettre que l’on pouvait tolérer certaines lacunes en combat à vue ; or celui-ci constituait autrefois le cœur du métier de pilote de chasse. La transmission du savoir dans la discipline, particulièrement difficile à enseigner, a été parfois négligée . Parallèlement à cela, certains pays comme l’Allemagne ou le Royaume Uni ont fait le choix de concevoir ou de moderniser des avions de défense aérienne dont les capacités en combat tournoyant sont notoirement insuffisantes, voire mauvaises. Pourtant la probabilité d’un engagement rapproché est demeurée très importante. Les crises des années 90 nous en ont donné la preuve avec ce qui est devenu le véritable paradoxe du combat aérien moderne : tous les missiles de combat les plus récents ont été tirés à courte distance, autrement dit bien en deçà de leurs possibilités réelles. Le paradoxe moderne du combat aérien Six paramètres, qui découlent à la fois des caractéristiques des armements modernes et de la complexité des crises, permettent de mieux cerner les difficultés auxquelles sont confrontés les pilotes de chasse, et donc d’expliquer la situation actuelle : • le caractère restrictif des règles d’engagement ; • la peur d’un tir fratricide ; • la complexité des situations aériennes impliquant un nombre d’avions élevé ; • la volonté d’augmenter la probabilité de réussite des tirs ; • la nécessité de s’assurer du résultat des tirs ; • l’émergence de nouvelles formes de menaces liées au terrorisme. Les règles d’engagement Celles-ci ont pour but de définir l’autonomie dont dispose le pilote de chasse pour déclarer qu’un appareil est hostile et qu’il doit donc être abattu. Le but recherché est de garantir qu’aucun pilote ne commettra d’erreur en détruisant un avion . La portée maximale de la plupart des missiles d’interception avoisine les cinquante kilomètres. A cette distance il est impossible de voir un avion de combat. Exploiter un tel armement suppose donc d’être capable d’identifier avec certitude l’appareil intercepté avec d’autres moyens que la vue du pilote. Les moyens d’identification électronique dont on peut disposer à bord d’un chasseur sont l’interrogation IFF1, la reconnaissance de la signature des moteurs de la cible, la reconnaissance des émissions radar de la cible. A ces moyens s’ajoutent ceux des AWACS2 et des avions de recueil du renseignement électromagnétique. Mais aucun système d’identification n’est infaillible, tous ont des limitations d’emploi. Un mauvais traitement des ambiguïtés peut conduire à une erreur d’appréciation et donc à une méprise lourde de conséquences. Réduire la probabilité d’une erreur nécessite donc d’accumuler les garanties, en utilisant conjointement plusieurs systèmes disponibles. Très schématiquement, on peut dire que les règles d’engagement sont d’autant plus restrictives que le nombre de moyens requis pour identifier l’aéronef intercepté est élevé. Si la situation aérienne impose d’agir dans l’urgence, quand les intérêts vitaux d’un pays sont menacés, on peut admettre que le commandement puisse assumer la destruction malencontreuse d’appareils neutres ou amis. Il peut donc autoriser l’ouverture du feu après une identification sommaire, ne reposant que sur un seul moyen, par exemple l’interrogation IFF. A l’inverse, si la situation s’apparente à une opération de maintien de la paix, très médiatisée, dans un contexte politique sensible, il est inenvisageable de commettre la moindre erreur d’appréciation. Le commandement peut donc ne pas se satisfaire des moyens d’identification de l’intercepteur, juger insuffisantes les informations complémentaires données par un AWACS, et exiger que les pilotes s’approchent de l’appareil intercepté jusqu’à pouvoir l’identifier visuellement. Il faut alors qu’aux critères objectifs que sont la nature de l’appareil intercepté et 1 IFF : ce dispositif, basé sur l’émission d’un code par tous les avions amis, permet de les distinguer des appareils ennemis ou simplement étrangers à la coalition. 2 AWACS : appareils disposant d’une capacité de détection et de contrôle aéroportée sa position dans l’espace, le pilote ajoute des critères plus subjectifs tels que le comportement et les intentions apparentes de l’aéronef suspect. Les règles d’engagement des opérations aériennes au dessus de l’Irak ou de l’ex-Yougoslavie étaient très restrictives à cet égard, elles obligeaient les pilotes de chasse à ne faire usage de leurs armes qu’à très courte distance, après avoir formellement identifié visuellement leurs cibles. La peur d’un tir fratricide Les missiles électromagnétiques à guidage actif permettent des tirs à très grande distance, cependant une de leurs caractéristiques s’avère à la fois précieuse et dangereuse. Pendant la deuxième partie de leur vol vers la cible, ils deviennent autonomes et poursuivent seuls vers le celle-ci. Cela permet à l’avion tireur de commencer à se soustraire à la menace, alors que son missile n’a pas encore atteint son but. Mais cet avantage n’est pas sans danger : si l’on découvre trop tard que la cible est un avion ami, le pilote tireur n’a plus aucun moyen d’éviter le tir fratricide. C’est la crainte d’un tel scénario qui conduit les pilotes à limiter spontanément les distances de tir, si la situation présente le moindre risque de confusion entre amis et ennemis. Cela peut se traduire parfois par un excès de précaution et donc par des occasions manquées de tir à grande distance. Les complexes situations aériennes Une situation aérienne est complexe lorsqu’elle implique un nombre élevé d’avions amis et ennemis : elle est difficile à décrire, même pour des contrôleurs de défense aérienne entraînés, elle est ardue à comprendre, même pour des pilotes expérimentés, elle est enfin presque impossible à réactualiser quand les dispositifs aériens se disloquent et commencent à s’enchevêtrer. En général, la description de la situation aérienne initiale est claire. Les contrôleurs embarqués sur AWACS sont en mesure de détailler rapidement les formations adverses et de rendre compte des changements pendant les toutes premières minutes de l’engagement. Mais cette tâche devient presque impossible par la suite, lorsque la complexité augmente. La plupart des pilotes ont alors conscience qu’ils ne peuvent plus bénéficier d’aucune aide. Dans une telle situation, il arrive fréquemment qu’un pilote aperçoive un ou plusieurs avions, sans avoir été prévenu de l’imminence d’une telle rencontre. Les systèmes électroniques d’identification sollicités tardivement, la radio saturée, le radar, dont l’utilisation est difficile à courte distance, ne sont pas alors d’un grand secours. Le pilote doit s’en remettre à sa vue, pour savoir s’il s’agit là d’amis ou d’ennemis. Globalement, on estime que la probabilité d’un combat rapproché croît avec le nombre d’avions impliqués. On peut donc raisonnablement en déduire qu’elle serait importante dans un conflit de grande intensité. C’est là une des conclusions des exercices de grande ampleur auxquels participe l’armée de l’air française, comme RED FLAG3 , aux Etats-Unis . La volonté d’augmenter probabilité de réussite des tirs la Dans toutes les formes de combat, il s’agit de trouver l’équilibre entre le risque encouru et l’efficacité des coups que l’on souhaite porter à l’adversaire. Si l’on accepte de s’exposer, en se rapprochant de son ennemi, les coups 3 RED FLAG : Exercice né des enseignements de la guerre du Vietnam. Il s’agit de préparer les pilotes de combat à leur première mission de guerre. Cet exercice donne lieu à de très grands rassemblements d’avions de chasse et de bombardement sur la base aérienne de Nellis, au Nevada. portés seront plus précis et atteindront plus sûrement leur but. Cette constatation est transposable au combat aérien : si les missiles d’interception sont tirés près de la cible, leurs chances de l’atteindre sont plus importantes qu’à grande distance. Mais la probabilité que l’avion tireur soit lui-même menacé par le système adverse est d’autant plus grande. Il est donc intéressant de continuer à s’approcher de la cible , aussi longtemps qu’elle ne constitue pas une menace immédiate pour le chasseur. Cette tactique repose sur des contremesures embarquées performantes et très bien programmées. Elle est évidemment bien plus efficace si le chasseur dispose d’un armement supérieur à celui de son adversaire. Ce souci du résultat a conduit des pilotes américains pendant les guerres d’Irak ou de l’ex-Yougoslavie, à tirer leurs missiles AIM 1204 à des distances correspondant au quart de leurs possibilités réelles. Les pilotes français partagent cette préoccupation : ils étaient jusqu’à présent confrontés à l’impérieuse nécessité d’économiser les missiles, peu nombreux sous les ailes de leurs avions. La nécessité résultat des tirs d’observer le Il peut paraître indispensable de vérifier si l’adversaire a bien été abattu. En effet, si les missiles modernes peuvent être tirés au delà de la portée visuelle , ils peuvent aussi arriver au but alors que la cible n’est toujours pas visible. Comment alors s’assurer que le dispositif adverse a effectivement subi une perte ? On comprend bien que la manœuvre suivante du chasseur ne sera pas la même, si la cible a été détruite ou si elle a échappé au missile. Prenons par exemple le cas de chasseurs d’escorte qui protègent un 4 AIM120 : Missile de combat et d’interception américain du type « tire et oublie », et permettant en théorie des interceptions à très grande distance. raid de chasseurs bombardiers. Imaginons l’escorte précédant le raid pour se porter à la rencontre d’une menace. Après avoir tiré sur leurs adversaires, puis rompu l’engagement sans attendre le résultat de leurs tirs, les chasseurs doivent-ils se repositionner aux cotés du raid, en partant du principe que toute menace a définitivement disparu, ou doivent-ils au contraire suggérer une manœuvre de précaution aux avions à protéger ? Il n’est pas permis de laisser le doute subsister : il faut observer la chute de l’appareil ennemi pour prendre des décisions opportunes dans la suite du combat. Cette contrainte peut convaincre certains pilotes d’accepter des engagements en portée visuelle de leurs adversaires. Les nouvelles formes de menace aérienne liées au terrorisme. Le terrorisme détourne parfois de leur vocation pacifique des moyens de transport pour en faire des armes de guerre. Ces moyens n’ont évidemment aucune des caractéristiques redoutables des systèmes d’armes dédiés à la guerre, puisque ce sont d’inoffensifs appareils civils. Aucun indice ne permet donc de se faire une idée précoce de la menace potentielle qu’ils représentent. Aucun système d’identification électronique ne permet d’affirmer qu’il s’agit là de cibles à abattre puisque c’est seulement l’usage surprenant qu’en font les terroristes qui les rend redoutables, pas leurs caractéristiques intrinsèques. La destruction du « World Trade Center » en est la plus tragique illustration. Ce style de menace est difficilement réutilisable par les terroristes car sa capacité de nuisance repose sur la surprise qu’elle provoque. Cependant, les différentes formes qu’elle peut prendre impose une réelle capacité d’adaptation de la part de l’aviation de combat. Par exemple, des avions légers, lents, difficilement détectables, à la signature infra rouge réduite, peuvent poser de gros problèmes d’identification. Remplis d’explosif et utilisés pour des actions kamikazes, ils présentent un danger extrême. Confronté à une menace aussi atypique, le pilote de chasse ne peut tirer vite. Il lui faut rechercher des indices subjectifs de comportement de l’appareil intercepté pour se faire une idée du danger qu’il représente. Où se trouve t-il? Dans quelle direction vole til? Tente t-il de se dérober lorsque l’intercepteur essaie de l’arraisonner ? Répondre à ces questions et renseigner l’autorité de défense aérienne pour obtenir ses instructions, nécessite une fois de plus de se rapprocher très près de l’appareil intercepté . On peut certes objecter que nous ne sommes pas ici dans une situation de combat aérien, mais il n’est pas exclu que le chasseur doive exploiter une grande partie de ses capacités pour contrôler un appareil lent et maniable qui évolue très près du sol. Certains avions ou hélicoptères de transport, s’ils sont pilotés par des équipages expérimentés, ont une capacité de parer aux attaques d’un avion de chasse pendant de longues minutes. On ne peut pas non plus rejeter à priori toute notion de risque pour l’intercepteur. Un tir de missile infrarouge portable, à partir d’un hélicoptère suspect, au moment où le chasseur s’en approche, est pratiquement imparable. Et un tel événement aurait un retentissement important dans l’opinion publique. Quels progrès aérien ? pour le combat Toutes ces raisons permettent de comprendre l’implication importante des pilotes de combat dans les situations aériennes modernes. Mais il nous faut bien admettre pourtant que la situation présente n’est pas satisfaisante, car les armements modernes ne donnent pas leur pleine mesure. Deux axes d’effort pour l’aviation de chasse peuvent être dégagés. Il faut, on l’a bien compris, préserver l’aptitude au combat rapproché de nos avions et de nos équipages. Mais il faut également se doter de moyens d’identification lointaine en rapport avec les performances de nos missiles. Concernant le premier point, il faut un avion maniable et un armement adapté. Il est étonnant de constater que le premier de ces préceptes a été négligé par des pays aussi avisés que l’Allemagne et le Royaume Uni. Le premier a choisi de se satisfaire d’une amélioration de ses anciens chasseurs Phantom pour assurer sa défense aérienne, en attendant la mise en service de l’Eurofighter. Le second a développé une version du Tornado dédiée à la supériorité aérienne, alors que cet avion possède des caractéristiques de vol qui lui interdisent la moitié haute de l’espace aérien. Ces deux appareils sont servis par des équipages compétents et possèdent une avionique de première catégorie. Pourtant ils sont handicapés dès que la probabilité d’un engagement rapproché apparaît. Les Mirage 2000 français ou les chasseurs américains modernes permettent à leurs pilotes d’aborder ce genre de péripéties avec une plus grande sérénité. Quant à l’armement, une des conclusions les plus inattendues de cette étude est de constater que le canon a un bel avenir devant lui. Il permet de continuer le combat sous les limites courtes des missiles, lorsque la distance séparant les avions n’est plus que de quelques centaines de mètres. Il permet d’effectuer des tirs de semonce et des tirs sur des cibles lentes à signature infra rouge faible. Enfin les stocks de missiles étant limités, il n’est pas exclu que le recours au canon soit une précieuse capacité dans le cas d’un engagement massif. Le deuxième effort à fournir concerne les moyens d’identification, dont le développement n’a pas progressé au même rythme que celui des missiles. Sans doute est-ce parce que les matériels actuels ont été imaginés à une époque où le choc avec les forces de l’Est pouvait se satisfaire de règles d’engagement simplistes, et donc souffrir quelques approximations. La complexité croissante des crises nous impose maintenant un investissement d’urgence, pour équiper nos avions de moyens d’identification lointaine qui permettent d’utiliser les missiles d’interception à leur pleine capacité . Ces dispositifs optiques ou d’identification électronique permettraient de limiter les occasions de combat rapproché, sans toutefois les supprimer complètement. Conclusion Quelles que soient les évolutions technologiques, le degré d’implication d’un pilote aux commandes de son appareil demeure considérable et irremplaçable, car sa présence à bord permet une réactivité inégalée , pour faire face aux aléas du combat aérien moderne. Commandant Vinçotte Thomas né le 29 mai 1965 à Paris, Rejoint l’Armée de l’air le 2 septembre 1985 en qualité d’élève officier du personnel navigant (EOPN) Breveté PILOTE de CHASSE le 12 juin 1987 , à TOURS Pilote opérationnel sur JAGUAR à la 7ème escadre de chasse de SAINT-DIZIER ECOLE MILITAIRE DE L’AIR , promotion 1989 « lieutenant GUILLAUMET » Pilote opérationnel sur MIRAGE F1CR à la 33ème escadre de reconnaissance de STRASBOURG, de septembre 1990 à juin 1991 Pilote opérationnel puis sous-chef de patrouille et enfin chef de patrouille sur MIRAGE 2000 RDI à la 5ème escadre de chasse d’ ORANGE , de juin 1991 à août 1997 Commandant de l’escadrille SPA 26 « cigognes » de septembre 1997 à août 1998 sur MIRAGE 2000 RDI Chef de la 1ère brigade de l’ECOLE MILITAIRE DE L’AIR de septembre 1998 à juillet 2000 Adjoint au chef des opérations de l’escadron de chasse 2/5 « Ile de France » d’ORANGE , de septembre 2000 à juillet 2002 Stagiaire de la dixième promotion du CID en 2002 2700 heures de vol pour l’essentiel effectuées sur avions d’armes 83 MISSIONS DE GUERRE n°2 en IRAK et BOSNIE Parle et écrit l’anglais et l’allemand Marié et père de quatre enfants