dossier pédagogique
Transcription
dossier pédagogique
DOSSIER PÉDAGOGIQUE ROMÉO ET JULIETTE théâtre | spectacle en français et japonais surtitré en français d’après William Shakespeare | adaptation et mise en scène Omar Porras | traduction japonaise Kawai Shoichiro | composition musicale Alessandro Ratoci | avec Adrien Gygax, Tsuyoshi Kijima, Pierre-Yves Le Louarn, Micari, Yoneji Ouchi, Morimasa Takeishi, Momoyo Tateno, Takahiko Watanabe, Miyuki Yamamoto, Ryo Yoshimi | assistante à la mise en scène Fabiana Medina | scénographie Omar Porras conseillé par Amélie Kiritzé-Topor, Eri Fukasawa, Yosuke Sato | durée 1h45 MARDI 8 › SAMEDI 19 OCTOBRE 2013 MARDI, VENDREDI À 20H30, MERCREDI, JEUDI ET SAMEDI À 19H30, LE DIMANCHE À 16H M° LIGNE 13 MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION THEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF 3, PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00 SERVICE RELATION PUBLIQUE [email protected] Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Émilie Mertuk 01 55 48 91 03 SOMMAIRE Roméo et Juliette de William Shakespeare La pièce L’auteur Omar Porras et le Japon Omar Porras Une démarche singulière Le Teatro Malandro et le Japon, la rencontre de deux troupes Roméo et Juliette, une création au pays du Soleil Levant Les comédiens Le théâtre traditionnel japonais Les ressources Les Éclairages ROMÉO ET JULIETTE l’équipe artistique texte William Shakespeare adaptation et mise en scène Omar Porras assistante à la mise en scène Fabiana Medina traduction française François-Victor Hugo traduction japonaise Kawai Shoichiro scénographie Omar Porras conseillé par Amélie Kiritzé-Topor, Eri Fukasawa et Yosuke Sato composition musicale Alessandro Ratoci costumes Komai Yumiko, Okamoto Takako, Iwasaki Akiko, Okamura Eiko, Ooka Mai perruques / maquillage Véronique Nguyen assistée de Jennifer Yuki Hata création son Emmanuel Nappey création lumière Takeaki Iwashini avec : Adrien Gygax, Louis Fortier, Tsuyoshi Kijima, Pierre-Yves Le Louarn, Micari, Yoneji Ouchi, Morimasa Takeishi, Momoyo Tateno , Takahiko Watanabe, Miyuki Yamamoto, Ryo Yoshimi à partir de 12 ans durée 1h45 Production Teatro Malandro, Genève, Suisse Coproduction SPAC (Shizuoka Performing Arts Center), Centre National de Création et de diffusion Culturelles de Chateauvallon – Maison de la culture de Bourges Avec le soutien de ville de Genève, Département de la Culture – République et Cantono de Genève – Pro Helvetia, Fondation Suisse pour la Culture – Loterie Romande, Fondation Leenaards ROMÉO ET JULIETTE DE WILLIAM SHAKESPEARE Les personnages de Roméo et Juliette apparaissent pour la première fois dans une nouvelle italienne de Luigi da Porta (1485-1529) qui reprenait un sujet déjà développé dans un récit du Novellino de Masuccio de Salerne et traité ensuite par Matteo Bandello dans l’une de ses nouvelles. Mais c’est la pièce de Shakespeare qui fit de Roméo et Juliette deux personnages universels. LA PIÈCE Roméo Montaigu et Juliette Capulet s’aiment d’un amour pur. Malheureusement, leurs deux familles véronaises se vouent une haine aussi parfaite et immortelle que la passion qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Dès le lendemain de leur rencontre à un bal masqué, ils demandent à Frère Laurent de les marier secrètement, et l’ecclésiastique accepte. Mais le cousin de Juliette, Tybalt, provoque Roméo en duel. Celui-ci refuse et se fait remplacer par son ami Mercutio, qui payera la confrontation de sa vie. Roméo jure de le venger et après avoir tué Tybalt, se voit banni de la ville. Le père de Juliette se résout alors à marier sa fille au comte Paris. Juliette cherche refuge auprès de Frère Laurent, qui lui remet une potion lui permettant de feindre la mort pendant quarante heures. Après avoir fait promettre à l’homme d’église de prévenir Roméo du subterfuge, Juliette avale le breuvage. Hélas, Roméo ne reçoit pas la nouvelle à temps et, fou de douleur, se rend au tombeau de sa bien-aimée pour s’y donner la mort. Il y trouve Paris qu’il tue au terme d’un duel, avant d’avaler lui-même un poison qui le tue dans l’instant. Juliette se réveille alors et, constatant la mort de son jeune époux, saisit la dague de celui-ci et le rejoint dans l’autre monde. L’AUTEUR On considère habituellement William Shakespeare comme le plus grand dramaturge que le monde ait connu. Aucune pièce d’aucun autre auteur n’a été autant jouée que les siennes, ni traduites en autant de langues. L’une des raisons principales de la popularité de Shakespeare est la variété de ses personnages, qu’il réussit toujours avec succès. Ivrognes et meurtriers, princes et rois, imbéciles ineptes et bouffons de cour, généraux sages et nobles : chaque personnage fait jaillir de façon éclatante la vie sur le plateau, et, bien qu’ils s’expriment en beaux vers ou dans une prose poétique, ils rappellent aux spectateurs leurs propres personnalités, traits et défauts. Shakespeare a aussi fait ses personnages très réalistes. Le dramaturge avait une connaissance étonnante d’une large variété de sujets et ses personnages, bien développés, reflètent cette connaissance : science militaire, grâces de la Cour, conduite d’un navire, histoire, religion, musique... À l’époque de Shakespeare, peu de biographies ont été écrites à son sujet. Aucun des hommes littéraires de l’époque élisabéthaine ne l’a considéré comme assez important pour lui consacrer un ouvrage. Le premier rassemblement de ses travaux, effectué en hommage à Shakespeare par des membres de sa compagnie, n’a pas été publié avant 1623, soit sept ans après sa mort. Sa première biographie a été écrite cent ans plus tard. En conséquence, de nombreux faits de la vie de Shakespeare sont inconnus. On sait qu’il est né à Stratford-on-Avon en Angleterre, au début de l’année 1564, car son baptême est enregistré le 26 avril de cette même année. Sa mère, Marie, avait huit enfants, William étant le troisième. Son père, John Shakespeare, était un gantier assez prospère, commerçant qui a possédé plusieurs maisons dans Stratford et a été élu maire de la ville quand Shakespeare était enfant. Le jeune Shakespeare a probablement étudié à l’école secondaire locale. À 18 ans, il a épousé Anne Hathaway, qui avait 26 ans, le 28 novembre 1582. En 1583, Anne a donné naissance à leur fille aînée, Susanna puis à des jumeaux, Hamnet et Judith, nés en 1585. En 1592, la famille vivait à Londres, où Shakespeare était accaparé par ses occupations d’acteur et d’écrivain. De 1592 à 1594, la peste a contraint la plupart des théâtres de Londres à fermer, ainsi le dramaturge s’est-il tourné vers la poésie. Celles-ci ont été publiées, contrairement à ses pièces, et sont devenues rapidement populaires. Elles ont contribué à sa réputation d’auteur. De 1594 à la fin de sa carrière, Shakespeare a appartenu à la même société théâtrale, connue d’abord sous le nom d’Hommes de Lord Chamberlain et ensuite de Compagnie du Roi. On sait qu’il était à la fois le « manager » et l’un des actionnaires de cette organisation, devenue la compagnie de théâtre la plus prospère de Londres, et qu’il a rencontré autant le succès financier que les acclamations critiques. En 1596, il a acquis une propriété considérable à Londres et acheté une des plus belles maisons de Stratford, en 1597. Une année plus tard, en 1598, il a acheté dix pour cent des parts du Théâtre du Globe où ses pièces ont été produites. En 1608, lui et ses collègues ont aussi acheté le Théâtre Blackfriars où il a commencé à réaliser des productions pendant l’hiver, retournant au Globe pendant les mois d’été. Partout, jusqu’à la fin de sa vie, Shakespeare a continué à acheter des terres, des maisons et des affaires. Il demeurait sans cesse partagé entre le traitement de ses affaires, le jeu d’acteur et l’écriture ou la collaboration sur les trente-sept titres qui lui sont attribués. Les années les plus productives de Shakespeare se situent entre 1594 et 1608, période dans laquelle il a écrit toutes ses grandes tragédies, comme Macbeth, Hamlet, Othello, Le Roi Lear et Roméo et Juliette. Pendant ces quatorze années, il a fourni à sa compagnie environ deux pièces par an. Après 1608, il entre dans une phase de repos, ressemblant à une retraite, passant plus de temps à Stratford et ne créant que cinq pièces en quinze ans. Il meurt le 23 avril 1616. Il est enterré devant l’autel dans l’Église de Stratford, où son corps se trouve toujours aujourd’hui. Chaque année beaucoup de visiteurs et d’étudiants en littérature font le pèlerinage vers ce lieu saint pour honorer William Shakespeare. LES ŒUVRES DE SHAKESPEARE LES TRAGÉDIES - Roméo et Juliette - Macbeth - Le Roi Lear - Hamlet, prince de Danemark - Othello ou le Maure de Venise - Titus Andronicus - Jules César - Antoine et Cléopâtre - Coriolan - Troïlus et Cressida - Timon d’Athènes LES COMÉDIES - Tout est bien qui finit bien - Comme il vous plaira - Le Songe d’une nuit d’été - Beaucoup de bruit pour rien - Mesure pour mesure - La Mégère apprivoisée - La Nuit des rois - Le Marchand de Venise - Les Joyeuses Commères de Windsor - Peines d’amour perdues - Les Deux Gentilshommes de Vérone - La Comédie des erreurs LES PIÈCES HISTORIQUES - Richard III - Richard II - Henri VI 1ère partie, 2ème partie et 3ème partie - Henri V - Henri IV 1ère partie et 2ème partie - Henri VIII - Le Roi Jean - Édouard III - Sir Thomas More LES ROMANCES TARDIVES - Péricles, prince de Tyr - Cymbeline - Le Conte d’hiver - La Tempête - Les Deux Nobles Cousins LES POÈMES - Les Sonnets - Vénus et Adonis - Le Viol de Lucrèce - Pilgrim le passionné - Le Phénix et la Colombe - La Complainte d’un amoureux - Moi et toi jusqu’aux mortels - Longs poèmes OMAR PORRAS ET LE JAPON OMAR PORRAS Né en Colombie, il se forme à la danse et au théâtre en Europe. En 1990, Il fonde à Genève, le Teatro Malandro, centre de création, de formation et de recherche. Sa technique théâtrale, axée sur le corps du comédien, la segmentation de ses mouvements dans l’espace et l’utilisation des masques allie le geste chorégraphique à la musique et, ce faisant, s’inspire à la fois des traditions occidentales et orientales. Dans ses spectacles, Omar Porras explore des textes classiques avec Ubu Roi (Théâtre du Garage, 1991), Faust de Marlowe (Théâtre du Garage, en 1993), Othello de Shakespeare (Comédie de Genève, en 1995), Les Bakkantes d’après Euripide (Forum de Meyrin, en 2000), Ay ! QuiXote d’après Cervantès (Théâtre de Vidy-Lausanne, en 2001), Pedro et le commandeur de Lope de Vega (Comédie-Française, en 2006) et Les Fourberies de Scapin (Théâtre de Carouge, en 2009), mais aussi les textes modernes et contemporains avec La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt (Théâtre du Garage, en 1993 pour une première version et au Forum de Meyrin, en 2004 pour une seconde version), Striptease de Slawomir Mrozek et Noces de sang de Garcia Lorca (respectivement dans les Ateliers de Sécheron et à la Comédie de Genève, en 1997) ou encore Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht (Théâtre Forum de Meyrin, en 2007). En tant qu’acteur, il a joué dans plusieurs de ses créations comme sous la direction d’autres metteurs en scène. En 2006, Omar Porras aborde l’univers de l’opéra avec L’Elisir d’amore de Donizetti à l’Opéra National de Lorraine ; Il Barbiere di Siviglia de Paisiello au Théâtre Royal de la Monnaie puis à Lausanne en 2007. Cette même année, il met en scène Die Zauberflöte au Grand Théâtre de Genève et en 2009 La Périchole à l’Opéra de Lausanne. En parallèle, Omar Porras organise et dirige de nombreux ateliers pour comédiens et danseurs, notamment dans les Ateliers de Paris avec Carolyn Carlson, au Théâtre du Grand T à Nantes et au SPAC à Shizuoka au Japon. Sa Visite de la vieille dame de Friedrich Dürenmatt a été récompensée par le Prix romand des spectacles indépendants en 1994 et Pedro et le commandeur a été doublement nominé aux Molières 2007 - pour la mise en scène et l’adaptation. Enfin, la Colombie lui a décerné l’Ordre National du Mérite en 2007 ainsi que la Médaille du Mérite Culturel en 2008. Il vient par ailleurs de célébrer les vingt ans de sa Compagnie, le Teatro Malandro, avec Bolivar : fragments d’un rêve (Châteauvallon, 2010), et a également signé au Japon, en janvier 2011, une reprise de El Don Juan de Tirso de Molina avec la troupe du SPAC (Shizuoka Performing Art Center). Pour la saison 2011-2012, il créé L’Éveil du printemps de Franck Wedekind (présentée au Théâtre 71) et présente au Centre Culturel Suisse de Paris Les Cabots, une pièce chorégraphique menée avec Guilherme Bothelo. LES CRÉATIONS D’OMAR PORRAS 1991 Ubu Roi d’Alfred Jarry 1992 La Tragique Histoire du Docteur Faust de Christopher Marlowe 1993 Ubu Roi d’Alfred Jarry (reprise et tournée) 1994 La Visite de la vieille Dame de Friedrich Dürrenmatt - Prix Romand des Spectacles Indépendants 1995 Othello de Willliam Shakespeare 1997 Strip-tease de Slawomir Mrozek 1997-1998 Noces de sang de Federico Garcia-Lorca 2000-2001 Bakkhantes d’après Euripide 2001-2002 Ay ! QuiXote d’après Miguel Cervantès Saavedra 2003-2004 L’Histoire du Soldat de C.F. Ramuz 2004 La Visite de la vieille Dame de Friedrich Dürrenmatt (reprise) 2004 Don Perlimplin de Federico Garcia Lorca 2005 El Don Juan d’après Tirso de Molina 2006 L’Elixir d’amour de Gaetano Donizetti 2006 Le Barbier de Séville de Giovanni Paisiello 2006 Pedro et le commandeur de Felix Lope de Vega 2007-2008 Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht 2007 La Flûte Enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart 2008 La Périchole de Jacques Offenbach 2009-2011 Les Fourberies de Scapin d’après Molière 2010-2011 Bolivar : fragments d’un rêve d’après William Ospina 2011 La Grande Duchesse de Gérolstein de Jacques Offenbach 2011-2012 L’Éveil du printemps d’après Frank Wedekind 2012-2013 Les Cabots de Guilherme Botelho et Omar Porras 2012 Roméo et Juliette de William Shakespeare 2013 La Dame de la Mer d’après Henrik Ibsen UNE DÉMARCHE SINGULIÈRE Les spectacles d’Omar Porras regorgent d’une énergie qui galvanise et euphorise. Cette énergie est produite par les acteurs eux-mêmes, métamorphosés en créatures inventives, humaines et plus qu’humaines, qui rapportent des événements simples, drôles ou tragiques, rendus extraordinaires et ultra théâtralisés par le truchement du masque et du geste. La démarche d’Omar Porras est basée sur le mouvement du corps et sa projection dans l’espace. Il s’inspire à la fois de la tradition occidentale (la biomécanique) et orientale (les théâtres balinais, indien et japonais). Comme l’athlète, l’acteur doit entraîner son corps et en étudier la plastique grâce à une large palette d’exercices. Des exercices qui visent à une meilleure connaissance des mécanismes et des capacités de récupération de l’organisme humain. S’il est fondé sur le mouvement, le théâtre d’Omar Porras n’en néglige pas pour autant la parole. Le texte a même, en tant que matière première, une place privilégiée dans sa recherche. L’œuvre sélectionnée, libérée de tout carcan littéraire, est d’abord soumise à l’improvisation des comédiens pour mieux explorer ses potentialités théâtrales. Tout au long de cette longue phase préparatoire, la mise en scène et l’adaptation subissent des modifications plus ou moins radicales, en fonction du travail effectué sur le plateau ; et ce, jusqu‘aux dernières répétitions, parfois jusqu’à la générale et même au-delà. Le texte ainsi obtenu entre en totale symbiose avec la création théâtrale dont il résulte et il ne peut plus en être dissocié, désacralisant la lettre pour mieux jurer fidélité à l’acte théâtrale. Les acteurs jouent un rôle capital aux yeux d’Omar Porras : utilisés librement et selon les besoins du projet artistique (parfois masqués, parfois travestis) ils participent intimement à la création dramatique des personnages. Le metteur en scène possède donc une démarche bien particulière car il place au centre de sa recherche créative les artisans du spectacle et leur inventivité. L’adaptation du texte, la mise en scène, la scénographie, la conception des costumes et des lumières, la musique, l’interprétation, sont conçus directement, organiquement sur les planches. Une telle démarche n’est possible que si tous les artisans du spectacles mettent réellement leurs compétences en commun : qu’ils soient comédiens, techniciens ou musiciens, ils assistent en principe à toutes les répétitions, dans la mesure ou chacun peut apporter une contribution parfois décisive au spectacle qui est en train de se construire. Comme Omar Porras aime le rappeler, le travail de compagnie se fait en compagnie. LE TEATRO MALANDRO ET LE JAPON, LA RENCONTRE DE DEUX TROUPES C’est en 1999 que le Teatro Malandro est invité pour la première fois au Japon afin de représenter la Suisse aux Olympiades de Shizuoka. La mise en scène de Noces de Sang de Federico Garcia Lorca créée à la Comédie de Genève séduit le maître Tadashi Suzuki. S’en suivra avec le même spectacle une tournée à Numazu, Hamakita, Oyama. Dès lors naît une curiosité artistique entre les deux troupes, celle du SPAC fondée par Tadashi Suzuki à Toga et celle du Teatro Malandro fondée en 1990 par Omar Porras à Genève. Dès 1999 les rencontres se multiplient, le Malandro est régulièrement invité au SPAC, au Festival de Shizuoka qui sera dirigé quelques années plus tard par Satoshi Miyagi. Les deux troupes se rencontrent artistiquement, chacune attirée par la méthode de l’autre, dans ses points communs comme dans ses diversités. En 2009, Omar Porras est invité par le SPAC à re-créer le El Don Juan du Teatro Malandro avec des comédiens du SPAC, en japonais. Ce spectacle, créé en 2005 au Théâtre de la Ville à Paris, avait connu un grand succès en Europe, en Amérique et en Asie, avant de connaître sa version japonaise. Un point important et récent de la relation entre les deux troupes est la nouvelle adaptation de Bolivar fragments d’un rêve qui devient Solo Bolivar à Shizuoka. Suite aux tragiques événements liés au séisme du 11 mars 2011, de nombreux invités étrangers annulent leur participation au festival de Shizuoka 2011. Omar Porras décide lui – même si plusieurs comédiens renoncent à ce voyage – de partir avec trois autres membres du Malandro afin de présenter un nouveau spectacle sur la base de celui qui était programmé. Solo Bolivar, joué par quatres comédiens japonais et Omar Porras, rencontrera un merveilleux accueil du public japonais. En espagnol et japonais, chacun racontant son histoire et la même histoire, celle d’il y a 200 ans en Amérique latine, celle d’aujourd’hui, d’ici, ou encore celle de Fukushima (voir reportage de Georges Baumgartner, TSR juillet 2011). ROMÉO ET JULIETTE, UNE CRÉATION AU PAYS DU SOLEIL LEVANT Dans Roméo et Juliette, Shakespeare nous met face l’histoire d’une haine sans trêve entre deux familles ou deux clans, les Capulet et les Montaigu, qui se transmet d’une génération à l’autre sans que personne n’en connaisse plus les fondements, selon un processus qui n’est pas sans rappeler celui de guerres civiles qui nous sont contemporaines. Une haine qui aura pour seul pendant l’amour passionné de deux jeunes gens de clans adverses, Roméo et Juliette, encouragés par Frère Laurent, figure hypostasiée du Franciscain, travaillant à la paix et au salut de tous. Du point de vue scénographique, pour rendre compte de ce drame familial à grande échelle, Omar Porras cherche à faire se rapprocher deux civilisations - la vieille Europe et L’Empire du soleil levant -, soit deux visions du monde – celle de la scène élisabéthaine ou du tréteau de la Commedia dell’arte et celle de l’estampe ou du paravent (biobu). Le plateau devient un ring où s’exacerbent les tensions, les désirs, les violences ; un lieu de danger où se jointoient une passerelle, des hauteurs et des éléments naturels. Ce faisant les personnages de la tragédie évoluent dans un Ukijo-e autrement dit dans « l’image du monde flottant » – un aperçu de ce monde où les hommes ne font que passer et où se concentrent les passions humaines. Plus globalement, la pièce est transposée dans un Japon ancestral, à une époque qui aurait pu voir coexister deux clans habités par une haine féroce, comme celui des Capulet et celui des Montaigu – qui connaît un degré supérieur de complexité avec la présence en filigrane du colon qui cherche à asseoir sa domination, insidieusement, sur les deux premiers. C’est dans ce contexte, somme toute doublement belliqueux et irrationnel, que germe le miracle de l’amour entre Roméo et Juliette. Mais au-delà de ce rapprochement historique, pourquoi, fondamentalement, le Teatro Malandro a-t-il choisi de réaliser cette mise en scène de Roméo et Juliette précisément au Japon ? Sans doute la réponse à cette question est-elle avant tout dans la passion d’Omar Porras pour le théâtre oriental, pour ses techniques, ses codifications et sa dimension rituelle. Travailler avec les comédiens du SPAC implique une confrontation d’approches du théâtre différentes non sans points de rapprochement possibles. Omar Porras a en effet versé dans le corps des comédiens japonais et européens qu’il a rassemblé pour cette nouvelle création, les éléments de sa culture, qui est hybride, nourrie du Wayang Topeng, marquée par le travail de Grotowski, de Mnouchkine, de Barba, inspirée de sa relation à la danse... Toutes ces formes font un bagage avec lequel il travaille, car il a le désir de retourner aux sources du théâtre, là où se trouvent le mythe, mais aussi les formes les plus ancestrales de la représentation, sans occulter les ajustements possibles et nécessaires des références traditionnelles à un contexte contemporain. Aussi Roméo et Juliette est-elle placée au croisement des cultures, mais aussi des époques, par cette nouvelle occasion de créer un creuset d’expériences qui permettent les confrontations de cultures et de traditions théâtrales différentes, des réappropriations et des métamorphoses du patrimoine de chacun (notamment mythologiques, scénographiques et musicales) jusqu’à ne créer qu’une seule famille, dans une démarche de rapprochement des êtres et des cultures théâtrales. LES COMÉDIENS ADRIEN GYGAX UN VALET DES CAPULET / FRÈRE JEAN / UNE INVITÉE Adrien Gygax passe quatre ans à Paris où il se forme aux arts de la scène à l’Académie Internationale de Comédie Musicale, ainsi qu’à l’école de théâtre Philippe Gaulier. De retour en Suisse, il participe à la création de Et si on allait à l’opéra ? pour lequel il écrit les paroles des chansons. Il est également un des membres fondateurs de la compagnie The Last Baguette qui crée son premier spectacle, Shake !!! William Speare, en octobre 2010. Il s’essaye également au cinéma (En souvenir du monde, de Frédéric Pajak) et il enseigne le chant au sein de l’école Évaprod à La Chaux-de-Fonds.. LOUIS FORTIER PÂRIS / UN VALET Après des débuts au Théâtre de l’Université de Montréal, Louis Fortier se rend à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, pour y rencontrer les artisans de la résistance artistique. Cette expérience bouleversante, vécue dans l’immédiate après-guerre, est déterminante pour la suite de son parcours. Il se lie d’amitié avec Dino Mustafic, metteur en scène engagé, et est élève de Mustapha Nadarovic, à l’Académie de Théâtre de Sarajevo. Il s’établit ensuite à Paris, où il étudie sous la direction de Jacques Lecoq, puis devient, de 1999 à 2003, assistant de Mario Gonzalez au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. De 2007 à 2008, il est acteur au Teatro Malandro, dans Maître Puntila et son valet Matti de Bertold Brecht, en tournée internationale. Par ailleurs, Louis Fortier signe plusieurs mises en scène, notamment Le Train pour Séoul dont il assure également le rôle principal, Notre Hamlet d’après Shakespeare, joué au Canada en 2006 et 2008, ainsi que l’opéra Le Château d’après Kafka, en tournée en France et en Europe de l’Est, en 2010. Depuis 2001, il dirige plusieurs stages de « Chœur tragique, clown et jeu masqué », en lien avec Shakespeare et la tragédie contemporaine, en Angleterre, en Bosnie, au Canada, en France, en Italie et en Corée du Sud. TSUYOSHI KIJIMA CAPULET / FOOJY Il commence le théâtre après cinq années d’études en sciences économiques et politiques en travaillant avec l’Acting Compagny Mito (ACM) de 1992 à 1996 puis commence sa collaboration avec le SPAC dès sa fondation en 1997 sous la direction de Tabashi Suzuki, il a notamment joué dans le Roi Lear, Œdipe Roi, Ivanov, Cyrano de Bergerac, La Traviata, avec Satoshi Miyagi, dans Electre, Roméo et Juliette, Maestro et Peer Gynt avec Kazuki Harada, The tale of Genji et Don Quichotte avec Tomohiko Imai, Ouar Town. Ce Roméo et Juliette marque sa troisième collaboration avec Omar Porras, après El Dom Juan et Solo Bolivar. MICARI JULIETTE Micari s’est formée aux techniques traditionnelles du nô et du kabuki, mais a aussi été initiée au Kathakali (forme de théâtre dansé originaire de l’État du Kerala dans le Sud de l’Inde) et à la danse contemporaine. Jusqu’en 2007 où elle intègre l’équipe du SPAC, elle a fait partie de la Ku na’uka Theatre Compagny de Satoshi Miyagi. Là, sous la direction de ce dernier, elle joue dans Médée, Mahbharata, Othello, et Tristan et Iseult. Elle rencontre pour la première fois Omar Porras à l’occasion de ce travail pour Roméo et Juliette. YONEJI OUCHI LADY CAPULET / UN APOTHICAIRE / UN VALET En 1999 Yoneji Ouchi rejoint la Ku Na’uka Theatre Compagny. En 2007, Il intègre le SPAC où il joue, sous la direction de Stoshi Miyagi, Demon Lake (Yasha ga ike), Peer gynt, Grimm’s fairy Tales – The Girls Without Hands sous la direction de tabashi Suzuki, Geeting from the Edge of the Earth sous celle de Kazuki Harada, Don Quichotte sous celle de Masahiro Yasuda, Run, Moeros ! En France il a également joué sous la direction de Frédéric Fisbach. MORIMASA TAKEISHI LA NOURRICE / LE VALET Sous la direction de satoshi Miyagi, il joue Créon dans Œdipe, Hamlet et Peer Gynt dans les deux pièces éponymes. Ce Roméo et Juliette est sa première expérience de travail avec Omar Porras. MOMOYO TATENO BENVOLIO / UN VALET Après une carrière dans l’Acting Company Mito (ACM) qui débute en 1992, Momoyo Tateno est entrée au SPAC en 1999. Elle a ainsi joué sous la direction de nombreux metteurs en scène dont Hirohisa Hasegawa (dans Sanshoudayu, Akou Roshi, John Silver) mais aussi de Tadashi Suzuki (pour Dionysus, Ivanov, Électre, Le Roi Lear, Cyrano de Bergerac…) et de Satoshi Miyagi (notamment pour Demmon Lake, Mahabharata et Peer Gynt). Avec Omar Porras, elle a travaillé à la reprise d’El Don Juan. MIYURI YAMAMOTO ROMÉO Après des études à l’Université de Tohogakuen dans les arts du spectacle, elle rejoint l’équipe du SPAC à 21 ans avec la reprise de Mahabharata en 2012, juste avant de travailler sur cette création de Roméo et Juliette sous la direction d’Omar Porras. RYO YOSHIMI MERCUTIO / BALTAZAR / UN VALET Pendant ses études, Ryo Yoshimi fonde la compagnie théâtrale de l’université de Shizuaka, puis participe à l’aventure de Cinderella en 2003 et devient membre du SPAC. Après avoir travaillé sous la houlette Kazuki Harada pour Don Quichotte, de Tomohiko Imai pour Our Town, de Tadashi Suzuki pour Le Roi Lear, Cyrano de Bergerac et Électre, il participe aux créations de Dammon Lake et de Peer Gynt sous la direction de Satoshi Miyagi. Avec Omar Porras, il avait auparavant joué le personnage de Don Octavio dans El Don Juan. TAKAHIKO WATANABE TYBALT / MONTAGUE / UN VALET Après des débuts dans la Engerisya Toro Compagny, il a beaucoup joué au théâtre, au cinéma et dans des chorégraphies (notamment du butô). En 2009, il reçoit le prix du meilleur acteur au festival de Toga. Pour le SPAC, il a joué sous la direction de Satoshi Miyagi dans Peer Gynt, Le Songe d’une nuit d’été, Grimm’s Fairy Tales – The true Bride. Il a travaillé également avec Syudi Onodera pour Œdipe Roi et pour Omar Porras sur Solo Bolivar, avant de retrouver le metteur en scène pour cette expérience de Roméo et Juliette. PIERRE-YVES LE LOUARN FRÈRE LAURENT / UN VALET / UN INVITÉ Pierre-Yves Le Louarn est comédien et auteur de théâtre. Mêlant des études théâtrales universitaires avec une pratique intense de la scène (théâtre et cirque), il est remarqué en 1999 pour son rôle dans Ultime chant de Troie, un spectacle écrit et mis en scène par Simon Abkarian d’après Euripide et Sénéque. En 2001, il joue dans La Nuit des Rois de Shakespeare mis en scène par Christophe Rauck. En 2003, on le retrouve aux cotés de Romane Bohringer dans La Bonne âme de Setchouan de Brecht mis en scène par Irina Brook au Théâtre National de Chaillot. De 2003 à 2007, il joue sous la direction d’Omar Porras dans El Don Juan et Maître Puntilla et son valet Matti, présenté en tournée internationale et au Théâtre de la Ville à Paris. Il fait aussi du cinéma en jouant dans Les Palmes de Monsieur Schultz de Claude Pinoteau et dans de nombreux court-métrage, dont La Vie matérielle, rôle pour lequel il obtient un prix d’interprétation masculine. LE THÉÂTRE TRADITIONNEL JAPONAIS On appelle traditionnel ou classique le théâtre antérieur à l’ouverture du Japon aux influences occidentales. Depuis le 7e siècle plusieurs formes de spectacle ont existé associant des représentations et des chorégraphies, en rapport étroit avec les deux grandes religions, le shintoïsme et le bouddhisme: - Le kagura « divertissement des dieux », donné par des artistes-officiants en état de transe, peut être considéré comme le plus ancien théâtre spécifiquement japonais. Son origine est essentiellement religieuse. - Le gigaku (7e siècle) est une parade grotesque dont 223 masques demeurent conservés dans les monastères. - Le bugaku (8e siècle) est une danse de cour à la majestueuse lenteur que l’on interprète au son d’étranges instruments. Cela traduit l’importance de l’apport continental dans la constitution de la culture japonaise ancienne. Le nô, le théâtre de poupée (connu sous le nom de bunraku) et le kabuki (théâtre d’acteurs) sont les trois genres théâtraux japonais les plus célèbres aujourd’hui. LE THÉÂTRE NÔ Le théâtre nô est un style traditionnel de théâtre japonais venant d’une conception religieuse et aristocratique de la vie. Le nô allie des chroniques en vers à des passages dansés. Les comédiens arborent des costumes somptueux et des masques spécifiques. Le théâtre nô est composé de drames lyriques du 14e et 15e siècle, au jeu dépouillé et codifié. Ses acteurs sont accompagnés par un petit orchestre et un chœur. Leur gestuelle est stylisée autant que la parole qui semble chantée. Le nô n’est pas un art « spectaculaire », tout y est « retenu ». En comprendre la profondeur et le raffinement nécessite une approche attentive surtout de la part du spectateur occidental. L’essentiel est de se mettre en état d’écoute, voir, sentir et ouvrir son cœur. Le nô est né au Moyen-Age de l’union harmonieuse de la danse, de la musique, de l’écriture, des arts du masque et du costume qui ont, ensemble, atteint leur plus sublime expression. Mais c’est sa structure rigoureuse établie à partir de lois et de codes, respectés et transmis par des lignées d’acteurs, qui lui a permis de parvenir jusqu’à nos jours sous sa forme d’origine : l’acteur ne répète pas, l’acteur ne se répète pas, « faire » un nô doit toujours être unique. Nous sommes, chacun, l’hôte des maîtres qui, à chaque représentation, transmettent un héritage précieux et assument la lourde tâche d’être à la hauteur de leurs ancêtres. Le spectacle advient par l’intermédiaire d’un médium qui, au premier son de la flûte, nous associe à l’appel des âmes. Dans une tension de plus en plus intense, on assistera avec lui à l’apparition des revenants, princesses et guerriers mythiques, dieux, démons et fantômes errants. Ils vont apparaître avec les mêmes masques et dans les mêmes costumes qu’autrefois, chefs-d’œuvre transmis et portés de génération en génération, objets infiniment précieux et irremplaçables, maîtres et gardiens du théâtre qu’ils font vivre depuis des siècles. Assister à un nô c’est être transporté, en un instant, plusieurs siècles en arrière au cœur d’une autre culture. Pour vivre les mêmes émotions que les spectateurs de jadis, il faut savoir abandonner ses habitudes. LE BUNRAKU Le bunraku est un type de théâtre japonais où les personnages sont représentés par des marionnettes de grande taille, manipulées à vue. Cette tradition théâtrale est originaire de la région d’Osaka. Le bunraku est interprété par un seul récitant qui chante tous les rôles et trois manipulateurs pour chaque marionnette. Les marionnettistes sont visibles par le public et utilisent soit la gestuelle furi qui est plutôt réaliste, soit la gestuelle Kata, empreinte de stylisation, selon l’émotion recherchée. Les manipulateurs respectent une hiérarchie réglée en fonction de leur degré de connaissance dans l’art du bunraku. Ainsi le plus expérimenté (au moins vingt ans de métier) manipule la tête et le bras droit, le second le bras gauche et le dernier (le novice) les pieds. Pour pouvoir être manipulée, la marionnette possède ce qu’on appelle des contrôles ou baguettes sur ces différentes parties. « La marionnette, c’est le masque intégral et animé, non plus le visage seulement, mais les membres et tout le corps. Les japonais n’ont pas essayé de la faire marcher, c’est impossible, elle n’a pas de rapport avec la terre, elle est fixée comme sur une tige invisible, et elle tire la langue de tous côtés.» Paul Claudel LE KABUKI Le kabuki est la forme épique du théâtre japonais traditionnel. Centré sur un jeu d’acteur à la fois spectaculaire et codifié, il se distingue par le maquillage élaboré des acteurs et l’abondance de dispositifs scéniques destinés à souligner les paroxysmes et les retournements de la pièce. Les trois idéogrammes du mot signifient : chant, danse et habileté technique. Il s’agit vraisemblablement d’ateji (caractères utilisés pour leur seule valeur phonétique), et il semble qu’il s’agisse de la forme ancienne du verbe katamuku, à l’époque kabuki, désignant ce qui était peu orthodoxe, en référence à une forme de théâtre considérée à l’époque comme avantgardiste. LA PRESSE EN PARLE OMAR PORRAS, L’AMOUR FANTÔME AU JAPON L’artiste colombien monte pour la première fois un Roméo et Juliette en japonais. Reportage dans son sillage au pays du thé vert. « Depuis vingt ans, Omar Porras fait crépiter le ciel romand avec son théâtre farceur et flamboyant. Le Teatro Malandro, ce fut, à ses débuts, la pluie de billets de banque dans La visite de la veille dame, satire mordante de Dürrenmatt sur la cupidité et premier succès de la troupe genevoise. Il y eut, ensuite les affrontements martelés au sol de Noces de sang, tragédie villageoise signée Lorca. Les combats à l’épée phosphorescente dans Ay ! QuiXote, le juke-box vivant dans Les Fourberies de Scapin ou encore le ballet d’ombres et de tourbe pour dire le tourment adolescent dans le récent et magnifique Éveil du printemps. Le Teatro Malandro c’est, toujours, le travail collectif sans distribution de rôles préalable, des hommes qui jouent des femmes et inversement, un visuel fort, la virtuosité de l’habillage sonore. Chaque fois, une fête des sens, une explosion en toute abnégation. Rien à voir donc avec le Japon, île-nation qui cultive l’art de l’effacement et de la discrétion. Et pourtant, depuis 1999, Omar Porras vit une relation privilégiée avec ce pays qui avance masqué. L’artiste colombien vient même d’y créer un Roméo et Juliette où trois quarts des comédiens sont japonais. Alors, zen, Omar-san ? Inspiré, en tout cas. Porté par cette philosophie qui place le « nous » avant le « je » et œuvre à la réussite collective en toute abnégation. »… Marie-Pierre Genecand, 11 décembre 2012, Le Temps RESSOURCES - Le Théâtre et son double, Antonin Artaud, Editions Gallimard, Paris, 1938 - Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, Michel Corvin, Editions Bordas, Paris, 1995 - L’avant-scène théâtre, William Shakespeare / Omar Porras – Roméo et Juliette, 1er mars 2013 - Site internet de la compagnie Teatro Malandro www.malandro.ch - Site internet Théâtre du soleil www.theatre-du-soleil.fr/thsol/ ÉCLAIRAGES AUTOUR DE ROMÉO ET JULIETTE Notre théâtre et notre saison se construisent autour de spectacles qui questionnent le monde d’aujourd’hui et interrogent l’humain. Ce théâtre que nous voulons engagé et sensible va au-delà des seules représentations ; c’est aussi un lieu vivant, bruissant d’échanges et de réflexions, en résonance avec d’autres formes d’arts et de pensées. Nous vous proposons ainsi de nombreux rendez-vous : les “Éclairages” où ateliers, rencontres, promenades, expositions et films font écho aux spectacles de la saison. Les Éclairages sont autant d’opportunités pour prendre le temps de débattre, d’approfondir ses connaissances, de se divertir ou de poser un regard nouveau sur un auteur, une œuvre, une pratique artistique, une culture. ils sont imaginés au foyer-bar, au cinéma mais aussi hors les murs en collaboration avec de nombreux partenaires. › les Éclairages étant établis longtemps à l’avance, ils sont susceptibles d’évoluer en cours de saison, retrouvez tous les détails des Éclairages sur www.theatre71.com. ÉCLAIRAGE › RENCONTRE ROMÉO ET JULIETTE, UNE ADAPTATION THÉÂTRALE QUI ALLIE MODERNITÉ ET TRADITION › sam 12 oct, 17h au foyer-bar du théâtre entrée libre sur réservation S’attaquer au mythe de Roméo et Juliette est une vraie preuve d’audace, tant cette pièce semble avoir livré tous ses secrets et vécu nombre d’adaptations théâtrales et cinématographiques au cours des siècles. Omar Porras s’est livré à l’exercice dans une version inédite et surprenante dont on ressort plein d’enthousiasme. Jean-Pierre Han, journaliste et rédacteur en chef des Lettres Françaises – directeur de la revue Frictions, l’entretient sur l’aventure de cette entreprise créée à Shizuoka pour une distribution franco-japonaise. Une rencontre, ponctuée d’extraits de différents Roméo et Juliette lus par François Leclère, pour questionner l’art d’adapter l’œuvre dramatique la plus connue au monde. ÉCLAIRAGE › PROMENADE KANAZAWA – AUX SOURCES D’UNE AUTRE CULTURE DE SAMOURAÏS › sam 19 oct, 17h30 à la Maison de la culture du Japon de Paris, La passion d’Omar Porras pour le théâtre oriental, pour ses techniques, ses codifications et sa dimension rituelle l’a conduit à créer Roméo et Juliette au pays du soleil levant. La Maison de la culture du Japon propose une visite guidée de l’exposition Kanazawa… pour prolonger l’immersion dans la culture nippone et découvrir ce haut lieu historique qui borde la mer du Japon au patrimoine culturel exceptionnel, réputé pour son artisanat d’art, du théâtre nô avec masques et costumes, à la calligraphie ou à la cérémonie du thé. › 101 bis quai Branly, Paris 15e, Mº Bir-Hakeim | 8€ sur réservation au Théâtre 71 ÉCLAIRAGE > CINÉMA LE CHATEAU DE L’ARAIGNEE D’AKIRA KUROZAWA › lun 10 fév, 20h au cinéma Marcel Pagnol Considéré comme le chef-d’œuvre du réalisateur Akira Kurosawa, Le Château de l’araignée est une libre transposition de Macbeth dans le style du nô. Le cinéaste japonais le plus célèbre et le plus influent de l’histoire du cinéma filme l’ascension soudaine d’un homme, Washizu qui, à la manière de Macbeth, s’écroulera, victime d’un destin qui a fait de lui une marionnette. Un tragique tout à fait shakespearien qui fait écho à la fascinante fusion des cultures du Roméo et Juliette franco-nippon d’Omar Porras et apporte une autre représentation des passions et de la folie du pouvoir du Macbeth d’Anne-Laure Liégeois. À l’issue de la projection, les deux metteurs en scène échangent avec le public. Avec Toshiro Mifune, Isuzu Yamada et Takashi Shimura | 1957 | durée 1h45 | V.O. › cinéma Marcel Pagnol, 17 rue Béranger 92240 Malakoff › 5,10 € tarif non adhérent et 4,10 € tarif adhérent ACCÈS La salle du théâtre est accessible aux personnes à mobilité réduite. Pour mieux vous accueillir et faciliter votre placement, pensez à réserver 48h au plus tard avant la date choisie et à vous signaler à l’accueil lors de votre venue. métro 10 min de Montparnasse, ligne 13 station Malakoff-Plateau de Vanves (à 3 min à pied du théâtre) bus 126 de la Porte d’Orléans – arrêt Gabriel Péri-André Coin bus 191 de la Porte de Vanves – Gabriel Péri-André Coin vélib à la sortie du métro Malakoff-Plateau de Vanves - face au théâtre rue Jean Jaurès voiture périphérique porte Brancion puis direction Malakoff centre ville parking VINCI rue Gabriel Crié, entre le théâtre et la Poste BAR érip and egr R. L n olli cinéma Marcel Pagnol oin A. C R. anc . Bl L t Vi › Rue or ct › g Hu uv elo THÉÂTRE 71 e Ru se us s o ro La re ule n › Av .J u To rti Ma ier in en voiture Ru .P Av Ru n ssi Fa R. e Ru Place du 11 Novembre y à pied rié velib’ arl .V eE Ru Parking public . eH a el ed › lC Poste rr Fe R R rie velib’ r n ab e Ru Led ola .Z E ue ena ru eG M Ru e a Edg › E. R et uin rd Q Ru Place de la République ha e inar d › eC sd lle u Ga › Ch le ar he P Rue Bd Malakoff Plateau de Vanves ique dolp eu Bl › J. hér Bd A Ru n ze › Bd P Av. de Por la de Vante ves Ouvert avant et après les représentations, on peut y boire un verre et y déguster tartines, petits plats et desserts aux saveurs inspirées et cuisinés maison. Un endroit convivial où retrouver ses amis, les équipes artistiques et l’équipe du théâtre, assister aux brunchs, aux Jazzamalak !, à certains éclairages autour des spectacles et aux goûters ludiques MIAM ! Miam ! des dimanches de représentations jeune public › si vous êtes nombreux, n’hésitez pas à réserver – Émilie Baboz 06 09 59 83 04 rt cou ani R. D is or Ru .M eV