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management Classification des emplois Point de vue « terrain » Pascale Prunier-froment Au 1er août, tous les collaborateurs seront classifiés selon l’avenant 23 de la Convention collective. Echos Coiffure a demandé aux responsables de salons leur avis sur la mise en place de cette nouvelle classification des emplois... qui bouscule la profession. Stéphanie Troisvallet « Ce n’est pas le diplôme qui détermine l’échelon » « Dans mes salons, les entretiens annuels sont mis mis en place depuis des années et les tâches à effectuer sont évoquées, ainsi que les services à développer. Quant aux formations, c’est un passage obligé pour mes salariés, même si j’ai ralenti leur nombre depuis quelque temps, du fait de la crise. Je me documente beaucoup et j’affiche pour mes salariés tout ce qui se passe en coiffure. Mes équipes sont là depuis longtemps, nous discutons de tout, en confiance. Aussi, l’avenant 23 ne m’a pas semblé difficile à mettre en place. Pour mes collaborateurs, cela ne change pas grand chose. Pour de nouveaux embauchés, c’est positif, ce n’est pas le diplôme qui va donner l’échelon. Quand un jeune sort de l’école, il a encore beaucoup à apprendre. C’est un excellent outil d’évolution. Dans la coiffure, c’est un problème, il n’y avait pas beaucoup d’évolution possible pour les salariés. Ce texte met le collaborateur en situation d’aller plus loin et le manager à réaliser un vrai suivi. Chacun doit jouer le jeu. La plupart des salons ne gèrent pas les collaborateurs. Enfin, la profession bouge ; j’ai l’impression que la plupart des coiffeurs ne sont pas au courant du contenu de la convention collective. Je crains que des dirigeants passent outre la mise en place de l’avenant 23. Le métier doit évoluer et cela passe par le management ». Deux salons Delouka coiffure, à Albert et à Doullens (Somme), quatre salariés concernés. Bruno Flaujac « Les entretiens individuels reprennent du sens » « La nouvelle grille répond à notre besoin de personnel qualifié et à notre politique de fidélisation des collaborateurs qui peuvent ainsi se situer lors d’un vrai entretien annuel, et parler plan de carrière. Tout est spécifié par écrit, factuel ! Cela permet au coiffeur de savoir quelles sont 98 ECHOScoiffure ses tâches et, s’il veut évoluer, comment il peut procéder. Un coiffeur qui rêve d’être responsable, sait à l’avance ce que cela incombe. Cela ouvre des portes, permet aux plus motivés de devenir manager sans Brevet Professionnel. On était trop enfermé dans un système, c’est un vrai progrès. Avant de prendre notre bâton de pèlerin pour les entretiens individuels, notre animatrice réseau et notre responsable financière ont été formées. Puis, cela a pris trois mois pour mettre en place les nouvelles grilles d’évaluation. Nous y avons intégré nos spécificités. Par exemple, nous avons professionnalisé le shampoing en l’appliquant au pinceau ; on peut valider avec le collaborateur qu’il maîtrise ce geste. Les entretiens individuels reprennent du sens et de la rigueur. Pour nous, cela a permis de savoir qui voulait évoluer parmi les collaborateurs, ceux qui sont à l’aise dans leur travail actuel et ceux qui ont envie de changer de poste. Quant aux rattrapages des salaires évoqués par certains ? Ils sont limités et correspondent à l’augmentation que nous aurions dû faire. Il faut en convenir, le niveau de rémunération des collaborateurs n’est pas motivant. Ce qui fait mal, c’est que nos marges sont hyper-réduites, la coiffure est sur la corde raide. Les coiffeurs ne s’adaptent pas au marché et cet avenant est une chance d’évoluer ». Dirigeant du groupe Bruno Flaujac, 35 salons (région sud-ouest), 120 collaborateurs. Patricia Lallement « On met l’accent sur des points concrets » « Avec Internet, les salariés sont très bien informés. De mon côté, je joue la transparence : entretiens annuels, réunions mensuelles sur les résultats, réunions trimestrielles pour les animations et la communication. J’ai remis à ma collaboratrice un dossier d’information complet. Je lui ai laissé trois semaines pour s’auto-évaluer et j’ai fait le même travail de mon côté. Nous avons eu récemment une réunion où nous avons croisé nos informations et abordé tous les critères d’évaluation : qualifications, compétences, tâches à exercer et autonomie et responsabilités. Cela a permis de bien redéfinir la responsabilité de la gestion des stocks, de valider la systématisation des outils de communication auprès de la clientèle, etc… Un courrier va lui être adressé pour accord. Ce nouvel avenant offre la possibilité de mettre l’accent sur des points concrets. Tout cela devrait porter ses fruits ! ». Salon Terre de Cheveux à Château-Thierry (Aisne), une salariée concernée. Georges Manuel « C’est positif, cela assainit les relations » « Dès que nous avons eu l’information, un affichage a été effectué dans les salons pour susciter l’intérêt et les interrogations. De son côté, la responsable des ressources humaines est intervenue pour le processus de paie et refondre l’outil d’entretien annuel destiné aux managers. Les entretiens individuels ont été décalés de quelques mois. La mise en place de cet avenant prend du temps, mais c’est positif car cela assainit les relations. Par exemple, les tâches comme la bonne tenue et l’hygiène du poste de travail sont communes à tous, pas « réservées » aux juniors. Cela évite également les malentendus et permet de fédérer les salariés avec un esprit d’équipe. C’est également bien pour les collaborateurs, cela limite les abus éventuels de certains responsables de salons. Pour les collaborateurs en attente d’un niveau de salaire, cela permet de mettre en face les obligations liées à des niveaux de rémunérations. Les collaborateurs n’étaient pas forcément conscients de la dimension de leur travail. Je suis très heureux de cette nouvelle classification, du travail des organisations professionnelles vers une réelle évolution du secteur. Un bémol, dans certains de mes salons, nous avons du personnel pour l’accueil et les soins esthétiques, et rien n’est prévu pour eux dans cet avenant, c’est dommage. Mais, globalement, cela tire le secteur de la coiffure vers le haut ! » Six salons Dessange et Camille Albane (région parisienne), 120 collaborateurs. Fabien Ruin « Chaque équipier sera acteur de son évolution » « Après la découverte de cet avenant, nous sommes vite passés à une phase de réflexion. Son intérêt, c’est de pouvoir expliquer que précédemment, le coefficient était attaché à un diplôme et à de l’ancienneté et qu’aujourd’hui, la part belle est faite aux compétences et à la formation. Chaque équipier sera plus attentif et acteur de son évolution et de la formation qu’il reçoit. La formation sera enfin utilisée autrement. Faire comprendre que la formation donne les compétences, plus de confiance et permet d’avancer. Une réelle opportunité pour aller plus loin et chercher un échelon supérieur. Nous avons des équipiers pas forcément diplômés et qui travaillent très bien. En janvier, nous avons réalisé une réunion d’information sur cet avenant. Aujourd’hui, nous en sommes à la phase 2, et depuis plusieurs mois, avec Vincent Potdefer, un chef d’entreprises qui a également plusieurs salons, nous travaillons sur les grilles de compétences. Nous mettons en commun nos travaux, échangeons nos points de vue. Nous prenons le temps nécessaire niveau par niveau, échelon par échelon, de préciser les tâches, les compétences par rapport au système de points attribués. Notre approche doit être facile à expliquer et à comprendre, produire une mouture simple et digeste et éviter la réticence au changement. Toutefois, à mon avis, le nouvel avenant n’est pas tout à fait au point pour les managers de salons. Dans une structure comme la mienne, il y a des tâches qu’ils ne font pas, par exemple, la négociation avec les fournisseurs. Je pense qu’il faudra plusieurs années pour modifier les mentalités et regarder l’évolution du métier différemment ». Six salons Coiffure Plus (région nord), 30 collaborateurs. Rosa Saraiva « C’est un véritable outil de management » « Certains s’en font tout un monde ; il faut intégrer le fait que c’est un super outil de management. Cela sera difficile pour les salons qui se reposent sur leurs lauriers et ne voudront pas se remettre en cause. Certains responsables en ont peur par méconnaissance du dossier qu’ils laissent gérer par leur comptable. Il est vrai que quand on a l’avenant 23 entre les mains, on ne comprend pas, il nécessite des explications. Certains salariés appréhendent aussi ce changement. Cette nouvelle classification trouvera toute sa place quand elle sera généralisée, cela prendra du temps au fil des recrutements. En décembre, pour ma salariée, il a suffi de changer son coefficient. Puis, fin mars, lors d’un entretien, en s’appuyant sur la nouvelle grille, on a discuté de son travail, de ce qu’elle réalisait comme tâches au sein du salon. Une occasion de faire le point, d’échanger sur les tâches effectuées, totalement ou partiellement. Pour les stages suivis par ma collaboratrice, l’accent a été mis sur les retours réels et nécessaires dans le salon de coiffure. Et désormais, tout est écrit, officialisé ! » Salon Diminu’tif, à Verdun (Meuse), une salariée. A noter : nos témoignages ont été recueillis auprès de responsables ayant suivi une formation sur l’avenant 23 auprès de la Fédération nationale de la Coiffure (FNC) ou du Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC). ECHOScoiffure 99 Défaillances d’entreprises La crise passe par là Assises de l’entrepreneuriat La France est championne d’Europe de la création d’entreprises. Mais, d’après une récente étude de l’INSEE, seulement une entreprise sur deux passe le cap des 5 ans. Un taux de pérennité en faible baisse puisqu’il était, il y a peu, de 54 %. Les chances de survie des nouvelles entreprises s’amenuisent. « Les caps les plus difficiles sont la deuxième et la troisième année », indique l’INSEE. Des secteurs comme la construction et le commerce sont les plus touchés. Mondial Coiffure Beauté Pendant quatre mois, neuf groupes de travail ont planché dans le cadre des Assises de l’Entrepreneuriat, à la demande du gouvernement. Objectif : formuler des propositions pour favoriser l’esprit d’entreprise, le développement économique notamment des PME. Franck Provost (groupe Provalliance et président du CNEC) était le chef de file de la commission chargé de réfléchir aux moyens de faire démarrer les jeunes entreprises à l’international de manière précoce. Parmi les mesures retenues, à titre expérimental, des « maisons de l’international » seront implantées aux Etats-Unis et en Asie pour faciliter l’implantation des petites entreprises à l’étranger. Autres points importants : la mise en place de programmes éducatifs sur l’esprit d’initiative et l’innovation auprès des collégiens et lycéens et la réforme du régime des plus-values de cession des entreprises. Aide à la création d’entreprises Le grand flou La Cour des comptes a livré son rapport d’évaluation sur les dispositifs de soutien à la création d’entreprises. Il existerait près de 6 000 aides aux entreprises en France, « un véritable mille-feuilles illisible » pour le créateur, « une absence de stratégie d’ensemble », résume ce document. Une mission est désormais chargée de rationaliser les aides à la création d’entreprises et chacun est invité à donner son avis : le ministère du Redressement productif a ouvert une consultation sur son site Internet. N’hésitez pas ! Vue d’ensemble © Didier Adam Franck Provost en chef de file Un programme foisonnant ! Deux semaines après Beauté Sélection Paris, le Mondial Coiffure Beauté (MCB) prend place à la Grande halle de la Villette et au Zénith de Paris, sur trois jours, du samedi 28 au lundi 30 septembre. Préparez bien votre visite, tant les événements, shows, ateliers techniques, conférences... sont nombreux. L’objectif des organisateurs : un programme riche dans lequel chacun pioche ce qui l’intéresse. Et pour cette deuxième session, ils misent sur 30 000 visiteurs, soit 20 % de plus qu’en 2012. Renforçant les trois pôles thématiques du MCB, des nouveautés sont proposées : • MCB Business : divisé en trois secteurs (les désormais Entrepreneur avenue, Hair Capital et Shopping Gallery), il s’agrandit via une passerelle de 600 m2, construite entre deux mezzanines. Les exposants institutionnels (FNC, Fiducial, CNEC,...) y seront présents et conduiront un podium commun d’animations. C’est également sur ce plateau-passerelle que prendra place « Le campus des académies » et leurs offres de formation et le « podium design & mobilier ». Quant au vaste programme des conférences, il répond au plus près des attentes des coiffeurs : les opportunités business, le management durable, le relooking de son salon au moindre coût, la maîtrise de ses chiffres avec des méthodes simples, etc… • MCB Academy : le visiteur pourra assister à des ateliers techniques rapides de 45 minutes dans l’amphithéâtre Boris Vian (Mario Lopes, Fabrice Cornillon, Patrick Ahmed, Christophe Robin, Saco, Toni & Guy, Coiffeur en France, etc) et, c’est nouveau, à des ateliers académiques d’une heure trente (Saco, Haute Coiffure Française, Bruno Weppe, etc). Des animations non-stop sont également programmées avec Didact Building et Stéphane Amaru et le groupe Dervyn et Alexandre de Paris. A noter : Michel Dervyn a choisi de fêter ses 50 ans de métier au MCB à travers de multiples événements. Quant aux apprentis et jeunes coiffeurs, ils pourront profiter des actions du Campus Jeunes pour les questions sur la profession, l’emploi et de l’opportunité de rencontrer des professionnels confirmés. Le Forum Carrière aidera les porteurs de projets de reprises et cessions de salons. • MCB Style : l’artistique prend toute sa place notamment sur la scène du Zénith de Paris. On annonce, par exemple, les shows de Brooks & Brooks, du groupe Michel Dervyn, du Team Gandini, de Mod’s Hair, de Christophe-Nicolas Biot, d’Alexandre de Paris, de l’Equipe de France championne du monde, d’Intercoiffure, de la Haute Coiffure Française, de Wella International, etc. En spécial guest : l’élite de la coiffure japonaise, 40 talents de la Fédération Japonaise venus représenter leur pays. Pour en savoir plus : www.salonmcb.com ECHOScoiffure 101 stratégie cnec Vers des jours meilleurs ? Pascale Prunier-Froment Lors de son colloque annuel, le 8 avril dernier à Paris, le CNEC a lancé un pavé dans la mare avec son étude sectorielle sur la coiffure. Objectif : montrer que la crise n’est pas une fatalité. Zoom. N ombre de participants ont été chamboulés par les résultats de l'étude « Pour que la coiffure sorte de la crise et exprime son potentiel économique et social » commandée par le CNEC, présidé par Franck Provost, à la société Astères, dirigée par Nicolas Bouzou, économiste de renom. Ces résultats mettent l'accent sur les difficultés conjoncturelles mais surtout structurelles du secteur en mutation. Repenser le métier Nicolas Bouzou parle vrai, bouscule les professionnels de la coiffure... pour leur bien. « La crise est là depuis 2007, la densité des établissements accentue la concurrence et les coiffeurs ont eu tendance à ne pas augmenter leurs prix. Résultat, un cercle vicieux », indique-t-il. Sur la prestation shampooing-coupe-coiffage, ramenée à une heure, le tarif moyen pour les femmes est de 35 € et pour les hommes de 22 €. A titre comparatif, une heure de conduite d'autoécole se situe entre 40 et 50 €. Les coiffeurs sont parmi les salariés les moins bien payés de France (cf. encadré), ce qui entraîne un turnover important de la main d’œuvre qui n'a pas de perspective d'évolution même si elle est qualifiée. Cela explique notamment la difficulté à fidéliser la clientèle. Quant aux marges, elles se réduisent, ne permettent pas d'augmenter les salariés, de les motiver. La boucle est bouclée ! Quant à la formation des managers, elle est insuffisante en gestion développement de l'entreprise, indique clairement l'étude. Mais, le potentiel est là ! Malgré une dégradation de la consommation, la demande pour les services de bien-être et de beauté est soutenue, même si la coiffure ne parvient pas à surfer sur cette tendance. « Pourtant, le secteur dispose d'un important réservoir de valeur ajoutée et de croissance d'emplois, souligne Nicolas Bouzou. Il pourrait être la tête de pont en matière d'emploi des jeunes et d'ascenseur social. La coiffure fait partie de 104 ECHOScoiffure l'économie résidentielle, de proximité, qui s'est fortement développée depuis 20 ans », insiste-t-il. Cerise sur le gâteau : la coiffure française est reconnue et brille à l'étranger. Formation et valorisation Fort de ces constats, l'étude propose des pistes pour que la coiffure puisse exprimer tout son potentiel économique et social. Deux axes ont été abordés : • Stratégie d'entreprises des salons de coiffure : opérer une montée en gamme des services pour soutenir la progression des prix (cela passe par du personnel compétent et qualifié) ; améliorer la « valeur ajoutée » perçue par la clientèle pour justifier le niveau de prix ; diversifier l'offre de services dans les salons vers les segments beauté et bien-être et enfin, développer une différenciation des prix en fonction des horaires pour gérer l'irrégularité de l'activité au cours d'une journée ou d'une semaine (à l'instar de ce qui se fait dans les cinémas, le transport aérien ou les bars). • Politiques publiques : alléger les charges patronales (un classique depuis 20 ans...) ; adapter la formation pour soutenir l'évolution des salariés au cours de leur carrière ; mettre en avant le rayonnement et l'image de la coiffure en ouvrant une école internationale. Important : des instances professionnelles parlant d'une même voix pour donner plus d'énergie et de reconnaissance au secteur face au manque de soutien du gouvernement. 2013 est une année charnière. Pour 2014-2015, tout est ouvert ! La balle est dans le camp des professionnels... Pour télécharger l’étude complète, rendez-vous sur le site du CNEC : www.cnec.asso.fr Quelques chiffres à méditer • Un coiffeur salarié à temps plein gagne en moyenne 1 581 € brut par mois, primes incluses (soit environ 1 200 € net). Son salaire est inférieur à celui des salariés des magasins d’habillement ou de la restauration rapide. Selon l’INSEE, le salaire net moyen d’un fonctionnaire est de 2 459 € net par mois, celui d’un salarié du privé de 2 082 € net. • La coiffure a perdu, entre 2008 et 2012, près de 10 % de ses effectifs salariés (soit 16 000 emplois). • Le personnel est jeune, 71 % a moins de 35 ans. Beaucoup quittent la profession faute de perspectives d’avenir. • La fréquentation des salons est en baisse, passée de six visites par an à quatre. • En 2012, le chiffre d’affaires est de - 2 % en volume et de 0,5 % en valeur. • Le pouvoir d’achat des ménages a baissé de 0,9 % en 2012 et la consommation de 0,4 % (source : INSEE).