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MISE AU POINT Tendinopathies du poignet et de la main : démarche diagnostique à partir des données de l’examen clinique Wrist and hand tendonitis: diagnosis based on clinical examination P. Le Goux* * Rhumatologue, médecin de la Fédération française de tennis, consultant à l’Insep ; praticien attaché du service de rhumatologie et du service de chirurgie orthopédique de l’hopital Ambroise-Paré, Boulogne. L es tendinopathies du poignet sont souvent d’origine microtraumatique et liées à des gestes répétés en rapport avec la vie quotidienne ou une activité professionnelle (musicien), voire avec la pratique d’un sport sollicitant celui-ci (tennis, golf, etc.). Les sports de raquette en particulier (1, 2), qu’ils soient pratiqués en compétition ou non, peuvent être à l’origine de pathologies de surcharge mécanique du fait de contraintes et de sollicitations excessives au niveau des tendons (figure 1). De même, les gestes techniquement mal coordonnés et le matériel inadapté sont source de stress pour les structures tendineuses mais également ligamentaires ou osseuses. En dehors des problèmes fréquents de traumatisme et de surmenage fonctionnel, les gaines des tendons peuvent être le siège de lésions tumorales, dégénératives, infectieuses ou en rapport avec une pathologie inflammatoire, au point que leur atteinte peut parfois révéler une polyarthrite rhumatoïde. D’où l’importance capitale de l’évaluation clinique (3, 4) dans la démarche diagnostique, réalisée de façon méthodique et aidée de l’imagerie (échographie, IRM), ainsi que de la biologie, qui peut apporter un concours précieux. Enfin, certaines explorations effectuées beaucoup plus rarement comme la biopsie du tendon, permettant son examen anatomopathologique, peuvent contribuer au diagnostic étiologique. Généralités Description anatomique Figure 1. Hypersollicitation de la partie ulnaire (ECU) du poignet chez le joueur de tennis (coup droit et revers à 2 mains) [Photo FFT, P. Le Goux]. 14 | La Lettre du Rhumatologue • No 363 - juin 2010 ➤➤ On rappelle sur le plan anatomique et physiologique que le poignet et la main offrent le passage à de nombreux tendons (encadré), ces éléments jouant un rôle essentiel dans la mobilité et la Points forts »» Les tendinopathies du poignet et de la main sont d’une grande fréquence en pratique rhumatologique. »» Elles s’expriment, selon les circonstances, sur un mode mécanique ou inflammatoire avec gonflement palpable : on parle alors volontiers de ténosynovite. »» La particularité au poignet et à la main est qu’une pathologie tendineuse peut toucher non seulement le tendon lui-même ou son insertion osseuse, mais aussi la gaine synoviale qui l’entoure. »» Une ténosynovite en apparence isolée peut s’imbriquer avec une arthropathie mécanique sous-jacente (articulations de la base du pouce ou de la partie radiale du carpe, atteinte du complexe triangulaire fibrocartilagineux du carpe au bord ulnaire du poignet, etc.). »» En dehors de macrotraumatismes, une étiologie microtraumatique, rhumatismale (polyarthrite rhumatoïde), infectieuse ou métabolique (goutte) doit toujours être évoquée devant une tendinopathie. stabilité des articulations du carpe et des doigts. Les tendons sont entourés d’une gaine qui les protège des frottements et des conflits, notamment quand ils sont contraints à un changement de direction sur une saillie osseuse ou lors de leur passage dans des tunnels ostéofibreux. D’un point de vue physiopathologique, pour D. Le Viet (5), les tendons les plus longs et les plus grêles avec un trajet comportant des angularités ainsi que ceux soumis à des mouvements très rapides sont les plus vulnérables. • Atteintes palmaires – tendinite du flexor carpi radialis (grand palmaire) ++ – ténosynovite des fléchisseurs – tendinite du flexor carpi ulnaris (cubital antérieur) ++ • Atteintes dorsales – ténosynovite de De Quervain ++ (abductor pollicis longus, extensor pollicis brevis) – styloïdite radiale – tendinite des radiaux ++ – syndrome de l’intersection ++ – tendinite du long extenseur du pouce ++ – tendinite des extenseurs – tendinite de l’extensor carpi ulnaris (cubital postérieur) Encadré. Principales atteintes des tendons du poignet. Les gaines proprement dites des tendons de la main et du poignet (6-8) sont des enveloppes ténosynoviales constituées notamment d’un feuillet pariétal. Elles assurent au tendon dont elles dépendent une protection tout en permettant un glissement doux. L’atteinte lésionnelle d’une gaine empêchera le glissement du tendon et finira par l’altérer jusqu’à son éventuelle rupture. De même, un tendon qui évolue en glissant dans une coulisse ostéofibreuse peut, sous l’effet de contraintes mécaniques anormales, augmenter de volume, ce qui entraînera un blocage de son mouvement habituel. Ailleurs, c’est la bourse conjonctive de glissement située au contact du tendon qui s’hypertrophie et limite le glissement de ce dernier. Par ailleurs, la structure de la gaine tendineuse est proche, sur le plan anatomique, de celle de la membrane synoviale articulaire dont elle partage les atteintes. Une ténosynovite peut donc accompagner ou révéler une atteinte articulaire, de même origine (9). Les affections des gaines sont essentiellement de nature mécanique, dégénérative ou inflammatoire. Parmi les atteintes évoluant sur un mode inflammatoire, on distingue les ténosynovites exsudatives, caractérisées par un épanchement et un gonflement palpable, et les ténosynovites sténosantes, qui se définissent par un épaississement du feuillet pariétal de la gaine qui gêne le glissement du tendon. Cette ténosynovite peut soit survenir de façon primitive soit être le terme évolutif de la phase exsudative. In fine, les gaines synoviales, les poulies de réflexion et les bourses séreuses paratendineuses peuvent être associées aux lésions tendineuses. Les articulations situées sur le trajet du tendon peuvent être impliquées dans un processus pathologique (il y a parfois formation, à la surface du poignet, d’un kyste synovial témoin de la souffrance articulaire et/ ou tendineuse sous-jacente) et il est dans certains cas difficile de dissocier une ténosynovite (atteinte tendineuse) d’une synovite (atteinte articulaire), la proximité et la contiguïté de ces structures favorisant la diffusion des réactions inflammatoires. ➤➤ Le diagnostic de tendinite ou de ténosynovite est essentiellement clinique (4) et repose avant tout sur une bonne connaissance topographique du trajet du tendon au poignet et à la main. L’examen retrouve les signes propres à la pathologie tendineuse (figure 2) : – la douleur suit le trajet de la gaine tendineuse, et on peut ainsi définir une atteinte tendineuse par une triade systématique, à savoir 3 signes cliniques d’examen qui sont la douleur à la palpation ou à la pression le long du trajet du tendon (mais aussi parfois à l’insertion tendineuse), la douleur à la mise en jeu du tendon par étirement et, enfin, la douleur reproduite à la contraction isométrique du tendon (douleur à la flexion ou à l’extension contrariée) ; – il peut exister une tuméfaction le long de la gaine tendineuse, ce qui est en faveur d’une ténosynovite exsudative et non d’une tendinite simple. La ténosynovite dite “exsudative” peut être le fait d’une surcharge mécanique de “travail” du tendon qui se Mots-clés Poignet et main Tendinopathie Diagnostic Examen clinique Keywords Wrist and hand Tendonitis Diagnosis Clinical examination La Lettre du Rhumatologue • No 363 - juin 2010 | 15 MISE AU POINT Tendinopathies du poignet et de la main : démarche diagnostique à partir des données de l’examen clinique traduit par une réaction œdémateuse au niveau de la gaine de celui-ci, comme elle peut être d’origine inflammatoire ; Figure 2. Examen du fléchisseur radial du carpe ou tendon grand palmaire (photos et dessin : Dr J. Rodineau). 16 | La Lettre du Rhumatologue • No 363 - juin 2010 – parfois, on observe un empâtement douloureux avec une sensation de crépitation lors des mouvements qui correspond à l’inflammation d’une bourse séreuse lors d’un conflit entre plusieurs structures tendineuses (aï crépitant ou syndrome de l’entrecroisement des radiaux au bord radial du poignet) ; – la ténosynovite sténosante est perçue cliniquement par la difficulté de glissement du tendon dans la gaine avec une sensation de blocage ou d’accrochage lors de la mise en jeu du tendon (l’exemple type est la ténosynovite sténosante de De Quervain) ; – le doigt à ressaut est mis en évidence par la palpation d’un nodule qui se mobilise avec le tendon et qui bloque le passage de celui-ci dans la poulie qui stabilise son trajet : en pratique, il s’agit d’un nodule fibreux situé au niveau de la gaine d’un tendon fléchisseur d’un doigt qui crée un blocage dans la poulie en regard de l’articulation métacarpophalangienne (MCP) lors des mouvements répétés de flexion-extension de celui-ci ; – rappelons qu’une synovite de la gaine d’un tendon au niveau de la main et des doigts peut entraîner une sténose de la gaine avec une notion de blocage lors des mouvements du doigt sans qu’il y ait nécessairement présence d’un nodule ; – le “mallet finger”, ou doigt en maillet, qui correspond à la rupture le plus souvent traumatique d’un tendon extenseur au niveau du doigt est à considérer à part. Le patient ne peut plus étendre complètement l’extrémité du doigt, la dernière phalange restant fléchie. Ces constatations suffisent pour faire le diagnostic de “mallet finger”. Cet accident est très fréquent au cours d’activités sportives (ballon, sports de combat) ou professionnelles. Lors d’un mouvement de flexion forcée du doigt (choc d’un ballon ou accrochage du doigt), l’étirement brutal du tendon entraîne sa rupture ; – enfin, dans d’autres cas, on recherchera la notion d’instabilité tendineuse, en particulier par lésion du rétinaculum (enveloppe propre de l’extenseur ulnaire du carpe), avec perception d’un ressaut au bord ulnaire du poignet lors des mouvements de prono-supination (lésion typique liée à la violence du geste dans les sports de raquette) ; – en fait, sur le plan clinique, toute pathologie tendineuse reste de diagnostic délicat au poignet et à la main, chaque tendon mettant en jeu parfois plusieurs mouvements complexes et pouvant solliciter plusieurs articulations à la fois. Insistons sur le fait que la souffrance d’un tendon peut fréquemment être associée à une souffrance des plans ligamen- MISE AU POINT taires sous-jacents et des articulations qui ont un – quant à la ténosynovite sténosante digitale ou rapport anatomique avec la structure tendineuse doigt à ressaut, elle survient soit dans un contexte mise en cause. de rhumatisme inflammatoire soit, plus volontiers, ➤➤ Au poignet et à la main, on distingue ainsi plu- dans un cadre dégénératif des tendons fléchisseurs sieurs présentations cliniques possibles de téno- (pouce, médius, annulaire) chez le patient de la synovites : des ténosynovites simples avec simple cinquantaine et plus. Au début, les signes cliniques douleur sur le trajet tendineux, par opposition à des montrent une simple gêne à la mobilisation rapide ténosynovites avec épanchement séreux ou exsu- du doigt, puis un ressaut douloureux est ressenti, datif (d’origine mécanique ou inflammatoire), des l’extension du doigt n’étant parfois possible que de ténosynovites se manifestant par un tableau aigu façon passive. Dans les formes évoluées, le doigt goutteux ou pseudo-goutteux, voire septique, enfin peut rester bloqué en flexion ou en extension. Un des ténosynovites sténosantes primitives ou secon- nodule mobile avec le tendon est palpé à la partie distale de la paume de la main en regard de la tête daires à une ténosynovite exsudative : – si on prend comme exemple la ténosynovite des métacarpienne. tendons fléchisseurs des doigts (10), elle peut se ➤➤ Concernant le diagnostic étiologique d’une manifester sous différentes formes au plan clinique ténosynovite, notamment lorsque celle-ci est isolée et révéler diverses étiologies. Dans les cas aigus, la au poignet ou à la main, l’examen clinique a donc douleur est traçante sur tout le trajet de la gaine une valeur clé. Il s’attachera à rechercher l’origine et l’œdème peut diffuser à la totalité du ou des d’une tendinopathie en fonction du contexte et doigts touchés et parfois à l’ensemble de la paume sera assisté au besoin d’explorations paracliniques de la main. La flexion des doigts paraît irréductible adaptées : (signe du crochet), s’agissant d’une attitude antal- – il faut rechercher une notion de traumatisme gique. Cette ténosynovite s’accompagne parfois antérieur, de pratique professionnelle ou sportive de signes généraux importants, notamment de spécifique ; la fièvre, sachant qu’une origine infectieuse est – certaines ténosynovites traînantes font évoquer possible. La présence d’adénopathies à distance des affections plus rares comme la tubercu(sus-épitrochléennes ou axillaires) permet alors de lose (11) et poussent à faire pratiquer des explorendre compte de la diffusion du processus, qui peut rations complémentaires (intradermoréaction, évoluer vers un adénophlegmon axillaire, voire une radiographie pulmonaire, biopsie synoviale avec septicémie. Elle peut également révéler un rhuma- recherche du bacille de Koch à l’anatomie pathotisme inflammatoire, notamment une polyarthrite logique) ; rhumatoïde (PR). Dans les cas chroniques, la téno- – s’il existe un doute vis-à-vis d’une étiologie synovite se traduit par une tuméfaction molle en inflammatoire, il faut examiner toutes les articula“bissac” du fait de la présence du ligament annulaire tions périphériques et axiales et rechercher des antérieur du carpe. Cette tuméfaction œdémateuse antécédents personnels et familiaux (PR, spondylpeut se situer soit à la partie basse de l’avant-bras arthropathie, connectivite) ainsi que les différents au-dessus du pli de flexion du poignet, soit à la symptômes extra-articulaires qui peuvent se rappaume de la main comblant plus ou moins net- porter à ces différentes pathologies (psoriasis, tement le creux de la main (comparaison au côté uvéite, etc.). opposé) ; La démarche diagnostique est alors la même – la ténosynovite sténosante, qui peut faire suite pour une ténosynovite que pour une es oncarthrite annexamens es des e D m s à la présentation clinique aiguë, peut se traduire débutante, dont le bilan exige iè if x r u a e t s d llebioefine, Des logiques et d’imagerie appropriés. Une sionn s e f également par une tuméfaction (moins nette) In au o e r it p u t a r s n ggaines sertiodes dégressifterme uites vers auinniveau des tendons fléchisseurs, de cet examen, on peut rats’orienter g pourpar une douleur locale et parplaour une étiologie précise : traumatique mais surtout pour ou mécas é it iv s t é c difficulté a lors de la mise sencjeu nn le olle nique avec parfois un mode évolutif inflammales desbomouvements des tendons. La triade classique précédemment toire, plus rarement infectieuse ou rhumatismale décrite peut être retrouvée à l’examen. Au doigt, inflammatoire (polyarthrite), voire microcristalContactez Valérie Glatin Contactez Valérie Glatin la Contactez Valérie Glatin ténosynovite se présente sous la forme d’un line (goutte, chondrocalcinose ou rhumatisme au 01 46 67 62 77 au 01 46 67 62 77 au 01 46 67 62 77 gonflement localisé à la face palmaire de celui-ci, à hydroxy a patite). Plus rarement, on mettra en ou faites parvenir ou faites parvenir ou faites parvenir avec une flexion active qui est limitée. Onvotre annonce par mail observe évidence une ténosynovite à corps étranger, une votre annonce par mail votre annonce par mail parfois des ressauts ou accrochages lorsà [email protected] de leur synovite villonodulaire, à [email protected] une hémochromatose, à [email protected] mobilisation ; voire une amylose. Annoncez vous ! Annoncez vous ! MISE AU POINT Annoncez vous ! nt les étudia s Annoncez vous ! Contactez Valérie Glatin au 01 46 67 62 77 ou faites parvenir votre annonce par mail à [email protected] La Lettre du Rhumatologue • No 363 - juin 2010 | 17 bandeaux à placer en pied dans la petite colonne MISE AU POINT Tendinopathies du poignet et de la main : démarche diagnostique à partir des données de l’examen clinique Particularités cliniques selon la topographie Comment faire le diagnostic d’une tendinopathie ou d’une ténosynovite ? Au poignet et à la main, la présentation clinique d’une ténosynovite peut comporter certaines particularités selon le siège de l’atteinte tendineuse, que l’échographie aidera à préciser dans un certain nombre de cas. Toutefois, une bonne connaissance anatomique reste indispensable dès le stade de l’examen clinique. ➤➤ Si l’on s’intéresse à la face palmaire du poignet et de la main, il faut prendre en compte la tendinite du fléchisseur radial du carpe ou grand palmaire, les ténosynovites des fléchisseurs des doigts et la tendinopathie du fléchisseur ulnaire du carpe ou cubital antérieur. ➤➤ Concernant la ténosynovite des fléchisseurs, on distingue au niveau du canal carpien une forme avec retentissement neurologique (12) responsable d’un syndrome de compression du nerf médian et une forme “rhumatologique” d’origine mécanique (microtraumatismes répétés), inflammatoire, voire infectieuse, avec douleur à la flexion contrariée et à l’extension passive des doigts associée à un empâtement diffus de la face antérieure du poignet. Au niveau des doigts, l’atteinte tendineuse se traduit par une flexion active limitée, douloureuse, un accrochage à l’extension. Dans le cadre de la pratique sportive, on décrit une ténosynovite mécanique spécifique des fléchisseurs chez le grimpeur (13), avec une douleur de la face palmaire de la première phalange retrouvée à la palpation et à la contraction contrariée des fléchisseurs communs superficiels et profonds. Parfois, il existe un œdème, une diminution de la force de flexion des doigts, voire un défaut d’enroulement du doigt. Des séquelles sont possibles, avec flessum de l’interphalangienne proximale au niveau du doigt et apparition de nodules sur le trajet du tendon. Le doigt à ressaut peut correspondre, comme on l’a vu précédemment, à la présence d’un nodule fibreux dans la gaine du tendon qui entraîne un blocage du doigt en regard de la MCP. Il peut également s’agir d’une synovite de la gaine du tendon, qui entraîne alors une difficulté à l’extension des doigts. ➤➤ Quant à la tendinite du grand palmaire (flexor carpi radialis), elle est probablement sous-estimée du fait de l’association fréquente à une arthrose de 18 | La Lettre du Rhumatologue • No 363 - juin 2010 la partie externe du carpe et de la base du pouce (arthrose scapho-trapézo-trapézoïdienne) et de la contiguïté de cette partie du carpe avec la gaine du tendon. Elle est caractérisée par une douleur avec, parfois, une tuméfaction pseudo-kystique au bord radial et à la face antérieure du poignet. Elle est volontiers d’origine dégénérative, mais on peut la rencontrer dans des sports nécessitant une préhension comme l’escalade ou le VTT. La douleur est retrouvée à la flexion contrariée du poignet et lors de sa mise en extension passive. La particularité est l’existence, dans certains cas, de dysesthésies dans le territoire cutané palmaire du nerf médian. ➤➤ Autre tendinite concernant cette fois la région ulnaire, celle du fléchisseur ulnaire du carpe ou cubital antérieur à la face interne du poignet, qui peut s’observer lors de la pratique du golf ou de l’escalade. Cette tendinopathie peut être isolée ou s’associer à une douleur de l’os pisiforme (apophysite), voire à une arthrose piso-pyramidale, témoignant là encore de l’imbrication possible des lésions tendineuses et articulaires au niveau du poignet. Dans certains cas, les radiographies montrent volontiers des calcifications à proximité du pisiforme qui peuvent être en rapport avec un rhumatisme à hydroxyapatite. L’examen clinique retrouve une douleur à la palpation du bord ulnaire de la main avec, parfois, un œdème localisé en regard de celui-ci. Il y a une douleur à l’étirement du poignet en extension-abduction ainsi qu’au test isométrique du tendon contre résistance en flexionadduction. ➤➤ Au bord radial du poignet, on recherchera la ténosynovite de De Quervain (14-17), qui se définit comme une ténosynovite constrictive du premier compartiment dorsal. Elle touche fréquemment la femme de 40 ou 50 ans et peut être favorisée par des activités diverses, manuelles et sportives (tennis, golf). Elle résulte d’une inadéquation de volume des tendons du court extenseur du pouce (extensor pollicis brevis) et du long abducteur du pouce (abductor pollicis longus) avec la poulie du premier compartiment dorsal (conflit contenantcontenu). Des variétés anatomiques de la gaine existent dans 30 à 40 % des cas (séparation de la gaine commune des 2 tendons) et, dans environ 10 % des cas, le long abducteur du pouce se termine par plusieurs tendons (jusqu’à 5), ce qui engendre des facteurs favorisants de tendinopathie. Cliniquement, la tendinite peut être de type exsudatif ou sténosant. L’examen recherche une tuméfaction en regard de la coulisse du premier compartiment à hauteur de la MISE AU POINT styloïde radiale (18). Cette tuméfaction correspond à un épaississement de l’aponévrose qui ferme la gaine, mais elle peut résulter également d’un réel gonflement au sein de la gaine tendineuse avec, dans ce cas, un empâtement plus diffus dans la tabatière anatomique. Le test de Finkelstein (19) est théoriquement pathognomonique de l’affection : il consiste en la mise en tension des 2 tendons dorsaux du pouce. Il s’agit d’une manœuvre d’étirement passif qui met le poignet en inclinaison ulnaire alors que le pouce est porté en flexion sur la racine du cinquième doigt et est emprisonné dans le poing fermé (figure 3). Une autre version de ce test a été proposée (20) par Brunelli (figure 4). Une étude biomécanique réalisée à partir du test de Finkelstein sur 15 cadavres frais met en jeu comparativement les 2 tendons impliqués dans la tendinite de De Quervain en testant la course et les positions conflictuelles possibles des tendons du court extenseur et du long abducteur du pouce par étirement à divers degrés de flexionextension du pouce. Par ailleurs, l’examen clinique doit s’attacher à rechercher une pathologie articulaire contiguë associée telle qu’une rhizarthrose. Il faut aussi penser à l’atteinte de la branche sensitive du nerf radial (névrite de Wartenberg) qui longe la gaine des tendons du court extenseur et du long abducteur du pouce et vient innerver la commissure dorsale du pouce. La contiguïté anatomique de la branche antérieure du nerf radial dans cette région du poignet explique ainsi la possibilité d’une symptomatologie associée, avec dysesthésies, hypoesthésie de la face dorsale du pouce et un signe de Tinel parfois positif à ce niveau. Le diagnostic de la ténosynovite de De Quervain est donc le plus souvent clinique et le traitement est fondé sur l’infiltration, qui est efficace dans 80 % des cas en pratique. Néanmoins, en cas d’échec du traitement médical par infiltrations (21), les explorations complémentaires, dont l’échographie, trouvent toute leur place, dans un but tant diagnostique que thérapeutique (infiltration guidée). Un traitement chirurgical (22, 23) peut aussi être envisagé. ➤➤ Autre diagnostic de proximité : la styloïdite radiale. Il s’agit d’une tendinite d’insertion pure du long supinateur (brachio radialis), la douleur relevant d’une apophysite. Cette affection se manifeste surtout par des signes douloureux à la palpation de la styloïde radiale et elle se distingue de la ténosynovite de De Quervain par le nondéclenchement de la douleur à la mobilisation de la colonne du pouce, notamment lors de la manœuvre de Finkelstein. ➤➤ Théoriquement pathognomonique ++ ➤➤ Mise en tension abductor pollicis longus et extensor pollicis brevis ++ Figure 3. Tendinite de De Quervain : test de Finkelstein (photo : Dr Labarère). Test de Finkelstein Test de Brunelli Figure 4. Tests utilisés dans la ténosynovite de De Quervain. ➤➤ La tendinite des radiaux se situe anatomiquement à la face dorsale du poignet et du carpe et se localise près du bord radial du poignet où siège la tendinite de De Quervain. Anatomiquement, elle concerne les premier et deuxième radiaux dans leur partie de trajet proche de la tabatière anatomique et croisant en arrière les 2 tendons dorsaux du pouce, qui forment ainsi, en cheminant côte à côte, la limite antérieure de la tabatière anatomique. On décrit d’ailleurs cliniquement un syndrome du croisement (ou syndrome de l’intersection) qui ne relève pas d’une tendinite mais plutôt d’une inflammation de la bourse séreuse située entre ces différents tendons à la face externe du poignet. Cette pathologie se traduit par une douleur vive localisée au-dessus du poignet et par un gonflement fusiforme au-dessus et en arrière de la styloïde radiale. Elle est de survenue brutale au décours d’un effort sportif inhabituel ou répétitif sollicitant les tendons à la face d’extension du poignet (tennis, golf, etc.). À l’examen, les mouvements passifs du poignet, notamment l’étirement passif et les mouvements actifs contrariés des extenLa Lettre du Rhumatologue • No 363 - juin 2010 | 19 MISE AU POINT Tendinopathies du poignet et de la main : démarche diagnostique à partir des données de l’examen clinique seurs, peuvent déclencher la douleur. C’est surtout la palpation, en définitive, qui met en évidence un point douloureux électif situé à la face postéroexterne de l’avant-bras à environ 4 cm en amont de la styloïde radiale et à hauteur du croisement entre le long abducteur et les extenseurs radiaux du carpe, accompagné d’un œdème et d’une sensation de crépitation. Cette pathologie du croisement peut également bénéficier de la pratique d’une échographie, qui visualise bien l’œdème péritendineux. ➤➤ La tendinite des radiaux est favorisée par des activités comme le tennis ou le motocross. L’atteinte douloureuse de ces tendons peut être reproduite à l’extension contrariée du poignet et par la douleur à la pression et, parfois, par un léger gonflement qui siège au niveau de l’insertion distale du premier ou du deuxième radial à la base du deuxième ou troisième métacarpien. La douleur peut être d’apparition progressive ou, au contraire, de début brutal lors de la réalisation d’un revers au tennis en position de flexion palmaire forcée ou à la volée. L’atteinte des extenseurs radiaux du carpe est favorisée par l’existence d’un carpe bossu qu’il faut systématiquement rechercher cliniquement : il s’agit d’une tuméfaction classique décrite à la face dorsale du poignet, parfois bilatérale, et se caractérisant par la présence d’un bec osseux ou exostose carpo-métacarpienne du deuxième ou du troisième rayon qu’il faut rechercher à la radiographie et qui n’est visible que sur des clichés de trois quarts. Par ailleurs, un os surnuméraire ou os styloïdium intercalé entre trapézoïde et métacarpien peut parfois être mis en évidence. Dans certains cas, on note un conflit par accrochage en inclinaison ulnaire ou radiale avec un ressaut perceptible des extenseurs de l’index lors de son balayage de part et d’autre de la saillie osseuse du carpe bossu. Il s’y associe souvent une douleur spécifique à l’extension contrariée de l’index. Une bursite à la partie terminale de l’insertion du premier ou du deuxième radial peut être constatée. ➤➤ À la face dorsale du poignet, on peut décrire la tendinopathie du long extenseur du pouce ainsi que la ténosynovite des extenseurs des doigts. ➤➤ La tendinopathie du long extenseur du pouce peut être rencontrée à la suite d’un traumatisme (fracture) du poignet ou dans le cadre d’une pathologie dégénérative tendineuse associée à une arthrose ou en rapport avec des microtraumatismes répétés. Le diagnostic est essentiellement clinique : il existe une douleur à la palpation de la face postérieure de la tabatière anatomique ainsi qu’une douleur à la contraction isométrique du tendon long 20 | La Lettre du Rhumatologue • No 363 - juin 2010 extenseur qui est réalisée en maintenant la MCP du pouce en extension et en testant l’extension contrariée de P2 sur P1. En cas de rupture, le diagnostic clinique est plus aisé : le patient ne peut alors soulever son pouce au-dessus du plan de la table lorsque la main est posée à plat et la tension du tendon dans la tabatière anatomique n’est plus perçue. ➤➤ La ténosynovite des extenseurs peut être liée à des traumatismes répétés sur la face dorsale du poignet, voire à des conflits du poignet en hyper extension forcée (24) lors de certaines pratiques sportives, mais elle doit faire rechercher d’autres pathologies de type inflammatoire ou infectieux (PR, tuberculose, goutte, etc.), le contexte clinique et l’examen général ayant une grande importance. Localement, la ténosynovite des extenseurs peut se traduire par une tuméfaction médiane allongée à la face dorsale du poignet et à la partie basse de l’avant-bras. Elle a parfois un aspect caractéristique en bissac lié à la présence du ligament annulaire dorsal. À l’examen, on constate souvent une forme exsudative de ténosynovite avec des tuméfactions plus ou moins douloureuses, mollasses, étendues le long des gaines, prenant un aspect en sablier, augmentant de volume lors de l’extension et diminuant lors de la flexion. La chronicité peut entraîner la rupture tendineuse. Enfin, cette ténosynovite doit être distinguée d’une synovite villo-nodulaire ou d’un kyste synovial dorsal, qui est plus localisé, plus indépendant du tendon (origine articulaire sousjacente) et plus saillant en flexion. ➤➤ À la face postéro-interne du bord ulnaire du poignet, on peut mettre en évidence la ténosynovite de l’extenseur ulnaire du carpe (ECU) ou du tendon cubital postérieur, qui est en étroite relation avec le complexe triangulaire (TFCC). Cette tendinopathie est observée au cours de polyarthrites évoluées sous divers aspects (ténosynovite ou rupture visualisées à l’échographie). Il s’agit également d’une pathologie mécanique fréquente chez le joueur de tennis de bon niveau (25), provoquée par les mouvements liftés joués en coup droit ou lors des revers à 2 mains. Il existe 3 tableaux cliniques possibles : l’épisode d’instabilité aiguë, la tendinopathie et la rupture. Anatomiquement, le tendon de l’ECU se situe dans le sixième compartiment dorsal, qui assure sa stabilité. Le tendon est ainsi maintenu dans une gouttière par une gaine ostéo-fibreuse dont la longueur est d’environ 1,5 cm (rétinaculum propre à l’ECU). Cette gaine est distincte et juxtaposée à celle qui participe aux 5 premiers compartiments des tendons extenseurs. Le mouvement du lift impose un balayage MISE AU POINT important pour passer de l’inclinaison ulnaire à l’inclinaison radiale. Ainsi, en pronation du poignet, l’extenseur ulnaire se retrouve avec un trajet en rectitude tandis que, en supination, son trajet présente une angulation, ce qui rend plus vulnérable ce tendon et favorise notamment son instabilité, avec possibilité de rupture ou de désinsertion de sa gaine propre. Il est important de repérer l’instabilité ou la subluxation du tendon hors de sa gouttière, ce qui témoigne de la rupture de la paroi interne de la coulisse du sixième compartiment et nécessite soit une immobilisation orthopédique prolongée soit une réparation chirurgicale. Cliniquement, on peut retrouver à l’examen les points suivants : empâtement douloureux à la palpation de la gaine de l’ECU, douleur à l’étirement passif en supination du poignet, reproduction en position forcée de l’instabilité du tendon (click) en effectuant les contractions résistées en position de stress en pronation et supination. Il est parfois difficile de distinguer en pratique, notamment en cas d’instabilité du bord ulnaire du poignet, une pathologie tendineuse pure d’une pathologie articulaire et/ou ligamentaire faisant intervenir notamment une atteinte lunotriquétrale et du complexe TFCC, d’ou l’intérêt de l’IRM ou d’autres explorations plus invasives de la région ulnaire, comme l’arthroscopie. Conclusion Les tendinopathies du poignet et de la main nécessitent une évaluation clinique précise avant toute exploration complémentaire ou tout traitement, qu’il soit médical ou chirurgical. Cette évaluation passe par une bonne connaissance anatomique du trajet des tendons et par la recherche de signes communs à toutes les tendinites (douleur à l’insertion du tendon ou à la pression sur le trajet de la gaine, parfois empâtement douloureux, douleur à l’étirement passif et à la contraction isométrique du tendon). L’établissement du diagnostic de toute pathologie tendineuse du poignet ou de la main repose sur un examen programmé qui permet de déterminer l’aspect de la ténosynovite (simple, exsudative, sténosante, etc.) et d’en préciser le siège. Ce diagnostic pourra être facilité dans certains cas par l’utilisation de l’échographie. L’enquête étiologique a toute son importance, surtout en cas de tendinopathie isolée : en premier lieu, on recherchera les traumatismes ou microtraumatismes répétés (pratique professionnelle ou sportive), qui ont une place prépondérante, mais il faut savoir éliminer certaines causes de ténosynovite comme la PR, la goutte ou encore une étiologie infectieuse, qui nécessitent une prise en charge spécifique et adaptée. ■ Références bibliographiques 1. Fichez O. Tendinopathies du poignet dans la pratique sportive. Rhumatologie 2006;58(1):12-9. 2. Haddad A, Roulot E. La main du tennisman. In : de Sèze S, Ryckewaert A, eds. L’actualité rhumatologique. 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