perspectives #2
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LE MAGAZINE INTERNATIONAL DU GOÛT ET DE L’ESTHÉTIQUE 2015 04 Perspectives 05 Editorial Chers amis et partenaires, Je tiens d’abord à remercier tous ceux qui nous ont adressé de magnifiques compliments et des commentaires encourageants sur la première édition de notre magazine « Perspectives ». Cette nouvelle publication nous a confortés dans l’idée de continuer à développer des approches créatives pour améliorer nos relations mutuelles, ainsi que celles que nous entretenons avec nos clients et associés. Parallèlement à notre dixième anniversaire, nous avons pris de nouvelles initiatives pour élargir notre offre de produits. Cette édition va vous faire découvrir le concepteur de notre nouvelle collection de couverts ainsi que le processus de création qu’il a suivi. Ces nouvelles collections s’accordent parfaitement avec l’esprit de notre programme de porcelaine. Elles seront livrées avec le même niveau de qualité élevé qui a forgé notre réputation. Dans cette édition, vous ferez également la connaissance de trois chefs de talent très différents, dont les styles créatifs et l’expérience culinaire viennent de différentes régions du monde. Mais ils ont tous un point en commun : ce sont des inconditionnels de RAK Porcelain. Désormais, nous mettons tout en œuvre pour répondre à vos défis. Prochainement, nous allons vous présenter une nouvelle gamme, POLARIS, en porcelaine blanche. Nos ingénieurs sont parvenus à un processus technique avancé grâce auquel nous pouvons produire cette nouvelle série formidable. Nous vous donnerons de plus amples détails dans la prochaine édition de « Perspectives ». Encore une fois, mille mercis à vous tous et bonne lecture ! Claude Peiffer, Administrateur délégué RAK Porcelain Europe | ISSUE 02 06 Sommaire Sommaire - Perspectives 07 RAK AROUND THE WORLD HOTELS AROUND THE WORLD 38 Françoise Boeur 42 La céramique dans le monde arabe 50 Matthieu Cellard 60 Renu Oommen 62 Le Convivium de Florence 66 Lorsque le design devient réalité 70 La salle de bain selon RAK CERAMICS 72 Le Pavillon de la mer d’Helsinki 22 Intercontinental Dubai 28 Trump International Golf Links 56 Atlantis the Palm EVENEMENTS 78 Host 2015 PORTRAIT D’UN DESIGNER 08 Mikaela Dörfel TENDANCES CULINAIRES 14 Les chefs adoptent le végétarisme 32 Le chocolat 74 Du fast-food à la fine gastronomie RAK couverts-149.CR2 PORTRAIT D’UN CHEF 18 Tomy Gousset 46 Thomas Letherbarrow 08 MIKAELA DÖRFEL PORTRAIT D’UN DESIGNER "Chez d’autres marques pour avoir une gamme il faut des années" LA CRÉATION D’UNE NOUVELLE COLLECTION La création d’une nouvelle collection est à chaque fois une nouvelle aventure. Mais il s’agit ici d’un véritable événement. Après avoir accédé en quelques années aux premiers rangs mondiaux des fabricants de porcelaine, RAK Porcelain offre aujourd’hui à sa clientèle une gamme de huit collections de couverts. Habituée des créations pour RAK Porcelain et avec une expérience éprouvée en création de couverts, c’est à Mikaela Dörfel que ce véritable challenge a été confié. Nous l’avons rencontrée dans son studio de création à Hambourg, où elle nous fait partager le processus de création de cette nouvelle gamme. Les couverts par RAK Collection NANO Quand RAK vous a demandé de créer ses premières gammes de couverts, quelle a été votre réaction? Je me suis énormément réjouie. RAK et moi travaillons ensemble depuis 2005 et avec cette marque j’ai un champ créatif assez large, ce qui appréciable. Quand Claude (Claude Peiffer, Directeur général de RAK Porcelain Europe) m’a demandé travailler sur des collections de couverts, j’ai évidemment accepté cette remarquable opportunité. Imaginez la chance de travailler sur huit collections, c’est exceptionnel. Aujourd’hui pour d’autres marques ne serait plus possible, car essentiellement, elles complètent leur gamme existante. Créer pour une marque qui aborde un nouveau marché est un challenge unique. J’avais déjà travaillée par le passé sur des couverts et c’est très excitant de prendre en main un pareil projet. Tout d’abord, il faut commencer par faire une analyse du marché et diverses recherches. Ensuite, partir dans une vision de design exclusif qui va de la rigueur à l’émotion. 09 Portrait d’un designer - Perspectives Interview L’architecture est aussi une source d’inspiration, notamment le Bauhaus (Dessaud par exemple). Je travaille beaucoup sur la relation entre le micro et le macro. La recréation d’angles. Dans une collection il est important que tout s’exprime dans une harmonie fonctionnelle, aussi bien avec une collection de porcelaine en particulier, mais également et surtout indépendamment de la collection d’assiettes. Pendant la phase de conception, quelle attention portez-vous au matériau choisi? La connaissance du matériau est particulièrement importante. Car cela influe sur la fabrication de l’objet et optimise son utilisation. Ce qui est important pour les couverts, et qui me tient particulièrement à coeur, c’est la répartition de l’épaisseur du métal, en l’occurrence, l’inox. C’est un aspect très technique et sensible pour la sensation procurée à la prise en main. Pour une utilisation optimale de l’inox, il faut tenir compte de la largeur de l’élément et de son épaisseur car cela a un impact direct sur la quantité de métal à utiliser. J’essaye de révéler dans la création une douceur émotionnelle qui va jusqu’à une rigueur restant inspirée. C’est ainsi que la vision conceptuelle, m’a amenée à proposer au marché deux collections aux formes douces, deux émotionnelles, deux classiques, deux aux lignes tendues. Le but est de proposer une offre qui satisfasse toute les tendances. J’intègre dès l’origine la notion d’ergonomie, notamment dans la conception des couteaux. C’est à chaque fois une tentation et une tentative de réinventer le marché. Le design, les qualités esthétiques et ergonomiques des couverts doivent s’allier à une prise en compte de l’optimisation des coûts de production; et pour cela, nous avons travaillé longtemps avant la mise en production sur l’optimisation de l’utilisation du matériau. 10 Pensez-vous être influencée ou inspirée par des tendances venant d’autres designers? Je pense que nous sommes tous, toujours influencé. Pas forcément par un designer en particulier, mais plutôt par le biais d’autres domaines du design où l’on trouve certaines inspirations. 11 Portrait d’un designer - Perspectives Par quelle étape commence votre processus de création? Je commence toujours par une analyse du marché. Il est essentiel d’observer les différentes collections, les différents segments de marché. Cela me permet déjà d’avoir une vision très large de l’existant. J’explore également des inspirations à travers la nature, l’eau par exemple. « C’est bien de passer à travers une exposition de meubles, tout autant qu’une exposition sur l’architecture est enrichissante ». Dans mes sources d’inspiration la sculpture est très présente, beaucoup plus que l’art pictural. Mais je dois dire également que certains personnages m’influencent, Massaud par exemple et Patricia Urquiola. En même temps, j’ai toujours une certaine angoisse à regarder ce qui est existe et je crains de découvrir que je suis en train de créer quelque chose qui existe déjà. « Le pire qui puisse m’arriver, copier quelque chose qui existe ». Anna 1 1 2 4 3 6 5 7 8 9 10 12 11 Enfin, je crois nous nous influençons les uns les autres et c’est sans doute également une question d’époque, de période où tout se globalise, de la Chine à l’Europe les tendances vont et viennent de toute part. Il n’ y a plus de tabous, que ce soit en culture, religion, modes... tout est en mouvement interactif. 13 14 15 16 17 18 19 20 21 1. Collection FINE Collection ANNA 2 2. Collection ANNA Par exemple, pour créer une collection asiatique, l’observation de ce qui existe est nécessaire, pour en détecter les « faiblesses », les identifier et enfin de les tourner en notre faveur. Interview Mikaela Dörfel “D’où vient l’idée. Elle peut partir des formes de base, le rectangle, le cercle.” Je ne travaille mes esquisses qu’à la main. J’expose mes esquisse sur les murs, les observe, en enlève trois et je retravaille celle qui restent jusqu’au moment où je suis suffisamment satisfaite. C’est passionnant. Ensuite, c’est mon assistante qui fait passer l’esquisse de la 2D à la 3D. Pour le 3D nous travaillons avec du styrodur. Le passage au volume nous permet d’observer la façon dont l’ergonomie fonctionne, de constater l’harmonie de la forme. Nous ne travaillons pas avec des impressions en 3D car je préfère que le travail de modélisation se fasse en interne. Si je laissais mes maquettes se faire à l’extérieur, je perdrai le lien avec le processus créatif et conceptuel. Ce lien perdu m’obligerait à repartir de zéro. La modélisation permet également, après le dessin, de trouver le point d’équilibre de l’élément, un point d’équilibre, qui n’est pas forcément au milieu. Dans le design, il existe des règles, l’une d’elle, par exemple pour des verres…il faut qu’ils s’emboîtent. Il faut également que la pièce unique puisse être produite à grande échelle. C’est ainsi qu’à partir de l’esquisse, nous nous assurons dans la continuité de la faisabilité du projet initial. Quels ont été les challenges auxquels vous avez du faire face dans la relation avec le fabricant? Le travail avec le fabricant est fondamental pour pousser les modes de fabrications à l’extrême pour optimiser la qualité du produit. Notre rôle est d’aller explorer les limites des méthodes de fabrication et d’inciter le fabricant au travers de ses outils de retranscrire la création, pour atteindre le résultat maximal en matière d’ergonomie et d’efficacité et... de plaisir d’utilisation. Il est important que le designer ait conscience des limites du matériau et des modes de fabrication. Ce n’est plus seulement une question de design, de créativité; cela devient une question effective de savoir-faire et d’expérience. La fabrication a-t-elle une influence sur le concept initial? Le fabricant a une vision qui est limitée à sa propre expérience de fabrication et c’est au rôle du designer de l’aider à repousser ses limites. C’est un challenge valorisant, tout autant pour le designer autant que pour le fabricant. Un peu à l’image de ce que disait Mark Twain :« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait! ». Ce qui a été remarquable dans ce projet c’est la concentration des moyens, des analyses et des réponses aux attentes des clients en un temps aussi court. Quelle a été votre relation avec l’équipe de RAK pendant la période de création et surtout pour leur première expérience en matière de couverts? Le briefing de RAK était bien défini. Je bénéficie d’une grande indépendance au niveau des détails, de la finesse. RAK est à l’écoute de la sensibilité du designer quant à tous ces détails, détails desquels naît une véritable élégance et qui n’est pas contraire à une production de masse. Et ce qui m’a fait extrêmement plaisir dans ce métier et en particulier dans ce projet, c’est la liberté de créer quelque chose de nouveau tout en tenant compte des traditions. RAK m’a donné cette possibilité. Bien sûr, des compromis il y en a toujours, une fois cet aspect réglé, tout le monde a travaillé avec le même enthousiasme et dans la même direction. Car, ce qui est fondamental, c’est que nous devions réinventer une offre pour le marché et ne pas arriver avec « un produit nécessaire », seulement pour faire comme les autres. 12 13 Portrait d’un designer - Perspectives Comment se développe votre travail de réf lexion? Comme je l’ai précisé, la première chose que j’ai faite ce sont des recherches. Ensuite, on cherche en soi-même, car on a toujours quelque chose en tête, quelque chose que l’on souhaite faire depuis longtemps et qui peut nous inspirer. Quand on observe ce qui existe sur le marché, on commence déjà à se définir et à sentir comment pouvoir se différencier. Il est bon de regarder dans différentes collections, d’analyser les différents segments de marché. Il est fondamental d’avoir une vision très large de l’existant. Moi qui suis suis amateur de systèmes, j’aime observer les mécanismes, comment ils fonctionnent, comment ils s’organisent et explorer les directions multiples vers lesquelles on peut aller à partir de la même base. 14 TENDANCES CULINAIRES SANTÉ, BIEN-ÊTRE & GASTRONOMIE, LES CHEFS ADOPTENT LE VÉGÉTARISME "La cuisine végétarienne gastronomique a le vent en poupe ! Un comportement culinaire plus vert, sain et éthique qui offre aux papilles des goûts aussi plaisants qu’inattendus." Christophe Moret - Paris / Source www.lefigaro.fr Tendances culinaires - Perspectives 15 16 L’idée fausse d’une cuisine végétarienne dangereuse pour la santé Les viandes seraient-elles donc devenues si has been pour que les légumes leur volent la vedette ? Assurément pas, les carnivores ont encore la primeur des mets saignants qui restent légion. Une évidence émerge toutefois : la green tendance et le “manger mieux” n’ont jamais autant eu le vent en poupe, promesse d’un mouvement à la longévité certaine. Quand un Joël Robuchon, chef français intuitif et avant-gardiste le plus étoilé au monde, théorise que « la cuisine végétarienne sera celle des dix prochaines années », cela résonne presque comme une parole d’évangile. Les grands chefs, fous de gastronomie végétarienne Le théorème végétarien de Pythagore Si Pythagore reste connu pour son célèbre théorème trigonométrique, il n’en est pas moins l’instigateur du premier régime végétarien de l’histoire. Dans une société antique où la viande était déjà peu usitée avec 1 à 2kg de chair animale ingérée par année, le Grec s’est positionné pour une doctrine de non violence rejetant la coutume barbare du banquet sacrificiel d’un animal domestique. Pour des principes à la fois moraux et pacifistes, Pythagore plaidait pour une alimentation dépourvue de toute viande. Un mouvement qui donnera naissance aux « Pythagoréens », dénomination des proscripteurs de chairs animales. Le mot disparaît pour céder sa place à celui de « végétariens » au XIXème siècle en Occident. Outre Pythagore, le végétarisme a rencontré un certain succès auprès de diverses personnalités à travers les époques. Sont ainsi tombées dans sa verte escarcelle de notables figures telles que Platon, Horace, Léonard de Vinci, Voltaire, Tolstoï, Mahatma Gandhi, Albert Einstein, Martin Luther King, et plus récemment Paul McCartney, Brigitte Bardot, Bryan Adams ou encore Moby. Mode ou véritable transformation des comportements culinaires ? Si l’ampleur du mouvement culinaire végétarien est difficile à quantifier, une étude américaine de 2013 offre tout de même un panorama. Ainsi, les EtatsUnis, l’Alaska, l’Italie, l’Inde et le Bouthan présentent un pourcentage supérieur à 10 % de végétariens parmi leurs populations. Le Brésil, l’Irlande, l’Angleterre, l’Ecosse et l’Allemagne en détiennent entre 5 et 9,9 %. Les autres pays en dénombrent moins de 2,9 %. Ainsi, si le végétarisme témoigne d’un développement encore timide, sa propagation lors des précédentes années s’est révélée particulièrement spectaculaire, notamment auprès des célébrités qui tendent à le relayer. Cameron Diaz, Kate Winslet, Leonardo Dicaprio et Pamela Anderson (elle y consacrera bientôt une émission culinaire télévisée) sont par exemple des végétariens assumés. Une starisation du veggie qui incite à s’interroger sur sa percée : mode ou réelle transformation des comportements culinaires ? Selon un sondage de 2012 d’Opinion Way, 75 % des végétariens questionnés le sont pour ne pas faire souffrir les animaux, 67 % préfèrent consommer de façon plus responsable et en préservant l’environnement, et 53 % s’attachent davantage à la protection de leur santé. Les facteurs déterminants incitant un consommateur à se tourner vers le végétarisme sont donc essentiellement éthiques, écologiques et sanitaires plutôt que mimétiques. Halte aux clichés ! La cuisine gastronomique végétarienne ne se déleste pas moins des saveurs et des goûts que les arts culinaires traditionnels. Là tient justement tout le défi que de parvenir à appâter les consommateurs en créant des assiettes gourmandes sans viande. A l’instar des idées préconçues, la cuisine gastronomique végétarienne ne se réduit pas qu’à 3 feuilles de salade, et un carré de tofu au fumet discutable. Outre des légumes magnifiés grâce à des épices, des herbes, des associations subtiles et une palette de couleurs printanières, tartes, gratins, burgers, ou encore lasagnes peuvent venir agrémenter les combinaisons et les arômes. Autrefois, parvenir à trouver un plat exclusivement végétal dans un restaurant relevait d’une véritable prouesse. Il n’en est plus rien aujourd’hui. Les établissements prestigieux n’hésitent pas à doter leurs cartes d’exquises légumineuses, bousculant les codes alimentaires et invitant les palais les moins aguerris à céder à la tentation du no meat. C’est ainsi le cas du Pure Food and Wine de Sarma Melngailis à New York dans lequel les clients s’arrachent la lasagne de tomate et courgette, pesto basilic-pistache, crème de tomates séchées et ricotta aux graines de courge et noix de macadamia. Dans le Cookies Cream à Berlin, le chef Stephan Hentschel ne tarit pas de créativité avec son strudel d’orge perlé aux pieds-de-mouton, jus de persil, moutarde de kaki et ses carottes noires mijotées à la crème de datte. En France, patrie d’origine de la fine gastronomie, le chef Jean Montagard a fait du végétarien gastronomique bio sa marque de fabrique pour ses restaurants les Contes à manger de Nice et le Montagard de Cannes. Nous retiendrons de ses innombrables recettes végétales ses très prisés tourtes aux blettes et champignons à la cannelle. Enfin, à l’Espadon, le chef Michel Roth enchante ses convives avec de nombreuses odes à la nature comme avec ses artichauts en royale et fricassée à la truffe noire, crémeux de stracciatella. Une autre motivation au végétarisme reste néanmoins à considérer : la santé. Selon les résultats de la grande majorité des études médicales, « le régime végétarien est plutôt bon, équilibré et n’engendre pas plus de carences, de risque d’allergies ou de maladies qu’un autre » explique le nutritionniste Jean-Philippe Shangri-La / Source : www.firstluxemag.com Zermati. A contrario, consommer plus de 160g de viande par jour expose à de lourdes conséquences en termes de cancer colorectal, diabète, cholestérol ou surpoids. Les autorités sanitaires conseillent de ne pas ingérer plus de 500g (après cuisson) de viande par semaine (bœuf, canard, porc, agneau) et d’alterner les sources de protéines avec les viandes blanches, le poisson, les œufs mais aussi les légumineuses associées à des céréales. Un postulat dont certains chefs multi-étoilés ont fait leur leitmotiv. Alain Passart a retiré la viande rouge de son restaurant l’Arpège en 2001. Quant à Alain Ducasse, il a littéralement recomposé la carte du somptueux Plaza Athénée, lors de sa réouverture en septembre 2014, sans y inclure de viande. Des transformations radicales et responsables qui ne devraient pas tarder à se faire emboîter le pas. Véritable révolution verte ou simple réponse des chefs à une demande de leurs clients ? Pas de doute, la revanche du potager et le retour au terroir sont bel et bien, pour l’instant, à l’ordre du jour. Tendances culinaires - Perspectives La révolution végétarienne est en marche ! Soufflée par les vents biologiques et la diététique, le veggie joue des coudes avec les assiettes carnées traditionnelles. « Pas un service où nous n’ayons une demande de plats végétariens, sans gluten, sans lactose » constate le chef Christophe Moret du Shangri-La à Paris. « Entre les intolérances alimentaires, de plus en plus nombreuses, la prise de conscience de la nécessité de préserver la planète et ses ressources, de revenir à la saisonnalité, au locavore, et le mantra des 5 fruits et légumes par jour, il y a un vrai désir d’aller vers une alimentation plus éthiquement et diététiquement saine » poursuit-il. L’adoption d’un régime végétarien est, pour ses adeptes, gage de responsabilité morale et écologique par aversion de l’industrialisation et pollution des denrées alimentaires (pesticides), mépris des filières d’élevage et d’abattage (principes du véganisme), controverse sur la traçabilité des mets, ou encore désaveu de l’empreinte environnementale laissée par les méthodes de production et de prélèvement. Dans sa forme la plus étendue, le végétarisme se transforme en véganisme, mode de vie de base végétalienne (végétarisme avec exclusion des produits d’origines animales tels que le lait, le miel ou les œufs) rejetant tous les éléments issus de l’exploitation animale (cire d’abeille, cuir, laine, fourrure, soie…). 17 18 PORTRAIT D’UN CHEF TOMY GOUSSET Créer et faire plaisir, ou l’art de la cuisine selon Tomy Gousset Il incarne l’avenir de la cuisine française et s’installe progressivement comme l’un des chefs les plus prometteurs. En quelques années, Tomy Gousset a su montrer l’étendue de son talent derrière les fourneaux du restaurant parisien Pirouette. L’occasion de revenir sur son parcours pour le moins atypique, mais également sur sa vision de la cuisine, faite d’abord de passion. Source : www.media.timeout.com Source : www.plandelhomme.fr Portrait d’un chef - Perspectives 19 “Ma cuisine n’est ni classique ni moderne” 20 Portrait d’un chef - Perspectives 21 Si la cuisine n’est pas toujours une vocation, elle demeure une histoire de passion. De cette idée, Tomy Gousset en a fait son métier au point, aujourd’hui, d’apparaître comme l’un des plus grands chefs français en devenir. Il est vrai qu’en seulement trois ans, il a su manier et mettre en valeur les saveurs d’une cuisine révélée derrière les fourneaux du restaurant Pirouette, en plein cœur de Paris. Un talent qui aurait pu lui échapper. Il le confesse lui-même, c’est tardivement qu’il a trouvé sa voie, dans une profession où les carrières se dessinent souvent très tôt. À 24 ans, il se lance pourtant dans une aventure où l’idée d’excellence est déjà bien ancrée. Sa passion et sa motivation aussi. Sa connaissance de la cuisine, il la parfait auprès des plus grands, dans des établissements étoilés tels que « Le Meurice » ou « Taillevent ». Chacun lui apporte des apprentissages distincts, mêlant la créativité à la rigueur, et intégrant la connaissance des produits. L’aventure le mène aussi à l’étranger, à New York, dans un lieu tout aussi prestigieux avec ses trois étoiles, chez « Daniel ». « Je souhaitais me confronter à une autre culture afin de m’ouvrir l’esprit et pouvoir évoluer ». Loin de l’art culinaire français, le rythme y est effréné, imposant une concentration de tous les instants, riche d’enseignements. Restaurant Pirouette Source : www.agoodforking.com Source : www.johnalbottsparis.typepad.com Un côté artistique qui profite au dressage « Créer de mes propres mains » L’homme a conservé de ce parcours cette rigueur et une passion sans nom, faisant de chaque plat une ode au plaisir gustatif. « Créer de mes propres mains pour faire plaisir aux gens est ce que j’ai toujours voulu faire », affirme-t-il enjoué. Il en ressort une cuisine taillée sur mesure, laissant transparaître la créativité, doublée de l’amour des produits. Dans une ambiance bistronomique, Tomy Gousset réinvente constamment les plats les plus classiques, tout en offrant une touche de nouveauté et d’originalité qui séduit toutes les générations, sans pouvoir – ou vouloir – s’y laisser associer une étiquette. Cette définition de son travail, le chef la revendique : « Ma cuisine n’est ni classique ni moderne. Elle est dans l’air du temps et ne dépend d’aucune mode ». Le ton est donné, rappelant s’adresser à tous les publics. « J’aime proposer des produits aussi bien accessibles que haut de gamme », continue-t-il. Et n’allez pas lui demander quel est son plat préféré ou le met qu’il aime à cuisiner. La réponse est sans appel : « pas de préférence ! ». Avec Tomy Gousset, l’art culinaire s’exprime aussi dans les assiettes sous des aspects autres que gustatifs. Car avant le plaisir en bouche, s’exprime le regard, celui qui décide de la première saveur. Et ça, le jeune chef y tient ! Il en capte tous les détails, avec une attention précise, poétique même, jouant le plus souvent avec le support de son choix, la grande assiette blanche et plate signée RAK : « J’aime voir l’assiette comme une feuille de papier où je peux m’exprimer librement ». Le charme agit, avec des clients qui en redemandent. Dans sa cuisine, la monotonie n’a d’ailleurs pas de place, créant et réinventant sans cesse chaque plat, au point de changer sa carte tous les mois. Les habitués apprécient, sans lassitude, avec cette sensation unique de ne jamais manger dans le même restaurant. À l’homme, discret, reste encore à connaître ses rêves, celui notamment de posséder son propre établissement pour y faire vivre sa cuisine. « Un lieu où je pourrais m’exprimer librement et accueillir un large public » précise-t-il, un lieu où, c’est certain, la cuisine serait plus que jamais à l’honneur… 22 HOTELS AROUND THE WORLD L’INTERCONTINENTAL DUBAI Confort et excellence gastronomique La chaîne hôtelière internationale InterContinental offre, à une clientèle cosmopolite, un établissement de grand standing, accueillant et soucieux d’une qualité gastronomique sans faille. L’architecture de l’hôtel 5 étoiles InterContinental Dubaï, érigé sur la rive ouest « Dubaï Creek », s’est inspirée de cette situation géographique en conférant, à sa tour la plus haute, un sommet anguleux en référence aux abras, petites embarcations-taxis locales, qui naviguent quotidiennement sur la mer du golfe Persique. L’établissement offre par ailleurs un accès direct au Festival City Mall, magnifique centre commercial, où les visiteurs prennent grand plaisir à se perdre dans ses dédales. Source : www.ihgdfc.com Hotels around the world - Perspectives 23 24 Chaleur et prévenance 25 nir cette sensation de bien-être. Dans cet esprit de quiétude et dans un cadre luxueux, le client est ensuite invité à s’abandonner et à se délasser dans une piscine extérieure, dont la cuve transparente est en suspens dans le vide, ou dans le spa dispensant des bains traitants, massages et autres soins relaxants. Hotels around the world - Perspectives A l’InterContinental Dubaï, l’accueil de la clientèle repose sur un unique credo: une attention dédiée, personnalisée et exceptionnelle. Chaque visiteur se doit d’être particulièrement comblé par les équipes de l’hôtel dès lors qu’il foule l’éclatant hall de marbre. Un en-cas composé de dattes et de café turc lui est servi afin qu’il se relaxe et profite d’une agréable première parenthèse de détente. Une chambre, confortable, classique, élégamment agencée ou une suite fastueuse et princière lui est ensuite proposée pour entrete- La restauration française à l’honneur Doté de quatre restaurants et de trois bars, l’InterContinental a placé son offre restauration et boissons au cœur des services premium fournis à sa clientèle. L’hôtel s’est adjoint les services du chef français renommé, Pierre Gagnaire, considéré par ses pairs comme le plus grand chef étoilé au monde. Son expertise, sa technicité et son génie gastronomique sont désormais au service du restaurant Reflets et de la pâtisserie Choix. Chez Reflets, dans un cadre baroque contrasté de teintes roses et violines, les convives profitent d’une cuisine moléculaire et avant-gardiste jouant sur la fusion. Pour les gourmands, friands de douceurs édulcorées, l’établissement Choix offre un large éventail de cafés, de thés et de pâtisseries réputées telles que les célèbres macarons. Place à la diversité avec les restaurants Terra Firma Steackhouse pour déguster une viande excellente et Anise pour les amoureux de gastronomie internationale. Les enseignes Vista Bar & Terrace, Eclipse Champagne Bar et le Pool Bar sont destinées à ceux qui souhaitent simplement partager des instants de convivialité autour d’un verre. Source : www.wikipedia.com Source : www.ihgdfc.com Source : www.wonderfulmachine.com 26 Interview Chef exécutif de la pâtisserie de l’Intercontinental Dubai Hotels around the world - Perspectives YANN LE COZ 27 De façon continue, nous surveillons le coût de chaque recette afin de pouvoir éventuellement l’adapter en conséquence dans notre processus de fabrication. L’après-midi, nous faisons le point sur les différentes opérations du déjeuner et après une réunion avec l’équipe food & beverage (restauration et boisson), je rejoins l’équipe boulangerie-pâtisserie dans sa cuisine dédiée. Après la session du dîner, je fais un point sur l’avancée de certains autres projets amorcés. Comment votre carrière vous a-t-elle menée à l’InterContinental Dubaï ? J’ai débuté ma carrière à l’âge de 14 ans, dans l’ouest de la France. Après 5 ans d’apprentissage en boulangerie-pâtisserie et mon diplôme en poche, je me suis établi dans différentes régions de France progressant au travers de collaborations diverses dans des restaurants étoilés Michelin, puis en charge de la gestion de la restauration de conférences, grands événements ou mariages à Jeddah, en Arabie Saoudite. Les 5 années suivantes, j’ai rejoint le Floating Apartment, the World of ResidenSea, un concept qui offre à une communauté résidentielle privée la possibilité de traverser le monde par voie maritime, tout en étant propriétaire de sa propre résidence à bord du navire de croisière. Cela m’a permis de découvrir différents parfums et saveurs à travers le globe. Par la suite, j’ai occupé le poste de chef instructeur à l’école culinaire de Singapour pendant quelques années et j’ai finalement intégré l’équipe du l’Intercontinental Dubaï en 2013. Quelles sont, selon vous, les qualités et aptitudes qui vous permettent, au jour le jour, de gérer au mieux votre équipe ? Œuvrer au sein d’une bonne équipe qui est suffisamment inspirée et captivée par son travail et ses challenges quotidiens est très important pour se développer et démontrer une certaine performance. Je travaille également beaucoup sur la délégation de tâches, sur la responsabilisation pour motiver, améliorer le partage de connaissances et guider efficacement les talents. Nous sommes une équipe et nous nous montrons toujours disponibles les uns pour les autres dans le but d’innover et mettre au point des créations qui reflètent le meilleur de nous-mêmes. Source : www.kannfinch.com Vous êtes aujourd’hui chef exécutif de la pâtisserie. Une position enviable ... Une fabuleuse nomination après tant d’années passées dans cette industrie. Je suis très fier d’opérer à l’InterContinental en tant que chef exécutif de la pâtisserie, au sein d’une grande et merveilleuse équipe de passionnés. Est-il finalement aisé de promouvoir des pâtisseries occidentales en Orient ? Oui, tout à fait. Les citoyens arabes y sont vraiment réceptifs. Ils sont amoureux des douceurs et sont très ouverts à la créativité, qu’elle joue sur les textures, les parfums ou les designs. A quoi ressemble une journée du chef Yann Le Coz ? Ma journée commence très tôt. Je rejoins mon équipe puis j’effectue une ronde de tous les établissements de l’Intercontinental Dubaï dans lesquels la pâtisserie joue un rôle important afin de m’assurer que tout est en place pour les heures à venir. Puis nous partageons notamment sur les différents défis à relever et nous nous chargeons des requêtes de dernière minute, en obtenant les autorisations nécessaires à la commande tardive de produits et ingrédients pour approvisionner, dans les temps, toutes nos enseignes. Source : www.holidaycheck.com Comment choisissez-vous les différentes pâtisseries proposées par tous les établissements de l’Intercontinental Dubaï ? Je consulte en permanence des livres professionnels rédigés par des chefs présents aux quatre coins du monde, dans un esprit d’apprentissage de leur art et de leurs intuitions. Après m’être imprégné de leurs styles, j’adapte mes connaissances et techniques pour proposer de nouvelles réalisations, tout en gardant en tête les préférences de notre clientèle. Justement, avez-vous carte blanche en termes d’innovations ? Oui, absolument. Nous nous essayons constamment à de nouveaux produits et desserts. Nous les présentons ensuite pour obtenir des retours constructifs et nécessaires afin de déterminer si nous réajustons, modifions ou conservons en l’état ces créations dans nos enseignes. Plus personnellement, quelles sont les pâtisseries que vous affectionnez particulièrement, tant dans leur réalisation que dans leur goût ? Je suis un grand amateur de chocolat, pour son histoire et sa complexité. J’aime l’effet qu’il produit sur les gens. Si vous prêtez attention, vous verrez un sourire s’esquisser sur leur visage dès qu’ils en consomment. On comprend immédiatement qu’à cet instant, ils sont heureux. La vaisselle tient-elle un rôle notable dans la présentation et la dégustation de la pâtisserie au sein de l’Intercontinental Dubaï ? Oui, énormément. Elle met en valeur les réalisations que nous préparons. La vaisselle est finalement tout aussi importante que nos desserts et la porcelaine RAK fait partie de nos marques favorites car elle est de très bonne qualité. 28 Hotels around the world - Perspectives 29 HOTELS AROUND THE WORLD LE TRUMP INTERNATIONAL GOLF LINKS Au cœur des merveilles bucoliques de l’Écosse Le Trump International Golf Links se dresse au cœur des grandioses dunes écossaises du nord, à 15min de la ville d’Aberdeen. Réputé, son parcours de golf de 18 trous sur 7km en fait un des lieux les plus courus par les joueurs experts comme novices. Source : www. pressandjournal.co.uk 30 Avec ces beautés naturelles dépaysantes et ces vastes étendues sauvages et isolées, la ville d’Aberdeen, située au nord-est de la Grande Bretagne, est un lieu touristique privilégié pour les voyageurs en quête de grands espaces exaltants et de sérénité bucolique. 31 Hotels around the world - Perspectives « Je suis à la fois fier et heureux de partager avec vous le Trump International Golf Links, dans le berceau du golf, en Écosse. Quand j’ai vu cette terre, j’ai été submergé par ces imposantes dunes et le littoral accidenté d’Aberdeenshire. Je n’avais jamais vu un tel paysage préservé et spectaculaire en bord de mer » se félicite Donald J.Trump, politicien et homme d’affaires américain, propriétaire du Trump International Golf Links. Le businessman, d’origine écossaise de par sa mère Mary MacLeod, est retombé amoureux de la terre de ses aïeux, souhaitant faire découvrir ses différents aspects aux visiteurs de son établissement. L’altier manoir & lodge MacLeod, élégant et rustique hôtel 5 étoiles, évoque les imposants châteaux et bâtisses en pierres grises de l’époque médiévale écossaise. Le mystère moyenâgeux qui s’en dégage est renforcé par ses passages secrets, ses feux de bois traditionnels, et son étourdissante cave à whisky. L’établissement est composé de spacieuses chambres deluxe, d’un bar feutré et intime, d’un restaurant et d’une brasserie. Bordé par une forêt abondante, le Trump International Golf Links offre un cadre de verdure relaxant, loin de la jungle urbaine. Source : www.pressandjournal.co.uk Source : www.pressandjournal.co.uk Le Manoir MacLeod “by night” Source : www.pressandjournal.co.uk Salle à manger du Manoir MacLeod L’un des plus beaux parcours de golf au monde Une restauration typiquement écossaise Hormis son idéale et somptueuse situation, le Trump International Golf Links séduit surtout pour son impressionnant parcours de golf de près de 7km, designé par le renommé Dr. Martin Hawtree, composé de deux boucles de 9 trous chacune. Chaque trou est accompagné de 6 différents tees pour pouvoir satisfaire tous les niveaux des joueurs. Les bunkers en gazon, revêtus d’un style traditionnel pour lutter contre le vent, le sable et l’érosion, sont placés de façon à répondre aux besoins de challenge des golfeurs expérimentés sans pour autant pénaliser les plus novices. Le Trump International Golf Links a désormais la réputation de compter parmi les incontournables parcours de golf à travers le monde, avec à chacune de ses 18 étapes, de merveilleuses vues panoramiques. La restauration du Trump International Golf Links est assurée par le MacLeod House Restaurant et la Brasserie. Le premier, piloté par le Chef Paul Whitecross, offre une gastronomie typiquement écossaise dans un cadre raffiné et cosy. A la carte, des recettes emblématiques telles que saumon orkney et langoustines sur purée de chou-fleur, romanesco et raisins croquants, queue de bœuf braisée à la truffe assortie d’une poêlée de surlonge, échalote et pommes duchesse ou poulet aux cèpes et à l’estragon, purée de champignons, accompagnés de croquettes poulet fumé aux pleurotes. De grands évènements mondiaux y sont régulièrement organisés tels que le futur « Men’s Handicap Amateur Competition » ou le championnat « Great Dunes of Scotland ». Pour les golfeurs souhaitant progresser et s’améliorer, un service de coaching professionnel, avec Christopher Campbell à sa tête, est proposé en cours individuels ou collectifs. Chaque jour de midi à 15H, un rituel moment thé et champagne est proposé avec plusieurs déclinaisons de thés et formules champagne agrémentées de canapés et de pâtisseries. La brasserie du clubhouse, de son côté, invite à travers ses larges et spectaculaires baies vitrées à la contemplation sur les dunes qui jalonnent le Trump International Golf Links. Des plats classiques y sont servis, composés de produits et ingrédients régionaux, tels que l’indétrônable Fish & Chips, des hamburgers, des poissons frais, des salades et des menus du jour. Avec son auguste cheminé, ses sièges en cuir et ses tables en bois de noyer, la brasserie offre un cadre de détente gracieux et sophistiqué. 32 TENDANCES CULINAIRES 33 Tendances culinaires - Perspectives LE CHOCOLAT Entre plaisir et raffinement Aliment noble et raffiné, s’il en est, le chocolat possède des vertus gustatives et nutritionnelles souvent associées à une dimension affective. Il se déguste en boisson, en accompagnement ou par pure gourmandise. Elevé au rang de l’art par des maîtres chocolatiers sous forme de sculptures éphémères, il devient la matière d’un design culinaire. Une image qui le rend pluriel et qui fait de plus en plus d’adeptes. Fèves de cacao Au quotidien, le chocolat est un produit « plaisir » souvent considéré comme un achat d’impulsion. Il connaît donc un succès considérable rendant sa consommation quasi incontournable. En France, 97 % de la population en consomme au moins une fois par semaine, quelle qu’en soit la forme, et 20 % craquent volontiers pour lui tous les jours ! En Suisse – premier pays consommateur au monde – on dépasse les 12 kg par an et par habitant ! Pourtant, l’histoire du chocolat en Europe demeure récente puisqu’elle débute avec l’arrivée des premières fèves à partir du XVIIe siècle. C’est en Amérique centrale que se situent les origines de cet aliment devenu précieux. À l’origine, un végétal : le cacaoyer. Avant même la consommation de masse de ses fèves, il était considéré comme « l’arbre des dieux ». Sa présence est aussi marquée dans la civilisation Maya. Les graines avaient alors une tout autre valeur, servant de monnaie d’échange. Sa consommation était, elle, réservée aux élites, limitée d’abord à la réalisation de boissons amères. Déjà, il lui était attribué des vertus thérapeutiques, notamment pour combattre la fatigue. Plusieurs étapes pour en faire un chocolat prêt à consommer À chaque région son cacaoyer. Si celui-ci pousse dans les zones chaudes, il compte différentes variétés avec des arômes plus ou moins prononcés. Trois grandes familles sont aujourd’hui principalement utilisées. Le processus de fabrication du chocolat, prêt à consommer, comprend différentes étapes qui ne sont pas sans rappeler la préparation du café. Ainsi, chaque fève est écabossée pour ne garder que les graines, avant les opérations de fermentation et de séchage. Ces phases sont essentielles, permettant de réduire de 60 % à 7 % le taux d’humidité et ainsi assurer son transport et sa conservation. Le Criollo, cultivé sur l’île de Madagascar et en Asie du Sud-est, dont les fèves donnent un chocolat particulièrement acidulé et clair. Le Forastero, présent en Afrique équatoriale, offre un arôme persistant en bouche, tout en étant plus épicé et plus boisé. Il représente 80 à 90 % de la production mondiale (la Côte d’Ivoire en est le premier producteur planétaire). Si vous en avez l’opportunité, n’hésitez pas à goûter le cacao du Surinam, une variété de Forastero très prisée. Enfin, le Trinitario est une variété hybride, résultat du croisement des deux précédentes variétés. Cultivé majoritairement au Brésil, aux Antilles et en Equateur, il possède de nombreuses variantes. L’une d’entre elles, l’Amelonado, est unique et peut parfois surprendre par ses tonalités de fumé. L’histoire moderne du chocolat en Europe Il faut attendre 1519 et la conquête du Mexique par Cortès pour voir débarquer sur le continent européen - en Espagne - ces petites graines si étranges. En France, les premières fèves sont introduites en 1615 à Bayonne, à l’occasion du mariage de l’infante espagnole Anne d’Autriche avec Louis XIII. Mais, c’est sous le règne de Louis XIV que le chocolat arrive véritablement à la cour de Versailles, entrant dans les habitudes de consommation sous forme de boisson. La révolution industrielle permet la transformation du cacao vers de nouveaux types de consommation qui amorcent sa progressive démocratisation pour le rendre disponible au plus grand nombre. Au XIXe siècle apparaissent les premières fabriques avec déjà de grands noms de l’industrie chocolatière : Lindt, 34 35 Tendances culinaires - Perspectives Trois grandes familles de fèves pour des chocolats d’exception La torréfaction permet de libérer les arômes requis selon la durée et la température choisies, le broyage venant terminer ce processus pour obtenir les éclats si convoités. Le travail en chocolaterie peut alors commencer pour donner toute sa force au chocolat avec des mélanges qui sont principalement le beurre de cacao, le sucre, le lait… A chacun son savoir faire. Crus et classification Van Houten ou encore Cemoi. En 1821, le chocolatier anglais Cadbury produit la première version à croquer, tandis que le chocolat en poudre est créé en 1828 avec une recette mise au point dans les usines Van Houten. Deux autres dates marquent son évolution en Europe : l’invention du chocolat aux noisettes en 1830 et la commercialisation de la première tablette de chocolat en 1847. Le marché asiatique ne s‘est intéressé au chocolat que très récemment, mais ces nouveaux amoureux sont vite devenus des inconditionnels des pépites, poudres, barres et autres fondants, au point de faire courir le bruit d’une possible pénurie dans les prochaines années… La Chine a doublé sa consommation de chocolat depuis 2010. Il existe une classification particulière selon les différentes qualités. Les chocolats d’origine sont produits à partir d’un cacao issu d’un seul pays. Les chocolats de crus sont le fruit d’une seule région, voire d’une seule plantation. Les chocolats grands crus – les plus onéreux – proposent un arôme unique de qualité supérieure. Chaque réalisation se répartit aussi entre le chocolat noir ou amer, contenant au moins 35 % de cacao, le chocolat au lait, intégrant du lait en poudre, et le chocolat blanc, réalisé uniquement à base de beurre de cacao. Le chocolat de couverture est, quant à lui, l’apanage des grands chocolatiers. C’est lui qui donne vie à leurs créations singulières et éphémères. Composé à 32 % de beurre de cacao, il présente une texture beaucoup plus f luide permettant la réalisation d’enrobages fins. 36 37 La France, et plus généralement les pays latins, ont su rapidement tirer profit de cette saveur exotique en l’incorporant à de nombreuses recettes. Car les mariages possibles sont nombreux; il suffit d’un peu d’imagination. Recette traditionnelle mexicaine, le poulet à la sauce mole est réalisé à base de chocolat. On peut se laisser tenter par un civet de lapin au cacao ou un foie gras poêlé au chocolat. En Italie, la poudre de cacao est présente dans certaines farces de raviolis, dans la sauce des pâtes mais également dans la composition de plats plus élaborés comme le Vitello Brasato (veau braisé cuit avec du vin Barolo). © Restaurant plato - Atlantis Dubai De grands noms du chocolat Parmi les plus grands chocolatiers au monde figurent les maisons Teuscher en Suisse, Jacques Torres Chocolate aux États-Unis, Godiva en Belgique, Valrhona et Richart, tous deux implantés en France. Les amateurs vous le diront, le bon chocolat se trouve surtout dans les boutiques des maîtres chocolatiers. Ces artisans, véritables créateurs et artistes, associent l’esthétique au goût à travers leurs réalisations uniques où l’imaginaire s’invite avec subtilité au délice : Jean-Paul Hévin, Patrick Roger, Jacques Genin, … En boisson ou à cuisiner, offrez-vous les meilleures dégustations Une dégustation de ce trésor de finesse en boisson chocolatée est fortement conseillée. Les établissements les plus courus par les aficionados pour un bon chocolat sont les cafés d’Oaxaca au Mexique. Moussu à souhait, il associe des parfums de vanille, de cannelle ou d’amande dans des compositions nommées Tejate ou Champurrado. À Turin, en Italie, le Bicerin est incontournable et unique, mélange de chocolat, de café et de crème fouettée. Enfin, Bayonne, en France, demeure l’une des capitales du chocolat avec des dégustations obligées dans chacune des chocolateries de la ville. Il convient alors d’y associer l’art de la présentation avec un service dans des ensembles de porcelaine fine qui contribuent au partage. La fontaine à chocolat en est l’un des ustensiles, simple, intrigante et poussant à la gourmandise. Il en est de même des services à fondue au chocolat ou des tasses, toujours larges afin de distiller les arômes à la perfection. Des chefs amoureux du chocolat Les chefs lui vouent une attention toute particulière. Alain Ducasse a ouvert, à Paris, la Manufacture du chocolat et des comptoirs où sont proposées ses propres créations. Le très médiatique chef écossais, Gordon Ramsay, a revisité de grands classiques de desserts tels que le fondant au chocolat, la mousse ou encore les truffes chocolat menthe. Pierre Gagnaire, sans doute le plus grand chef étoilé au monde, propose un merveilleux « Biscuit soufflé, crus de chocolat ». La liste est longue et non exhaustive ! Tendances culinaires - Perspectives Pour les amateurs de chocolat en cuisine, les recettes sont elles aussi au rendez-vous, où le traditionnel côtoie, avec audace, l’originalité. Le cacao n’est pas naturellement sucré, il peut donc être utilisé comme épice pour colorer, relever les arômes et enrichir les saveurs des plats. Ne supportant pas de longues cuissons, il est généralement ajouté en fin de préparation sous forme de poudre ou de carreaux de chocolat amer. Les viandes blanches, les gibiers, les fruits de mer, les pâtes, les légumes, le pain, le vin, les agrumes, … Tous succombent à son charme voluptueux. Le chocolat offre un moment de délectation unique, seul ou à partager autour d’une bonne table. Il est aussi marqué par une tradition de fabrication liée à chaque pays. Ne pensez donc pas déguster le même chocolat en France, en Suisse, en Espagne, en Belgique, en Italie ou au Mexique. Chacun proposant des tonalités particulières, des recettes typiques, des façons de travailler, de tempérer, de distinguer, de sublimer le chocolat. L’occasion de réaliser votre propre route du cacao au fil de voyages gastronomiques. Vin et cacao se complètent parfaitement et cette alliance idéale sublime souvent la base de sauces qui accompagnent à merveille sangliers, biches ou pintades. A noter que la finesse du cacao prend le pas sur l’acidité possible des sauces au vin. Enfin, une simple vinaigrette composée de citron, d’huile d’olive et de cacao donne aux salades un teint nouveau, légèrement halé, et enchante les palais. © Restaurant Ronda Locatelli - Atlantis Dubai Tiramisu au chocolat 38 Interview 39 RAK around the world - Perspectives FRANÇOISE BOEUR GRAPHIC DESIGNER CHEZ RAK PORCELAIN “Mon parcours est essentiellement artistique, le dessin était véritablement ma vocation.” Nous avons rencontré Françoise Boeur, «Graphic Designer» qui nous a parlé de son travail, de ses passions, des facettes qui sont intimement mêlées. Si la dimension artistique peut s’exprimer dans le cadre professionnel comme dans le cadre privé, Françoise Boeur en est le parfait exemple et c’est ce qu’elle nous a fait découvrir. Pouvez-vous nous parler de votre fonction Chez RAK Porcelain? Je suis graphic designer, chez RAK Porcelain depuis 5 ans et je m’occupe essentiellement de la personnalisation des décors pour nos clients qui souhaitent donner une identité particulière à la collection qu’ils ont choisi. Ainsi, lorsqu’un client souhaite un décor, il s’agit tout d’abord de définir ses souhaits, les éléments graphiques importants qui lui semblent nécessaires à la mise en valeur de son identité. Dans la plupart des cas, c’est le commercial qui nous informe d’un nouveau projet. C’est donc à travers ce qu’il me rapporte que je peux percevoir les attentes du client. Bien sûr, le commercial essaie d’être le plus précis possible, mais pour mieux approcher le projet, je recueille le maximum d’informations sur l’établissement. Je recherche des photos de l’intérieur du restaurant, j’essaye de ressentir l’ambiance. Le fait que le client se situe à la mer ou à la montagne est un facteur important. Dans tous les cas, il est vraiment nécessaire de s’imprégner le plus possible de l’univers de l’établissement. Ce travail de recherche effectué, je peux commencer à créer et élaborer différentes propositions. Le nombre de maquettes varie selon les cas car de nombreux échanges avec le client peuvent être nécessaires pour aboutir à un résultat qui le satisfasse. Dans mon processus de création je donne la priorité aux assiettes, élément principal du service, le plus évident avant de décliner les autres pièces de la collection. La mise au net, qui est la dernière étape avant la production requiert une grande attention et une grande précision. Il est très important de vérifier tous les éléments du décor, l’ensemble des caractéristiques techniques qui font que l’usine pourra travailler avec des fichiers impeccables. Ensuite, l’usine peut préparer l’échantillon et me le renvoyer. A cette étape, je vérifie la pertinence des couleurs, le rendu des différents éléments graphiques et typographiques. Si cela est nécessaire nous effectuons les éventuelles corrections jusqu’à l’échantillon final, c’est-à-dire le « bon à tirer ». Quel a été votre parcours avant d’arriver chez RAK? Mon parcours est essentiellement artistique, le dessin était véritablement ma vocation. J’ai fait des études de régente en arts plastiques, c’est-à-dire professeur de dessin. Pour avoir mon diplôme, je devais faire un mémoire de fin d’études et j’ai choisi de le faire avec comme sujet la gravure sur arme. Comme j’étais à Liège, j’étais bien placé pour suivre les cours à l’Ecole Léon MIgnon (B) et faire un stage à Herstal (Fabrique Nationale d’Armes en Belgique). C’est une discipline passionnante, ce qui m’a conduit à la pratiquer pendant deux années et ainsi me perfectionner. Je me disais alors: « pourquoi ne pas devenir graveur? ». J’ai réalisé quelques gravures, notamment pour mon père qui est chasseur et de plus, armurier, un environnement idéal pour ce type de créations. Parallèlement, je travaillais comme éducatrice dans les écoles quand j’ai eu l’opportunité d’un emploi chez Villeroy et Boch, à Luxembourg. C’est là que j’ai commencé à travailler sur les décors spéciaux pour l’hôtellerie et pour la gamme ménagère. “Mug” pour Hotel Astrid Collection personnalisée pour l’Hôtel Victory à Munich Gravure sur arme 40 Si vous n’aviez pas fait du design qu’auriez-vous aimé faire? J’aurais fait le conservatoire de musique. Je joue de la guitare classique. J’avais fait solfège, cours de guitare...mais il y a toujours un moment où il faut choisir. Mais, ma guitare est toujours là et de temps en temps, je la ressors. Encore un domaine artistique.... En dehors de votre activité professionnelle, qu’aimez-vous faire? Je continue à dessiner. Je dois préciser que lorsque j’ai commencé, tout se faisait à la main. Toutes mes Personalisation pour “Le mas valentine” Qu’est-ce qui vous fait plaisir dans ce métier? La dimension créative et la diversité des projets. Chaque projet est une nouvelle recherche, un nouveau voyage. L’exemple le plus marquant est le projet que j’avais fait pour l’Hôtel Victory à Munich, projet pour lequel je devais illustrer la bataille de Trafalgar. Pour pouvoir raconter cette histoire, j’ai dû faire des recherches sur cette bataille, retrouver les modèles des navires, la situation géographique et les stratégies. « Une fois le tableau d’ensemble dressé, il faut raconter l’histoire ». La difficulté principale, c’est que justement ce n’est pas un tableau au sens pictural. Une assiette est faite pour que l’on mange, je devais donc tenir compte de l’harmonie des couleurs, faire en sorte que le décor ne soit pas dominant. Il s’agit de trouver l’équilibre, l’harmonie, entre le contenu et le contenant. « C’est à chaque fois un nouveau voyage, une nouvelle exploration ». J’ai en mémoire un autre décor particulièrement intéressant à réaliser car il présentait une autre forme de complexité. « Le Mas Valentine », dans le sud de la France. La propriétaire de l’établissement nous avait sollicités pour un décor basé sur un tissu provençal ancien qu’elle avait en sa possession. De l’extérieur cela pourrait paraître simple, mais compte-tenu des couleurs chaudes et des motifs traditionnels provençaux, il y avait un véritable challenge à le transposer sur la collection et le mettre au goût du jour, sans perdre l’origine traditionnelle. Par dessus tout, ce qui me fait plaisir, c’est que le client achète, et qu’il soit satisfait. Par ailleurs, je dois dire que c’est valorisant de savoir que cette création va s’intégrer dans un restaurant, qu’elle va vivre au quotidien avec les clients de l’établissement, que ce soit dans le sud de la France, en Allemagne ou en Norvège. « C’est ma création qui voyage ». créations se faisaient au pinceau, crayon, aquarelle, pastels et tout était sur papier. Il est clair qu’à l’époque on avait plus de temps pour la création et ce, simplement parce qu’il en fallait plus. Je pouvais disposer de trois semaines voire un mois pour une création. L’évolution technologique m’a conduite à passer sur ordinateur et je dois avouer que cela n’a pas été simple, mais la période d’adaptation passée j’ai pu apprécier les qualités de cet outil. Qu’est-ce qui fait que RAK Porcelain est une société «spéciale»? C’est une entreprise jeune, avec une équipe motivée. Toutes les personnes qui travaillent ici sont audacieuses, on sent véritablement la volonté de tous à avancer. C’est un environnement où la recherche de nouveauté, de nouvelles formes, de nouvelles structures, de nouvelles collections toujours différentes est permanente, ce qui est très stimulant. En dix ans, car cette année nous fêtons nos dix ans d’existence, notre société a fortement évolué et ce, grâce à un dynamisme omniprésent et grâce à l’expérience de notre directeur que je connais depuis longtemps car il travaillait également chez Villeroy et Boch. Il a un remarquable parcours et une grande expérience, ce qui a certainement contribué à cette évolution si rapide. C’est une société dans laquelle je me sens bien, nous progressons chaque jour car il y a un véritable esprit d’innovation. C’est une entreprise en mouvement positif permanent. J’ai quand même conservé la pratique des pinceaux et des crayons en continuant à faire des dessins animaliers. Ce style de dessin est vraiment passionnant en raison de sa technicité, de la finesse nécessaire du trait qui permet d’arriver à un résultat hyperréaliste. Une spécialité dans laquelle il ne faut pas compter les heures mais qui procure une grande satisfaction car elle me permet non seulement de retrouver la sensation que procure le dessin, mais également d’entretenir et de continuer à développer ma sensibilité artistique. Même dans mon métier ces techniques jouent encore un rôle, car lorsque l’on me demande des effets aquarellés, une corbeille de fruit par exemple, je préfère peindre la composition ensuite, je la scanne et je la retravaille sur ordinateur. Collection personnalisée pour “Chez Gilbert” RAK around the world - Perspectives 41 42 RAK AROUND THE WORLD MONDE ARABE Un art vieux de plusieurs millénaires Née au Proche-Orient, la céramique fait aujourd’hui partie du quotidien de chaque citoyen du monde. Retour sur un art né il y a plus de 8500 ans et qui, patiemment et méticuleusement, s’est enrichi et développé au cours de l’évolution et des conquêtes des peuples. RAK around the world - Perspectives LA CÉRAMIQUE DANS LE 43 Si la Chine est régulièrement citée dans l’histoire ancestrale de la céramique avec la découverte de vestiges datant de 2600 avant J.-C, les premières traces se révèlent en réalité, au Proche-Orient, bien plus antérieures. Apparition des premières céramiques en Anatolie et Mésopotamie C’est entre 6500 et 5700 avant J.-C, qu’ont été retrouvées sur le site de Çatal Hüyük, en Anatolie (Turquie actuelle), des statuettes en terre cuite, parmi lesquelles des oeuvres colorées d’ocre et de rouge sur engobe blanc, et des poteries monochromatiques dans des teintes de beige, gris clair, jaune pâle et rouge brique. Ces compositions étaient alors formées au colombin (boudin de pâte molle servant à façonner les céramiques avant l’apparition du tour), lissées à la palette puis polies, avant d’être ciselées de lignes horizontales sommaires. Quelques années plus tard, d’autres poteries plus techniques et stylistiques présentant des motifs imprimés sont identifiées en Syrie. En parallèle, au Néolithique en Mésopotamie (Irak actuel), sur les territoires de Hassuna, entre 6500 et 6000 avant J.-C, et Samarra, entre 6200 et 5700 avant J.-C, apparaissent des figurines plus esthétiques, de couleurs brunes, noires ou rouges sur un fond jaune clair. Affinement des oeuvres chez les Perses et les Egyptiens Les poteries deviennent plus délicates lors de l’apogée de la civilisation d’Obeid, peu de temps après la création du tour au IVème millénaire avant J.-C. Les Perses (Iraniens actuels) créent un centre de fabrication où sont massivement produits des coupes et des vases à boire en argile fine. Les instruments, révélant un engobe jaune et vert, sont gravés de formes d’animaux, d’oiseaux, de plantes et de figures géométriques. Carreaux de céramique turques La céramique s’affine encore davantage sous l’influence des Egyptiens. Ils réalisent, sur des créations de couleur sombre mais distinguées, des décors esquissés à la corde. Les pièces qui leur succèdent démontrent encore plus d’élégance avec des ornements animaliers ou géométriques sur fonds bruns, jaunes pâles ou rouges. La majestueuse Egypte des pharaons se différencie par son savoir-faire avant-gardiste en matière de faïence. Montées en – 2 000 avant J.-C, les glaçures des premières poteries siliceuses (à base de quartz) sont identifiables grâce à leurs célèbres contrastes vitreux bleus et verts. Les mêmes techniques sont ensuite employées pour réaliser des bijoux, des coupes, des figurines funéraires, des perles en faïence ou encore des scarabées. Apparition de la poterie vernissée La technique du vernissage arrive dans l’art céramique arabe à partir de – 1 500 avant J.-C. Au-delà de la poterie, les Mésopotamiens s’attachent, telle que l’intronise une tradition vieille de deux siècles, à soigner leurs revêtements muraux. Les briques des colonnes, façades et niches des palais ou des temples, jusqu’alors recouvertes de terre cuite ou de mosaïques géométriques à partir de clous d’argile colorés, deviennent vernissées. A Khorsabad, entre -722 et -705 avant J.-C, lors du règne de Sargon II d’Assyrie, des défilés d’animaux sont imprimés dans les briques vernissées de l’entrée d’un temple. Un procédé qui atteint son raffinement à Babylone au VIème siècle avant J.-C où une auguste et somptueuse frise représentant plus de 700 dragons, lions et taureaux sculptés est réalisée à partir de glaçures blanches, brunes foncées et jaunes sur un fond bleu et bleu-vert. Dans la salle du trône du palais, la façade rayonne, des lotus en fleurs et des palmiers de céramique vernie s’enroulent subtilement autour des colonnades et la puissance de l’empire est magnifiée dans les multiples panneaux ornés de fauves. 44 Naissance de la porcelaine arabe 45 savoir-faire artisanaux locaux. La technique de couverture stannifère permet d’obtenir une poterie d’un blanc profond (glaçure plombeuse plus oxyde d’étain), qui dissimule la couleur naturelle et brute de l’objet. Avant une seconde cuisson à basse température dans un four à atmosphère réductrice, les ornements sont effectués via des pigments émaillés. RAK around the world - Perspectives Les premières traces de porcelaine émergent dans le monde arabe au XIIème et XIIIème siècles par le biais de la dynastie des Seldjoukides qui règnent sur l’Asie mineure, l’Irak, l’Iran et la Syrie. Il ne s’agit pas alors de véritable porcelaine mais de poteries imitant les œuvres chinoises. Les artisans musulmans donnent parallèlement naissance au minaï, poterie émaillée qui contrefait le raffinement des manuscrits enluminés. C’est à cette époque qu’apparaît le fameux vernis bleu cobalt qui deviendra particulièrement populaire quelques siècles plus tard avec l’émergence des céramiques bleues et blanches en Asie et en Europe. Aujourd’hui démocratisée, la céramique s’invite au sein de chaque restaurant, de chaque foyer. Une magnifique tradition vieille de 8500 ans dont le long chemin artistique, jonché d’étapes créatrices, est parti de l’Anatolie pour un tour du monde qui enchante jusqu’à nos tables contemporaines. Aux XVIème et XVIIème siècle, les exportations de poteries arabes vers l’Europe et l’Extrême-Orient se multiplient, deux territoires particulièrement friands des œuvres aux décors gravés sur blanc translucide de Gombroon (Iran), ainsi que des créations persanes colorées par l’oxyde de cuivre, lustrées ou peintes en polychromes. L’influence de la céramique arabe en Europe Pot en faïence La céramique arabe médiévale De 661 à 750 de notre ère, les potiers de la dynastie des Omeyyades instrumentalisent les différentes techniques qui font le succès de l’art céramique au ProcheOrient : l’égyptienne, poterie siliceuse à fritte ornée de glaçures bleues et vertes, les poteries iranienne, mésopotamienne et syrienne à glaçure alcaline ainsi que la poterie byzantine à couverte plombifère. Les artisans ne manquent également pas de s’appuyer sur les savoir-faire chinois tels que le grès de la période Tang et les poteries blanches Song et Ming. Bercés et stimulés par ces multiples influences, les potiers arabes sous la dynastie des Abbassides développent un style qui leur est propre. Sont alors fabriqués deux types d’œuvres : des poteries mates imprimées de figures estampées ou moulées en relief ou gravées sur engobe (sgraffite) et des créations représentant des motifs floraux ou laissant apparaître des inscriptions sur un émail blanc et opaque. Les artistes arabes se distinguent également par le biais de la céramique lustrée. Un procédé qui implique une couverture stannifère blanche et opaque cuite à deux reprises, et peinte par des pigments métalliques entre les deux passages au four à atmosphère réductrice. La céramique lustrée scintille ainsi de reflets métalliques bronzes, jaunes ou rouges. Un travail artistique qui séduit les potiers arabes issus de l’Irak, et qu’ils emporteront avec eux lors de leur implantation à l’ouest du monde arabo-musulman. La même technique finit également par arriver en Europe, via l’Espagne, lors de l’invasion de la péninsule ibérique par les Maures. L’Espagne, après avoir été conquise par les Maures, est particulièrement influencée par l’art céramique arabe. Produites dans la région de Valence, les premières poteries hispano-mauresques puisent directement leur inspiration dans les œuvres émaillées et lustrées du monde islamique. Exportées depuis l’île de Majorque, ces fabrications, très appréciées en Italie (également occupée par les arabes au XIIème siècle), donneront naissance à la majolique, la célèbre céramique italienne de la Renaissance. Au XVème siècle, la fabrication de la majolique prend de l’ampleur avec le développement de la peinture sur couverture transparente. De nouvelles teintes émergent : différents contrastes de bleu et de vert, du orange, du turquoise, du noir ou encore du violet brun. Un second émail vient parfois donner plus d’éclat aux œuvres, qui peuvent être agrémentées de motifs moulés en relief. A partir de 1600, la poterie française à glaçure stannifère inspirée des majoliques italiennes prend officiellement le nom de « faïence » et conquière l’intégralité de l’Europe, se développant spécifiquement en fonction des créativités et Dome d’un bain public traditionnel 46 S’appuyant sur deux mots forts que sont élégance et passion, quatre jeunes chefs, Thomas Letherbarrow en tête, mais aussi Thomas Charles Mathiassen, Elliott Mcmillan et Laura Aylott rencontrent un engouement prometteur. Une amorce de succès, à la hauteur de leur implication dans cette aventure, qui prend source dans un savoir-faire acquis auprès de chefs renommés. Une philosophie inspirée par une rencontre PORTRAIT D’UN CHEF THOMAS LETHERBARROW l’enchanteur de desserts Après seulement quelques mois d’existence et positionné sur un secteur niche, Pastry Development rencontre un succès loin d’être anodin. Porté par les changements de comportements et les attentes des consommateurs et des professionnels du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, Thomas Letherbarrow - son fondateur - donne toute sa place à la création de desserts sur-mesure. Ces chefs étoilés, Thomas Letherbarrow les a croisés tout au long de son parcours. Jeune chef passionné et investi, il débute ses études à Colchester (RoyaumeUni) à l’âge de 15 ans. Sa rencontre avec le chef étoilé Michelin, Jason Atherton, va être déterminante. Elle lui permet de développer sa passion mais également de forger son expérience, lui donnant un point d’appui solide pour créer sa propre entreprise. « Travailler avec Jason Atherton sous la direction de Cary Docherty à Litlle Restaurant à Londres, représente un des virages les plus rapides et les plus importants de toute ma carrière. Jason Atherton est une grande source d’inspiration pour moi. Je lui serai toujours reconnaissant pour ce qu’il m’a transmis et enseigné». Quand le sur-mesure s’invite à l’heure du dessert Spécialisé dans la conception et la création de desserts sur-mesure, Pastry Development voit donc le jour en mai 2015. Cette toute jeune société entend multiplier les expériences culinaires comptant parmi ses clients des chefs, des restaurateurs ou des hôteliers souhaitant enrichir leurs cartes de desserts ou tout simplement en mal d’idées pour faire la différence. Avec son équipe, Thomas Letherbarrow propose et imagine des créations de saison, pétillantes et raffinées, tout en respectant l’image et l’esprit de l’établissement qui fait appel à ses services. Une seconde catégorie de sa clientèle permet aussi au jeune chef de s’exprimer pleinement, au travers de nouveaux desserts sculptés de sa main, lors de réception pour des particuliers, des célébrités mais également pour des repas d’entreprise ou des festivals. Des challenges journaliers qui ne manquent pas d’enchanter l’équipe, friande de défis et toujours en quête de susciter l’étonnement et la satisfaction. 47 Portrait d’un chef - Perspectives Mettre à profit des expériences de grande qualité au service des nouvelles tendances résume assez bien l’esprit dans lequel a été créé Pastry Development. THOMAS LETHERBARROW Plus qu’une passion, une veritable vocation. En perpétuelle ébullition, Thomas Letherbarrow, vit sa passion à 100 à l’heure. Sa profession est au cœur de son quotidien, sachant mettre à profit chaque rencontre et opportunité qui lui sont données de vivre. Cravacher, avoir du flair, apprendre, s’améliorer et sublimer sont les mots d’ordre de ce jeune chef pâtissier. Pour évoquer ses passions, Thomas choisit une fin d’après-midi à Copenhague où il travaille quelques jours avec un chef boulanger remarquable. L’occasion pour lui de revenir sur son parcours et de partager avec « Perspectives RAK » les raisons qui ont fait de la pâtisserie sa vocation ainsi que ses projets futurs. Vous pouvez vous targuer d’un parcours professionnel de haut niveau et riche en expériences. Quelles ont été les étapes marquantes de votre carrière ? J’ai toujours été un travailleur acharné, visant de hauts objectifs avec une réelle ambition. J’ai eu l’opportunité de vivre plusieurs expériences d’exception dont j’ai tiré un véritable enseignement. Travailler avec Jason Atherton sous la direction de Cary Docherty à Little Restaurant à Londres, représente un des virages les plus rapides et les plus importants de toute ma carrière. Remporter le Callebaut U22’s Chocolate Innovation Challenge, puis voyager au Ghana afin d’étudier les processus de fabrication du chocolat ou encore travailler au sein de cette communauté, a été une véritable révélation pour moi. Une expérience extrêmement formatrice que je n’oublierai jamais. Faire partie de l’équipe de Tom Aikens était un rêve personnel. Après avoir étudié ses livres et les plats qu’il créait, je voulais être capable de dire un jour «Je l’ai fait !». Enfin, l’opportunité de collaborer, au Danemark, aux côtés de Thomas Charles Mathiassen chez Meyers Bakery m’a beaucoup appris notamment cet art authentique du pain danois et des pâtisseries locales. Thomas et moi avons décidé d’unir nos compétences et expériences et travaillons dorénavant l’un à côté de l’autre dans les domaines du conseil et du développement. Quels sont les points clefs de votre parcours qui vous ont permis de vous orienter vers votre poste de Development Chef chez Pastry Developement ? Apres avoir travaillé pour des restaurants étoilés ou situés en dehors de Londres comme chef pâtissier, certains de mes amis chefs ayant vu mon travail m’ont demandé si je souhaitais les rejoindre au sein de leur équipe parce qu’ils étaient sous staffés ou voulaient modifier le menu du restaurant dans lequel ils venaient d’être embauchés. J’ai réellement apprécié cette façon de travailler tout autant que la liberté de créer en m’appuyant sur mes propres compétences afin de designer quelque chose d’unique. C’est alors que j’ai décidé d’ouvrir Pastry Development me concentrant ainsi sur le chemin que je voulais réellement donner à ma carrière. Comment vous est-il venu l’idée de créer Pastry Developement ? Je me suis lancé il y a quelques mois en m’appuyant sur mes expériences au sein de restaurants étoilés du guide Michelin et mes collaborations avec des chefs exceptionnels. J’ai senti, au fil de ce vécu, qu’un créneau potentiel et émergeant n’était pas encore exploité. Bien sûr, il existe des entreprises spécialisées dans la pâtisserie mais elles ne produisent pas pour la même clientèle. Ces sociétés ne répondent pas aux demandes des soirées et événements privés. Elles ciblent principalement les restaurants plutôt que les hôtels ou les bars. Je voue une passion à la pâtisserie ou toute chose sucrée, et j’affectionne cette faculté d’adaptation créatrice où les techniques potentiellement existantes ne demandent qu’à être explorées. Lorsque j’ai créé Pastry Development j’ai pensé à ce que je ressentais lorsque j’inventais un dessert, à ma propre signature de designer et créateur pâtissier, donnant ainsi naissance au slogan «Designé avec flair, crée avec passion». Cela traduit parfaitement mon ambition qui est de faire ressentir à mes clients l’esprit dans lequel mes équipes et moi-même travaillons. Comment se déroule une de vos journées type ? Pour être tout à fait franc mes journées ne se ressemblent pas. De manière générale mes occupations quotidiennes consistent à rechercher de nouveaux styles, des textures ou des techniques au travers desquelles je pourrais marquer de mon empreinte mes prochaines créations. Je prospecte de nouveaux clients, je rencontre des restaurateurs et des managers partageant avec eux des idées concernant leurs prochains menus. Je travaille toujours dans un esprit d’apprentissage et d’amélioration perpétuelle. Je suis d’ailleurs actuellement à Copenhague avec Thomas Charles Mathiassen. J’y acquiers les rouages de la pâtisserie danoise tout en participant à la production quotidienne de pain dans l’établissement de Thomas. J’y apprends énormément et je diffuserai cet enseignement à mes équipes lors de mon retour en Angleterre. Le service sur-mesure que vous offrez exige une capacité d’adaptation à toute épreuve. Comment gérez-vous cet esprit caméléon ? La formation constante des équipes, les niveaux de compétence, la concentration et un excellent environnement de travail sont les quatre éléments qui rendent cela possible. Chacun d’entre nous s’engage à travailler au meilleur de ses capacités. Mon équipe à Copenhague est un véritable mix d’expériences et celle basée en Angleterre l’est tout autant. Quoiqu’il en soit nous apprenons tous les uns des autres et travaillons très bien ensemble. Vous gérez admirablement le contenu de l’assiette mais qu’en est-il de la vaisselle utilisée pour mettre en valeur vos créations ? La vaisselle que je choisis pour mettre mes créations en valeur sont non seulement mon idée mais aussi celle de mon équipe. Lorsque je sélectionne les assiettes dans lesquelles je vais présenter mes des- serts, je passe en revue divers aspects dont le style, l’élégance, le design, la combinaison et le nombre d’éléments à placer ou encore le concept de la vaisselle en lui-même. Je me trouve parfois trop critique mais je pense aussi qu’il est nécessaire, au travers de la vaisselle choisie, de rappeler à nos clients combien nous sommes adaptables pour répondre parfaitement à leurs besoins et attentes. Voyez-vous les attentes de vos clientèles évoluer ? Et comment envisagez-vous l’avenir ? Lorsque j’ai entrepris d’ouvrir Pastry Development, nous n’avions que quelques rendez-vous. Aujourd’hui, force est de constater que nous enregistrons une croissance exponentielle. Nous avons une liste d’attente qui ne cesse de s’accroitre pour les workshops et différentes manifestations. Les festivals sont également très demandeurs. Nous avons enfin la chance de pouvoir compter sur la fidélité de nos tous premiers clients. Quant au futur, les objectifs premiers ne changent pas : la qualité du service et son caractère unique. Sont également au programme en 2016, l’ouverture d’un atelier cuisine et d’un hub (concentrateur d’idées ou lieu de réflexion en groupe) à Londres, mais aussi le développement de notre clientèle en dehors des frontières du Royaume-Uni, sans compter les démonstrations culinaires dans des écoles à travers le pays ainsi que des salons. Je suis particulièrement impatient de vivre ces événements et de découvrir de nouvelles compétences et connaissances qui se présenteront sur mon chemin afin de les faire fructifier. 48 49 Portrait d’un chef - Perspectives Interview 50 RAK around the world - Perspectives 51 © Stéphane Leger RAK AROUND THE WORLD MATTHIEU CELLARD Photographe gastronomique ! Matthieu Cellard est certes photographe, c’est aussi une véritable personnalité. Après 22 ans « d’images » ainsi qu’il le dit, il manifeste un enthousiasme communicatif lorsqu’il parle de son métier, de ses rencontres et du monde de la gastronomie qu’il fréquente depuis 13 ans. 52 Noie de St Jacques Vous est-il arrivé de faire des suggestions de dressage à un Chef? Lorsque l’on est dans la composition avec le Chef, il arrive que le travail devienne commun et que l’on fasse, ensemble, évoluer sa manière de faire. Aujourd’hui certaines assiettes sont dressées de la même façon qu’elles l’ont été pour les prises de vues. C’est un plaisir que de le voir. Bien sûr, Avec un père créateur d’un laboratoire photo professionnel et une mère styliste photo, le capital génétique était au rendez-vous. Après un détour en cuisine, plusieurs stages dans des restaurants étoilés et dans un « bouchon lyonnais » il se lance dans la photographie. En 10 ans de studio il va acquérir une solide expérience. La conjonction de ces deux univers lui permet d’exprimer son amour pour la cuisine, les produits, et ce qui est au cœur de tout, l’être humain. Matthieu Cellard, pourquoi avoir choisi cette spécialité? Mon expérience en studio m’a permis beaucoup travailler la technique, j’étais dans une grosse structure et j’ai ressenti le besoin d’explorer une autre voie, celle de l’indépendance. Le choix du monde culinaire s’est imposé presque naturellement. Et comme cela arrive souvent, les ren- 53 cet apport n’est pas possible avec tous les Chefs, avec certains il n’ y a aucun échange. L’assiette est dressée, il dit ce qu’il veut, je fais la prise de vue et…je pars. Je dois avouer que c’est un peu frustrant car cela ressemble à un exercice de style, mais en même temps, la diversité des personnalités est enrichissante. Vous avez collaboré à différents livres, toujours dans le monde culinaire. Qu’en avezvous tiré comme expérience? Comme à chaque fois et c’est la magie de mon métier, c’est à chaque fois une aventure humaine. Travailler sur un livre, ce n’est pas travailler seul. C’est une mise en commun d’expériences, de compétences. C’est un mélange de rédaction, de compétence graphique, d’un Chef et de son équipe et d’un éditeur. Pour ce qui me concerne, cela peut être un mois d’immersion dans un établissement, être là, sans l’être, à saisir des moments, des ambiances et puis une partie très élaborée, mise en scène. contres favorisent votre intuition. Cela a été le cas lorsque j’ai rencontré Sébastien Chambru (Meilleur Ouvrier de France 2007, ancien Chef du restaurant 2 étoiles du Hilton à Tokyo),. Il m’a fait découvrir ce qu’est la gastronomie et surtout le respect du produit, base de toute réussite culinaire. Un autre moment important dans mon orientation, c’est ma rencontre avec Dominique et Alain Vavro deux designers de talent qui ont notamment travaillé pour RAK Le produit et l’assiette, tout était réuni. RAK around the world - Perspectives Vous travaillez pour et avec des Chefs. Comment se passe la relation avec des professionnels qui ont la réputation en général d’avoir une forte personnalité ? C’est très variable, car ce sont avant tout des êtres humains, qu’ils soient femmes ou hommes, chacun à son style, aussi bien dans leur cuisine que dans la façon de gérer leur brigade. Donc, ce qui est vrai pour d’autres professionnels et vrai pour les Chefs, ceux qui ont su rester simples, humbles et qui font un travail superbe qu’ils soient dans un établissement de renom ou un peu moins connu et puis…il y a ceux dont le succès leur est monté à la tête. Rien de plus humain, au final. 1 Je raconte une histoire, l’histoire d’un Chef et de ses créations, parfois l’histoire d’une famille, c’est loin d’être anodin. Par exemple, en 2011 avec Sébastien Chambru, nous avons réalisé un livre qui nous tenait à cœur. « L’O à la bouche » ou une façon de montrer que le poisson a une « gueule ». D’ailleurs Sébastien disait : « Aucun poisson ne livre la même humeur. Leur gueule, leur regard, toutes leurs spécificités ont un impact sur la façon dont je pense ma cuisine. Comment faire partager ces émotions au plus juste, faire de mes envies des créations les plus respectueuses et les plus proches possible du produit ?... » Vous avez travaillé avec des chefs de renoms, d’autres en devenir comment ces rencontres se sont-elles faites ? Comme je le disais, tout est question de rencontres, d’opportunités et également de détermination. Et puis naturellement, les rencontres s’enchaînent, le « bouche à oreille » fonctionne et on fait appel à moi. 2 1. Langouste 2. Sardine Une expérience inoubliable, à plusieurs titres car nous avions tout fait à l’envers, commencé par le concept, puis la réalisation et seulement après… trouvé l’éditeur. Ce qu’il m’en est surtout resté, c’est l’immense valeur en terme de relations humaines et d’expérience acquise. 54 Vous qui êtes passé par les fourneaux ? Cuisinez-vous encore? Bien sûr que oui. C’est essentiel quand on fait le métier qui est le mien. Je ne fais pas de grande cuisine, je fais des assemblages de saison, par exemple cet été j’ai beaucoup travaillé la courgette. On trouve peu d’informations sur vous? Préférez-vous vous “réfugier” derrière vos photos? Allergie aux journalistes? Je suis tellement allergique que je vous laisse m’interviewer…(sourire). Plus sérieusement, je ne ressens pas le besoin d’être mis en valeur et donc, je ne le recherche pas. Mon parcours se Une recette à nous livrer ? Si vous insistez…Vous prenez une poêle, vous faire revenir des morceaux de chorizo, vous les faites revenir, vous les laissez transpirer et vous les retirez. Vous faites revenir vos courgettes coupées en dés et à mi-cuisson vous rajouter le chorizo. Quelques olives noires, un peu de citron, un léger assaisonnement, très simple, poivre et sel si nécessaire, c’est tout. construit et s’accompagne de relations humaines, de croisements de trajectoires, de recommandations. Pour autant, je ne me cache pas, et mon travail parle pour moi. La simplicité, le retour au produit c’est très important pour moi, j’aime faire mon marché, discuter avec les producteurs. En s’intéressant à ce qu’il font et comment il le font, il est plus facile d’entrer en dialogue, leur demander ce qui est bon à ce moment de la saison. Etre en accord avec le rythme de la nature, c’est être en accord avec le produit. 1 2. Langouste Tête de sandre 2 Qu’est-ce qui caractérise votre collaboration avec RAK? C’est une collaboration extraordinaire, car l’assiette est le point de rencontre entre le contenu et le client du restaurant. Il y a une interaction entre le mets et la forme, la couleur et la structure de l’assiette. J’ai le plaisir de travailler avec RAK depuis des années et à chaque nouvelle collection c’est un nouveau challenge, un plaisir renouvelé. Au-delà, c’est une aventure humaine car il n’y a rien de plus plaisant que de travailler avec des personnes que l’on apprécie. Et cela n’a rien d’incompatible avec le professionnalisme de chacun, bien au contraire. Matthieu Cellard, votre style est d’être au plus près du produit. C’est une remarque que l’on me fait fréquemment. En fait, c’est très simple, j’ai envie d’aller au cœur du produit, de la composition, cela devient l’élément essentiel. Je souhaite que l’on voie la façon dont le dressage est structuré ; pour mettre en valeur et l’ensemble et en même temps chaque élément. Bien sûr pour RAK, je fais l’effort de prendre l’assiette en entier (rires). Etes-vous gourmand ou gourmet? Les deux ! Etre enfermé dans des grands principes, cela n’a pas beaucoup de sens. On peut aimer la « technofood », vous savez… ce que l’on trouve en supermarché ou au Fast-Food. Il ne faut pas être fermé, j’aime bien emmener mes enfants au MacDo, il faut seulement savoir ce que l’on mange, d’ailleurs on le sait très bien ce que c’est. Ce qui est intéressant est qu’en toute chose il peut y avoir une saveur qui nous attire, que l’on peut apprécier. Après, on n’est pas obligé d’en abuser. Explorer, tester, c’est essentiel. 1. Sandre RAK around the world - Perspectives 55 56 Hotels around the world - Perspectives 57 Source : www.pepr.com.au Source : www.info-emirates.com HOTELS AROUND THE WORLD L’ATLANTIS THE PALM Charme renversant et majesté océanique Inauguré en 2008, l’Atlantis the Palm de Dubaï dévoile un complexe hôtelier insulaire de 5 étoiles s’étendant sur 46 hectares. Luxueux et somptueux, l’établissement a su composer un cadre féerique et saisissant en se parant d’aménagements aquatiques enchanteurs. La fine gastronomie internationale y est mise à l’honneur avec 23 restaurants étincelants et réputés. “Palm Island” Situé sur l’île artificielle the Palm, représentant un palmier en vue aérienne, l’hôtel Atlantis the Palm de Dubaï (Emirats arabes unis), s’inspire délicieusement du mythe océanique de la captivante cité immergée de l’Atlantide. Palace oriental moderne aux proportions vertigineuses, l’établissement a misé sur le luxueusement récréatif. Des attractions familiales et à thèmes sont proposées telles qu’un parc aquatique de 17 hectares, le plus grand du Moyen-Orient, où un nombre infini d’aquariums géants qui invitent à nager avec les dauphins et otaries. Doté d’une large gamme de chambres fastueuses, l’hôtel offre à ses convives une vue imprenable sur le golfe arabo-persique. Quatre types de suites princières trouvent par ailleurs aisément leur place auprès des publics en quête de moments d’exception : la « Présidentielle » composée de 220 m2 de confort, l’« Underwater » subaquatique avec les fonds marins pour unique panorama, la « Grand Atlantis » avec 429 m2 et 924 m2 pour la « Royal bridge ». La fibre ShuiQi au service du bien-être Pourvu d’un spa ShuiQi élégant et raffiné, l’Atlantis the Palm offre à ses hôtes diverses méthodes naturelles pour se détendre et explorer des moments de sérénité. Avec Shiseido, pilier de la cosmétique japonaise depuis 140 ans, le personnel mêle habilement les traditions et philosophies asiatiques aux sciences et technologies occidentales. Sans omettre l’aromathérapie ou la réflexologie de Bastien Gonzales proposées dans des cadres au design cossu et apaisant. L’espace de relaxation ShuiQi propose par ailleurs deux salons de coiffure à destination des dames et des messieurs, gérés par des professionnels visagistes, pour créer des coupes stylisées et sophistiquées. Interview SASCHA TRIEMER VICE-PRESIDENT EN CHARGE DE LA GASTRONOMIE ATLANTIS-THE PALM Le monde à portée d’assiette Dans une exaltante démesure, l’Atlantis the Palm ne pouvait trahir le faste conféré à ses choix ornementaux et ludiques en omettant de doter son offre gastronomique de mille chefs d’œuvres gustatifs et décoratifs. Proposant un choix étourdissant de 23 restaurants, l’hôtel joue sur la multiplicité et les variations culinaires. L’Ossiano, enseigne subaquatique la plus prestigieuse du complexe avec ses impressionnantes baies vitrées révélant la biodiversité marine, sert essentiellement à ses convives du poisson et des fruits de mer. L’établissement a reçu successivement, au cours des trois précédentes années, le « Best Seafood Restaurant Award » de Time Out Dubaï. Dans ses traces, le restaurant chinois Yuan, également lauréat du « 2015 Best Chinese Restaurant Award », propose une cuisine fusion de la province du Sichuan, mêlant tradition et surprenantes innovations. Nobu, enseigne japonaise de légende qui a su se construire une solide et envieuse renommée aux Emirats arabes unis, surfe également, de son côté, sur les associations inattendues. Le restaurant n’hésite pas à agrémenter une cuisine nippone classique d’influences contemporaines sud-américaines. Avant d’intégrer l’équipe gastronomie de l’oriental Altlantis the Palm, vous avez œuvré au sein de grands palaces européens. Que vous a appris cette période occidentale dans votre carrière de chef ? Après avoir réalisé ma scolarité et mon apprentissage en Allemagne, j’ai beaucoup voyagé à travers l’Europe au gré des propositions professionnelles que je recevais. Je suis ainsi passé par le Hilton Munich Park Hotel de Munich, le Palace Hotel de Meran en Italie ou encore le Dorchester Hotel Park Lane de Londres. Cela m’a permis d’apprendre différents types de cuisines et de techniques européennes, mais surtout d’acquérir les bases fondamentales du métier de chef, afin de donner à la construction de ma carrière de solides fondations. Une multitudes d’autres tables aux identités culinaires marquées offrent aux hôtes de l’Atlantis the Palm des expériences exquises venant des quatre coins du globe : le Seafire Steakhouse, l’italien Ronda Locatelli, le libanais Levantine, ou encore l’international buffet du Kaléidoscope. Sascha Triemer, vice-président en charge de la gastronomie au sein de l’hôtel, en dévoile davantage sur cette cuisine aux saveurs plurielles. Specialitée de fruits de mer du restaurant “Ossiano” Après une première expérience de 6 ans au Burj Al Arab de Dubaï, vous partez une année pour le Mandarin Oriental Hotel de Kuala Lumpur en Malaisie, mais finissez par revenir sur vos pas pour intégrer l’Atlantis Palm Hotel. La ville de Dubaï serait-elle devenue votre sweet home culinaire ? Ma première expérience au Burj Al Arab de Dubaï m’a offert pour la première fois de ma carrière une véritable mise en lumière, un rayonnement. Je suis entré sous-chef et en suis parti sous-chef exécutif en charge de 5 restaurants et de la cuisine principale. Je participais également à la coordination culinaire de nombreux évènements tels que Noël et le nouvel an, ainsi qu’à de nombreuses compétitions gastronomiques. J’ai souhaité partir en Malaisie pour m’enrichir d’une expérience asiatique. Au sein du Mandarin Oriental Hotel de Kuala Lumpur, j’ai été nommé superviseur de 160 chefs, 6 restaurants et de la cuisine principale. Je suis ensuite revenu à Dubaï pour l’ouverture du renversant complexe hôtelier Atlantis the Palm. Il s’agissait d’un grand défi d’être présent dès le début de cette aventure gastronomique ambitieuse composée de 18 restaurants. Il en compte Vous êtes désormais le vice-président en charge de la gastronomie et managez 480 chefs au sein du luxueux Atlantis the Palm. Comment avez-vous accueilli cette nomination ? J’en suis très fier. C’est évidemment une grande responsabilité que de superviser 23 restaurants prestigieux et 480 autres chefs émérites. Ce n’est sûrement pas un poste pour un traîne-la-patte, il faut être strictement organisé et se mettre directement dans le bain très tôt le matin ! Mais je ne m’accorde pas tout le mérite du bon fonctionnement et du succès de la partie gastronomique de l’Atlantis. C’est avant tout une histoire d’hommes. Il y a de très nombreuses personnes derrière moi. Sans une équipe bien choisie, avec les bons professionnels aux postes qui leur correspondent, nos restaurants ne pourraient pas aussi bien tourner. C’est un challenge de taille et une victoire quotidienne que de parvenir au bout de chaque journée. Et c’est cela le plus exaltant et le plus intéressant dans mon métier. Aucune journée ne se ressemble. Mon poste nécessite beaucoup d’ouverture, de flexibilité et d’intuition. La porcelaine RAK, que vous utilisez dans la quasi-totalité de vos restaurants, concorde-telle avec la somptuosité saisissante de l’hôtel ? Absolument, oui. Nous ne l’avons pas choisi par hasard, bien qu’elle soit déjà très réputée à Dubaï. Elle nous permet d’apporter une ligne, un design, et une décoration particulièrement élégants et de grand standing dans la plupart de nos restaurants au sein de l’Atlantis the Palm. Son indéniable avantage est de pouvoir disposer de conséquents volumes que nous pouvons décliner sous différentes formes dans nos enseignes. Si vous deviez définir l’Atlantis the Palm en quelques mots, quels seraient-ils ? Incroyable, surprenant et créateur de souvenirs éternels. Carpaccio de chevreuil 58 59 Hotels around the world - Perspectives aujourd’hui 23. C’était une incontestable opportunité. J’ai toujours aimé Dubaï, je savais que mes pas m’y reconduiraient. Aujourd’hui, je considère définitivement la ville comme ma maison, personnellement et émotionnellement, mais également culinairement. A l’Atlantis, je suis en charge de la gestion de multiples cuisines, toutes différentes, et qui me permettent d’apprendre et de développer des nouveautés gastronomiques en permanence. “Je me considère comme le porte-parole de nos clients.” En tant que « nouveau venu », notre avantage était celui de pouvoir construire une usine dans « les règles de l’art » et utilisant les technologies les plus récentes. Nos produits ont été développés avec designers qui, non seulement avaient une expérience réelle avec des Chefs de dimension internationale, mais également Interview CHIEF MARKETING OFFICER RAK PORCELAIN LLC. une réelle connaissance de leurs besoins et ainsi étaient capables d’y répondre à travers leurs créa- Pouvez-vous nous parler de votre fonction chez RAK Porcelain? La fonction de Directeur du Marketing est centrale au sein de notre entreprise. Si je devais définir mon rôle, je dirais que je suis un facilitateur. J’identifie et transforme les besoins de nos clients en offres de produits qui nous permettent de répondre et d’anticiper rapidement aux évolutions des marchés. Je dois également encadrer et motiver nos équipes pour pénétrer tous les segments de marchés et optimiser la production pour que nous puissions répondre en terme de quantité et de qualité. De ce fait, nous alignons la mission et la vision de notre société avec les besoins de nos clients. Je me considère également, comme le porte-parole de nos clients car ainsi que je le crois, ce sont eux qui définissent comment nous nous positionnons parmi les offres du marché. Ils sont en quelque sorte le vent du changement auquel nous nous adaptons pour définir les stratégies qui font de notre société un partenaire performant. Pouvez-vous décrire votre parcours jusqu’à votre arrivée chez RAK Porcelain ? En fait, le premier jour de ma carrière est celui de mon arrivée chez RAK. J’ai rejoins RAK en 1996 et durant mes 19 ans de carrière, j’ai occupé diverses fonctions dans le cadre du département « ventes à l’international et direction marketing ». Ainsi, j’ai occupé les postes de Directeur des Ventes Régional, Directeur des Ventes, Directeur Général et Directeur du Marketing pour tous les divisions, carrelage, sanitaires-robinetterie et porcelaine de table. J’ai progressivement atteint le rang de membre senior de RAK Ceramics Group. Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ? Voyager et rencontrer des personnes d’origines culturelles différentes et découvrir d’autres styles de cuisine. C’est d’une grande richesse et d’une aide précieuse lorsqu’il s’agit de définir une stratégie de développement de produit, ce qui est la clé de la réussite dans le secteur de l’HORECA. Les personnes que je rencontre, les conversations que nous avons autour d’une tasse de café ou de thé, les idées échangées autour d’une table ont toujours permis d’en retirer des éléments constructifs pour nos stratégies et guider notre entreprise sur le chemin du succès. Si vous n’aviez pas fait ce métier, qu’auriez-vous aimé faire ? La vente et le marketing ont été mon principal centre d’intérêt. Mais si je n’avais pas travaillé dans le monde de la céramique, j’aurais probablement choisi le secteur de’ l’électronique ou de l’automobile. Les « gadgets électroniques » tout autant que les voitures ultra rapides sont mes passions favorites. Quelles sont vos passions ou hobbies en dehors de votre travail ? Je suis un motard dans l’âme. Mon Harley Davidson occupe une place privilégiée dans mon cœur et me donne des ailes. Rouler me sort de la routine de la vie quotidienne et me plonge dans un monde totalement différent. Je suis avec passion ce que l’industrie automobile produit en matière de voitures « haut de gamme » et qui procure au propriétaire un sentiment de pouvoir et de contrôle de la puissance. Etant également un grand amateur de musique, je m’intéresse de près aux équipements audio et vidéo qui provoquent un sentiment d’immersion total, énergisant et régénérant, chaque soir après une intense journée de travail. Je me tiens au courant de toutes les dernières tendances et nouveautés en matière d’audio, vidéo « High Tech » des gadgets liés au mobile. Voilà, ce sont quelques-unes de mes passions, elles me motivent et me permettent chaque jour de recharger mes batteries. tions. Nos produits sont beaux à regarder et résistants à l’usage. Ils s’harmonisent parfaitement au dressage pour offrir une expérience culinaire complète. Mais, avoir uniquement un bon produit ne suffit pas pour réussir. Nous avons développé un vaste réseau de distributeurs, dans plus de 135 pays, ce qui permet une grande disponibilité au niveau local. Enfin, le plus important, c’est que notre entreprise est fondamentalement orientée vers la satisfaction de nos clients en terme de développement et de personnalisation de nos produits, cela soutenu par un haut niveau de service. Ce sont ces facteurs qui font de RAK Porcelain une marque dont nous pouvons être fiers, car elle fournie les produits préférés des meilleurs hôtels à travers le monde. Une marque dont nous célébrons les 10 ans de succès. 60 61 RAK around the world - Perspectives RENU OOMMEN Selon vous, qu’est-ce qui fait de RAK une société si « spéciale » ? L’industrie de la porcelaine de table est dynamique, avec des possibilités créatives illimitées. C’est ainsi qu’en 2005 lorsque nous avons créé RAK Porcelain, notre objectif a été de devenir un leader mondial sur un marché dominé par des compétiteurs qui sont implantés depuis plus de 100 ans. 62 RAK AROUND THE WORLD LE CONVIVIUM DE FLORENCE Un concept culinaire d’exception Rénové et rajeuni depuis 10 mois, le restaurant Convivium de Florence séduit ses convives grâce à un concept audacieux proposant deux formes de cuisine, une bistronomique, et une gourmet pour satisfaire les palais les plus avertis et exigeants. RAK around the world - Perspectives 63 64 Charme et tradition apporter davantage de valeur ajoutée à son identité culinaire ainsi réaffirmée. Elle invite les natifs transalpins à se remémorer, avec émoi et nostalgie, les saveurs qui ont accompagné les différentes étapes de leur existence, et appelle les non initiés à découvrir ces fumets typiques qui confèrent tant de force et de personnalité aux plats italiens. Une cuisine duelle de caractère Le restaurant Convivium puise sa singularité dans la dualité gastronomique dont il se prévaut. Une partie finement gourmet d’un côté, et un bistro gastronomique 5 étoiles d’un autre (fidèle au professionnalisme de ses pères fondateurs Paul Razzolini et Massimo Mature dans les années 80) adroitement assorti d’un bar à vin aux mille labels (40 % de champagne et vins français). L’établissement propose notamment des menus vitrines frais, inspirés de festins de saisons et privilégiant les produits et ingrédients de l’artisanat local le plus réputé. Les amateurs de viande et de poisson ne seront toutefois pas en reste avec des recettes exquises et appétissantes concoctées par l’ingénieuse chef Béatrice Segoni. Les saveurs marines sont à l’honneur avec d’étonnantes recettes : les ravioles farcies à la morue sur leur lit de pois chiches en purée, et arrosées de la fameuse sauce Brodetto de Segoni, ou encore un flan de ribollita (soupe toscane) et de poulpe accompagné d’une polenta de 65 maïs. Côté viandes, des plats goûtus et puissants tels que les pappardelles au sanglier et aux olives, la joue de veau braisée avec poires pochées au vin ou encore le hamburger de pigeon, sont proposés. Pour les férus de truffes, un menu entier est consacré à ces champignons de renom. RAK around the world - Perspectives Situé dans la banlieue de la romantique ville de Florence, à l’abri des grandes affluences touristiques qui se concentrent autour de la place de la République, du Dôme, du Pont Vecchio et du Palais Pitti, le restaurant Convivium n’a rien à envier aux plus belles tables italiennes. Récemment rénovée et modernisée, après plus de trois décennies d’activité, l’enseigne a misé sur les traditions régionales pour L’émérite et respectée chef Béatrice Segoni aux commandes de la restauration Connue et respectée des Florentins, Béatrice Segoni, chef exécutif de la restauration du Convivium, est aujourd’hui considérée comme l’une des professionnelles les plus talentueuses de la capitale de la Toscane. Originaire de la région de Marches (Marche en italien), cette éprise de cuisine s’affaire aux fourneaux depuis à peine 10 ans, après avoir laissé derrière elle une carrière de styliste. Apprécié et reconnu, son savoir-faire repose sur la sublimation d’une cuisine essentielle et vraie dans laquelle équilibre et travail minutieux sur les matières premières sont les piliers fondamentaux. Source : wwwtavoladelmondo.com Source : wwwtavoladelmondo.com Le “Ponte Vecchio” 66 RAK AROUND THE WORLD LORSQUE LE DESIGN DEVIENT RÉALITÉ Pour son entrée dans le monde des couverts, RAK Porcelain a voulu une gamme complète, en parfaite harmonie avec ses collections de porcelaine de table. Pour que le design s’exprime pleinement, le fabricant a un rôle dont l’importance ne doit pas être sous-estimée. Les échanges entre le designer et le fabricant se transforment en une synergie au service de la qualité du produit fini. Le choix de RAK Porcelain s’est naturellement porté sur l’un des plus anciens et des plus réputé manufacturier de couverts. Car au-delà de la dimension mécanique se trouve un véritable savoir-faire où la dimension humaine garde une place prépondérante. En effet, pour que les détails de finition soit au plus haut niveau, à toutes les étapes, la tradition et l’expérience sont indispensables pour que l’expression finale soit à la mesure du design. RAK around the world - Perspectives 67 68 Barres d’acier chauffées Vient alors le moment de l’estampage. C’est une presse qui va donner la forme définitive ainsi que le décor. La pression varie de 200 à 800 tonnes suivant la taille de l’article et la complexité de son décor. Une double matrice est nécessaire pour chaque article de chaque modèle. 1 Du métal à la table La fabrication est comme une histoire, chaque chapitre à son importance. Tout commence à partir d’une tôle ou d’un « coil » (bobine) d’acier inoxydable. Cet acier possède l’épaisseur que l’on veut donner au couvert et sa composition correspond à la qualité désirée. Cette tôle d’acier est tout d’abord découpée au moyen d’une presse (pression 100 à 150 tonnes) pour produire un flanc. Cette pièce de forme grossière servira à produire plusieurs « références » (fourchette, cuillère de table) de plusieurs modèles différents. Pour produire les modèles nécessaires à la gamme il faut le nombre de matrices de découpe correspondant à chaque pièce de la gamme. Elles sont créées selon la taille du couvert (ex: couverts de table - couverts à dessert et couverts à poisson - cuillère à café, fourchette à gâteau...). Le polissage final de ces matrices doit être absolument sans défaut car toute aspérité présente sur la matrice sera automatiquement reproduite sur le couvert. Pour découper la bouche d’une cuillère, il faut que la largeur de la partie supérieure du flanc soit suffisante. Elle est donc élargie par un passage au laminoir. Ce sont donc, deux cylindres d’acier qui vont permettre d’obtenir la largeur adéquate. Le flanc rendu à la bonne taille est alors détouré, c’est-à-dire que l’on y découpe le contour définitif du modèle, au moyen d’une presse dont la pression peut aller jusqu’à 80 tonnes. 2 Chaque article de chaque modèle nécessite une matrice de détourage différente. Pour certaines production il est possible réduire le nombre de matrices de détourage en produisant plusieurs modèles qui auraient le même contour. A l’exception du laminage, la fourchette suit les mêmes étapes. Après le détourage, il faut encore en découper les dents. C’est au moyen d’une presse de faible puissance, que l’on découpe d’abord la dent centrale et ensuite les dents extérieures. La découpe des dents est toujours envisagée de façon à réduire l’effort demandé à l’acier et obtenir ainsi des dents parfaitement alignées. La précision de l’outillage est essentielle pour l’ensemble de ces opérations. Il est impératif que les différents éléments de la matrice soient parfaitement ajustés et correspondre exactement au résultat à obtenir. Il est fondamental que la finition des matrices de planage soit parfaite. La forme du modèle et selon les cas, le décor, doit y être parfaitement gravé. 3 1. Polissage 2. Forme d’estampage 3. Détourage Une fois estampés, les couverts doivent être polis. La première étape est le polissage des côtés. Le passage de 3 bandes abrasives dont le grain est de plus en plus fin permet de les rendre parfaitement lisses. La finesse du réglage des machines qui réalisent cette opération est telle, que les bandes abrasives suivent fidèlement le contour du couvert. Le polissage final des côtés est réalisé grâce à l’expérience et au savoir-faire des polisseurs manuels. Ce sont eux qui vont donner la finition matte ou brillante, selon les modèles. La seconde étape consiste alors à polir les faces avant et arrière du couvert. Entièrement automatisée elle utilise un « train » de machines à polir. Chaque machine est réglée pour effectuer une opération bien précise. 7 machines sont nécessaires pour polir une cuillère. Cette dernière opération effectuée, les couverts sont alors placés un à un, avec soin, dans une machine à dégraisser pour les nettoyer. Ils sont alors contrôlés et emballés selon le mode de conditionnement choisi. Les couteaux et leurs spécificités Pour les couteaux, l’acier est chauffé et ensuite trempé afin de donner à la lame sa dureté pour une coupe efficace et durable. Découvrez la collection de couverts de RAK à compter du 23 Octobre sur : www.rakporcelain.eu www. rakporcelain.com RAK around the world - Perspectives 69 La robinetterie, plus qu’un accessoire LA SALLE DE BAIN SELON RAK CERAMICS Alliant qualités techniques et ergonomie, KLUDI RAK est le parfait exemple de ce qui se fait de mieux en matière de technologie allemande. Grâce à ses équipes hautement qualifiées, KLUDI RAK est à la pointe de l’innovation et de la qualité de fabrication ce qui garanti à ses clients une grande longévité des produits ainsi qu’un service après-vente optimal. 2 Esthétique et confort RAK CERAMICS s’est imposé comme un acteur incontournable de l’équipement des salles de bains. Depuis l’origine, un accent particulier a été mis sur le design pour que chaque client puisse aménager cette pièce dans l’esprit qui lui correspond tout en ayant la garantie d’avoir choisi une marque qui s’impose les critères de fabrication les plus élevés. RAK CERAMICS produit ainsi, une vaste gamme d’éléments pour la salle de bains comprenant plusieurs modèles de lavabos (à vasque intégrée, montés sur colonne, design), des cuvettes, des bidets, des baignoires, des receveurs de douche, ainsi que des accessoires techniques et de décoration, des sets décorés permettant d’offrir des solutions pour les hôtels, les restaurants et les collectivités. RAK around the world - Perspectives KLUDI RAK est stratégiquement implanté à RasAl-Khaima afin de répondre à la croissance rapide des marchés du Moyen-Orient et de l’Asie du sud. Pour répondre aux critères de qualité les plus exigeant KLUDI RAK est équipée des technologies européennes les plus récentes. 2. Collection EVOLUTION CORNER La salle de bain est devenue une pièce de vie à part entière dans les habitations. Reflet d’identité et lieu d’intimité. Au-delà de la dimension fonctionnelle, l’ambiance, le design des éléments sanitaires et l’esthétique de la robinetterie s’harmonisent avec la faïence murale. 71 KLUDI RAK est le fruit d’une synergie entre deux leaders en matière de design, fabrication et marketing. L’entreprise rassemble les qualités techniques d’un fabricant allemand de haut-niveau dans le domaine de la robinetterie de cuisine et sanitaires et le plus grand fabricant mondial de céramique. 1. Collection OPULENCE 1 70 La majeure partie de la production d’articles sanitaires et d’accessoires de salle de bains de RAK CERAMICS est réalisée dans l’usine de Ras Al Khaimah où deux unités de production couvrent plus de 70 % des 12 000 pièces produites par jour et que le Groupe commercialise dans le monde entier. Ces unités de production disposent de 5 fours, dont un four pour la production d’accessoires, et de systèmes de projection informatisée pour donner à chaque élément une finition impeccable et unique. Collection NOVA Collection DIANA CULTIVE LA GOURMANDISE AU FIL DE L’EAU 73 Marko Helenius, ancien chef du Graniittiravintolat Oy, une institution gastronomique d’Helsinki, dirige les cuisines du restaurant qui fait la part belle aux recettes à base de poissons ou crustacés. En entrée, le hareng de la baltique avec sa brioche à la tomate rivalise avec la poêlée de pétoncles au gingembre ou le sucré-salé d’omble chevalier. Les plats principaux sont, eux aussi, une ode aux produits de la mer ou des rivières : saumon fumé sauce tartare, sandre au raifort ou une interprétation finlandaise de la bouillabaisse. Le chef n’en oublie pas pour autant les amateurs de viande et propose des rillettes d’agneau, du ragoût de porc braisé ainsi qu’un confit de canard en sauce au calvados. Légumes frais, fruits et baies accompagnent les plats, changeant au gré des saisons. Les desserts, fins et gourmands, viennent compléter une carte qui mise résolument sur l’authenticité. Hotels around the world - Perspectives LE PAVILLON DE LA MER D’HELSINKI 72 Priorité à l’authentique Saveurs nordiques Depuis le mois d’avril, un paquebot de verre et de métal est venu s’amarrer dans le port de la capitale finlandaise, devant le Palais des congrès et la Maison des travailleurs. Le bâtiment, conçu par l’architecte Simon Freese, abrite le restaurant Meripaviljonki (le Pavillon de la mer). La bâtisse circulaire, avec ses 400 m², offre une vue époustouflante sur la baie Eläintarhanlahti et les quais. Les trois quart de la structure sont vitrés, le reste est en cuivre. Accessible par voie terrestre ou maritime, le restaurant est construit sur des pontons dominant d’un mètre la surface de l’eau. C’est l’assemblage minutieux de ces « fondations » flottantes qui assure la stabilité de l’ensemble afin que les clients ne soient pas incommodés par le ressac. Pas de terrasse pour ce nouvel établissement, mais l’intérieur lumineux offre un généreux espace encore accentué par le panorama à 360°. Les tables disposées face à la mer, le mobilier épuré et la vaisselle raffinée viennent s’ajouter au délicieux sentiment de somptuosité qui émane de ce lieu d’exception. Car c’est bien de haute gastronomie dont il s’agit. L’établissement propose trois menus articulés autour des spécialités figurant à la carte, sous les appellations « Théâtre », « Pavillon de la mer » et « Le classique ». La formule déjeuner se décline également à la carte ou sous forme de menus. Elle offre le choix, en entrée, entre un velouté de carottes au poivre noir et un pastrami de saumon sauce aux algues, et en plat, entre du poisson blanc rôti sauce piquante et une poitrine de bœuf au thym. Pour le dessert, le choix se fait entre le café gourmand ou le pudding au fromage frais et son caramel de chocolat blanc. Une généreuse carte de vins et champagnes permet d’accompagner les mets. Pinot gris, blanc ou noir, Merlot, Sauvignon, Syrah… Les nectars proviennent de France, d’Italie, d’Espagne, de Hongrie mais aussi d’Australie, du Chili, d’Afrique du Sud et de Nouvelle-Zélande. Un tour du monde viticole. Dîner à deux ou banquet Le restaurant a une capacité de 170 couverts mais peut aussi être loué dans son intégralité pour un mariage, un banquet ou encore un congrès… Des partenariats, noués avec des établissements voisins (le centre de congrès Paasitorni, l’hôtel Scandic Paasi, le théâtre de la ville) permettent l’organisation d’événements « clés en main ». Meripaviljonki connait un succès florissant. L’établissement ne désemplit pas depuis son inauguration, ouvert du lundi au dimanche, pour le déjeuner et en soirée. Quelques mois à peine après son ouverture, 13 000 personnes ont déjà réservé une table, répondant aux promesses des saveurs nordiques, ambassadrices de l’excellence de la cuisine finlandaise. 70 74 TENDANCES CULINAIRES DU FAST-FOOD À LA FINE GASTRONOMIE Le hamburger s’invite à toutes les tables En près d’un siècle et demi, le hamburger autrefois si gourmand et populaire s’est paré de raffinement pour composer les menus gastronomiques les plus étudiés. Originaire de la ville allemande portuaire de Hambourg, le hamburger arrive aux Etats-Unis au XIXème siècle, lors des flux migratoires en direction du nouveau monde. Sur l’Halpag, la liaison maritime atlantique qui rallie la patrie de l’oncle Sam depuis Hambourg, le steak haché de bœuf est le met phare. Ce n’est pourtant qu’en 1931 que le hamburger se démocratise anecdotiquement en Amérique du Nord, grâce à un personnage inédit du dessin animé Popeye, Wimpy (Gontran en version française), adorateur du fameux sandwich. Le succès retentissant de ce nouveau héros incite Eddie Gold à l’instrumentaliser. L’homme créé Wimpy’s, la première chaîne de restaurants à proposer des hamburgers. A la demande de Gold, les 1 500 succursales de Wimpy’s ferment instantanément lors de son décès en 1978. Parallèlement, il faudra attendre 1937 pour voir entrer en scène les deux frères Macdonald, Maurice et Richard. Ils touchent pour la première fois du doigt le concept de restauration rapide en montant avec leur père, émigré irlandais, un stand de vente à emporter de hamburgers à côté du cinéma de Pasadena. Leur premier restaurant McDonald’s est lancé en 1940 à San Bernardino en Californie. Une dizaine de franchises lui succèdent entre 1953 et 1961. Malgré le succès de leur formule, les frères Macdonald se laissent convaincre en 1952, par l’homme d’affaires Ray Krok, de vendre leur marque et ses droits. L’heureux nouveau propriétaire parvient alors à exporter le célèbre « M » aux quatre coins du globe. RAK Tendances aroundculinaires the world - Perspectives 71 75 C’est la capacité de se nourrir rapidement, de titiller ses papilles avec du mou, du sucré, du salé. Le hamburger fait agir tous les muscles de la mâchoire… et on peut même le manger en marchant ! Ça tombe bien, les New-Yorkais sont toujours en mouvement. La crise a favorisé l’émergence d’une cuisine peu chère et rapide. Il existe un lien social de première importance autour du dieu Burger » explique Alain Ducasse. Le hamburger gastronomique s’attaque aux plus fins palais Revisiter le hamburger, un rite de passage pour les plus grands chefs La recette du hamburger traditionnel est universelle: deux tranches de pain brioché, un steak haché, quelques feuilles de salades, des rondelles de tomates et de cornichons, du fromage et une sauce, ketchup ou moutarde, pour lier les différents ingrédients. Si cette combinaison élémentaire est la clé de voûte de la réussite de ce sandwich mythique, elle n’est plus aujourd’hui la seule à avoir droit de cité. Bon nombre d’éléments, des plus fins et sophistiqués en passant par les plus insolites et innovants, rentrent désormais dans sa composition. Foie gras, magret de canard, entrecôte, agneau, crêpe, truffes, caviar, pesto, estragon, basilic, coriandre… sont autant de mets et de saveurs raffinés qu’il est possible de retrouver au sein du sandwich. Ces hamburgers gastronomiques et originaux se sont immiscés dans les établissements haut de gamme, les restaurants étoilés ou encore dans des food-trucks, camion ambulant qui aiment innover pour créer la différence. Si le produit originel gourmand et goûtu plait massivement à tous les consommateurs, pourquoi n’en aurait-il pas été de même avec son pendant élaboré et sublimé ? Ainsi, s’il était traditionnellement proposé dans les fast-foods et restaurants populaires, le hamburger est désormais monté en gamme, et n’est plus occulté des cartes les plus prestigieuses des établissements renommés. Le revisiter est devenu, pour les chefs estimés, comme un rite de passage aussi bien respecté que redouté. Créer à partir d’un produit standard et connu de tous, une curiosité, une redécouverte, un chef d’œuvre exquis. Un test qui permet aux cuisiniers d’exprimer tout leur art culinaire et leur créativité, sans nécessairement s’appuyer sur les ingrédients les plus luxueux et recherchés. Alain Ducasse, célèbre chef monégasque trois fois 3 étoiles au guide Michelin, n’a pas hésité à inscrire le hamburger au menu de son établissement newyorkais Chez Benoit. Il y sert deux déclinaisons du sandwich : une classique, au bœuf persillé en cuisson medium, et le « Big boudin burger », au boudin, tel que son nom le laisse comprendre, qui s’arrache comme des petits pains. « Le hamburger est une institution, il fait partie de la mythologie new-yorkaise. De son côté, le chef toulousain Michel Sarran détenant 2 étoiles au guide Michelin, a également été convié à puiser dans son inventivité et sa sensibilité culinaire pour concevoir un hamburger pour le populaire diner Tommy’s Café, implanté dans la périphérie de la Ville Rose. Comme une invitation au voyage, le sandwich a été baptisé « Burger américain aux parfums d’ailleurs ». « Michel Bras l’a démontré avec son Capucin. Il est difficile pour un chef étoilé de se lancer dans l’aventure car nous avons une image à défendre qui ne va pas forcément de pair avec le marché du burger. Tommy’s Café fait des burgers sur une recette créée par Michel Sarran. Ce n’est pas Michel Sarran qui fait des burgers pour le Tommy’s, voilà où se situe la nuance » précise Michel Sarran. La recette de cette création ? Un pain farine contenant un steak bœuf Wagyu (viande persillée très tendre et savoureuse), une mayonnaise wasabi-gingembre, du radis daïkon, de la mimolette, des feuilles de shiso, de la salade, du tofu et des pousses d’oignon. Autre exemple, pour la célébration de ses dix ans, Shake Shack, paradis du burger new-yorkais, a invité cinq grands chefs étoilés à venir concevoir leur hamburger signature, proposés dans le restaurant du 9 au 13 juin l’an passé, avec une limite de 1 000 chaîne de télé Voyage, a conçu, lui, « l’AZ Cabrito Butter Burger » qui intègre du steak de cabri, du beurre aux herbes, des tomates rôties, des oignons grillés et une douce marinade. De son côté, Daniel Humm, chef et propriétaire du Eleven Madison Park et du The Nomad a créé le « Humm Burger » dans la ligné d’un cheeseburger au gruyère agrémenté de bacon fumé, de céleri, de laitue Bibb, de mayonnaise aux truffes et de copeaux de truffe noire fraîche. Enfin, le seul élément féminin Avril Bloomfield, chef et copropriétaire du Spotted Pig, The Breslin, The John Dory Oyster Bar, Salut Taco, et de Tosca Café a proposé le « Breslin Burger » composé d’un steak de bœuf Breslin, de bacon fumé, de cheddar anglais et de sauce au fromage. Si déguster un hamburger signé par un grand chef se révèle être expérience sensorielle et gustative mémorable, il est possible que son prix soit également digne d’un souvenir inoubliable. Aujourd’hui le hamburger le plus cher du monde, le « FleurBurger 5 000 » se chiffre à 4 450€. Figurant à la carte du Fleur de Las Vegas, il est composé du fameux bœuf de Kobe, garni de foie gras et de truffes noires, servi sur un pain brioché aux truffes et garni d’une sauce également à la truffe. Le second sandwich le plus onéreux de la planète le talonne de loin, à près de 1 600€. C’est la somme qu’il vous faudra débourser pour déguster le « Glamburger » du restaurant Honky Tonk de Londres. Là aussi, il est garni de boeuf Kobe, de viande de chevreuil de Nouvelle-Zélande, de homard du Canada, de brie aux truffes noires, de caviar Beluga, de bacon glacé au sirop d’érable, d’oeuf de canard fumé, de mayonnaise au matcha, de jus de mangue au champagne et truffe blanche râpée, le tout au sein d’un pain brioché serti de feuilles d’or. Quand le hamburger s’embourgeoise, les délices du palais peuvent avoir un prix…très épicé. 76 77 Tendances culinaires - Perspectives sandwichs disponibles chaque jour. Daniel Boulud, chef (trois étoiles) et propriétaire du DANIEL, Café Boulud, DB Bistro, Bar Boulud, Boulud Sud, ou encore DBGB y a créé le « Piggie Shak » composé de steak de bœuf avec du porc BBQ de son restaurant DBGB, une mayonnaise jalapeño, de la laitue de Boston et du chou à la moutarde vinaigrée. David Chang, chef et propriétaire de la chaîne de restaurants Momofuku, a inventé le « Momofuku Shrimp Stack » sur la base d’un cheeseburger combiné à un pâté de crevettes grillées et fumées, à la sauce Momofuku de Hozon, de la laitue Bibb, des oignons marinés et du concombre salé. Andrew Zimmern, chef, co-propriétaire de Cantine Andrew Zimmern et présentateur de Bizarre Amérique Foods sur la 78 EVENEMENTS HOST 2015 Le gratin des métiers de bouche tient salon à Milan La fine fleur des professionnels et industriels du secteur Ho.Re.Ca (hôtellerie, restauration, cafés) a rendez-vous à Milan, où se tient, du 23 au 27 octobre, l’un des événements majeurs de la filière : le salon Host International Hospitality Exhibition 2015. Sur plus de 100 000 mètres carrés d’exposition, cette 39e édition se tient, cette année, concomitamment à l’Exposition universelle, dont le thème principal est « Nourrir la Planète, Énergie pour la Vie ». Près de 1 800 exposants, venant de quelque 48 pays, sont d’ores et déjà attendus sur les 14 pavillons de la foire internationale de Milan. Allemagne, France, Espagne, Suisse et États-Unis seront, avec l’Italie, bien sûr, les nations les plus représentées. Host, qui, cette année bénéficie du soutien du ministère du Développement économique dans le cadre du plan pour la promotion du « Made in Italy », attend, en outre, 135 000 visiteurs, professionnels du secteur. Et parce que le café constitue un élément pivot du savoir-vivre à l’italienne, la boisson «reine» du pays occuper. Tendances culinaires Internationales Espaces rationalisés La nouveauté de cette édition 2015 consistera à mettre en synergie des secteurs complémentaires en les regroupant dans trois macro espaces. La filière pain-pâtes-pizza côtoiera ainsi celle de la restauration professionnelle, permettant aux spécialistes de la boulangerie de partager le même espace que les industriels fabricants d’équipements et d’accessoires ou que les propriétaires de restaurants, les cantines d’entreprise, les self-services... De même pour le secteur pâtisserie-glaces qui sera associé à celui du café, du thé, des bars et des machines à expresso. C’est ici que l’on trouvera tout ce qui tourne autour du chocolat, des cocktails... Design, élégance, confort… Le troisième macro-espace sera consacré à la décoration et aux arts de la table. Ici se dessinent les tendances en matière d’aménagement de vitrines ou d’intérieur, de vaisselle, de linge de table ou d’argenterie. Evenements - Perspectives 79 Couleur café D’autres intermèdes gourmands Expresso italien, café turc, café français ou avec filtre pays anglo-saxons… Le « petit noir » est sans aucun doute l’une des boissons chaudes la plus populaire dans le monde. Et l’endroit où il faut être pour ne rien perdre des nouvelles tendances, c ‘est le SIC, le salon international du café qui se déroule tout naturellement dans le cadre de Host permettant à l’expo de doubler son espace par rapport à l’édition 2013. Torréfacteurs, importateurs, fabricants de tasses, de machines et d’accessoires, viendront y présenter les dernières tendances, comme l’émergence d’un concept de terroir, similaire à celui des grands vins. Les artistes du «Latte Art» (une technique de réalisation de dessins ou de motifs sur la mousse du café) s’affronteront au cours du Milano Latte Art Défi. Enfin, une « barista » exceptionnelle, l’astronaute Samantha Cristoforetti, viendra ici présenter la «machine ISSpresso» utilisée dans la station spatiale internationale, dans un environnement sans gravité. Autre rendez-vous à ne pas manquer, le championnat du monde des pâtissiers-glaciers-chocolatiers, parrainé par la Fédération internationale de la pâtisserie, qui se tient pour la première fois en Italie. Les équipes de seize pays viendront y mesurer leurs talents. Italie, France, Grèce, Espagne, Turquie, Autriche, Pologne et Roumanie pour l’Europe; Japon, Thaïlande et Émirats arabes unis pour l’Asie; Algérie et Tunisie pour l’Afrique; Chili, Pérou et Mexique pour le continent américain devront réaliser des sculptures gourmandes, notamment à base de chocolat, de sucre, de pralines, de glace... Les visiteurs pourront également assister à la quatorzième édition du championnat d’Europe de pizza. 80 participants y seront en lice. Une telle profusion d’événements et de virtuosité permet d’espérer, pour cette édition 2015 de Host, un succès record. Un rendez-vous incontournable pour les professionnels, et autres passionnés de gastronomie, avides de prendre le pouls du secteur et d’avoir la primeur des prochaines tendances mondiales du marché. Editeur RAK Porcelain Europe S.A. Design lola.lu Articles & Interviews La RédacPress / lola.lu Photographies RAK Ceramics / RAK Porcelain Europe S.A. Impression Imprimerie Centrale / Luxembourg © RAK Porcelain Europe S.A. 2015 Luxembourg (Europe) Reproduction totale ou parcielle interdite sans autorisation. RAK PORCELAIN LLC. P.O. Box - 30113 • RAS AL KHAIMAH • United Arab Emirates T +971 7 243 4683 • F +971 7 243 4220 [email protected] www.rakporcelain.com RAK PORCELAIN Europe S.A. 20, rue de l’industrie • L-8399 Windhof • Luxembourg T +352 26 36 06 65 • F +352 26 36 04 65 [email protected] www.rakporcelain.eu