dossier Cendrillon
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Cendrillon 2013 CREATION malandain I prokofiev 1 chorégraphie Thierry Malandain musique Sergueï Prokofiev directeur de production, conception lumière Jean-Claude Asquié décors et costumes Jorge Gallardo réalisation costumes Véronique Murat réalisation décors et accessoires Chloé Bréneur, Alain Cazaux, Annie Onchalo maîtres de ballet Françoise Dubuc Richard Coudray, artistes chorégraphiques Raphaël Canet, Giuseppe Chiavaro, Mickaël Conte, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt, Baptiste Fisson, Michaël Garcia, Aureline Guillot, Jacob Hernandez Martin, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Mathilde Labé, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Fabio Lopez, Arnaud Mahouy, Ione Miren Aguirre, Laurine Viel, Patricia Velázquez, Daniel Vizcayo régisseur général Oswald Roose Régie plateau Chloé Bréneur Régie son Nicolas Rochais et Jacques Vicassiau Régie lumière Frédéric Eujol et Christian Grossard Régie plateau Jean Gardera Régie costumes Karine Prins technicien chauffeur Thierry Crusel coproducteurs / partenaires Opéra Royal de Versailles / Château de Versailles, Orquesta Sinfónica de Euskadi, Théâtre National de Chaillot, Opéra de Reims, Teatro Victoria Eugenia - San Sebastián, Estate Teatrale Veronese, Lugano in Scena, Teatro Mayor de Bogotá, Arteven – Regione de Veneto, Teatros del Canal – Madrid, Théâtre Olympia d’Arcachon, Espace Jéliote - Scène Conventionnée CCPO d’Oloron Sainte-Marie, Malandain Ballet Biarritz ballet pour 20 danseurs durée 100 minutes 2 Tout en restant fidèle à la dramaturgie de Cendrillon et à la partition de Prokofiev, Thierry Malandain développe une approche toute personnelle, explorant certains thèmes qui lui sont chers. Cendrillon, c’est le parcours d’une étoile, une étoile qui danse. Malandain nous emmène sur le chemin de l’Accomplissement. Celui qui passe par le doute, le rejet, la souffrance, l’espoir, pour atteindre enfin la lumière. Par cette vision, faite de cendres et de merveilleux, tantôt tragique, tantôt comique, s’écrit quelque chose d’universel... A propos de Cendrillon Cendrillon est une très vieille histoire que l’on connaît grâce à Charles Perrault (1697) et aux frères Grimm (1812), mais il existe de par le monde plusieurs centaines d’autres versions. L’intrigue, le merveilleux, la richesse des symboles de ce conte féerique furent également la source d’une multitude d’adaptations à l’écran et au théâtre. Pour ne pas abuser des exemples, avant d’évoquer le ballet de Serge Prokofiev, citons sur un livret d’Henri Cain, Cendrillon de Jules Massenet créé à l’OpéraComique en 1899. C’est Mariquita, « la fée de la chorégraphie artistique » dont la carrière est devenue pour moi une passion dite ordinaire, qui dessina les parties dansantes de cet opéra. Un siècle plus tard, je les réglerai à mon tour (1). 4 Chez Massenet, la marraine de Cendrillon « qui était Fée » apparaît entourée de créatures merveilleuses qui soutiennent l’héroïne dans sa quête d’amour et de bonheur. Sylphes, follets, rayons de lune… ces esprits aériens protégeront notre Cendrillon. Et tandis qu’elle chante : « Ta marraine te voit et te protège », chez les frères Grimm, c’est la mère de la jeune fille qui avant de mourir dit à Cendrillon : « Je veillerai sur toi du haut du ciel ». En conséquence, j’ai choisi de concentrer les pouvoirs protecteurs de la marraine et de la mère dans le seul personnage de la Fée. Pour le reste, je demeure fidèle à la réécriture du conte de Perrault faite par Nikolaï Volkov pour le ballet de Serge Prokofiev. © Olivier Houeix « Ce que j’ai voulu exprimer avant tout par la musique de Cendrillon est l’amour poétique de Cendrillon et du Prince, la naissance et l’éclosion de cet amour, les obstacles dressés sur son chemin et, finalement, l’accomplissement d’un rêve. » Serge Prokofiev. Créé au Bolchoï de Moscou, le 21 novembre 1945, par le chorégraphe Rostislav Zakharov, cet ouvrage en trois actes fera l’objet d’un grand nombre de traductions. Ainsi, en 1985, Maguy Marin touchera à la perfection en le transportant dans l’univers d’une maison de poupées (2). Impressionné, incapable à l’époque de commentaires nouveaux, je déclinerai les unes après les autres les propositions de le régler. Mais la réussite de Maguy Marin n’explique pas tout. En effet, en renouant avec la tradition de Tchaïkovski, Prokofiev conçut Cendrillon « comme un ballet classique avec des variations, des adagios, des pas deux, … ». Ce qui oblige à disposer d’une trentaine de danseurs ou bien à user d’habileté, en particulier pour passer l’un des sommets du ballet : le Bal à la Cour. Naturellement, je ne dévoilerai rien. Sauf qu’à l’époque où le patin à roulettes fit fureur en France, c’est-à-dire vers 1875, Mariquita déjà citée, régla des ballets sur patins à roulettes. Enfin, ce n’est pas un mystère, Prokofiev, maître de l’orchestration avec lequel l’histoire ne s’est pas montrée très tendre, est l’auteur d’une musique franche aux oreilles, mais parfois grimaçante, railleuse et violente. Parce qu’elle se reflète en moi comme un miroir fidèle, parce que je préfère donner de mon âme une image moins sombre, je l’ai souvent tenue à distance. Il s’en dégage néanmoins des pages d’une grande beauté expressive qui me permirent en 1994 d’être le créateur en France de son dernier opus : la Fleur de pierre (3). Le succès de ce ballet remonté aux Etats-Unis, ne me rapprochera pas pour autant de la « modernité désenchantée » du compositeur. Alors, pourquoi Cendrillon aujourd’hui ? Il fallait un déclic et outre l’opportunité de la représenter sur la scène de l’Opéra royal de Versailles dont l’édification débuta au temps de Perrault, cette phrase de Nietzsche : « Il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d’une étoile qui danse. » fut l’étincelle. Dans la mythologie grecque, le chaos figure la masse grossière inorganisée et informe, d’où naquirent la terre, le ciel étoilé, l’amour, etc. Dans le conte, considérée par la méchante bellemère comme une moins que rien, toujours sale pour devoir nettoyer l’âtre et vivant pour ainsi dire parmi les cendres - d’où son surnom -, c’est au soleil de l’amour, « en trouvant pantoufle à son pied » que Cendrillon devient une jeune fille accomplie, une étoile qui danse. Cet accomplissement d’un rêve, dont le conte illustre les étapes, cette renaissance, car les cendres se rattachent évidemment à la mort, il n’est pas nécessaire de redevenir un enfant et de croire au fabuleux, pour deviner qu’il symbolise l’accomplissement de soi. 5 © Olivier Houeix Ainsi, à travers l’histoire de Cendrillon, à travers ses souffrances, ses émotions, ses espoirs s’écrit quelque chose d’universel. Un cri à la lumière, un appel à la clarté sereine des étoiles, en contrepoint d’un chaos intérieur où se multiplient les doutes, les révoltes, les chagrins soufferts et les bonheurs rêvés. « Créer, voilà la grande délivrance de la souffrance, voilà ce qui rend la vie légère » écrivit aussi Nietzsche. A ce titre, Prokofiev dont le second Prix Staline en 1945 ne le mit pas à l’abri des bureaucrates et du redoutable Andreï Jdanov, qui au nom du « réalisme socialiste » réduisit nombre des plus grands artistes soviétiques au désespoir, est un exemple. C’est donc « pour échapper au noir des choses trop réelles », comme on l’entend chez Massenet, pour oublier l’humanité qui saigne, l’ignorance et la bêtise humaine, bref pour tenter de sublimer l’ordinaire que j’ai chorégraphié Cendrillon. A l’instar de Magifique ou de Roméo et Juliette qui ne sont pas des succès d’ennui, le spectacle a été traité avec une économie de moyen, c’est-à-dire sans changements de décor, sans artifices, sans chercher minuit à quatorze heures non plus, mais avec un plaisir certain, entraîné par l’humanité et la magie du conte, le luxe de la musique, mais aussi par le rire des scènes burlesques qui contrebalancent les épisodes oniriques ou malheureux. Bref, nous avons fait de notre mieux pour chasser les nuages et « accoucher d’une étoile qui danse ». Thierry Malandain, février 2013 Création au Festival de Vaison-la-Romaine (1988), reprise à l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne (1990) et au Grand Théâtre de Genève (1998) (1) Création pour Ballet de l’Opéra national de Lyon (1985) (2) 6 Création à l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne (1994), reprise au Ballet Florida (2001) (3) 7 © Fred Néry Thierry Malandain 8 Avec plus de 75 chorégraphies à son actif, Thierry Malandain continue de développer un répertoire cohérent et une vision toute personnelle de la danse profondément liée au concept de « Ballet » qui tient lieu ici de référence à un courant esthétique où la priorité est donnée au corps dansant, à sa puissance, sa virtuosité, son humanité et à sa sensualité. La démarche de Thierry Malandain est sous-tendue par de profondes valeurs humaines. La recherche du sens et de l’esthétique guide un style intemporel à la fois puissant et sobre. Celui-ci peut être grave tout autant qu’impertinent et il puise sa richesse autant dans les racines de son art que dans une vision dynamique de sa discipline. Sa troupe est ainsi constituée d’interprètes rompus à la technique de la danse classique, mais dont l’expression au travers des chorégraphies est actuelle. Au fil de ses créations, Thierry Malandain s’attache donc à développer son écriture en quête d’une harmonie entre le moderne et le classique, l’histoire et le monde d’aujourd’hui. Il alterne en effet entre des visions nouvelle, personnelle, puissante d’œuvres du Répertoire comme Roméo et Juliette, des suites de Tchaïkovski avec Magifique, d’Orphée et Eurydice, l’Après-midi d’un Faune, Casse Noisette, le Boléro ou encore Pulcinella et de pures créations comme Lucifer (2011) sur une partition inédite du compositeur Guillaume Connesson ou Une Dernière Chanson (2012) sur des romances et complaintes de la France d’autrefois… Thierry Malandain est également un artiste ouvert vers ses contemporains comme en témoignent les nombreux chorégraphes porteurs d’esthétiques les plus diverses qui sont accueillis au sein du Centre Chorégraphique National de Biarritz ou au sein du Festival biarrot, le Temps d’Aimer dont il assure la direction artistique Thierry Malandain en quelques dates 1959. Naissance au Petit-Quevilly (SeineMaritime) Reçoit l’enseignement de Monique Le Dily, René Bon, Daniel Franck, Gilbert Mayer et Raymond Franchetti. 1977. Carrière d’interprète à l’Opéra de Paris, au Ballet du Rhin et au Ballet Théâtre Français de Nancy. 1986. Met un terme à sa carrière de danseur pour fonder la Compagnie Temps présent qui s’installe à Elancourt (Yvelines) 1992. Installation à l’Esplanade SaintEtienne Opéra en qualité de Compagnie Associée 1998. Nomination par la ministre de la Culture, à la direction du Centre Chorégraphique National de Biarritz 2006. 2nde nomination aux Benois de la danse avec l’Envol d’Icare créé pour le Ballet de l’Opéra national de Paris 2009. A nouveau, directeur artistique du Festival de Danse de Biarritz, Le Temps d’Aimer la danse 2012. Grand Prix de la Critique de Presse pour Une Dernière chanson 9 Sergueï Prokofiev C ompositeur russe de renom à sensibilité classique, pianiste et chef d’orchestre, Sergueï Prokofiev est né le 23 avril 1891 à Sontsova dans l’actuelle Ukraine. Entre Russie, Europe et Etats-Unis, sa carrière évolua au gré des événements politiques de son pays. Artiste avantgardiste, son style fut tantôt qualifié de créatif, de cosmopolite, et de dégénéré. Avec le soutien de sa mère, il commença à étudier la musique au Conservatoire de Saint-Pétersbourg en 1904 d’où il ressortit au bout de dix ans, distingué par le haut Prix Anton Rubinstein en tant que pianiste et compositeur avec le Concerto pour piano N°1. Commence alors pour lui une carrière au-delà des frontières de l’URSS où il est amené à rencontrer Serge Diaghilev et les Ballets Russes. Cette coopération, qui dura jusqu’à la disparition de Diaghilev en 1929, donna notamment le jour à un ballet comme Le Fils Prodigue en 1928. Cette période d’exil le mène du Japon aux Etats-Unis où il remporte un succès avec L’Amour des trois oranges en 1920. Mais la Russie lui manque et il décide de rentrer en 1933. 10 Son retour au pays est marqué par l’alternance d’honneurs et de persécutions au gré de la politique culturelle de Staline. Ainsi, il jouit dans un premier temps de fonctions officielles qui lui permettent de composer pour le cinéma et pour des ballets comme le Kirov et le Bolchoï où il signera Roméo et Juliette en 1935. C’est à cette même époque qu’il écrit la symphonie musicale Pierre et le Loup sur une commande du Théâtre Central des Enfants pour éveiller les enfants à la musique. Mais le pouvoir se retourne brutalement contre lui et Sergueï Prokofiev tente de se mêler le moins possible de politique pour se concentrer sur ses œuvres musicales. Il compose le ballet Cendrillon, interprété par la ballerine Galina Oulanova en 1945 entre plusieurs accidents cardiaques qui l’affaiblissent beaucoup. Dans ses dernières années, il est proclamé «Artiste du Peuple» par la République Socialiste Fédérative de Russie, mais subit toujours des marques d’hostilité régulières du Parti. Ironie du sort, il meurt le même jour que Staline et son décès ne sera annoncé publiquement que six jours plus tard 11 Equipe artistique décors et costumes conception lumière Né au Chili, il y débute des études d’architecture à l’Université Catholique puis obtient une licence d’Arts Plastiques à l’Université de Santiago. Jorge Gallardo commence sa carrière de décorateur et de créateur de costumes au Ballet du Nord pour le Ballet l’Amour Sorcier de Thierry Malandain. Il s’installe alors à Miami, où il débute une belle carrière au Etats Unis. Il vit aujourd’hui, et travaille pour diverses compagnies : Ballet Théâtre Français de Nancy (Patrick Dupont), American Ballet Theatre, Alvin Ailey, Royal Swedish Ballet, Miami City Ballet, Munich Operhouse, Ballet Florida, San Francisco Ballet, Malandain Ballet Biarritz Créateur lumière actif depuis les années 80, c’est à Bruxelles au Ballet du XXème Siècle dirigé par Maurice Béjart qu’il réalise ses premiers éclairages. Et, après avoir été directeur de production du Béjart Ballet Lausanne, pour lequel il a signé entre autre la lumière de Ring um der Ring à l’Opéra de Berlin, il occupe aujourd’hui cette fonction auprès du Malandain Ballet Biarritz. Il crée également la lumière de nombreux spectacles lyriques et chorégraphiques en France et à l’étranger. Il expose par ailleurs ses photographies et installations. Ainsi Rudolf Noureev auquel il a dédié l’exposition Noureev le fou de danse, a été vu à Biarritz, Paris et San Sebastián. A Bruxelles, il expose des images sur New York, les Etats-Unis et l’Amérique du Sud. A la Galerie 41 Artecontemporanea de Turin, il rend hommage à Roland Barthes à travers les Dictionnaires - entre image et texte. A partir de 2001, il produit des installations audio-vidéo comme Una Tantum et Genova mon amour sur la Genova silencieuse du G8. Après le 11 septembre 2001, d’un séjour à New York, naît Ground Zéro exposé à la galerie Der Fuchsbau de Berlin. La vidéo-installation Re-Creation est un regard sur le triptyque danse-lumièrephotographie présenté aux Magazzini dell’Abbondanza de Genova. Il expose aussi à la Galerie LeonardiV-Idea dans le cadre de la manifestation Me-design - GEnova2004, avec une installation audio-vidéo intitulée Neuf/9 - neuf chants pour la paix Malandain Ballet Biarritz, structure de production Pour la création et la fabrication des costumes, des décors, des lumières, pour la logistique, la compagnie va s’appuyer à la fois sur un savoir-faire interne acquis patiemment au fil des années et aussi sur des partenariats avec les entreprises locales dans une logique de participation au développement territorial. Equipe artistique Jean-Claude Asquié © Olivier Houeix Jorge Gallardo © Olivier Houeix 13 Les artistes chorégraphiques La compagnie du Malandain Ballet Biarritz compte 10 danseuses et 10 danseurs permanents de formation classique : Ecole de l’Opéra national de Paris - Conservatoire National Supérieur de Paris - Ecole du Ballet Royal des Flandres… venus de différents pays tels la Belgique, l’Espagne, le Portugal, le Japon, l’Australie ou encore l’Italie. Ione Miren Aguirre, née à Caracas (Venezuela). Elle débute au Conservatoire National de Région de Bayonne Coté Basque tout en recevant l’enseignement de Monik Elgueta au Studio Ballet de Biarritz. Elle entre ensuite à l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris, puis rejoint l’Ecole Supérieure de Danse de Cannes Rosella Hightower trois ans plus tard. En 2005, elle intègre le Ballet Biarritz Junior, puis le Malandain Ballet Biarritz, l’année suivante. Ellyce Daniele, née à Duncraig (Australie). Elle débute la danse en 2003 à Perth au Terri Charlesworth Ballet Center, dansant parallèlement avec le Youth Ballet Wa, puis rejoint en 2007 l’Académie de Danse Princesse Grace à Monaco. Surnuméraire au Ballet de l’Opéra national de Bordeaux durant la saison 2008-2009, elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2010. Aureline Guillot, née à Versailles. Elle étudie la danse à l’Académie de Danse de Rambouillet auprès de Monique Le Dily, puis à Paris avec Marc du Bouays et Wayne Byars. En 2005, elle est engagée en Allemagne au Anhaltisches Theater de Dessau où elle travaille avec le chorégraphe Gregor Seyffert jusqu’en 2008. Elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2008. Irma Hoffren, née à San Sebastián, elle étudie à la Thalia Dance School de San Sebastián, puis auprès de Maria de Avila et Carmen Roche. Elle intègre le Ballet Biarritz Junior de 2005 à 2008, puis le CCN – Ballet de Lorraine sous la direction de Didier Deschamps. Elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2012. Miyuki Kanei, née à Hiroshima (Japon). Elle étudie la danse à Hiroshima 14 auprès d’Itsuko Taki avant de rejoindre le CNSMD de Lyon, puis la Danse Classique Académie de Pascale Courdioux. Elle fait partie du Jeune Ballet du CNSMD de Lyon, de la Compagnie Lyon Ballet et intègre Malandain Ballet Biarritz en 2006. Mathilde Labé, née à Mont-Saint-Aignan. Elle étudie au Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Lyon, puis intègre en 2008 le Jeune Ballet de cet établissement. Après deux années passées à Lausanne à l’École-Atelier Rudra Béjart, elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2010. Claire Lonchampt, née à Sèvres. Formée à l’Ecole de Danse de l’Opéra National de Paris de 1998 à 2001, elle poursuit sa formation à l’European Dance Center, puis est admise en 2002 au CNSM de Paris où elle intègre en 2005 le Junior Ballet. Elle débute sa carrière au Ballet de Zurich et est ensuite engagée au Ballet de l’Opéra National de Finlande à Helsinki en 2007, puis au Het National Ballet en 2010. Elle nous rejoint en 2011. Nuria López Cortés, née à Alicante (Espagne). Elle étudie de 2004 à 2010 auprès de Marika Besobrasova à l’Académie Princesse Grace de Monaco. Engagée au Ballet de l’Opéra national de Bordeaux pour des représentations en 2008, elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2010. Patricia Velázquez, née à Guadelajara (Mexique). Elle étudie la danse à l’Académie de Ballet de Londres, de 1994 à 2003. Elle intègre ensuite l’Ecole du Ballet Royal de Winnipeg au Canada de 2003 à 2005, puis l’Académie Royale de Ballet de Guadalajara. Elle débute sa carrière au Mexique dans la Compañia de Danza Clásica y Neoclásica de Jalisco à Guadalajara en 2009, puis est engagée dans la Compañia Nacional de Danza en 2010 et au Ballet de Monterrey en 2011. Elle rejoint Malandain Ballet Biarritz en 2012. Laurine Viel, née à Paris. Elle débute auprès de Virginie Cosnier au Conservatoire Municipal de Villejuif, puis entre en 2005 au Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Paris avant d’intégrer en 2009 le Junior Ballet Classique de cet établissement. Elle rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2011. Raphaël Canet, né à Avignon. Il étudie au Conservatoire Régional d’Avignon avant d’intégrer le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux. Engagé en 2009 au sein de Dantzaz Konpainia, il entre au Malandain Ballet Biarritz en 2011. Giuseppe Chiavaro, né à Catagne (Italie). Il obtient en 1986 une bourse pour étudier à l’École de danse de l’Opéra de Paris. Deux ans plus tard, il rejoint le Centre international de danse de Cannes et se produit avec le J.B.I de Rosella Hightower à partir de 1990. En 1992, il reçoit le prix Serge Lifar, puis est engagé au Sinopia ensemble de Danse (Suisse). Il travaille avec Thierry Malandain depuis 1994. Mickaël Conte, né à Libourne. Formé au Conservatoire à Rayonnement Régional de Bordeaux à partir de 2001, il intègre le Ballet Biarritz Junior en 2006, puis rejoint l’année suivante à Nancy le CCN-Ballet de Lorraine dirigé par Didier Deschamps. Il entre au Malandain Ballet Biarritz en septembre 2011. Frederik Deberdt, né à Izegem (Belgique). Il étudie la danse à l’École du Ballet Royal des Flandres. En 1999, il est finaliste au Concours de l’Eurovision, participe au Concours de Varna, tout en étant engagé au Ballet Royal des Flandres. Il rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2001. Baptiste Fisson, né à La Rochelle. Il étudie au Conservatoire de La Rochelle, notamment auprès de Marie-Pierre Cantenys et de Sophie Baule. Engagé au CCN – Ballet de Lorraine dirigé par Didier Deschamps en 2006, il rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2012. Michaël Garcia, né à Toulouse. Il étudie la danse au Centre des Arts et de la Danse de Fontenilles avec Elisabeth et Christophe Garcia pendant 5 ans. Il intègre ensuite l’Académie Princesse Grace de Monaco et rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2011. 16 Les artistes chorégraphiques Hugo Layer, né à Sens. Il étudie la danse au Conservatoire de Sens jusqu’en 2007, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Durant son cursus il participe à la création de Rhapsody un blue avec Cathy Bisson, joue dans le film de Christian Faure et Marie Dô fait danser la poussière et obtient le rôle de soliste pour Clowns de la compagnie Pietragalla/Derouault. Il entre au Malandain Ballet Biarritz en 2013 Fábio Lopez, né à Lisbonne (Portugal). Il étudie la danse au Conservatoire National de cette ville avant de rejoindre la Juilliard School à New York, puis l’École-Atelier Rudra Béjart Lausanne en 2004. Il danse le Sacre du Printemps, le Boléro et Zarathoustra, le chant de la danse avec le Béjart Ballet Lausanne et entre au Malandain Ballet Biarritz en 2006. Arnaud Mahouy, né à Nanterre. Il est formé par Florence Letessier à Bois Colombes et Juan Giuliano à l’Académie Chaptal à Paris. En 2000, il entre au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris et reçoit le Premier Prix à l’unanimité du Jury en 2004. Il intègre le Junior Ballet du Conservatoire National Supérieur de Paris avant de rejoindre Malandain Ballet Biarritz en 2005. Jacob Hernández Martín, né à Las Palmas de Gran Canaria (Espagne). Il étudie aux Canaries puis intègre l’Ecole du Ballet de Hambourg, dirigée par John Neumeier. Il débute en 2003 dans la Compania Nacional de Danza 2 de Nacho Duato, puis rejoint en 2005 la compagnie de Tamara Rojo. En 2006, il danse comme soliste auprès de Pascal Touzeau, avant de faire partie du nouveau Gran Canaria Ballet que dirige Anatol Yanowsky. En 2008, il est engagé au Victor Ullate Ballet avant d’entrer au Malandain Ballet Biarritz en 2010. Daniel Vizcayo, né à Madrid (Espagne). Il étudie la danse au Real Conservatorio de Danza de Madrid. Premier prix en 2006 au concours de Torrelavaga, finaliste au concours de Lausanne en 2007, il entre la même année à Europa Danse sous la direction de Jean-Albert Cartier. Il entre au Malandain Ballet Biarritz en 2008. 17 A propos du Malandain Ballet Biarritz Le Malandain Ballet Biarritz est l’un des 19 Centres Chorégraphiques Nationaux (CCN) existant en France. Ce label CCN a été créé en 1984. Il est décerné par l’État et les collectivités territoriales dans le cadre de l’aménagement du territoire et des politiques en faveur de la danse. Ainsi, les CCN se voient confier des missions communes qui sont : la création d’œuvres chorégraphiques la diffusion de ses œuvres, au niveau local, régional, national et international la sensibilisation des publics à l’art de la danse la formation l’accueil et Chaque CCN est dirigé par un artiste du monde chorégraphique au parcours singulier, et qui, par sa couleur artistique, son originalité, présente sur le territoire la diversité des langages, styles et modes de création. Ce faisant, l’un des objectifs des CCN est également de donner aux artistes les moyens d’une vraie politique de développement artistique, avec un lieu de travail dédié. Le CCN Malandain Ballet Biarritz a été créé en 1998 à l’initiative de l’Etat et de la Ville de Biarritz, avec le soutien de la Région Aquitaine et du Département des PyrénéesAtlantiques. Sa direction a été confiée dès le départ à Thierry Malandain. Ce dernier, avec tout le soutien de son équipe, a su le développer et l’insérer dans le paysage culturel : 1 création par an et un indéniable succès public : 100ème représentation pour Magifique (2009) et Roméo et Juliette (2010) atteintes en 2012 près de 90 représentations et 70 000 spectateurs : l’une des compagnies qui tourne le plus en Europe un le soutien d’autres compagnies afin de faire partager outils et moyens - l’accueil Studio. ancrage local avec 10 000 spectateurs fidèles à Biarritz chaque année un rayonnement régional, européen et international avec plus de 45 pays visités depuis 1998 400 interventions de sensibilisation du public à la danse par an un effectif permanents 20 danseurs dizaine d’artistes chaque année soutenus une des pièces de Thierry Malandain au sein du répertoire de nombreuses autres compagnies 18 © Olivier Houeix l’inscription de © Stéphane Bellocq Le Malandain Ballet Biarritz reçoit le soutien du Ministère de la Culture / DRAC Aquitaine, de la Région Aquitaine, du Département Pyrénées Atlantiques, de la Ville de Biarritz et de l’Institut Français. Dans le droit fil de son développement et des missions qui lui sont confiées par ses tutelles publiques, le Malandain Ballet Biarritz met sa créativité, son énergie, son retour sur expérience au service d’un ensemble de grands objectifs visant à l’ouverture, aux échanges et au partage de l’outil de travail qu’est le Centre Chorégraphique National avec de nombreux partenaires. Pour accomplir ses objectifs et concrétiser ses engagements, le Malandain Ballet Biarritz s’appuie sur le déploiement de dispositifs spécifiques : © Olivier Houeix Ouverture, échange et partenariats Le Malandain Ballet Biarritz bénéfice également du soutien de ses mécènes : 64, Atelier du Chocolat de Bayonne, Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique, Casino Barrière, Société Générale, Hôtel du Palais, Sofitel Miramar, Repetto et l’Association des Amis du Malandain Ballet Biarritz. la plateforme de sensibilisation du public et de transmission du répertoire auprès des écoles, le Laboratoire de recherche chorégraphique sans frontières le projet transfrontalier Ballet•T, avec la ville de San Sebastián et le Teatro Victoria Eugenia, pôle de coopération chorégraphique du Grand Sud Ouest. © Olivier Houeix le 19 Saison 2013/2014 Diffusion Cendrillon Planning en cours d’élaboration Espagne / San Sebastián Kursaal Tél. 0034 943 00 30 00 Lundi 3 et mardi 4 juin 2013 avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi Diffusion Versailles Château de Versailles / Opéra Royal Tél. 01 30 83 78 98 Vendredi 7, samedi 8 et dimanche 9 juin 2013 avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi Espagne / Bilbao Palacio de congresos y musica Tél. 0034 944 035 000 Lundi 17 juin 2013 avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi Montauban Festival Danse en Places Tél. 05 63 21 02 43 Jeudi 25 juillet 2013 Italie/ Vérone Teatro Romano Tél. 0039 04 58 00 10 72 Jeudi 22, vendredi 23 et samedi 24 août 2013 Biarritz Festival Le Temps d’Aimer Tél. 05 59 22 20 21 Vendredi 6 septembre 2013 avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi 20 Espagne / San Sebastián Teatro Victoria Eugenia Tél. 0034 943 483 860 Vendredi 15 et samedi 16 novembre 2013 Espagne / Pampelune Auditorio Baluarte Tél. 0034 948 066 066 Lundi 25 novembre 2013 avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi Périgueux L’Odyssée – Scène conventionnée Tél. 05 53 53 18 71 Jeudi 28 novembre 2013 Représentation scolaire et tout public Cholet Théâtre Saint Louis Tél. 02 72 77 24 24 Samedi 30 novembre 2013 Arcachon Théâtre de l’Olympia Tél. 05 56 22 01 10 Mardi 17 décembre 2013 Représentation scolaire et tout public Biarritz Gare du Midi Tél. 05 59 24 67 19 Jeudi 19 et vendredi 20 décembre 2013 Représentations scolaires Samedi 21 et dimanche 22 décembre 2013 Représentations tout public © Olivier Houeix Carquefou Théâtre de la Fleuriaye Tél. 02 28 22 24 24 Mardi 7 janvier 2014 Vendôme L’Hectare Scène de Vendôme Tél. 02 54 84 44 20 Jeudi 9 janvier 2014 Allemagne / Bonn Theater Bonn Tél. 0049 228 778 000 Mardi 21 janvier 2014 Italie / Modena Jeudi 6 mars 2014 Espagne / Madrid Teatros del Canal Tél. 0034 913 089 999 Vendredi 4, samedi 5 et dimanche 6 avril 2014 Paris Théâtre national de Chaillot Tél. 01 53 65 30 00 Mercredi 9, jeudi 10, vendredi 11, samedi 12, dimanche 13, mardi 15, mercredi 16, jeudi 17, vendredi 18 avril 2014 Le Mans Palais des Congrès et de la Culture Tél. 02 43 43 59 59 Mardi 22 avril 2014 Reims Opéra de Reims Tél. 03 26 50 03 92 Samedi 24 et dimanche 25 mai 2014 Représentations tout public Lundi 26 mai 2014 Représentation scolaire Tournée Amérique du Sud Juin 2014 Colombie, Chili, Uruguay, Pérou Fouesnant L’Archipel / Pôle d’action culturelle Tél. 02 98 51 20 24 Dimanche 20 avril 2014 21 Contacts production / tournées Yves Kordian +33 (0)6 08 37 99 37 / +33 (0)5 59 24 67 19 [email protected] Lise Philippon +33 (0)5 59 24 67 19 [email protected] partenariat et mécénat Georges Tran du Phuoc +33 (0)6 11 68 37 93 / +33 (0)5 59 24 67 19 [email protected] communication Sabine Lamburu +33 (0)5 59 24 87 66 [email protected] Mélissandre Lemonnier +33 (0)5 59 24 62 09 [email protected] relations presses Yves Mousset / MY Communications +33 (0)6 08 60 31 45 / +33 (0)1 45 00 30 01 [email protected] 22 Centre Chorégraphique National d’Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques / Malandain Ballet Biarritz wwww.malandainballet.com CENDRILLON malandain / prokofiev REVUE DE PRESSE mise à jour le 30 août 2013 Le Figaro 20 août 2013 27 Tout prévoir Eté 2013 DANSE Cendrillon par Thierry Malandain MUSIQUE Prochaines représentations de Cendrillon en France : Montauban (25.7), Festival Le Temps d’Aimer à Biarritz (6.9), Périgueux (28.11), Cholet (30.11), Arcachon (17.12) et au Théâtre national de Chaillot en avril 2014. FESTIVAL Festival de Verbier (Suisse) 20 bougies Du haut de ses 20 ans, le festival de Verbier dans le Valais suisse s’affirme comme l’un des festivals de musique les plus courus d’Europe. Outre ses vertigineux et sublimes paysages, Verbier offre désormais toutes les formes musicales, de l’opéra, cette année Valery Gergiev y dirigera Anna Netrebko dans l’acte I d’Otello et Bryn Terfel dans le III de Walkyrie (25.7), au piano avec Buniatishvili, Kissin, Grimaud, Sokolov, Leonskaia, Trifonov… et même pour une carte blanche le très excentrique Rufus Wainwright ! La musique de chambre n’est pas en reste avec des solistes comme Renaud et Gauthier Capuçon, Leonidas Kavakos, Christian Zacharias… Pour Musique à l’Orangerie Œuvre de Jules Hardouin-Mansart, a parc de Sceaux avec son Orangerie, de l’Île-de-France et son Pavillon d de promenade apprécié des Parisien est le cadre en fin de semaine de co chambre de grande qualité. Cette an pianistes Anne Quéffelec, François F Angelich, Jean Frédéric Neuburger, le vrami, le clarinettiste Romain Guyot quatuors Ardeo, Modigliani et Zaïde. Orangerie de Sceaux (0146600011 et www Du 13 juillet au 8 septembre. Prix des p CD Barbara Barbara avant l’Olympia DR Thierry Malandain vient de présenter à l’Opéra Royal de Versailles Cendrillon sa dernière chorégraphie pour le Ballet Biarritz sur la musique de Prokofiev, création qu’il a longtemps différée car y planait l’ombre de la réalisation, devenue référence, de Maguy Marin pour l’Opéra de Lyon en 1985. Réglée pour 20 danseurs, elle fait appel à un supplément de participants à l’aide astucieuse de mannequins noirs en robes longues montées sur roulettes. Mais ce n’est pas la seule idée de ce spectacle qui en fourmille autant dans la réinvention des accessoires (le carrosse est figuré par un énorme cerceau, la pantoufle de vair par un stiletto noir) que chorégraphiques. La plus spectaculaire et d’avoir confié les rôles de la marâtre et des deux sœurs chipies à des hommes. Effet comique garanti, sans aucune surcharge, aucun effet vulgaire, on est dans la finesse absolue ! Un véritable bijou d’humour, de poésie et de subtilité qui compte à ce jour parmi ses plus belles chorégraphies. DR DR Féérique Sait-on assez qu’avant l’Olympia et le contrat qui la lia pour d’ineffables albums a dame brune avait débuté au cabare Paris à l’Écluse avec, avant même d chansons, celles de Brel, de Brassen un fond venant du café-concert d’Yvet Sait-on aussi que son premier enreg sur 78 tours Decca 28Mon pote le gitan ? qui répertorie (entres autres) notre p française avec un soin de musicolog sous le titre Barbara (1955-1961) to que, pour chaque chanson qui n’est Tanz Juillet 2013 Elle rêve de danse dans le grand bonheur et doit endurer toutes les bassesses qui ne lui veulent rien de bien. Dans le ballet, la fabuleuse montée en puissance de Cendrillon a toujours quelque-chose de « Black Swan » aussi. Mais dans le conte même, la jeune fille est protégée par une bonne fée, avec Happy End. Le chorégraphe Thierry Malandain à Biarritz, n’est pas un ami des frères Grimm même s’il se met à la matière de « Cinderella ». Pas de chaussure rouge, pas de sang dans la chaussure, pas de chaussure brillante - sa Cendrillon rêve plutôt d’être un jour un cygne blanc. Elle prend des cours de ballet auprès d’une gentille fée et danse avec ses elfes dans un monde sans dommage. La danse, c’est la liberté, même dans le ballet. De délicates combinaisons étincelantes couleur peau sont présentes pour ce rêve. La privation d’amour dans la maison de la belle-mère est au contraire éprouvée par une abondance de noir et un ordre strict. Le père, employer de bureau, s’engage avec une dominatrice dans un Showroom miniature du modèle Stiletto noir unique qui décore les murs à plus de cent fois - flottant légèrement bien que strictement agencé. Un design au lieu d’un paysage de conte de fée. Le corps de ballet dessine sur la scène des cercles correspondants, des lignes, des diagonales et des courbes, pas uniquement durant la « Danse espagnole » ou la « Danse arabe ». L’heure du bal pompeux dans le château est arrivée. Comment s’y prendra une compagnie comme le Ballet Biarritz, si petite par comparaison ? Tous jouent des hommes qui font entrer les « dames » en skateboard : habillées bien sûr en noir dans des tenues vides, elles se jettent finalement dans les bras de l’homme. Thierry Malandain se pose une fois de plus la question de savoir comment on peut encore raconter dans les ballets des histoires si connues, comment on fait un clin d’œil aux personnages et comment on jongle avec la matière pour divertir et surprendre sans être kitch. En fin de compte, son résultat a un effet cette fois ostensible grâce aux costumes noirs et blancs, jusqu’à l’idée de faire jouer la belle-mère et ses filles par des hommes. Eux aussi, portent des jupes noires à volants et apparaissent ainsi de manière offensive, désignant le monde des travestis, des cabarets et des revues. Le « grand gabarit » de la compagnie, Giuseppe Chiavaro, joue la belle-mère avec tant de goût pour un tel travesti que sa caricature n’est jamais malfaisante. Et la tenue blanche de Cendrillon contraste avec les cheveux noirs de la japonaise Miyuki Kanei ainsi d’autant plus rayonnante. Malandain permet à ses interprètes de développer une personnalité et une présence considérable, qu’ils soient membres de la compagnie depuis deux ou dix ans. Il fait cela car il les respecte profondément et les aime. Il en sera récompensé par toute la géométrie qui agit ici comme si elle se déployait spontanément, ludiquement et aussi fabuleusement que se présente elle-même cette troupe. Thomas Hahn 30 La Scène Eté 2013 Thierry Malandain crée une «Cendrillon» virtuose et pleine de malice Le chorégraphe Thierry Malandain, à la tête du Centre Chorégraphique National Malandain Ballet Biarritz, a donné en première française à l’Opéra royal de Versailles sa version pleine de facétie du ballet Cendrillon sur la musique de Prokofiev. La pièce de 100 minutes pour vingt danseurs, créée les 3 et 4 juin à San Sebastián (Espagne), déploie toute la virtuosité d’un grand ballet classique, mais truffé de surprises, tant dans la danse que dans les costumes, signés par le Chilien Jorge Gallardo. Le chorégraphe s’était promis de le traiter «avec une économie de moyens, c’est à dire sans changement de décor, sans artifices, sans chercher minuit à quatorze heures, mais avec un plaisir certain, entraîné par l’humanité et la magie du conte, le luxe de la musique, mais aussi par le rire des scènes burlesques qui contrebalancent les épisodes oniriques ou malheureux». Pari tenu : le spectateur retrouve sans peine le fil du conte, et découvre les surprises sorties du chapeau du chorégraphe-magicien pour rendre à l’histoire tout son piquant et renouveler le ballet. L’humour l’emporte nettement sur la mélancolie : la Cendrillon de Malandain enchante et fait rire. Les deux méchantes soeurs Javotte et Anastasie sont incarnées par des hommes, crânes rasés et robes noires mi-punk, mi-baroque, collant aux jupes d’un bellemère également masculine, valsant sur ses béquilles. Le chorégraphe et ancien danseur à l’Opéra de Paris, qui a plus de 75 créations à son actif, a développé une écriture entre modernité et classique, s’appuyant sur des danseurs rompus aux techniques de la danse classique. Le bal met aux prises les danseurs avec des mannequins somptueusement vêtus et montés ... sur roulettes. Fidèle au concept de «ballet», il alterne les visions nouvelles d’oeuvres de répertoire (Roméo et Juliette, L’Après-midi d’un faune, Casse Noisette, le Boléro...) et les pures créations comme Lucifer en 2011. Le ballet est accompagné par l’Orchestre Symphonique d’Euskadi de San Sebastián sous la direction de Josep CaballéDomenech. Tout au long du ballet, les danseurs déploient une élégance classique vivifiée par les emprunts, ici aux gymnastes, là aux acrobates, et même aux majorettes. La danse de Thierry Malandain est à la fois création et hommage au grand ballet classique, dans les ensembles comme dans les duos, où Cendrillon (Miyuki Kanei) et le prince (Daniel Vizcayo), aériens, rivalisent de légèreté. Le conte de Cendrillon, connu grâce à Perrault et aux frères Grimm, a fait l’objet de centaines de versions. En danse contemporaine, la création de Maguy Marin en 1985, transportée dans l’univers d’une maison de poupée, avait paru si «parfaite» à Thierry Malandain qu’il a longtemps hésité à s’emparer du ballet à son tour. Cendrillon est promis à une tournée mondiale qui le mènera en 2013-14 d’Espagne en Italie, France, Allemagne et Amérique du Sud (à partir de juin 2014). Il sera au Théâtre National de Chaillot du 9 au 18 avril 2014. 31 Dansomanie 1/2 19 juin 2013 «A travers l’histoire de Cendrillon, à travers ses souffrances, ses émotions, ses espoirs, s’écrit quelque chose d’universel. Un cri à la lumière, un appel à la clarté sereine des étoiles, en contrepoint d’un chaos intérieur où se multiplient les doutes, les révoltes, les chagrins rêvés». Ainsi Thierry Malandain délimite-t-il la portée du conte des frères Grimm dans ses notes d’intention. Mais chez le chorégraphe biarrot, de l’universel au particulier, il n’y a souvent qu’un pas, et ses ballets sont souvent aussi l’expression de doutes, de conflits intérieurs, de joies aussi, on l’espère. Thierry Malandain met discrètement le spectateur sur la voie, et cite Nietzsche : «Créer, voilà la grande délivrance de la souffrance, voilà ce qui rend la vie légère». Malraux, qui connaissait son Zarathoustra, ne disait pas autre chose : «L’art est un anti-destin». Ou, chez Malandain du moins, une tentative de le conjurer. Le religieux n’est jamais abordé explicitement, mais chaque ouvrage est traversé d’une sorte de mysticisme christique, prenant la forme d’une quête expiatoire, cathartique, pour s’en tenir à un lexique laïc. Si l’argument de cette nouvelle Cendrillon, est, dans les grandes lignes, conforme à la tradition héritée des Grimm, l’esprit du conte féérique n’en est pas moins tourneboulé. Le personnage de la Souillon est magnifié par l’interprétation de Miyuki Kanei, petite fleur japonaise que Thierry Malandain est allé cueillir au Conservatoire de Lyon il y a sept ans, et qui a su trouver à Biarritz le terreau propice à son éclosion. Mais, en dépit des apparences, le personnage central du ballet est ici le Prince : il se jette dans une quête aux relents kafkaïens, qui le ramène obstinément à la Marâtre, figure ambiguë, qui comme les deux «méchantes sœurs», est ici interprétée par un homme. Ce rôle, prépondérant lui aussi, a été confié à Giuseppe Chiavaro. Drôle, émouvant, il saisit l’exacte limite à ne pas franchir, car, en dépit des apparences – et d’un public qui rit parfois de bon cœur – il ne s’agit pas d’un personnage caricatural. Le registre serait plutôt celui du grotesque qui tourne au tragique. Il/elle et ses rejetons incarnent la réalité crue – avec ce qu’elle peut comporter de profane, voire de laid – des relations amoureuses humaines, alors que Cendrillon personnifie un idéal de pureté, après lequel le Prince s’obstine à courir, sans espoir de l’atteindre. A chaque fois, il est rappelé à son destin d’humain, englué dans ses faiblesses, par l’omniprésent(e) belle-mère. Et ironiquement, lorsque enfin il retrouve Cendrillon, femme rêvée, idéal d’amour pur, la marâtre et sa progéniture – cette fois travestis en femmes – réinvestissent la scène, triomphantes. Tout n’était donc qu’une sinistre illusion? On retrouve ici les obsessions qui tiraillent Thierry Malandain, déjà exposées dans des ouvrages tels Le Portrait de l’Infante : la faiblesse de la chair, les passions destructrices, qui obstruent la voie vers cet absolu amoureux et artistique incarné par LA femme à jamais inaccessible : l’Infante d’Espagne à la tendre candeur magnifiée par le pinceau de Velázquez, la Cendrillon au cœur innocent née de la plume de Jacob et Wilhelm Grimm. Cendrillon, c’est aussi la métaphore – ou la parabole - du chausson. On sait que Thierry Malandain, pourtant passionné de ballet romantique, ne met jamais ses interprètes féminines sur pointes. Au delà de l’argument économique – la fourniture de cet accessoire ô combien emblématique de la ballerine étant d’un coût non négligeable pour une compagnie de dimensions moyennes - , on peut se demander si le chausson n’est pas pour lui une sorte de parangon artistique, qu’il s’interdit d’approcher tant que les conflits intérieurs auxquels son activité créatrice sert d’exutoire n’auront pas été apaisés. Ou, plus prosaïquement, l’angoisse de briser le rêve, en lui donnant corps. La nuit d’après le bal, pour Cendrillon. 32 Dansomanie 2/2 19 juin 2013 Sur le plan visuel, la dernière création de Thierry Malandain est une incontestable réussite. Comme dans Choré, de Jean-Christophe Maillot, on y retrouve des effets – les corolles de femmes qui s’ouvrent et se referment dans un mouvement impeccable – empruntés au cinéma et aux shows nautiques américains des années 1930. L’ouvrage fourmille de clins d’œil aux «anciens», Nouréev, Balanchine ou Petipa, mais aussi de trouvailles astucieuses, comme les mannequins montés sur roulettes qui permettent de doubler d’un coup l’effectif de la scène de bal et d’occuper tout l’espace disponible. Au-delà de l’artifice scénographique, ces mannequins sont autant de Cendrillon désincarnées, de coquilles vides que les cavaliers / cavalières, clones du Prince, ont l’illusion de tenir entre leur mains. Sur le plan musical, la Cendrillon de Thierry Malandain est une expérience déroutante. L’exiguïté de la fosse d’orchestre de l’Opéra Royal de Versailles (mais qu’en est-il lorsque l’ouvrage est représenté en d’autres lieux?) a imposé des modifications radicales de l’instrumentarium, avec notamment des coupes drastiques – mais habilement réalisées – en ce qui concerne les cuivres. Le nombre également relativement restreint des cordes offre à l’auditeur un véritable festival de bois, les flûtes, hautbois, clarinettes et bassons se trouvant mis bien plus en lumière que d’ordinaire. L’équilibre de la partition s’en trouve bouleversé, et on a l’impression de découvrir une nouvelle musique. Ceci étant dit, l’Orchestre Symphonique du Pays Basque de San Sebastian est excellent, et l’on aimerait voir plus souvent des formations de cette qualité accompagner la musique de ballet. Le chef, Josep Caballé-Domenech, adopte des tempi très rapides, privilégiant l’élégance et la fluidité au détriment des grands effets de masse, dans un esprit qui rappelle celui de la Symphonie classique du même Prokofiev : Haydn ou Mozart, mis au goût du vingtième siècle. Romain Feist 33 Danser 17 juin 2013 Cendrillon est une vieille histoire que l’on connaît grâce à Charles Perrault et aux frères Grimm, mais il y en aurait eu une centaine de versions. Chorégraphiquement parlant, on connaît surtout celle, historique, de Rostislav Zakharov (pour laquelle fut conçue la partition de Sergeï Prokofiev en 1945), celle de Frederick Ashton et ses deux sœurs travestis, celle, très hollywoodienne de Rudolf Noureev et la fine et intelligente relecture contemporaine de Maguy Marin en 1985. Il fallait donc une bonne dose de courage pour s’affronter au sujet. En l’occurrence ce fut une phrase de Nietzsche « Il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d’une étoile qui danse » qui permit à Thierry Malandain de relever ce défi. La première image qui transforme le plateau en boîte écrin pour des centaines d’escarpins noirs frappe les esprits autant que l’imagination. Celle-ci sera au rendez-vous tout au long de la pièce, truffée d’astuces aussi ingénieuses que savoureuses pour symboliser les éléments du conte. Ainsi d’une simple roue pour matérialiser le carrosse ou d’un dédoublement de la compagnie audacieux pour la grande valse du bal... Au-delà de cette inventivité scénographique, la compagnie est exceptionnelle et sert à merveille un propos féérique avec délicatesse et humour. Ne s’embarrassant pas de chevilles narratives, cette Cendrillon campe des personnages au service de la danse pure. Les tableaux s’enchaînent sans le moindre temps mort et les relations entre solistes et ensembles sont si bien travaillées que le tout coule de source. La danse est parfaite de justesse. Il faut dire que Thierry Malandain a l’oreille bien faite et sait utiliser toute la palette d’émotions contradictoires suggérées par un Prokofiev qui sait se moquer du pouvoir en place en l’affublant d’harmonies aussi grinçantes que grotesques. C’est ainsi que la marâtre (Giuseppe Chiavaro) et ses filles (Frederick Deberdt et Jacob Hernandez Martin), déclenchent les rires malgré l’allure d’araignée de la mère flanquée de deux béquilles dont elle use à foison pour châtier ses filles et tout ce qui bouge autour d’elle. D’ailleurs l’allure du trio vêtu d’un noir froufoutant et sinistre, leurs crânes rasés, les attitudes soumises des filles face à cette mère toute puissante et tentaculaire font immédiatement songer à la Maison de Bernarda. Et la jolie Cendrillon (Miyuki Kanei) à la recherche d’une chaussure à son pied, a une grâce piquante et sensuelle qui pourrait bien être sacrifiée sur le théâtre de la cruauté. La fée-marraine (Claire Longchampt) aussi légère qu’un nuage, aussi fluide qu’une rivière, aussi fine et rapide que les Elfes qui la suivent danse avec simplicité une partition d’une complexité subtile. Les hommes quant à eux, notamment le Père (Raphaël Canet) et le Prince (Daniel Vizcayo) ont une élasticité dans les sauts, et une puissance de giration rares. La chorégraphie se sert d’ailleurs intelligemment d’un large vocabulaire classique remis au goût du jour, utilisant même des figures assez virtuoses que l’on voit de moins en moins souvent comme rotirons, sauts de basque en tournant (normal à San Sebastian !)... tandis que les pas de deux se déploient dans une belle musicalité, soutenue par l’orchestre symphonique d’Euskadi. Aucun doute, le chaos a bien libéré une étoile dansante, elle s’appelle Cendrillon. Agnès Izrine 34 Le Quotidien du médecin 17 juin 2013 Tout en finesse Dans le cadre du festival Les Voix Royales, Thierry Malandain a présenté à l’Opéra Royal de Versailles, aussitôt après sa création à San Sebastián, sa dernière chorégraphie, Cendrillon, sur la musique de Serge Prokofiev. Un bijou d’humour, finesse et subtilité, qui compte parmi ses plus belles chorégraphies. Thierry Malandain a longtemps différé sa Cendrillon, sur laquelle plane l’ombre de la réalisation, devenue référence, de Maguy Marin pour l’Opéra de Lyon en 1985. Il l’avait approchée en réglant les parties dansées de l’opéra éponyme de Jules Massenet, créé à Vaison-la-Romaine en 1988, mais, pour le ballet de Serge Prokofiev, restait à franchir le pas et surtout à en surmonter les exigences en terme d’effectifs, notamment pour la scène du Bal. Réglée pour 20 danseurs, sa Cendrillon fait appel à un supplément de participants avec l’aide astucieuse de mannequins noirs en robes longues montés sur roulettes. Mais ce n’est pas la seule idée de ce spectacle, qui en fourmille autant dans la réinvention des accessoires (le carrosse est figuré par un énorme cerceau, la pantoufle de vair par un stiletto noir) que dans la chorégraphie. La plus spectaculaire est d’avoir confié les rôles de la marâtre et des deux sœurs chipies à des hommes. Juché sur des béquilles, l’immense Giuseppe Chiavaro fait penser à un grand héron, flanqué des deux sœurs (Frederick Deberdt et Jacob Hernandez Martin), dont l’anatomie dorsale musclée et les crânes rasés ne laissent planer aucune équivoque sur leur sexe. Effet comique garanti, sans aucune surcharge, aucun effet vulgaire, on est dans la finesse absolue ! De même, la Cendrillon de Miyuki Kanei est toute en simplicité et en effacement, dans sa petite robe grise mais aussi dans celle qu’elle revêt pour le Bal, une simple tunique blanche dans laquelle elle séduit un prince en justaucorps gris perle, l’excellent Daniel Vizcayo. Ce dernier est un pilier du Ballet Biarritz, dont les danseurs sont très engagés dans cette chorégraphie exemplaire, toujours fluide et parfaitement lisible, une des meilleures à ce jour de Thierry Malandain. Superbe, aussi, le travail de Jorge Gallardo avec un cadre de scène vide mais délimité par des alignements de la fameuse chaussure, ici un escarpin verni noir, et des couleurs très neutres pour l’ensemble des costumes. Avec de très jolis éclairages, cette simplicité faisait merveille dans le luxueux cadre d’or de bleu-verts de l’Opéra Royal de Gabriel. L’Orchestre symphonique d’Euskadi de San Sebastián, malgré quelques tempi pris un peu trop lentement et parfois un manque du mordant indispensable à cette musique si grinçante, a, sous la direction de Josep Caballé-Domenech, donné une lecture d’une clarté remarquable de la magnifique partition de Prokofiev. Il ne faudra pas manquer les reprises de ce merveilleux spectacle qui se partagera pendant la saison prochaine entre l’Espagne et la France. Olivier Brunel 35 Alta Musica 15 juin 2013 Un petit bijou Dans le cadre du Festival Voix royales troisième du nom, Thierry Malandain a présenté à l’Opéra Royal de Versailles, aussitôt après sa création à San Sebastián, sa dernière chorégraphie sur le conte Cendrillon sur la musique de Serge Prokofiev. Un véritable bijou d’humour, finesse et subtilité qui compte parmi ses plus belles chorégraphies. Thierry Malandain a longtemps différé sa Cendrillon sur laquelle plane l’ombre de la réalisation, devenue référence, de Maguy Marin pour l’Opéra de Lyon en 1985. Il l’avait approchée en réglant les parties dansées de l’opéra éponyme de Jules Massenet créé à Vaison-la-Romaine en 1988, mais pour le ballet de Serge Prokofiev restait encore à franchir le pas et surtout d’en surmonter les exigences en terme d’effectifs notamment pour la scène du Bal. Réglée pour vingt danseurs, sa Cendrillon fait appel à un supplément de participants avec l’aide astucieuse de mannequins noirs en robes longues montées sur roulettes un peu dans l’idée de ceux inventés par Jiri Kylián dans sa pièce Petite Mort. Mais ce n’est pas la seule idée de ce spectacle qui en fourmille autant dans la réinvention des accessoires (le carrosse est figuré par un énorme cerceau, la pantoufle de vair par un stiletto noir) que chorégraphiques. La plus spectaculaire et d’avoir confié les rôles de la marâtre et des deux sœurs chipies à des hommes. L’immense Giuseppe Chiavaro, un fidèle de Malandain, est revenu pour cela et juché sur des béquilles,il fait penser à un grand héron, flanqué des deux sœurs (Frederick Deberdt et Jacob Hernandez Martin) dont l’anatomie dorsale musclée et les crânes rasés ne laissent planer aucune équivoque sur leur sexe. Effet comique garanti, mais virtuosité malandienne oblige, aucune surcharge, aucun effet vulgaire, on est dans la finesse absolue. De même, la Cendrillon de Miyuki Kanei est tout en simplicité et en effacement autant dans sa petite robe grise que celle qu’elle revêt pour le Bal une simple tunique blanche dans laquelle elle séduit un prince en juste au corps gris perle, l’excellent Daniel Vizcayo, pilier du Ballet Biarritz. La fée de Claire Lonchampt est exquise, maternelle à souhait et tous les danseurs très engagées dans une chorégraphie exemplaire, toujours fluide et parfaitement lisible, une des meilleures à ce jour de Thierry Malandain. Le travail de Jorge Gallardo est aussi à louer avec un cadre de scène vide mais délimité par des alignements de la fameuse chaussure, ici un escarpin verni noir et des couleurs très neutres pour l’ensemble des costumes. Avec de très jolis éclairages, cette simplicité fait merveille dans le luxueux cadre d’or de bleus-verts de l’Opéra Royal de Gabriel. On ne soulignera jamais assez le luxe d’avoir un véritable orchestre dans la fosse pour un spectacle de danse, surtout dans l’acoustique admirable car parfaite de cette salle unique. Pour cette Cendrillon, ce n’est qu’éphémère car une bande remplacera ensuite l’excellent Orchestre symphonique d’Euskadi de San Sebastián, qui malgré quelques tempi un peu trop lents et parfois un manque de mordant indispensable à cette musique si grinçante donne, sous la direction de Josep Caballé-Domenech, de la magnifique partition de Prokofiev une lecture d’une clarté remarquable. Il ne faudra pas manquer les reprises de ce merveilleux spectacle qui se partagera pendant la saison prochaine entre l’Espagne et la France, notamment au prochain festival le Temps d’aimer à Biarritz (6 septembre) et au Théâtre national de Chaillot (avril 2014). Olivier Brunel 36 Concert Classic 1/2 15 juin 2013 Cendrillon de Thierry Malandain à l’Opéra Royal de Versailles Il était enfin une fois... Un vrai cadeau que le Cendrillon dansé à l’Opéra Royal de Versailles (dans le cadre du Festival « Les Voix Royales »), quelques jours après sa création à San Sebastián. « Ce ballet, dit le chorégraphe, je ne l’ai pas tellement voulu. Je n’en portais pas vraiment le thème puis un concours de circonstances m’a emporté dans cette histoire, avec la demande de Laurent Brunner, directeur des Spectacles au Château de Versailles, lequel souhaitait nous inviter mais avec une Cendrillon, et le désir de l’Orchestre d’Euskadi de participer à une telle entreprise ». Il est ainsi, Thierry Malandain : simple, direct, jamais dupe, souvent surpris de son succès, incapable de se vendre, mais désormais très demandé. Et c’est ainsi que le beau conte a pris naissance: une sorte de récompense pour la fidèle et solide petite compagnie du Malandain Ballet Biarritz, qui a gagné ses galons à la dure, tant l’image de chorégraphe de Malandain, son impossibilité de s’affilier à la moindre chapelle l’isolaient quelque peu. Un ovni, en gloire aujourd’hui dans le temple de l’art français. Et ce n’est pas son Cendrillon qui l’inscrira dans un mouvement à la mode, car pour le passionné de Giselle qu’est Malandain, moderne de formes mais profondément classique dans l’âme, ce nouveau bébé est assurément à situer dans la grande tradition néo-académique. Avec un langage chorégraphié sur les bases anciennes, mais bourré d’inventions vivantes, piquantes, qui le replacent dans son siècle et non dans quelque vaine démarche nostalgique. Claire et vivement menée, l’œuvre coule entre émotion et drôlerie, accrocheuse, habile et sincère à la fois, avec une beauté plastique qui n’est pas toujours le fait de Malandain, souvent plus âpre et complexe. Il en va parfois ainsi des pièces nées d’un jet, comme naturellement, sans avoir été trop pensées et nourries d’innombrables fantasmes. Malandain cite Nietzsche dont la phrase « il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d’une étoile qui danse », lui a donné le déclic créateur, et déclare avec la grâce humble et solide qui lui est habituelle: « nous avons fait de notre mieux pour chasser les nuages ». Disons qu’il s’inscrit tout simplement dans la lignée des grands qui ont édifié le répertoire classique de Taglioni à Neumeier, sans une ombre de mièvrerie démodée, comme un Fokine sut l’être en son temps, à la fois classique et totalement nouveau, et avec le même talent qu’un Maillot aujourd’hui. Mélomane à l’instinct très vif, Malandain fait ressentir toute la cruauté burlesque de la partition de Prokofiev, ses sarcasmes et sa noirceur, tout en donnant aux duos des deux héros une dimension lyrique d’une beauté exceptionnelle. Sa petite Cendrillon, la très prenante Miyuki Kanei ,fait ainsi son entrée sur la scène royale avec ses pieds presque nus, tandis qu’autour d’elle pend une centaine d’escarpins. Elaguée, l’histoire se déroule suivant sa ligne habituelle, mais fourmille d’idées percutantes qui la réhaussent : ainsi le sinistre et cocasse tableau formé par la marâtre et ses filles, trio de travestis, où brille particulièrement le long Giuseppe Chiavaro, en robe à ruchés noirs, avançant comme une immense araignée sur sescannes anglaises. Le rire qu’ils déclenchent n’est pas anodin. Pour le reste, Malandain a effectivement gardé la dimension onirique du conte, avec une fée - la superbe Claire Longchampt, récemment entrée dans la compagnie où sa longue silhouette et son port de tête de sylphide tranchent avec le physique plus sportif et charnel des danseuses de Ballet Biarritz. Autour d’elle, des elfes tournoyants qui dynamisent le ballet autant qu’ils l’aèrent du voile d’angoisse planant sur la douloureuse condition de la jeune fille malaimée. Des pas de deux rayonnants, intensément musicaux, qui tendent les corps vers une libération venant comme une déchirure au plus profond de leur solitude. 37 Concert Classic 2/2 15 juin 2013 Le tout en noir et blanc, accentuant le caractère mortifère de l’histoire sans la caricaturer exagérément, notamment cette valse qui fait tournoyerles danseurs avec des mannequins en grandes robes du soir, comme des oiseaux de nuit. Là aussi, on apprécie que les costumes de Jorge Gallardo soient dessinés avec une éloquence aussi parlante que simple de lignes : discrets mais sans faute, ils accentuent la beauté franche et coupante du conte tel que l’a dessiné le chorégraphe. Peut-être un tracé de pointe, pour une Cendrillon chaussant ses escarpins magiques, eut-il été pour elle symbole de libération et d’élévation. Mais ceci est une autre histoire... L’essentiel demeure et nous enthousiasme autant qu’il nous émeut, en délicatesse : ce qui n’était pas un rêve pour le chorégraphe le devient aujourd’hui pour le public émerveillé, qui a réservé aux danseurs, transportés de joie de bondir sur ces planches historiques, à la séduction et au message si riche. En tête de pont, outre Miyuki Kanei et Claire Longchampt, Daniel Bizcayo en prince, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt, Jacob Hernandez Marin et l’impeccable Arnaud Mahouy ont fait des étincelles, tandis que l’Orchestre Euskadi, dirigé par le pétulant Josep Caballé-Domenech donnait la mesure de sa vitalité et de sa belle couleur sonore : une collaboration à suivre. Jacqueline Thuilleux 38 Note di Danza 12 juin 2013 Il était une fois... Le charme du conte de Cendrillon perdure et l’éternelle histoire de la jeune fille et de sa célèbre chaussure revit toujours, suscitant le même intérêt que par le passé auprès des plus grands chorégraphes et musiciens. C’est grâce à Charles Perrault et aux frères Grimm que la magie commença en 1697. La première mise en scène sous la forme d’un ballet, nous la retrouvons en 1945 quand le chorégraphe Rotislav Zakharov crée la première version dansée en trois actes. Puis Noureev avec sa relecture moderne où Cendrillon devient une star de cinéma, jusqu’à l’incroyable version faite des poupées de Maguy Marin et à la très récente de Pontus Lindberg (2012), jeune chorégraphe norvégien. Aujourd’hui, en 2013, c’est Thierry Malandain, directeur du Centre Chorégraphique de Biarritz, qui s’approprie l’histoire pour la refaire danser. Le conte est bien connu, mais pourquoi inspire-t’il encore la créativité de grands artistes ? Nous pouvons trouver les réponses à partir de cette nouvelle création présentée en première à St. Sébastien et qui a été accueillie à l’Opéra Royal de Versailles. Dans ce cadre prestigieux, comment anticiper mieux l’heureux destin de Cendrillon ? Mais à part cela, le chorégraphe fait un travail impeccable. La chorégraphie simple et intense, très classique et élégante, met en valeur les qualités de ce personnage féminin qui vit son rêve jusqu’au bout pour qu’il devienne réalité. Thierry Malandain se montre encore une fois un chorégraphe très musical : chaque pas suit parfaitement la partition de Prokofiev, parfois répétitive dans le thème. Mais le langage chorégraphique a le mérite d’être étincelant et très varié. Au contraire qu’en Roméo et Juliette où la musique de Berlioz se suffisait à elle-même, la danse fait ici vibrer encore plus la musique. Il nous semble que pour Malandain cette création signifie s’approprier et mettre en scène ce qui le touche le plus : la pureté des lignes, la construction des duos, la représentation des sentiments. Et il le fait avec une grande maîtrise et une grande sensibilité, grâce aussi aux artistes de sa compagnie et en particulier à Miyuki Kanei et Daniel Vizcajo, couple qui danse avec une légèreté extrême et qui nous fait rêver. A ne pas oublier, le décor : il ne change jamais, des dizaines de chaussures pointues noires, avec des tallons, suspendues tout au long de fils qui descendent parallèles aux parois de la scène. On se croit face à un vol d’hirondelle si on le regarde de loin. Cette atmosphère aérienne accompagne toute la pièce, il n y a jamais de sévérité, même quand c’est à la maitresse ou aux deux sœurs de jouer leur rôle. En revanche, leurs personnages sont ironiques : la maitresse avec des béquilles et les deux sœurs, jamais trop méchantes avec leur petite sœur. On saisit toute leur fragilité, alors que Cendrillon, dans son silence, brille et accompli son heureux destin. Et Malandain nous surprend dans le final, faisant saluer les danseurs sur les dernières mesures de la partition : une idée pour remplir une musique qui se révèle trop longue pour la conception chorégraphique ou bien un choix raisonné ? En tout cas, le défi est réussi : la magie de l’histoire et la beauté du ballet s’affirment et le public apprécie beaucoup. Antonella Poli 39 Umoove 12 juin 2013 Sublimer l’ordinaire C’est « pour échapper au noir des choses trop réelles, pour oublier la réalité qui saigne, l’ignorance et la bêtise, pour tenter du sublimer l’ordinaire » que Thierry Malandain, directeur du CCN Malandain Ballet Biarritz a chorégraphié Cendrillon. Inspirée par la célèbre phrase de Nietzsche « Il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d’une étoile qui danse », le chorégraphe signe une relecture universelle du conte de Perrault (Grimm, et tant d’autres), pièce du répertoire de 1899 maintes fois revisitée par des artistes tels Frederick Ashton, Rudolf Noureev et plus récemment Maguy Marin... Pour le chorégraphe biarrot, l’histoire de Cendrillon est l’accomplissement d’un rêve. Celui d’une souffre douleur orpheline empreinte de doute et rejet mais aussi d’espoir qui devient princesse choyée. Biberonné à la version de Disney, médusé celle, très « poupée », de Maguy Marin, le public connaît par cœur ce « Il était une fois ». Il assiste ici à une délicate version : la naissance d’une étoile qui danse... Thierry Malandain aime le merveilleux, le fabuleux, les douces rêveries, le magifique. Familier du conte pour avoir chorégraphié, en 1999, les passages dansés de l’opéra éponyme de Jules Massenet, il signe un ballet en deux actes, fidèle à la partition de Prokofiev. Eminemment poétique, gentiment narratif, ce Cendrillon joue la carte de l’épure avec son décor aux trois imposants murs composés de talons aiguilles noires, sobrement éclairés. Tour à tour menaçantes grilles puis délicats vitraux de château, ces murs sont un efficace clin d’œil au fameux soulier de vair. Sans bousculer d’un iota son néoclassique reconnaissable entre tous, le chorégraphe propose une vision personnelle du conte oscillant entre tragique et humour. Aux trouvailles chorégraphiques, il préfère les scénographiques. Parmi les plus éclatantes : le Bal de Cour nécessitant, dans sa version originale, la présence d’une trentaine de danseurs. Par un heureux truchement, Thierry Malandain double l’effectif de sa compagnie grâce à des mannequins sur roulettes, revêtus de robes de galas. L’astuce fait son effet, tout comme la vision très queer du trio infernal du conte : la marâtre Madame de Trémaine et ses filles Javotte et Anastasie. Inénarrables, les trois garçons, crânes chauves et puants de suffisance, sont LA bonne surprise de Cendrillon qui prend, à chacune de leur intervention, des airs du Ballet du Trockadero de Monte-Carlo. A la toute fin du ballet, comme chacun le sait, l’héroïne convole en juste noce avec son Prince d’époux, sous les regards non plus haineux mais embués par l’émotion de la marâtre et ses deux insupportables rejetons. Marâtre qui se saisit d’un arrosoir stylisé pour rafraîchir un corps de ballet composant, au sol, une étoile qui frémit. Cette ultime fantaisie d’un Malandain particulièrement en forme suscita, dans les jardins de l’Opéra de Versailles, bon nombre d’interprétations. Pour ma part et si je m’en réfère au « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » qui ponctue tout conte respectable, j’y vois une Belle-mère prenant soin de sa future descendance. Une petite graine a été plantée, un enfant va naître... De l’amour éclot toujours de bien belles histoires. Thierry Malandain le sait bien et s’en saisit pour sublimer un ordinaire toujours plus extra à ses côtés. Cédric Chaory 40 Le Figaro 11 juin 2013 Cendrillon enchantée Cendrillon a trouvé son prince Thierry Malandain et Ballet Biarritz ont donné, vendredi, à Versailles, leur nouveau Cendrillon en création française. Un décor de stilettos degringolant le long des murs, une roue Cyr en guise carrosse et puis rien d’autre: de la danse, tout pour la danse. Thierry Malandain ne mise que sur elle. Pas de couleurs dans sa Cendrillon qui file son heure et demi dans une scénographie riche seulement de quelques nuances de gris. La danse structure, raconte, enchante. Elle est pensée sans temps mort. La musique de Prokoviev la dessine fluide et jazzy, dans ce classique swingant et très Broadway qui marque aussi la version qu’en donna Noureev. Mais le parallèle s’arrête là. Dans sa Cendrillon, Noureev fait du cinéma et rend hommage à Holywood. Thierry Malandain, lui, organise le monde. Cendrillon est une histoire de chaussures : de vair si doux ou de verre que l’on brise comme l’hymen des jeunes filles, soutient Bettelheim. Malandain n’élucubre pas mais y trace son chemin à la grâce d’une chorégraphie riche en effets de pieds et jeux de jambes. De la belle-mère qui, campée sur ses béquilles, décroche des coups de pieds au ciel, à la haie d’elfes couchés sur le dos dont les jambes figurent un buisson. Malandain conte l’histoire sans impasse ni impair. Ni souris ni lézards pour tirer la citrouille, elle aussi envolée, ou distraire la souillon. Comme chez Massenet, Cendrillon dialogue avec les elfes qui accompagnent la fée mère ou marraine. Ils effectuent à l’ouverture du rideau un sabbat de plongeons et de sauts de carpe qui n’augure rien de bon. Au dernier tableau, sagement couchés en rond, ils dansent joliment d’un bras tandis que la méchante belle mère qui ne caracole plus les arrose avec une grâce soudaine. Tout est rentré dans l’ordre. Cendrillon a trouvé son prince. Rangez les soeurs furieuses, les guerres de familles, le mari battu et la souillon cireuse de chaussures. La paix est faite. Entre les deux, Malandain a tout raconté et on s’est beaucoup amusé. La belle-mère, Javotte et Anastasie sont dansés par des garçons musclés et chauves, trapus comme des rugbymen en jupettes et chaussettes hautes. Les voir jouer les pestes est un régal. Le bal qui demanderait quarante danseurs, brille avec les vingt seulement que compte la compagnie grâce à une idée de dédoublement qui marche comme sur des roulettes. Le maître à danser a battu l’entrechat, la couturière drapé des tissus, la marâtre et ses filles malmené le protocole. Et la danse s’est épanouie dans tout le récit, dans tout l’espace, merveilleusement inventive et prenante. Ca ne serait pas une histoire de chaussures, on crierait «Chapeau!» Ariane Bavelier 41 Critiphotodanse 11 juin 2013 Un fastueux joyau C’est pas Dieu possible, comme le dirait Exbrayat, il doit avoir une baguette magique entre les doigts ! En effet, chaque nouvelle œuvre de Thierry Malandain, l’un des rares chorégraphes d’obédience classique qui nous reste aujourd’hui, s’avère toujours plus prestigieuse et plus aboutie que la précédente, tant sur le plan de l’esthétique que sur celui des trouvailles chorégraphiques dont elle est émaillée. Cendrillon en est à nouveau l’exemple frappant. Il faut dire que le sujet de cette création n’a pas été choisi au hasard car, au delà des contes anciens dont se sont nourris entre autres Charles Perrault et les frères Grimm, se cache en effet une histoire beaucoup plus universelle, laquelle évoque certains travers et perversions de la société humaine : jalousie, cruauté, injustices, voire même sadisme, pour ne citer que ceux-là... Des agressions génératrices de souffrances psychologiques qui se retrouvent dans toutes les classes de la société, ainsi que dans la danse, et auxquelles Malandain est particulièrement sensible. Mais pas seulement. L’œuvre évoque aussi l’espoir, l’amour et la félicité, sentiments qui peuvent conduire au pardon, le ballet se terminant, pour la marâtre et ses filles, de façon heureuse, «afin d’oublier l’humanité qui saigne,» évoque le chorégraphe... Or cette relecture, qui reste relativement fidèle à la dramaturgie originale, n’en est pas moins d’un modernisme étonnant tout en en ayant conservé certains éléments tirés de la mythologie. Ainsi en est-il du début de l’œuvre qui fait naître l’histoire du chaos universel et de la terre nourricière, peuplée certes d’êtres humains mais aussi d’elfes et autres esprits du même acabit : ces petits cousins des fées, auxquels appartient d’ailleurs la marraine de Cendrillon, sont à l’origine, en ouverture de rideau, d’un tableau d’une fascinante construction et d’une beauté à vous couper le souffle. Le ballet est ainsi truffé d’idées toutes plus originales les unes que les autres, notamment celle d’avoir transformé la marâtre et ses deux filles en personnages masculins, de noir vêtus, amplifiant ainsi les traits de leur caractère à la manière d’un Mats Ek. Ou, encore, de ces mannequins sans tête (donc sans cervelle ?) qui servent de cavalières aux hommes pour le bal... Plus de citrouille ni de rats transformés en laquais mais une scénographie aussi suggestive qu’épurée, en l’occurrence un décor géométrique d’une originalité et d’un goût exquis, composé de lignes de chaussures violine judicieusement alignées en diagonale depuis les cintres jusqu’au sol sur trois des côtés de l’espace scénique : une œuvre née de l’imagination débridée de l’architecte chilien Jorge Gallardo. Tout comme la scénographie, la chorégraphie s’avère elle aussi un véritable joyau d’une grande originalité servant parfaitement le propos de Malandain : tout est parfaitement lisible, d’une très grande légèreté et chargé d’une émotion étonnante. Je n’en veux pour exemple que le désespoir poignant du prince après la disparition de Cendrillon aux douze coups de minuit, d’une véracité à vous extirper des larmes… Tous les interprètes font d’ailleurs preuve d’une technique éblouissante et d’une interprétation réellement remarquable, à commencer par Cendrillon elle-même, alias Miyuki Kanei dont la sincérité et la présence se sont révélées réellement bouleversantes. Et puis, il faut dire aussi que ce ballet, présenté dans un écrin aussi prestigieux que celui de l’Opéra Royal de Versailles et servi par un orchestre symphonique aussi remarquable que celui d’Euskadi de San Sebastian, ne pouvait qu’être l’écho des fastes éblouissants du passé… Je n’en reste cependant pas moins convaincu que Thierry Malandain a dû, lui aussi, avoir pour marraine une fée lui ayant conféré, à son baptême, le don de transformer tout ce qu’il touche non pas en or mais en poésie et en grâce. Jean-Marie Gourreau 42 Twitter 9 juin 2013 Malandain Ballet @MalandainBallet Malandain Ballet Biarritz - Centre Chorégraphique National d'Aquitaine en Pyrénées Atlantiques. Compte officiel. Biarritz · malandainballet.com 132 72 248 TWEETS ABONNEMENTS ABONNÉS Éditer le profil Tweets Hello Versailles @HiVersailles 3 Juin Les 7, 8 et 9 juin, Cendrillon par le Malandain Ballet Biarritz à l'Opéra royal de Versailles. fb.me/1JasCgweB http:// Retweeté par Malandain Ballet Ouvrir Verrièle Philippe @PVerriele 7 Juin Cendrillon de Malandain. Ironie et sensualité dans une scéno d'escarpins pointus. Un chorégraphe à la pointe de son talon. Bonne relecture. Retweeté par Malandain Ballet Répondre Retweeté Réduire 4 1 RETWEETS FAVORI Favori Plus 11:52 AM - 7 Juin, 13 · Détails Répondre à @PVerriele Yves Mousset @YvesMousset @PVerriele 8 Juin Ouvrir Moi Rechercher Toute la culture @Toutelaculture 7 Juin [DANSE], ce soir au Château de Versailles, "Cendrillon" par Thierry Malandin, critique élogieuse ici :... fb.me/2fxyFlRLZ http:// Retweeté par Malandain Ballet Répondre Retweeté Ouvrir Favori Plus philippe noisette @philippenoisett 8 Juin La Cendrillon de T Malandain/Versailles ne manque pas de charmes... mais pas au point de nous faire oublier celle de Maguy Marin Retweeté par Malandain Ballet Ouvrir 43 La Croix 8 juin 2013 La Cendrillon de Thierry Malandain à l’Opéra royal de Versailles Trois ans après son magnifique Roméo et Juliette, le chorégraphe Thierry Malandain puise de nouveau dans la musique de Prokofiev pour un autre grand classique : Cendrillon. Une vingtaine de danseurs du Ballet Malandain participent à cette création, accompagnée à Versailles par l’Orchestre Symphonique basque de Euskadi. Si le conte de fées sert de trame à la pièce, le chorégraphe a, comme dans Roméo et Juliette, fait le choix d’une esthétique dépouillée. Pas d’artifices donc ni de décor spectaculaire, une façon de laisser le champ libre à l’émotion d’une danse qui sait raconter de belles histoires. Dans un style néoclassique, on se l’imagine, comme toujours, ciselée, aérienne et emportée. Une invitation à rêver et à vibrer. Marie-Valentine Chaudon 44 Danses avec la plume 1/2 8 juin 2013 51 Danses avec la plume 2/2 8 juin 2013 52 CultureBox 8 juin 2013 53 Toute la culture 1/2 7 juin 2013 Toutelaculture Soyez libre, Cultivez-vous ! http://toutelaculture.com La magnifique Cendrillon de Thierry Malandain Il n’est pas aisé de s’attaquer à des œuvres narratives et encore moins à des contes populaires tels que Cendrillon. Cette histoire que tous les enfants connaissent grâce à Charles Perrault (1697) et aux frères Grimm (1812), fut la source de centaines autres versions et adaptations au théâtre, à l’écran et à l’opéra. En danse, Prokofiev commence l’écriture de Cendrillon en 1941 en s’inspirant de Perrault et la première représentation a lieu en 1945 au théâtre Bolchoï dans une chorégraphie de Rostislav Zakharov. Thierry Malandain, directeur du CCN de Biarritz propose avec brio une interprétation très personnelle bien que fidèle à Perrault. Son unique changement est de concentrer les pouvoirs protecteurs de la marraine et de la mère dans le seul personnage de la Fée. Sa création pour vingt danseurs sur la musique de Prokofiev est un ravissement d’une rare intelligence où toutes les situations et sentiments ne sont jamais appuyés mais dessinés avec raffinement. Sur le plateau de la très belle salle toute en bois du Kursaal de San Sebastián (Espagne), l’unique décors (Jorge Gallardo) est une sorte de rideau composé de près de trois cents escarpins noirs tenus par des fils de nylon presque invisibles qui se juxtaposent aux trois murs de la scène. Cette idée originale plante le sujet et donne un coté aérien et magique. Vêtus de justaucorps de couleur chair, les danseurs installent l’intrigue. Ensuite, apparaissent les personnages clés : Miyuki Kanei dans le rôle de Cendrillon. Fine, gracieuse et délicate elle danse et joue à la perfection cette jeune fille maltraitée puis amoureuse du prince et enfin sauvage et farouche après les fameux douze coups de minuit. La Fée, Claire Lonchampt, chaleureuse et protectrice mène à bout ses intentions avec élégance. Le père, Raphaël Canet 1/2 54 Toute la culture 2/2 7 juin 2013 Toutelaculture Soyez libre, Cultivez-vous ! http://toutelaculture.com fait songer à un saltimbanque bohème et irresponsable. Il semble difficile de ne pas tomber amoureuse du Prince, Daniel Vizcayo. Viril et charmeur, il ensorcelle toutes les femmes de son entourage. Enfin, la belle-mère et ses filles Javotte et Anastasie, sont interprétées par trois hommes : Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt et Jacob Hernandez Martin. Une idée géniale qui donne un poids considérable à cette œuvre non seulement grâce aux virgules d’humour propres à Thierry Malandain mais surtout par le fait que ces trois personnages deviennent burlesques donc si ridicules. Ils sont tous les trois extraordinaires. Il y a dans cette pièce un mélange de sobriété, de malice, d’humour, de pureté et de richesse qui s’entremêlent par le biais d’une écriture chorégraphique très ciselée, diablement belle et gracieuse. Ce ballet sur demii- pointe enchante du début à la fin grâce aussi à l’immense qualité technique des interprètes mais aussi du fait que Thierry Malandain a étudié avec infiniment de précision le coté psychologique de chaque personnage. La scène du cours de danse initiée par l’excellent Arnaud Mahouy dans le rôle du maître de Danse restera dans les annales. Tant parce que c’est terriblement drôle dans son coté clin d’œil à l’échauffement du danseur à la barre mais aussi parce que l’on pense à l’invention de Thierry de sa fameuse gigabarre qui se déroule depuis des années en bord de mer lors de son festival Le Temps d’Aimer à Biarritz (du 6 au 15/09/2013). Pour le bal, le chorégraphe a eut l’idée d’intégrer des mannequins sans têtes afin d’étoffer le nombre de participants. C’est aussi un très beau moment de pure danse. Seule la direction de l’orchestre Symphonique d’Euskadi (pays basque, Espagne) très lente de Josep Caballé-Domenech laissait un peu à désirer lors de la première . Il est évident que les choses seront totalement au point lors des prochaines représentations. De nombreuses idées et images ponctuent cette splendide et brillante Cendrillon. Et même si l’amour et le rêve sont les points d’orgue de cette histoire, Thierry Malandain n’omet pas d’effleurer des sujets universels tels que la maltraitance, la xénophobie et la solitude. Tout cela sans jamais sombrer dans le narratif trop lourd ni dans le conte à l’eau de rose. Du beau, du grand, du vrai ballet ! Sophie Lesort « Cendrillon » du 7 au 9 juin à l’Opéra Royal du Château de Versailles (rés : 01.30.83.78.98) - Montauban le 25/07 - Biarritz dans le cadre du « Temps d’Aimer » le 6/09 Périgueux le 28/11 - Cholet le 30/11 - Arcachon le 17/12 - Biarritz les 19 et 20/12 - Théâtre National de Chaillot du 9 au 18/04/2014 Création le 3 juin 2013 au Kursaal de San Sebastián (Espagne) http://malandainballet.com/ crédit photo Olivier Houeix 2/2 55 Point de vue 5 juin 2013 56 Le Nouvel Observateur 1/3 7 juin 2013 57 Le Nouvel Observateur 2/3 7 juin 2013 58 Le Nouvel Observateur 3/3 7 juin 2013 59 El Diario vasco 4 juin 2013 ÉTOILE DANSANTE La seconde collaboration entre l’Orchestre Symphonique d’Euskadi (OSE) et le Malandain Ballet Biarritz s’est encore une fois soldée par un succès. L’Auditorium du Kursaal au complet a récompensé le travail en commun des deux institutions lors de la première de Cendrillon avec six minutes d’applaudissement. Dans toute l’histoire du ballet, le conte de Charles Perrault Cendrillon ou la petite pantoufle de verre (1697) a été traduit à maintes occasions dans le langage de la danse. Thierry Malandain mise sur une lecture originale et différente du classique en présentant une œuvre qui permet d’apprécier une évolution dans son vocabulaire chorégraphique. Le créateur français se nourrit d’un langage aux profondes racines contemporaines, tempéré de quelques touches néoclassiques subtiles. Il confie à nouveau les rôles principaux au tandem formé par Miyuki Kanei et Daniel Vizcayo, déjà choisis pour l’œuvre Lucifer (2011) et malgré quelques imprécisions dans les portés, propres à la nervosité d’une première, le couple formé par la Japonaise et le Madrilène fonctionne à la perfection. Pourtant, les interprétations qui ont fait l’unanimité ont été celles de la marâtre - Giuseppe Chiavaro - et des deux demi-sœurs. Que ces rôles de caractère soient interprétés par des hommes n’est pas une nouveauté en soi. La version de sir Frederick Ashton pour le Royal Ballet, présentée pour la première fois en 1948, confiait déjà les rôles des demi-sœurs à Robert Helpmann et au propre chorégraphe. Le potentiel comique du trio mené par Chiavaro, et en particulier le rôle de Frederick Deberdt, est la trouvaille essentielle qui fait que la Cendrillon de Malandain fonctionne à merveille. Avec son interprétation histrionique, le trio grotesque incorpore la note de couleur à une œuvre qui dans son ensemble dégage une sensation de profonde sérénité. L’idée originale du créateur français était de faire naître une étoile dansante, autrement dit l’héroïne. Mais sur le chemin initiatique qui doit convertir la souillon en une princesse, Malandain oublie la touche de magie nécessaire à tout conte de fées. L’amour entre le prince et la pauvre, douce et malheureuse Cendrillon paraît si pur qu’il en est presque insipide. Tant de perfection intrinsèque n’éveille aucun frisson chez le spectateur, qui ne peut qu’applaudir les scènes comiques de la marâtre et des demi-sœurs. Sur le spectacle qui dure près de deux heures, on soulignera l’habileté de Malandain à faire évoluer des ensembles dans les grandes scènes chorales, comme le bal de la cour. Il opte ici comme solution scénique d’attribuer à chacun des douze danseurs un mannequin pour partenaire, dans le style de Petite Mort (1991) de Jiri Kylian. La scénographie de Jorge Gallardo est d’une simplicité élégante : 247 chaussures suspendues en rangs au fond de la scène. Et le luxe absolu qui exalte la mise en scène : pouvoir bénéficier en direct de la musique de l’Orchestre Symphonique d’Euskadi, sous la direction de Josep Caballé-Domenech. Vous avez encore l’opportunité de profiter cet après-midi de Cendrillon avant sa première à Versailles. Iratxe de Arantzibia 61 La Terrasse juin 2013 63 La Terrasse mai 2013 69 Fiche technique 23 Licence N° 2-1020149 et 3-1020150 • conception, design graphique YOCOM Le Centre Chorégraphique National d'Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques / Malandain Ballet Biarritz est financé par le Ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Aquitaine, la Ville de Biarritz, le Conseil Régional d’Aquitaine, le Conseil Général des Pyrénées Atlantiques. Dans le cadre de sa coopération transfrontalière avec la Ville de San-Sebastián / Théâtre Victoria Eugenia, Malandain Ballet Biarritz bénéficie des fonds européens Interreg IV. À l’occasion de certaines tournées internationales, Malandain Ballet Biarritz est soutenu par l’Institut Français. Remerciement particulier au Cercle des Mécènes pour son soutien : la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique, le Casino Barrière de Biarritz, la société 64, l’Atelier du Chocolat de Bayonne, l’Hôtel du Palais de Biarritz, Repetto, la Société Générale, Sofitel Miramar et l’Association des Amis du Ballet Biarritz. MalandainBalletBiarritz gare du midi • 23, avenue foch • f-64200 biarritz • tél +33 [0]5 59 24 67 19 • fax +33 [0]5 59 24 75 40 www.malandainballet.com centre chorégraphique national d’aquitaine en pyrénées atlantiques